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 [Coupe des Nations] - Le dilemme des justiciers

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 07 Avr 2019, 20:47

Le dilemme des justiciers


Crédit : Cambiel, Angel of Aquarius by Peter Mohrbacher

Musique

Il avait à peine mis le pied à l’intérieur du Cercle de Combat que son corps, dans son intégralité, se paralysa. Son regard, braqué sur la silhouette de son adversaire, était fixe, incrédule, et son Garde dû le sortir de sa transe en lui administrant quelques tapes sur le dessus de son épaule. Aussitôt, le participant se permit de cligner des yeux, se permit d’observer l’endroit qui l’entourait, croisant les regards d’une centaine de spectateurs qui l’accueilli à grands éclats de vivats. C’était son heure de gloire, c’était sa victoire et le public l’encourageait de toutes ses forces, comme l’on se serait attendu au début d’un tel duel. Cependant, inévitablement, ses iris se posèrent de nouveau sur la nuque de son opposant, qui n’avait guère daigné lui accorder ne serait-ce qu’un minimum d’attention.

« C’est à votre tour. Avancez », lui dicta, d’une voix douce et évasive, l’Ailée chargée de sa surveillance, sans véritablement se préoccuper de l’étrange expression qui défigurait son faciès.

Mais s’il sembla s’approcher du centre à contrecœur, il était possible de distinguer l’éclat qui brûlait au fond de ses yeux. Rage. Colère. Mépris. Souffrance. Tous ceux qui portaient un intérêt particulier à sa personne pouvait le constater : un torrent d’émotions marquait chacun de ses traits d’une ignoble et irritable violence. Mais le jeune homme se restreignait, tentait de modérer son agressivité alors même que son regard finit par attraper celui du second duelliste. Les deux combattants se dévisagèrent et, finalement, l’adversaire étira un sourire à l’attention du concurrent. Quelques mots furent échangés entre eux, mais rien qui ne puissent être perçus par la foule qui s’excitait devant ce premier affrontement de la journée. C’était aujourd’hui, l’Épreuve angélique. C’était aujourd’hui que les élus devront prouver leur Force et leur Foi devant les Dieux et les yeux du Juge qui, assis sur le banc qui lui faisait office de trône, surplombait le Cercle de Combat et les estrades de par la hauteur de son siège. Le Juge était droit, grand, ses yeux d’une couleur translucide ne se détachant des silhouettes des combattants. Il se leva alors, les clameurs de la foule s’éteignant du même fait, progressivement.

« Bienvenue à vous, chers combattants. Et à vous aussi, hommes et femmes de toutes nations! Nous sommes tous heureux, aujourd’hui, de vous accueillir à l’Épreuve des Anges dans le cadre de la Coupe des Nations, s’exclama-t-il, le public répondant par des applaudissements. Exceptionnellement, pour vous, honorables spectateurs, je vous expliquerais en quoi consiste cette Épreuve tandis que nos deux combattants, ici présents, se prépareront pour leur duel. »

Pendant ce temps, on apportait au centre du Cercle de Combat une panoplie d’armes et d’équipements pour les duellistes qui finirent par se détourner l’un de l’autre pour s’armer. Le concurrent tremblait, mais nous ne serions dire s’il s’agissait d’excitation, de peur ou bien de colère.

« Il s’agit d’un duel où tous les coups, où toutes les armes sont permis. Puisque nous ne désirons restreindre qui que ce soit dans sa puissance ou sa créativité, nous nous sommes assurés de vous protégez, chers spectateurs, à l’aide d’une puissante barrière magique qui vous sépare du Cercle de Combat. Alors ne craignez rien, vous pourrez observer, sans danger, l’échange entre les participants. »

Le regard du Juge, alors, descendit vers ces derniers.

« Les combattants ont déjà été informés de leur Épreuve et savent, par conséquent, ce qui les attendent ci-bas, poursuivait-il sur un ton détaché, mais qui se voulait légèrement sombre, sinistre, comme pour mettre en évidence tout le sérieux du défi. Ils devront combattre pour leur Vie. Car, en fonction de leurs performances, il me faudra juger de leur mérite quant à celle-ci. »

Aussitôt, la foule sembla se refroidir, comme malaisée, comme incertaine, fixant du coin de l’œil l’ombre des combattants qui se tenaient, désormais, face-à-face, prêts à en découdre. Le visage du participant était tordu, terrible, la jointure de ses doigts ayant blanchit tant il serrait fortement le manche de l’épée qu’il s’était choisi. Il trépignait, mais se restreignait. Encore. Et encore. Tout ce qu’il attendait, c’était qu’on lui donne la permission de commencer à se battre. Mais en voyant cela, les spectateurs se mirent alors à sourire doucement, comme s’ils venaient de comprendre en quoi consistait véritablement l’Épreuve angélique. Dès lors, ils se détendirent, le Juge leur adressant un grand sourire.

« Seuls les plus méritants gagneront. Seuls ceux qui parviendront à faire fi de la malice et de leur Colère gagneront. Nos concurrents le savent parfaitement. »

Du moins, ils croyaient le savoir.

« Que la Force des Sept vous guide et vous protège. À présent, l’Épreuve des Anges peut commencer! »

Et le premier choc entre les lames retentit dans toute la zone, relançant les acclamations de la foule qui scandait le nom des duellistes.


798 mots


Explications


Bonjour/Bonsoir ♪

Les participants ont été convoqués sur les Terres du Lac Bleu, où ils ont été accostés par des gardes angéliques. Après leur avoir montré la preuve de leur participation, vos personnages ont été téléportés par ces Anges dans des chambres individuelles où attendait un Garde. Grossièrement, ces Gardes se sont relayés et occupés des participants vingt-quatre heures sur vingt-quatre jusqu’au jour de l’Épreuve en les surveillant, en leur donnant à manger voire même, pour les représentants de peuples alliés, neutres ou bénéfiques, en les guidant à travers les Jardins pour leur faire visiter les lieux. Comme vous pourrez le comprendre, chaque participant est traité différemment selon son affiliation et de la bonne entente entre son peuple et celui des Anges. Par conséquent, il se peut que votre personnage ait été traité de la plus belle des manières (par exemple, pour le représentant des Magiciens) comme de la plus horrible (comme on pourrait s’attendre de la situation du représentant des Démons) : à vous d’illustrer cela, si ça vous chante, mais rester néanmoins cohérent avec le contexte de votre race et de celle des Anges ^0^

Bref, passons à l’Épreuve maintenant!

Déroulement de l'épreuve des Anges :  le jour de l’Épreuve, les participants seront téléportés jusqu’au Cercle de Combat, un grand espace à ciel-ouvert que l’on a délimité par des estrades pour que les spectateurs puissent admirer l’Épreuve et encourager les participants. Seulement, parmi ces estrades se trouve un siège unique, plus élevé, où se trouve le Juge.

Du coup, voyez cette Épreuve comme une sorte de duel de gladiateurs dans la Rome Antique. Les participants attendront dans leur chambre jusqu’à ce que, chacun leur tour, leur Garde vienne les chercher pour leur épreuve. L’Ange les téléportera directement dans le Cercle de Combat où votre personnage prendra connaissance de son adversaire : il s’agira du pire ennemi de ce dernier ou bien d’un ennemi de son peuple. Dans tous les cas, il faut que cet adversaire soit haï, mais vraiment haï, par votre personnage (au point où il serait prêt à le tuer sans aucune pitié). Du coup, il peut s’agir d’un Sorcier pour les Orishas et/ou les Magiciens, d’un Ange ou d’un Démon pour les Réprouvés, de l’homme qui aurait été votre bourreau, bref, à vous de l’imaginer ♪ Cependant, cet adversaire qui vous fera face ne sera pas réel : il s’agira plutôt d’un pantin qui se meut à l’aide de la Magie angélique (comme ça, le pantin de Mancy ne va pas s’effondrer dès qu’elle arrivera dans le Cercle xD) et qui aura exactement les mêmes traits que votre némésis, au point où vous croirez qu’il s’agit bel et bien de la vraie personne. Cependant, il aura les mêmes capacités et puissance que votre personnage. Le but n’étant pas que vous perdiez, le pantin s’ajustera selon votre niveau afin que vous puissiez le surpasser, mais ce sera discret : il sera quand même ardu de le mettre à terre =)

De ce fait, vous combattrez votre némésis. La Magie est autorisée tout comme les armes, qui vous seront fournies en début de combat, si désiré. Il n’y a pas vraiment de règlement à l’intérieur du Cercle, à l’exception d’une règle : ne pas tuer son adversaire. Du moins, pas tout de suite, étant donné que ce sera au Juge de décider si votre ennemi devra mourir ou non. Mais, dans tous les cas, étant donné qu’il s’agira toujours du némésis qui perdra, le Juge choisira toujours la mort pour ces derniers et votre personnage sera donc confronté à un choix : tuer le némésis ou l’épargner?

Comment réussir l'épreuve? : on pourrait s’attendre à ce que les participants doivent pardonner leur némésis étant donné qu’il s’agit de l’Épreuve angélique, mais il n’en sera rien, et plusieurs participants, d’ailleurs, tomberont dans le panneau. Parce que, oui, les représentants devront tuer leur ennemi. Cependant, il y a une condition à cette dernière action : ils ne devront pas tuer l’ennemi sous le coup de la colère, de la haine, de la vengeance ou de tout autre sentiment personnel pouvant écarter leur bon jugement, sinon, ils perdront l’Épreuve. Effectivement, le seul moyen de gagner cette Épreuve sera de tuer l’adversaire en gardant à l’esprit qu’on le tue afin de préserver l’humanité, pour le Bien et pour éviter, à l’avenir, que l’ennemi récidive. En résumé, votre personnage devra mettre de côté sa subjectivité pour abattre la sentence selon les préceptes d’une justice impartiale et désintéressée, ce qui ne sera pas facile, sachant que le pantin, représentant l’adversaire de votre personnage, ressemble trait pour trait à un antagoniste détesté par ce dernier.

Du coup, si le participant tue son adversaire selon ces derniers principes, il réussit l’Épreuve.
Si le participant ne tue pas son adversaire, malgré ce qu’en a décidé le Juge, il perd l’Épreuve.
Si le participant tue son adversaire selon sa subjectivité, comme dit précédemment, il perdra l’Épreuve, mais il subira, en plus, le châtiment de son adversaire, c’est-à-dire, la « mort », qui va se caractérisée par une puissante et intolérable douleur à l’endroit où le participant aura donné le coup de grâce à son opposant. Peu à peu, il se sentira « mourir » jusqu’à s’évanouir. Ne vous en faîtes pas, il ne s’agira pas d’une vraie mort, mais votre personnage pensera que oui, jusqu’à ce qu’il se réveille dans sa chambre ^^

Impact dans la zone : aucun. Toutefois, des chambres ont été spécialement aménagées pour les candidats afin qu’ils soient confortablement et relativement bien installés. Ces chambres sont à l’intérieur des Jardins, bien gardés par des militaires angéliques, et ne sont pas ouvertes au grand public. Également, en raison de la notoriété de l’événement ainsi que d’un contexte particulièrement agité (la mort d’Asriel, la disparition du futur Apakan, le fameux « assassins des Souverains », bref, c’est un peu le bordel, vous en conviendrez xD), les frontières et l’intérieur des Terres ont connu une hausse de la surveillance par les militaires. Cela étant dit, malgré l’accroissement de la surveillance, l’activité bat son plein dans les Jardins : un Événement suivra bientôt ce sujet afin de pouvoir laisser les joueurs, non-inscrits à la compétition, participer à la vie de la Coupe des Nations.

Candidats PJs : Ragnar Saälm Taiji (Chaman), Kyra Lemingway (Déchu), Angus O’Neil (Lyrienn), Mancinia Leenhardt (Humain) et Anîhl Kril’Gona (Réprouvé). Les inscriptions ne sont pas encore fermées, alors si vous désirez participer à l’Épreuve, vous pouvez aller vous inscrire sur ce sujet.

Candidats PNJs : soit ils réussissent l’Épreuve, soit ils l’échouent, mais ça n’a pas vraiment d’importance, étant donné que vous ne pourrez pas interagir entre vous. Chaque participant reste dans sa chambre jusqu’à ce que vienne son tour, et toutes les chambres sont surveillées par les Gardes pour éviter quoi que ce soit. Bref, aucun contact le jour de l’Épreuve entre participant et si quelqu’un tente quelque chose, c’est l’élimination directe.

Par ailleurs, aucun candidat n’a été choisis à la suite d’une intervention divine : les Souverains ont choisi d’eux-mêmes leur représentant pour l’Épreuve ♪

Durée du rp : Trois mois. Les inscrits auront donc jusqu'au 07/07/2019 pour poster.
Message : Un message unique entre 900 et 3 000 mots.

Bonne chance tout le monde! nastae


It's a little price to pay for salvation
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Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
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Kitoe
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Kitoe
Mer 08 Mai 2019, 19:12

Kitoe & Lena Idael (picture here)1771 mots
Le dilemme des justiciers
Lia sautait sur le lit depuis maintenant un bon quart d’heure, tout en faisant la moue. C’était nul. Il rebondissait vraiment mal, ce qui voulait dire qu’il n’était pas confortable – car selon elle, c’était LE critère de choix. Mais bon. Chez les Anges, il ne fallait pas s’étonner. Jardin de Jhen devrait être synonyme de Chiantville, donc normal que même les lits n’y fussent pas drôles. Mais alors, dans ce cas, pourquoi s’obstinait-elle à vouloir sauter dessus, alors qu’aucun espoir d’amélioration n’était possible ? Parce qu’elle n’avait que ça à faire. Il n’y avait rien d’autre dans cette chambre. On avait condamné la détestable créature qu’elle était à l’ennui le plus mortel auquel elle n’avait jamais eu à faire face. Combien de temps est-ce qu’on allait encore la laisser là, tel un rongeur en cage ? Déjà qu’elle ignorait depuis quand elle était enfermée ici... Lia émit une sorte de grondement pour exprimer son mécontentement. Il était temps qu’il vienne, cet Ange tout pourri qui gardait sa porte. Ça lui ferait du divertissement. Et puis, elle avait faim, elle ! A ce moment-là, un cliquetis retentit et la porte s’ouvrit en silence.

-Ah ! Enfin ! C’est pas trop tôt ! Et j’espère que c’est pas de la purée comme l’autre fois, parce qu’elle était vraiment dégueu ! En plus y’en n’avait pas beaucoup…

-Kitoe Idael. L’épreuve va commencer. S’enquit de déclarer froidement le garde, ignorant les remarques futiles de la gamine.

A l’entente de son nom, Kitoe remplaça Lia. Elle comptait s’approcher de l’Ange pour lui sortir un « Ne m’appelle plus jamais comme ça » des plus stylés et effrayants, mais fut téléportée avant même avoir pu descendre du lit.

*

Les cris transcendants de la foule et la forte lumière accueillirent la Démone. Elle plaça son bras devant ses yeux pour les protéger, le temps de s’habituer, puis détailla l’arène. Franchement, c’était les Dieux qui avaient décidé de sa présence ici ? Un combat chez les Anges. C’était drôle quand on y pensait. Les Aetheri avaient de l’humour. Restait plus qu’à voir qui elle allait devoir affronter. Tout ce qu’on lui avait dit, c’était qu’elle détesterait la personne qu’elle aurait en face d’elle. Ni plus, ni moins. Pour combler ses longs moments d’attente, Kitoe avait tenté de deviner de qui il pourrait bien s’agir. Un compatriote à qui elle avait oublié toute la haine qu’elle lui portait ? Un Ange ? Une personne lambda qu’elle détesterait dès le premier regard ?

-Maman ?! S’écria-t-elle.

Toki ne lui avait-elle pas dit qu’elle était morte, celle-là ? Elle ne lui aurait quand-même pas menti ? Kitoe en doutait fort. Son Reflet lui avait annoncé cela en tant qu’Ange, et il n’y aurait eu aucun intérêt à le faire. Kitoe ne se serait pas embêtée à aller les tuer s’ils avaient toujours été en vie. Sinon, elle l’aurait déjà fait depuis longtemps. Elle n’en avait plus rien à foutre de ses parents.

-K… Kitoe ?

A vrai dire, Kitoe aurait justement préféré se battre contre Toki ange. Ça, c’était quelqu’un qu’elle détestait vraiment. Néanmoins, elle savait que c’était parfaitement impossible. Son double était resté à la maison, et surtout, elle savait qu’elle n’aurait pas repris sa forme d’antan. Surtout pas pour cette occasion. Cela n’en restait pas moins dommage. Ça aurait pu être drôle. Plus drôle, en tout cas, que de se retrouver face à Lena Idael. La Démone détailla cette femme qu’elle n’avait plus vue depuis des lustres. Elles s’étaient beaucoup ressemblées, en fait. Mise à part pour les cheveux et le caractère, elles auraient pu être clones l’une de l’autre. Maintenant, il semblait inconcevable qu’une femme aux traits si doux ait pu donner vie à la vision morbide et répugnante qui se tenait au milieu de l’arène. La surprise sur le visage de Kitoe avait disparu pour laisser place à l’impassibilité, puis à une tension légère. Lena, elle, laissait transparaître une profonde tristesse, mêlée à une lourde déception. Le silence était imposant. L’Ange savait que c’était à elle de le briser, mais n’osait pas. Pas tout de suite. Gardant son adversaire dans son champ de vision, elle alla choisir ses armes : un glaive et un bouclier. Pas étonnant. C’était ce qu’elle maniait le mieux. C’était ce qu’elle avait légué à sa fille avant que celle-ci n’entame sa descente aux Enfers, littéralement. Cependant, Lena n’était pas au courant de grand-chose. Le choc de voir sa fille avec cette aura n’en était que plus violent. Les larmes qu’elle tentait de retenir depuis le début de leur rencontre dévalèrent ses joues.

-Qu’est-ce que tu as fait, Kitoe ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi...

-Oh, la ferme !

Tel un fauve prenant sa proie en chasse, Kitoe s’élança. Sa bouche était entrouverte, montrant ses dents pointues, prête à mordre. Ses mains griffues n’attendaient que de se planter dans la chair de cette femme, dont elle avait oublié à quel point elle pouvait être agaçante. Mais à la place d’une masse chaude et tendre, elle rencontra un objet rigide et froid. Kitoe se prit le bouclier en plein dans la gueule et tomba par terre. Elle était un peu sonnée, mais continuait de s’agiter. Elle rampa, tendit les bras pour s’accrocher aux chevilles de Lena.

-Tu veux savoir, hein ? TU VEUX SAVOIR ?

Elle hurlait comme une folle. Elle ne savait pas si c’était intelligible, mais elle s’en foutait. Elle était furieuse, et tout ce qu’elle cherchait à faire était d’assouvir ses pulsions de rage. C’était fou comme le temps était doué pour faire oublier toutes sortes de choses. Comme le fait qu’elle haïssait sa mère, par exemple. Seulement, à l’époque, elle n’avait pas osé se l’avouer, admettre que la personne dont elle aurait dû être la plus proche était en fait celle dont elle s’éloignait le plus. Maintenant qu’elle avait changé de nature, elle s’en rendait compte et n’avait plus peur de l’exprimer. Kitoe se prit des coups de pieds, et la lame du glaive écorcha ses avant-bras. Mais elle persistait, lacérant la chair à sa disposition. Lena finit par tomber en arrière, mais se releva rapidement. Elle brandit son arme, déterminée à en finir au plus vite. L’acte qu’elle s’apprêtait à faire aurait beau être juste et le plus grand des soulagements, il la blessait. Avait-elle été une si mauvaise mère ?

-Je ne peux pas laisser une créature comme toi en vie. Dit-elle pour se donner du courage.

-Je t’ai dit de la FERMER !

Kitoe roula sur le côté. Elle avait du mal à se concentrer. Kraa voulait reprendre le dessus, ce qui était hors de question. La Démone voulait battre sa mère seule. Elle voulait la tuer. Elle le ferait. A peine se remit-elle sur pieds qu’elle chargea de nouveau. Cette fois-ci, elle s’agrippa au bouclier de toutes ses forces. Le métal fondait sous ses mains. Il se changeait en chocolat. Lena l’observait avec horreur. Elle transperça l’épaule de Kitoe, qui poussa un cri. Par l’Œil, ça faisait mal ! Elle en tremblait. Sa main droite vînt s’emparer de la lame pour la transformer aussi. C’était difficile. Les armes étaient d’une grande qualité, leur altération lente.

-Tu es déçue ? Siffla la Tentatrice, dont la respiration était de moins en moins régulière. Comment une chose aussi terrible a-t-elle pu arriver ? Quelle honte !

D’apparence déjà monstrueuse, son visage crispé par la rage et la douleur, la sueur, la rendait encore pire. Elle s’impatientait. Ça n’allait pas assez vite.

-La pire mère qui n’ait jamais existé. J’aurais dû naître Déchue avec une femme aussi imbue d’elle-même ! Ha !

-Ce n’est pas…

-Ta g***** !

Maintenant qu’elle y pensait, sa mère avait quelques penchants extrémistes. Maintenant qu’elle y pensait, c’était ça qu’elle avait toujours détesté chez elle. C’était ce qui les avait éloignées, ce qui faisait qu’elle ne s’était jamais sentie soutenue par celle-ci. Elle lui en voulait de l’avoir fait culpabiliser de ses moindres erreurs, à sans arrêt songer à la valeur de ses actes. Sa vie d’Ange avait vraiment été pourrie. Pourquoi Toki était-elle restée ? Pourquoi était-elle restée dans la peur du péché ? Comment avait-elle fait pour garder un esprit à peu près sain ? Bon sang… Kitoe cria encore. Lena venait de retirer son glaive quelque peu tordu avant qu’il ne soit coupé en deux, blessant sa fille à la main. Kitoe se recula. Son bras droit était entièrement recouvert de sang.

-Dis-moi, pourquoi tu me détestes autant ?

-Non, je…

-Bien sûr que si, tu me détestes !

La question n’avait pas vraiment d’utilité, car Kitoe connaissait déjà la réponse. Même un pigeon trisomique à peine sorti de son œuf pouvait le deviner. Seulement, elle voulait qu’elle avoue. Qu’elle lui montre à quel point elle haïssait son enfant. Pour lui donner honte. La blesser dans tout cet orgueil, qui étonnamment, ne l’avait jamais déchue.

-Parce que tu es devenue un monstre ! Tu es indigne ! Folle ! Qu’est-ce qui t’as pris, bon sang ?!

Lena éclata en sanglot tandis qu’elle chargeait pour donner le coup de grâce. Kitoe l’esquiva, attrapa le glaive et termina de le faire fondre.

-Je t’ai aidée ! J’ai voulu t’aider !

-Mon cul, ouais !

Elle arracha son bouclier de ses mains et lui en donna un coup. Lena tomba en arrière. La Démone se jeta sur elle. A califourchon sur sa victime, elle la frappait en plein visage. Elle ponctuait ses coups par des insultes et des paroles acerbes. Leurs deux sangs se mêlaient. Elle-même ne s’était jamais connu un sentiment aussi négatif envers sa mère. Elle avait toujours cru que sa déchéance était uniquement de sa faute et de celle de Toki. Elle se rendait compte qu’elle avait eu faux depuis le début.

-Tu ne m’as. Jamais. Aidée. S***** !

A bout de souffle, Kitoe finit par faire une pause. Lena était au bord de l’inconscience, alors elle leva les yeux vers le public, puis vers le juge. Ce dernier lui faisait signe d’en finir. Kitoe sourit. Au moins, ils étaient d’accord, ce qui était plutôt surprenant. Vraiment louche, même. Elle était chez les Anges et on lui demandait d’éliminer l’un des leurs ? Ça sentait l’arnaque à plein nez, tout ça, mais à vrai dire, Kitoe n’en avait rien à foutre. Si le but était de désobéir et d’épargner sa victime pour gagner, elle ne le ferait pas. Elle n’en avait pas envie. Elle était trop en colère pour ça. Kitoe brandit son poing en direction du juge, puis, doucement, leva son majeur. Son sourire s’agrandit et elle dévoila ses dents.

-Bon appétit.

Elle mordit dans la chair de sa victime.

Oh non ! Kitoe a perdu :'(



Bijin
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Jeu 27 Juin 2019, 20:26


Alwin attendait patiemment dans sa chambre. Cela faisait quelques jours qu’il était arrivé ici, dans l’attente du jour de la Coupe des Nations. On lui avait donné l’autorisation d’apporter ses cahiers de dessins avec lesquels il aimait s’entraîner durant plusieurs heures. Lorsqu'il n'était pas en train de dessiner, il passait son temps à réfléchir aux consignes données par les organisateurs. Après tout, il n’avait rien à faire d'autre … Ainsi, lorsque son poignet et le bout de ses doigts lui brûlaient, il arrêtait son entraînement artistique quelques minutes afin de reposer ses muscles et essayait de prévoir ce qui allait se passer d’ici quelques heures dans l’arène.

On lui avait dit qu’il allait devoir combattre quelqu’un, sans lui donner son identité. Alwin espérait secrètement qu’il tombe sur une personne d’un peu plus faible que lui, afin qu’il ait une chance. Il avait été tellement honoré lorsqu’il avait reçu sa convocation pour participer à la Coupe des Nations ! Enfin ! Il avait une occasion de faire ses preuves et montrer à sa famille, son père, qu’il était digne de représenter sa famille et la race des alfars. Enfin ! Il avait été choisi à la place de Jacob. Enfin ! Il était le meilleur !

On lui avait également dit qu’il ne devrait pas tuer son adversaire et pour le moment Alwin préférait cette solution. Il n’avait encore jamais tué quelqu’un, quand bien même il avait essayé plusieurs fois, avec des plans plus ou moins élaborés. Cependant, ceux-ci n’avaient jamais aboutis, et Alwin se dit que donner l’image d’un tueur lors de l'épreuve angélique de la Coupe des Nations n’était peut-être pas la meilleure des façons de rentrer dans l’histoire.

Ça lui mettait la tête à l’envers d’essayer d’imaginer qui serait son adversaire. Est-ce que cela serait quelqu’un qu’il connaissait ? Ou un total inconnu ? Et s’il tombait sur un ange ? Il partirait déjà perdant, c’était sûr ! Il était chez les anges tout de même, et la foule n’allait sûrement pas apprécier voir un de leurs congénères se faire taper dessus … Même si Alwin n’était pas d’une extrême force, ni très agile. Il repensait à ses professeurs qui lui avaient sans cesse répéter de s’entraîner. Cependant, Alwin avait toujours préféré ses dessins. Cela lui permettait de s’échapper et d’oublier qui il était pendant quelques instants. Toute cette pression familiale et sociétale lui dévoraient l’âme … mais ça, il ne se l’avouerait jamais.

Trois coups retentirent à la porte de sa chambre. Alwin reposa son crayon noir, souffla sur son dessin afin d’en faire partir les derniers résidus avant de refermer son cahier d’un geste doux. Il se leva de sa chaise sur laquelle il était assis depuis plusieurs minutes – peut-être heures, car en dessinant il perdait souvent la notion du temps. Il entrouvrit d’abord la porte pour apercevoir son visiteur. C’était un ange d’un âge incertain. « Sénéca Alwin, veuillez me suivre. Votre tour est venu ! » La boule à la gorge, Alwin ouvrit la porte en grand et suivit l’ange. De nombreuses pensées affluaient dans le crâne de l’alfar. Ça y’est : c’était le moment ! Peut-être "son" moment ! Celui qu’il attendait depuis son enfance. Celui dont il pourrait être fier ! Celui qui permettrait à son père de le regarder avec honneur ! Tout allait changer ! Il en était sûr ! Et en même temps, une petite voix doucereuse ne pouvait s’empêcher d’énoncer, un à un, certains des doutes du jeune elfe noir. Est-ce qu’il serait à la hauteur ? Et s’il se ridiculisait ? Avec une telle foule, impossible qu’on le lui fasse oublier ses erreurs ! Deviendrait-il alors la risée de la famille ? Serait-il seulement accepter chez lui ? Et que dirait son père ? Comment le regarderait-il ? Lui adresserait-il encore la parole ?

Perdu dans ses pensées, il n’entendit pas l’ange le prévenir qu’il allait le téléporter directement dans l’arène. Ainsi, en un clignement de paupière, il se retrouva en plein milieu du Cercle de Combat sous les cris de la foule. Ce fut un choc pour Alwin. Oui, il avait toujours voulu être au centre de l’attention. Que les gens scandent son nom avec passion. Mais être l’objet de toutes ses clameurs le rendait nerveux. Et s’il les décevait ? Se mettraient-ils à le huer ? Devrait-il sortir sous les jets de légumes pourris ? Pour se donner contenance, Alwin prit une grande inspiration et essaya de se calmer. Il fallait qu’il oublie tous ces gens. Il fallait qu’il pense qu'il était seul. Surtout s’il voulait réussir son épreuve.

Il avança de quelques pas, et vit en face de lui, haut dans les gradins, le Juge assit sur sa chaise digne d'un trône. Le tract lui serrait le cœur et l’empêchait de penser. Il ne vivait plus que le moment présent. Avancer. Attendre que son adversaire apparaisse. Essayer de se calmer. Choisir ses armes. Une épée légère. Une dague.

Tout à coup, il le vit. Son adversaire prédestiné. Quand il le reconnu, il manqua d’air. Cela ne pouvait être vrai. Jacob. Son frère adoptif était ici ! Il l’avait suivi jusqu’ici ! Comment avait-il osé ? Comment avait-il pu lui faire ça ? Comment avait-il pu accepter l’invitation ? Ne savait-il pas que c’était son heure de gloire à lui, et à personne d’autre ?! Le détestait-il autant pour venir ici et essayer de lui voler la vedette ? Que faire maintenant ? Devait-il le combattre ? Que dirait son père s’il abîmait son fils adoré ? Que faire maintenant ?!!

« Que fais-tu ici ? » cracha Alwin à l’encontre de Jacob. Ce dernier avait également une épée et une dague. En voyant les mêmes armes que celles qu'il avait choisi, cela énerva d’autant plus Alwin. « Pourquoi fais-tu ça ? Pourquoi me faire ça à moi ? » « C'est pourtant évident ! Même une limace le comprendrait ! Tu as toujours été plus nul que moi, Alwin ! Il fallait bien que je vienne, pour t’évincer enfin, et montrer à Père quel détestable insecte insignifiant tu es ! Tu ne méritais même pas ton invitation à cette épreuve. Ne vois-tu pas ? Tout ça n’était qu’une mascarade, pour que ça soit moi, qui remporte cette coupe. Et c'est toi, mon adversaire ! C’est bien normal, vu que je suis plus fort que toi. Plus fort que toi en tout d'ailleurs ! S’ils t’avaient réellement choisis, ça aurait été une regrettable erreur … Tu as bien dû y penser aussi n’est-ce pas ? A moins que tu sois tellement débile, que ça ne t’ai pas effleurer l’esprit. Pff ! Pas étonnant que Père me préfère à toi ! Tu n’arriveras à rien dans la vie ! Nous en parlons avec Père, tu sais ? C’est une de nos conversations les plus courantes. Père s’inquiète un peu pour toi, même s’il a honte de toi. Il aurait préféré que ça soit toi, le fils adoptif et moi, son fils naturel ! Il me l’a dit ! »  Durant toute la durée de la tirade de Jacob, Alwin prit chaque mot comme un uppercut et il tomba à genoux devant son frère. Il avait l’impression d’avoir un trou béant dans le ventre. Toutes ces vérités, il les avait déjà pensés, évidemment. Mais le fait de les entendre pour de vrai, sorties de la bouche de celui qu’il considérait comme son ennemi, lui fit l’effet d’une douche froide. « Pourquoi fais-tu ça ? »  répéta Alwin la gorge sèche. « Tu sais très bien pourquoi. Et tu l'as toujours su. Tu n'es rien. Et moi, je suis tellement mieux que toi ! » répondit simplement Jacob en s’avançant vers Alwin toujours à terre. Le premier leva son épée au-dessus d’Alwin prêt à abattre son arme sur le crâne de son frère. A l’idée qu’il allait sûrement mourir ici, devant des centaines de personnes, de la main de Jacob, la rage transperça son âme et Alwin, se releva d’un geste brusque. Il esquiva gauchement la lame et lança à Jacob : « Crois-tu vraiment que je vais te laisser gagner ? Te laisser me tuer ? » « Tu ne mérites pas la vie Alwin ! Toi et tes sœurs vous n’êtes que des rebus ! Vous n’êtes rien, comparés à moi ! Moi seul, mérite le nom de Sénéca ! Quand j’en aurais fini avec toi, saches que je prendrais un malin plaisir à tuer tes chères sœurs de mes propres mains, sûrement dans leur sommeil … à moins que je ne préfère une manière plus divertissante. Et si jamais ta mère essaie de m’en empêcher, elle aussi, elle y passera ! C’est une promesse que je te fais ! » « Tais-toi ! Comment oses-tu ? Nous t’avons recueilli comme l’un des nôtres ! Comment oses-tu ? » Sans réfléchir, Alwin se rua sur son frère et le jeta à terre. « C’est toi qui ne mérites pas de vivre ! » Il empoigna sa dague et la plaça sous le cou de Jacob. Cependant, Alwin n'arriva à tenir suffisamment longtemps et Jacob attrapa le poignet de l'Alfar avant de le lui tordre. Alwin laissa échapper un cri de douleur avant de se servir du pommeau de son épée pour frapper son frère. Par chance, son coup atteint sa cible et assomma Jacob. Celui-ci s’écroula sur le sol. Alwin se sentit tout puissant au-dessus du corps de son frère. Il avait réussit ! Il avait été plus fort que Jacob !

Il regarda le corps de ce dernier dont la respiration semblait profonde. On aurait pu penser qu’il s’était installé là pour faire une sieste réparatrice … mais Jacob présentait une petite plaie sur son front. Alwin se dit qu’il pouvait enfin mettre fin à la vie de son frère. Combien de fois avait-il essayé de la lui ôter ? Plusieurs fois, il avait tenté le poison ou essayer de le placer dans des situations dangereuses. Jamais il n’avait réussi ! Et pourtant, aujourd’hui, son frère était à ses pieds, à sa merci ! Il ne lui suffisait que d’un geste … et son épée rentrerait dans le corps de Jacob pour lui retirer la vie … Mais la voix de la raison le ramena à la réalité. Il se rappelait des consignes qu’on lui avait donné, pour les avoir décortiquées de nombreuses fois dans sa chambre. Il ne devait pas tuer son adversaire. Alors Alwin regarda vers le Juge. Il pensait que l’épreuve était alors finie. Qu'il avait réussi. Qu’il pouvait rentrer chez lui maintenant. Il aurait sûrement une conversation sérieuse avec son Père à son retour dans la maison familiale…  

Mais le juge fit comprendre à l’alfar qu’il devait mettre fin aux jours de Jacob. Alwin eut alors un hoquet de surprise. Un Ange qui demandait le sang … c’était une chose qui n’était pas courante. Choqué, Alwin regarda son frère toujours endormi. Que devait-il faire ? Lui qui avait toujours voulu le tuer … il pouvait maintenant réaliser son souhait. Mais il prit conscience d'une partie de lui-même, qui lui était, il y a encore quelques minutes, totalement inconnue. Et cet inconscient lui interdisait d’ôter la vie d’un membre de sa famille. Car, qu’il le veuille ou non, Jacob faisait partie des siens. Ça, il ne le lui avait jamais dit. Tout sa vie, Alwin avait fait en sorte que Jacob sache qu’il n’était qu’une pièce rapportée ; qu'il n'avait pas vraiment sa place dans la famille Sénéca. Mais le voir ici, assommé dans cette arène par sa faute, emplit son être d'un sentiment de culpabilité qu'il n'avait jamais prit conscience lorsqu'il était question de Jacob. Non, il ne pouvait pas le tuer. Il l’aimait. C’était son frère. Il regarda le Juge, prêt à annoncer sa décision : celle de lui laisser la vie sauve. Mais les hourras de la foule lui mirent le doute. Il se rappela qu’il était à la Coupe des Nations. Un Honneur ultime ! Et si le juge lui demandait de tuer son adversaire, il devait le faire. Car il voulait gagner. Que dirait son Père s’il revenait bredouille ? Après tout Jacob, n’était pas du même sang que lui … sans compter qu’il avait émit de solides menaces envers ses sœurs et sa mère. Il devait les protéger. Il pouvait au moins essayer de faire cela ! Alors, Alwin sut ce qu'il devait faire à présent.

Des larmes coulant sur ses joues, il reprit sa dague et se mit à genoux auprès de son frère. D’un geste lent, il appuya avec force sur la lame au dessus de la poitrine de Jacob jusqu’à ce qu’elle pénètre sa chair. Il enfonça la lame le plus loin possible en espérant toucher le cœur de son frère adoptif. Les larmes laissèrent place à des sanglots. « Au revoir, mon frère ». Il se détesterait sûrement pour le restant de ces jours ... Cependant, une mare de sang commençait à entourer les deux alfars.

2116 mots.
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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Kyra Lemingway
Ven 28 Juin 2019, 21:56



O Fortuna velut luna statu variabilis, semper crescis aut decrescis; vita detestabilis nunc obdurat et tunc curat ludo mentis aciem, egestatem, potestatem dissolvit ut glaciem.

Sors immanis et inanis, rota tu volubilis, status malus, vana salus semper dissolubilis, obumbrata et velata michi quoque niteris; nunc per ludum dorsum nudum fero tui sceleris.

Sors salutis et virtutis michi nunc contraria, est affectus et defectus semper in angaria. Hac in hora sine mora corde pulsum tangite; quod per sortem sternit fortem, mecum omnes plangite!

Le dilemme des justiciers



En silence, je lisais les lignes qui s'écrivaient sous mes yeux, me donnant une idée de ce qu'il se passait à l'extérieur. Le passage des gardes angéliques. Les allez et venus des autres concurrents. D'ailleurs, si je n'avais pas eu l'occasion de le feuilleter à plusieurs reprise et ainsi reconnaître son étrange pouvoir, j'aurais pu croire que ce dernier adaptait son texte au possesseur en voyant le nom de Kitoe apparaître. Kitoe... Elle était sensée être morte. Assassinée. Peu importe la manière, si elle était toujours de ce monde, il fallait que je la retrouve. Il fallait que je sache si elle se portait bien. Je refermai rapidement le carnet en voyant du coin de l’œil la porte s'ouvrir et eus juste le temps de me lever pour sentir le sol se dérober sous mes pieds et le décor se transformer autour de moi après un battement de cil.

Éblouie par le soleil soudain, il me fallut quelques secondes pour m'habituer à mon nouvel environnement. Une arène ? Avais-je réellement la tête d'un gladiateur ? Je soupirai, m'avançant en jetant des regards distraits sur la foule en surplomb. J'avalai alors avec difficulté ma salive en imaginant ces regards qui me jugeaient et dont certains ne devaient pas m'être inconnu. Une fois au centre du cercle dessiné au sol je m'arrêtais, scrutant la partie adverse, attendant mon adversaire avec appréhension. Mon cœur manquait alors un battement en voyant la silhouette se dessiner dans l'ombre. C'était une blague ? Non, ce n'était pas la bonne question. Comment était-ce possible ? « Tu as l'air surprise de me voir. Tu savais que ce jour devait arriver pourtant, non ? », rétorqua cette étrange apparition. Un nœud se formait dans mon ventre alors que je la dévisageais en silence. Qu'est-ce que ça pouvait bien dire ? Qui était-ce ? « Mmmmh... Je le vois dans ton regard. Le doute. Non. L'interrogation. ». Je serrais la mâchoire au son de sa voix. Il y avait quelque chose de tellement méprisant dans le ton qu'elle employait. « Laisse-moi deviner... Tu te tritures les méninges, cherchant à trouver une explication logique, mais surtout la raison de ma présence. » - « Qui es-tu ? », finis-je enfin par lâcher d'un ton sec, une boule grondante commençant à se former en mon sein alors que je n'obtenais qu'un rire désobligeant de cette dernière. « Vraiment ? Quoi que... Non, ça ne m'étonne pas. Tu as toujours été dans le déni, alors comment pourrais-tu accepter mon existence ? » - « C'est ridicule ! Ça n'a aucun sens ce que tu dis ! ». Un nouveau rire, presque méprisant. « Réponds-moi !!! », hurlais-je en la fusillant du regard, m'avançant d'un pas. Chacun de ses mots se gravaient dans mon esprit, gonflant cette boule de nerf croissante et toujours plus étouffante.

Un rictus se dessinait sur ses lèvres. « Bien. Puisque tu insistes. ». Elle marquai une pause, temps mort qui me paru une éternité au point que je failli réitérer ma question. « Je suis cette Vérité que tu refoules depuis tant d'année et que tu refuses d'affronter. Celle-là même qui a failli causer ta perte à ta renaissance et qui réveilles tes plus sombres pensées aujourd'hui. Je suis tes promesses oubliées, tes regrets profondément ancrées, ta tristesse refoulée. Tout ce que tu caches au regard des autres, mais surtout à toi-même. », conclua-t-elle à quelques centimètres de moi en appuyant sur ma poitrine avec son index. Je me figeai sur place, les yeux ronds, la bouche béat. Que racontait-elle ? « Ose une seconde le nier. Comment le pourrais-tu ? Observe-moi un instant. Ou plutôt devrais-je dire, observe-toi... », ajouta-t-elle d'un air sarcastique. C'est ce que je faisais depuis tout à l'heure. Je dévisageai chaque détail de la physionomie de cette femme : un parfait reflet de moi-même. Non, elle n'était pas parfaite. Ce ton qu'elle employait, cette étincelle de mépris dans son regard. Ce n'était pas moi. Un nouveau rictus se dessinait sur les lèvres de cette Autre. Non... C'était impossible... « Je suis toi je te rappelle. » - « C'est faux ! », hurlais-je à nouveau en me jetant sur elle, la saisissant au cou pour la faire taire, la renversant dans un choc violant sur le sol par la même. A cet instant, je vis la surprise dans son regard et la douleur ternir les traits de son visage, jusqu'à ce qu'une vive douleur ne me saisisse ventre. Je relâchais ma prise, surprise. Elle en profitai pour me repousser violemment alors que je contenais avec plus de mal que de bien ma souffrance. « Je ne m'attendais pas à ça de ta part. Néanmoins je pensais que tu avais appris à être plus prudente. ». Tout en m'éloignant d'elle, je baissais les yeux en direction du poignard planté en lieu et place de la douleur, puis jetais un regard vers les armes mises à dispositions. Elles étaient à deux pas de nous. Il lui avait suffit de tendre le bras pour se saisir de la lame. Je posais de nouveau mes yeux sur ce double, lui jetant un regard assassin, la mâchoire serrée, les muscles tendus, les mains portées sur la blessure. « Si seulement notre regard était une arme, cela fait longtemps que je serais à terre. », rétorqua-t-elle ironique en s'approchant doucement. « Réfléchis un peu. Peut-être était-ce ce que tu attendais depuis tant d'année, non ? », ajouta-t-elle presque tendrement au creux de mon oreille, posant une main sur mon épaule, l'autre sur le manche du poignard qui n'avait pas bougé. A mon tour je m'accrochais à son épaule, enfonçant mes ongles dans sa chair, essayant d'oublier la souffrance qu'elle m'infligeait alors qu'elle forçait légèrement sur l'arme qui déchirait et lacérait un peu plus mon être. « Admets-le. N'espérais-tu pas que ce jour arrive ? ». Mon souffle était saccadé. Je n'arrivais pas à répondre. La douleur était trop intense pour que je n'arrive à articuler quoi que ce soit. A moins que...

Elle me jaugea un instant du regard avant de siffler d'un air méprisant en reculant d'un pas, se débarrassant de moi d'un geste de la main. « Tu recommences. Mais c'est compréhensible. Un doux mensonge est bien plus agréable à supporter qu'une acerbe vérité, n'est-ce pas ? » - « Tais-toi... Je ne veux plus rien entendre de ta part. », arrivais-je enfin à geindre le souffle court, bousculant avec les quelques forces que j'arrivais à rassembler cette désagréable copie pour me saisir à mon tour de la première arme qui me tombait sous la main – une masse, génial... – la jetant sur elle qui l'esquivait à la dernière seconde, se la prenant tout de même dans le bras dans un gémissement de douleur. « Maintenant on est quitte... ». Un rire cynique s'échappa des lèvres de mon homologue. « En effet. ». Elle marquai une pause avant de reprendre sur le même ton, « Dis-moi, il paraît que la Vérité est difficile à entendre et à tendance à faire souffrir. Est-ce pour ça que tu veux me faire taire ainsi ? ». Je fronçais des sourcils à sa dernière remarque. Que racontait-elle encore ? « Si la Vérité blesse... Alors peut-être avons-nous chacune une part de vérité ? », faisant référence au coup que chacune d'entre nous avions portée. « Mais l'une de nous deux est bien trop tendre. Et je sais laquelle. », rétorqua sans hésiter mon Autre. « Et je n'aurais aucun scrupule à faire en sorte de remettre les choses à leur place, à faire revivre celle que tu étais et que tu es réellement. Celle que je suis. », ajoutait-elle en se saisissant à son tour d'une nouvelle arme. Son visage était dur, son regard déterminé tout comme le ton qu'elle avait employée pour ce dernier avertissement. J'avalai avec difficulté ma salive. J'étais à bout de souffle et j'avais l'impression que j'allais m'évanouir d'une seconde à l'autre. Cependant ses mots étaient clairs comme de l'eau de roche, aussi je ne pouvais pas me permettre de sombrer maintenant. « Et moi je n'hésiterais pas à faire en sorte que tu cesses de sortir ces incessantes calomnies à mon encontre ! ». Je la voyais faire un pas en avant mais décidais de prendre les devant en me précipitant vers elle. Je me savais incapable de me battre dans un combat régulier au corps à corps. Et même si je le pouvais, il était évident que je ne tiendrais pas longtemps et qu'elle prendrait rapidement l'avantage étant donné ma condition actuelle. Aussi, tout en me mettant en garde, je choisis une autre approche et saisi son poignet droit afin de l'empêcher de m'attaquer. « Qu... Pourquoi ? », lâcha-t-elle, son autre main devant son visage, éblouie par le soleil tandis que ses pupilles observaient un monde nouveau, plus vif, plus clair. Trop clair. Ma poigne se faisaient plus forte sur son poignet, cherchant à palier un soudain excès de faiblesse, mais je ne lâchais pas. D'autant que je n'avais pas fini avec elle. Le second sortilège mit plus de temps à faire effet, et je m'y attendais un peu. Mais à l'instant où elle s'effondrait au sol dans un cri d'horreur, je lâchais enfin mon emprise, le souffle saccadé et la poitrine serrée, avant de tomber à genoux à mon tour. « Laisse-moi ! Laissez-moi ! Arrêtes ça ! », hurlait-elle, la tête baissée prise entre ses mains. Je l'observais un instant. Elle était terrifiée. La voir ainsi – me voir ainsi – me serra le cœur et, étrangement, j'étais triste à présent. Triste parce qu'il n'y avait personne pour la réconforter. J'en serai incapable. Personne n'a jamais réussi à se réconforter soi-même.

Je fermai les yeux, profitant de sa catatonie pour essayer de réguler ma respiration, cherchant à limiter cet afflux sanguin qui me traversait le corps et dont une partie continuait à traverser cette lame que je n'osais retirer. Levant le regard, je voyais la foule nous fixant de ses milles regards. Je les avais complètement oublié. Mes yeux se tournèrent vers celui qui nous surplombait tous de son regard accusateur. Et les autres, à quoi pensaient-ils ? Je le voyais tendre la main, le pouce à l'horizontal, puis écarquillai les yeux alors qu'il rendait son jugement. La miséricorde avait-elle donc réellement disparue des mœurs angélique depuis leur quasi-extinction ? Non, ce que je me demandais vraiment c'était s'il s'adressait réellement à moi. Après tout, j'étais en bien plus piteux état que ma copie. Mais il était vrai qu'elle était vulnérable, et n'importe quel ennemi en profiterai pour abattre sa lame. Seulement je n'avais vraiment rien d'un gladiateur et je me voyais difficilement assassiner quelqu'un dans cet état de sang froid. Je posai mes yeux sur mon double et un terrible sentiment s'emparait de moi. En effet, j'aurais probablement des difficultés à abattre une personne sans défenses. Mais dans ce cas-là c'était encore différent. Arriverai-je seulement à donner la mort à cet Autre ? Mon  Autre? Mon corps... Je restais silencieuse quelques instants, la tête baissée, les mots de ma copie tournant alors en boucle dans mon esprit, et fini par relever les yeux vers elle, le visage toujours derrière ses mains pour se cacher des monstres qui l'entouraient. Le sort auraient dû déjà s'estomper pourtant. Craignait-elle peut-être de les revoir ? Les monstres... « Tes promesses oubliées, tes regrets profondément ancrées, ta tristesse refoulée. ». Ces paroles réveillèrent quelques souvenirs récents. Le début de ma déchéance et tout ce qui avait suivit. Cette haine naissante alors que j'avais tenté une fois de le revoir, s'attisant toujours plus alors que son nom résonnait dans mon esprit le considérant comme responsable de cette décadence. Ce mépris à mon propre égare chaque fois que je cédais à mon péché et cette appréhension mêlée de tristesse lorsque j'avais admis pour la première fois à voix haute à un membre de ma famille la cause de mon absence. De mon silence. Des larmes s'étaient mise à rouler le long de mes joues.

« Et bien... Je croyais que tu voulais me faire taire pour de bon. ». Je ne l'avais pas vu se relever, et étrangement cette colère à son encontre que je croyais étouffée fit son retour. Mais la colère ne fut pas suffisante pour riposter, et elle profita de ma surprise pour se jeter sur moi et me mettre à terre, à son tour, sa main enserrant mon coup, l'autre bloquant celle tenant mon arme. Les rôles étaient à présent inversés et je me voyais déjà égorgée par cette copie, incapable de trouver la force suffisante pour la repousser. « Tu me hais, n'est-ce pas ? Mais pas de la même façon que tout à l'heure, je le vois. Tu m'en veux de t'avoir révélé ta Vérité. ». Je n'osais dire mots car je ne pouvais que l'admettre : elle disait vrai. Et ça me faisait peur.  « Mais tu sais quoi ? C'est réciproque. », ajouta-t-elle le visage dur, raffermissant ses prises. Finalement c'est la peur de la Fin, alors que j'avais de plus en plus de mal à respirer, qui me permit de retrouver la parole. « La sentence est... La mort. Tu es moi... Tu l'as dis plus tôt. Tu es ma... Vérité. », commençais-je à articuler difficilement.  « Dans ce cas-là... Je suis toi... Également. Ton déni. Ton Mensonge. Alors dis-moi... ». Je prenais une profonde inspiration, afin de lui poser cette question d'une traite. « Crois-tu que la mort de l'une d'entre nous apportera la Paix à l'autre ? » -  « De quoi tu parles ? ». Je pouvais lire un air paniqué mêlé d'incompréhension sur son visage. Elle allait me tuer, alors pourquoi mettais-je tant d'effort pour une question si bête ? Du moins, je supposais que c'est ce qu'elle était en train de penser. Pourtant cette fois c'était moi qui profitai de son instant de relâchement, et de ma main libre je me saisis du poignard encore planté dans mon estomac et l'en extirpai dans un hurlement de douleur pour l'enfoncer dans la poitrine de mon double sans la quitter une seconde des yeux, tenant fermement l'arme avant de réitérer mon geste pour m'assurer de la fatalité de mon coup, mon visage s'arrosant alors de perles de sang. Ce n'est que lorsque je sentais l'emprise de sa main sur son coup se défaire et son corps s'effondrer sur le mien que je me décrispai, laissant mon corps s'exprimer par les larmes de terreur et de tristesse, par les tremblements de peur et de stress, par les spasmes de douleur et de frissons... Avant de sombrer dans l'obscurité, fatiguée, à bout de force et de souffle.
Mon Fiat lux l’emporte sur le tien ! Il a du premier coup levé bien d’autres voiles Que ceux du vieux chaos où se jouait ta main.

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Ezechyel
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Ezechyel
Ven 28 Juin 2019, 22:23

[Coupe des Nations] - Le dilemme des justiciers 1b794f11
Le dilemme des justiciers


Les yeux clos, j’inspirai une grande goulée d’air qui bomba légèrement mon torse, tandis que je redressais subtilement la posture de mon dos pour assurer le confort de ma position. J’étais assis en tailleur au centre de la pièce, à même le plancher de bois dont le contact m’arrachait de temps à autre quelques frissons qui remontaient jusqu’à mon échine. Pourtant, je continuais de méditer en dépit du désagrément manifeste que je tentais d’endurer dans le seul but de distraire mon esprit avant le début de l’Épreuve. Je n’éprouvais pas vraiment de l'ennui, mais la patience ne faisait malheureusement pas parti de mes vertus. L’attente semblait me tuer à petit feu. En vérité, j’étais trop fier d’admettre que je me sentais nerveux, bien que ma situation pût amplement justifier mon sentiment. Par conséquent, je me servais de la méditation afin d’apaiser les inquiétudes qui tourmentaient mes pensées. Je réfléchissais à une panoplie de choses, sans doute trop pour mon propre bien – aux prémices du combat que je me préparais mentalement à livrer qui plus est – mais la tentation détenait une si puissante force d’attraction qu'il m’était impossible de résister. J’étais troublé par la nouvelle réalité que le peuple angélique vivait actuellement. En l’occurrence, je ne pouvais empêcher mon cœur de se serrer en songeant à ce qui leur était arrivé, comme s'il s'agissait d'un mauvais rêve. Les mots faisaient à peine justice au malaise que je ressentais – il était sans aucun doute préférable de parler de culpabilité même – cependant, je ne trouvais rien à dire pour exprimer toute ma sympathie et mes condoléances aux Ailes Blanches. J’avais bel et bien tenté l’expérience auprès d’un Garde étant venu m’apporter de la nourriture, mais j’avais fini par me taire, de crainte de paraître trop brusque, trop insensible devant sa tragédie. Autant j’excellais dans l’élocution de mes opinions, autant je restais incroyablement mauvais pour manifester mon empathie à quiconque. Peut-être était-ce le fait que je me considérais proche des Anges que j’avais l’impression que mes mots, malgré leur bienveillance, sembleraient forcément vides de sens à leurs oreilles, et bien que le dicton affirmât que c’étaient les intentions qui comptaient, je demeurais incapable de m’en satisfaire. Lentement, j’exhalai l’air accumulé au creux de mes poumons en un long souffle léger, avant d’ouvrir les yeux. On venait de toquer à ma porte. J’étais prêt.

Je fus d’abord stupéfait par les acclamations du public qui rugirent à travers mes oreilles comme un coup de tonnerre. L’excitation qui se dégageait des gradins donnaient l’impression qu’une bête avait été relâchée, une bête réclamant avec avidité la suite de son divertissement. Je pouvais presque palper l’adrénaline entre mes doigts tant elle imprégnait lourdement l’atmosphère autour du Cercle de Combat. « Bonne chance. » entendis-je le soldat immaculé m’ayant téléporté jusqu’ici chuchoter entre ses lèvres. Ce dernier était un membre de la Compagnie de Yüerell. Qui plus est, il était l'une de mes connaissances que j'avais parmi le groupe, faisant parti de ceux ayant survécu au génocide. Sans grande surprise, mon cercle d'amis angéliques s'était considérablement réduit depuis l'Ère de la Conciliation. En toute honnêteté, j’ignorais comment la milice se portait maintenant, ni à quoi elle pouvait bien ressembler. J'étais incapable de me l'imaginer en fait. L’Ange finit par se volatiliser, me laissant seul au milieu de l’arène sous les salves de cris de la foule en effervescence. Quelqu’un approchait. C’était mon opposant. Ma main glissa machinalement vers le manche d’un glaive, tandis que mon autre poing se refermait autour d’une seconde arme, la jumelle de la précédente. Je déplaçai mes pieds afin d’affermir ma pose de combat, avant d’immobiliser mon corps, au guet de l’arrivée de mon ennemi dont le contour du visage se précisait à chaque mètre qu’il enjambait. Bien que l’opportunité m'ait été offerte, je refusai de passer immédiatement à l’offensive. Je ne manquais pas de confiance en mes habiletés, loin de là, mais je savais que le moindre faux pas risquait de m’être fatal si je ne faisais pas attention. Dans tous les cas, je n’éprouvais aucunement le besoin de me presser. Les circonstances de l’Épreuve empêchaient à quiconque de tirer avantage de l’effet de surprise après tout, puisque nous savions tous les deux à quoi s’attendre : tôt ou tard, nous allions commencer à nous échanger des coups et à la toute fin, seul le meilleur resterait debout. Cependant, il eut une chose que je n’avais pas prévu concernant celui que j’affronterais et lorsque je reconnus ses traits cachés derrière les ombres de ses cheveux, je mis aussitôt à terre ma méticulosité. Je venais d’abandonner mon plan. Seule ma rage allait mener la danse.

Mon sang s’était glacé en notant le rictus qui s’était incrusté sur les lèvres du Démon quand, à son tour, celui-ci parvint à associer un nom à mon visage. Nos regards s’étaient croisés, projetant une décharge électrique ; l’un empli de haine et de colère, et l’autre de cruauté qui n’échappa pas à la vigilance de mon œil. Cette observation ne fit qu’aviver la furie incendiaire qui brûlait au fond de mes yeux, rejetant d'un bloc tous mes préceptes de prudence et de scrupules, alors que je sifflais entre mes dents : « Toi… » Ma réaction sembla ravir l’Enfant de l’Œil dont le sourire s’élargit en grand, volontairement provocateur. En vérité, il se délectait de la situation qui, de son point de vue perfide, représentait toute la jouissance que l’Homme pouvait espérer tirer du Destin. Quant à moi, je pouvais de nouveau sentir la morsure du feu me dévorer la chair du visage, avec une intensité me paraissant semblable à celle que j’avais ressenti à l’époque. Inconsciemment, mes doigts vinrent effleurer ma cicatrice, arrachant un rire narquois de la part de la créature démoniaque. « Je t’ai manqué, c’est ça ? » susurra-t-il, sarcastique. Ignorant délibérément ses moqueries, je m'élançai vivement à l’assaut. Je bondis sur le Démon et, animé par l’effronterie de ma fureur prodigieuse, abattis violemment mes lames en visant son crâne. Cependant, mon ennemi arriva à esquiver le coup en se décalant simplement sur le côté. Fébrile, il déroula le fouet accroché à sa ceinture, avant de faire claquer le cuir à quelques millimètres de mon nez, me forçant ainsi à reculer. Son intention avait été de me toucher au passage, mais heureusement pour moi, j’avais eu assez jugeote pour m’écarter au dernier instant. Néanmoins, je n’attendis pas que le Malin s’approprie l’avantage en m'imposant un combat à distance. Réagissant au quart de tour, je me précipitai une nouvelle fois vers lui afin de combler les mètres qui nous séparaient. Le Démon ne se laissa pas prendre à mon jeu évidemment et riposta dès qu’il m’aperçut passer à l'acte. Le fouet heurta durement mon bras en produisant un bruit sonore et, quand bien même je réussis de justesse à retenir un cri, la douleur me freina abruptement à travers mon élan. L’arme m’avait arraché un morceau de mon épiderme et le sang se mit inévitablement à couler, souillant légèrement la terre qui se trouvait sous mes pieds.

Les coups continuèrent de pleuvoir dans l’arène pendant un temps que j’avais cessé de compter. Tous mes sens étaient envahis par une tonne de stimuli et en conséquent, j’avais été contraint d’établir des priorités. Entre les vociférations de la foule, le son du métal, le claquage du fouet, mon adversaire et la fatigue qui endolorissait peu à peu mes muscles, il m'aurait été encombrant de calculer, par-dessus tout, la durée de mon duel. Je n'avais qu'une seule idée en tête présentement et c'était de vaincre la créature des Enfers. Peu importe les plaies qui s'imprimeraient incontestablement sur ma chair déjà bien meurtrie ou ma souffrance, je voulais gagner. Je devais gagner. Cela dit, un coup de fouet m'envoya brusquement rouler dans la poussière, après que ma jambe eut encaissé le plus gros de l'impact. La chute fut si rude que je laissai échapper un de mes glaives en fracassant lourdement le sol. Par inadvertance, je venais d'exposer ma vulnérabilité à la vue de tous. À vrai dire, je me trouvais dans un état plus que lamentable. Mon corps était recouvert de sang et d'ecchymoses que la lumière du jour révélait sans aucune pudeur. Naturellement, ce que les spectateurs purent observer fut également remarqué par le Démon, qui sauta immédiatement sur l'occasion pour s'avancer de moi. Lui non plus n'était pas au meilleur de sa forme. Toutefois, ce fut affublé d'un immense sourire qu'il ramassa le glaive que j'avais imprudemment relâché, avant de se pencher au-dessus de mon visage. « Échec et mat. » Refusant de répondre à sa provocation, je conservai le silence. Concentrant toutes mes énergies, je me contentai simplement de lui frapper le genou, avant de me relever d'un bond. L'être démoniaque s'écroula immédiatement à quatre pattes, les traits déformés par une grimace de douleur. Profitant de sa faiblesse, je lui envoyai un second coup de pied, cette fois à la figure, pour l'étendre complètement à terre. Puis, avec la lame que j'avais gardé en main, je lui tranchai le poignet d'un geste concis tout en écrasant son autre paume sous le talon de ma botte. Le règlement m'interdisait peut-être de tuer mon opposant, mais il n'existait aucune restriction concernant la mutilation, d'autant plus que cette blessure, sans être mortelle, l'empêcherait néanmoins de se servir de ses armes. L'homme poussa un cri tonitruant. Désormais à califourchon sur son corps ensanglanté, je pouvais enfin le dominer.

Peu à peu, une vague de sérénité parut se répandre à travers l'assemblée. Le Juge s'était levé de son siège et il était prêt à annoncer son verdict. Suivant le mouvement de la foule, mon regard se posa instinctivement sur l'Ange. Il exigeait la mise à mort de mon antagoniste. Je tournai à nouveau la tête vers le Démon. Celui-ci souriait de toutes ses dents. « Allez, qu'est-ce que tu attends ? » me lança-t-il avec arrogance. « Tu en as toujours eu envie, avoue. » Silence. « C'est vrai. » finis-je par lui concéder. Je n'avais aucun intérêt à lui mentir. « Tu représentes le Mal qui infeste ces Terres en enlevant la vie à de pauvres innocents pour ton seul divertissement. » énonçai-je, tout en soulevant mon glaive au-dessus de sa poitrine. « J'ai fait une promesse tu sais. poursuivis-je sur la même intonation. De préserver le Bien en réduisant à néant le Mal qui le menace sans cesse. » L'Enfant de l'Œil roula des yeux. « Écoute, tu peux le dire franchement que t'as juste le goût de te venger. Je comprends. Mais ne viens pas m'emmerder avec tes beaux discours, d'accord ? » - « Ma vengeance s'est achevée au moment où j'ai réussi à te mettre à terre. » renchéris-je. Cela avait été un instant excessivement jouissif, d'ailleurs. « Cette lame que je pointe au-dessus de ton cœur n'est donc plus destinée à assouvir mes désirs. Je vais te tuer afin de rendre justice à toutes ces vies que tu as prises avec cruauté et malice au cours de ta misérable existence. » Il éclata de rire. « J'ai hâte de te revoir dans l'Autre-Monde. » Ma lame s'abattit sur lui sans hésitation, transperçant son cœur qui éclata en une gerbe de sang. Mon expression était contrariée. Il avait vraiment du culot de croire que nos chemins avaient une chance de se croiser après la Mort.

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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Stanislav Dementiæ
Dim 30 Juin 2019, 13:14


Image de George Remus

Sylbille
Musique

Sylbille plissa les yeux, éblouie par cette soudaine luminosité qui la força à porter sa main en couvert à son visage. Aveuglée par le soleil, la chasseuse fit appel à ses autres sens pour appréhender son environnement. Ses oreilles furent aussitôt saturées par les acclamations de ce qu'elle devina être le public. Sa peau fut caressée par une douce brise qui transportait les odeurs de sueur et de sang, traces des concurrents qui s'étaient affrontés avant que ne vienne enfin son tour. L'orisha inspira profondément, gonflant ses poumons, avant d'en expirer l'air dans un souffle contrôlé et régulier. Elle essayait de ne pas se laisser submerger par l'angoisse. Ses muscles étaient tendus douloureusement par ce mélange d'excitation et de nervosité qu'elle connaissait si bien. « Concurrentes, choisissez vos armes ! » La gorge nouée, la chasseuse abaissa son bras afin de se diriger vers l'homme qui proposait différentes armes à leur dispositions. Curieuse de découvrir celle contre qui elle devrait se battre, la Gandr glissa un regard vers la silhouette sur sa droite. Elle la reconnue aussitôt. Sybella. Le temps sembla s'arrêter, les secondes s'éternisant douloureusement. « Toi ? Ici ? Mais comment... » s'exclama la chasseresse, le souffle court. Sa réaction étira un sourire moqueur sur le faciès de sa jumelle qui s'amusait de son trouble. « Oui, tes espions n'ont pas pu te prévenir que j'étais sortie de ma cachette, n'est ce pas ? Ne t'en fais pas, bientôt, tu n'auras plus besoin de me courir après. J'en ai fini de ce jeu de cache-cache, il a bien trop duré, tu ne crois pas ? » Sylbille fronça les sourcils, surprise par cette réaction. Décontenancée, elle resta immobile tandis que sa sœur s'empara d'une lance et de deux épées dont une qu'elle plaça à sa ceinture, juste à côté d'un fouet en cuir. « Comptes-tu te mesurer contre moi à mains nues ? » La sorcière laissa entendre un rire cruel qui ne présageait rien de bon. « C'est une erreur, croit moi. Choisis tes armes, c'est plus prudent. » la pressa-t-elle. Sylbille grimaça avant de s'approcher à son tour des lames qu'on lui proposait. Après un regard rapide, elle arrêta son choix sur deux lames aiguisées ainsi qu'une hache doubles lames. Au dernier moment, elle s'empara également d'une dague qu'elle glissa dans sa botte droite.

Les deux femmes se positionnèrent au centre de l'arène tandis que les deux ailés qui leur avaient apporté leurs armes se retiraient dans un vol gracieux afin de rejoindre les gradins. Le silence était retombé dans l'auditoire, la tension grimpant à son paroxysme tandis que les deux concurrentes attendaient le top départ. Les mains de l'orisha tremblaient sous le coup de l'émotion. Elle ne parvenait pas à savoir si elle se réjouissait de devoir se battre contre sa sœur -un combat qu'elle avait rêvé des milliards de fois, qu'elle avait fantasmé tous les jours- ou si cette réalité l'effrayait. Durant les dernières décennies, Sybella avait été son objectif moteur, celle qu'elle avait pourchassé sans relâche. Elle était celle qui semblait donner un sens à sa vie, en quelque sorte. L'idée de se mesurer à elle, ici,  sonnait comme un affrontement final. C'était ce qu'elle souhaitait le plus au monde, non ? Pouvoir tuer celle qui l'avait trahis, celle qui avait renier son sang. Cette impure qui souillait sa lignée. Alors pourquoi sentait-elle cet étrange pincement au cœur ? Nerveuse, la chasseuse laissa remonter son regard pour sonder la foule de spectateurs. Ses prunelles cherchèrent à se connecter à celles de son époux, comme pour trouver du réconfort, une source de courage pouvant lui donner de la force. Elle ne trouva l'Ange nul part.

« Commencez ! » Dans un hoquet de surprise, Sylbille replaça son attention sur son adversaire. Trop tard : la fille du Chaos fonçait déjà droit sur elle, brandissant sa lame avec confiance. Sylbille avait perdu l'opportunité d'attaquer la première, de lancer l'offensives. Ces quelques secondes d'inattentions lui avaient fait rater son coup ! Resserrant sa prise sur le manche de sa première épée, l'orisha écarta légèrement les jambes afin de prendre meilleur appui. La collision des deux lames la fit vaciller légèrement, mais elle parvint à reprendre contenance et donna une impulsion qui fit reculer sa sœur. Sans lui laisser le temps de se repositionner, la Gandr enchaîna avec plusieurs coups directs, visant des zones stratégiques pour blesser son adversaire et la faire tomber. La chose ne fut néanmoins pas aisée puisque la sorcière parvint à parer chacune de ses attaques, renvoyant des coups en visant les ouvertures qu'elle percevait dans la posture de la guerrière. « Alors, surprise ? » siffla la maléfique entre ses dents, alors qu'elle faisait claquer sa lame contre celle de sa jumelle, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre. La brune ne répondit rien, mais elle était effectivement très surprise de la voir se défendre avec autant d'habileté. Sybella était une maîtresse dans l'art de la fourberie et des potions, dans les pièges et la manipulation. Sylbille ne se souvenait pas d'elle comme étant une combattante aguerrie. En réalité, la mage noire avait toujours été médiocre, avec une lame en main. La voir lui tenir tête aussi longtemps relevait déjà de l'exploit. Mais la dextérité avec laquelle elle parvenait à manier l'épée semblait témoigner d'un entrainement rigoureux, que la Kenhsa n'avait pas envisagé. L'orisha se contenta de serrer les dents et de dégainer sa seconde lame, envoyant un coup pour essayer de trancher le ventre de la sorcière qui esquiva d'un saut sur le côté. Celle-ci répliqua en brandissant sa lame au dessus de sa tête avec une rapidité étonnante, forçant son opposante à lever ses propres épées pour parer l'attaque, abandonnant totalement sa garde. La Sùlfr profita de cette position pour donner un puissant coup de pied dans l'abdomen de sa jumelle, la faisant tomber à la renverse. Dans sa chute, la combattante lâcha l'une de ses armes. Exécutant une roulade arrière, guidée par l'élan qu'elle avait pris en tombant, elle essaya de se relever mais la mage des ténèbres, qui s'était emparé de sa lance, commença à faire pleuvoir les coups dans sa direction, l'empêchant de se remettre sur ses pieds. Sylbille riposta tant bien que mal avec son épée, agitant le bras comme si elle essayait d'attaquer sa moitié avec une aiguille. Ses membres commençaient à devenir douloureux, elle ne tiendrait pas longtemps ainsi...

A peine la brune avait-elle eut le temps de formuler cette pensée que l'autre concurrente la désarma pour de bon. Un sourire cruel et jubilatoire se dessina sur les lèvres de la brune, tandis qu'elle continua à asséner des coups vifs et dangereux à l'encontre de son adversaire, qui s'était mise à ramper sur le dos aussi vite qu'elle le pouvait, son souffle devenant irrégulier. La foule criait des encouragements ou des insultes, sans que l'on puisse savoir à laquelle des deux participantes ils étaient adressés. Tandis que l'attaquante continuait à piquer le sol avec sa lance, Sylbille parvint à bloquer l'arme en posant son pied sur la lame lorsque celle-ci buta contre le sol. De sa jambe libre, elle donna un puissant coup de pied qui força la manieuse à lâcher le manche, se relevant tout en lâchant un cri de rage. Toutes deux désarmées, Sylbille se mit à courir vers sa sœur qui porta la main à sa ceinture afin d'attraper son fouet. L'orisha ne lui laissa pas le temps de le dégainer, passant ses bras au niveau de ses hanches pour la plaquer au sol. Malheureusement, emportée par son propre élan, Sylblle tomba également et roula quelques mètres plus loin. Le temps qu'elle se redresse, la vile s'était agenouillée et avait prit son arme en main. Sentant le désespoir monter en elle, Sylbille essaya de faire demi-tour, pour mettre de la distance et échapper à la zone d'attaque de la sadique. Elle ne fut pas assez rapide, néanmoins. « Oh non, tu ne pars pas, sale cafard ! » La cruelle mania son fouet avec dextérité, attrapant la fugitive par le cou. Avec un coup sec, elle la refit tomber au sol puis commença à la traîner sur le sol. Sylbille en eut le souffle coupé, le lien se serrant encore davantage autour de sa chaire, l'empêchant de respirer. Des gémissements étouffés lui échappèrent tandis qu'elle essayait de se débattre, gesticulant sur le sol, donnant des coups de pieds dans le vide. Ses doigts essayèrent de trouver un moyen de défaire le fouet autour de son coup, en vain. Les cailloux s'enfonçaient douloureusement dans son dos, malgré ses vêtements. De la poussière atterrissait dans ses yeux larmoyant, dans sa bouche ouverte pour essayer d'aspirer un air qui se faisait rare dans ses poumons. Sa tête commença à tourner dangereusement et, tandis qu'une panique désorganisée commençait à la gagner, elle se rappela la petite lame qu'elle avait glissé dans sa botte. Après deux essais infructueux, elle parvint finalement à s'en emparé puis commença à scier le cuir à la hâte. Le lien céda finalement et Sylbille s'empressa de libérer ses voies respiratoires, aspirant à grandes goulées l'air qui semblait avoir disparu de son organisme. Chancelante et toussant pour essayer d'expulser la poussière qu'elle avait avalé, elle se remit néanmoins sur ses pieds. Elle n'avait pas le temps de rêvasser : Sybella chargeait déjà de nouveau, armée de sa dernière épée. L'orisha la laissa s'approcher et, au dernier moment, esquiva en pivotant sur sa jambe droite. Le visage de sa jumelle se trouva à quelques centimètres de sa main : la brune en profita pour fendre l'air avec sa dague, visant les yeux de la sorcière. Cette dernière lâcha un cri de douleur et de surprise avant de reculer, sa main pressée contre la partie gauche de son visage. Sylbille pesta intérieurement. Même si elle avait entaillé sa chaire, elle n'avait pas réussi à l'aveugler comme elle avait voulu le faire. Ses poumons la brûlaient toujours terriblement. Elle ne se laissa néanmoins pas le temps de s’apitoyer sur sa condition et fonça de nouveau vers son adversaire, levant son poing serré tout en rugissant pour se donner de la force.

Le corps des deux combattantes n'était plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre lorsque la ténébreuse leva sa main maculée de sang à son tour en direction de la poitrine de sa sœur. Sylbille sentit son cœur rater un battement. Il ne fallait surtout pas qu'elle se laisse toucher par cette main destructrice. Elle avait vu ce que la magie des sorciers était capable de faire, et ce n'était pas joli à voir. Si la Sùlfr parvenait à la toucher, elle aurait perdu. S'abandonnant à ses instincts de chasseuse, la Gandr ferma les yeux et se concentra. Lorsqu'elle les rouvrit, elle laissa sa magie faire effet, déversant une vague d'énergie pure de toutes les parcelles de son corps. Sybella fut projetée en arrière par l'onde de choc, s'échouant par terre. Par prévention, l'Orisha lança sa petite lame dans sa direction. Elle aurait atteint sa cible si celle-ci n'avait pas décidé de sacrifier sa main, qui fut transpercée au même moment qu'un hurlement rageur s’échappait de sa gorge. Sylbille arriva à la hauteur de son adversaire et la maintint au sol en plaquant son pied sur sa gorge, la privant à son tour d'air. La combattante s'empara de la hache qui pendait encore dans son dos et la fit tourner au dessus de sa tête, comme pour montrer sa puissance, sa victoire inéluctable, avant d'abattre l'arme vers le sol. Sybella fut prise d'un hoquet de stupeur, pensant mourir. Lorsqu'elle rouvrit les yeux qu'elle avait fermé sous l'effet de la peur, elle remarqua que sa tête était toujours reliée au reste de son corps. Les deux lames papillons de la hache trônaient de chaque côté de son cou, l'empêchant de se relever ou de fuir.

Pendant quelques secondes, un silence de mort tomba, puis ce fut l'effusion de joie. Les cris et les applaudissements rugirent, plus intense que jamais. Sylbille, à bout de force, recula de quelques pas. Son corps entier la faisait souffrir, mais tout cela lui importait peu : elle avait gagné. Elle avait remporté ce combat. Un sourire soulagé étira ses traits. Euphorique, elle brandit les deux bras en l'air, profitant de sa gloire, se retournant finalement vers le siège du haut-juge. Le silence retomba, la foule pendue aux lèvres de l'ange, chacun attendant sa décision. Sylbille sembla être la seule à être surprise par sa décision, lorsqu'il lui fit signe d'exécuter la perdante. Le ventre de l'orisha se tordit, et une terrible envie de vomir la fit se plier en deux. Elle parvint à garder son déjeuner de justesse. Les jambes flageolantes, elle se retourna de nouveau vers l'arbitre, comme si elle s'était attendue à le voir exploser de rire et lui avouer qu'il ne s'agissait que d'une blague... Mais non. Il était sacrement sérieux. Les secondes s'écoulèrent, tandis que la Gandr dardait son regard vers l'homme, interdite. Elle ne comprenait pas. A quoi cela rimait-il ? A quoi bon exécuter Sybella ? Elle avait perdu. C'était elle, Sylbille, qui avait remporté la manche. N'était-ce pas suffisant ? Elle était troublée. Plus que cela, même. Elle était abasourdie. S'agissait-il d'un test, d'une ultime épreuve pour savoir si elle était vraiment digne d'être désignée comme vainqueur ? Elle fut prise d'un terrible doute, son regard s'intensifiant pour essayer de déceler chez cet homme impassible une quelconque trace d'émotion qui pourrait l'aider à faire le bon choix. Elle fut tenter d'utiliser son troisième œil pour essayer d'y voir plus clair mais se ravisa : elle ne le maîtrisait pas suffisamment pour en faire bon usage. Le regard de la foule l'intimida, et elle se trouva incapable de bouger. Finalement, ce fut la voix de sa sœur qui la sortit de sa torpeur. « Je savais bien que tu n'avais pas le cran pour le faire ! Tu n'es qu'une lâche, une mauviette. Tu n'es pas faite de ce bois-là, n'est ce pas ?" Ses entrailles se révoltèrent et, avant qu'elle ne s'en rende compte, Sylbille était accroupie près du corps de sa concurrente. Fébrile, elle s'empara de la dague, toujours plantée dans la main de la perdante. « Peut-être pas, en effet. » souffla-t-elle. « Mais je m'apprête à le devenir. » conclut-elle. Voilà. Elle était sur le point de faire ce qu'elle avait passé des années à vouloir accomplir. Ce moment aurait dû être jouissif, lui provoquer la plus grande des satisfactions. Pourtant, elle sentait son cœur engourdi. Elle n'éprouvait aucun plaisir à l'idée d'achever la Sùlfr. La gorge nouée, elle leva l'arme bien haut. « Non... Non, non je t'en supplie, je plaisantais ! Non, ne fais pas ça ! Non ! » La panique défigurait le visage d'habitude orgueilleux de la brune. « Je n'ai pas le choix. » Étrangement, Sylbille eut une pensée non pas pour sa famille, les Gandr, mais pour son fils. Même si son sang ne coulait pas dans ses veines, il lui était tout aussi précieux, sans doute même davatange. Tout ce qu'elle désirait, désormais, c'était un monde où il pourrait s'épanouir. Un monde où elle ne craindrait pas à chaque seconde que quelque chose de terrible ne lui arrive. Un tel monde ne pourrait arriver que s'il était débarrassé des engeances néfastes. Comme sa sœur. Comme les sorciers. « Le monde sera bien meilleur sans toi. »

L'orisha plongea la lame dans l'oeil écarquillé de son reflet.
2715 mots
Ouh, je me suis laissée emporter. Désolée du pavé >.<



Merci Kyky  nastae
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Jeu 04 Juil 2019, 10:43

[Coupe des Nations] - Le dilemme des justiciers 376138Sanstitre3
Le dilemme des justiciers
[Musique]

Le silence régnait. Une cacophonie hurlait. J’ouvrais les yeux, paralysée par la peur. J’étais encore dans ma chambre. Il n’y avait pas un bruit. Seules mes pensées s’échangeaient des mots à toute vitesse. Il m’était presque impossible d’en saisir le sens. Je portais mon pouce à ma bouche pour en mordiller l’ongle. Cette histoire ne me plaisait plus. L’euphorie d’avoir été choisie était passée. L’angoisse me saisissait. Assise sur le lit, je recroquevillais mes jambes vers mon buste. Je cachais mon visage dans mes genoux. Depuis combien de temps attendais-je ? Quand mon tour allait-il arriver ? Je ne savais pas. Je n’arrivais pas à le prédire. Qu’allait-il m’arriver ? Si j’échouais, apporterais-je le déshonneur sur ma famille et mon peuple ? Je voulais savoir. J’avais l’impression d’avancer à l’aveugle. Cette situation m’était devenue insupportable. Un mal de crâne terrible commençait à m’envahir. L’attente était-elle en train de me briser ? Allais-je m’effondrer en pleurs avant même d’avoir subi l’Epreuve ? « Aylivæ Song, c’est à vous. » Je relevais brusquement la tête. Perdue dans mes pensées, je n’avais pas entendu l’Ange arriver. Il tendait les bras vers moi, m’invitant à le rejoindre. Je dépliais mes jambes pour les déposer au sol et faire ce qu’il attendait. Aujourd’hui, loin de mes habitudes, j’étais vêtue d’un ensemble en cuir résistant. Doucement, je glissais mes mains dans les siennes. Je fermais les yeux, sachant que je supportais mal la téléportation, et essaya de me détendre. J’abandonnais mon corps à la magie angélique. Il était temps.

Une cacophonie hurlait. Le silence régnait. Instinctivement, mes paupières s’ouvrirent. Le son rugissait de toute part. Il m’englobait, me glorifiait et me paralysait. Mes pensées s’étaient arrêtées. Elles étaient spectatrices de cet émoi qui transcendait la foule. Mes yeux passèrent d’individu en individu, cherchant inlassablement un point auquel s’accrocher. Il n’en était rien. Les gradins avaient l’air de se mouvoir avec fougue. Les visages heureux trépignaient d’impatience. Une voix, pourtant, s’éleva au-dessus des autres. La clameur générale s’assagit. J’écoutais tandis que mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Le son ne balayait plus tous mes sens. Mon regard prudent s’autorisait à étudier l’environnement. La voix du Juge se troubla soudainement. Des yeux bleus étaient rivés au mien. Je n’écoutais plus. Seule la respiration de mon adversaire me parvenait. Ma mâchoire se crispait. Mon visage se fermait. J’étais uniquement concentrée sur cet être qui avait été mon tout auparavant. Des armes nous furent apportées. Figée dans son regard, je ne baissais pas les yeux et choisis une épée au hasard. Ma main se crispa sur la fusée de l’objet. La colère se lisait à présent sur mon visage. Mes yeux transportaient une promesse de vengeance. Je voulais qu’il réalise au combien il m’avait blessé. Je voulais qu’il comprenne la souffrance qu’il m’avait causée. Je voulais lui rendre au centuple ce qu’il m’avait fait. Samuel avait brisé mon cœur. Il l’avait réduit à néant, le plongeant dans des ténèbres glacées. Je voulais lui faire regretter. Je voulais qu’il se brise. Je voulais qu’il disparaisse avec cette douleur qui subsistait dans mon cœur. Une larme coula sur ma joue, scellant mes vœux de souffrance. Samuel, mon fils d’antan, entama sa course. Il m’avait lui aussi fait une promesse lors de son départ. Mes jambes se mirent en marche. J’utilisais ma magie pour être plus rapide. La morsure de l’effort était dissimulée sous la force de la colère. La Vengeance avait sonné. Il était temps de rendre des comptes. Ce combat se solderait par la Mort.

Les lames fendirent l’air pour se percuter, pour se parer. Le choc se propagea avec violence dans tout mon bras. Samuel tenta une nouvelle percée. Je l’esquivais de justesse, sacrifiant au passage une longue mèche de cheveux. Un sourire carnassier fleurit sur mes lèvres. Un sentiment dangereux s’était réveillé. Le goût de la chasse et du jeu s’insinuait dans mon être. Je plongeais mes yeux dans les siens. « Tu ne me ferras pas de mal. » disais-je à son attention. Samuel semblait soudain perdu. Il laissait tomber mollement son bras guerrier. Je fondais sur lui, la pointe de ma lame prête à le transpercer. Je voulais voir le sang gicler. Au dernier moment, l’adversaire reprit ses esprits et se sauva. Pourtant, l’acier se teinta légèrement de sang. Je l’avais blessé. Sur son bras, une entaille profonde était visible. « Encore ces jeux de manipulation ? » Il fit quelque pas sur le côté, je l’imitais. Nous tournions au centre de l’arène. « Tu n’as toujours été qu’un mensonge. Tu t’insinues au sein de nos esprits à défaut de pouvoir te faire une place dans nos cœurs. » Je serrais les dents. « C’est toi. C’est toi, Samuel, qui m’aies trahie. C’est toi qui m’aies abandonnée. » Un rire jaune s’éjecta de sa bouche. « Trahie ? Abandonnée ? » répéta-t-il. Il s’approchait de nouveau vers moi. Nos lames se croisèrent. Nos visages n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. « Je t’ai aimé. Je t’ai aimé plus que tout. Mais notre relation n’était que fausse. Elle n’était fondée que sur des mensonges. C’est toi qui m’aies trahi. Tu m’aies trahi dès le premier jour. » Mes yeux étaient plantés dans les siens. Ma colère bourdonnait. « Je t’ai sauvé ! Sans moi, tu serais mort ! Qu’est-ce que j’aurais dû faire, hein ?! Avouer à un enfant que sa famille était en train de se faire dévorer vivante ? Et puis, je ne parlais même pas le commun à l’époque ! » L’acier crissait. Samuel fit un bond en arrière pour se libérer du contact sans issu. « Est-ce là ce que tu te dis pour mieux dormir la nuit ? Est-ce là tes justifications ? Est-ce là les preuves de ta bonté d’âme ?!! » Il rugissait. Du revers de la main j’essuyais les postillons qui s’étaient accumulés lors de ce contact prolongé. « C’est toi et ton peuple de vipères qui les ont tués ! Personne d’autre ! VOUS êtes les coupables. VOUS m’avez retiré ma vraie famille ! » Passant la main dans son dos, il se saisit d’un shuriken qu’il y avait dissimulé. Il me le lançait de toute sa force. Je n’eus pas le temps d’esquiver. La petite lame se nichait dans mon omoplate. Je lâchais un cri de douleur. « J’ai été ta famille, Samuel ! » Je suais à grosses gouttes tandis que je retirais l’objet métallique de mon muscle. Le sang ruisselait sur le cuir de mon armure fendue. Pourtant, la magie qui m’habitait guérissait cette peau meurtrie. « Je t’ai élevé comme si tu étais mien. Je t’ai élevé en faisait fit de nos essences respectives. Je n’étais pas une Næphina. J’étais ta mère. Tu n’étais plus un humain. Tu étais mon fils ! Et tu m’as abandonné ! » hurlais-je. Je courais vers lui. Nous échangions de nombreux coups. Notre dialogue avait cessé sous la concentration et l’intensité du duel. Des poings volaient. Des genoux percutaient. De nombreuses entailles se dessinaient sur mon corps. Elles disparaissaient presque aussitôt. La guérison était aussi douloureuse que la blessure, peut-être pire. Ce pouvoir de régénération était incontrôlable. Je voulais qu’il cesse mais je n’arrivais pas à le maîtriser. Je n’y étais jamais arrivée.

« C’est bien là tes plus gros mensonges. » Nous nous étions écartés. Haletants, nous cherchions à reprendre notre souffle. Nos mots reprirent comme ci rien ne s’était passé. « Tu n’es pas ma mère. Tu n’es qu’une femme cruelle qui prend la vie aussi facilement qu’elle se couche. Je ne suis pas ton fils. Je ne suis qu’un orphelin entraîné malgré lui dans une spirale de mensonges. Voilà ce que nous sommes. » Le dégout se lisait à présent sur mon visage. Je secouais la tête. « Écoute toi ! Les mensonges, c’est toi qui les créées ! Si tu veux jouer à ce jeu-là, tu ne gagneras pas ! Tu n’étais peut-être pas mon fils, biologiquement parlant, mais tu l’as été dans mon cœur. Je ne t’ai pas sorti de mes entrailles mais j’ai fait de toi ce que tu es aujourd’h… » « Un monstre de colère et de haine ! Voilà ce que je suis devenu ! Voilà ce que tu as fait de moi ! » me coupait-il. Les coups se remirent à pleuvoir. La chevelure blonde de mon adversaire était maculée de sang. Ma tenue avait une teinte rougeâtre. « La colère, elle est de ton fait ! Je ne t’ai menti qu’une seule fois, pour t’épargner des tourments trop difficiles. La haine que tu ressens, elle prouve que notre relation était aussi vraie que l’amour que nous partagions. Tu étais mon fils et je t’ai toujours regardé comme cela. Jusqu’à ce que tu te décides de m’abandonner. Par faiblesse. Par lâcheté ! Tu aurais du trouvé dans ton cœur la force de pardonner un mensonge aussi vieux que l’océan. » Il riait sèchement avant de cracher une glaire de sang. « La force que tu as trouvé à cet instant ? » Sa question était rhétorique. « Je t’abandonnerais cent fois si c’était à refaire. » Un poignard invisible plantait ses crocs dans mon cœur. « Je t’abandonnerais car c’est tout ce que tu mérites. Toi et ton peuple ! Te souviens-tu de la promesse que je t’ai faite quand nous nous sommes quittés ? » « Samuel… » J’étais soudain lasse. « T’en souviens-tu ?! » hurla-t-il avec puissance. « Je t’ai promis que, lorsque j’en aurais la force, je t’anéantirais. Je débarrasserais le monde de ton emprise mensongère. Je truciderai chaque membre de ta sale espèce. Vous n’êtes que des vipères démoniaques. Le monde se portera mieux sans vous ! » Les jointures de ma main se crispèrent sur le manche de mon épée. Celui-ci était devenu glissant à force d’avoir vu le sang couler. Un sentiment nouveau m’envahit. La colère laissait place à un instinct de protection. Il menaçait mon peuple. Il menaçait ceux qui étaient miens. Il menaçait les filles et fils d’Aylidis. Il menaçait ma famille. « Je ne peux pas te laisser faire. » Samuel essuyait le sang qui coulait de sa lèvre fendue. « Tu ne m’arrêtera pas. Le moment est venu. » L’acte final avait été énoncé. Nous fondions l’un sur l’autre. La Vengeance et la Justice se livrait bataille. Je devais protéger les miens. Je devais les protéger de ce fils que je haïssais autant que j’aimais.

Le bruit de l’acier résonnait encore et encore. Les coups ne se comptaient plus. La lame du blond était impulsive mais forte. La mienne était plus stratégique et douce. Le combat était équitable. La colère ne m’aveuglait plus autant. Je parvenais à réfléchir. D’un mouvement de jambe, j’envoyais la poussière sur le visage du blond. Le vent griffait et s’agitait autour de nous à mesure que je murmurais des mots à son attention. Je m’insinuais dans l’esprit de l’Humain pour jouer avec sa vue et rendre ses coups moins précis. Cependant, un coup plus puissant s’échangea. Nos deux lames volèrent loin de nos mains sous la force du choc. Samuel fondait déjà sur moi. Il me projetait sur le sol où il m’y plaqua. A califourchon sur mon corps, il plaçait ses deux mains autour de ma gorge. Je suffoquais. « Je les tuerais ! Je les tuerais tous ! Et je prendrais plaisir à les faire souffrir ! » Ma main tâtonna dans le dos du blond. Elle se referma sur l’acier d’un petit objet. Sans hésitation, je plongeais le shuriken dans le muscle de son bras. Surpris, il lâcha sa prise. J’en profitais pour me dégager à toute vitesse et, à quatre pattes, me précipitais sur l’épée la plus proche de nous. Ma main empoignait le manche tandis que l’Humain me saisissait la jambe pour me ramener à lui. Je me retournais avec vivacité et pointais l’épée vers son visage. « Arrête ! » m’écriais-je. « C’est fini ! » Il levait les deux mains en l’air. Je me relevais en le laissant en proie à ma lame. « C’est fini. » répétais-je plus doucement. « Ce ne sera jamais fini ! Tant que je vivr… » « Trouve la force de me pardonner ! » lui ordonnais-je au bord de l’implosion. « Trouve cette satanée force ! Tu as été mon fils. Et tu le resteras malgré cette rancœur qui nous anime. Accorde-moi le Pardon. Il te suffit d’un mot et, moi, je te pardonnerais. Tu m’as fait énormément souffrir. Mais cela prouve que tu es l’être pour qui je donnerais tout. Tu es ma lumière. Je me sacrifierais pour toi. Tu n’as qu’à me pardonner. » « Et tout redeviendra comme d’antan ? » Son visage était amer. Il était insensible à mes mots. « Tu n’as qu’à mourir ! Jamais je ne te pardonnerais tes mensonges. Tu n’es plus rien à mes yeux. » Le vide s’installait en moi. Je réalisais soudain que la foule criait mon nom. Je n’y avais pas prêté attention auparavant, obnubilée par mon fils. J’avais gagné ce combat depuis que j’avais ramassé cette arme. Mon visage se tourna vers le Juge. Le silence se fit une nouvelle fois entendre. Tous attendaient sa décision. Elle tomba rapidement. L’ordre était donné de tuer. Je regardais Samuel. Je ne voulais pas. Ce jeu était cruel. Cruels comme ses yeux bleus. Il me regardait comme si j’étais le pire des monstres. Il me regardait et je savais. Rien ne pouvait le faire changer d’avis. « Si je laisse mon cœur parler… » Je baissais les yeux. « Si je t’épargne… » Je le voulais tellement. L’amour qui subsistait m’ordonnait de reposer l’épée. « Tu ne seras que Vengeance. Tu ne seras que feu et sang. Tu ne seras qu’une menace pour mon peuple. » Je relevais les yeux. Mon visage était déterminé. Mes yeux n’étaient que tristesse. Samuel comprit. Sa colère se transforma en peur. Il se releva rapidement. « Je te pardonne ! Je te pardonne ! Ne me tue p… » La lame gardienne s’enfonçait dans son ventre tandis que je ne le tenais par l’épaule. « C’est toi qui mens. » Je retirais l’acier de son corps. Jamais il ne me pardonnerait. Ses mots n’étaient que les produits de sa peur et de son instinct de survie. Il crachait une gerbe de sang. Ses yeux étaient plantés dans mon regard. Le choc se peignait sur son visage.

Il tomba sur ses genoux. J’accompagnais son mouvement. Je ne voulais pas qu’il chute brusquement. Enlaçant son corps, je l’installais dans une position couchée, sa tête sur mes cuisses. « J’ai froid. » Je lui souris doucement en passant mes doigts dans sa tignasse poisseuse. « Je suis avec toi, Samuel. » Il regardait le ciel avant de plonger son regard dans le mien. « J’ai peur, Maman. » Des larmes commençaient à couler sur mes joues sales. « Je suis avec toi. » répétai-je. « Je ne t’abandonne pas. Je suis juste là. » Il frissonnait. Sa respiration était saccadée et sifflante. Une nappe de sang s’écoulait du trou béant qu’il avait sur le torse. Ses yeux dérivèrent de nouveau vers le ciel azuré. Je le sentais partir. J’avais peur. J’avais mal. Je voulais partir avec lui. Nous vivions nos derniers instants. Mes lèvres s’entrouvrirent pour lui chanter une berceuse d’antan. Il était si petit quand je le lui avais chanté la dernière fois.
« Sous les flots une femme t’attend,
Laisse-toi enlacer doucement.

Ecoute la chanson de l’océan,
Laisse-toi porter par le courant.

L’amour d’Aylidis est charmant
D’un baiser tu t’endors sagement.

Sous les flots une femme t’attend,
Laisse-toi enlacer doucement.

Ecoute la chanson de l’océan,
Laisse-toi porter par le courant.

L’amour d’Aylidis est charmant
D’un baiser tu t’endors sagement. »

Ses yeux étaient vitreux. Il s’était envolé. La menace qui planait sur mon peuple était annihilée. Je déposais un long baiser sur son front avant de m’écrouler sur son corps. Je pleurais et criais. La douleur n’avait jamais été aussi cuisante. Je le serrais dans mes bras, tenant sa tête inerte contre mon cœur. Je nous berçais. Mon cœur s’était une nouvelle fois brisé. Pourrais-je un jour me le pardonner ?

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Ven 05 Juil 2019, 18:00

[Coupe des Nations] - Le dilemme des justiciers Cdn_an11
Le dilemme des justiciers



Les yeux fixes, le corps figé, Angus avait lâché l'une des épées qu'il tenait quand il avait vu qui était son adversaire, sans même s'en rendre compte. Ses pensées se partageaient entre l'horreur, la terreur et la rage. Ca se bataillait sans qu'aucune de ces émotions n'arrivent à prendre le dessus. Puis finalement, la rage, poussée par la terreur, l'emporta. Sans prendre le temps de ramasser l'arme par terre, il se précipita en  avant, brandissant l'autre arme dans l'intention manifeste de le pourfendre, le transpercer, l'ouvrir en deux, le décapiter, le trucider et tout un tas d'autres actions dans le même acabit du moment que le but final comprenait la mort douloureuse de son adversaire. Oubliés, la Coupe des Nations, la foule, les Anges. Tout ce qui lui revenait à cet instant, c'était l'horreur que cet homme lui avait fait vivre. Même après toutes ses années, alors qu'il pensait que tout était terminé et qu'il avait tourné la page, il lui avait suffit de voir son visage pour que toutes les douleurs et les images reviennent.

    «Chut, arrête de pleurer. Ca va aller, mais je t'en supplie, arrête de pleurer. S'il t'entends, ça ne sera que pire. » « Je …. Je sais … Je suis désolé … Mais j'ai si mal … Je veux que ça s'arrête … Je t'en prie. » Il n'était pas le seul à pleurer. Il y en avait tellement d'autre. Même lui avait déjà craqué et fondu en larmes, sous la pression, la douleur, la peur. Quand cela commençait comme ça, ce n'était jamais très bon signe. Ca finissait même généralement plutôt mal. Il ne pouvait rien faire pour l'aider que d'être présent à ses côtés, le soutenir, le bercer, le rassurer et tenter de lui insuffler le peu d'espoir et de force que lui-même possédait. Une grille grinça. Des pas résonnèrent dans la cave et des gémissements se firent entendre. Il s'accrocha désespéramment à lui, sachant ce qui l'attendait, sachant qu'il était venu pour lui. Il ne voulait pas retourner entre ses griffes. Il était si faible, il avait si mal. Ils se cramponnèrent avec détresse l'un à l'autre mais rien n'y fit … Lui était plus fort et ils étaient à sa merci. Il l'emporta tandis que les cris et les pleurs de désolation retentissaient tout autour d'eux.


Les souvenirs remontaient à la surface comme un cadavre putride réapparaîtrait des eaux. Ils l'aveuglaient, lui faisant perdre tout raisonnement et pensées cohérentes. Son adversaire ne faisait qu'éclater de rire en esquivant ses attaques, se moquant ouvertement de lui dans ses éclats de joie morbides et malsains, qui venaient encore aujourd'hui hanter ses nuits. En dehors des tortures et autres joyeusetés qu'il leur avait fait subir, c'était son rire qui l'avait marqué. Cette façon bien à lui de les rabaisser et de les humilier juste en se dilatant la rate pendant qu'ils souffraient sous ses yeux. Malgré les siècles qui avaient passé, rien n'avait changé. Ce rire déclenchait toujours la peur chez lui. Mais il n'était plus cet humain prisonnier, affaibli et à sa merci. A présent, la magie coulait dans ses veines. Il était plus fort et surtout, il n'était plus assujetti, prisonnier dans une cage. Il pouvait riposter et lui faire payer au centuple, pour tout ce qu'il lui avait fait subir, pour tout ce qu'il avait fait subir aux autres et pour ceux qui n'avaient malheureusement pas survécu.

    A force de crier, il n'avait plus de voix. De toute façon, hurler ne servait à rien. Cela ne faisait pas disparaître la douleur et surtout, personne d'autre ne pouvait les entendre. Personne en tout cas qui puisse lui venir en aide. Il n'y avait que lui, son bourreau et les autres victimes. Il avait perdu le fil du temps, incapable de dire depuis combien de temps il était ici, entre ses mains. Les secondes lui paraissaient parfois durer des heures avant que l'instant d'après, ce ne soient les heures qui défilent aussi vite que des secondes. Les expérimentations s'enchaînaient, toutes différentes, toutes horribles à leur façon. Et toujours ce rire quand la colère s'emparer de lui et qu'il le maudissait, l'insultait ou bien qu'il le suppliait, l'implorait de faire cesser tout ceci quand le désespoir reprenaient le dessus. Mais ça n'avait évidemment jamais arrêté. Le malheur des autres, leurs souffrances et leurs suppliques semblaient faire son bonheur, sa raison de vivre.


Malgré le fait qu'il soit plus fort, il lui résistait. Leurs attaquent semblaient de force égale, et seule une erreur d'inattention dûe à la fatigue qui s'accumulait pourrait finir par les départager. A moins que l'un de deux ne finisse par se montrer plus ingénieux. Lui finit par trébuchait, baissant un instant sa garde. Angus plongea en avant. Mais au lieu de réellement attaquer avec son épée, il usa de sa magie sur le métal pour faire qu'une longue aiguille métallique prenne forme et vienne perforer son ennemi au niveau des reins. Ce dernier cria en s'écroulant tandis que le lyrienn lui apposait sa lame sur le cou. Oubliée, la compétition. Envolées les règles et consignes. Voir son visage et entendre son rire avaient suffit à lui faire perdre la raison. Déjà que depuis la fin de la guerre, cet aspect là de son mental n'était plus au mieux de sa forme. Sans un regard pour la foule et surtout sans même prêter attention au juré, il appuya de plus en plus fort avec sa lame, ouvrant les chairs, faisant jaillir le sang.

    Aujourd'hui, c'était le jour de leur salut … Ou celui de leur perte à tous. Quelques uns d'entre eux avaient réussi à comprendre comment fonctionnaient les pouvoirs que les expérience de l'Autre leur avaient octroyés. Les expérimentations devenaient plus dures, plus incisives, plus mortelles. Les plus faibles parmi ceux qui étaient encore vivants n'y survivraient pas beaucoup plus longtemps. Il fallait qu'ils tentent quelque chose maintenant pendant que ceux qui relativement en forme pouvaient se battre et porter ceux qui n'en auraient pas la force. Ils s'étaient concertés à voix basse, établissant un plan d'action. Et lorsque le moment vint, ils frappèrent tous en même temps, d'un même coup, dans la même direction et le même but. L'air devint rapidement irrespirable. Avant que la fumée ne masque tout, il le vit, lui, arriver. Il hésita un instant. Il voulait le frapper encore et encore, le mutiler et l'entendre supplier. Mais il ne pouvait pas se le permettre. Il y avait les autres qui avaient besoin d'aide, qu'il fallait faire sortir avant qu'il ne soit trop tard alors que les attaques magiques pleuvaient déjà et en touchaient certains.


Pour eux.

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Dim 07 Juil 2019, 22:55

[Coupe des Nations] - Le dilemme des justiciers Medli610
Le dilemme des justiciers


Je m'avançai timidement vers le centre de l'arène, les mains posées en visière au-dessus de mes yeux afin de me protéger des éclats de la lumière qui m'aveuglaient. Tout autour de moi, les clameurs fébriles de la foule tonnaient, tels des rugissements de bêtes, dans mes oreilles assourdies par la cacophonie ambiante. Les jambes tremblantes, je progressais avec appréhension, déglutissant bruyamment ma salive dans une vaine tentative pour apaiser mon stress. À chaque pas que j'esquissais, les acclamations s'enflammaient, irrémédiablement, sous l'effet de la surexcitation du public qui guettait avec impatience la suite de leur divertissement. Cela dit, mon corps s'immobilisa subitement sur la voie que j'empruntais, tandis que mes bras se recroquevillaient craintivement sur le tour de ma taille. Je me sentais intimidée, écrasée sous la pression du grand nombre de spectateurs venus assister à ma performance. J'avais perdu toute volonté de poursuivre cette Épreuve, tant bien même que celle-ci n'avait pas encore commencé. Le regard suppliant, je pivotai la tête en direction de l'Ange m'ayant guidé jusqu'au Cercle de Combat, comme une prière silencieuse afin qu'il vienne me délivrer de mon fardeau. Bien évidemment, le Garde angélique n'intervint jamais pour exaucer mon souhait. À l'inverse, il choisit ce moment exact pour se volatiliser, m'abandonnant seule à mes doutes et à mes angoisses. En panique, je me contentai bêtement de fixer l'endroit – à présent vide – où l'Immaculé s'était tenu il y a peu. Mon visage devint aussitôt livide sous le couvert de mon masque, tandis que j'essayais de mon mieux d'ordonner à mes membres de se mouvoir, consciente que, désormais, je n'aurais droit à aucune échappatoire. Le fait me faisait autant plus peur maintenant que jamais auparavant, comme si je réalisais seulement d'emblée les implications qu'exigeaient ma participation à la Coupe des Nations.

Mon pied droit bougea. Non. Peut-être m'étais-je simplement contentée de les ignorer jusqu'au point de non-retour? Mon second pied suivit nerveusement l'initiative de son prédécesseur. Oui, cela me paraissait être une évidence. Après tout, je n'avais jamais été brave ou du moins, pas à la façon d'un protagoniste de Conte de Faes. Je n'aimais guère les conflits. La vue de la violence m'exécrait plus qu'autre chose et pourtant, me voilà qui déambulait au milieu d'une zone d'hostilités sous les cris d'une masse enfiévrée par l'extravagance du spectacle. À quoi avait bien pu songer les Ailes Blanches en organisant une pareille démonstration de barbarie en guise d'illustre compétition? Je l'ignorais. Cependant, il était trop tard pour commencer à nourrir des regrets. Je me rendis tant bien que mal jusqu'au centre du Cercle, où je m'armai d'une lance légère ainsi que d'un petit couteau que je ceinturai, les doigts tremblants, à ma taille. Je réajustai également mon masque, resserrant le cordage qui le maintenait en place afin de m'assurer qu'il ne tombe pas durant la frénésie des affrontements. Puis, je fis face à l'ombre de mon opposant qui se rapprochait doucement de ma position. Sa démarche était fluide, telle celle d'un prédateur s'apprêtant à fondre sur sa proie. J'eus instinctivement un geste de recul. Mes mains comprimaient si fermement le manche de mon arme que mes jointures ne recélaient plus aucune trace de couleur. J'étais terrifiée. Cela dit, mes cauchemars ne faisaient que commencer.

Mon adversaire se présenta à moi en bloquant la lumière de Jeriel de son dos massif. Sur son visage, un sourire carnassier s'était dessiné. Pourtant, je m'étais figée bien avant que cet homme ait adopté une expression aussi sinistre. Le teint blême et le corps vacillant, j'avais les lèvres qui tremblotaient, juste avant que celles-ci s'ouvrent soudainement en relâchant un cri à glacer le sang. Ce hurlement fut comme une sorte de révélation, sortant brusquement mon esprit de sa torpeur terrorisée. Je tentai à l'instant de m'enfuir, désirant désespérément m'éloigner de mon ennemi. Néanmoins, ce dernier n'eut aucun mal à interrompre ma course, empoignant mon bras qu'il tira de manière à me projeter violemment à terre. Je m'effondrai face première dans la poussière : l'impact fut si puissant qu'il en fissura d'entrée de jeu mon masque. Quant à elle, ma lance, à présent libre de mon emprise, m'avait glissé entre les doigts et reposait un peu plus loin à mes côtés. Je grimaçai, sonnée par la douleur s'étant répercutée dans l'ensemble de mes membres. Le monde semblait s'être mis à tourner autour de moi, prisonnier au sein d'un mouvement de spirale infernal. À travers le vacarme des spectateurs, je parvins cela dit à entendre son rire résonner au creux de mes conduits auditifs, tel le présage d'un danger imminent. L'homme n'avait pas encore fini de s'amuser avec sa proie. Désespérée, j'essayai maladroitement de me relever, mais mon opposant, ayant déjà prévu ma manœuvre, m'asséna son pied dans les côtes, m'envoyant ainsi valser à quelques mètres, hors de la portée de mon arme. J'en eus à nouveau le souffle coupé.

« C'est tout ce que t'as dans le ventre?! » Beugla le Gandr à mon encontre tout en s'emparant de ma lance. La haine et le mécontentement brûlait au fond de son regard orageux. Les pas chancelants, j'arrivai péniblement à me redresser. Mes doigts effleurèrent en déroute le manche de mon couteau, alors que le rictus monstrueux du Chasseur s'élargissait en grand. Confuse, mais surtout effrayée, je dégainai gauchement ma lame, que je tendis ensuite à bout portant. Mes yeux emplis de frayeur étaient incapables de se détacher des traits de l'homme qui avait tué ma mère. « Aikim... Gandr... » Réussis-je à murmurer entre mes lèvres sèches. J'exécutai un pas vers l'arrière. « Le seul et l'unique! » Le Gandr ouvrit les bras dans un geste théâtral. Il s'avança vers moi. Je reculai encore une fois. « Je me souviens toujours d'elle, tu sais? Un Chasseur oublie très rarement sa première proie après tout. » Poursuivit-il. Il continuait de réaliser ses enjambées, déterminé  à combler, coûte que coûte, la distance nous séparant. Pour ma part, je ne cessai de reculer. Je voulais fuir. Je voulais partir loin d'ici, sans jamais me retourner. Qu'importe l'Épreuve, la gloire de ma Caste ou les attentes des centaines paires d'yeux qui me contemplaient depuis les gradins, j'étais prête à renoncer à tout ça si cela signifiait que je ne sois plus en présence de cet homme. « Mais il y a une chose que je ne comprends pas. » Susurra-t-il. Ses intonations faussement doucereuses m'arrachèrent des frissons. « Pourquoi est-ce que tu portes un masque maintenant? » À ses mots, je sus d'un seul coup ce que le Gandr manigançait. Cela dit, le temps que j'organise adéquatement mon esquive, il était déjà trop tard : Aikim venait de bondir sur moi et me plaquait désormais au sol, m'écrasant sous son poids massif. Les avants-bras placés devant mon faciès, je me protégeais, avec l'énergie du désespoir, de la poigne de l'homme en gesticulant, alors que ce dernier tentait de retirer mon masque. « Allez, ne sois pas timide! Montre-moi ton visage sale vermine! » Désemparée, je ne pus m'empêcher de verser des larmes. « Lâche-moi! Lâche-moi! » Mes éclats de voix n'étaient, en réalité, que des supplices s'extirpant en affolement de ma bouche. En guise de toute répartie, le Chasseur me gifla. « MONTRE-MOI TON VISAGE! » Vociféra-t-il à mes oreilles. Et ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

Poussant un rugissement de rage, je fis soulever, à l'aide de mes pouvoirs, une puissante rafale de vent qui parvint à déséquilibrer le Gandr. Profitant d'emblée de cette ouverture, je l'envoyai à son tour rouler dans la poussière en le heurtant de toutes mes forces, avant de lui sauter à la gorge. À califourchon sur son corps, je commençai à lacérer le tissu de ses vêtements avec mes serres, enfonçant peu à peu mes griffes à travers sa chair dont le sang se mit inévitablement à jaillir en gerbes écarlates. Mon couteau s'insérait, encore et encore, dans l'épaule de l'homme, alors que mes yeux laissaient les larmes tomber sur mes joues en flots intarissables. « Tout est de ta faute! Tout est de ta faute! Tout est de ta faute! » Répétais-je, inlassablement, l'image de ma mère m'apparaissant de temps à autre au fond de mon esprit. Je ne voyais qu'en rouge à présent, aveuglée par un entre-deux de haine et de peur ; de rage et de peine. Je semblais possédée par le Diable lui-même, incontrôlable et destructrice. Je finis néanmoins par m'arrêter, à bout de souffle. Le Gandr qui gisait à mes pieds était recouvert de sang, mais sa poitrine continuait de se gonfler et de descendre malgré la profondeur de ses entailles. Il était dans un état extatique. « Ce regard que tu as là... C'est mon préféré. » Nous étions suffisamment près l'un de l'autre pour qu'Aikim puisse toiser l'éclat brûlant au fond de mes yeux. Sans réfléchir, je levai subitement le couteau afin d'observer ce regard par moi-même dans le métal de ma lame. Ce que le reflet me renvoya me dérouta complètement.

Autour de nous régnait qu'un calme presque révérencieux. Le Juge venait de quitter le confort de son siège afin d'annoncer son verdict. Je blêmis. C'était la mise à mort. Je scrutai un instant le faciès de mon ennemi, puis mon arme. Mes mains tremblantes arrivaient à peine à tenir le manche de celle-ci. Je fermai mes paupières quelques secondes, l'eau continuant à s'écouler sur ma peau. J'étais incapable le faire. Pas alors que je m'étais regardée à travers le reflet de ce couteau. Pas alors que le Chasseur me dévisageait de cette façon – d'une joie notable. Pas alors que je me condamnais, inéluctablement, à devenir comme lui. C'était cela qui l'amusait, qui le divertissait en dépit de sa posture désavantageuse. Je ne pouvais pas, en toute bonne conscience, offrir satisfaction à ses désirs perfides, pervers. Je n'y arriverais pas de toute façon. Je n'y arriverais jamais. Mes doigts relâchèrent ma lame. La chute de l'objet s'accompagna d'une légère résonance métallique. « Je refuse de le faire... » Chuchotai-je. « Je refuse de lui enlever la vie! » Me repris-je plus fort, en toisant cette fois-ci l'Ange de mes yeux rougis. « Laissez-moi partir... Je vous en prie, laissez-moi partir... » Il ne s'agissait pas de lâcheté. Ça n'avait jamais été une question de lâcheté, car en cet instant, je ne faisais qu'écouter les lamentations de mon cœur.

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Dim 07 Juil 2019, 23:55

Mancinia avait réalisée un long voyage pour revenir sur les terres du Continent Naturel, on lui avait demander de revenir sur les terres magiciennes pour une raison précise et à un endroit précis, avant que deux Gardes ne se présentent devant elle. Ces derniers, polis, l'avait escortée vers son Épreuve après lui avoir donner la raison formelle de sa présence, que seul le peuple angélique pouvait connaître. Elle n'avait pas révéler sa présence en ces lieux, même si de nombreux voyageurs l'avait aisément reconnue. Ça la surprenait toujours, encore peu habituée, mais l'Humaine s'y faisait progressivement et cela lui plaisait, d'une certaine manière, sa fierté n'en était que plus exacerbée. Les Soldats l'avait conduite dans un lieu gardé, ces derniers prenaient soin de sa sécurité et de son maintien en bonne santé, mais sa liberté était restreinte. Malgré sa confiance envers les Anges, cela lui faisait du mal de tourner en rond. Cependant, un beau matin, elle avait eu le privilège à ce qu'une représentante vienne lui faire la conversation, la femme en avait profité pour lui demander des explications plus spécifiques sur Ahena, l'Aether dont son Ange Gardien ne cessait de parler et dont le temps ne lui avait pas permis de s'y intéressé réellement. Ces promenades en sa compagnie lui avait permise de comprendre en partie l'envergure que le culte avait pour le peuple de Neah. En y repensant, ce dernier n'avait pas démérité lors de son épreuve, c'était à son tour de prouver de quoi les Humains étaient capables. Lorsque vint le moment fatidique, une magie redoutable la fit décoller du sol pour atterrir dans le Cercle de Combat. On l'avait avertie que cela se passerait ainsi, de ce qu'on attendait d'eux, mais l'Humaine n'était guère habituée à ces changements brusques.

Peut-être une autre fois. La magie l'effrayait autant qu'elle la fascinait. Dans cette pièce à l'écart, son esprit avait tout le temps de réfléchir et de prendre assez d'adrénaline dans son organisme. Et l'heure vint. Guidée dans un couloir de téléportation à nouveau, elle débarquait dans le lieu de son épreuve. Une Arène, voilà ce qu'était ce lieu. Et son but, c'était d'abattre son adversaire. Cet ennemie inconnu qui se dévoilait à ses yeux, qui la surprit plus qu'autre chose. Son adversaire n'était ni un Démon, ni un Sorcier, ni une éventuelle Sirène avide de revanche. C'était ... Un Souverain. Lord. Mancinia ricanait presque.

Tss, dit-elle en claquant la langue. Sale raclure.

Mancinia se détournait de ce dernier après avoir cracher au sol pour saisir une des armes qu'on lui proposait. L'Humaine effleurait du bout des doigts la lance d'une excellente facture et la saisi fermement dans sa main. Avait-elle réellement besoin de parler ? Cet homme était un fléau. Elle le haïssait sans le connaître pour les crimes dont il s'était rendu coupable, dont son peuple répugnant s'était rendu coupable. Dommage que la règle était de ne pas l'éliminer purement et simplement. Ils auraient sans doute du mal à expliquer aux Mages Noirs pourquoi leur Roi Fou était tombé. L'Humaine inspirait doucement. Ses longs cheveux rattachés en queue de cheval étaient portés au gré du vent. Elle relevait alors la tête pour juger son environnement de combat. La peur était là, elle aussi. Malgré sa fureur, son envie d'étriper cet arrogant et de souiller son cadavre de la plus horrible des manières. Mancinia effectuait quelques pas, tournant en rond autour de sa proie qui faisait de même avec un regard mauvais. C'est alors que le Roi Noir sort son arme et, sans demander son reste, il charge. Mancinia n'as que quelques secondes pour réagir, prise de court, mais ne songeant qu'à abattre sa propre arme. Heureusement que la base était de savoir utilisé sa lance pour maintenir une distance avec son adversaire. Malgré tout, face à lui, ses mouvements manquent cruellement de fluidité, ils sont même relativement grossiers. Son déplacement est trop lent et la lame de son assaillant manque de lui arracher l'avant-bras gauche. Le tranchant vient tout de même découper ta peau, cisailler ta chair. Incroyable. L'Humaine esquive de manière maladroite.

Aberrant vu son niveau, ou peut-être pas, compte tenu de la puissance du Souverain. Première erreur : elle sous-estimait son adversaire. Elle serrait les dents, rageant intérieurement. Elle ne devait son salut qu'à sa rapidité de réaction et à cette lance maniable qui avait dévié la lame. Peu importait que son sang s'écoulait au sol, ce n'était pas douloureux, mais la prudence l'invitait à reculer, la main apposée contre ta blessure. Cela ne faisait qu'augmenter sa fureur. A peine quelques instants et elle était blessée, mais Mancinia faisait en sorte d'ignorer le lancement dans son bras, ne pouvant se soigner devant une foule dont les yeux observait le combat en l'encourageant. Profitant de certaines circonstances avantageuses, certainement stimulées par une élévation d'adrénaline lié à sa blessure, Mancinia s'élançait pour briser les défenses du Mage Noir. Le protège bras métallique de ce dernier ne parvint pas à amortir la totalité du choc et fut transpercé. Le métal embrassa la peau de l'homme et la fit rougir. Le sang coulait avec abondance dans les premières secondes et l’entaille était importante, tout comme la douleur. Ils étaient à égalité. Elle aurait dû se douter qu'un combat dans cette Arène serait loin d'être simple. Alors que clairement, ce combat bat son plein, elle lutte de toutes ses forces pour ne pas te laisser submerger par la férocité, l'envie de tuer, le désir de sang. Impossible. L'Humaine s'élance à nouveau, sautant presque sur son adversaire vers le côté et dont la présence d'esprit lui permet d'opposer son épée contre sa lance. Lord parvient à la repousser par la force avant de reculer d'un ou deux pas, surprit de son attaque. Pourquoi ne se servait-il pas de sa magie ? La fierté ? Son Ma'Ahid trop écrasant ? Qui sait ?

Bien que blessée, elle était parvenue à garder assez son sang froid pour opposer une riposte relativement efficace. C'était prévisible, il n'avait pas daigné lâcher son arme. Pour le moment, elle avait l'avantage. Son effet de surprise lui avait offert la possibilité de frapper fort, de s'imposer un peu, néanmoins, Mancinia n'avait pas gagnée, loin de là. Cependant, ce combat arrivait à son terme. L'Humaine le sentait, consciente que ni l'un ni l'autre ne pouvait sombrer, mais vu leur état et la haine qui les animait, la conclusion serait rapide. Ou l'un ou l'autre finirait pas tomber de fatigue. La femme ne perd pas plus de temps et attaque de nouveau, filant droit dans sa direction dans le but et l'espoir de lui asséner un nouveau coup. Ce dernier pourrait potentiellement lui apporter la victoire. Au même moment, en face, son adversaire à choisi d'en faire de même, probablement pour les mêmes raisons. Il charge et lorsqu'elle estime le moment propice, elle bondit, lui saute dessus et encore une fois, Lord pare avec son épée. Elle sent bien qu'il met toutes ses forces restantes pour la repousser. On peut le dire, la lutte est acharnée. Pourtant, elle parvient à le toucher, après plusieurs parades, une de ses allonges vient de nouveau entailler la peau et le sang de son ennemi gicle en la poussant dans un élan de sauvagerie à en vouloir encore plus, toujours plus. Au bout de ce qui semble être plusieurs longues minutes, la lame cède sous ses coups. Le métal éclate en plusieurs petits morceaux et l'un d'entre eux vient lui entailler la peau. Lord tombe à genoux. Mancinia inspire et expire très fort. Abandonne-t-il ? Sans doute. Mancinia relève son visage vers le ciel, épuisée par cet échange. Plus que sa fureur, l'apaisement l'emportait. C'était un beau combat. Et pourtant, une amertume lui restait dans la bouche. Allait-on lui demander de l'épargner ? Le Juge cependant, lui fournit l'accord de l'achever. Il était si pathétique. A genoux dans le sable, recroquevillé, comme prêt à pleurer.

Reste dans la poussière et savoure le goût de la défaite.

Mancinia se détournait de lui. Quoi de pire pour un Roi que d'être déchu et de retourner perdant dans son pays ? Vanille avait commencer quelque chose. Quelqu'un devait bien y mettre un terme. Ce serait elle. Au fur et à mesure de sa progression vers la sortie, Mancinia pensait à Mithra. Rakhshan. Tous ces enfants. Ces petits êtres perdus comme elle le fût autrefois à cause de la malveillance de plusieurs individus, soutenus par un souverain aussi mauvais et affreux qu'eux. Au bout de plusieurs mètres, l'Humaine s'arrêtait. A tous ses Humains qui étaient venus la soutenir, la regarder, l'admirer ou lui cracher dessus. Elle demeurait une Matasif.

Je suis ici pour mon peuple, vous savez ? Je suis ici pour en être sa fierté, sans doute est-ce égoïste, mais...Je les aime tous, c'est ce qui différencie nos deux races.

L'Humaine s'arrêtait, droite, presque indomptable.

Lord, dit-elle en tournant la tête vers lui, irrévérencieuse. J'ai des milliers de frères et soeurs. Mon rôle est de veiller sur eux.

Et dans un appui excellent, sa lance lui traversa la gorge. Pour le bien de son peuple, elle devait en éliminer une menace. Sans regrets. Pour eux.

1 513 mots - de justesse, la vache...


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