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 [Q] - Sous la peau | Solo

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Lun 25 Mai 2020, 05:35




Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Shadow obtient la Marque de la Famille Taïmon, qui fait état de son statut d’esclave dans la société sorcière.


~ La scène se passe durant l'ellipse du RP Deux esclaves ~

Les heures s’étaient égrainés et mon espoir, lentement, s’était effrité avant de tomber en miette sur le sol froid de ma prison, lorsque je réalisais l’évidence. Maîtresse Cheyenne ne viendrait pas. Pourquoi? Pourquoi m’avaient-ils ramené dans cette cellule alors qu’elle n’y était PAS?! C’en fût trop, et ma concentration se déchira. Un hurlement bestial explosa à l’intérieur de ma gorge tandis que mes bras envoyaient mes chaînes dans toutes les directions. Où se trouvait Maître Cheyenne? OÙ SE TROUVAIT-ELLE?! Je devais savoir! Le Fahliil m’avait promis! Alors pourquoi elle n’était pas encore là?! Pourquoi elle ne venait pas me chercher?! POURQUOI ELLE ME LAISSAIT TOUT SEUL DANS CE TROU À RATS?!

Dans un choc brutal, les maillons de mes chaînes vinrent se percuter contre mon visage. Je tombais lamentablement au sol, des larmes brûlant mes yeux, réchauffant mes joues. C’était le trop plein émotionnel qui éclatait. Je n’en pouvais plus de toutes ces incohérences. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Les questions n’en finissaient plus; elles noyaient mon esprit, elles le violentaient, le martyrisaient. En gémissant, je finis par me recroqueviller sur moi-même, laissant ma confusion et ma peine agiter la moindre parcelle de mon être. Le Fahliil m’avait promis que nous passerions à travers. Il m’avait promis. Alors peut-être perdais-je simplement espoir trop vite? Peut-être qu’elle était vraiment très occupée et qu’elle viendrait me chercher plus tard dans la journée. Oui, oui, tout allait bien. Tout irait bien.

Lentement, je remontais mes cuisses jusqu'à la hauteur de ma poitrine. Le sol était froid sous mon poids, mais je m’en fichais. Ma Magie m’enveloppait. Elle me réchauffait d'un réconfort chaleureux. Je pris une grande inspiration avant de l’échapper. Il fallait que je me calme. Il fallait que je reprenne mes esprits. Ai Laik Toor’ved Arkendar Lutecker, Ai Laik Toor’ved Arkendar Lutecker. C’était encore le meilleur moyen pour que je me tempère. Il fallait simplement que je songe à quelque chose d’autre, qu’il s’agisse de la pluie comme du beau temps, de mon nom, notamment. Tout irait pour le mieux. Maîtresse Cheyenne reviendra me chercher. J’en était convaincu. Mais pour le moment, mon visage me faisait atrocement mal. Je ne m’étais pas raté. J’étais vraiment un imbécile.



Les jours s’additionnaient. Je ne les comptais plus. Cependant, la Maîtresse n’était jamais venue. On avait finalement daigné me le dire – ou plutôt, me le siffler au visage – après des heures et des heures de crises interminables. Ce jour-là, en fait, j’avais fini par m’endormir sur la pierre de mon plancher, bercé par l'espoir qui me protégeait des désillusions et de la vérité. Cependant, le lendemain, quand je m’étais éveillé, le calme fut de nouveau brisé par l’absence de ma Maîtresse. C'était la goutte qui fit déborder le vase. Je n’en pouvais plus. Mon corps s’était crispé, mes doigts s’étaient ancrés dans ma tignasse emmêlée, serrant une poignée de mèches avec désespoir.

Et je m’étais mis à crier. À beugler. À chouiner. Pendant je ne sais plus combien de temps, mes hurlements se répercutaient contre la surface des murs et m'écorchaient les tympans. Mais je ne pouvais m'empêcher de hurler, et de hurler, tant la détresse qui me broyait le ventre était intenable et monstrueuse. Jusqu'à ce que l’on me somme d’arrêter; jusqu'à ce que l'on me coupe brutalement dans ma perte de contrôle. Cependant, je devais la voir. Elle avait besoin de moi. J’avais besoin d’elle. J’étais persuadé que nos existences étaient complémentaires. Parce que j’étais son instrument et elle, le chef d’orchestre. Je ne pouvais danser sans qu’elle me donne le rythme; je ne pouvais chanter sans qu’elle m’en donne le signal, comme elle ne pouvait avoir de musique sans mon intervention. Le seul problème, c’est que je ne pensais pas être rejeté aussi tôt dans la chanson. Bien sûr, je jouais faux certaines notes, mais jamais elle n’avait exprimé le souhait de m'abandonner, de me remplacer. Et c’est pourquoi j’avais hurlé dans ma cellule. Parce que je ne comprenais pas pourquoi elle ne venait pas me chercher, pourquoi elle ne réclamait plus ma présence, pourquoi on m’interdisait sa présence. Avais-je fait quelque chose de mal? Si oui, qu’est-ce que c’était? Si non, qu'est-ce que c'était?

Cependant, on m’avait arrêté. Après un coup de pied et un étranglement, je m’étais calmé et on m’avait ri au nez en m'expliquant tant bien que mal la situation. Maîtresse Cheyenne. Partie. Plus ici. Je n’avais plus à la servir comme elle n’avait plus besoin de moi. Maintenant, j’étais l’instrument de Morgane Taïmon.

Je les avais fixés en silence, un sourire flottant d’abord sur mes lèvres, jusqu’à ce que ce dernier se fane et s’efface complètement de sur mon faciès. Ils… Ils mentaient. Maîtresse Cheyenne me l’aurait dit, si elle n’aurait plus voulu de moi à ses côtés. Elle aurait crié, elle aurait rigolé, elle m’aurait foutu son pied dans l’estomac pour que, plus jamais, je ne l’approche. Et ceci, c’était le scénario qui se serait produit dans le meilleur des mondes; au pire, elle m’aurait simplement tué sur-le-champ en me disant à quel point je lui avais été inutile et que, désormais, je ne lui servais strictement à rien. Alors pourquoi? Pourquoi? Ma concentration, une fois de plus, s'était fracturé. Je m'étais remis à crier. Et on avait continué de me frapper. C’était douloureux, mais moins que ce que je ressentais au plus profond de ma poitrine. Quelque chose s’était rompu en moi ce jour-là. Mais je ne savais pas quoi. Était-ce dû à la colère? À la détresse? Ou à une confiance que je savais désormais complètement perdue? Je ne saurais le dire. J’avais simplement mal. Et plus les coups me tombaient sur la figure et plus la souffrance, elle, devenait lancinante.

968 mots | Post I




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Miles Köerta
Lun 25 Mai 2020, 05:56



Sous la peau

Pendant des jours, je m’étais trouvé au fond du trou, incapable de faire face à la réalité, incapable de savoir où j’avais merdé pour qu’elle me jetât de la sorte. Je ressassais mes maigres souvenirs, tentant de trouver quand tout avait chaviré. Qu’avais-je fait de mal? Ne pas le savoir me tuait. Littéralement. J’en perdais l’appétit, et la voix aussi. Toutefois, on ne me laissa pas dans cet état bien longtemps, cette Morgane Taïmon ayant requis ma présence dans ses appartements après un certain temps. On m’y avait traîné à la manière d’une calèche coincée qui se faisait péniblement tirer par des chevaux. Je voulais mourir. Parce que je ne comprenais plus le sens à ma vie. Je voulais mourir. Parce que la principale raison de mon existence venait de disparaître avec cette douloureuse révélation. Je voulais mourir… Et la porte de sa chambre s’ouvrit.

Au début, on ne nous laissa pas seuls. J’étais trop instable pour eux, trop impulsif, réagissant au quart de tour pour un oui ou pour un non. Ils voulaient rester prudents. Et ils avaient raison. Pourtant, la jeune fille leur demanda, d’une voix qui se voulait impérieuse, de quitter les lieux. J’étais sa chose et elle s’occuperait de mon cas à sa façon : elle n’avait pas besoin des gorilles de son père. Du moins, c’est sur quoi elle s’accrochait. Notre première rencontre n’avait pas été des plus glorieuses et elle se souvenait distinctement du moment où mes pantalons avaient quitté ma taille. J’étais empli d’une frénésie incontrôlable, d’une impatience sans borne alors qu’aujourd’hui… Je n’étais vraiment plus que l’ombre de moi-même, assis là, sur le rebord de sa couche. Mon Maître m’avait abandonné pour cette rahjiin (salope). Je ne comprenais pas.

Et je compris encore moins ce qui se passait lorsque la jeune fille vint récupérer mon visage dans le creux de ses mains. Je l’observais sans vraiment la regarder, me plongeant simplement dans le saphir électrique de ses pupilles. Elle me parlait d’une voix douce, bien plus délicate et tranquille que lors de notre premier entretien, ce qui me détendit. Elle répétait un mot qui résonnait drôlement au creux de mon oreille et mon esprit l’entendait en écho : confiance. Confiance? Qu’est-ce que ça voulait dire? Elle me faisait des signes de la main. Elle me pointait, elle se pointait ensuite. Sans que mon cerveau ne parvienne à suivre l’enchaînement, pourtant, je remarquais que l’une de mes mains s’était glissée jusqu’à sa poitrine, guidée par la curiosité et le désir naissant de la jeune fille. C’était ça la « confiance? » Je clignais des yeux. C’est ce que ma Maîtresse m’avait demandé de faire, lorsqu’elle avait finalement décidé de me prendre sous son aile, après des mois de torture et de lobotomie dans les cachots de son domaine. Elle s’était approchée, elle m’avait susurré quelques mielleuses paroles à l’oreille avant de porter l’une de mes mains entre ses cuisses et, d’instinct, j’avais su que je lui appartenais. Que j’étais à elle et qu’elle était dorénavant maître de mon destin.

Je frémis. J’avais la même sensation qu’autrefois, tandis que mes doigts caressaient avec délice la courbe de ses formes, trop vêtues encore pour que je puisse me frotter à sa peau et à en sentir la chaleur. C’était frustrant. Je voulais simplement lui arracher ses vêtements afin de joindre son corps au mien. Mais lorsque j’esquissais un premier geste, elle me retint péniblement par le poignet. Elle me faisait non de la tête. N…Non? La rage explosa à l’intérieur de moi. POURQUOI NON?! ELLE RECOMMENÇAIT SON NUMÉRO DE LA DERNIÈRE FOIS?! Nutaar do yngol sahlo! (Putain de vierge fragile!)

Mais, soudainement, je m’arrêtais de penser. Je m’arrêtais de respirer, alors que je sentais parfaitement sa main à elle couler jusqu’à mon bas-ventre afin de descendre mon pantalon. Ah, ah… Alors, c’était pas que des conneries en fait. Je remontais mes yeux à la hauteur des siens, relâchant un grognement, qu’elle étouffa tant bien que mal en plaquant prestement sa main contre ma bouche. Pourquoi? Je faisais trop de bruits? Ça la déconcentrait? D’accord. Je me tairais. Parce que je voulais qu’elle continue. Sa délicate silhouette était si près, et je l’empoignais fermement par la taille pour la rapprocher de moi pendant que je sentais son étreinte réchauffer mon entrejambe. Mon corps dans son ensemble palpitait follement sous ses caresses. Emporté dans la fièvre, j’étirais mon cou afin d’apposer ma bouche sur sa gorge, que je me mis à embrasser, expirant des soupirs d’aise contre sa chair.


752 mots | Post II




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Miles Köerta
Lun 25 Mai 2020, 06:08



Sous la peau

Ça faisait du bien, tellement de bien, surtout que je n’avais pas eu droit à cette « confiance » depuis un moment. J’explorais sa poitrine en infiltrant mes mains sous son chemisier, frôlant avec langueur la galbe de ses seins alors que mes phalanges se crispaient contre ceux-ci lorsqu’un tremblement plus puissant que les autres m’éventrait le bas-ventre. Instinctivement, je raffermis ma prise sur ses hanches, mon bassin se collant à ses cuisses dans l’évidente idée de vouloir entrer en elle. Mais elle me stoppa. Encore. P-Pourquoi…? Pourtant, elle souriait, satisfaite. Je ne l’étais pas, dans mon cas, et si ça n’avait pas été de ma confusion certaine, je l’aurais certainement renversé sur le lit pour qu’elle comble mon appétit une bonne fois pour toute.

« Je suis là, avec toi. Tu peux avoir confiance. »

Je la fixais, sans bouger. Doucement, elle remonta les pans de mon pantalon, refermant ce dernier afin de cacher au mieux ce qui s’était redressé. Puis, après s’être relevé de la position dans laquelle je l’avais entraîné, elle écrasa sans ménagement son genou dans mon entrejambe. Un cri horrible s’arracha de ma gorge alors que mon être s’effondra par terre, parcourut par un spasme pâtissant. Observant son œuvre en silence, la Sorcière finit par sourire, se dirigeant d’un pas aérien jusqu’à la porte afin d’aller quérir les hommes de son père.

« Il ne devrait plus faire de scène à présent. Le plus tôt possible, il faudra les Marquer, lui et l’Ygdraë. »

Les hommes hochèrent de la tête, m’attrapant par les épaules, sans aucune pitié pour la douleur qui m’incendiait les couilles.



Je ne savais quoi penser de tout ce qui s’était produit cette journée-là. Mon corps avait ressenti les douleurs de ce coup porté en traître pendant des heures et des heures et, pour combler mon malheur, j’avais été forcé de me soulager par moi-même dans un coin obscur de ma cellule. Cette chèvre me rendait dingue. Je ne savais pas du tout quoi penser. Une seconde, elle était dans mes bras, désirable et désirée, et la seconde suivante, elle me foutait son articulation dans les parties. Naal Okker! (Fais chier!) Qu’est-ce qu’elle voulait, par les Zaahins?! La prochaine fois, j’emmènerais Vant… l’Ygdraë avec moi, pour qu’il me traduise ce qui sortait de la bouche de cette pouffiasse.

Cela étant dit, quoi que fût son intention de base, les gardes qui surveillaient nos geôles avaient clairement vu le changement qui s’était opéré en moi depuis cette visite. J’avais arrêté de crier et de brailler comme un chérubin et j’acceptais, avec réticence, certes, les repas que l’on me filait. Est-ce que j’en avais oublié Maîtresse Cheyenne pour autant? Non. Elle était encore dans mes pensées, flottant dans l’air à la manière d’un spectre, mais l’image de la zirkoniis (garce) commençait à prendre de plus en plus d’espace entre mes deux oreilles. Parce que là où la Démone m’avait abandonné, la Sorcière, malgré ses manières, m’avait tendu sa main. Elle était là, au contraire de mon ancienne Maîtresse. Elle était là, elle veillait sur moi et je… J’avais un toit sous lequel me réfugier, une main à laquelle me raccrocher, même si cette dernière était aussi vicieuse qu’un serpent, m’appâtant avec la carotte pour mieux me frapper ensuite avec le bâton. Je soupirais, recroquevillé aux pieds de mon lit, comme à toutes les fois que je me retrouvais seul dans ma chambre. Je ne saisissais pas encore tous les tenants et aboutissants de ma condition, mais je savais qu’il y avait quelqu’un, ici, qui avait besoin de moi et cela me suffisait amplement pour être calme. J’étais utile. J’avais une nouvelle raison d’être. L'écho de cette certitude, par ailleurs, se concrétisa à l’instant où l’on ouvrit brusquement la porte de ma cellule. Ils étaient deux.

« C’est à ton tour de recevoir la Trace. »

Je n’avais absolument rien compris de ce que l’homme avait dit, mais ils n'attendirent aucune réplique de ma part, puisqu’ils me poussèrent simplement hors de mon abri glacial pour que je les suive dans les couloirs du domaine et ce, jusqu’à une drôle de pièce. Je n’y avais jamais mis les pieds, l’ambiance de la salle m’écrasant de toute son austérité. Cependant, à un instant, mon regard se suspendit sur la pièce maîtresse de l'enceinte. Intrigué, je demandais à l’un des bonhommes de me dire de quoi il s’agissait, mais on ne s’embarrassa pas de me répondre, préférant plutôt me repousser avec mépris jusqu’au centre de la salle, à l’intérieur de laquelle se tenait une silhouette haute et fine qui, visiblement, m’attendait. Autour d’elle avait été disposé une dizaine d’instruments ainsi que des pots remplis… de couleur.


780 mots | Post III



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Miles Köerta
Lun 25 Mai 2020, 06:35



Sous la peau

Mes poings s’accrochaient fermement au pourtour de la chaise, tandis que l’encre, dans un tracée clair et des arabesques précises, s’imprimait, indélébile, dans l’épiderme de ma chair. Une douleur aiguë me vrillait la tempe alors que l’envie de me soustraire à l’aiguille m’agitait follement. La jeune femme, qui s’occupait du travail, pourtant, ne s’en préoccupait pas le moins du monde, continuant son œuvre sans sourciller un instant, appliquant l’encre d’un doigté presque chirurgical. Après tout, j’étais bien accroché à cette espèce de chaise longue. On m’avait installé alors que je m’agitais, effrayé par l’inconnu qui se profilait sous mes yeux. On m'avait entravé de tous mes mouvements en liant mes poings, mes pieds et même ma tête n’avait pas été épargné : elle était solidement maintenue au dossier par des sangles qui assuraient que mon menton soit levé vers le plafond. Ainsi, j’étais parfaitement immobile, comme une statue; immobile mais toujours conscient.

C’est pour cela qu’un énième gémissement perça la barrière mes lèvres alors que je pouvais sentir l’aiguille perforer de nouveau ma peau pour se glisser sous sa surface. Dans mes oreilles, le bourdonnement de la douleur frappait puissamment l’intérieur de mon crâne tandis que la voix, faible mais discernable de l’artiste, se perdait confusément à travers mes soupirs et mes crispations. Ses lippes bougeaient afin d’esquisser des paroles que seules elle pouvait comprendre et, à chacun de ses claquements de langue, une chaleur vindicative électrisait tout mon être alors que le pincement sauvage de mes lèvres me refrénait de hurler tout mon supplice. Ça faisait mal. Tellement mal. Mais tranquillement, la douleur s'apaisait, laissant à mon esprit un moment pour souffler. Jusqu'à ce que le travail reprenne rapidement, tous mes membres se raidissant violemment au nouveau contact.

J’avais la tête qui tournait, les paroles de la Sorcière, mêlée aux embruns de la douleur, me plongeaient dans un tout autre état de conscience. Je pouvais l’entendre murmurer à mon oreille un dialecte parfaitement étranger et, pourtant, à travers les syllabes et ses vocables tranchés, j’étais en mesure de reconnaître deux mots bien particuliers. Et ces mots ne cessaient de tourner, et tourner, pour mieux se répéter entre mes deux oreilles. Morgane Taïmon. Morgane Taïmon. Elle continuait de psalmodier des phrases sans queue-ni-tête, et la puissance de ses mots, qui allait en crescendo, semblait frapper – boum! Boum! – toujours plus fort – Boum! Boum! –, toujours plus pénible et irritant – Boum! BOUM! –, l'intérieur de mes tympans. Sa voix s’élevait, encore plus haute, plus grave, et, à un instant, mes dents tranchèrent tout simplement le fin épiderme de mes lèvres, pour les ensanglanter là où aucune protection ne m’avait été fournie. Je crachais, je tentais de reprendre le contrôle de mon souffle.

Cependant, la Mage n'avait pas terminé. Un nouvel assaut, un nouveau fracas, qui vint secouer à même mon âme. Ma bouche se fendit pour époumoner un appel guttural, bruyant et insoutenable. Le hurlement ne dérangea guère la tatoueuse qui traçait les dernières lignes brutes de l’emblème et, jusqu’à la dernière goutte d’encre, sa voix avait toujours su couvrir mes plaintes, qui s'étaient muées en menaces vulgaires, en insultes bestiales.

Et soudainement, à ses derniers mots, la pièce dans son ensemble semblât se figer. Mes pupilles se retournèrent à l’intérieur de mes orbites oculaires alors que mes muscles perdaient toute résistance. Je m'évanouis sur le coup, étendu comme un cadavre sur la surface de la chaise de travail.

L’artiste se redressa doucement et retira alors un linge de sa poche, qu’elle imbiba soigneusement d’eau avant de tamponner délicatement le haut de ma joue. Elle était plutôt satisfaite du résultat, comme pouvait le témoigner son sourire lorsqu’elle retira finalement le linge. Les armoiries de la Famille Taïmon reluisaient à la hauteur de ma tempe droite. L’argent de la croix maltaise tranchait avec finesse le bleu pur – choisi parmi ses plus beaux pigments – de l’arrière-plan, les limites du blason ayant été dessinées selon des lignes droites et franches dont le tout ressemblait à une sorte d'écu.

Quittant son siège, elle appela les deux geôliers qui étaient restés en retrait tout au long de la séance. Ces derniers se rapprochèrent de mon corps complètement inerte, la pâleur de ma peau brillant intensément sous la lumière vive de l’atelier. Ils entreprirent alors de défaire mes liens. Ma silhouette tomba d’elle-même vers le sol, attirée par la gravité, qui aurait certainement fracassé mon crâne contre les dalles du plancher si l’on ne m’avait pas rattrapé à temps par l’un de mes bras. Je ressemblais à une poupée de chiffon, à une marionnette dont le manipulateur avait choisi de couper les filaments. Un, deux, et hop! On me balança sur l’épaule de l’un des gardes, qui me ramenèrent dans ma cellule sans autre forme de cérémonie que de décharger mon corps sur le matelas de mon lit. Pas un regard de plus, pas même une seule parole : les deux hommes rebroussèrent chemin en claquant et verrouillant la porte dans leur dos. Le silence, dès lors, fut absolu, tandis que mon être, de nouveau, ne m'appartenait plus.

~ La suite des événements se poursuit dans le RP suivant, Deux esclaves ~


849 mots | Post IV | FIN



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