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 [Q] - Nous resterons une famille | Miles

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Dim 22 Nov 2020, 15:33

Partenaire : Miles
Intrigue/Objectif : Léto a énormément de révélations à faire à Miles et leurs enfants. Celles-ci décideront si leur famille s'en retrouvera plus que jamais unie... ou détruite pour toujours.

~~~


" Arrête de traîner… Ne retenant guère un grognement semi-viril, Kewa'Enre'O rejoignit la petite tête blonde qui souhaitait s'enfoncer de plus en plus dans les amas immaculés. C'est juste de la neige. Lui dit-il en lui prenant la main pour la tirer de là. De l'eau refroidie. On en trouve à Kazak'Gar si tu veux y aller un jour. Précisa-t-il, abattu par les grands yeux ronds de Nörråke. Resserre ton écharpe, tu vas attraper froid. " Il l'assista en ce sens.

Ce n'était point sa faute : même si elle avait l'air d'avoir dix ans, la petite Chamane n'était pas plus âgée d'un mois. Ces derniers temps, tout parti à vau-l'eau sur Awaku No Hi. Tant d'évènements aussi malheureux que spontanés s'étaient succédés à une vitesse hallucinante. Durant ce laps de temps, Nörråke n'eut pas le temps de découvrir le monde qui l'entourait, ni les personnes qui partageraient son quotidien. Si ceci fut vrai pour la nouvelle progéniture de la Sùlfr, il le fut tout autant pour cette dernière qui, sous ses airs de Souveraine invincible, luttait pour recoller tous ces morceaux fracturés. Son monde s'écroulait sous les poids d'une fatalité imprévisible, d'un destin qui se riait de ses tourments.

Plus loin, leur mère rejoignait l'un des stands encore ouverts à cette heure de la soirée. Draaskag l'épia quelques secondes, en attendant que la jeune Taiji daignât cesser ses tergiversions. Il captait peu à peu l'ambiance réconfortante de la Cité des Chansons. Ici et là, des mélodies s'élevaient pour accueillir les bras de la Nuitée, après un repas dûment préparé et apprécié. Le trio chamanique n'avait grignoté que quelques restes avant d'être téléporté par la Reine jusqu'ici. Même si la Sùlfr avait assuré suivre le conseil de son fils, il ne pensait pas qu'elle souhaiterait agir aussi vite. L'Île Maudite bouillonnait tellement qu'il n'aurait même pas été étonnant qu'elle jetât l'éponge. Malgré tout, Léto était ainsi ; elle marcherait sur une mer de lave si se tenait, sur la rive opposée, son dû. Une faible nuée s'extirpa des narines du Souw'Ni. Il ne doutait pas que cette visite incongrue ne sera pas de tout repos. Une prière aux Ætheri devrait suffire à leur donner suffisamment de force dans cette épreuve.


" Deux sapins gourmands, s'il vous plaît. Le standiste s'exécuta dans la joie et la bonne humeur. Une fois les mets apportés et le paiement effectué, Léto le remercia d'un ravissant sourire et les offrit à ses enfants. Tenez, c'est du brownie. C'est un gâteau fondant au chocolat, le vert c'est de la pistache, et au bout c'est du sucre d'orge. " Draaskag était sceptique et Nörråke le dévorait déjà.

" C'est quoi "orge" ? " Le silence gênant fut soutenu par le sourire défaillant de la mère.

" Mon chéri… Le jour où je saurai identifier et définir correctement tous les ingrédients d'une recette n'est pas encore arrivé. Mais ça reste bon. " Sur ce point, il n'avait pas besoin d'être convaincu.

Faugmi annonçait les temps les plus rudes, mais aussi l'arrivée des principales festivités. Plus que jamais, les Marcheurs se réunissaient autour d'un bon repas, des litres et des litres de boissons chaudes, entraînés par l'ivresse musicale du Bonheur, afin de mutuellement se réchauffer durant cette crise tendue. Si ses jeunes Chamans étaient amplement réceptifs aux souffles de la Voix, Léto ne se sentait plus autant bercée qu'autrefois. Les récentes découvertes et confrontations eurent un impact certain sur Ciel-Ouvert et la Marche Terne. Cela la peinait de savoir ce qu'elle avait laissé derrière elle. Pour autant, ce n'était plus son rôle. Ou plutôt : cela ne l'a jamais été. Latone… Que lui arrivera-t-elle après cette conversation, ces révélations ? Comment fera-t-elle pour assoir son emprise sur cette Vie qui ne lui appartenait pas ? Léto l'ignorait encore mais se préparait déjà à la soutenir dans toutes ses entreprises, de près ou de loin. Elles y arriveront, elles surmonteront tous ces obstacles.

Les fameuses embûches de la Sùlfr se présentaient au fur et à mesure à elle. S'engouffrant dans le quartier Ode, sur ce chemin qu'elle connaissait si bien, Léto escortait pas à pas la chair de sa chair jusqu'à cette maisonnée. De l'extérieur, la façade n'avait guère bougé. De multiples souvenirs ressurgirent dans son esprit, alors que les lumières intérieures dansaient au creux de ses prunelles. La Chamane n'arrivait plus à sourire, malgré l'insistance de Nörråke auprès de son grand frère pour avoir son goûter. Et l'embarras de ce dernier, invaincu par la gourmandise de la Taiji. Il finit par être interdit, maintenant que son attention se focalisait sur la demeure des Köerta. Un regard en biais du côté de sa mère : elle ne bougeait pas. Hésitait-elle ou se préparait-elle simplement à ce moment fatidique ? Juste pour l'instant, le Souw'Ni se contenta de se concentrer sur son sapin gourmand. Léto n'avait qu'à faire le premier pas pour être suivie.

Grande inspiration, longue expiration. Ses épaules s'affaissèrent alors que sa détermination demeura inébranlable. Elle avança à nouveau. Arrêtée sur le pas de l'entrée, elle entendait toutes ces voix familières. Un coup. Deux coups. Trois coups. La porte s'ouvrit sur une Reine sévère.


" Bonsoir, Miles. " Elle l'embrassa à la volée ; elle aurait voulu prolonger cette intimité plus longtemps mais son œillade trahissait ses intentions. Sans plus de cérémonie, elle passa devant lui et rentra chez lui. Chez elle. Chez eux.

Sur ses pas, Draaskag et Nörråke observèrent l'intérieur de la maison avec la curiosité d'une première fois. Les occasions où le Chaman leur rendait visite furent rares, il ne se souvenait pratiquement d'aucun détail à chaque fois. Était-ce vraiment la même table de salon depuis des années ou la firent-ils changés ? Ce crâne de créature locale, trônant fièrement à la suite d'une chasse fructueuse, l'épiait-il depuis tout petit ? Il ne parvint pas à s'en rappeler. Toutefois, lorsque ses iris dissemblables se posèrent sur ses frangins, il ne pouvait qu'admettre qu'il ne les oublierait jamais. Il échangea un air morne avec eux, car il ignorait encore comment se comporter. Quant à Nörråke, lâchée dans l'inconnu, n'osait plus lâcher le manteau de sa mère.


" Bonsoir, Dærion. Enfin, le regard peiné de Léto s'abattit sur les deux enfants de Ciel-Ouvert. Kaine, Toesia… Elle se tourna à tour de rôle vers eux, jusqu'à Miles. Nous devons parler. "


1129 mots ~



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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 01 Déc 2020, 07:18


Crédit : Inconnu.

Un coup. Deux coups. Trois coups. Nous sursautâmes tous les uns à la suite des autres, notre attention se détournant de nos tâches respectives pour se braquer sur le battant fermé de la porte d’entrée. Toesia Eses cessa momentanément de mâcher les grondements qu’elle soufflait sur les pages de ses devoirs, comme s’il s’agissait de leur faute si elle ne parvenait pas à les terminer aussi vite qu'elle l'aurait souhaité. À ce constat, nous avions légèrement haussé des épaules ou secoué la tête, impuissants. C’est ce qui arrivait lorsque les travaux scolaires étaient réalisés à la dernière minute : les rédactions se multipliaient, les devoirs s’empilaient les uns sur les autres et, assez rapidement, ils nous paraissaient sans fin.

« Raaah! J’aurais dû refuser les invitations de Chia et Maydon à aller m’amuser chez eux! » Avait-elle soupiré à un moment, comme si elle venait de prendre conscience de son erreur d’avoir laissé le divertissement prendre le dessus sur ses engagements scolaires, et ce, quand bien même je l’avais averti à plusieurs reprises de la situation, qui – je le voyais bien – commençait à lui échapper.

Au moins, elle semblait avoir appris sa leçon et s’était désormais plongée, corps et âme, dans ses études. La voir aussi studieuse et concentrée m’avait arraché un sourire, et je lui avais aussitôt offert mon aide pour quelques-uns de ses travaux. Kaine avait ensuite pris la relève lorsque l’heure du dîner avait sonné et que je m’étais éclipsé pour aider Dærion dans les préparatifs du repas. Tout du long, nous avions pu entendre le grand frère et la petite sœur se chamailler gentiment au-dessus des cahiers. Rien de bien méchant, seulement Kaine qui taquinait Toesia – l’habituel – mais entre deux soupirs et quelques plaisanteries qui se concluaient par des exclamations outrées, nous pûmes constater qu’ils avançaient très bien à deux, malgré tout ce qui semblait les distraire. Parce que sous ses apparences chaotiques et d’amour vache, la fratrie entretenait néanmoins un lien puissant, tendre sous quelques aspects, et fidèle, qui leur permettait, peu importe la situation, de se soutenir contre l'adversité, qu'elle soit dangereuse ou simplement longue et ennuyeuse, comme ces devoirs. Seulement, après s’être remplis l’estomac autour d’un bon repas, le jeune chasseur s’était confortablement calé contre le dossier de l’un des divans du salon, continuant sa lecture du moment, dont il dévorait chacune des pages avec passion. Cependant, il n'avait pu se débarrasser aussi facilement de la petite terreur qui quémandait son attention presque à chaque instant.

« Tu ne te souviens vraiment pas?

- Je ne te poserais pas la question si je m’en rappelais!

- Mais on nous rabâche les oreilles avec lui pendant toute la première année. Papa! j'avais détaché mes yeux du chien loup avec lequel je m’amusais. La date de naissance du poète Od–

- AH MAIS OUI! C’est bon! Je m'en souviens maintenant! » S'était exclamée l'enfant, foudroyée par un soudain éclair de lucidité.

De son côté, après m’avoir aidé à ranger la vaisselle, Dærion s’était installé à la table de cuisine afin de mettre sur papier la liste des prochaines courses, tandis que, pour ma part, je cherchais le jouet préféré d’Henos, qu’il avait fait disparaître je ne savais trop où sous l'un des mobiliers de la maison. C’était notre quotidien, et c’est pourquoi, au son des trois coups à la porte, que nous avions brusquement relevé la tête, déstabilisés dans notre routine. Nous nous lançâmes chacun une œillade de côté, attendant une réaction qui puisse nous faire supposer qu’un invité était attendu par l'un de nous, mais tous quatre restions de marbre; de marbre et confus.

« Tu attendais quelqu’un? » Me demanda finalement Kaine en braquant son regard dans ma direction, lequel je fixais, tout aussi étonné, avant de me redresser et de me diriger d’un pas assuré vers l’entrée.

Mes sens se mirent aussitôt en alerte, mon odorat captant sa présence avant tout le reste. Un battement, plus fort que les précédents, rebondit contre ma cage thoracique, alors que ma main agrippait et tournait déjà la poignée du battant. Je cessais de respirer un bref instant, mon regard plongé dans ses prunelles, ces mêmes yeux qui me hantaient de temps à autre dans mes rêves.

« Léto… »

C’était vraiment elle. À son approche, un sourire joua sur la commissure de mes lèvres, jusqu’à ce que je l’accueille au creux de mes bras, répondant à son baiser avec tendresse.

« MAMAN! »

Toesia en oublia aussitôt la phrase qu’elle rédigeait; en oublia complètement son devoir pour foncer jusqu’à l’embrasure de la porte. Cependant, l’éclat qu’elle vit dans les yeux de sa génitrice la rebuta soudainement, son sourire radieux s’effaçant presque instantanément de ses traits enfantins. Q-Que se passait-il? Puis, elle prit conscience des autres personnages qui l'encadraient : son élan se suspendit légèrement, tout aussi brusquement, et elle finit simplement par trottiner son chemin jusqu’à ma hauteur, observant avec attention les deux autres enfants aux côtés de la Chamane. Moi aussi, je les examinais attentivement, mes mires dévisageant plus que nécessaire le jeune homme qui explorait la maison de ses yeux vairons. Lorsque nos regards se croisèrent enfin, je lui adressais un sourire. Mon cœur résonnait puissamment dans le creux de mes oreilles. Je savais qui il était. Même si la dernière fois que j’avais posé les yeux sur lui, il m’arrivait à peine aux genoux, je savais qui il était. Cependant, je ne savais pas comment m’en approcher après tout ce temps. Le prendre dans mes bras? L’appeler par son prénom? Ne pas bouger et rester là, sans réaction? Mes pupilles se détachèrent de son visage pour se diriger vers Léto. J'avais aisément perçu son murmure. L’air sévère, déterminé, je sus d’instinct de quoi il était question et, en une fraction de seconde, l’air troublé de mon visage se détendit pour revêtir un nouveau rire sur mes lèvres, alors que je prenais Toesia par la main pour l’inviter à reculer, afin de les laisser entrer.

« Salut Maman! Comment tu vas? Fit l’enfant en se jetant dans ses bras, choisissant de faire fi du malaise ambiant pour profiter de la présence de sa mère. Qui c'est? » Renchérit-elle en pointant le garçon et la fille qui suivaient chacun de ses pas.

La voix enjouée de Toesia sembla briser le trouble de la première approche. Son attention, par ailleurs, était nourrie par une certaine curiosité à l'égard de la petite blonde qui se cachait derrière la haute silhouette de la Souriante.

« Coucou! Moi, c’est Toesia Eses! Mais tout le monde m’appelle Toto!

- C’est pour idiot », ne put s'empêcher de balancer l'archer, ce qui lui valu un regard féroce de la part de sa frangine, qui le menaça en silence en lui faisant signe qu'elle l'avait à l'oeil.

L'aîné des Koërta se redressa en rigolant, rejoignant notre position pour ébouriffer les cheveux courts de sa cadette, qui grommela.

« Qui aime bien, châtie bien.

- Alors, je voudrais que tu m'aimes un peu moins.

- Hahaha! S'esclaffa l'Orisha avant de porter son regard sur sa mère. Salut, Ma'. »

Dærion, du côté de la cuisine et de la salle à manger, salua simplement la Chamane de loin, silencieux mais non le moins curieux. Tendant la main pour tapoter l'épaule de Toesia, je lui demandais si elle pouvait aller chercher des verres pour nos invités.

« D’accord, Pa’! Pas de problème! »

Elle donna un bisou sur la joue de la Sùlfr avant de sauter de ses bras. Cependant, avant de courir jusqu’à la cuisine, elle contourna la Chamane et se posta tout près de la deuxième fille, à qui elle offrit un grand sourire.

« Tu viens m'aider? Fit la petite Orisha en attrapant l’enfant par le bras, qu’elle entraîna dans sa marche joyeuse – ou plutôt ses sautillements erratiques. On a du lait de yack frais! Pis aussi du jus et de l’eau, si t’aimes pas le lait. Mais je peux te faire un chocolat chaud aussi! Tu vas voir! Papa m’a révélé sa recette et son chocolat chaud donne des ailes! »

Je les observais s’éloigner, le majordome immédiatement sur le qui-vive pour assister les jeunes demoiselles. À son tour, Kaine se permit d'évaluer le jeune homme qui restait à proximité de sa mère. Des yeux dissemblables, la peau mate, des cheveux foncés… L'Orisha se questionnait, énormément, le froncement de ses sourcils nous l’indiquant, mais au lieu de poser ses interrogations, il fit plutôt signe au garçon :

« Kaine, se présenta-t-il en lui offrant sa main, dans l'intention de la serrer. Qu’est-ce que tu veux boire? Et toi, Ma’? »

Nous dûmes ranger et organiser certaines babioles du salon afin de faire de l’espace pour tout le monde. Chacun se prit une place sur les divans mis à leur disposition, s'installant avec leur boisson en main. Toute contente d’avoir une « nouvelle amie », Toesia parlait sans s'arrêter, voulant déjà tout connaître de la petite blonde timide, certainement pour briser la carapace dans laquelle cette dernière s’était réfugiée. Même Henos s’était mis de la partie, à renifler avec intérêt les nouvelles curiosités qui avaient pénétré la chaumière Koërta. Kaine, quant à lui, était assis non loin des deux jeunes filles, en face du brun qui s’était placé à gauche de Léto. Quant à moi, sur la droite de la Titanide, je scrutais minutieusement la petite fille blonde, détachant brièvement mes yeux de son visage pour observer le sol, un instant. Je ne savais pas ce que je devais ressentir par rapport à cette enfant. Qui était-elle?

« Alors? Qu’est-ce qui se passe? Pourquoi l’air aussi grave? »

L'archer fut le premier à s’engager sur le terrain et, comme s’il venait d’actionner un bouton, tous les regards pivotèrent dans notre direction, à Léto et moi.

« Hum… »

Je me massais la nuque, incapable de savoir par où commencer. Il y avait tant à expliquer, tellement de vérités à leur avouer, de mystères à mettre en lumière…

« Nous… Votre mère et moi, nous devons vous dire la vérité sur… sur tout ce que nous vous avons caché ces dernières années.

- Caché? » Répéta Kaine.

Le visage de Toesia, je le vis distinctement, se décomposa violemment. Je la couvais aussitôt d’un regard rempli de tendresse, lui soufflant ainsi qu’elle n’avait pas à s’en faire. Que tout irait bien. Toutefois, il est vrai que mon incapacité à démêler toute la situation rendait le suspense angoissant.

« Raah! Je savais qu’un jour, nous aurions cette conversation, mais je n’arrive toujours pas à mettre de l’ordre dans mes pensées. C’est tellement…

- Compliqué. »

La voix de Léto me prit légèrement par surprise et je tournais machinalement mon visage dans sa direction, lui adressant un vague sourire. J'inspirais. J'expirais. Okey. Il suffisait de se jeter à l'eau.

« Kaine, Toesia… Savez-vous ce que sont les Chamans? »

La fratrie se consulta du regard.

« Ce sont des cannibales, Pa’! Grimaça la jeune fille de dégoût. De vrais sauvages, violents et barbares. »

Je ne prononçais pas un mot, esquissant un maigre rictus.

« Ce n’est pas tout à fait exact, finis-je par leur avouer.

- Qu'est-ce que tu veux dire?

- Ce ne sont pas des cannibales. Oui, ils y en a qui sont plutôt brutaux, et ils peuvent paraître sauvages, mais je peux vous assurer qu’ils ne sont pas exactement ce que l’on raconte sur eux.

- Où tu veux en venir? » S’impatienta Kaine, qui sentait que quelque chose n’allait pas.

Je soupirais, tournant mon index, à tour de rôle, dans la direction de la petite Nörråke, puis du jeune Draaskag. Mon fils.

« Ils sont, ainsi que votre mère. Je pivotais vers Léto, frôlant l’une de ses joues pour en dégager une mèche. Ils sont des Chamans. »


1 979 mots | Post I




[Q] - Nous resterons une famille | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Sam 05 Déc 2020, 17:33



La réception de Toto fut emplie de tendresse et d'amour, Léto voulut, en cet instant, la bercer pour l'éternité, comme lorsqu'elle n'était encore qu'un nourrisson. L'euphorie de sa fille vint apporter du baume à son cœur meurtri. À ce cœur maternel qui avait délaissé depuis bien trop longtemps son devoir le plus primaire. Durant l'embrassade, elle chercha aussitôt du regard Kaine, qui la salua – et la sauva par la même occasion – avec cette même assurance dont il faisait preuve auparavant. L'Orisha avait tellement grandi, aussi psychiquement que physiquement. Elle le ressentait. Son attention revint sur Nörråke qui resserra sa poigne sur le manteau de la Reine, alors qu'on la questionnait. Une œillade en direction de Miles. Léto se pinça les lèvres : comment allait-il réagir à cette nouvelle… ?

" Je vous présenterai en temps voulu. Sois douce avec elle, elle est timide. " C'était davantage le changement de décor et d'ambiance qui troublait la petite Taiji, que son véritable caractère.

En se redressant, la blonde sourit d'instinct face à la complicité des frangins. Ils avaient grandi ensemble et vivaient main dans la main. Cela ravissait la mère qui ne demandait que ça : que ses enfants grandissent en harmonie et en bonne santé.


" Euh… " Nörråke fixa sa maman tout en se faisant entraînée par la tempête. Léto laissa échapper un petit rire en réaction ; cela ne serait pas plus mal de laisser la petite s'acclimater à l'ambiance et à la présence des autres enfants.

De son côté, Draaskag se contenta de suivre passivement les événements. Il n'était pas entièrement refermé sur lui-même, mais il avait très hâte que cette situation soit déliée ; d'une manière ou d'une autre. Il ne sut quoi dire à son père. Il se rappelait bien son visage, sans savoir comment. De sa voix, aussi. Alors qu'il baissa les yeux, ses prunelles remontèrent sur son frère aîné. Voici donc Kaine Köerta… Il ne se souvenait pas de lui et c'était réciproque. Sa mère lui racontait quelques anecdotes sur lui, autrefois, toutefois le Chaman se renfrogna au fil du temps et n'accepta guère plus des nouvelles de cette famille lointaine. Il fixa cette main tendue. Devait-il s'abaisser à ce genre de coutume primaire ? La main de Léto poussa sur ses omoplates pour le faire réagir.


" Draaskag. Il serra sa main sans le quitter des yeux. De l'eau. "

" Du lait de Yack…
Soupira-t-elle. Ça m'a manquée. " Cela n'avait vraiment que trop durer.

Une fois tous réunis en cercle, Léto imagina un feu de camp au centre, telles les concertations plus importantes. En tant que petite gourmande, Nörråke cédât à ce fameux chocolat chaud dont Toesia lui fit de belles louanges. Elle le fit écouler en elle avec appétit, le sucre étant l'addictif des plus jeunes. D'un air distrait, elle caressa la tête de Henos, encore accaparée à mûrir son discours. Miles se lança en premier. C'était déjà…


" Compliqué. "

La tête de la Hǫfðingi se tourna vers l'Ashkaä. Elle lui adressa un sourire et acquiesça pour l'encourager à se lancer, ensemble, dans cette épreuve qui les attendait. Minutieuse, la femme scruta les réactions de ses enfants Orishas. Draaskag, et surtout Nörråke, n'avaient strictement aucun effort à faire tant ils connaissaient les tenants et aboutissants de leur vie. Elle approuva, silencieuse, la démarche du Köerta. Un sourire gêné envahit son visage aux affirmations de la cadette, elle baissa la tête ; c'était bien là un frein à son projet d'expansion.

" Hérétique. " Souffla tout bas le Souw'Ni suite aux propos de l'ignorante. Léto le dissuada, d'un geste, de s'aventurer sur ce terrain-là.

À la révélation du père, Kewa'Enre'O bomba le torse, fier de sa patrie. La Taiji haussa un sourcil, toujours droguée au chocolat. Quant à Léto, elle reprit le flambeau de la discussion. Toutes ces cachotteries démarraient avec elle. Une importante partie de la responsabilité lui revenait.


" On ne nait pas Chaman : on le devient. Votre père m'a toujours connue cette nature, et vous aussi, en partie. Elle soupira à son tour, il y avait beaucoup à confier. Avant de rencontrer votre père, j'étais une paria aux yeux de mon peuple. Nous vivions une scission au sein de la Foi, c'était une époque difficile pour tous. De mon côté, je me suis retrouvée à contre-courant des Chamans et j'ai fini par nouer un accord avec leur Roi pour vivre à Ciel-Ouvert, sans peur de représailles. Je vivais avec la Marche. Puis avec Miles. Elle pivota brièvement vers lui, une certaine gaieté ravivée par ces souvenirs d'antan. Je n'étais pas aussi différente de votre père, car j'étais Orisha avant d'être Chamane. Vivre ensemble nous paraissait comme une évidence et surtout d'une facilité déconcertante. Elle retourna sur Kaine. Tu es né durant cette période, Kaine. Une histoire qui aurait pu durer ainsi… "

Ses iris disparates s'attardèrent sur le benjamin de la famille. Il lui rendit son regard à son tour. Il ne s'était jamais perçu comme étant l'élément clivant. C'était ainsi, c'était le Destin, c'étaient les Ætheri. Et il avait raison.

" Néanmoins, ma Foi continuait de me tirailler. Notre peuple est capable d'interpréter les signes des Ætheri, dont nous sommes les Mortels les plus proches. Je me suis questionnée, j'ai pesé le pour et le contre… et j'ai fini par révéler à votre père mon intention de renouer avec les Chamans. Sa main se posa sur l'épaule de Kewa'Enre'O. Draaskag est né à ce moment-là. Elle fixa Kaine. Il est ton petit frère. Puis Toesia. Ton grand frère. Ses doigts glissèrent le long de son bras et ses mains se renouèrent sur ses propres genoux. Pour prouver mon dessein, j'ai promis aux Chamans de faire de Draaskag l'un des leurs. Je l'ai emmené avec moi et il vit avec eux depuis tout ce temps. Et c'est à partir de là que le mensonge commença… Une pause, assez brève pour ne pas être coupée dans son élan. Vous devez comprendre, mes kaäsh (enfants), que je ne peux pas tout vous révéler sur les Chamans. Nous sommes un peuple qui vit dans le secret et en autarcie, sur une île quasiment inaccessible. Je peux simplement vous dire que nous sommes capables de voir et de communiquer avec les Esprits ; les morts invisibles qui errent encore en ce monde. Je ne pouvais pas abandonner Draaskag là-bas, je devais encore faire mes preuves auprès des Chamans. C'est pour cela qu'avec votre père, nous avons appliqué une idée : à Ciel-Ouvert, quelqu'un d'autre se ferait passer pour moi quand je ne serai pas présente. Cette personne, vous la connaissez déjà : elle s'appelle Latone et c'est un Esprit. "

Léto préféra s'arrêter un instant-là, afin de leur prendre conscience de la réalité du passé. Elle se retourna, fugace, vers Miles. Se débrouillait-elle bien ? Elle n'en savait rien pour le moment, mais ce n'était plus le moment de cacher plus que nécessaire.

" Latone possédait mon corps à Ciel-Ouvert, c'est un lien que nous pouvons tisser entre Chamans et Esprits. Peut-être qu'elle a eu un comportement étrange avec vous, peut-être que vous vous posiez des questions. Elle a tout fait pour m'aider, elle n'est juste pas très douée pour ce genre de rôle. C'est quelqu'un de très naturelle. Toutefois ! Sa voix devint soudainement forte. Je n'ai jamais, jamais raté un seul moment de votre vie. J'ai continué de fréquenter votre père, il demeure l'amour de ma Vie. Lorsque l'occasion se présentait, je revenais à la maison, sans que vous vous en doutiez. Toesia, ma fille, tu es née durant cette époque que nous pensions compliquée et même éphémère… Tu es la preuve que j'aime toujours autant cette famille. Latone me montrait tout, je connais ton amitié pour Chia et Maydon, vos soirées autour d'une bonne raclette, toute ton implication pour le spectacle au Coryphée et ton chant. Kaine, je peux énumérer chacune de tes chasses, de tes ambitions pour les études à l'internationale… et ta petite amourette cachée. L'espièglerie se dessina, afin de détendre un peu plus la tension. Je reste votre mère, je vous aime toujours autant… et je vous ai privé de moi. Ça ne peut plus durer. "

Elle se redressa davantage, le pendentif offert par Miles scintilla, accompagné du collier d'Isahora. Kewa'Enre'O tapota du pied, il fixait un point apparemment aléatoire derrière la cadette du trio. La réalité, évidemment, était toute autre. Soudain, il se mit à grogner, visiblement enragé, et bondit du divan pour s'attaquer à l'Esprit qui tournoyait autour de Toesia.

" Bouge de là ! Il balança son bras encore pour le faire sortir. C'est privé ! "

" Draaskag.
Léto plantait ses yeux, acerbe, dans ceux du jeune homme. Rappelle-toi qu'ils sont différents de l'Île. Elle parût malgré tout amusée par la suite. Les Esprits nous écoutent. Étant donné sa position et la situation, aucune autre alternative n'existait. Mon approche avec le Monde est différente et c'est pourquoi je suis venue cesser cette mascarade. Je ne veux plus vivre dans le mensonge avec vous et je voudrais vous rapprocher, d'une manière ou d'une autre, de mon peuple. Il existait une solution, mais elle n'était envisageable qu'avec l'aval de Miles. Le Roi des Chamans, mon ami, est mort. Je suis devenue leur Reine il y a peu de temps. Elle tendit la main en direction de Nörråke qui se figea aussitôt sur place. Cette fille s'appelle Nörråke Taiji et est une princesse. Son père est le précédent Roi et je suis sa mère, elle est donc votre demi-sœur. Elle pivota vers le père Köerta, d'une voix plus basse : Je t'expliquerai tout plus tard. Elle voulait être rassurante mais sa franchise pouvait masquer sa détresse. Quoi qu'il en soit, en tant que Reine des Chamans, mes nouvelles responsabilités m'ont fait prendre conscience que… j'ai fait une erreur avec vous. Simplement vous observer, sans pouvoir vous serrer dans mes bras chaque soir, m'est devenue insupportable. Elle ne les lâcha pas du regard, elle savait ô combien il était compliqué de tout assimiler et, surtout, de tout comprendre. Maintenant que je vous ai révélé l'essentiel, je n'attends plus que deux choses. La première, c'est de savoir si vous avez des questions. Je répondrai à toutes, nous répondrons à toutes. Soutint-elle en tenant la main de son amoureux. La seconde, c'est de savoir si vous voulez, tout comme moi, rester une famille unie. Si tel est votre souhait, nous nous y emploierons dès maintenant. C'est une promesse. "


1837 mots ~
Je me suis permis d'inventer le terme "Kaäsh" pour "Enfant" car il n'y a pas d'équivalent en Arshalà



By Jil ♪
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Dim 06 Déc 2020, 07:33


Crédit : Inconnu.

Le « hérétique » qu’avait chuchoté Draaskag à la suite des paroles de sa cadette m’avait jeté un froid, le frisson galopant sur la longueur de ma colonne vertébrale. Pourtant, je n’avais pas réagi au visible mépris du brun, souriant vaguement à l’endroit de ma fille, rectifiant quelque peu ce que la croyance populaire leur avait inculqué au fil des années. Cependant, du coin de l’œil, je n’avais pu m’empêcher de remarquer l’échange de regard offusqué qu’avait lancé Kaine dans la direction du jeune Chaman. S’il n’avait pas pipé mot, c’est parce que j’avais rapidement repris la parole et que Léto avait tout de suite enchaîné. Toutefois, l’indignation ne s’était pas éteinte et continuait de vibrer dans les reflets vermeil et ocre de ses prunelles.

C’était pourtant avant qu’il perçoive le discours de la Souriante, qu’il prenne conscience, avec sa sœur, de l’ampleur de ces fameuses révélations, qui se déversaient et s’enfonçaient, dans un flot discontinu, au creux de leur crâne. À un instant, je coulais un regard vers la Chamane, lui partageant un léger sourire. Pour la situation dans laquelle nous nous trouvions, elle se débrouillait très bien. À proximité, attentif et inquiet, j’évaluais et m’assurais en même temps de chacune des réactions et impressions de mes enfants, du plus petit tremblement de leurs lèvres à l’émotion la plus houleuse qui détonait entre leurs deux oreilles. Lorsque je me confrontais à l’éclat de leurs regards, confus et brisés, je les soutenais sans broncher, leur faisant simplement signe d’écouter et de ne pas interrompre leur mère. Il y avait encore tant à avouer, tant à révéler, et chaque mot qui s’extirpait de la bouche de la Chamane était un mot en plus qui rajoutait son poids de regret et de culpabilité sur ma conscience. Pour leur avoir menti sur la véritable nature des absences de leur mère, une nouvelle charge m’oppressait; pour leur avoir caché l’existence d’un frère qu’ils auraient certainement apprécié connaître plus tôt, une masse me comprimait; pour les avoir trompés lorsqu’ils se jetaient, tout joyeux et ignorants, dans les bras d’une fausse Mäma, un fardeau en plus me faisait suffoquer, au point où mes nerfs finir par lâcher. Pourtant, je restais parfaitement droit sur le coussin du divan, mais le froid qui m’envahissait, me paralysait, commençait à se répandre dans l’intégralité de mon corps, à la manière d’une maladie. Mon courage, je le sentais, m’abandonnait petit à petit, l’œillade de mes enfants sur mes épaules se faisant alors soudainement plus tortueux et pesant.

Toutefois, la voix et le geste erratique de Draaskag rompu soudainement cette impression qui m’intoxiquait, notre attention convergeant toute dans sa direction. Trop concentrée sur l’histoire – notre histoire – que sa génitrice contait, Toesia Eses n’avait pas entendu les grognements de plus en plus graves qui résonnaient dans la gorge de son… deuxième grand frère. Jusqu’au moment où il bondit de son assise. À son sursaut hostile, rempli d’une rage qui se puisait dans une source inconnue à nos yeux de simples Orishas, la petite Koërta s’était aussitôt décalée de la trajectoire de l’enragé en se jetant dans les bras de l’aîné de la fratrie.

« Qu-Qu-Quoi?! »

Kaine, d’instinct, avait en même temps tendu sa main vers sa petite sœur afin de l’attirer jusqu’à lui, lui permettant ainsi d’éviter plus rapidement encore la frappe déraisonnée du brun, qu’il se mit à scruter d’un œil menaçant.

« Bordel de merde! À quoi tu joues?! » S’écria l’archer en frictionnant ses dents les unes contre les autres, une expression de pure colère défigurant son faciès.

La tension était palpable, épaisse, à la manière d’un feu que l’on rapprochait lentement d’une flaque d’huile : à la moindre étincelle, un brasier se déclencherait. Je me forçais à déglutir, quittant brièvement ma place pour me rapprocher de mes enfants et les prendre dans mes bras, mais d’un geste vif, Kaine se recula, emportant sa sœur avec lui. Cette réaction m’immobilisa sur-le-champ, me pétrifia.

« P-Pa’? Toesia tremblait sous le coup de la surprise et du choc, les secousses agitant son corps se répercutant jusqu’à l’inflexion de sa voix. Pour-Pourquoi il a fait ça? Qu’est-ce qui lui prends de m’attaquer comme ça?! »

Mais le timbre de sa voix commençait à prendre des accents tout aussi graves et hargneux que ceux de Kaine, l’incompréhension du geste faisant naître une pointe d’hostilité dans son esprit, qu’elle avait voulu ouvert et indulgent depuis le tout début de ce face à face.

« C’est parce qu’il voit les Esprits, ma chérie, rappelles-toi. Il ne voulait pas te frapper : il a dû voir quelqu’un à côté de toi et lui a demandé de s’en aller. »

La sœur comme le frère restèrent interdits, silencieux, immobiles comme des statues de marbre, jetant un bref coup d’œil sur le coussin, désormais vacant, sur lequel s’était pourtant assis Toesia il y a quelques secondes à peine. Puis, ils se retournèrent dans ma direction, au même instant que Léto reprit la parole. Je leur soufflais un gentil « Tout ira bien » avant de me rasseoir aux côtés de la Titanide. Je le voyais dans leurs yeux, ils étaient incapables d’absorber convenablement toutes les informations qu’on leur jetait à la figure. Ils étaient comme des éponges saturées : dans l’impossibilité de prendre plus qu’ils ne pouvaient emmagasiner. Mon cœur cognait puissamment contre ma poitrine à ce constat, mais il cessa de battre à l’instant où toute l’attention se portait, désormais, sur les épaules de la petite Nörråke. Je la regardais attentivement, silencieusement, les yeux écarquillés et la bouche légèrement ouverte. Lentement, je me détournais de l’enfant pour observer la Chamane.

« D’accord… » Lui répondis-je d’une voix éteinte, une ombre se plantant soudainement sur les traits de mon visage, mais qui s’évanouit tout aussi rapidement lorsque le pic de ma nervosité redescendit.

Déconfit, j’essayais de garder le fil de la conversation tout en repoussant violemment des images qui s’imposaient dans mon esprit : l’Hǫfðingi prenant Léto dans son lit, l’Hǫfðingi et Léto cajolant leur enfant, l’Hǫfðingi et Léto s’unissant pour former une nouvelle famille et… Je fermais les yeux, mon palpitant s’accélérant brutalement. Il y avait une raison à tout cela, à cette enfant, c’était certain. Il devait y en avoir une que… que je ne comprenais pas sur l’instant, mais que je comprendrai éventuellement, n’est-ce pas? N’est…N’est-ce pas? L’envie de rire, nerveux, me prit à la gorge, aussi puissante que celle de fuir, mais la main de Léto, qu’elle fit glisser dans la mienne, m’en empêcha. J’étais parfaitement au courant des us et coutumes chamaniques, et du fait que Léto y participait sans restriction, et jamais auparavant, je ne m’y étais opposé. C’était une culture, des mœurs différentes, et je comprenais parfaitement cela. De ce fait, je savais également qu’elle couchait avec bien des gens, qu’elle participait aux orgies organisées par les différentes tribus, et qu’elle s’était certainement retrouvée plus d’une fois sous les draps du Taiji, mais un enfant… Ce n’était pas le même engagement qu’une coucherie. Ce n’étaient pas les mêmes enjeux. C’était un désir, celui de former une famille… Surtout avec une enfant de cet âge-là. La colère fit soudainement place à la confusion dans mon esprit. Pourquoi n’avais-je jamais été au courant?! Pourquoi ne me l’avait-elle jamais dit? Pourquoi…? La question assommait mon esprit, me le foudroyait. Je n’étais pas bien, et si ça n’avait pas été de sa main, de son contact, je me serais échappé. Éclipsé. Enfuit. Ma gorge était nouée et tout ce que je fus capable de faire ensuite, fut de serrer un peu plus fort ses phalanges dans ma paume.

Lorsque la nouvelle Reine – nous n’en croyions toujours pas nos oreilles – se tut, un silence de plomb s’effondra sur nous. Personne n’osait parler, pas même Toesia, qui me fixait intensément depuis sa place, ayant entraperçu mon expression, ma détresse. Un bouton s’actionna aussitôt en moi et un sourire, tendre, désolé, lui répondit. Je n’avais pas le droit d’être vulnérable. Pas maintenant du moins.

« Nous savons que ça fait beaucoup à digérer et–

- … Beaucoup? »

Kaine avait cette voix basse et inquiétante qu’il entretenait dès lors qu’il se retrouvait face à une situation qui l’agaçait royalement.

« Nous venons d’apprendre que toi et maman, vous nous avez menti pendant toutes ces années, qu’on a vécu avec un imposteur et qu’on a un frère ainsi qu’une demi-sœur! Et, tous les trois, peuvent voir l’Esprit des Morts et…! »

Il s’arrêta brusquement, sa mâchoire se contractant. Toesia, quant à elle, n’osa pas parler, tandis que son grand frère se levait du divan, commençant à faire les cent pas, Henos sur les talons, mais la petite Orisha intercepta le chien afin qu’il s’éloigne de son frère.

« Est-ce que vous avez la moindre idée de ce qu’on a pu vivre, Toto et moi? De l’inquiétude et de l’anxiété que ça nous a causé, toutes ces cachotteries? Merde… On ne comprenait pas pourquoi tu nous mentais, Pa’! S’exclama-t-il en se tournant dans ma direction, le regard accusateur, furieux. On se disait que tu nous le dirais, éventuellement, quand tu seras prêt, mais jamais, jamais, on a eu de réponses! Pourquoi aujourd’hui? Pourquoi maintenant? Pourquoi pas il y a cinq ou six ans? »

La benjamine s’enfonça dans son siège, comme si elle voulait disparaître. Elle n’aimait pas quand Kaine était dans cet état.

« Pourquoi en parler à Pa’ et pas à nous, Ma’? On n’était pas assez dignes de confiance? Vous aviez peur qu’on cafte?!

- Kaine…

- Tu n’es pas en colère, toi? Pourquoi? Pourtant, tu es celle qui devait s’inquiéter le plus! Combien de nuits Pädrye et moi, on a dû passer dans ta chambre à te consoler parce que Mäma n’était pas là? Combien de fois il a fallu te rassurer? C’est nous qui a ramassé tes larmes! Et même devant ça, Pa’, t’as continué de te foutre de nous–

- Ce n’est pas vrai! On ne pouvait pas vous parler des Chamans, des Esprits, parce que nous étions pieds et poings liés! Le… L’ancien Roi des Chamans (Devaraj Taiji était donc mort…) était quelqu’un de dangereux, conservateur de secrets qui ne peuvent être divulgués à n’importe qui, et ces secrets, crois-moi, il aurait tué sans hésiter s’il apprenait qu’ils étaient tombés entre de mauvaises mains. »

Je marquais une pause volontaire, continuant de fixer mon fils, afin qu’il pèse tout le poids du problème.

« Kaine, essaye de comprendre. Même moi, j’ai eu droit d’apprendre cela uniquement parce que Léto emportait Draaskag là-bas… Et sous condition de n’en parler à personne. Absolument personne. »

Je poussais un soupir, esquissant finalement un doux sourire.

« Notre but n’était pas de vous faire souffrir, de vous mettre à part, de vous flouer ou de vous mentir. On ne voulait pas ça, personne ne le voulait, mais on n’avait pas le choix. Pour préserver le secret, pour assurer à votre mère un retour sans tracas auprès des siens, pour votre propre bien, on a dû le faire. »

Je gratifiais Léto d'un regard.

« On savait qu’on vous faisait de la peine, que ce qu’on faisait n’était pas… juste, moral peut-être bien… Je sais pas. Mais si j’apprenais que d’autres parents font ça à leurs enfants, je m’énerverais comme un dingue, moi aussi, hahaha… Ce n’était pas drôle, mais rire me permettait d’évacuer le stress. Nous sommes désolés. Tellement désolés, Kaine, Toesia, de vous avoir laissés dans l’ombre si longtemps. »

Mes yeux étaient braqués dans leur direction.

« Et on vous promet qu’il n’y aura plus de secrets entre nous. Qu’on retournera à ce que nous avons toujours été : une famille. »

Je faisais tout mon possible pour ne pas regarder dans la direction de Nörråke. Il y a forcément une raison. L’adolescent, quant à lui, reporta ses yeux sur mon visage. Ses épaules s’affaissèrent tandis qu’il reprenait doucement son calme.

« J-Je sais pas, Pa’… Je… Je dois réfléchir. Désolé. »

D'une enjambée rapide, il parcourut la pièce avant de disparaître dans les escaliers qui menaient à l'étage. Gardant la main de Léto dans la mienne, je lui fis signe de ne pas le rattraper. Il avait besoin d'un moment en solitaire pour réfléchir, absorber le tout.

« Kaine est blessé, mais lorsqu'il sera prêt, il viendra de lui-même, dis-je en souriant à la Sùlfr pour la rassurer. Il comprendra. Il a toujours eu la tête sur les épaules, plus que moi en tout cas. Pas vrai, Toto? »

L'Orisha acquiesça vaguement, ses yeux voltigeant entre les différents personnages assis dans la pièce.

« Alors… Mäma, t'es une Reine qui voit les Morts maintenant? Elle se tourna vers Draaskag. Et lui, c'est mon grand frère? Et elle, ma euh… petite sœur? Poursuivit-elle en pointant, cette fois-ci, la blonde à ses côtés. Et tu… tu gardais vraiment toujours un œil sur nous, Ma'? »

À la réponse de cette dernière, la petite Orisha quitta, à son tour, le divan pour venir se blottir dans les bras de la Titanide. Le visage enfoui contre sa poitrine, Toesia renifla doucement.

« Je suis juste contente que vous nous l'ayez dit. Je suis soulagée. Elle releva alors la tête en direction de sa mère, offrant un sourire digne de la réputation de celle-ci, comme pour apaiser l'atmosphère. Héhéhé, en plus, maintenant, vous devrez m'appeler Princesse Toto! Princesse Toto et Princesse Nono! » Fit-elle en portant un bref coup d'œil dans la direction de la petite blonde.

Ces quelques mots suffirent à m'arracher un sourire sincère, détendu. Affectueusement, je caressais le crâne de ma petite fille.


2 254 mots (Et je suis même pas désolée /sbaf/) | Post II

Notes : Nörråke a beau avoir le physique et la mentalité d’une gamine de 11 ans, elle n’a que quelques mois d’existence à peine, d’où la confusion de Miles o/





[Q] - Nous resterons une famille | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Dim 06 Déc 2020, 23:15



" Latone n'est pas un imposteur. " Mais l'expliquer ne ferait qu'encore rajouter davantage à cet infernal désordre. De plus, ce fait n'était point encore limpide chez la Hǫfðingi en personne.

Léto ne faisait pas preuve de stoïcisme. Même si elle se sentait capable de contrer chaque phrase de Kaine, elle n'en fit rien. Une mère savait quand se taire et quand prendre la parole. Autant lui que sa sœur, ils encaissaient des années de trahison dont Léto se présentait comme la principale fautive. La blonde ne lâcha pas du regard Kaine, c'était lui qui s'exprimait le plus et qui souffrait le plus de cette situation. S'évader ne ferait que conforter l'adolescent dans sa détresse, ce qui n'était absolument pas le but. Miles eut le courage de reprendre le flambeau et de défendre leur cause. Cela lui fendait le cœur, mais Léto devait admettre qu'il était le seul à pouvoir raisonner leur fils en cet instant ; connaître une grande partie de leur vie par simple commérage ne suffisait pas à compenser leur manque d'interaction. Miles connaissait les mots justes à prononcer, anticipait à merveilles les probables réactions de Kaine… Jusqu'à sa fuite.


" Kaine… ! "

Par réflexe, Léto commençait déjà à amorcer la poursuite, ce à quoi Miles profita de leur contact pour la raisonner. Elle baissa les yeux et admit silencieusement son erreur. Perdre Kaine dans l'opération lui faisait tout de même considérer sa confession comme un échec. Ainsi, en toute logique, la Chamane se raccrocha à sa dernière prise, au risque de chuter : Toesia. Ce qu'elle vit sur le visage de sa petite fille la stupéfia : un regard à la fois mélancolique et compréhensif. Pas de haine, pas de chagrin, juste une enfant qui parvenait à se mettre à la place de sa mère et à lui pardonner. Léto ne le crût pas au départ, car – comme l'affirmait l'aîné – Toesia Eses fut sans nul doute celle qui souffrit le plus de son absence. À l'instar du Köerta, un sourire tendre éclaira enfin le visage de la Reine.

" Oui ma kaosh (fille), je suis la Reine des Chamans, les médiateurs des Morts. Elle acquiesça successivement à ses questions vis-à-vis de ses "nouveaux" frangins. Comment l'expliquer… C'est un peu compliqué, mais lorsque l'occasion se présentait, je vous observais : toi, ton frère, votre père… Tout le reste, Latone ou les Esprits me le rapportaient. Une pause. Ou… j'étais vraiment là, à te serrer dans mes bras. "

Toesia acheva le cœur meurtri de Léto en se jetant justement sur elle. Comme si ce moment lui fut arraché depuis trop longtemps, la mère enlaça la chair de sa chair et la blottit contre elle avec fermeté. Léto ferma les yeux et renifla la chevelure de sa petite, s'imprégnant de son odeur, de son essence. Si les premiers mots de la petite la touchaient, les secondes lui arrachèrent un rire. Un rire qui s'éternisa quelques secondes, une euphorie qui eut raison des dernières forces de la Souriante. Sa joie se transforma en peine, son sourire en larmes. Elle plaqua de nouveau sa progéniture contre elle, chassant une bonne fois pour toute cette blessure qui rongeait sa famille.

" Tu as toujours été ma princesse, Toto. Affirma-t-elle entre deux hoquets. Je t'aime beaucoup, beaucoup… " La laissant tout de même respirer, Léto ne rompit que de peu le contact pour lui caresser le crâne. Un moment où nulle parole n'était nécessaire, juste un regard attendri entre une mère et sa fille adorée.

" Est-ce que je peux dire quelque chose ? "

Mécanique, Draaskag s'engouffra dans cette discussion qui le concernait aussi. De très près. La Hǫfðingi dirigea son attention sur lui et se débarrassa de ses dernières larmes d'un coup de poignet. Ils n'avaient guère discuté de cette réunion avant de quitter Awaku No Hi. Et à vrai dire, Léto pensait que l'adolescent se serait contenté de juste laisser le flot s'écouler et assimiler ce qu'on lui présenterait.

" Bien sûr. On t'écoute. " La blonde invita Toesia à bouger légèrement de sorte à s'assoir sur ses genoux. Draaskag inspira un coup avant de se lancer.

" Je pensais que tu souhaitais juste… "parler" à Père. Que le secret serait conservé. " Il fixa Miles justement.

" C'est impossible, mon fils… Je ne peux pas écarter Kaine et Toesia. Plus maintenant. Elle bomba légèrement le buste ; on ne croirait pas qu'elle ait pleuré la minute précédente. Cela est d'autant plus vrai pour toi. Tout ce que j'ai dit, tout ce que j'ai décidé de faire ce soir, je le fais en tant que Mère et en tant que Reine. Elle jeta une œillade rapide à Nörråke, qui demeurait docile et finissait à peine son chocolat chaud. Il était vrai qu'elle avait du lait de Yack à boire. Ton père et moi, nous parlerons davantage de tout ceci après. Pour le moment, je souhaite leur faire comprendre ce que ma position implique et de quoi notre futur sera constitué. Mes enfants de Ciel-Ouvert devront assimiler, au moins en partie, ce que nous sommes. Tandis que mon fils Chaman devra retisser ses liens originels. Le concerné fronça les sourcils, pas au point d'être hostile. Il s'attarda sur Toesia. Nous aurons tout notre temps : je resterai ici plusieurs jours, afin de retrouver tes frangins et ton père. Notre peuple saura se passer de moi durant ce délai. Quant à toi… Elle posa sa main sur la sienne, l'autre sur la hanche de sa fille. La décision te reviendra. Je refuse que tu partes sans essayer. Mais si, pour toi, cela ne fonctionne vraiment pas, tu seras libre de rentrer. Son regard vogua vers son amoureux. Je suis persuadée que ton père aimerait discuter avec toi. Avant de revenir sur le descendant. Et que c'est réciproque. "

" Je ne suis ici que pour ton bien, Mère. Le reste ne…
Il ravala ses paroles. Au final, ce n'était pas totalement avéré. Il était juste confus, tout comme Kaine. … Il me faut du temps. " Doucement, Léto acquiesça.

" Tu as raison, tu m'as aussi convaincue de prendre les choses en main. Et je t'en suis reconnaissante, mon fils. Je t'assure que je ne peux qu'aller mieux, maintenant. Elle sourit à Toesia. Tôt ou tard, je serai revenue à la maison. Elle lui caressa la joue ; elle avait tellement grandi. Ma petite princesse, on a beaucoup, beaucoup de choses à rattraper. Il n'est pas encore l'heure, mais quand viendra le moment de dormir, tu me promettras de te coucher ? Juste le temps de répondre, elle lui précisa par la suite : En échange, je serai d'aplomb dès demain matin pour te préparer ce petit-déjeuner que tu adores et que je ne rate jamais. La petite Toesia savait pertinemment de quelle préparation la Sùlfr suggérait. Une fois de plus, Léto tentait de démontrer sa bonne foi pour restaurer sa famille déchirée. Cela étant… est-ce que tu fais bien tes devoirs ? Sa bouche s'habilla d'un sourire narquois. Tu as de bonnes notes à l'école ? Tu te laves bien tous les jours ? Montre-moi donc tes belles dents ! " Dit-elle en la chatouillant sur les aisselles pour l'obliger à dévoiler sa denture et pour la faire rire.

Typiquement ce genre de moments qui lui faisait défaut, ces instants de complicité entre une mère et son enfant. Léto aurait eu beau les épier toute leur vie, cela n'aurait jamais eu la même valeur qu'un rire partagé. Dans la lutte, elle essuya une dernière fois sa paupière pour repousser un fragment de chagrin. Elle soupira et but quelques gorgées de lait pour reprendre quelques forces.


" Kaine ne t'embête pas trop ? Elle ne pouvait que connaître la tendance de l'aîné à taquiner sa cadette. Prononcer son nom peina un peu plus la Hǫfðingi qui coula un regard en direction de Miles. Elle ne pipa mot d'abord, néanmoins ce fait présentement lui brûlait la gorge : Je veux monter le voir… " Ce ne serait à la fois pas sage et vital.


1374 mots ~



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Miles Köerta
Lun 07 Déc 2020, 07:27


Crédit : Inconnu.

Ce n’était pas comme si Toesia était dénuée de colère et de peine à l’instant présent. Ce sentiment de trahison qui l’avait soudainement submergé à l’entente des révélations; cette cassure physique et mentale qui l’avait paralysé, ils étaient tous bien réels, lorsqu’ils s’étaient mis à matraquer la surface de son cœur, à vouloir le briser et le percer à chacune des vérités qui se révélait à elle. Pourtant, aucune de ces émotions n’étaient parvenues à faire exploser son palpitant, à relâcher, comme trop serré, le surplus de nervosité et de tension qui l’avait jusqu’alors étranglé, à l’instar de celui de son grand frère. Elle pouvait dire que l’impulsion détonée par Kaine fût en quelque sorte un cri du cœur pour deux, mais tout en portant attention à la libération de ses impressions, elle s’était également concentrée sur les réactions de ses parents, sur leurs expressions. Ils ne cachaient rien de ce qui les troublaient désormais : comme promis, ils jouaient franc-jeu, laissant la tristesse se deviner sur les lignes de leur faciès, laissant le regret éclater au plus profond de leurs prunelles, laissant la peine tordre les plis de leurs lippes, dès qu’ils encaissaient une palabre, puis une seconde, puis une troisième, des lèvres de Kaine… À ce constat, elle s’était simplement rendu compte de quelque chose d’important, de criant : elle prenait conscience de leur vulnérabilité. Pa’ et Ma’ avaient toujours été peints comme des héros à ses yeux : des héros de courage, de force et d’assurance. Ils étaient capables de tuer des monstres et de s’enfoncer, sans peur, dans les souterrains d’une ville fantôme, de quoi impressionner facilement la petite fille de douze ans qu’elle était. Cependant, derrière ces armures et ces couches de fourrures épaisses, ils n’étaient que des humains. Ils faisaient autant d’erreurs qu’elle; ils manquaient autant de jugement qu’elle; et même s’ils œuvraient pour la liberté, cela ne les exemptait pas, eux aussi, d’être prisonniers. Prisonniers d’un secret dont ils ne pouvaient se détacher, prisonniers d’une promesse qu’ils n’avaient pu briser jusqu’à aujourd’hui.

Et Toesia Eses finit par comprendre, par comprendre qu’ils étaient tout autant blessés et meurtris par cette trahison que son frère et elle : Ma’ qui ne pouvait pas les voir autant qu’elle le désirait, Pa’ qui avait été forcé de mentir et de jouer la comédie pour la sauvegarde du « secret. » Parce qu’elle savait – et combien de fois Pädrye le lui avait-il répété? – elle savait que cette famille était l’œuvre la plus importante de leur vie. Jamais, ils n’auraient souhaité la briser volontairement; jamais, ils n’auraient voulu les blesser, Kaine et elle. Ils les aimaient. Ils les chérissaient plus que tout au monde. Tout ce qu’ils voulaient, c’était de les voir sourire, de les voir grandir, de les voir se chamailler et éclater de rire… Pourquoi auraient-ils voulu les briser? Les voir pleurer? Aucun parent ne désirait cela pour son enfant, aucun parent ne voulait décevoir de la sorte la chair de sa chair et être l’instigateur de tant de peine à leur endroit. Et les larmes que versèrent la Souriante le lui confirma, soudain. Étonnée, la jeune fille releva doucement la tête pour contempler le visage de sa mère. La Souriante… venait subitement de perdre son éclat. La petite Toesia souleva instinctivement la commissure de ses lèvres, comme le lui avait tant de fois montré sa Mäma, puis frôla doucement la joue de cette dernière. Aucun parent ne désirait voir son enfant se casser, et tout comme ses géniteurs, Toto n’appréciait qu’une seule vision : celle de leurs sourires, parce qu’aucun enfant, pareillement, ne voulait voir son père et sa mère s'effondrer.

« Je t’aime aussi beaucoup, beaucoup, beaucoup, Mäma », murmura-t-elle contre les vêtements de cette dernière, sa prise n’en étant que plus ferme, ses doigts s’y raccrochant désespérément.

Aussitôt, les matraques avaient cessé de frapper la petite Köerta et les battements de son cœur s’étaient de nouveau mis à pulser à un rythme régulier. Elle n’avait aucune intention de quitter cette chaleur réconfortante, la chaleur de sa mère.



En-haut des escaliers, écrasé par les ombres de l’allée qu’il n’avait pas cru bon d’éclairer, Kaine observait, par ses dons raciaux, la scène qui se déroulait dans le salon. Sa colère et sa peine s’étaient doucement apaisées, mais son cœur, pourtant, ne cessait encore de s’affoler, alimenté par le gonflement de ses impressions. Appuyant sa tête contre le mur sur lequel il s’était adossé, il finit par fermer les yeux et à soupirer, resserrant ses jambes, qu’il avait posé en tailleur sur le sol. Il avait encore bien du mal à tout digérer : les mensonges, la vérité, le frère et la sœur étrangers, les souvenirs des nuits agitées de Toesia et les siennes, même, qu’il s’était obligé à oublier. Et dans ce fouillis de mémoires et de sentiments déstabilisants, il n’eut la force que de cacher son visage, faisant craquer les jointures de son poing. Il était confus.



Lentement, je détournais le regard de la cage d’escalier, conscient de la présence de mon fils aîné en haut de celle-ci. Pourtant, au lieu d’aller m’enquérir de son état, je reportais mon intérêt sur la mère et sa fille qui s’étreignaient avec tendresse. À cette vue, je n’avais pu m’empêcher de sourire, l’amour que je ressentais pour elles envahissant l’intégralité de mon faciès. Puis, mon regard finit par se lever jusqu’à rencontrer les yeux vairons de mon second né. Il me scrutait avec intensité, tandis que sa mère et lui s’entretenaient sur les véritables raisons de leur parcours jusqu’à la Cité des Chansons. Aimer discuter avec lui, répétais-je dans mon esprit, sans le lâcher du regard, lui adressant un sourire un peu malhabile. C’était un euphémisme. Je voulais tout savoir de lui. Il était mon fils. Je l’avais voulu à mes côtés, je n’avais pas voulu m’en séparer, mais les années passant, l’absence et la distance nous avaient inéluctablement éloignés. J’avais conscience que je n’aurais peut-être jamais une relation aussi intime avec lui qu’avec mes autres enfants, mais je… je voulais essayer. Je le voulais vraiment. Et intérieurement, j’espérais qu’il le désirât tout autant. Cependant, sa réaction refroidit légèrement mes espoirs et une expression de profonde tristesse se planta dans mes iris. J’aurais certainement souhaité une affirmation, un sourire qui puisse corroborer mes ressentis, mais rien de tout cela. Je soupirais discrètement.

« Mais…! Commença une Toesia indignée, avant d‘être coupée.

- En échange, je serai d'aplomb dès demain matin pour te préparer ce petit-déjeuner que tu adores et que je ne rate jamais. »

Elle referma sa bouche, qui était prête à exhaler de nouvelles protestations, mais au lieu de quoi, elle finit par réfléchir sérieusement à la question. L’air extrêmement pensif, la petite Orisha avait le même niveau de concentration que lorsqu'elle faisait face à un fâcheux dilemme.

« … Rajoute des toasts au miel et on a un arrangement! »

Comme si elle était en position de négocier… Ce qu’elle comprit aussitôt à la suite des propos de sa mère.

« EUH! Elle était tellement tendue. Bah, euh… Oui, oui, oui! Absolument! Mes devoirs! »

Ses fossettes se soulevèrent pour laisser deviner toutes ses dents.

« Toto…

- Princesse Toto!

- Plus de secrets entre nous, on a dit, Birssä (Princesse). »

Le rouge monta instantanément à ses joues et elle finit par se gratter la nuque, nerveuse et un peu honteuse.

« Bon, j’en oublie quelques-uns de temps en temps, hein, mais ça va! Je m’en sors bien! Je suis pas une grosse tête comme Kaine, mais Pa’ est fier de mes résultats! Et moi aussi! Pis, en plus, j’étais même en train de faire des devoirs avant que vous débarquiez, avoua-t-elle enfin en montrant la petite pile de documents que l’on avait rassemblé sur un coin de la table, son torse se bombant de fierté. Oui! Je me lave à tous les jours! Même qu’Henos vient me rejoindre dans le bain! Je lui fais des pompons en mousse sur le bout des oreilles et de la queue! Tu devrais le voir, c’est trop drôle! »

Et la petite fille éclata de rire sous l’assaut de chatouillis de sa mère. Elle se tordait dans tous les sens au cœur de son étreinte, tentant d’échapper à l’attaque traître. Mais à un instant, son agitation fut vraiment intense, tant que ses fesses glissèrent des cuisses de sa mère. Toto tomba sur le séant, ses rires ne faisant, pourtant, que se décupler, alors qu’elle se redressait, tout sourire.

« Kaine est une vraie plaie! S’exclama-t-elle en gonflant ses joues. La première fois qu’on a joué au Hagydz – est-ce que tu connais? – bah, il m’a obligé à faire la danse des canards! J’ai même essayé de lui faire les yeux doux, mais il a pas voulu me retirer le gage », termina-t-elle dans un marmonnement de mauvaise foi.

Je souris en redressant l’un de mes sourcils. Je m’en rappelais très bien : ça avait été difficile de séparer le frère et la sœur, tant Toesia avait été déterminée à lui arracher le sourire goguenard qu’il avait fait trôner sur ses lèvres tout du long. Je n’avais rien dit du tout à ce moment-là, mais c’est vrai que ça avait été particulièrement hilarant comme spectacle.

« Je veux monter le voir… »

Je plongeais mes pupilles dans ses yeux, perdant brièvement mon sourire.

« Je… »

Le regard de la Sùlfr s’accrochait désespérément au mien. Je m’y perdis plusieurs secondes avant de porter, cette fois-ci, mes yeux jusqu’aux marches de l’escalier. Kaine n’avait pas bougé de sa position. Je finis par soupirer, revenant sur la Titanide afin de lui adresser un sourire.

« Vas-y, lui dis-je enfin, tout en me rapprochant de sa silhouette, glissant mes lèvres tout près de son oreille. Il ne s’est pas rendu jusqu’à sa chambre. Je crois qu’il nous écoute depuis le haut des escaliers, en fait, lui reportais-je avant de l’embrasser tendrement sur la joue, puis de reculer doucement. Souris, öm juishi (mon amour). Tu n’as pas à t’en faire. Il t’écoutera. Et, plus bas, collant brièvement mon front au sien, la pierre de mon Troisième Œil pouvant être senti derrière le voile de mes cheveux : Merci d’être venue ce soir. »

Je la libérais enfin, observant consciencieusement le jeune Draaskag non loin de moi. Je le gratifiais, lui aussi, d’un rire qui se voulait tendre, affectueux, empli de cet amour paternel que je n’avais pu lui insuffler lorsqu’il était petit.

« Regarde-moi ça, t’es devenu un vrai homme maintenant! »

Mon cœur battait la chamade.

« La dernière fois que je t’ai vu, je te tenais dans mes bras, t’étais petit comme ça, dis-je en mimant une dimension incertaine. Tu voulais constamment jouer dans mes cheveux, les agripper, les manger… On se demandait, ta mère et moi, comment tu visualisais ma tête, dans ces yeux d’enfant. Peut-être parce que mes cheveux ont la même couleur que le lait, poursuivais-je en faisant rouler quelques mèches entre mes doigts. Je t’avoue que ça nous faisait bien marrer, de te voir sans cesse attaquer ma tignasse, sans raison apparente. »

J’étais nerveux, ma gorge était sèche, et mes doigts, dans des entrelacements agités, se serraient et se desserraient mécaniquement entre eux. Est-ce que… je l’avais mis mal à l’aise? Une légère coloration vint maquiller mes joues.

« … Draaskag, je sais que, pour toi, je ne suis certainement qu’un étranger de plus, mais j’aimerais sincèrement apprendre à te connaître. Je ne sais pas quelle approche serait la meilleure pour que nous puissions, tu sais, communiquer, mais hum… »

C’était tellement confus, par tous les Dieux.

« J’espère simplement que toi et moi puissions bien nous entendre dans le futur, qu’est-ce que tu en dis? »

Je me tournais vers la petite blonde, très silencieuse.

« Nörråke, c’est bien ça? Est-ce que ça te dirait que nous apprenions à nous connaître également? Toi, Toto, Kaine et moi? »


1 951 mots (sans les paroles de Léto) | Post III

Si tu veux inventer des termes en Arshalà, hésites pas o/ Je les prends en note 8D

Pour les nouveaux mots :
Birssä = Princesse





[Q] - Nous resterons une famille | Miles Signat16
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Mer 23 Déc 2020, 17:44



Léto se raccrocha avec ferveur à Miles, persuadée qu'elle pouvait encore faire quelque chose pour que Kaine les pardonnât. Cela lui était étrange de se retrouver dans une position aussi délicate que novice ; elle fonda une famille bien avant que Miles n'eût la chance de la rencontrer. Pourtant, en cet instant, c'était la Mère qui souhaitait être soutenue par le Père. La vérité, atroce, étant que Miles s'avérait être un parent bien plus présent et expérimenté qu'elle, vis-à-vis des enfants Orishas. L'empathie naturelle entre eux fit pencher la balance en sa faveur. Les chuchotements de son amoureux la rassurèrent dans un sens ; au moins ne s'était-il pas barricadé le plus loin possible. Peut-être existait-il une chance… Léto ferma les siens et inspira un coup, cueillant ce baiser sur sa joue comme un trésor. Elle sourit et affirma leur étreinte, front contre front.

" Je ferai de mon mieux, öm juishi. Elle voulut tant se raccrocher à lui davantage, néanmoins c'était une épreuve qu'elle devait affronter seule. En se redressant, elle adressa une ultime œillade à Toesia. Je suis fière de toi aussi, ma puce, je sais que tu fais des efforts. Elle lui ébouriffa les cheveux. Demain, on fera peut-être une partie de Hagydz, qu'en dis-tu ? Avec des gages. Suggéra-t-elle avec malice et un clin d'œil pour aider la cadette à se venger de la tyrannie de l'aîné. Elle aimait bien le Hagydz, surtout avec des mises. Je reviens. " Souffla-t-elle plus bas avant de se lancer, doucement, vers les escaliers. Derrière elle, elle laissait Draaskag en proie à ses tourments.

Chaque marche pouvait s'apparenter à une dangereuse épée de Damoclès. La Titanide n'eut qu'à réaliser quelques pas avant d'apercevoir la silhouette de son fils, depuis en bas. Miles disait vrai, l'Orisha était resté assez près pour les entendre et suffisamment tapis dans l'ombre pour être invisible depuis le salon. La démarche de la Chamane trahissait son origine, tant le bois craquelait péniblement sous son poids. Kaine ne quittait pas sa carapace, recroquevillé sur lui-même, comme pour échapper à la dure réalité. Mais il se doutait forcément que sa génitrice viendrait à lui pour recoller les morceaux. Sans précipitation, la Reine passa devant lui, se colla contre le mur et glissa à ses côtés, les genoux pliés sur elle-même.


L'ocre et l'écarlate se posèrent sur le tout premier des Köerta-Sùlfr. Cela lui était pénible de s'engouffrer d'autant plus dans le pardon et les explications, mais Kaine était un grand garçon : il réclamait plus de jugeotte et de franchise pour être finalement convaincu. Léto le comprenait, sa nature Orisha refaisant toujours surface en présence de la chair de sa chair. Elle avait peur, un jour, de perdre cette empathie naturelle qui se créait avec eux, telle une scission irrévocable. Miles savait que cette décision devait être la bonne, alors Léto lui faisait confiance. Par où commencer ? Revenir sur ses mots, le laisser vider son sac ? Il n'avait pas l'air de vouloir revenir à la charge. Son regard se perdit sur le mur de face, ses doigts entrelacées face à elle.

" Je ne répéterai jamais assez que je suis désolée. Ce que je vous ai fait subir n'est pas digne d'une mère exemplaire. Je pense que… Avec Prune, je pense que je ne l'ai jamais été. En grandissant, elle avait dû comprendre que cela ne faisait pas parti de mes plus grandes forces. Une pause, avec un demi-sourire. Mais je suis comme toi. Je ne suis qu'un être qui essaye d'apprendre. C'est vrai, je suis sans doute une mère déplorable. Toutefois, on ne m'enlèvera pas le fait que je tiens à ma famille. Jamais. Son regard revint sur lui. J'ai fait ça pour vous sauver, toi et Toesia. Je n'avais pas le choix. Et je ne pouvais pas non plus partir pour toujours ; je pensais à vous, à ce que vous deveniez, à ce que vous pensiez de moi… Depuis le tout début. Elle fixa le plafond, imaginait les étoiles juste au-dessus de leurs têtes. Ah, quand tu étais né… C'était l'un des plus beaux jours de ma vie. Son sourire s'agrandit en repensant à l'attitude de Miles vis-à-vis de son tout premier enfant. Avec tout ce que j'avais traversé auparavant, je ne me pensais plus être capable de fonder une famille. Mais ton père m'a rattrapée, il m'a aidée à devenir ce que je souhaitais le plus : une mère aimante. Il est, sans aucun doute, la plus belle personne de ces Terres. Elle baissa les yeux en émettant un très bref bruit d'amusement. Un silence, où l'étau se resserra sur eux. J'attendais cette discussion autant que je la redoutais. Je me suis battue jusqu'au bout, même pire, pour vous ramener à moi. Si tu ne peux le faire pour moi, Kaine, je t'implore de pardonner ton père. Il n'est aucunement fautif de cette situation, il n'est pas à l'origine de ce mensonge. Je refuse que vous deux, vous en souffrez encore. Toute cette histoire peut enfin être derrière nous, mais nous avons besoin de toi. Ferme et assurée. Aärk ët juiki, öm kish. (Je t'aime, mon fils.) "

~~~

À la sortie de la Hǫfðingi, Draaskag se replia aussitôt sur lui-même afin de se prémunir de cette fâcheuse situation. Il croisa les bras, plongé dans tous ces précédents échanges. À vrai dire, c'était surtout la réaction de son père qui l'avait préoccupé ; car si lui n'aurait pas suivi la Chamane, toutes les espérances de cette dernière auraient été vains. Il fallait croire que Miles Köerta était quelqu'un de compréhensif et d'intelligent. Exactement comme le décrivait la Reine… Le Souw'Ni lorgna brièvement vers Toesia, Kaine toujours à l'étage. Ceux-là, ce n'était pas qu'il s'en fichait, mais ils pesaient moins dans l'équation. De ce qu'il avait bien cru comprendre, c'était que Léto avait bien perdu une fille par le passé, et voilà où cette perte l'avait menée. Il n'appréciait pas trop sa cadette, elle semblait à l'origine de bien des maux durant cette mascarade. Quant à l'aîné, il agissait davantage par instinct et colère ; un Zawa'Kar dans son attitude. Hmm, peut-être bien que les deux frangins se ressemblaient. C'en était effrayant.

" Waf ! " L'imitation de la petite blonde tira le jeune homme de ses réflexions.

Nörråke adorait les bêtes, tout comme son défunt père. Elle n'était absolument pas effrayée par les monstruosités de l'Île Maudite et cherchait même, souvent, à les approcher et les amadouer ; ce qui valût quelques cheveux arrachés de la part de la Hǫfðingi. Alors, un loup domestiqué, c'était une friandise à ses yeux. Elle jouait avec ses oreilles tandis que l'animal la reniflait de plus près.

Un battement de cœur fut raté à l'instant même où Miles chercha à l'aborder. Ses iris bicolores s'abattirent sur lui. Ils étaient mutuellement tendus et affrontaient ce désarroi à leur manière respective. Il écouta l'anecdote et ne s'y retrouva pas. Il était un grand garçon et ne s'imaginait pas s'abaisser à de telles primitivités.


" Je n'en ai aucun souvenir… " Confia-t-il pour ne pas laisser un blanc. Ce qui était vrai, en l'occurrence.

Il peina à soutenir le regard de son père par la suite. Cet homme cherchait vraiment à renouer jusqu'au bout avec ses proches d'Awaku No Hi. Sur le moment, il n'était plus juste question de se demander ce qui serait bon pour Léto Sùlfr, mais plutôt ce qu'en pensait Kewa'Enre'O. Il hésita longuement. Cet homme était juste trop bon pour lui-même ou… juste un père qui voulait apprendre à connaître son fils.


" En toute franchise, nous n'avons pas vraiment le choix. Il haussa les épaules, sans décroiser les bras. Si le sort est favorable, vous devrez venir chez nous. Le contraire est tout autant vrai, ce soir en est la preuve. Cependant, j'ai vécu toute ma vie chez les Chamans. Ils resteront mon foyer. Il me faudra un certain temps avant de m'adapter à… vous. Il se tut et se pencha en avant, les mains jointes. Il réfléchit à son discours. Je n'ai rien contre l'idée de bien nous entendre… Père. Les Ætheri décideront de notre sort. Il fronça légèrement les sourcils. Si tout se passe bien entre toi et Mère, alors oui, on peut essayer. " D'autant plus que, de son côté, il avait beaucoup plus à apprendre pour bien se tenir en société.

" Euh… Oui ! Nörråke balança ses bras de chaque côté, Henos aboya pour accompagner ce geste théâtral. Henos est gentil. Toto aussi. Elle commençait à assimiler le fait que c'était le cas pour tout le monde dans cette maison. Kewa' est pas très gentil. Le concerné grogna, ce qui fit rire la jeune fille. Celle-ci finit par planter ses grands yeux dans ceux de l'Ashkaä. Il l'intriguait parce que : Pourquoi tes yeux sont de la même couleur ? Encadrée par une famille aux racines Orisha, elle était diablement habituée aux iris disparates. Maman a dit que tu pourrais être mon Papa… ? " Termina-t-elle sur une moue plus triste. Ses petites mimines tenaient encore le sang de son géniteur.


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Miles Köerta
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Miles Köerta
Jeu 24 Déc 2020, 00:34


Crédit : Inconnu.

Le grincement des marches le fit soudainement sursauter, sa tête se soulevant lentement pour observer la silhouette qui progressait dans les escaliers. Pa’ avait une démarche feutrée, presque silencieuse, alors que Toto sautait les marches deux par deux, comme si le Guide Blarorkh lui-même l’attendait à destination. C’est pourquoi, passé le premier bond de surprise, qu’il ne fût guère étonné de constater qu’il s’agissait de la haute carrure de la Titanide qui s’avançait dans sa direction. Au cœur de cette pénombre et bénie par cette hauteur, Léto lui paraissait imposante, menaçante, les étincelles de son regard brillant légèrement sous le couvert sombre de ce voile d’obscurité qui les enveloppait. Pourtant, derrière cette allure de cogneuse, sous ses muscles bien définis, il n’avait aucune difficulté à ressentir la nervosité qui palpitait à l’intérieur de cette machine de guerre, et qui faisait trembler la moindre de ses articulations. Lorsqu'elle parvint à sa hauteur, ils se dévisagèrent un certain temps : elle sans un mot, au tout début, et lui en pleine réflexion.

Le Köerta déglutit, percevant alors avec une force amplifiée les paroles de sa génitrice. Elle s’excusait, elle s’expliquait, elle se blâmait, elle ressassait, elle souffrait… Et Kaine, dans le silence le plus ferme, ne l’interrompit à aucun moment. Il restait aussi immobile qu’un jalon planté dans la terre, assis à-même sur le sol, à observer l’éclat mordoré et vermeil dans les yeux de sa mère. Ce dernier jonglait entre les différentes émotions de la Sùlfr, passant de la nostalgie à la tristesse, du remords à la faiblesse, quelque sourire venant renforcer ces impressions qu’il lui était possible de lire et de ressentir jusqu’au plus profond de sa moelle. L’Orisha l’écoutait sans un mot, avec attention, et un brin de regret également. La comparaison vous semblera peut-être étrange, mais si Toesia Eses était une explosion instantanée, qui éclatait dès qu’une frustration, un trouble, un chagrin, une question, la martelait, Kaine, au contraire, ressemblait davantage à une bombe à retardement. Là où la sœur fonçait tête baissée pour libérer ce qui la contrariait, le frère attendait, encaissait, accumulait patiemment, laissant le compte à rebours s’égrainer jusqu’à ce que la dernière seconde s’écoule; et fasse détoner le contenant. Ça n’avait pas besoin d’être cohérent et il lui arrivait de dire plus que ce que son cœur ressentait vraiment, au point où il pouvait se montrer agressif et blessant. Parce que l’explosion faisait simplement déborder ce qu’il avait au plus profond de lui, les paroles se déversant de sa bouche comme un flot continu, jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien à l’esprit. De cela, il jalousait un peu la petite Toto : elle, elle était sincère et franche avec ses émotions. C’en était vraiment impressionnant. Lui, il avait besoin d’un peu de temps pour se recomposer, pour remettre de l’ordre dans ses pensées et revenir auprès de celui ou celle qu’il aurait malencontreusement blessé afin de s’expliquer plus posément et ouvertement.

Et c’est pourquoi la culpabilité le matraquait aussi violemment. S’il avait pu entendre son père un peu plus tôt, il lui aurait inconsciemment donné raison : Léto n’avait pas à s’en faire, n’avait rien à craindre. Parce qu’elle restait sa mère, quoi qu’il advienne. Et malgré la colère qui avait pu vibrer en lui, la trahison qui continuait de libérer son poison dans ses émotions, il savait au plus profond de son être, qu’il ne pourrait lui en vouloir éternellement. Il l’aimait, comme n’importe quel fils digne de ce nom pouvait aimer une mère aussi maladroite, aussi souriante, aussi aimante et imparfaite que celle qu’il avait. Il se détestait, soudainement, de lui avoir crié dessus, puisque malgré les mensonges, la vérité, le frère et la sœur étrangers, ainsi que tous ces souvenirs de ses nuits agitées, il savait que sa mère et son père les aimaient plus que tout. Il le savait, et c’est ce qui l’avait enragé finalement : le fait qu’ils les aiment et qu’ils leur mentent aussi impunément, qu’ils les laissent ainsi moisir dans la confusion et l’ignorance alors que lui et Toto se faisaient un sang d’encre en s’imaginant cent milles scénarios catastrophes. Il baissa les yeux, cachant une portion de son visage dans le creux de ses paumes.

« Arrête Mäma. »

Il s'interrompit brutalement, secouant vigoureusement la tête en signe de négation.

« Je… Il ravala sa salive. Je veux dire, arrête de te traiter de cette façon… »

Il finit par prendre une grande inspiration, relevant la tête pour braquer ses iris dissemblables sur les épaules de la Chamane.

« Tu n’es pas déplorable, chuchota-t-il en détournant brièvement les yeux, perdant son regard dans le couloir qui s’étendait non loin d’eux. C’est juste que… »

Il essayait de trouver les mots justes.

« Je n’arrive pas à croire que tout cela se passait sous notre nez. On avait des soupçons, bien sûr, mais… »

Il parvint, enfin, à sourire, même si ce dernier tremblait sous les coups de la nervosité et du chagrin.

« On ne comprenait pas pourquoi vous gardiez le silence. Est-ce si grave que ça? Est-ce qu’on est juste trop cons pour qu’ils nous le disent? Pourquoi ne veulent-ils rien nous dire? Pourquoi ils ne nous font pas confiance? »

D’une voix calme, il énumérait quelques-unes des nombreuses réflexions qui lui avait traversé l’esprit pendant tout ce temps.

« On est une famille. Je croyais qu’on se partageait tout – enfin, presque tout, crut-il bon de rectifier en émettant un rire léger, inclinant de nouveau la tête. Était-ce si dangereux de nous le dire plus tôt, au lieu de nous faire tourner en bourrique et de demander à cet Esprit de prendre ta place? L’ancien Roi était ton ami, pas vrai? Il n’aurait pas pu faire une exception pour nous aussi? »

L’adolescent pensa quelques secondes. Il n'avait peut-être pas toute la vision globale de la situation. Puis, il ne connaissait pas le défunt Taiji, comme il ne connaissait pas sa paranoïa et sa Folie. C'est pourquoi il se demandait s'il les aurait vraiment tué, lui et sa sœur, s'ils avaient été mis au courant en dépit de l'interdiction. Il ne pensait pas que les sanctions pouvaient être si terribles que ça.

« Je suis désolé, moi aussi. D’avoir laissé la colère prendre le dessus. J’ai… J’ai pas réfléchi. »

Il soupira avant de se relever, contemplant sa mère dans la pénombre.

« Aärk ët juiki, répéta-t-il tranquillement. Et je t’aimerais toujours, Ma’. En revanche, plus de secrets, hein? »

Et il lui tendit sa main, grande ouverte. Même en ayant été absente, Léto connaissait ce signe. C’était la poignée de main que le jeune Orisha et son père s’étaient inventés, il y a de cela plusieurs années. S’il y en a qui jurait leur promesse avec le petit doigt ou par le sang, pour Kaine, ça avait toujours été cette poignée de main.



J’échappais un rire à la réponse du jeune Chaman. Bien sûr qu’il n’en avait aucun souvenir, tête de linotte. Il était trop petit pour s’en rappeler. Et moi, j’étais simplement pris dans ce mélange de nostalgie et de nervosité.

« Je ne te demanderais jamais de choisir entre ta famille et ta vie sur l’Île Maudite, Draaskag. Ce ne serait pas juste et… je me détesterais en tant que père si je venais à t’imposer cela. »

Je lui souris tendrement, m’approchant de lui sans trop réfléchir pour le prendre dans mes bras et l’étreindre avec amour. Je m’imprégnais de son odeur, je profitais de son contact : le premier depuis si longtemps. Trop longtemps. J’avais de la difficulté à y croire, mais j’avais bel et bien mon fils dans mes bras. Draaskag m’était revenu.

« Mais sache que tu seras toujours le bienvenu sous ce toit, d'accord? Et si t’as besoin de quoi que ce soit, n’hésites pas! Ça nous fera plaisir de t’aider pour… n’importe quoi! Lui dis-je tout en exhalant un nouveau rire, le relâchant doucement de mon accolade pour mieux le contempler, avec fierté. Hahaha! Mon garçon est à la maison, par les Ætheri! »

Pourtant, un malaise dans le regard de Draaskag me freina net et mes paupières se mirent à papillonner follement.

« Tr-Trop tôt pour les câlins, peut-être? »

J’avais certainement trop envahi son espace, et d’un mouvement, je me reculais finalement pour conserver une certaine distance entre lui et moi. Non loin, je perçus le regard de Toesia, qui souriait, mais qui hésitait à se jeter dans les bras du jeune homme, elle aussi. Elle le jaugeait à la manière d’un dompteur face à un nouvel animal. En revanche, la réalité était tout autre concernant Nörråke.

« Quoi « Kewa? » C’est un nom? C'est qui? Tu veux dire Kaine? Déblatéra l’Orisha aux cheveux courts, n'ayant pas entendu le grognement du concerné. Ne t’en fais pas! Kaine est gentil, vraiment – bon, à part quand il fait le con. C’est juste qu’il est pas trop dans son assiette présentement. »

Durant une fraction de seconde, elle porta une œillade vers les escaliers. Cependant, d’un mouvement brusque, la Köerta reporta son attention vers la petite blonde.

« Oh? Mes yeux? Soufflais-je en portant, instinctivement, une main à mon visage. C’est à cause du travail. J'ai dû subir des expériences afin d'aiguiser mes sens. Y'a eu quelques effets secondaires, dont le changement de couleur de mes yeux, qui sont devenus rouges et unis. Grâce à ça, il y a presque rien qui m'échappe!

- Alors, là, oui. C'est pas drôle du tout de jouer à cache-cache avec Pa'… »

J'ébouriffais les cheveux de ma fille, qui esquissait une fausse grimace bougonne, avant de me concentrer sur l'enfant chamane. La fille de Léto et de Devaraj. Instantanément, la course des battements de mon cœur s'accéléra à une vitesse insoupçonnée. Je devais me faire une raison : Léto ne m'aurait jamais caché l'existence de cette enfant. D'où vient-elle dans ce cas? Je soupirais doucement, sursautant brusquement à la suite de ses propos. Être… son Papa?

« Nörråke, tu… »

Mais le reste de ma phrase s'essouffla de lui-même dans ma gorge, lorsque la tristesse de la jeune fille submergea la couleur vive de ses yeux. Je la considérais durant un temps, avant de me rapprocher de sa position et de plier les genoux afin d'être à même hauteur qu'elle. Ma main s'invita au-dessus de son crâne, que je tapotais avec gentillesse.

« Bien sûr, je peux être ton Papa. Si tu veux bien de moi? »

Un sourire apparut entre les entrelacs de mes fissures, mais avant même d'entendre sa réponse, je fus attaqué par une Toesia remplie d'énergie qui sauta sur mon dos, ses bras entourant mon cou alors qu'elle penchait la tête sur le côté pour observer la petite Chamane.

« Par les Dieux! Oui! S’écria-t-elle avec un enthousiasme difficilement contenu. Et je vais te montrer d’autres gens hyper sympa, si tu restes! Chia et Maydon vont halluciner quand je vais leur dire que j’ai une petite sœur! Euh... T'es plus petite que moi, pas vrai? Enfin, moi, j'ai douze ans et toi? Mais l'Orisha changea aussitôt de sujet, dès qu'une nouvelle idée lui traversa l'esprit. Oh! Et il faudra aussi que je te montre l’enclos des yacks d’Odhéra. On pourrait faire un tour! Hein, dis Pa’! On pourra?

- C'est pas à moi qu'il faudra demander la permission, mais à Odhéra.

- Okey! »

Toto s'accrochait à mon cou et je me mis à la balancer doucement au-dessus du sol tout en me redressant, la fillette riant.

« Nörråke, fis-je en lui partageant un sourire qui se voulait avenant et rassurant, toi aussi, tu es la bienvenue sous ce toit. Quand tu le désireras, cogne à la porte : il y aura toujours quelqu'un pour t'accueillir. »

Discrètement, je fis pivoter mon visage vers les escaliers, observant, grâce à mes pouvoirs, la conversation entre Léto et Kaine. Un nouveau sourire trouva son chemin jusqu’à mes lippes alors que je fermais les yeux. Peut-être que tout irait bien finalement. Peut-être que nous réussirons à rester une famille. Je fixais la petite Chamane. Ou à devenir une nouvelle famille.


2 022 mots | Post IV




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Dim 27 Déc 2020, 22:43



Léto se tut aussitôt, sous l'impulsion du jeune Orisha. Comme elle le laissait entendre plus tôt, elle respectait entièrement son temps de parole. Elle se tairait s'il le fallait, elle l'écouterait contre vents et marées. En quelque sorte, c'était le point de non-retour. Si les premiers mots laissaient entendre un échec cuisant, la mère garda espoir. Un sourire aimant, gênée sans doute, accueillit les requêtes de Kaine. Prune n'aurait pas eu le même discours à sa place, c'était un fait. Mais si la Númendil serait davantage vindicative à son encontre, le Köerta se focalisait surtout sur sa propre frustration. Toutes les cartes étaient posées sur sa table et il ne les retourna jamais. Il était énervé contre lui-même d'avoir été si aveugle et, en cela, elle le comprenait. Elle n'en était pas moins coupable et ne préféra pas le laisser s'enfoncer dans ses propres regrets.

" Entre nous, notre petite famille, et les principes d'un peuple, qu'est-ce qu'un Roi devrait favoriser ? Le fait était qu'elle avait préféré prémunir Devaraj de ce choix, car il avait bien plus à accomplir que de se préoccuper de ses problèmes. Ce n'est pas une question d'exception, Kaine. Si je voulais obtenir cette "liberté", je devais tout faire en mon pouvoir pour y arriver. Je suis consciente d'avoir été trop longue et trop cruelle, mais… Les mots se turent alors que l'adolescent s'excusa à son tour. Elle secoua la tête. Le moment était enfin venu. Nous comprenons ta colère, öm kish. "

La bavarde aurait bien pu continuer de déblatérer ainsi, de trouver des justifications à leurs maux. À cette blessure restée trop longtemps infectée. Enfin. Enfin Kaine y mit fin d'un simple geste. Les iris colorées de la Chamane se posèrent sur la main de son fils. Elle avait prié pour ce moment, mais, même en tant que médiatrice divine, Léto doutait que cette main tendue soit guidée par une quelconque force que celle du garçon. Non, ce qui a provoqué ce flux du Destin, n'était-ce pas nul autre que l'amour entre une mère et son fils ?

" Plus de secret. " Assura-t-elle en se relevant.

Leurs poings se rencontrèrent, avant de se dissiper au-dessus de leurs crânes respectifs, un jeu de doigts s'opérant pour personnaliser la poignée de main familiale. La complicité matérialisée entre un parent et son enfant. Ce contact éveilla un nouvel éclat de bonheur chez la Sùlfr. Elle sourit de plus belle, sans lamentation, et émit un bref rire qui trahissait ses intentions.


" Oh, tu n'échapperas pas à un câlin de Mäma. Chuchota-t-elle en l'agrippant pour l'obliger à joindre l'embrassade. Kaine était d'une constitution plus solide, alors Léto se permettait d'être plus "féroce" qu'avec Toesia. Puis, il fallait bien lui faire les muscles. Je t'aimerai toujours, Kaine. Je suis fier de toi. Elle recula un brin, lui adressant un franc sourire et une caresse dans ses longs cheveux noirs. Hmm hmm, on s'est toujours demandé avec ton père si tu tiendrais plus de lui ou de moi. Ses mains finirent sur les épaules carrées du jeune homme. Au niveau de la taille. Elle ferma les yeux, très fière. On dirait que tu es bien partie pour être comme moi. Même si Miles n'avait rien à envier, Léto demeurait une incroyable Titanide. Viens, allons rejoindre les autres en bas. Elle entoura ses épaules pour l'accompagner. Merci. " Lui confia-t-elle une ultime fois avant d'entamer les marches. La descente de l'expiation.

~~~

" Qu— ?! "

Draaskag se crispa aussitôt. Venait-il vraiment de l'enlacer, là, maintenant ? Son paternel semblait vraiment être comme la Hǫfðingi le lui décrivait. En réalité, la notion de famille était aussi importante pour lui que pour elle. Même si le Souw'Ni n'appréciait guère ces contacts d'ordinaire, il ne pouvait nier ne pas y être indifférent. C'était gênant, diablement gênant. Il aurait bien tenté de le repousser et de devenir fou, toutefois toute cette ambiance guimauve effaçait ses envies d'animosité. Sans bouger d'un pouce, il fixa son père droit dans les yeux lorsque celui-ci se rendit compte de sa "bêtise".

" Trop tôt… Soutint-il pour s'extirper de manière légitime. À croire qu'il ne fallait pas être trop loin de Léto pour se protéger. Quoique, elle aussi était championne pour les mettre dans l'embarras. Non. Dit-il en s'adressant à Toesia. Kewa'Enre'O, c'est mon nom chamanique. " Il n'en dit guère plus, il ne voulait pas non plus les perdre dans leur dialecte. Mutuellement, ils devront s'adapter ; l'Arshalà n'étant pas dans ses cordes.

Le Chaman coula son attention sur la plus jeune de toutes. Nörråke fixait les pupilles du maître de maison avec des yeux de merlan frit. Il fronça les sourcils. Lui non plus ne connaissait pas réellement les circonstances de son existence ; il doutait fortement que sa mère ait pu masquer une liaison aussi longue avec le précédent Hǫfðingi. Du moins, il savait qu'il existait une certaine connexion entre eux, même si Léto n'en parlât jamais. C'était simplement inconcevable de penser que cette petite fille ait vécu plus d'une décennie dans l'ombre. Alors qu'assimiler le fait que Nörråke était une prophétie vivante relevait du miracle pour un Chaman…


" Oooooh. La bouche en rond, son regard laissait supposer qu'elle voudrait elle-même chopper les yeux de l'Orisha pour les obtenir. Je veux les mêmes ! " Elle tendit les bras en vain, trop petite et bien trop hors de portée.

En croisant le regard de Draaskag, la cadette se raidit et abandonna ses caprices fous. D'autant plus que l'albinos continuait de lui adresser la parole. Il le voulait vraiment, comme sa maman lui avait assuré. C'était étrange, une sorte de nœud lui enserra le cœur. Ce fut sans compter l'énergie incommensurable de Toesia Eses qui la tira de son mal.


" Euh… " Elle compta sur ses doigts, ne se souvenant en réalité pas de l'âge que lui prêtait sa mère. En plus, elle finira sûrement dans une impasse, car elle n'avait pas onze doigts ! Sacrilège !

Léto et Kaine arrivèrent à ce moment-là, la Reine ne put s'empêcher d'être attendrie par l'innocence de la fille et par le fait que son fils rougissait comme une pivoine sous son air bougon. La Chamane libéra l'aîné de son étreinte et le laissa retourner à sa place. Tout semblait bien se passer, elle acquiesça doucement en direction de Miles. Fière, heureuse, libérée. Alors que Léto s'était accrochée à son regard vermeil, son sourire reprit de plus belle, plus merveilleux. Son cœur battit un peu plus fort : son amoureux semblait si épanoui dans ce cocon qu'était le leur. Peut-être bien… qu'était-ce le moment ?


" Les enfants. La femme se rapprocha du Darka'Mri'Tuor et saisit avec douceur sa main. Votre père et moi devons parler de quelques choses. Soyez sages pendant notre absence, d'accord ? Elle s'adressa surtout à ses enfants Chamans qui allaient, bien sûr, être plus dissipés que jamais. Kaine, mon chéri, pourras-tu montrer à Draaskag la chambre d'ami ? Pour Nörråke, elle pourrait dormir avec Toesia ? Sinon avec nous ? Suggéra-t-elle, même si elle ne doutait pas de l'enthousiasme d'Eses. On revient tout à l'heure. " Enfin, Léto n'eut de yeux que pour Miles.

Durant ce moment où elle gravit les marches la première, son bras tendu derrière elle pour amener l'Orisha à elle, la blonde se sentit aussi légère que pieds liés. Car si le sujet des enfants s'avéra être horriblement épineux, celui concernant leur père l'était tout autant. Elle parut ravie de pouvoir dresser un voile d'intimité pour eux deux, juste quelques minutes, néanmoins toutes ses idées s'entremêlaient dans un océan subconscient. Elle marcha à faible allure, jetant des regards dans ce couloir imprégné de souvenirs. Elle s'offrit le luxe d'en ressasser quelques-uns intérieurement, avant de replonger dans l'écarlate de ses yeux ; se demandant si lui aussi se rappelait ces moments, ces situations qui fondaient une famille. Léto le guida jusqu'à leur chambre, jusqu'à ce grincement de poignée qui laissa place au couinement des gonds, jusqu'à ce soudain choc qui la heurta de plein fouet.


" Aïe… Elle s'était cognée la tête contre l'encadrement supérieur de la porte. Trop grande pour cette fichue entrée. Tu… Tu n'as toujours pas réajusté sa hauteur ? " Elle se massa le crâne, cela l'amusa presque. Depuis cette découverte d'anomalie architecturale, Léto prit l'habitude d'éviter la moindre collision ; pourtant, ce soir, elle refit l'erreur.

Sous la lueur tamisée par l'extérieur étoilé, la Hǫfðingi relâcha son emprise sur l'Ashkaä et observa quelques secondes cette pièce, leur alvéole d'amour. On alluma une bougie afin d'éclairer un peu plus la pièce. Toutes ses affaires étaient à sa place, comme depuis son dernier passage, qui lui parût bien trop long tout à coup. Elle s'assit sur le rebord du lit, laissant volontairement une place à Miles afin qu'il la rejoignît. Après Toesia, après Kaine, son cas à lui serait assez épineux. Elle imaginait Draaskag se changer en Esprit pour lui faire des signes d'encouragement depuis un coin de la pièce.


" On s'est plutôt bien débrouillé, n'est-ce pas ? Kaine fut plus difficile à gérer, c'était prévisible : il est grand, plus mature, plus de souvenirs avec moi… Un silence, alors qu'elle dégagea une mèche de son visage. Je voulais te prévenir de ma venue ce soir. Mais tout s'enchaîne si rapidement ces temps-ci… Elle baissa les yeux, sa voix enjolivée par les rouages qui s'imbriquaient à la perfection jusqu'ici. En parlant de prévenir, il y a encore deux choses. Il se doutait sûrement de l'une d'entre elles. Léto se focalisa à nouveau sur lui, déterminée à lui confier ce qui la rongeait. La première : Nörråke. Une pause, le temps qu'il se préparât à ses révélations. Je te demande pardon. Si j'en avais eu la possibilité, je t'en aurais parlé bien avant. Peut-être l'as-tu déjà remarqué, mais elle est… spéciale. En baissant à nouveau les yeux, elle se remémora tout ce qui fut engendré sur l'Île Maudite. Devaraj s'était retrouvé en possession d'un artefact : un livre de deux-milles pages qui énoncent des prophéties. Ces écrits sacrés n'étaient qu'une copie de légendes et de… Elle soupira et revint sur lui. Un jour, j'ai lu une de ces prophéties, avec Devaraj. Elle annonçait la venue de Rak, l'Empereur du Léviathan, sur notre Île, que notre Roi allait devoir l'affronter. Et… le moyen aussi de sauver notre peuple contre cette invasion : la naissance d'une enfant. La fille de Devaraj Taiji… et de Léto Sùlfr. Elle se tut, consciente que cela faisait beaucoup à digérer. Durant ce laps de temps, elle attrapa une petite fiole dans l'une de ses poches qu'elle exhiba sous les yeux de son élu. Tu sais, depuis le début de notre histoire, je me suis toujours demandé comment préserver notre lien. Comment faire en sorte que notre famille puisse rester unie, solidaire et éternelle. Lors des premiers jours sur Awaku No Hi, les Chamans m'ont durement accueillie, me jetant des peintures brunes et déshonorant mon nom. J'ai pris un risque en mon âme et conscience. Elle releva cette fiole qui contenait une petite dose de liquide. Potion d'infertilité. À plusieurs reprises, j'ai blasphémé Edel pour ne pas avoir à porter l'enfant d'un autre. Car je sais, Miles, je sais que tu es l'unique père que je veux dans ma vie. Elle referma le poing sur le contenant. Mais lorsque Devaraj et moi avions su pour cette prophétie… j'ai arrêté. Je me suis dit, de toute façon, que peut-être la potion ne fonctionnera pas cette fois-là, que le Destin se réalisera dans tous les cas. Qu'au final, cela relevait aussi de ma responsabilité d'obéir à ce Courant et de protéger notre peuple de ce satané Homme-Poulpe. Elle se prit la tête et s'accouda sur son genou, pensive. Les Chamans et les Dieux m'ont couronnée. Je suis tombée enceinte peu après et Nörråke grandit si rapidement dans mon ventre… Elle se redressa et le fixa de plus belle, ses yeux semblaient nimbés d'un fin voile. Rak est arrivé quelques jours plus tard et ils se sont battus avec Devaraj. Nörråke devint la fille que tu as vu dans le salon et… il y eut comme un flash, des éclairs, un puissant ouragan… Quand tout s'est calmé, j'ai retrouvé Devaraj et Rak… morts… Nörråke en sang, épuisée, en pleurs… Elle leva les yeux au plafond. Notre peuple sauvé, mais à quel prix ? "

La prophétie annonçait l'intervention de la fille, mais pas qu'elle sauverait leur Roi. Ainsi furent les mots de Kaori, avant que Léto ne la tuât par colère. Encore aujourd'hui, la Hǫfðingi semblait subir les contrecoups de cette rencontre. Devaraj n'aurait, de toute façon, jamais accepté que Lilith soit enlevée par Rak ; ce dernier ne serait jamais reparti les mains vides. En fin de compte, à bien y réfléchir, tout ceci était inévitable. Léto rangea le produit d'infertilité et osa poser sa main sur celle de Miles.

" J'ai l'impression d'être tombée dans un cauchemar, Miles. Parfois je me dis que… je comprends Devaraj. Je comprends ce qui la plonger dans la Folie. Elle fronça les sourcils. En l'aidant de cette manière, je pensais le sauver. Je me suis trompée. Je ne te demande pas d'accepter cette fille dans notre vie ; si ton souhait est de l'éloigner, je le ferai. J'aurai voulu, et j'aurai dû, t'en parler… Quand je t'ai expliqué nos mœurs, tu as été si compréhensif, si respectueux. Je savais que la perspective que je partage mon corps avec autrui ne détruirait pas notre famille. Mais ça… Bon sang, je t'ai même dit une fois que je n'étais pas une poule et que les grossesses me gonflaient ! Le jeu de mot ne fut pas voulu mais sûrement bienvenu. Elle reprit son souffle. Tout partait dans tous les sens. Nörråke n'a que quelques mois en réalité, ce n'est pas une liaison que je t'ai masquée. Encore moins avec Dev', il te tenait en haute estime. Ça n'a pas… été une partie de plaisir, ni pour lui, ni pour moi. Cette fois, elle tint de ses deux mains celles du Köerta. Voilà toute l'histoire. Merci de m'avoir écoutée, merci d'avoir attendu… Un silence raide où son regard peina à trouver un point d'ancrage, le pendentif de son amoureux scintillant au creux de son buste. Donc… hum… ? "


2533 mots ~



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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 04 Jan 2021, 23:45


Crédit : Inconnu.

L’aîné des Köerta glissa une œillade en direction de son frère. De son frère… Le mot résonnait étrangement au creux de son crâne maintenant qu’il considérait son frère avec attention, de la tête jusqu’aux pieds. Il se permettait de l’étudier sans aucune forme de gêne, Kaine remarquant inévitablement de nouvelles particularités concernant sa fratrie étrangère qui, aux premiers examens, lui avaient échappé. La surprise des trois coups qui avaient été frappé à leur porte, l’incompréhension de la situation, la colère et la méfiance à l’instant des révélations avaient émoussé sa vigilance, mais à présent, l’Orisha reprenait ses sens. Depuis qu’il chassait, Asche et moi lui avions appris à observer, à porter attention aux moindres détails. Évaluer les gens, dans mon jargon, c’était comme évaluer un animal par les seules traces qu’il laissait sur son passage. La traque ne servait pas simplement à suivre une proie, mais à apprendre son profil : ses habitudes, ses dimensions, son état de santé, et ce, avant même de la croiser.

C’est pourquoi Kaine observait son frère. Sa taille et sa peau, légèrement basanée de teint; ses cheveux sombres et son visage dont les lignes, à quelques exceptions près, lui rappelaient son propre faciès. Sans dire qu’ils étaient identiques, la ressemblance restait néanmoins évidente, l’aîné en prenait conscience.

« Pas de problème, Mäma, répondit-il enfin avant de reporter ses iris dans ceux de son petit frère, à qui il offrit un rire sur le bord de ses lèvres. Suis-moi. C’est dans cette direction. »

Il guida le jeune Chaman derrière lui, leurs pas n’étant plus que l’unique son qu’ils percevaient après un moment.

« T’étais au courant de tout ça, je présume… Ça t’as fait quoi d’apprendre la vérité sur Toto et moi? Il se tut un instant. Enfin, tu l’as appris tout récemment ou tu le sais depuis le tout début? Demanda soudainement le grand frère, lorsqu’ils parvinrent au seuil de la chambre des invités, Kaine repoussant le battant de la porte pour leur permettre d’entrer. Nous y sommes. »

La chambre n’avait rien d’extravagant si ce n’était les deux tableaux que j’avais accroché à la tête du lit, il y a quelques années. Kaine les admira.

« C'est Mäma qui les a peint, avoua-t-il sans détourner le regard des œuvres. Elle s’installe habituellement sur la terrasse arrière pour aérer son esprit. Puis, tout à coup, ses doigts se mettent à peindre tout seuls. »

Le jeune homme finit par secouer la tête, cherchant de nouveau le contact visuel avec son frère.

« Plus tard, Dærion, notre majordome, viendra déposer une serviette et tout le nécessaire pour te laver. D’ici là, si tu veux, je peux te faire faire un tour de la maison. Tu dois pas t’en rappeler… »

Parce qu’il ne se souvenait pas lui-même d’avoir, un jour, aperçu ce Draaskag entre les quatre murs de leur chez-soi.



Toesia Eses se rapprocha de Nörråke tout en bombant le torse.

« Tu sais, moi, ça me dérange pas si on doit dormir ensemble. Au pire, on pourra toujours te faire un lit avec des couvertures et des coussins pour que tu puisses dormir sur le plancher. »

L’enfant orisha souriait de toutes ses dents.

« Tu voudras voir ma collection de jeux de société et d’armes aussi? »

Elle marqua une pause quelques secondes, reconsidérant sa phrase dans sa tête.

« Ce sont pas des vraies armes, hein! Ce sont des copies, des répliques en plastique que Pa’ m’a montré au marché, à un moment. Elles sont absolument magnifiques! J’ai une lance, pis des dagues jumelles, pis une lame secrète aussi! »

La gamine parlait et sautillait sur place, impatiente d’ouvrir les portes de son antre à une nouvelle amie. En la voyant aussi fébrile, un sourire apparut sur mon visage et, d’un mouvement, je le tournais vers le jeune homme aux yeux améthyste.

« Dærion, tu pourras les aider à s’installer, s’il-te-plaît? »

Le jeune employé s’était déjà redressé pour s'approcher des fillettes, sa tête se dodelinant légèrement dans un signe d’affirmation. Je le remerciais chaleureusement. Le majordome ne s’était aucunement incrusté dans cette affaire familiale, mais constater que les liens qu’il avait vu s’effriter au fil du temps se solidifiaient de nouveau ne pouvait que le réjouir.

« On revient tout à l’heure.

- À tantôt! Les princesses Nono et Toto prendront bientôt congé également, ma Dame et Monsieur! »

D’un geste théâtral, la gamine réalisa une révérence toute en grâce et en noblesse avant de nous envoyer la main, alors que nous disparaissions dans le couloir en haut des escaliers. À présent chaperonné par le majordome, le duo restait seul dans le salon, Toesia cherchant aussitôt à attirer l’attention de la petite Chamane et de Dærion.

« Du coup, on s’en va chercher des draps supplémentaires et d’autres oreillers? Posa l’Orisha à l’adolescent, qui acquiesça. Pis, après la visite des chambres, Nono, on pourrait se faire une partie de La Guerre des Éléments avec Kaine et Kewa. (Un rire discret s’échappa de sa gorge, puisque dans son esprit, le prénom résonnait comme un « COUA! » de canard.) Est-ce que tu connais? C’est un jeu de guerre et de conquête avec les Lyrienns! »

Et tout en discutant, les trois protagonistes montèrent les marches afin de se préparer, tous emportés dans le sillage de la petite aux yeux vairons.



C’était devenu une blague récurrente, cet encadrement de porte, et le fait que Léto se soit de nouveau frappée la tête dessus me tira un sourire, des images du passé défilant aussitôt dans mon esprit.

« J’oublie toujours cette satanée porte… »

Cela n’avait pas sonné comme un reproche ou un soupir, comme nous en avions souvent face à une corvée déprimante : seule la nostalgie avait pu être entendue dans ma voix.

« Oui, ça s’est mieux passé que ce que je m’imaginais, soufflais-je tout en m’installant près d’elle, une main glissant jusqu’à la racine de mes cheveux, cheveux que j’ébouriffais négligemment. Mais ce sont des Orishas. Ils le pressentent, ce genre de trucs, et savent lire le cœur, aussi bien nos mensonges que nos vérités. Et pour une fois, ils ont pu entendre notre sincérité… C’est ce qui leur manquait le plus, finalement. »

Je me penchais un peu vers l’arrière, posant mes bras comme soutien de chaque côté de mon corps.

« Absurde, ricanais-je. T’es autant chez toi, ici, que sur l’Île Maudite. Ou… Tu dois t’annoncer en bonne et due forme dans ton propre foyer, maintenant que tu es Reine? »

Je la gratifiais d’un sourire narquois, me redressant lentement lorsque l’inflexion de sa voix prit des accents plus sérieux et que le prénom de Nörråke fut expiré.

« Je t’écoute… » Murmurais-je d’un air conciliant, cherchant à camoufler, sous un timbre bienveillant, mes doutes et les bonds assourdissants de mon palpitant.

Je lui prêtais toute mon attention durant ces quelques minutes de confidences, ayant haussé un sourcil incrédule en apprenant l’existence d’un livre de légendes de deux milles pages et m'étant légèrement mordu les lèvres à l’entente de l’identité des parents de l’enfant prophétique. Des questions, il y en avait plein qui s’accumulaient entre mes deux oreilles au fur et à mesure que de nouvelles informations entraient dans mon esprit, mais je me taisais, laissant simplement la blonde poursuivre son monologue. Mon regard dériva longuement sur la potion d’infertilité qu’elle tenait en main, jusqu’à ce qu’il remonte à son visage. Ses yeux allaient d’un coin à un autre de la pièce, sans arrêt. Elle cherchait un ancrage sans parvenir à s’y cramponner. Inconsciemment, je bougeais ma main sous sa paume, de sorte à cueillir ses doigts et de les serrer avec fermeté. En parlant de Nörråke, de cette prophétie, Léto réagissait avec virulence et je le ressentais dans mes tripes grâce à mes dons raciaux. Quelque chose secouait sa conscience, renversait ses sentiments dans un torrent qu’elle contrôlait tant bien que mal. Je pouvais plus ou moins bien deviner les raisons de sa détresse, la relation qu’elle entretenait avec Devaraj étant un lien particulièrement fort. Pourtant, la mort de ce dernier ne pouvait pas expliquer la tristesse que je pouvais percevoir en elle. Elle était une Chamane, et j'avais conscience que ses rapports avec la Mort étaient complètement différents de ceux que le commun des Mortels entretenait avec celle-ci, ne serait-ce parce que Léto pouvait parler avec les gens décédés. Alors pourquoi ressentait-elle un si grand vide? Pourquoi semblait-elle rongée par un désespoir si profond? Se sentait-elle responsable, faible de ne pas avoir pu sauver son meilleur ami? Mes phalanges s’accrochaient toujours plus à ses mains tandis que mon faciès restait serein, mes oreilles affables.

« Merci à toi de m’avoir tout raconté. »

C’est alors qu’un sourire, grand, s’étira jusqu’à mes oreilles et qu’un long soupir de soulagement s’échappa de mes lèvres.

« Fiou! »

Instantanément, mon corps se laissa tomber vers l’arrière, le moelleux de la couche me faisant rebondir une fraction de seconde jusqu’à ce que je repose, inerte, sur les draps du lit.

« Quand tu nous as annoncé qu’elle était votre fille, à l’Hǫfðingi et toi, j’ai vraiment cru que… »

Je me tus, laissant le vermeil de mes mires courir sur les planches du plafond.

« J’ai douté pendant un moment… C’est affreux », grognais-je tout expirant un nouveau soupir.

Et malgré mes mots, un rictus finit par fendre mon faciès.

« Ne t’inquiètes pas pour Nörråke : je lui ai déjà dit oui, lui répondis-je en lui adressant un clin d’œil, certain que Léto se rappellera qu’elle était celle qui avait proposé l’idée à la petite fille. Elle est un peu réservée, mais elle semble être une gentille gamine. Ce n’est pas de sa faute ce qui est arrivé et si elle a besoin d’un père, je suis et serai là pour elle, lui assurais-je. Puis, Toto s’est immédiatement prise d’affection pour la petite. Je crois qu’elle va adorer jouer à la grande sœur. »

Je laissais le silence nous envelopper quelques secondes avant de reprendre une position assise. Naturellement, mes mains vinrent chercher ses bras, que je frictionnais gentiment.

« On sait tous les deux qu’il est difficile de se soustraire au Destin… dans l’éventualité où un exploit pareil serait vraiment possible. Alors ne t’en fais pas pour moi. Ça va. Juste… la prochaine fois, si une telle chose devait survenir, préviens-moi, s’il-te-plaît, que j'évite la crise de panique. »

Je la regardais droit dans les yeux quelques instants avant de relever la tête et de lui voler un baiser.

« Et la deuxième chose dont tu voulais me parler? Chuchotais-je alors que l'une de mes jointures frôlait sa joue. De quoi s’agit-il? »

Je continuais de la caresser tranquillement.

« Est-ce que c’est ça qui te rend si… triste? Pour être honnête, tu n’as pas l’air vraiment là, quelques fois. Qu’est-ce qui se passe entre tes deux oreilles? »


1 817 mots (sans les paroles de Léto) | Post V

Notes : En gros, La Guerre des Éléments = Risk version « Lyrienns qui se tapent sur la tronche »





[Q] - Nous resterons une famille | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
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Ven 08 Jan 2021, 14:46


Draaskag scruta tout autant son frère aîné de la sorte. D’un point de vue extérieur, cela devait être bien ridicule. Le Chaman n’était guère un fin observateur des Vivants. En sa qualité de Souw’Ni, on lui apprenait progressivement à différencier le monde des Esprits et celui des Chamans. Était-ce une personne bien vivante ou décédée ? Ces ruines-ci, feront-elles obstacles à son enveloppe charnelle ? Pour les plus jeunes, toutes les dimensions s’entremêlaient et se tordaient en une réalité difficilement palpable. Dans d’autres circonstances, Kaine serait un garçon dont il se méfierait. Grand, plutôt costaud, une aura menaçante baignait sa stature. Même si les enfants de la Sùlfr étaient voués à être de grandes perches, ils ne glaneront pas sa musculature sans en payer le prix.

Silencieux, sans réel enthousiasme, le jeune homme se laissa emporter par le Köerta. Sur Awaku No Hi, on se moquait de lui pour ses envolées farfelues et ses conjectures délirantes. Sa mère le canalisait et le poussait à être plus social, et surtout plus prudent. Ce devait pour cela qu’elle l’avait aussi laissé aux bons soins de Momoko, qui savait reproduire la jovialité de la Sùlfr. Finalement, le concept de famille était bien restreint dans son cas.


" Je le savais depuis longtemps. Elle me parlait de vous à ses retours. " Sans plus. De toute façon, via les Esprits, il aurait fini par l’apprendre en grandissant.

À peine eut-il mis un pied à l’intérieur de la pièce qu’il fut scotché par les deux tableaux. Kaine dût remarquer sa réaction et s’empressa de les lui présenter. Kewa’Enre’O retint son agacement.

" Je reconnais sa patte. En dehors de ses fonctions de Souw, Léto se fit une place via ses compétences artistiques. Loin d’égaler le précieux doigté des Raya, elle savait tout de même attirer l’attention. Chez nous, elle se poste au bord d’une haute falaise, après avoir traversé une épaisse forêt. Elle préfère toujours s’isoler pour peindre. Concéda-t-il. Il fronça un brin les sourcils, repensant à une soudaine anecdote. En fait, je lui ai demandé à quoi vous ressemblez et elle a peint vos portraits. Il se retourna vers lui, nonchalamment. C’est plutôt ressemblant. "

Ce jour-là, il avait gardé quelques lunes ces portraits. Étalé sur son lit, il les fixait quelques minutes et tentait de deviner leur potentielle relation, rien que par un regard indirect. Il avait fini par abandonner, comme s’il se convainquait qu’une rencontre ne se fera jamais.

" … C’est quoi un "majordome" ? Vous avez un dialecte singulier… Le choc des cultures, une nouvelle fois. Quoi qu’il en soit, il acquiesça à sa proposition. Mais ne dérangeons pas nos parents. Leur discussion est très importante. " Après tout, il savait.

~~~

" Maman a plein d’armes aussi ! Des épées, des chaînes, des haches, des marteaux, des couteaux, des lances, un katana, des… Nörråke faillit bien s’emporter à, vraiment, tout énumérer de la collection de la Hǫfðingi. La liste étant bien trop longue. Mais c’est des vraies. " Elle s’imaginait déjà avoir affaire à une puissante soldate, fille de la célèbre Léto ! Mais tous les enfants grandissaient à leur rythme.

Livrée un peu à elle-même, la Chamane n’aimait pas trop voir sa maman s’éloigner. Au moins, elle promettait de revenir. L’Orisha esquissa un geste théâtral que la petite tenta de mimer avec maladresse. Ce n’était point le genre de courbette qu’on réalisait sur l’Île Maudite. La Taiji oublia d’autant plus l’absence de la Souriante lorsque Toesia lui énonça son plan. Elle gloussa à la mention de "Kewa", elles aimaient toutes les deux ce surnom. Après quoi, elle pencha la tête sur le côté sans changer d’expression faciale, une mimique qu’elle empruntât de sa génitrice lorsqu’elle ne comprenait pas quelque chose. En l’occurrence, c’était le mot "Lyrienn" qui lui échappait, encore trop jeune pour assimiler toute la géopolitique.


" Non mais j’veux jouer ! Tant qu’on s’amusait, c’était le principal. Elle est grande ta chambre ? T’as plein de jouets ? Moi on me laisse jouer dans tout le palais ! " Et par les Ætheri qu’il était énorme.

~~~


L’empathie naturelle de la Hǫfðingi lui confia les sentiments disparates qui régnaient au sein de la demeure. Dans le cas de son amoureux, suite à son histoire, il semblait plus détendu. Le plus dur, pourtant, était à venir pour elle. Au fond, elle ne doutait pas de la propre empathie de Miles qu’il éprouvait à son égard.

" Ton doute était compréhensible. En soi, en tant que Chamane, je devrais engendrer une solide descendance. Néanmoins, la tribu que j’avais rejointe me faisait côtoyer davantage la Mort que la Vie. Draaskag suffisait ou… Elle sourit, un brin espiègle. Ils n’osaient pas. À moins que je ne sois pas très fertile ? Enfin bon, on sait qu’une Léto enceinte est une Léto ravageuse. " Il fallait dire que Miles fut bien le seul père ayant réussi à rester auprès d’elle durant ses grossesses, tout en décrochant l’exploit de la dompter avec brio.

Ses nouvelles pensées voguèrent au sujet de Nörråke. Sa simple existence aurait pu tout détruire en un claquement de doigts ; cela aurait été sans compter la tendresse du nouveau père. Léto ne s’inquiétait pas de son intégration dans ce cocon familial, rien qu’avec le concours de Toesia Eses.


" Cette petite a besoin d’une présence paternelle, c’est certain. C’est comme si elle ressentait le vide laissé par Devaraj. Tout comme moi, inconsciemment, elle doit se sentir responsable. Un silence, avant de reprendre plus gaiement : Je t’ai déjà parlé de Zawa’kar ? Il serait capable d’affirmer qu’elle est sa fille. Tu fais bien de la prendre sous ton aile. Déjà qu’il tente d’amadouer Draaskag. Ne te laisse pas marcher dessus. Cela la faisait plutôt rire, elle se demandait vraiment ce qu’un face-à-face entre Miles et le Draugr donnerait. Elle lui caressa le bras, alors qu’il cherchait à l’emprisonner plus encore dans leur intimité. C’est promis, öm juishi (mon amour). " Les mensonges ne persisteront plus, que ce soit pour les enfants ou pour le père. Léto répondit au baiser avec tendresse.

Sous ses tentatives de détendre l’atmosphère, elle ne parvenait pas à lui confier le sort funeste – ou libérateur ? – du Taiji. Cela ne ferait qu’amplifier davantage ses craintes. Le Néant n’était pas une fatalité pour un Maître des Esprits, mais à présent, il était une réalité dont on ne pouvait ignorer l’existence. La possibilité qu’il perdît à jamais Léto ne ferait que le ronger à petit feu. C’est pourquoi…


" Tu es si beau quand tu souris. "


Elle lui vola un baiser à son tour. Consciente que ce n’était pas – encore – le moment de se cajoler, la Chamane intensifia les caresses à son égard tout en retenant ses pulsions d’amour.

" Ce n’est pas de la tristesse… Je me pose juste des questions. Elle baissa les yeux. La deuxième chose… Fit-elle écho, faisant mûrir ses réflexions. Pour être franche, je ne comprends toujours pas pourquoi je suis devenue Reine. Je pensais régner avec notre Roi, tenter le tout pour le tout pour faire front à ce Destin. En fin de compte, je me retrouve seule, comme si le réel but était de prendre sa place. Comme si nos Dieux avaient calculé le coup. Ce qu’il lui semblait si improbable étant donné un facteur-clé : Ezechyel. Ce n’est pas cette place qui me bouleverse, mais plutôt ce qu’elle engendrera sur mon futur. À force d’être… plongée dans cette fatalité, je ne parvenais même plus à me rappeler mes convictions, mes rêves, mes désirs. Mes lendemains ne furent qu’une brume épaisse. Une période si difficile sans le soutien adéquat. Au bout d’un moment, son regard s’en retourna sur l’Orisha, sa voix soudainement plus affirmative. Néanmoins, j’ai fini par prendre conscience d’une chose très importante : j’ai un unique souhait, celui de prendre ma vie en main et de ne laisser personne m’en empêcher. Je ferai fi des obstacles, je les balayerai s’il le faut. Si j’ai envie de venir dans cette maison, je viendrai. Qu’importe les responsabilités, les problèmes, les urgences, je suis devenue une femme libre et seuls les Ætheri oseront me juger. Un sourire tendre et sincère se dessina alors qu’elle glissa sa paume sur la joue du Köerta. Miles, tu me comprends, tu m’as rencontrée dans cette cité, où notre quête de soi se présente comme une ode de tous les jours. Nous avons discuté, débattu, ri, écoulé des jours radieux et des nuits passionnées. Nous avons une famille et encore aujourd’hui on se bat pour la préserver. Elle emprisonna le pendentif offert par Miles dans son poing, comme collé à son cœur. Plus que tout, la femme que je suis, qu’elle soit reine ou autre, ne veut pas te perdre. Ses lèvres se tordirent, un air hésitant. Je te veux. Enfin, l’ocre et le sanglant fixèrent le vermeil de ses iris. L’un dans l’autre, c’était comme si son Esprit enserrait le sien. Veux-tu m’épouser ? "


1558 mots ~



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Miles Köerta
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Miles Köerta
Dim 10 Jan 2021, 07:08


Crédit : Inconnu.

« Je vois… » Chuchota un Kaine pensif avant d’introduire son petit frère à sa nouvelle chambre.

Ce dernier n’était pas très loquace, sa curiosité se portant plus vers les tableaux de la Souriante que de sa chambre ou de son frère.

« Ouais, les grands espaces, ça doit l’inspirer pas mal, supposa l’aîné de la fratrie avant de se figer de surprise à la suite des propos de son frère. … Des portraits? »

Étrangement, cela le fit rigoler, un peu tristement cela dit.

« Et ça ne t'as jamais dérangé que nous ne soyons pas au courant de ton existence, Toto et moi? Que tu sois… hum… un étranger? »

Il se gratta l’arrière du crâne quelques secondes, incertain. Si lui savait qu’il aurait tout essayé pour prendre contact avec sa fratrie, il hésitait pourtant à donner de telles intentions à Draaskag. Il paraissait détaché, comme si la situation ne le concernait pas personnellement. Peut-être que Kaine se faisait des idées, mais il s'agissait des impressions que son frère lui faisait ressentir au plus profond de ses tripes.

« Pas besoin de répondre, si tu ne veux pas », précisa-t-il après une poignée de secondes.

Après quoi, il invita Draaskag à sortir de la chambre d’ami afin de commencer le tour de la maison. Ils se trouvaient tous les deux au rez-de-chaussée et Kaine avait l'intention de commencer par cet étage pour sa petite visite guidée.

« Tu ne sais pas… »

Une pensée coupa sa phrase à mi-chemin, alors qu’il reconsidérait sa réflexion. C’est vrai. Son frère ne devait pas être familier avec ce concept… Ou ne le comprenait pas sous le terme de « majordome? » Kaine était un peu perplexe. Qu’apprenaient-ils, au juste, les enfants des Chamans? Comment était-ce de vivre sur une île perdue, éloigné de tout et de rien?

« Un majordome, c’est comme un domestique, tu vois? C’est une personne que l’on emploie pour qu’il serve dans une maison ou une personne en particulier. Dærion – l’adolescent aux cheveux gris que tu as sûrement vu, un peu plus tôt – nous aide surtout pour préparer les repas, faire les courses, le ménage, et à étudier aussi. »

Le jeune homme s’interrompit une seconde fois, un haussement des épaules accompagnant sa visible résignation.

« Il paraît qu’au moment d’emménager dans cette maison, Pa’ a découvert que Dærion s’y trouvait déjà. Il était l’employé des anciens propriétaires, mais pour une obscure raison, il a choisi de rester et de ne pas les suivre. Du coup, il est avec nous désormais. En revanche, Pa’ n’a jamais été très à l’aise que Dærion le considère comme un Maître et impose une sorte d’hiérarchie entre eux. Mais comme il peut vraiment être têtu quand il le veut… Pa’ a accepté qu’il continue de travailler pour nous. Cela dit, il est bien plus qu’un simple « serviteur » : il fait partie de la famille, exposa le chasseur en pointant du doigt la chambre attenante à celle des invités. C’est sa chambre, la chambre de Dærion. Et comme tu peux le voir, en face, c’est la salle à manger. »

Et en remarquant que le jeune domestique ne se trouvait pas sur le plancher, il se fit aussitôt la réflexion qu’il avait dû accompagner les deux fillettes à l’étage. Instinctivement, son regard se porta jusqu’aux escaliers qu’ils venaient de dépasser. Il s’arrêta un instant, tournant son regard vers le Chaman.

« Tu sais de quoi ils vont discuter, Pa’ et Ma’? »

La manière dont il avait formulé sa phrase avait intrigué le jeune Orisha, qui ne pût s’empêcher de considérer que leurs parents étaient encore en train de lui faire des cachotteries dans son dos. Cependant, dès l’instant où la pensée fusa dans son esprit, il la balaya immédiatement en secouant la tête. C’était terminé, tout ça. Il n’avait plus à être aussi méfiant, même si son caractère et toutes ces années baignées dans le secret semblaient l’avoir conditionné. Il déglutit, s’efforçant de sourire.

« On va leur laisser un peu d’espace, oui, céda-t-il finalement en faisant signe à son frère de le suivre. Ici, on a la cuisine et, à gauche, derrière la porte, c’est là qu’on entrepose une partie de nos réserves. L’autre partie – la bouffe non-périssable surtout – est stockée dans la cour arrière, à l’intérieur du cabanon. »

Kaine lui montra la structure depuis l’une des fenêtres de la cuisine. De cette position, ils étaient seulement en mesure de voir la façade extérieure ouest du cabanon, mais il leur était également possible d’admirer la terrasse dans son intégralité, ainsi qu’une partie de la cour, qui s’étendait sur plusieurs centaines de mètres jusque dans les bois.

« Est-ce que toi et Nörråke savez patiner? Parce qu’on a une patinoire, aussi, tout là-bas, encadrée par la clôture en bois. »



« Oui! Ma’ en a plein, elle m’en a montré! Pa’ aussi d’ailleurs, mais lui, c’est surtout des armes de poing ou des armes de jet, genre des cestes ou des couteaux. »

Toesia Eses se rapprocha de Nörråke tout en croisant les bras, gonflant ses joues lorsque la petite précisa que leur mère avait de vraies armes, comparativement à elle.

« Pa’ veut pas encore me donner de vraies armes. Il dit qu’il veut pas que je me blesse. Mais il m’a quand même fait un arc pour que je puisse me pratiquer pour quand je pourrais commencer à chasser avec lui, Kaine et Oncle Asche! »

L’enfant orisha souriait de toutes ses dents, des étoiles brillant au fond de ses yeux rien qu’à cette excitante idée. Elle fût d’autant plus enthousiaste quand elle perçu la joie dans les paroles de sa frangine, lorsque celle-ci accepta de jouer, plus tard, à La Guerre des Éléments.

« Génial! On va pouvoir aller conquérir les îles de l’Archipel d'Aeden! »

Victorieuse, elle tendit ses bras vers le ciel. À leur hauteur, Dærion souriait légèrement, toujours autant impressionné par l’énergie de l’enfant. Ils venaient de quitter les escaliers et longeaient désormais le couloir qui menait à la chambre de la petite fille.

« Elle est grande, oui! Plus que celle de Kaine en tout cas, mouhahaha! Elle bomba le torse avec fierté. Bien sûr que j’ai plein de jouets! J’ai même un vieux cheval à bascule qu’on m’a offert à mon anniversaire, quand j’avais… »

La petite réfléchit. Elle ne savait plus pour quel anniversaire, exactement, mais ne pouvait décemment pas oublier la joie qui l’avait transporté au moment de voir le cheval en bois.

« En tout cas, quand j’étais petite. Pis, on a d’autres jouets dans la salle de jeux aussi.

- Nous y ferons un tour pour aller chercher La Guerre des Éléments. Vous pourrez voir de vous-mêmes, lorsqu’on aura terminé de vous installer », renchérit Dærion en ouvrant la porte de la chambre.

Comme d’habitude, c’était le bordel. Les figurines de guerre de la petite étaient éparpillées sur le sol et quelques-unes de ses répliques d’armes les avaient rejointes. Un peu embarrassée de présenter sa chambre dans un tel état, Toesia s’empressa de faire du ménage. De son côté, Dærion invita la petite Chamane vers l'une des armoires afin de rassembler les draps et les oreillers nécessaires au confort d'un petit lit pour la jeune invitée.

« Wouah! Un palais entier! Carrément? »

Impressionnée, l'Orisha tourna sa tête vers la blonde, la curiosité dévorant chacun de ses traits.

« T’es vraiment une princesse, par Sympan! Et il est grand comment, le palais? Il y a beaucoup de monde avec qui tu peux t’amuser? Ça doit tellement être cool! »



« On se demande comment t’as fait pour porter ces trois enfants-là, déjà, éclatais-je de rire en me rappelant toutes ces journées où la grossesse lui avait monté à la tête, et où rire n’avait pas forcément été ma première réaction, tellement l'humeur de Léto changeait du tout au tout lorsque les hormones la rendaient instable. Et comment j’ai survécu… »

Peut-être qu’il serait plaisant de se raconter ces instants du passé pour une autre fois, même si cela me ferait beaucoup trop rigoler de recommencer mes blagues sur « Léto, la Furieuse et Véritable Dévoreuse. » L’espièglerie éclata dans mes yeux avant de s’évanouir doucement à la mention de la petite Chamane.

« Je sais comment elle peut se sentir. On a tous besoin d’un père, d’une mère dans la vie, et il n’y a rien de pire que de voir un parent succomber sous ses yeux, sans pouvoir faire quoi que ce soit. »

Je la gratifiais d’un sourire. Impuissants face au Destin, devant l’inévitable, nous nous sentions toujours faibles et responsables pour des actions, quelques fois, hors de notre contrôle. Ou simplement parce que nous étions trop aveugles pour voir ce que nous possédions sur l’instant, et le considérer uniquement après qu’il soit hors de notre portée, définitivement… Je fermais les yeux, inspirant un coup.

« Ouais, tu m’as déjà parlé de lui, ici et là. Je l’ai même croisé, une fois, sur l’Île Maudite. Les Miors qui nous accompagnent nous ont raconté qu'il a failli arracher les yeux de l’un des Corbeaux de la Confrérie : de quoi faire une belle première impression! Grinçais-je des dents avant de lever un sourcil au reste de ses dires, un sourire crispé apparaissant entre mes cicatrices. Amadouer Draaskag maintenant? Il veut pas lâcher la grappe, grognais-je, l’agressivité ainsi éveillée s’apaisant quelque peu aux paroles de la Chamane, le baiser échangé finissant par me rasséréner. T’essayes de m’amadouer à ton tour, on dirait. »

Je me laissais pourtant transporter par le frôlement de nos chairs, de ses caresses, mes lèvres réclamant les siennes avec passion et tendresse.

« Bravo. Ça marche assez bien », lui susurrais-je contre sa peau tout en l’attirant par la taille, l’une de mes mains glissant jusqu’à son dos.

Malgré tout, je ne pouvais pas oublier ce qui semblait bouleverser son cœur, la jeune femme mettant fin à l’étreinte pour se reculer quelque peu.

« Léto… » Murmurais-je pour l'encourager à parler, lui laissant, néanmoins, le temps de rassembler ses pensées avant qu’elle ne se jette à l’eau.

Et ses paroles, pour tout avouer, m’inquiétèrent plus qu’elles me rassurèrent, et je me mis à l’observer avec circonspection.

« Qu’est-ce que tu veux dire? Qu’est-ce qui s’est passé? »

Pourtant, peu importe les intempéries qu’elle avait dû affronter, les douleurs qui l’avaient blessé, Léto s’était relevée, plus déterminée que jamais à aller de l’avant, à contre-courant s’il le lui fallait. Battant des paupières, j’appuyais plus lourdement ma tête contre sa main, comme dans l’intention d’affermir le contact, comme pour m’assurer qu’elle ne quittât jamais ma joue. Mon regard, quant à lui, déviait du collier à ses yeux disparates. Lorsqu’ils se croisaient, je cherchais à y décrypter les lueurs qui y dansaient, avant que son regard ne vagabonde ailleurs.

« Moi aussi, je ne veux pas te perdre », répétais-je en toute sincérité, l’amour vibrant dans l’inflexion de ma voix.

J’aurais pu rester dans cette position éternellement, à me fondre dans ses yeux, à profiter de sa chaleur qui m’englobait afin qu’elle puisse me contenir entièrement. Elle me voulait, disait-elle; je la voulais, songeais-je. Et comme une évidence, mes lèvres s’écartèrent d’elles-mêmes.

« Alors deviens ma femme.
- Veux-tu m’épouser? »

Un silence total tomba soudainement, alors que nos deux voix s'éteignaient. Je me paralysais instantanément, mon cœur ratant un battement. Pourtant, je finis par dégager mon visage d’entre ses phalanges, convergeant toute mon attention sur Léto afin de la couver d’une œillade aux yeux écarquillés, aux éclats stupéfiés et affectionnés en même temps. Les coups contre ma cage thoracique se firent plus rapides, empressés, violents et affolés. Je… J’avais complètement cessé de fonctionner.

« … »

J’ouvris la bouche pour mieux la refermer. J’attendis quelques secondes encore, avant de réitérer. Mais au lieu de laisser filtrer des mots, ce fut un éclat de rire qui m'échappa. Je me mis à rire. À rire. À rire. Jusqu’aux larmes. À rire joyeusement, nerveusement, hystériquement. Je fis basculer ma tête jusqu’au creux de son cou, laissant l’hilarité extérioriser la tempête de ressentis qui me chavirait l'esprit.

« Je dois m’assurer que je ne rêve pas! » Rigolais-je encore avant de l’embrasser au cœur de mes bras, la retenant à moi avant de dégager ma tête de son épaule et de chercher à emprisonner ses lèvres.

Je la poussais instinctivement sur la surface du lit, l’œil pétillant à la suite de cette étrange connexion. Je l’emprisonnais sous mon poids, sachant pertinemment qu’il ne lui faudrait qu’une partie de sa force pour renverser la danse, si elle le voulait vraiment. Mais le voudrait-elle vraiment? Je souris, posant mon front sur le sien, glissant finalement mon visage jusqu’au galbe de sa joue pour y frotter tendrement mon nez.

« Tu sais que je serais toujours à toi, chuchotais-je à son oreille, mes doigts remontant sur la taille de la jeune femme pour la caresser. Bien sûr que je le veux, Léto. »

Cette fois-ci, je scellais définitivement nos lèvres, expirant entre deux baisers passionnés :

« Bien sûr que je veux t’épouser. »


2 173 mots (Sans les paroles de Léto) | Post VI




[Q] - Nous resterons une famille | Miles Signat16
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Jeu 14 Jan 2021, 15:06


Draaskag ne répondit pas à la question, il hésitait. Encouragé à ne pas forcément s’exprimer, il se tut. En réalité, c’était une question complexe. Chez les Chamans, même après avoir découvert l’existence de sa fratrie, l’impression de ne manquer de rien lui collait à la peau. La présence ponctuelle mais pas moins prestigieuse de sa mère, les prestations bienvenues de Momoko, l’ambition et la prestance de Zawa’kar, le passage glacé de Nyam et sa tribu, le professionnalisme et la dévotion des Souw, les enfants de son âge à Souw’Gar… Qu’est-ce qu’un jeune Chaman aurait à faire de plus ?

Son regard vogua autour de lui, une fois de retour dans la pièce principale. Il s’était déjà fait la réflexion, bien sûr : la décoration et l’agencement du mobilier détonaient avec les habitudes chamaniques. Il pourrait passer son temps à questionner Kaine sur l’utilité de tel meuble, ou le matériau de telle structure ; si cela l’intéressait un peu plus. En fin de compte, il préférait juste laisser son frère se charger de la visite et parfois lui répondre.


" Je vois. Ce concept de majordome lui évoquait quelque chose : Mère est liée à une Orine, elle s’appelle Momoko. C’est un peu le même principe, de ce que j’en comprends. Il paraît qu’elle avait un peu vécu dans cette maison, avant de déménager chez les Chamans avec elle. Tu ne dois probablement pas t’en souvenir, c’était avant ma naissance. Il tenta de décrire physiquement la mystique créature, en vain. De toute manière, entre sa vie d’autrefois et celle du présent, la fanatique de tambours se métamorphosa. Je ne pense pas qu’elle repassera par ici. Vous la verrez peut-être un jour, si vous venez sur l’Île. Encore une fois, cela dépendait grandement de la discussion en cours. C’est… un peu comme une seconde mère pour moi. Il fit vaquer son attention sur le rez-de-chaussée. Ce semblant de famille me suffisait, je n’avais pas besoin de plus. " Ce serait injuste de laisser le Köerta sur sa faim, d’autant plus qu’il était un Souw’Ni et que ce devait être dans ses cordes de se justifier.

Sans une once de surprise, Kaine voulut en savoir plus sur cette fameuse discussion. Draaskag pouvait le comprendre : il venait tout juste de sortir d’une séance de révélations. Mais à moins que leurs parents continuassent de cultiver de terribles secrets, il n’avait guère à s’en faire.


" Si les Ætheri le souhaitent, nous ne tarderons pas à le savoir. Puisqu’il nota le regard inquisiteur de son frère, il haussa les épaules, visiblement guère atteint. Mère m’a fait promettre de ne rien dire. " Après tout, si cela ne se passait pas comme prévu…

Fort heureusement, l’Orisha ne s’en formalisa pas davantage et continua la visite. Accoudé à la fenêtre, le jeune homme se focalisa plus en détails sur l’extérieur. Une forêt s’étendait à perte de vue et lui rappelait les quelques alentours de Souw’Gar.


" … "Patiner" ? Encore une fois, le Chaman se sentait totalement dépassé par ce monde qui lui appartenu jadis. Il avait du mal à comprendre comment il pouvait être si différent du sien. Lorsque Kaine lui expliqua tout en détail le principe, le jeune homme acquiesça doucement. C’est… intéressant. Je n’aurai jamais imaginé un tel jeu. Un silence, plutôt bref. Avant que Mère devienne Reine et qu’on s’installe au palais, nous vivions dans un village reculé dans des plaines éthérées. Je n’ai que très peu vu la neige. On en trouve plutôt au Nord de l’Île, où j’ai parfois fait du canoë. En voilà un concept plus proche de ses racines. Son regard se planta dans celui de Kaine, comme cherchant à lui arracher une réaction quant à ce mot. Attend, tu veux dire que… Mère sait patiner ? L’image s’inscrivit dans son esprit. J’ai du mal à le croire. Parce que la finesse et l’agilité ne faisaient pas partis des forces de la Chamane. Cette structure au centre, à quoi sert-elle ? " Il désignait la balançoire. Pour un peu, il aurait pu croire que c’était une forme d’hommage à un Æther, toutefois se rappeler constamment qu’ils n’étaient que des hérétiques lui noyait ces idées saugrenues.

~~~

Toesia devait être une future guerrière ! La Sùlfr ne lui laissait pas toucher à quelconque outil meurtrier, alors que la jeune Orisha aurait l’occasion de s’entraîner à l’arc. Nörråke n’éprouvait aucune forme de jalousie, puisqu’en réalité les arcanes la fascinaient beaucoup plus. Un reliquat du Taiji, sans doute, à qui on prêtait une magie légendaire. La Köerta devait être très chouchoutée pour avoir une chambre plus grande que son aîné ! La Chamane commençait à éprouver un énorme intérêt pour cette demi-sœur, la regardant parfois avec des yeux remplis d’étoiles. Ce qui était rigolo, c’était de constater que la situation était réciproque. Dærion devait en rire intérieurement.

La plus jeune s’émerveilla à l’idée qu’une autre salle de jeux les attendait. Finalement, ce petit voyage en dehors d’Awaku No Hi n’était pas si mal ! Puis ils étaient gentils ici. Tandis que le lit improvisé prenait forme, Toesia revint à elle pour la questionner à son tour.


" Il est grand… Elle tendit ses petits bras de chaque côté. Euh… Plus, plus que ça ! Elle fit aussi la distance entre deux murs parallèles de la chambre. Clairement, Zaowa n’avait rien à envier. Il y a beaucoup de gens au palais, des grands et des enfants ! Tout le monde accepte de jouer avec moi. Même si elle n’arrivait pas à lire la mélancolie qui naissait dans leur regard, en repensant au Roi littéralement disparu. Mais toi aussi, tu es une Princesse ! Elle sourit grandement. Bah oui, Maman est la Reine ! Et c’est ta Maman aussi, tu es une Princesse ! Tu pourras venir au Palais et jouer avec tout le monde ! " Un brin d’optimisme et d’innocence ne faisait jamais de mal.

Une fois le lit terminé et la chambre rangée, Dærion escorta les fameuses princesses jusqu’à la chambre de jeux. Nörråke s’émerveilla devant toutes les possibilités, surtout vis-à-vis des curiosités dont le principe lui échappait. Elle avait hâte de tout tester et de ne pas dormir de la nuit.


" On va chercher Kewa et Kaine ? La petite blonde s’apprêtait déjà à descendre les retrouver, elle avait tellement hâte de jouer avec toute la fratrie ! On va jouer à la Guerre ! "

~~~


Les yeux de Léto s’écarquillèrent lorsque leurs demandes respectives s’éteignirent dans le silence. Paralysée par la réplique miroir, la Chamane devint rouge. Ses joues plus rouges que le sang. C’était digne d’une comédie romantique, pourtant ce moment était bien réel : pris d’un instinct soudain, Miles la demandait aussi en mariage. D’ordinaire, la blonde était quelqu’un qui reprenait aisément le flambeau d’une conversation, détestant par-dessus tous ces moments de blanc, prêts à être comblée. Pourtant, cette situation la décontenançait, et ce de la plus belle des manières.

Miles rit. Et en toute réponse, elle rit aussi. L’hilarité leur monta jusqu’aux globes oculaires, des larmes éphémères naissaient sous cette chaleur imprévisible. Naturellement guidée, Léto l’embrassa à son tour pour l’aider à "vérifier" que ce n’était bel et bien pas un songe. Elle-même refuserait catégoriquement que ce ne fût qu’un mirage. Toute déboussolée, le Molosse ne rencontra pas de résistance et la plaqua avec habileté entre le lit et lui. Elle sourit, contenant avec difficulté ses rires. Cette configuration s’avérait si rare qu’elle n’y vit aucun inconvénient à le laisser profiter. D’autant plus que cette nouvelle semblait avoir ravivé encore plus cette flamme passionnelle en lui ; rien que par ses actes et ses dires, il en témoignait.


" Je suis si heureuse ! " Quelques temps auparavant, cette perspective ne s’envisageait pas le moins du monde. Aujourd’hui, c’était l’évidence même.

Durant leur bref échange visuel, Léto le darda avec une pincée de malice et une énorme dose de désir. Il l’encagea d’autant plus contre lui et ses mots, soufflés à son oreille, éveillèrent ses sens, gratifiaient ses muscles d’une forte pulsion. Elle ne retint pas son souffle à ses assauts ; à quoi bon ? Il n’y avait plus aucune gêne entre eux. Galvanisés, ils s’embrassèrent à plusieurs reprises, il réitéra sa réponse. C’était juste… parfait.


" Je… Un baiser. Me char— Un baiser. –gerai… Un baiser. De la… Un baiser. Cérémo— Un baiser. –nie… Un baiser. Les pré— Un baiser, elle était têtue. –paratifs… " Elle accueillit le nouveau baiser plus langoureusement.

Elle nota la présence d’une corde, du matériel négligé par le chasseur. Elle connaissait son mépris pour les restrictions, mais elle gardait l’idée sous le coude de s’en servir pour l’obliger à rester près d’elle, contre elle, en elle. De toute façon, Miles la couvait tant de baisers et de caresses que la Chamane se sentit comme piégée par son amour. Il ne la laissait pas parler. Après réflexion : tant mieux.

Malgré tout, peut-être bien rassasié de sa bouche, Miles fit descendre ses lèvres jusqu’au galbe de son cou, esquissant un tracé tout droit le long de son buste. Léto subissait et se plaignait, le tout avec un Encore bien audible. Les iris vairons de la Hǫfðingi observèrent son fiancé avide d’elle, son souffle plus chaud.


" Tu n’auras rien à faire… Il l’assaillait tant que c’en devenait compliqué. Il connaissait bien sa future femme, si bavarde. Juste venir sur l’Île… Il arrivait au niveau de son sein, découvert par ses soins. Mior sera garant… Elle se mordit la lèvre alors que lui la croquait. Tu… Darka’Mri’Tuor… Il chercha à l’abattre en usant de ses doigts, plus proches encore de ses cuisses. Elle bascula la tête en arrière, son corps réagissant naturellement à l’intrusion du Köerta. Oooh, aärk ët juiki… " C’était fait, Léto n’exprimerait que son amour. Au diable les formalités.

Emportée par la danse érotique, elle n’en pût plus : ses mains allèrent saisir le vêtement de l’Orisha pour l’arracher d’un coup sec. Elle aussi voulait de lui et elle l’aurait.



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Miles Köerta
Mer 20 Jan 2021, 05:50


Crédit : Inconnu.

Alors qu’il contemplait l’immensité du manteau blanc sous la voûte étoilée du firmament, Kaine essayait encore de replacer cette fameuse Momoko dans son esprit, toujours selon la description que lui en avait fait Draaskag, un peu plus tôt. Cependant, cet énième essai abouti de la même manière que toutes ses autres tentatives : sa mémoire frappait un mur, incapable de donner à cette Momoko une silhouette définitive, un visage précis, une voix caractéristique. Il finit, à la suite de cet ultime blocage, par baisser les bras, tournant discrètement son attention vers son petit frère. Ma’ avait donc une Orine… C’était la première fois que le chasseur en entendait parler – ou, plutôt, qu’il avait conscience de cette réalité. Il relâcha une expiration, ses mires dérivant de nouveau jusqu’au décor. Même en connaissant la vérité, il y aurait toujours des détails, comme celui-ci, qui leur échapperaient, à sa sœur et lui.

« T'étais bien entouré, comprit le jeune homme en souriant légèrement. J’espère pouvoir la rencontrer un jour, cette Momoko. Elle a l’air amusante et intéressante. »

Aussi intéressante que l’idée de voir Léto en équilibre sur des patins à glace, semblerait-il. L’Orisha émit un rire en remarquant la surprise dans les yeux de Draaskag, la fantaisie de ce dernier s’affolant pour tenter de mettre en illustration une telle configuration dans son esprit. Si l’archer ne pouvait directement voir ce que le brun s’imaginait, il pouvait néanmoins lire l’incrédulité sur son faciès. C’est vrai que leur mère n’était aucunement à l’image de ce que l’on pouvait se représenter d’un patineur et pourtant…

« Yep! Ma’ sait patiner. Et, crois-le ou non, elle est même plutôt douée. Par contre, ça l’empêche pas de s’éclater au sol assez souvent », rigola le chasseur en se remémorant quelques souvenirs.

Pourtant, la pensée qu’il ne s’agisse pas forcément de sa mère, au moment de partager ces instants, lui revint en tête. Il soupira, secouant discrètement sa tignasse de gauche à droite.

« Hum? Ça? C’est une balançoire », enchaina-t-il en reportant son attention vers le Chaman.

Il laissa flotter un moment de silence, incapable de concevoir que son frère ne puisse pas savoir ce qu’était une balançoire. À quoi ils jouaient, sérieusement, les enfants chamans?

« Tu t’assoies sur la planche en bois et tu te balances, quoi. Un sourire fendit ses lèvres. Et quand t’es assez haut, tu te propulses de toutes tes forces pour atterrir dans la neige. Le but, c’est d’arriver à sauter le plus loin. »

Il darda ses yeux vairons dans ceux de Draaskag, l’espièglerie de son regard couvant les épaules du jeune homme durant une fraction de seconde.

« En revanche, quand on y participe à plusieurs, le perdant doit se mettre systématiquement de la neige dans les pantalons et endurer le froid. Autant dire qu’après le quatrième échec, t’as les fesses qui te brûlent! »

Il l’avait mentionné comme s’il s’agissait d’une pratique employée par la plupart des gens, alors que ce n’était qu’un des nombreux gages que lui et Toto s'étaient déjà lancés lorsqu’ils s’ennuyaient. Il était quand même curieux de connaître la réaction de son frangin, croisant les bras contre son torse, alors qu’il s’appuyait nonchalamment à l’un des comptoirs de la cuisine.

« Quel genre de jeux vous avez, chez vous, sur l’île? »

Si Kaine prêta oreille à sa réponse, son attention convergea, cependant, dans une toute autre direction. Des sauts précipités dévalaient les escaliers à vitesse grand V.

« E-Eh! Faîtes attention! Vous pourriez vous blesser!

- KAIIINE! KÉOUAAA! »

Les deux fillettes descendirent les marches et apparurent au rez-de-chaussée, fonçant naturellement jusqu’au salon dans l’espoir d’y retrouver les deux garçons. Cependant, elles constatèrent rapidement qu’ils n’y étaient pas. Dans un bond, Toesia revint sur ses pas pour jeter un coup d’œil dans la cuisine et la salle à manger. Dès qu’elle les aperçut, l'éclat dans ses yeux se vivifia. Emportées dans leur empressement, elles n’avaient tout simplement pas remarqué qu’ils se trouvaient là depuis le début, au contraire de Dærion, qui s’était avancé jusqu’à eux, des serviettes et quelques produits sous le bras.

« Eh, les gars! Vous voulez jouer avec nous à La Guerre des Éléments?

- Et tes devoirs, alors? »

Toto rougit instantanément, brandissant plutôt le jeu sous le nez de son aîné.

« Sérieusement? Allez! On a des invités! Notre frère et notre sœur! Je vais pas faire des devoirs, t’es con ou quoi? Cela dit, elle y accorda quelque réflexion. Je les terminerai demain. C’est promis! Sur la tête des Grands Yacks! »

Elle frappa sa poitrine avec force et solennité. Kaine, de son côté, observa son frère du coin de l’œil.

« Si tout le monde est chaud pour une partie, pourquoi pas?

- Génial!

- Je vais déposer tout le nécessaire pour votre toilette dans votre chambre, renchérit l’adolescent aux cheveux de cendre à l’attention de Draaskag, comme pour justifier la présence des accessoires de bain au creux de ses bras.

- Tu voudras jouer aussi, Dærion?

- Assurément. »

Et pendant que le majordome se dirigeait vers la chambre d’ami, Toto avait déjà installé le champ de bataille sur la table à manger, présentant quelques pièces à l’attention de la petite blonde. Elle en déposa quelques-unes sur le plateau de jeu pour que Nörråke puisse admirer la soudaine animation des pions : ces derniers ne pouvaient être mus par une telle vitalité qu’au contact du plateau sur lequel ils allaient devoir se battre et conquérir. Gloussant, toute fière d’elle de cet effet, Toesia Eses reprit les pions avant de se retourner vers le reste de la galerie :

« En attendant que Dærion revienne, j’peux vous expliquer les règles du jeu. »

Ce qui ne sembla pas être de refus.

« Oh, petite question avant, Toto.

- Hum?

- Pa’ et Ma’ continuent de discuter, là-haut? »

La petite Orisha acquiesça d’un hochement de la tête.

« J’sais pas quelle blague nulle Pa’ lui a raconté, mais quand on est passé à côté de la porte, ils étaient en train de pleurer de rire, tous les deux. »

La fillette haussa des épaules, simplement contente de savoir que son père et sa mère continuaient d’être heureux ensemble. Elle se permit alors de porter toute sa concentration sur le plateau du jeu, qui venait de terminer de reproduire, en trois dimensions, la réplique parfaite et miniaturisée de l’Archipel d’Aeden. Chacune des îles élémentaires étaient représentées par une couleur différente – tout comme les pions, dont la couleur représentait leur Élément – et chacune était divisée en un certain nombre de territoires. Aussitôt, la jeune Orisha se craqua les jointures, un sourire faussement malin sur le coin des lèvres, tandis qu’elle s’accoudait sur le dessus de la table. Tout près d’elle, Kaine ramassait les différentes cartes de jeu afin de les mélanger. Il allait ainsi distribuer, aléatoirement, les territoires pour chacun des joueurs ainsi que leur mission pour la partie à suivre. Toesia Eses, quant à elle, prenait à cœur son rôle d'instructrice, expliquant les règles du jeu pour que personne ne soit perdu. Cependant, au retour de Dærion, elle songea soudainement qu’il serait certainement plus facile pour son frère et sa sœur de mieux comprendre le jeu s’ils s’y plongeaient complètement et expérimentaient eux-mêmes les travers de La Guerre des Éléments.

« Si tout le monde est d’accord, on choisit chacun notre Groupe Élémentaire et, ensuite, je distribue les territoires pour chaque personne. Ça vous va? »



Elle était bornée et en dégageant mes lèvres de sa poitrine, je finis par remonter mon visage jusqu'à sa hauteur pour l’avertir, d’un seul regard malicieux. Mes doigts se frayaient un chemin sous ses vêtements, forçant le tissu de son pantalon à rouler le long de ses cuisses, que je frôlais.

« Laisse-moi m’occuper de toi, öm juishi », lui glissais-je au creux de l’oreille, mordillant son lobe par la même occasion.

Son corps céda dans un cambrement, sa bouche n’exhalant plus qu’un soupir de capitulation lorsque mes doigts vinrent frôler sa zone érogène. Au diable les formalités, comme un grand homme l’avait, un jour, mentionné. Instillant le plaisir en elle, jonglant entre doigté habile et baisers profonds, je pouvais sentir son corps se fixer au mien, ses bras entourant mon dos, ma taille, puis mes fesses, afin que nous nous rapprochions. Ses mains retirèrent prestement mes vêtements, se glissant avec appétit dans mes cheveux, contre ma peau. Elles frôlaient mes cicatrices, ses ongles s’y plantant, perforant ma chair de milles aiguilles. Les marques de douleur du passé se transformaient en un délice étourdissant dans la cage de ses bras, des gémissements diffus témoignant de ce mixe entre le mal et le plaisir qui se joignaient dans un ballet enivrant au sein de mon esprit.

« Lé-Léto… » Grognais-je, l’haleine chaude et vibrante, plongeant mes doigts à travers les mèches de sa toison d’or tout en approfondissant notre baiser.

Elle était belle. Je pouvais sentir le moindre de ses muscles sous mon poids, forts et robustes, suivant leurs lignes comme l’on peinturerait un portrait. Combien de temps s'était écoulé sans que je ne puisse profiter ainsi de sa présence à mes côtés? Combien de temps n’avais-je pu sentir nos corps s’entrelacer de la sorte? Cet instant passionnel me faisait oublier tous ces moments où son absence m'avait pesé, toutes ces nuits, seul, où j’avais rêvé que nous puissions de nouveau profiter de cette union, aussi spirituelle que charnelle. J’expirais contre ses lèvres, imprimant une nouvelle morsure sur ces dernières. Nos respirations galopaient, se perdaient sur la surface de nos peaux, accompagnant nos silhouettes dans cette valse ardente et fusionnelle. Si ses baisers rassérénaient mon appétit en s’estampant sur mon corps, comme des baumes sur des blessures, à chacune de ses caresses, pourtant, mon être ne pouvait contrôler les tremblements qui le secouait, réclamant plus. Plus. J’avais toujours été sensible depuis mes mutations, et le désir insatiable qui me dévorait actuellement n’arrangeait pas ma condition. Je la mordais, couvrais son corps de griffures, pour mieux apaiser leur brûlure d’un baiser langoureux. Nos corps se répondaient, se bataillaient pour prendre le dessus, roulaient, faisant inévitablement craquer le soutien du lit. Ses mains, à leur tour, s’emparèrent des rebords de mon vêtement, s’infiltrant, tentatrices, jusqu’à mon membre, qu’elles saisirent délicatement. Un éclat faussement malveillant vint briller dans la prunelle de ses yeux, alors que je lui retournais un sourire malicieux tout en agrippant son bassin. Je respirais fort, la tête dans les vapes. Je la désirais si ardemment. Lentement, j’entravais sa seconde main, l’emprisonnant à l’intérieur de ma paume pour entrelacer nos doigts. Nos êtres, en même temps, s’unirent définitivement. Elle se cambra dans un soupir, ses gémissements de plaisir m’incitant à accélérer le rythme de mes coups de bassin. La fougue et l’agilité empreignaient chacun de mes gestes, chacun de mes mouvements. Tout pour lui faire plaisir et graver, dans nos mémoires, cet instant d’extase.



Le rubis de mes mires se plongea dans l’or et le vermeil des siens, brûlant d’un feu qui se voulait calme et passionné à la fois. Son visage était si proche. Doucement, je me roulais sur le côté, redressant l’un de mes bras pour y caresser, affectueusement, le plat de ma main. Je suivais les contours de son faciès, admirant la beauté des traits de ma femme. Ma femme. Celle pour qui et avec qui j’étais prêt à m’engager pour le restant de ma vie. Rien qu’à cette pensée, j’eus un sourire incontrôlé, qui s’amusa sur le coin de mes lèvres.

« Je pourrais te regarder ainsi pendant des heures… et ne jamais quitter ce lit, lui confiais-je spontanément avant de l’emprisonner dans mes bras. Comment dois-je t’appeler maintenant? Ma Reine? Dame Köerta? »

Je riais doucement contre sa peau, prenant une grande inspiration. Son parfum apaisait chacun de mes sens et ouvrait à mon esprit, petit à petit, les portes d’une toute nouvelle vie.

« Aärk ët juiki. »


1 987 mots | Post VII

Notes : Alors, pour cette fameuse Guerre des Éléments, les règles sont similaires au jeu de Risk (ICI), mais avec quelques variantes. Par exemple, le plateau de jeu est un plateau qui représente, en 3D, les îles de l’Archipel. Les pions, une fois placés sur le plateau, sont animés (genre, les Cavaliers, leurs chevaux peuvent hennir ou bien s’ébrouer de temps en temps 8D). Ils bougent aux consignes de leur joueur, qui les contrôle grâce à une bague que ce dernier se met au doigt lors du choix des pions. Il y a autant de « groupes Élémentaires » qu’il y a d’Éléments (donc, le jeu peut se jouer avec un maximum de 8 joueurs). Les déplacements entre îles et les combats sont aussi dynamiques. Durant les combats, par exemple, il est possible de voir les pions se battre les uns contre les autres; durant les déplacements, les pions voyagent sur un bateau pour rejoindre une nouvelle île, etc.

Également, j’y songe depuis un moment, mais ça pourrait être marrant de faire comme si chaque groupe Élémentaire, comme sur Y&Y, peut avoir l’ascendant ou non, sur un autre groupe Élémentaire (par exemple, les pions rouges représentent les Lyrienns de Feu et ils seront avantagés durant les Assauts contre les Lyrienns de Glace (pions turquoise), mais seront désavantagés contre les Lyrienns de l’Eau (pions bleus)). Pour contrebalancer ces avantages/désavantages, il serait alors possible, à la suite d’un jet de dés, de « remplacer » un pion en un autre Élément (ce qui représenterait une sorte de réussite d’alliance. Mais dans cette éventualité, peut-être que chaque joueur devrait plutôt obtenir, en début de partie, des groupes Élémentaires complètement incolores qui feraient office de pions « alliés » et qui prendrait une coloration qui mélangerait les couleurs des deux Éléments (celui du joueur et celui de l’allié) pour les différencier xD). Il serait peut-être aussi possible de limiter les « dégâts » causés par l’adversaire ou, au contraire, les doubler en fonction de l’Élément attaqué et celui qui se défend. Même qu’en début de partie, après le choix des groupes Élémentaires, on pourrait choisir la Souveraineté en place, ce qui donnerait un autre bonus/malus aux joueurs en fonction de leur Élément (puisqu’en fonction du Souverain, le Dieu protecteur de la race change).

Bon, c’est que des réflexions brouillonnes pour le moment XD Pis on n’est pas obligés d’aller aussi loin pour ce RP, mais pour des joueurs plus avancés, ça pourrait être des éléments intéressants qui apporteraient plus de challenge au game, j’me dis.

- L’Infanterie devient Le Mëëkur (les pions ressemblent à des Lyrienns qui flottent dans les airs, avec une représentation de leur Élément (des flammes pour les Lyrienns de Feu, des mini-tornades pour les Lyrienns de l’Air, etc.))
- La Cavalerie devient La Cyël (les pions ressemblent à des cavaliers, dont les montures possèdent une caractéristique propre à leur Élément (genre, la crinière en feu pour les chevaux des Lyrienns de Feu, une queue de poisson pour les chevaux des Lyrienns de l’Eau, un Lesovik pour les Lyrienns de la Nature, etc.))
- L’Artillerie devient La Rëssyë (les pions ressemblent à des dragonniers, dont les montures – des dragons – possèdent une caractéristique propre à leur Élément (same logique que plus haut)).





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Lun 25 Jan 2021, 15:16




Une balançoire. Malgré leurs lacunes flagrantes en piété, les étrangers faisaient preuve d’une prouesse technologique et ludique forte intéressante. Ce type de procédé devrait être facilement réplicable, Draaskag savait que ce jeu serait un succès pour ses confrères. En plus, on pouvait imaginer catapulter un hérétique très très loin… Comme s’il lisait en lui, Kaine lui expliqua le courroux pour les perdants. Une lueur flamboyante se ralluma dans les iris du Chaman, pas moins ravi de constater que sa fratrie entretenait le goût du supplice.

" C’est digne d’un châtiment des Ætheri ! " Il aimait ce principe et cela se ressentait autant dans son ton enjoué que dans son regard.

Autant l’idée de la patinoire ne lui plaisait guère – ne souhaitant, à vrai dire, aucunement se retrouver sur la trajectoire de leur Mère – autant la balançoire le galvanisait. On pourrait imaginer qu’elle fût soutenue par deux Ætheri miroirs – Edel et Ezechyel étant les plus évidents – et que les damnés devraient sauter le plus loin possible par-dessus une mer de feu. Fascinant ! Le Köerta semblait s’intéresser à leurs propres loisirs, ce qui ne dérangea absolument pas le Sùlfr maintenant.


" Eh ben, par exemple… Il repensa aux puzzles des pierres, même si la coutume fut entachée par les blasphémateurs de Raanu. Nous avons des tablettes en fragments, qu’on doit reconstituer dans un temps impart— Coupé dans son élan par l’arrivée impromptue de deux furies, le Chaman se renfrogna lorsqu’il entendit son Hiwa, une fois de plus, écorché par la vilénie. Mon nom est Draaskag ! " S’énerva-t-il, ce qui fit glousser Nörråke sur les pas de Toesia. Même s’il pouvait paraître grognon, il ne leur ferait pas de mal.

Le Souw’Ni esquissa une mine sceptique à la proposition de Toesia. Il ne connaissait pas ce jeu, encore une fois décidemment, mais le nom l’intriguait. La cause semblait entendue et Draaskag acquiesça aux dires du majordome.

Sans perdre une seconde, le plateau de jeu fut déjà installé. La petite Orisha était si vive qu’il reconnaissait aisément la vivacité conjugué de ses parents. Nörråke admirait les pions se mouvoir magiquement, comme si elle suivait les ondulations d’un poisson dans son bocal. Sur Awaku No Hi, rien qu’une partie de Hagydz pouvait l’occuper. Forcément, les deux enfants de l’Île écoutèrent avec attention les règles émises par Toesia. Draaskag joignit ses mains contre sa bouche, les coudes posés sur la table, tout en fixant avec intensité sa petite sœur. Il avait l’air d’être un stratège Zawa’Kar en pleine assimilation de sa mission ; et en vérité, il mimait parfaitement les mimiques du général. Pour Nörråke, sa bouche en rond évoquait autant son intérêt que son incompréhension, causée par le surplus d’informations. Puisqu’il semblait avoir un emmêlement de pinceaux, la jeune Orisha proposa un tour de chauffe. Draaskag leva le doigt vers Kaine, inquisiteur.


" Je veux les Deck (Feu). " Exigea-t-il en premier, les flammes purifieront ses ennemis et le mèneront à l’apocalypse salvateur.

" Moi, l’Eau ! Comme ça, je vais t'éteindre, buh ! " Se moqua-t-elle en tirant la langue au Chaman.

" Tes gouttelettes seront vaines face à mon torrent infernal. "

" Gnianiania ! "
Une veine apparut sur la tempe de l’aîné.

Quoi qu’il en soit, leurs choix furent faits et Draaskag, avant tout le monde, avait hâte de connaître son objectif pour les écraser. Il ne remarquait guère que les Esprits s’agitaient pas mal, étant donné l’heureux événement qui se produisait juste au-dessus de leurs têtes.


~~~

Son souffle se stabilisa presque entièrement, maintenant qu’ils demeuraient allongés, l’un près de l’autre. Le toucher de Miles lui avait manqué, c’était indéniable. Et pouvoir lui procurer tout autant de plaisir pour masquer ses maux du passé ne la lassait jamais. Ensemble, ils parvenaient à distiller la douleur pour la transformer en source de félicité. C’était un ballet qu’on n’itérait pas avec n’importe qui ; seulement les êtres passionnés. Léto sourit lorsqu’il lui caressa le visage, elle se sentait toute drôle après leurs déclarations communes.

" Alors restons là, les enfants peuvent se passer de nous. Elle aussi, elle pourrait rester des heures à admirer son futur mari. L’amoureuse finit par enlacer le Köerta dans ses bras, à lui caresser avec douceur ses cheveux immaculés. Un bref rire s’éteignit dans sa bouche. Tous ces noms me plaisent, j’aime beaucoup ton imagination, tu sais ? " Elle aussi devrait songer à le taquiner sur ce terrain.

Avec légèreté, ses paupières se refermèrent. Depuis toujours, elle se sentait chez elle dans ce foyer, autant que sur l’Île Maudite. Pour ces deux contrées, une nouvelle vie l’attendait et elle la saisira avec aplomb. Prolongeant leur étreinte avec fermeté, la Souriante se prépara à passer une nuit reposante.


" Aärk ët juiki. "

~~~

Pour la Hǫfðingi, une poignée d’heures de sommeil suffisait pour la remettre d’aplomb. Durant leurs quotidiens, Miles dût s’habituer à ce trop-plein d’énergie dont elle faisait preuve. Des matins, elle s’activait pour aller couper du bois dehors, préparer à manger pour le réveil, s’activer aux tâches ménagères pour alléger le devoir de Dærion. Pour cette fois, des intentions précises l’obligeaient à prendre les devants, dont elle prendra la peine d’en discuter avec son fiancé. Une fois sa besogne en cuisine terminée, elle remonta à l’étage et retourna à tâtons dans leur chambre. Elle constata avec amusement que l’Orisha dormait toujours à poings fermés. L’heure n’était pas si tardive que cela, mais il fallait noter qu’il n’était point normal qu’elle fût la seule levée…

Une soudaine idée lui vint alors, vicieuse. Cela faisait des nuits et des nuits qu’ils ne s’étaient pas câlinés de la sorte et ce manque continuait de la ronger, tentateur. Léto fit donc glisser la couette pour libérer l’objet de son désir. Amabile, elle le stimula avec ses doigts pour raviver son adrénaline. Au bout de quelques caresses, elle corsa le geste en usant de ses lèvres et de sa langue. Bientôt, Miles finira par se réveiller. Elle n’attendit que ça, jusqu’à qu’il découvrit la surprise. Elle lui sourit, silencieuse et malicieuse, et retourna entretenir son bienfait à son égard, appliquée et effrénée. Quand cette gâterie matinale s’estompa, la Chamane ne manqua pas de le taquiner.


" Vous êtes bien réveillé, Monsieur Sùlfr ? Elle se pencha en sa direction pour lui souffler ces quelques mots : Filez donc au bain. " Elle aussi devrait y passer pour se laver la bouche.

Dans la salle de bain, Léto laissa Miles s’occuper de sa toilette personnelle. Cette attention de tantôt fut plus forte qu’elle, consciente que les enfants leur demanderont beaucoup plus de leur temps, surtout au nombre de quatre. Débarbouillée, elle lui sourit et commença à enfiler les vêtements qu’elle avait rassemblés.


" Ils auraient pratiquement fait une nuit blanche. On dirait que Daerion n’a pas réussi à les convaincre tous les quatre. Draaskag peut être une vraie tête de mule. Même si Toesia pouvait être très têtue, également. Son chemisier boutonné, la Chamane pivota en sa direction. Laissons-les se reposer, j’aimerais en profiter pour aller rendre visite à Latone. Tu voudras bien m’accompagner à la Vigilante ? Tous les trois, ils avaient des détails à clarifier depuis les révélations. Et puis, Latone… Elle voulait la voir de ses propres yeux. Hmm ? Oui, Latone. Qu’y-a-t-il ? Ce fut à ce moment-là que l’Ashkaä lui confia l’usurpation de la Bleue. Je vois… " C’était en effet troublant. L’urgence semblait d’autant plus de mise.

Sans une once de gêne, Léto se colla dos au mur pour observer son mari terminé ses propres préparatifs, un sourire en coin. Il la reluquait aussi, peut-être à cause de la tenue. En effet, cela faisait bien longtemps que la Souriante ne s’était pas habillée selon la mode locale. Mutuellement, des souvenirs de leur idylle refaisaient surface. Enfin parés, ils passèrent par la salle à manger où Léto avait exposé les fameux toasts au miel quémandés par leur petite furie, ainsi que des œufs nuages. Donc, des blancs en neige incorporés de fromage râpé avec le jaune d’œuf au centre, cuits durant quelques minutes. Un petit-déjeuner typiquement montagnard pour les amoureux du fromage. Sans crier gare, elle attrapa un toast et le cala entre ses dents ; de son autre main, elle fourra un autre toast dans la bouche du Molosse.


" Pwour la’route. " Mâchonna-t-elle avec un grand sourire.

~~~

Guidé par les instructions de Miles, le couple traversa le sentier à travers la forêt avoisinante. Léto connaissait la résurrection de Latone mais elle n’était pas plus informée que cela. Même les Esprits semblaient s’être faits dupés par le jeu de la remplaçante. À peine revenue en ce monde que son ancien Hozro se confrontait déjà à ses dures lois. Elles auront beaucoup de sujets à aborder, c’était évident. Selon Miles, les Guides auraient confiné leur camarade dans une roulotte aux abords de Ciel-Ouvert, et donc loin du château. Bien, c’était sans doute la meilleure décision ; plus proche de son ennemi, elle le vaincra plus vite. Malgré tout, la Reine garda la tête froide et sût que cette promenade demeurait un moment privilégié. Ainsi, sa main gantée alla saisir celle de son fiancé durant leur périple.

Quelques minutes plus tard, la fameuse roulotte se dressa sur leur passage. Le terrain fut aménagé, un yack traînait près de l’entrée. L’endroit lui semblait plutôt petit, mais Latone devait, alors, y passer plus facilement inaperçu. En soi, pour elles, titanides, il n’était point aisé de se camoufler des regards intrigués. Forcément alarmée par l’intrusion, la "propriétaire" des lieux fit claquer la porte pour venir voir ce qu’il en était. Léto lâcha la main de Miles et observa sa sœur de guerre.


" Miles ? " À croire qu’elle ne l’avait pas capté de suite.

Latone était grande, comme elle. Ses cheveux, d’un bleu si sombre et ses pointes aussi cendrés que les siens au soleil. Ses iris se teintaient de deux nuances bien distinctes, preuve qu’elle était réellement revenue en tant qu’Orisha. Un sentiment familier de la voir, comme si elle revoyait plus jeune, plus fragile, mais plus aventureuse, toujours aussi combattive. C’était, on ne peut plus authentiquement, Latone.


" … Léto ? " Enfin, son œillade dissemblable comprit que l’autre invitée n’était autre que la Hǫfðingi.

" Latone ! " Elle s’avança d’un pas assuré.

" LÉTOOO ! " Elle leva les bras, tout souriante, comme pour l’accueillir.

" LATOOONE ! " Elle se mit enfin à courir.

" Létooooo… ! " Latone fronça des sourcils en s’avançant un peu plus, le ton plus vindicatif.

" Latooooone… ! " Elle souriait comme lorsqu’elle s’apprêtait à en découdre.

Cela ne rata pas, car les deux colosses se foncèrent dessus et finirent par se rouler l’une sur l’autre dans la neige. Elles se retournèrent des coups qu’elles encaissaient avec force, jusqu’au moment où elles rirent. Elles se bidonnèrent à s’en contrecarrer des défenses, les poings devinrent des tapes gentillettes, comme deux grandes sœurs qui se chamaillaient avec amour. Latone tenta de se dégager mais Léto immobilisait son buste avec ses jambes. L’Orisha profita du faux moment de répit pour lui balancer de la neige à la figure. L’hilarité reprit de plus belle et elles s’échangèrent les flocons mutuellement à la figure.

Plusieurs secondes de lutte plus tard, les deux femmes se relevèrent, l’une plus essoufflée que l’autre. Elles s’époussetèrent à leur rythme, aidant l’autre à en faire de même. Finalement, les yeux plantés l’un dans l’autre, leurs corps respectifs réagir par instinct et leurs bras attirèrent l’une contre l’autre. Enlacées affectueusement, Léto et Latone profitèrent de ce moment unique où elles purent enfin se toucher, se contempler, se dissocier sur le plan d’Edel. Et un jour, les deux guerrières pourront réitérer sur le plan d’Ezechyel.


" Je suis si heureuse pour toi, Latone ! La Chamane s’éloigna un brin. Regarde-toi, tu es vivante, forte ! Bon, pas assez. " Se moqua-t-elle en pressant un biceps entre ses doigts.

" Ta gueule ! L’Orisha recula et croisa les bras, non sans réprimer un sourire narquois. Je te dépasserai un jour, tu verras ! "

" Je n’attends que ça. "
Ce jour sera gravé dans leurs mémoires.

En fin de compte, les apparentes jumelles se tournèrent vers le Köerta, qui devait ne plus être étonné de quoi que ce soit avec elle. Latone se gratta les cheveux, ne s’attendant clairement pas à une telle visite aussi tôt.


" Bon, bon, venez à l’intérieur ! Je vais vous servir à boire. " Enfin une nouvelle tentative de faire tester ses recettes, quelle aubaine.

" On ne restera pas longtemps, juste le temps de boire, oui. " De juste rattraper le temps perdu.


2177 mots ~



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