Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

Partagez
 

 L'abandon d'une peau d'écailles [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Dim 12 Avr 2015, 13:42

Face au champ de coquelicots, Lully se retourna une dernière fois. « Allez, dépêche-toi un peu », lui cria Alviss. Quant à Olaf, comme l’enfant insouciant qu’il était, il ne pouvait tenir en place. « Bon voyage, Lully ! » Lui criait-il en agitant follement le bras. Alviss dut le frapper plusieurs fois à la tête pour qu’il se calme. La sirène leur sourit puis se tourna vers l’inconnu, où s’étendait le petit champ. A mesure qu’elle marchait, le son des voix des vampires s’affaiblissait. Il faisait encore nuit, mais l’aube approchait. Lully n’était pas encore arrivée au bout du champ quand les premiers rayons colorièrent les fleurs d’un rouge encore sombre. Bien vite, elle s’aperçut que le champ était bien plus étendu qu’elle l’avait pensé, car quand elle en atteignit la fin, le soleil pointait à l’horizon et les coquelicots étaient rouges comme le sang. Sans ralentir, cette dernière dépassa les statues en se recroquevillant sur elle-même, les regards des colosses de pierre la jugeant affreusement. Puis, elle s’engouffra sous la terre en suivant les étoiles qui semblaient guider son chemin.

Cette fois, sa progression fut plus laborieuse : elle ne distinguait pas les galeries entre elles. Seule la lumière des étoiles l’aidait et si elle venait à les perdre de vue, elle savait qu’elle ne reverrait plus la lumière du jour… du tout. Ce fut donc un immense soulagement quand elle aperçut la fin des tunnels et qu’elle retrouva le ciel. Mais ce même ciel n’avait rien à voir avec tout ce qu’elle avait connu auparavant : plusieurs soleils jonchaient le ciel, plus qu’elle n’en pouvait compter. Les rares nuages arboraient des formes uniques et les plantes étaient vivantes ; ils n’étaient pas animés par la vie des Terres du yin et du yang, mais par une vie qui les faisait se mouvoir. Elles étaient dotées d’une conscience ; à l’arrivée de la sirène, certaines se tournèrent vers elle. Quelques ronces vinrent même effleurer sa peau, provoquant des picotements désagréables, mais Lully resta immobile, se sentant cernée de toutes parts par ces végétaux menaçants. Finalement, ils s’habituèrent à sa présence et l’ignorèrent. Lully s’avança timidement. Puis, un changement fut provoqué par son avancée : une fontaine se dessina devant elle, lui bouchant le passage. Mais c’était une fontaine aussi étrange que l’univers qui l’entourait : elle ne provenait de nulle part, d’un vide sans fin. La sirène s’avança encore, en cherchant un moyen de la contourner. Puis, elle décida de la traverser, une peur incommensurable lui nouant l’estomac. Elle ferma les yeux et s’y engouffra… mais elle eût l’impression de ne toucher que du vent, plutôt que de l’eau. Et quand elle rouvrit les yeux, elle se trouvait dans un autre univers, encore.

Lully était entrée dans le Temple des Esprits. Elle se trouvait dans une pièce circulaire qui débouchait sur huit portes, chaque porte menant à la rencontre d’un Esprit particulier. Par son esprit de contradiction, la sirène avait envie d’essayer d’ouvrir la porte délabrée, la seule qui se démarquait des autres. Mais elle savait que c’était une mauvaise idée, alors elle réfréna cette envie. Ne savant absolument pas laquelle choisir, elle resta plantée en plein milieu de la pièce, en attendant que quelque chose la fasse décider pour de bon. Puis, soudain, elle entendit une voix. Etait-elle réelle ou juste dans sa tête ? La sirène n’en avait aucune idée, mais elle décida de la suivre.
« Entre dans ma pièce, Lully. » Naturellement, elle se tourna vers la porte de droite. Elle était certaine que la voix provenait de celle-là, pour une raison inconnue. Alors elle se dirigea vers cette porte. Elle s’arrêta à son seuil, en se demandant une dernière fois si c’était vraiment ce qu’elle voulait. Tout ça.

« Evidemment que je le veux », se répondit-elle tout haut. Et, sans plus hésiter, elle ouvrit la porte et la franchit. Elle entra alors dans une autre pièce très semblable à la précédente, à l’exception des autres portes qui laissaient ici place à un mur d’un blanc immaculé. Dans une pièce si peu fournie, il n’était pas difficile de remarquer l’Esprit qui trônait sur un siège incrusté dans le mur, à un mètre du sol. Aucune marche ne menait au siège. Lully décida de briser le silence une fois qu’elle arriva au centre de la pièce. « Bonjour. » Elle faillit ajouter un ‘Madame’, mais elle se dit que ce serait inapproprié. Quel titre donner à un Esprit ? « Je suis Fuzâil, la révélatrice. » Ah. Effectivement, elle n’aurait pas pu deviner son titre ; heureusement qu’elle s’était retenue. « Votre prestance égale votre beauté, Esprit. » La flatterie marcherait-elle ? Pour des êtres aussi puissants, cela pouvait avoir un effet très positif comme… très négatif, au risque qu’on la prenne pour une lâche avide de paroles vides. C’était l’effet que cela provoquait dans le pire des cas, tout du moins. « Il suffit. Je sais pourquoi tu viens, et ce n’est certainement pas pour discuter de ma beauté. » Bien, voilà un bon début… elle avait réussi à donner une mauvaise impression avant toute autre chose. Lully rougit et l’Esprit poursuivit : « En revanche, j’ignore pourquoi tu veux devenir Alfar. » Surprise par sa clairvoyance, Lully la regarda un moment sans parler. Lisait-elle dans ses pensées ? Si oui, ce serait une tâche plus ardue qu’il n’y paraissait de pouvoir la convaincre.

Mots: 901
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 12 Avr 2015, 13:50

« Alors ? » Le ton de Fuzâil était calme, mais impérieux. Ah, donc c’était une question. Et une question difficile. Lully ne savait pas quoi répondre… et elle se doutait qu’elle commençait à s’impatienter. Si elle attendait plus longtemps, la sirène perdrait sa chance de changer son Destin. Soudain, en se rappelant de l’enjeu qui se tenait à la réponse qu’elle devrait donner, une inspiration vint à elle. Alors que formuler son envie semblait difficile, Lully avait maintenant des tonnes d’arguments en tête qu’elle peinait à trier. Elle décida de commencer par le commencement. « Je suis née sous l’Eau. Cet élément a dirigé toute mon enfance, puis mon adolescence. Mais quand j’en suis partie, j’ai découvert le monde qui m’entourait. Et au fil des années, j’ai même découvert que l’Eau ne me manquait pas. J’en étais nostalgique, bien sûr, mais je ne voulais pas quitter la Surface car d’une certaine manière, je m’y suis plus attachée en quelques années qu’à l’Océan dans toute mon enfance. » Fuzâil écoutait sans que son expression puisse trahir quoi que ce soit sur ses pensées. Lully avait l’impression de bredouiller, de raconter une histoire sans intérêt, mais quand elle se tut, Fuzâil l’encouragea à continuer. « Je me souviens surtout du phare abandonné et de Drosera. Ces lieux résonnaient en moi comme un appel… originel. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais j’avais l’impression que ma véritable nature était liée à ces endroits. » Une fois de plus, Lully se confondait en explications d’un phénomène qu’elle-même n’arrivait pas à comprendre. Elle se demanda si Fuzâil finirait par la prendre pour une folle et la jetterait jusqu’en bas de la colline…

« Ce qui t’amène à ta volonté de rejoindre le peuple des alfars. Dis-moi, as-tu des amis alfars ? Adhère-tu à leur philosophie de vie ? Connais-tu leur histoire ? » Cette fois, le ton de Fuzâil n’était plus encourageant, mais emprunt de méfiance. Lully avait le sentiment que c’était maintenant qu’elle devrait convaincre l’Esprit du bienfondé de son choix. Mais les mots lui manquaient encore. Elle sentait que son interlocutrice n’attendait pas des réponses à ces questions précises, mais à une réponse qui engloberait tout à la fois. Une réponse simple qui reflèterait le fond de la réflexion de Lully. En effet, elle aurait pu argumenter sur la connaissance qu’elle avait des alfars, des indices qui montraient qu’elle avait envie d’être comme eux. Mais il lui faudrait plus que ces détails accumulés. « Je… me suis découverte dans le regard de ces gens. » Avait-elle déjà dit quelque chose d’aussi niais dans sa vie ? Et y avait-elle déjà autant cru ? Ces dernières semaines, elle se surprenait sans cesse. Tous ces changements dans sa vision d’elle-même et de sa vie, ils se succédaient à cause de ce séjour à la Prison. Ses deux compagnons vampires la changeaient, et Lully se surprenait à chaque fois à apprécier ces changements. Elle avait maintenant de l’espoir dans un avenir, dans son renouveau. En souriant vaguement, Lully leva les yeux vers Fuzâil. Tout était dit : elle était seule juge de la bonne volonté de Lully. Désormais, elle déciderait de la renvoyer ou de lui faire passer des épreuves. Lully la regardait en espérant qu’elle opterait pour la première solution…

« Je vois. » La sirène s’avachit, déçue de la réponse de l’Esprit. Petit à petit, l’espoir filait en-dehors de la pièce pour laisser place à la peur. Elle hésita à demander ce qu’il adviendrait de son choix, mais quand elle releva les yeux vers l’Esprit, sa volonté s’enfuit à toutes jambes et elle resta plantée sans bouger. Fuzâil semblait étudier chaque recoin de son esprit, chaque tâche qu’elle souhaitait lui cacher dans son passé et c’était… très perturbant pour elle. Elle s’en remettait complètement à autrui, une chose qu’elle détestait pardessus tout. Son orgueil était en train de gronder alors que Fuzâil prenait son temps pour décider de son sort. « Tes mots n’ont pas suffi à me convaincre. » Désemparée, Lully recula d’un pas. « Peut-être que cette épreuve s’en chargera. » Et soudain, la pièce n’était plus. Fuzâil disparut et Lully se retrouva dans un autre univers projeté par l’Esprit. La première épreuve venait de commencer.
Mots : 705
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 12 Avr 2015, 13:54

Lully était dans une pièce tout aussi neutre que celle du Temple des Esprits, sauf que la couleur des murs, du sol et du plafond étaient gris. Se demandant ce qu’elle pouvait bien faire là, la sirène resta un moment debout, seule dans la pièce vide. Puis, soudain, une forme se matérialisa dans la pièce. Au début, Lully ne comprit pas ce dont il s’agissait, alors elle attendit patiemment dans le coin de la pièce, s’éloignant le plus possible du phénomène qui se déroulait. La forme se sépara en plusieurs objets, dont les contours se précisèrent petit à petit, puis les couleurs et en quelques minutes, le dessin devint réalité. Il s’agissait d’une petite toile d’à peine trente centimètres carré sur un chevalet, puis le matériel de peinture nécessaire posé sur un tabouret sommaire. Et c’était tout. Maintenant, c’était à Lully de se débrouiller pour réussir l’épreuve et revenir au Temple. Mais que fallait-il faire pour la réussir ? Tout d’abord, cette dernière s’assit et fixa la toile blanche. D’accord, elle devait peindre. Mais peindre quoi ? Une toile représentant les alfars, ou sa transformation, peut-être ? Ou juste elle ? Vaguement, elle se rappela de la réponse de Fuzâil : « Peut-être que cette épreuve s’en chargera. » Si les mots n’avaient pas réussi à la convaincre, elle devait employer un autre moyen de communication. Celui qu’elle maîtrisait le mieux. Mais plus qu’une épreuve, Lully voyait cela comme un cadeau, une réelle chance : la peinture, c’était toute sa vie. Mais elle se doutait que cette impression ne devrait pas avoir lieu d’être. Alors où se trouvait réellement la difficulté ? Peut-être dans les attentes de Fuzâil qui pouvaient être bien plus élevées ou différentes de ce qu’avait Lully à proposer. Si elle se trompait de thème ou qu’elle l’exprimait de la mauvaise façon, elle échouerait.

La sirène voleta d’idée en idée, mais n’était jamais satisfaite. Elle resta des dizaines de minutes à réfléchir sur son tabouret, dans la pièce la moins inspirante au monde. Néanmoins, chaque idée nouvelle lui paraissait plus intéressante que la précédente et finalement, elle fut déterminée à mettre en place une idée précise. Quand elle lui traversa l’esprit, tout lui parut évident. C’était la bonne solution… qui restait encore à mettre en place, ce qui ne serait pas facile sur une si petite toile. Alors, excitée par son idée, Lully se leva et fit les cent pas en déterminant les détails ; quelles couleurs utiliser ? Comment ? Quels éléments mettre en valeur ? Et alors que tous ces éléments rassemblaient un puzzle d’artiste dans son esprit, son cœur battait à tout rompre, tout son corps ne demandait qu’à poser son pinceau sur la toile et à la lécher de ses fils. Quand tous les éléments lui semblèrent réunis, Lully s’assit et commença ses premiers mélanges de couleur et d’eau. Ces mélanges étaient sombres : cela allait constituer tout le fond de sa peinture. Et Lully commença à peindre, par ses gestes savants de professionnelle. Elle commença par peindre toute la gauche en noir. Puis, elle fit un dégradé vers la droite, qui allait de plus en plus vers le vert foncé. Enfin, le fond fut fini. A rester dans la même position, Lully sentait déjà tous ses muscles la tirailler. Mais elle n’en était encore qu’au début. En se servant de son contrôle de l’eau, elle fit sécher instantanément son fond d’aquarelle. Puis, elle commença de nouveaux mélanges. Son cœur tambourinait douloureusement dans sa tempe : elle n’était qu’une boule de nervosité. Si elle ratait cette étape, elle raterait son épreuve.


« Allez, Lully. Tu as fait ça toute ta vie. » Se rassurant, elle respira à fond puis marqua la toile d’une courbe grise. Elle en ajouta d’autres, autant de courbes qui se terminaient dans un cercle gris clair. Sa main avait arrêté de trembler quand elle avait tracé le premier trait ; elle était dans un tel état de concentration qu’il annihilait tout le reste. Finalement, la sirène termina bien vite son premier motif. C’était le plus important, celui qui devait tout transmettre. C’était le mouvement entier de la toile, là où on regardait en premier.

C’était le Souffle.

Lully ajusta le gris de tous les dégradés qui lui venaient à l’esprit, puis elle s’attaqua à la dernière partie de son œuvre : les éléments touchés par le Souffle. Pour les peindre, Lully avait préparé des mélanges dans les tons rouge foncé et bleu clair. Ces deux mélanges représentaient, cette fois, quelque chose de personnel à Lully : c’était ce qu’elle voulait être et ce qu’elle était. Quand elle appliqua les premiers tons rouges à sa toile, elle avait le souffle coupé. Elle se rendait compte qu’elle arrivait à la fin. Désormais, sa tête commençait à tourner, certainement à cause de la soif, et aussi de sa fatigue musculaire. Mais elle rejetait toutes les alertes de son corps pour terminer parfaitement l’œuvre de l’épreuve. Elle avait retrouvé toute la dextérité dont elle était capable avec un pinceau : très rapidement, elle peignit des ronces qui grandissaient sous l’impulsion du Souffle, un Dahlia trônant à leur sommet. Et enfin, elle appliqua le dernier élément de sa toile : elle ajouta tout autour de ces ronces des algues qui se faisaient déchiqueter par les épines rouges. Elles enroulaient la ronce, mais des lambeaux tombaient sur les côtés. Quand elle eût fini, Lully ajouta une dernière chose dans le coin de sa toile, en blanc : sa signature.

Et enfin, sa toile était terminée. Maintenant qu’elle la regardait dans son entier, la sirène était partagée par la fierté et la déception. La toile représentait exactement ce qu’elle avait voulu, mais la peur faisait douter la Sirène. Est-ce qu’elle serait approuvée par Fuzâil ?

Mots : 959
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 12 Avr 2015, 14:00

« C’est donc ce que tu as choisi. » Tout avait disparu d’un seul coup, tout sauf la toile qu’avait peint Lully. Fuzâil était descendue de son piédestal et regardait fixement le résultat de son épreuve. Lully était inquiète, mais aussi gonflée de fierté en voyant quelqu’un admirer un de ses bébés. Après tout, si elle avait pris la peine de laisser la toile dans la pièce, cela devait être un bon signe… « Je comprends ton argument. Et je sais que tu saurais en faire un très bon usage. C’est un talent qui serait très apprécié par les Alfars. Oui, le Souffle t’irait à merveille », termina-t-elle en se tournant vers la sirène. Cette dernière était sonnée par toutes ces déclarations : l’Esprit n’avait jamais autant aligné de mots que maintenant, et surtout, des mots tous aussi positifs et encourageants pour Lully… ! « Vous me… félicitez ? » Lui demanda-t-elle curieusement. Quand elle remarqua l’expression qui voila le sourire de l’Esprit, elle se rendit compte qu’elle aurait dû se taire. « Tu crois peut-être que tu as tout réussi ? Ce n’était qu’un petit test d’introduction. Maintenant que tu me montres un des plus beaux aspects de la race que tu veux tant intégrer, je vais te montrer un aspect bien moins réjouissant. » Cette dernière ne laissa aucun répit à Lully : elle laissa disparaître le monde dans lequel elle se tenait, encore une fois, pour lui faire perdre pied et la balancer dans un univers où plus rien n’avait de sens.

Soudain, Lully se retrouva dans l’eau. Mais quelque chose n’était pas normal. D’abord, elle n’avait pas sa queue de poisson ; et ensuite, elle devait retenir sa respiration. Dès qu’elle fut projetée dans ce monde, un instinct de survie la bouscula toute entière : si elle restait trop longtemps sous l’eau, elle savait qu’elle allait mourir. Pour la première fois, Lully était victime de son élément. Désespérément, elle tenta de se servir de ses pouvoirs pour se sortir de là. Mais elle était aussi impuissante qu’un bébé balancé dans un univers inconnu. Son regard se posa alors sur la lumière en-dessous d’elle. Cette lumière ne pouvait qu’être la Surface… mais comment pouvait-elle l’atteindre ? D’abord, Lully eut le réflexe d’onduler comme elle l’avait toujours fait en tant que Sirène. Mais ses jambes ne lui donnaient aucune impulsion, et finalement, la surface s’éloignait à cause de ses efforts inutiles. Elle se faisait emporter par le courant.

L’artiste commençait à épuiser la dernière bouffée d’air qu’elle avait pu retenir. La surface était encore loin. La panique paralysait toutes ses réflexions. Lully n’arrivait plus à réfléchir à rien, seul un instinct primaire l’animant. Quand elle s’aperçut que ses mouvements ne l’aidaient en rien, elle décida de changer. Elle fit des moulinets avec ses mains pour remonter vers la surface, en espérant que cela fonctionne. Elle eut l’impression de s’approcher de la lumière, mais à un rythme bien trop lent pour elle. Maintenant, elle manquait d’air. Par instinct, elle ouvrit la bouche et tenta d’aspirer de l’eau. Mais quand elle le fit, une douleur atroce se fit ressentir à mesure que l’eau pénétrait dans ses poumons. Maintenant, elle ne tentait plus de nager : tout ce qu’elle faisait, c’était se tenir la gorge sans supporter la douleur. Son cœur commençait à ralentir…

Puis, Lully parvint à respirer. Toute la douleur qu’elle ressentait avait disparu, tout comme l’eau et le monde entier dans lequel elle avait été projetée : seule la peur restait. La sirène tomba parterre et respira pendant quelques instants, encore bouleversée par ce que l’Esprit lui avait fait vivre. Cette chose, c’était la noyade. Lully avait déjà vu des cadavres de personnes noyées dans l’Océan, mais elle ne s’était jamais rendue compte de ce que cela pouvait être réellement. Maintenant, elle le savait. Et elle savait aussi que quand elle changerait de race, l’Océan ne serait jamais plus un allié inconditionnel. Il deviendrait une menace, un ennemi quand il se déchaînerait, parfois un allié, dans ses moments les plus calmes. Quand elle se rendit compte de cela, les larmes lui vinrent aux yeux. Mais la raison lui revint progressivement, et elle pensa à tout ce qu’elle en pensait avant ; de toute façon, elle ne retournait plus dans l’Océan. Sa queue de sirène ne lui avait que rarement servi et elle avait très bien vécu sans la ressentir. Tout cela appartenait à un passé précieux, mais à un passé quand même, et elle était prête à fermer définitivement la porte sur ce passé pour accomplir sa Destinée.


« Veux-tu encore perdre ta condition à jamais ? » Fuzâil la regardait froidement. Lully sécha ses pleurs et se releva avec difficulté. Alors c’était ça, l’épreuve ? Persévérer, même après avoir vécu le plus grand désavantage de son changement de race ? Cela lui semblait une épreuve logique, bien que cruelle, et elle était fière de la réussir sans aucune hésitation. Lully s’approcha de l’Esprit et déclara : « Oui. »
Mots: 832
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 12 Avr 2015, 14:04

Une fois de plus, l’Esprit fut satisfait de sa réponse. C’était la deuxième épreuve que son sujet réussissait haut la main. Lully souriait de toutes ses dents, désormais : la sensation de sa noyade s’éloignait d’elle à mesure qu’elle respirait, et la peur avec. La sirène pensa vaguement à Olaf qui lui demanderait avidement de raconter tout cela, et elle s’imagina en train de se vanter auprès de lui. Il serait tellement fier ! Et pourrait-elle rapporter sa toile avec elle ? Elle se voyait déjà pavaner devant eux avec ses oreilles pointues. Fuzâil sembla remarquer ses divagations, puisqu’elle s’éclaircit la gorge et reprit, de son ton impassible : « Il me reste une chose à déterminer, alors. J’ai compris le pourquoi du comment. Je sais que tu es sincère à propos de ça. Mais il y a quelque chose qu’aucune de nous de savons. C’est ton potentiel. » Ce dernier mot coupa court au sentiment de fierté qui enveloppait Lully. Comment ça, son potentiel ? Bien sûr qu’elle l’avait ! Elle ne serait pas venue au Temple si elle ne l’avait pas. Vexée, elle lui répondit : « Je ne serais pas arrivée jusque-là si… » « Veux-tu réellement remettre ma parole en doute ? » Une fois de plus, son calme et son impassibilité firent froid dans le dos à Lully. Elle se rappela de tout le pouvoir qu’elle avait sur sa personne. Et soudain, elle eût l’impression de n’être qu’un moucheron à côté d’elle. C’eût l’effet d’une douche froide pour elle. « Non, Esprit. » Cette dernière hocha la tête, en signe d’approbation, puis s’éloigna lentement vers le siège où elle trônait. Cela donna du temps à Lully pour se préparer pour sa dernière épreuve.

Le cœur de Lully battait à tout rompre. Cette épreuve allait déterminer son Destin. C’était comme si elle avait gravi chaque marche, la suivante étant toujours plus haute que la précédente : cette fois, c’était la dernière à gravir. La sirène pouvait presque voir ce qu’il se trouvait derrière : Drosera, la ville pour laquelle son cœur battait depuis qu’elle y avait mis les pieds. Cette ville qui l’obsédait, avec ses artistes uniques au monde, ses citoyens distingués et cette bataille d’ambitions croisées qui ne finissait jamais. Elle était proche de son but, mais en même temps jamais aussi éloignée. Car elle ne savait pas si son corps et son esprit pouvaient supporter une dernière épreuve. Elle était tellement épuisée par son voyage puis par Fuzâil qu’elle n’avait qu’une envie : sombrer dans un sommeil lourd, oublier la douleur qui la tiraillait dans tous les membres de son corps. Lully n’avait jamais été aussi épuisée. Si elle ne s’était pas attendue à une partie de plaisir pour changer de race, elle n’avait pas pensé avoir tant de difficultés… mais il n’était plus le temps d’appréhender la chose, car elle allait arriver. Pour la troisième fois, la pièce dans laquelle se trouvaient Lully et Fuzâil disparut, et soudain, la sirène fut projetée dans un autre univers.


Une fois de plus, elle se trouvait dans l’Océan ; mais elle avait bien sa queue de poisson et aucun mal pour respirer. Ouf. Néanmoins, Lully fut de moins en moins rassurée en voyant tout ce qui se construisait autour d’elle : elle avait l’impression de reconnaître un certain lieu de son passé. Plus les formes se dessinaient, plus cette impression se confirmait ; mais elle niait ce sentiment, car elle ne voulait pas y croire. Elle ne voulait pas croire que l’Esprit aie fait preuve d’autant de cruauté envers elle. La sirène avait son poignard dans la main et elle se trouvait dans la seule maison qu’elle aie jamais eu. Celle qu’elle avait partagé avec son mari. Celle qu’elle avait intégré comme une jeune mariée, et quitté comme une assassine. Déjà, une envie irrémédiable assombrissait son esprit : abandonner. Lully voulait partir et oublier tout cela ; elle y avait déjà bien assez fait face à la Prison. Pourquoi toujours la ramener à cette époque de sa vie ? « …ma plus grande faiblesse. » C’est ce qu’elle murmura quand son mari apparut, juste en face d’elle. Derrière lui trônait un Dahlia, symbole qu’elle-même avait utilisé pour sa première épreuve : mais pour l’atteindre, Lully devait contourner ce dernier. Elle tenta d’aller vers la fleur, mais il l’en empêcha. Alors, elle comprit le but de l’épreuve, ce qui la paralysa d’effroi. Elle devrait tuer une seconde fois son mari si elle voulait atteindre son changement de race. Cette dernière approcha son poignard du fantôme de son passé. Elle voyait son cœur à quelques centimètres de lui. Il n’essayait pas de se défendre ; il la regardait comme il l’avait toujours fait. D’une façon qui bouleversait la sirène. Jamais son souvenir ne lui était apparu si précisément. Alors, la sirène tenta de le faire. Elle tenta de le pousser, d’utiliser son invisibilité, mais rien n’y faisait : il bloquait toutes ses tentatives. « Pourquoi tu me fais ça ? » Finit-elle par lâcher. Mais il ne lui répondait pas. Alors, emportée par un tourbillon d’émotions ; la colère, la tristesse, la frustration ? Peut-être était-ce tout ça en même temps ; Lully jeta son arme au loin et alla se recroqueviller. Elle réfléchit longuement, ne pouvant tourner sa tête vers l’objet de son épreuve. Puis, sa décision, infiniment douloureuse, fut prise. C’était au-dessus de ses forces. Lully ne pouvait pas le faire. « J’abandonne », chuchota-t-elle. Et tout disparut.
Mots : 912.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 12 Avr 2015, 14:06

« Tu as échoué ». Cette affirmation brisa le cœur de Lully. Elle s’effondra en pleurs, en lâchant son couteau. Tout était perdu. Elle avait fait tout cela pour rien, et elle serait enchaînée à sa nature originelle pour le restant de sa vie. Ses chances étaient épuisées. Assise sur le sol glacé, elle s’attendit à être rejetée du Temple comme une intruse. Mais il n’en fut rien ; au bout d’un moment, elle regarda Fuzâil avec curiosité. Cette dernière était dans une profonde réflexion. Puis, elle finit par parler. « Mais c’était ce que je voulais. » Lully releva la tête, ses yeux bouffis à cause des larmes. Elle en avait versé beaucoup, aujourd’hui. Quand cela aurait une fin ? « Vous souhaitiez mon échec depuis le début ? » Lully avait envie de tuer l’Esprit, de la tuer pour tout ce qu’elle lui faisait endurer depuis le début. Alors, c’était ça. Elle avait juste voulu s’amuser avec elle… elle avait dû bien rigoler, en tous cas. « Je ne souhaitais pas que tu renies ce qui est le plus important pour toi. J’ai vu que tu n’étais pas prête à faire n’importe quel sacrifice. D’autres Esprits n’auraient peut-être pas apprécié, mais moi, si. » La sirène ne comprenait plus rien. D’abord, on lui disait de tout donner et après, qu’il ne fallait pas tout donner ? Pourquoi c’était si compliqué… ? Mais est-ce qu’elle avait réussi, du coup ? Elle n’en savait rien. Elle avait une tonne de questions à poser à Fuzâil. Mais avant qu’elle ait pu ouvrir la bouche, tout disparut autour d’elle et cette fois, Lully venait de se retrouver dans un lieu qu’elle n’arrivait pas à reconnaître. Peut-être n’existait-il tout simplement pas dans les Terres du Yin et du Yang. Elle était au milieu d’une infinie étendue de glace, seules les grottes perturbant le relief lisse de la terre. Bien qu’elle ne ressente aucune sensation, elle devina qu’il devait faire un froid insoutenable ; le vent glacial transportait à toute vitesse des particules de glace qui troublaient l’horizon. Cette dernière voulut marcher, mais ses pieds restèrent collés à la glace. Elle les fixa sans comprendre puis pensa que c’était certainement un des paramètres choisis par Fuzâil. Pour l’instant, elle ne pouvait rien faire. Alors, Lully attendit patiemment que quelque chose change, qu’elle soit amenée à exécuter une mission.

Puis, enfin, quelque chose se produisit. Une silhouette se dessina petit à petit à travers le blizzard, à sa gauche. Et à sa droite, c’était la même chose. Lully attendit impatiemment de les reconnaître ; et à mesure qu’elles s’approchaient, leur race devenait de plus en plus évidente. Il s’agissait d’un ondin et d’un alfar, évidemment. Les deux portaient des vêtements qui témoignaient de leur appartenance aux hautes sphères de leur société, même si Lully ne parvenait pas à les reconnaître réellement. Ces derniers s’arrêtèrent à un mètre de Lully, l’un en face de l’autre. Ils l’ignoraient, comme si elle faisait simplement partie du paysage… ou qu’elle n’existait tout simplement pas. Puis, ils commencèrent à se parler avec de plus en plus d’animation ; c’était une dispute, mais une dispute politique. La sirène n’arrivait pas à comprendre ce qu’ils disaient. Quel était l’objet de leur désaccord ? Et que devait-elle faire, dans tout ça ? Modérer leur dispute ? Les tuer tous les deux ? Ou juste rester là et attendre que quelque chose d’autre se produise ? Lully n’en savait rien, mais elle savait que dans tous les cas, ce serait quelque chose de difficile : pour cette épreuve –qui était certainement l’épreuve finale, l’Esprit aurait certainement mis la barre très haut. D’autant plus qu’il s’agissait d’une seconde chance pour elle, ou telle en était son impression.

Finalement, la dispute des deux hommes politiques prit un nouveau tournant quand l’ondin dégaina son trident. En réponse, l’alfar dégaina deux épées, et les deux s’engagèrent dans une lutte sans fin. Lully était de plus en plus désemparée, à voir les deux s’entretuer sans rien pouvoir faire. Puis, elle comprit : l’Esprit voulait qu’elle choisisse un camp. Quand elle le comprit, la glace abandonna son emprise autour des pieds de Lully, qui fut libérée de ses mouvements. Un arc apparut en face d’elle, et elle s’en empara aussitôt. Elle n’avait jamais tenu un arc de sa vie, mais dans ce monde créé par l’Esprit, elle le maîtrisait comme nulle autre arme. Si elle visait l’un des deux protagonistes, elle ne raterait pas sa cible. Soudain, l’alfar perça la cuisse de l’ondin. Ce dernier tomba mais évita un énième coup de l’alfar et en se retournant, le toucha légèrement à la tête. Si Lully ne se décidait pas assez vite, les deux finiraient par s’entretuer sous ses yeux. Sachant exactement ce qu’il lui restait à faire, elle dirigea l’arc vers l’ondin. Elle suivait ses mouvements, sa flèche mortelle prête à être décochée ; mais elle n’y arrivait pas. Un lointain sentiment de patriotisme l’en empêchait. Mais soudain, le regard de l’alfar rencontra le sien, et elle y vit la reconnaissance qui s’y logeait. L’inconnu la considérait comme l’une des leurs. Comme une alfar, et non comme une sirène. Et Lully, comment se considérait-elle ? A son tour, l’ondin croisa son regard. Mais au moment où il le croisa, une flèche lui perça le cœur et il tomba à la renverse en criant. Lully baissa son arc, se sentant à la fois coupable et fière. Il était trop tôt pour qu’elle puisse se détacher de son peuple natif… le cri de l’ondin résonnait dans son esprit comme un écho de culpabilité. Mais dans l’urgence, elle avait réussi à choisir le bon camp
.
Mots : 942.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 12 Avr 2015, 14:12

Encore une fois, tout changea et Lully se retrouva dans la pièce du Temple des Esprits. Elle avait l’impression d’avoir voyagé absolument partout, mais elle savait que tout n’était qu’illusions et qu’en définitive, elle n’avait jamais quitté la pièce. C’était une sensation étrange ; elle avait l’impression d’être une poupée victime du tourbillon de magie de l’Esprit. Mais tout cela lui avait appris énormément. Alors, sans attendre le verdict de Fuzâil, elle marmonna sans la regarder : « Merci. » L’Esprit attendit qu’elle se risqua à la regarder dans les yeux avant de lui répondre. Quand leurs regards se croisèrent, Lully crut déceler une étincelle dans les yeux de son interlocutrice/formatrice/bienfaitrice, ou peu importe le titre qu’elle pouvait lui donner. « La loyauté est une notion fondamentale pour les alfars. Si tu faillis à cela, ils ne l’oublieront jamais, sache-le. » Lully le savait depuis qu’elle s’était renseignée sur cette race, mais au moment où l’Esprit le lui rappela, elle eût l’impression de le comprendre réellement pour la première fois. Elle comprenait surtout ce que cela impliquait vraiment. C’était difficile, d’autant plus que c’était une chose qui avait été absente de sa vie pendant bien longtemps. Mais cela faisait partie des choses de la vie qu’elle découvrait petit à petit, et c’étaient des sacrifices qui ne lui déplaisaient pas tant que ça. A chacun d’eux, elle avait l’impression de gagner en valeur et en amour propre. Elle avait besoin d’une ligne de conduite, et la trouvait dans la société des alfars.

« Ma décision est prise, donc. Veux-tu toujours changer d’essence ? Sais-tu si tu parviendras à en prendre les conséquences ? » C’était une question tellement solennelle, qui impliquait tellement de choses, que Lully en perdit la voix. Son accord scellerait son Destin. Alors elle se contenta de hocher la tête. Cela sembla la satisfaire. Et désormais, c’était le moment fatidique qui devait arriver : la transformation. Une fois de plus, cette dernière prit bien le temps avant de la commencer : elle se concentra, certainement pour rassembler sa magie. Et Lully, future victime de ses pouvoirs incommensurables attendait son sort venir. Elle anticipait la douleur avec une appréhension qui lui nouait la gorge et retournait ses tripes. Elle était certaine de souffrir comme elle n’avait jamais souffert : comment la transformation de tout un corps, et de toute son essence, pouvait se faire sans douleur ? L’Esprit se donnerait-elle-même la peine de réduire cette douleur ? Après tout, elle avait beau être juste, elle était tout autant cruelle.

Fuzâil rouvrit les yeux, prête. Puis, elle fit un mouvement de la main vers un coin de la pièce, et soudain, Lully y fut projetée contre le sol, ou du moins en eût-elle l’impression, car elle ressentit une douleur dans le dos qui se propagea à une vitesse folle dans son corps tout entier, lui faisant perdre la notion de toute réalité. La sirène ferma les yeux et plaqua ses mains sur sa tête en se recroquevillant. Elle avait mal partout, et cette douleur entière semblait se répercuter sous sa tempe. C’était comme un fourmillement qui s’était petit à petit transformé en choc électrique. Cela se répercutait dans chaque parcelle de son corps, mais le flux le plus important de toute cette douleur semblait passer de ses pieds jusqu’à sa tête, dans une lenteur atroce. Trop de magie coulait en elle ; tout son corps tentait de la rejeter, comme s’il s’agissait d’une maladie. Lully ne sut pas si elle cria ou si elle pleura. Elle ne sut pas combien de temps cela dura. Mais quand ce fut fini, elle eût l’impression de revenir d’une centaine de morts différentes.

Elle eût besoin d’un moment pour se remettre de sa douleur. Elle aurait aimé rester allongée sur le sol froid pendant des jours entiers, mais le regard insistant de l’Esprit lui rappelait sans cesse à la réalité. Finalement, elle ne sut comment, mais elle finit par se relever en position assise. Entre le chemin pour aller au Temple, les épreuves et maintenant, le pire de tout, ça… tout cela en faisait trop pour elle. Si elle devait aujourd’hui puiser jusqu’au bout de ses ressources, elle savait qu’elle mettrait des jours à s’en remettre en sortant d’ici. Lully regardait ses mains fixement
. « C… combien de temps ? » L’Esprit se rapprocha d’elle et lui tendit sa main. Elle la saisit et se tint debout avec peine. « Peu importe, Lully. Ce qui importe, c’est que c’est fini. C’est fait. »
Mots: 749
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 12 Avr 2015, 14:16

Un miroir apparut. Lully s’avança en titubant jusqu’à celui-ci, posté à l’autre bout de la pièce –décidément, Fuzâil aimait jouer avec elle… . Par pur réflexe, quand son reflet apparut dans la glace, son regard se dirigea vers ses oreilles : elles étaient pointues et dépassaient de ses cheveux, dont la couleur s’était légèrement teintée de brun. Curieuse, elle toucha les pointes, en s’attendant à avoir mal ou à ce qu’elles coupent, mais il n’en était rien. Il s’agissait simplement d’un bout de peau étendu. Néanmoins, son ouïe s’en trouvait changée, car elle avait l’impression d’entendre avec plus de subtilité le bruit qui l’entourait. Ensuite, son regard se dirigea vers son visage. Son teint avait perdu de la pâleur. Il était légèrement hâlé et des tâches de rousseur étaient apparues. Pour le reste, rien n’avait changé : ses traits restaient les mêmes. Elle se reconnaissait tout en acceptant avec joie ses changements physiques. Puis, son regard s’abaissa sur sa silhouette. Elle gardait la même taille, le même poids, mais elle avait l’impression que sa morphologie avait imperceptiblement changé. C’était un sentiment vague, mais agréable. Mais ce qui la perturbait le plus, c’était sa couleur de peau et ses cheveux qui étaient devenus plus sombres… à vrai dire, appart pour les oreilles, elle n’aurait pas pensé que son physique aurait changé autant.

Mais Lully avait rêvé de ce moment toutes les nuits depuis que cette idée avait pris place dans sa vie. Et maintenant qu’elle y était parvenue, cela lui semblait encore mieux que ce qu’elle avait pu imaginer.
« Je suis belle. » Soudain, Fuzâil éclata de rire. Visiblement, elle ne s’était pas attendue à cette réaction de la part de Lully. Elle fit disparaître le miroir d’un simple regard puis descendit de son piédestal, se postant au niveau de l’alfar nouvellement née. Pour la première fois, Lully n’avait pas besoin de lever la tête pour la regarder. « Tu es maintenant une alfar. Puisse-tu t’élever et trouver ton chemin parmi ce peuple. Je te surveillerai. » Lully crut percevoir une once de bienveillance maternelle dans cette phrase. Ce n’était sûrement pas l’intention de l’Esprit qui avait d’autres chats à fouetter, mais elle voulait l’interpréter comme ça. Cela la rassurait : elle aurait l’impression que pour les épreuves qui l’attendaient, elle pourrait l’aider en cas de besoin ou la punir en cas de mauvaise action de sa part. C’était curieusement rassurant.

« Merci… encore », souffla l’alfar. La gratitude n’était pas son fort, mais elle prenait de plus en plus de place dans sa vie, dernièrement. Elle commençait presque à s’y habituer. Sans répondre, Fuzâil retourna sur son piédestal. Lully perçut l’ombre d’un sourire de sa part, mais son expression redevint soudain froide comme une statue. Elle comprit qu’il était temps de partir, alors elle se dirigea vers la sortie mais soudain, la pièce disparut encore de son champ de vision… et elle s’évanouit simplement.

Quand elle se réveilla, Lully était dans une chambre confortable, mieux fournie que toutes les auberges où elle avait pu passer ses nuits. A son chevet était Olaf. Ses yeux rouges étaient remplis d’inquiétude et quand elle tourna sa tête vers lui, son expression s’illumina.
« Tu es réveillée, bon sang ! » Lully cligna des yeux et se releva à moitié. « Tu es magnifique en tant qu’alfar. On s’inquiétait et on veut savoir ce qu’il s’est passé. Alviss ne le dit pas, mais il est curieux, lui aussi. » « Waow, ne me parle pas aussi vite. Où on est, d’abord ? » La jeune peintre tentait de reconnaître l’endroit, mais elle n’y parvenait pas. Alors, le vampire désigna la fenêtre d’où perçaient les rayons matinaux du soleil. Lully remarqua aussitôt la toile qui était encadrée près de cette fenêtre : c’était celle qu’elle avait peint lors de sa première épreuve. Malgré la fatigue, elle sourit. Puis, avec difficulté, l’alfar se leva et se dirigea vers la fenêtre. Devant elle se tenait une énorme place où un marché se préparait. Elle reconnut tout de suite la ville où elle était. C’était Drosera.

Son nouveau chez soi.


Mots: 683
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

L'abandon d'une peau d'écailles [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Q] - Sous la peau | Solo
» [VI] - La peau de l'ours [Zane]
» [EVENT solo Partie IV - solo] Rétablir un semblant de vie
» Changement de peau [PV Zane Azmog]
» Courage ! Fuyons et Sauvons notre Peau ! | Event partie III, mission I [PV ~ Kain Aodhàn]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Mystérieux - Nord :: Plaines sauvages-