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 [Coupe des Nations] - L'ombre de la Mort.

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Dim 02 Déc 2018, 19:29

L'ombre de la mort




Les doigts croisés, il fixait l’éternité, les coudes sur une table chimérique. Il était agacé par la présence de la femme. Cette apparence ne lui appartenait pas. Il la trouvait dérangeante. Il avait envie de planter ses ongles dans ses yeux et d’appuyer jusqu’à ce que ses orbites s’enfoncent et éclatent. « Charmant. » murmura-t-elle. Il pencha la tête sur le côté, un sourire mauvais venant assombrir ses traits. Un jour, il la torturerait et briserait ses os un à un jusqu’à ce qu’elle n’ait plus la force d’émettre le moindre cri. « Tu sombres dans la folie, Ezechyel. ». Il grimaça. Ses narines frémirent légèrement. « Dégage. » fit-il sans même essayer d’être poli. « On dirait un drogué. » répondit-elle. Il se mit à rire, paraissant clairement dérangé. Il l’était, en un sens. Elle avait raison : il était en manque. Seulement, c’était sa faute, à elle, cette putain qui continuait d’endosser un rôle qui ne lui revenait pas. Aussi, il balaya le jeu qui se trouvait sur la table d’un geste lent et pourtant violent. Les pièces tombèrent au ralenti dans l’infini de leur monde inexistant. « Cela te ferait bien trop plaisir. La vérité c’est que je suis bien trop intelligent pour toi. La preuve ? Je ne cache pas que je vais te détruire. Tu ne pourras rien faire. Quant à cette épreuve, j’en serai son seul créateur. Tu n’es pas légitime. Tu n’es pas elle. ». Elle soupira. Il paraissait sénile, coincé sur l’idée que la précédente Edel le rejoindrait un jour. Il se trompait, aveuglé par sa Mortelle. Pourtant, il y avait un Fou quelque part, un Fou qui se cachait et attendait le bon moment pour intervenir. « Si c’est ce que tu veux. ». Elle haussa les épaules. Il figea son regard sur elle. Il la méprisait si fortement qu’elle en frémit. Elle baissa les yeux, se raccrochant à l’idée qu’il aurait bientôt une toute autre adversaire sur qui déverser sa haine. Elle savait ce que lui ignorait. Il ne pouvait pas toujours gagner, après tout. « Que vas-tu faire ? » demanda-t-elle pour essayer d’apaiser son air menaçant. Il laissa son dos retomber sur le dossier de la chaise, sans détourner les yeux. L’ombre du hibou trônait fièrement dans leur ciel. Son index et son majeur commencèrent à battre une mesure que lui seul entendait. « Je vais choisir des candidats pour cette première épreuve, de pauvres petites victimes qui renonceront à aller jusqu’au bout… à raison. ». Ses cheveux tombaient éternellement dans le néant. « Le suicide sera la seule réussite possible. ». « Et tu la choisiras, elle, pour qu’elle se replace sous tes ordres… ». Il rit. « Ma pauvre, tu es tellement obnubilée par elle. ». « Pardon ? ». L’hôpital se foutait clairement de la charité. « Je te parle d’une épreuve dévastatrice et tu ramènes tout sur elle. Bien sûr que je vais la choisir, pour qui me prends-tu ? Ne fais pas la surprise ou l’exaspérée. Cette partie de mon être est tellement prévisible. Tu devrais plutôt t’intéresser aux autres victimes. Je la connais. Elle se suicidera. Mais les autres ? Qui vais-je choisir ? Ça, tu ne le sais pas. Peut-être l’une de tes prêtresses. Peut-être l’homme qui tu aimais lorsque tu étais Mortelle. ». Il la regardait de travers, à présent. Lentement, il décolla son dos de la chaise et s’approcha. « J’ai fini par trouver ton identité. Crois-moi, dis adieu maintenant à tout ce qui t’es cher, avant qu’il ne soit trop tard. ».

Il avait créé un tourbillon aussi sombre que l’était son humeur. Celui-ci s’élevait au beau milieu de la Mer Maudite. Un gouffre horizontal, comme s’il s’agissait du chemin menant à la fin, regroupant tous les cauchemars de ce monde. L’épreuve n’était pas celle d’un peuple. Elle était l’introduction. Cela l’amusait, en un sens, d’enfoncer les candidats dans les méandres du chaos, du mal, de l’horreur. Il connaissait trop le mal pour ne pas lui rendre hommage de temps en temps. Ce tourbillon de nuages noirs, il le voyait comme Lux In Tenebris, un don parfaitement malsain, qui finissait par plonger les Sorciers puissants dans une folie destructrice. Tous erreraient dans un labyrinthe sans fin. La seule solution était de se suicider, d’accepter de s’agenouiller devant lui symboliquement et de lui appartenir. Trouver la sortie était impossible. Il n’y avait que deux directions possibles : la folie ou la mort, un choix inconscient, un choix non explicite. Il se demandait combien de temps il les enfermerait là avant de les délivrer. Tout dépendrait de son humeur mais il doutait que ses victimes ressortiraient d’ici – si elles ressortaient un jour – avec toute leur raison. Il avait envie de brûler des Âmes et de torturer des Esprits. Cela étant, il ressentait une légère euphorie à l’imaginer marcher dans ce labyrinthe et à rejoindre les Ombres, une nouvelle fois.

Explications

Bonsoir ^^

Déroulement de l'épreuve : Il s'agit de la première épreuve de la Coupe des Nations. Officiellement, ce n'en est pas une mais un prémisse. Des candidats ont été désignés de façon divine (donc les Rois n'ont pas choisi) pour honorer les Dieux. Il s'agit, officiellement, d'une sorte de sacrifice dont personne n'est certain de revenir vivant. Les candidats sont téléportés au beau milieu de la Mer Maudite. L'épreuve n'est suivie par personne. Avant cela, le candidat de chaque peuple peut être glorifié (ça dépend du contexte et de la race, n'hésitez pas à demander ^^). Bref, devant lui, chacun voit une sorte de tourbillon horizontal, fait de brouillard noirâtre. Il s'agit d'un labyrinthe dans lequel il sera plongé. Il n'y a rien. La fatigue, la faim etc, ne sont pas ressenties. Simplement, au fur et à mesure, l'ennui risque de prendre le dessus, la peur aussi. C'est un labyrinthe qui ne peut être résolu. Au bout d'un moment, des objets vont apparaître, du style à pouvoir être utilisés pour se donner la mort. Le personnage peut aussi déboucher sur le haut d'une falaise avant d'être de nouveau plongé dans un néant grisâtre.

Réussir l'épreuve : Il faut se suicider. Mais, attention, si votre personnage se suicide, il devient une Ombre (ouais Ezechyel n'est pas du genre à faire des illusions et, ensuite, à dire "Ha ha je t'ai bien eu, maintenant reprends ta petite vie tranquille 8D"). En cas de non suicide, le personnage va errer, errer, errer, jusqu'à ce qu'Ezechyel décide de le relâcher. Là encore, il est pas trop du genre à le laisser un weekend puis à lui tendre une sucette en mode "Mooo <3". Il va bien attendre que le personnage commence à devenir taré ou totalement désespéré, voire traumatisé 8D Ça, c'est vous qui gérez ^^

Impact dans la zone : Aucun, personne ne sait que les candidats sont là.

Candidats PJ : Ceux qui se sont inscrits ^^

Candidats PNJ : Les candidats PNJ ne reviendront pas de l'épreuve (en gros soit ils vont se suicider, soit Ezechyel va les laisser errer à jamais dans le labyrinthe qu'il fera disparaître). Le plus souvent, ce seront des religieux en lien avec le culte d'Edel ^^ Du coup, pour les gestionnaires des races + souverains, vous pouvez en parler dans vos rps si vous le souhaitez ; que des religieux ont disparu 8D

Durée du rp : Trois mois. Les inscrits ont jusqu'au 03/03/2019 pour poster.

Message : Un message unique compris entre 720 et 3000 mots.

Gains


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Mitsu
♚ Fondatrice ♔

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Mitsu
Lun 03 Déc 2018, 00:47

[Coupe des Nations] - L'ombre de la Mort.  Kgph
Il y a des promesses qui se perdent dans l'immensité



À l’époque, j’ai pris un risque. Ce que j’avais lu pouvait s’avérer faux. Pourtant, après des décennies à enquêter sur le Cycle, il me semblait alors que ma version était la bonne et que me suicider en effectuant ce long rituel serait la seule solution possible. Je parle d’un temps où il ne suffisait pas aux Souverains de déduire par A + B que les Esprits existaient, d’un temps où les Ætheri cachaient bien mieux le monde de l’Au-Delà. En ce temps-là, les Rois passaient leur temps à d’autres préoccupations que de s’entourer de multiples femmes et concubines insipides. Je ne dis pas que l’amour et le sexe n’ont aucune importance mais, à mon sens, ces menteurs représentent un danger. Pour un esprit éclairé, tel que le mien, se visualiser hors de contrôle a de quoi freiner n’importe quelle ardeur. Lorsque l’on est intelligent, notre rationalité nous pousse à fuir les sentiments trop éprouvants. Pourtant, ce que j’allais découvrir ensuite parlait bien d’amour et d’un passé oublié et révolu. Dans les mémoires de ceux qui savent, Jun découvrit l’Au-Delà. Il en a le mérite mais je suis la première à y avoir mis les pieds dans cette partie de notre histoire. Les Ombres n’y ont plus eu accès ensuite, ou si peu. Un chemin est si vite oublié. Quoi qu’il en soit, fraîchement Esprit de la Mort, mes recherches m’ont conduite vers cet endroit, laissé à l’abandon des Mortels depuis si longtemps. À cette époque, les Chamans n’existaient pas et l’Au-Delà était dans le même état qu’après la chute des Gardiens Immortels. Le pont entre le monde des morts et celui des vivants avaient été rompu et plus rien ne faisait le lien après le décès et l’ouvrage des Ombres. Le fait est que l’Au-Delà n’est autre que le monde de deux Ætheri. À cette époque, je ne savais pas encore qu’il me concernait. Le temps a beau s’écouler toujours dans le même sens pour les Mortels, les Dieux en font ce qu’ils désirent. Quoi qu’il en soit, mon étonnement fut réel lorsque je me retrouvai face aux statues de la Vie et de la Mort. Les deux protagonistes se faisaient face et il ne me fallut qu’une fraction de seconde pour identifier le couple. J’aurais pu simplement hausser les épaules mais une apparition si frappante demandait étude approfondie. Nous autres, scientifiques, ne sommes jamais rassasiés. Là où les yeux de tout un chacun ne voient qu’une réalité frappante, nous, nous voyons des possibilités. Après des lunes, c’est dans le Cinere que la réponse m’apparut et qu’une identité nouvelle germa devant mes yeux. Il s’agissait d’Ezechyel et Edel Eorgor. Eorgor, un mot au sens oublié pour quatre-vingt-dix-neuf pourcents de la population. Il signifie : ceux que le Créateur dissimule. Pour situer, aux yeux de tous, il s’agit avant tout d’une famille ancienne dont les membres ne se répandent jamais à l’extérieur de leurs propriétés, demeurant inconnue, absente de la sphère publique. C’est comme s’ils n’avaient pas de visage véritable. Aujourd’hui, néanmoins, un membre en particulier de la famille connaît une renommée non négligeable : Clauswitz Eorgor, Vampire de son état et Iskahrin Zul Thanos. À ce moment précis, je me rappelle avoir esquissé un sourire. Cet homme s’était toujours intéressé à mon cas et cet intérêt était réciproque. Son esprit fin m’avait attirée inexorablement lors de notre première rencontre et, de tous ceux qui m’avaient jurée fidélité lors de mon règne, il était de loin mon favori. Je savais déjà qu’un lien existait entre Jun et moi. J’en mesurais alors les fondements. Nous n’étions pas de ce temps, pas vraiment. La réelle interrogation résidait dans cette étrange coïncidence qui avait voulu que nous portâmes tous les deux le même nom de famille sur ces représentations. Etions nous liés par le sang ou par la tradition ? La question devait rester en suspend pour l’instant. Les jours suivants, je m’intéressais à mon propre Clepsydra et à mon arbre généalogique ; rien de plus simple pour une Ombre. Moi qui étais persuadée d’être l’union des deux lignées Taiji, née de l’inceste – certes éloignés – de ma mère et de mon père, je fus surprise en remontant les branches. Le morceau du Cristal Maître de l’Au-Delà avait servi à façonner Aria et Kazuki mais le chemin ne s’arrêtait pas à elles. Leur mère provenait d’une famille plus ancienne, qui elle-même était l’une des branches d’une autre famille. La famille souche de tout ce beau monde, un monde qui serait d’ailleurs étonné de provenir du même moule, remontait à la première Ère. Ce fut là que je trouvais la trace d’Edel et d’Ezechyel, une trace étrange. Ma curiosité fut piquée à vif car ce que mes pouvoirs d’Ombre me permettaient de voir n’était que des noms couchés sur du papier, absolument pas les histoires qui y étaient liées. Le tout me semblait complexe et incompréhensible. Je n’avais alors aucune certitude. Plus tard, le Destin souhaita que je devienne Æther. Il semblait que j’avais assez valsé en compagnie de l’homme aussi vieux que l’océan. C’est à ce moment précis que je fis la connaissance d’une Déesse particulière : Luftë. Alors je sus ce qu’elle s’appliquait à cacher à Jun depuis des siècles et continuerait de faire après son élévation. La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on.

[Coupe des Nations] - L'ombre de la Mort.  555969singatureBLACKOSS


« Alors nous y voilà. ». Le murmure avait raisonné dans le néant. Je n’avais jamais été de celles à parler seules. Si je vocalisais à haute voix ma pensée, c’était avant tout parce que je savais qu’il m’entendait. Un soupir s’échappa d’entre mes lèvres. J’avais compris le problème au bout de quelques secondes : un labyrinthe impossible et une unique solution. Le suicide ou l’échec. Le dédale portait son odeur et la sensation que cela me procurait était semblable à celle que me faisaient ses bras lorsqu’il les plaçait autour de moi. « Tu devrais pourtant être heureux. J’ai retrouvé l’appétit grâce à toi. ». Le double sens était évident, bien qu’aucune main masculine, ni féminine d’ailleurs, n’ait caressé ma peau récemment. Il était le dernier à l’avoir fait, lorsqu’il m’avait transformée en Déchue. Il avait pensé, à l’époque, que cela m’irriterait, qu’il ferait de moi un pantin pathétique et que je lui demanderais bien vite de remédier à la chose. Je n’avais rien exigé. Ça l’avait agacé. Logique. Détournez les yeux d’un enfant et il pleurera pour vous attirer à lui. C’était ce qu’il faisait, à la différence qu’il était Divin et que, malgré ma volonté de l’être, il était celui qui menait notre jeu, l’enfant qui obtenait toujours ce qu’il voulait. Mes yeux glissèrent sur la glace qui me faisait face. Mon reflet me fixait d’un air supérieur. Était-ce ainsi que je paraissais ? Une femme de haute naissance qui lorgnait son monde d’une façon sévère ? C’était l’heure. « J’aurais préféré que tu retrouves l’appétit en ma compagnie. » fit-il, apparaissant derrière moi. Sa main caressa mes cheveux et je me plus à fermer les yeux un instant avant de me retourner. Un sourire sincère et désolé s’invita sur mes lèvres. Il portait une dague qu’il me tendit d’un geste assuré. Comment le lui avouer ?

« Ezechyel ! Viens ! J’ai trouvé l’endroit parfait ! ». « C’est trop haut, on n’y arrivera jamais ! ». « Mais si ! C’est toi qui as voulu un endroit spécial pour ta promesse. ». « Il fait nuit, Edel. ». « Tu as peur ? ». « T’es bête. ». La lune était à son zénith.

« Qu’y a-t-il ? Tu ne me croyais pas capable d’être aussi fourbe ? ». « Bien sûr que si. ». Ses yeux noisette avaient toujours eu cet éclat, lorsqu’il les posait sur moi. Parfois, je n’étais pas sage parce que j’aimais en admirer les teintes lorsqu’il était hors de lui. Beaucoup le craignaient car il était le Prince des Cauchemars mais, malgré nos guerres à répétition, je savais qu’il m’aimait et que la souffrance qu’il me faisait endurer n’était que le juste prix de celle que je lui avais assénée jadis. Pourtant, qui avait commencé ? La réponse avait son importance.

« Promets-le. ». « Je te le promets, Edel. ». « Promets-le encore. ». « Quand nous serons grands, je te le promets. ».

« Alors quoi ? ». « Alors rien. Je crois simplement qu’il est l’heure, Ezechyel. ». L’étonnement se lut sur ses traits. Jamais, auparavant, d’aussi loin qu’il se souvienne, je ne l’avais appelé ainsi. Il avait toujours été Jun, parce que c'était ainsi que nous nous étions connus. « Edelwyn… ». Son ton avait changé. Il se doutait, à présent, que tout ne se déroulerait pas comme il l’avait préparé minutieusement. Plus que cela, il repassait, dans son esprit, les bribes de son passé. Il ne l’avait pas assez étudié, s’arrêtant uniquement aux éléments qui pourraient le servir directement. Les figures qui l’accompagnaient, à l’époque, lui avaient toujours semblées inutiles. J’étais le centre de son univers et il était parti du principe, comme moi à l’époque, que le début de ma vie était bien postérieure au début de la sienne.

« Où est Ezechyel ? ». Le silence. « Où est Ezechyel ? » redemanda-t-elle dans un sanglot de rage. Luce fixa Edel. « Je suis désolé, il est parti. ». Les promesses ne sont que des mots, après tout, elles n’engagent que ceux qui y croient.

J’avançai ma main d’un geste doux, caressant la sienne avant de la refermer sur la dague. « Échec et mat, mon amour. ». Il ne pouvait pas voir, pas savoir. Nous n’étions pas seuls, dans ce dédale. Mon reflet, qui, auparavant, suivait les courbes de mon dos, se retourna, un sourire malsain sur les lèvres. Elle l’attendait depuis si longtemps, ce moment. Il s’agissait de l’instant où, à son tour, elle lui tournerait le dos, en lui enlevant ce qu’il chérissait, en brisant ses espoirs. Quand bien même je n’aurais guère souhaité lui infliger cette épreuve, quand bien même je n’aurais guère souhaité me plonger dans l’inconnu, je n’aurais pu résister. On ne se résiste pas à soi-même. On ne résiste pas à un Æther. La Vengeance est un plat qui se mange froid. Alors, avant même que la dague que je tenais ne transperce mon cœur, Luftë sortit du miroir, m’assénant le néant. Je n’étais déjà plus là, marionnette entre les griffes d’une Divinité qui avait joué d’une main de maître. Mon dernier souvenir avant le noir complet fut son regard, à lui. Il n’avait jamais été aussi vrai. Je sus alors qu’il avait toujours souhaité honorer la promesse qu’il m’avait faite jadis, un souhait que je n’avais alors pas compris et qui avait noirci mon cœur au point de créer Luftë.

Finalement, tout ceci, et depuis le début, était bien une histoire d’amour, une histoire d'amour déçu.
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Lun 10 Déc 2018, 23:48

[Coupe des Nations] - L'ombre de la Mort.  Kgph
La Mort n'est qu'un commencement



C'était à gauche … Ou bien à droite ? Son esprit ne savait plus mais ses pas, eux si et ils l'entraînèrent vigoureusement dans le passage de gauche. Un éclat lumineux attira son attention vers le sol. C'était un simple morceau de verre aux bords tranchant qui avait capté un trait de lumière. D'où le trait venait, cela restait un mystère. Il n'était entouré que de brumes et de pénombre. Il ramassa machinalement le morceau de verre, le faisant tourner entre ses doigts. On voulait qu'il fasse quelque chose avec. On voulait quelque chose de lui. C'était comme si le verre lui chuchotait à l'oreille. Il n'avait personne d'autre que lui. Cela ne servait à rien de continuer à lutter pour un monde qui n'en valait plus la peine depuis belle lurette. Comme au ralenti, attractivement, sa main portant l'objet vint appuyer ce dernier contre la peau tendre de l'intérieur du poignet de son autre main et commença doucement à presser. Lorsque la morsure de la première entaille parvint à Raeden, ce dernier sursauta et balança le morceau coupant avec un geste de dégoût. C'était la douleur qui l'avait sortit de sa torpeur.

Il fronça les sourcils en observant l'objet, un frisson le parcourant. Il avait été à deux doigts de se suicider, envoûté dans cette brume, perdu dans ce labyrinthe. Il était hors de question qu'il recommence. Il l'avait déjà fait une fois. Il savait ce qui l'attendait de l'autre côté et il était hors de question qu'il réitère. Il avait l'impression que les tentacules du désespoir et de ses années de douleur tournoyaient autour de lui, prêtes à l'attirer dans leur filet à tout instant, à l'étouffer et l'emprisonner pour ne plus jamais le relâcher, pour lui donner l'éternité de tourments qu'il aurait dû avoir et à laquelle il avait réussi à s'échapper. Il ne pouvait rester ici. Il ne pouvait fermer l’œil, quitter les murs du regard un seul instant. A chaque fois qu'il regardait ailleurs, il avait l'impression de percevoir dans son angle mort, à la périphérie de son regard, des ombres se mouvoir, l'éclat métallique d'une arme prête à s'abattre sur sa nuque. Il aurait pu jurer entendre des bruissements, des chuchotements cherchant à l’envoûter ou bien à le terroriser. Il avait beau marcher encore et encore, avancer sans jamais s'arrêter, sans même plus chercher à savoir où il allait, il sentait leur souffle sur les poils raides de sa nuque.

Et puis, il y avait cette lame qui apparaissait sans cesse à chaque tournant ou presque. Cela même dont il s'était servi la première fois pour s'ôter la vie. Il était impossible qu'elle se trouve là, et pourtant. Sans même la toucher, sans même la regarder, il savait que c'était elle. Comme si elle portait, marqué au fer rouge, le crime qu'il avait commis envers le cadeau des Dieux. Le temps défilait, sans aucun repère, sans aucun paramètre permettant de le mesurer. La seule chose qu'il pouvait faire, c'était compter le nombre de pas qu'il faisait. Dix mille. Une falaise devant lui, seule issue possible, ouvrant sur un vide sans fond. La seule solution qu'on lui proposait mais qu'il rejetait de toutes ses forces. Il deviendrait peut être fou mais il était hors de question qu'il attente une nouvelle fois à sa vie. Vingt mille. Noirceur et ténèbres. Froid que la flamme la plus pure est incapable de chasser. Trente mille. Il n'y a plus de contour, plus de monde, plus de passé ni d'avenir. Juste un labyrinthe de brume qui ne vous laissera jamais sortir, qui vous assimilera jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de vous qu'une enveloppe vide, une carcasse à la dérive. Quarante mille. Réminiscence du passé et des tourments. Mélange des sens et des réalités. De ce qui est vrai et de ce qui n'est qu'invention de ce lieu.

Cent mille. L'esprit se délétère, n'arrive plus à se raccrocher à rien. Les bons souvenirs, les moyens joyeux ? Ils se noient sous les moments de peine et de douleurs, de tristesse et de déchirement. Les tourments prennent le pas. Cent cinquante mille. Cela vaut-il encore le coup de compter ? Mais il ne peut abandonner, il ne doit abandonner. Des gens comptent sur lui. Des gens l'attendent, souhaitent son retour. Alors, il fait un pas de plus. Et encore un autre. Deux cent mille. Il n'y a plus que cela qui compte tandis que la folie prend possession des sens et des sensations. Les idées sont partis. Mais les murs sont partout, tout comme la mort qui attend patiemment, sagement à chaque tournant. Elle n'est pas pressée. Elle sait qu'elle a tout son temps et que si ce n'est pas dans ce chemin, ça sera dans le suivant ou dans celui d'après. De toute façon, à la fin, elle est toujours l'heureuse gagnante, quelque soit la durée du jeu et les joueurs dans la partie. Trois cent mille. Sursauts et frissons. Sueurs froides qui coulent lentement entre les deux omoplates, le long de la colonne vertébrale. Regards anxieux qui captent un mouvement sans rien apercevoir de concret. Tâches persistantes au coin de l'oeil qui disparaissent dès qu'on les regarde en face.

Infini …


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Ven 28 Déc 2018, 15:33

Il n’était pas le seul à participer. Il y avait également son fils, et l’une de ses lointaines cousines, Chelae. Bizarrement, depuis que sa participation avait été officialisée, on l’aimait un peu plus. Pas trop, on était discret, mais on lui parlait plus, on lui demandait comment il allait, on était attentif. On voulait qu’il soit en forme pour affronter les épreuves qui l’attendaient. On lui disait que c’était une chance. Oui, c’en était certainement une. Une manière de se racheter, de passer à autre chose, oublier cette histoire honteuse qui le rendait méprisable parmi les siens. Il espérait que Daynes serait aussi à la hauteur. Sa réussite l’impacterait forcément, et c’était réciproque.

Pour tout avouer, il était assez nerveux. Il avait eu vent de la participation de Chelae, plusieurs années auparavant. Paraît-il qu’elle l’avait trouvée très éprouvante. Draes, lui, ne savait pas trop à quoi s’attendre. Il verrait bien. Il n’avait d’autre choix que d’attendre le départ. Il n’avait pas de contrôle sur grand-chose, après tout.

***

Draes s’avançait vers cette énorme masse, cette tornade noire, brumeuse. Il serrait la mâchoire. Il ne voulait pas qu’on le voit nerveux. Il avait toujours fait en sorte qu’on ait l’impression du contraire. Aujourd’hui cependant, c’était difficile à cacher. Il ferma quelques instants les yeux, compta jusqu’à trois, puis s’enfonça d’un pied ferme dans le brouillard.

Il ne vit pas tout de suite clair. Il était face à une haie. Le temps était morose et grisâtre. Il faisait sombre. Draes avait presque l’impression de voir en noir et blanc. Il fit un tour sur lui-même pour identifier l’endroit où il avait atterri. Un labyrinthe. Si ce n’était que ça, cela risquait d’être assez simple. On lui avait dit : la meilleure solution était de longer un mur, toujours le même. Malgré la longueur, il finirait, en théorie, par s’en sortir. L’Alfar mit aussitôt son plan à exécution. Il n’avait plus qu’à marcher, peut-être des heures, et il aurait terminé. Il ne devait juste pas perdre plus de temps. Il devait aller plus vite que les autres. Sans qu’il ne sache pourquoi, il n’osait se l’avouer, cette idée l’inquiétait. Finir plus vite que les autres… C’était… glaçant.

***

Il ne savait pas depuis combien de temps il marchait. Plusieurs heures, un jour, deux jours ? Pour se rassurer, bien qu’il fut impossible ici de discerner le jour de la nuit, impossible de discerner les heures car le temps ici semblait s’être arrêté, il avait décidé de compter les jours à sa manière. C’était inutile, juste un moyen de se dire qu’il avançait dans cet endroit lourd et pesant. Ainsi passa-t-il des heures, peut-être des jours à tourner en rond, jours qu’il appela modestement : Jour un.

Jour deux.

Des haies. Impossibles à traverser. D’un côté, tant mieux : peut-être qu’il se serait encore plus perdu. Peut-être qu’il aurait dû recommencer à zéro. Peut-être… Des haies. Il en avait marre des buissons. En plus des dizaines, voire des centaines d’intersections qu’il avait déjà cru prendre, ces foutus arbustes ne changeaient jamais. Il semblait qu’il connaissait par avance chacune de leurs feuilles. Draes ne voyait presque qu’en noir et blanc. Sans l’avoir vu, il lui semblait que la seule chose qu’il pourrait discerner d’un éclat vif et certain était son sang. L’idée lui était venue comme ça. Il avait pris du temps à se rendre compte qu’elle était morbide et ne l’avait rejetée qu’à partir de ce moment-là.

Des haies. C’était plus long que ce qu’il avait imaginé. Certes, il savait que les épreuves pouvaient durer. Mais ce n’était jamais pareil en vrai. Il continuait pourtant de marcher. Il n’avait pas besoin de pause. Il n’en ressentait pas le besoin, pas plus qu’il ressentait la faim. Et il n’avait toujours pas de temps à perdre. Pourtant, à force de vouloir bien faire, il avait la sensation de le perdre à une vitesse encore plus affolante. Autant qu’il perdait espoir. Déjà.

Jour quatre.

Quel jour on était, déjà ? Même à un chiffre aussi bas, il n’était plus sûr. Il n’était qu’un enfant perdu. Il était retourné à un stade primitif d’existence, où exister devenait une question. Une question impossible. Comme ce labyrinthe. Tient, c’est vrai. Il était dans un labyrinthe. Il avait oublié. Draes arrêta ses pas lents. Il avait buté sur quelque chose. Il regardait l’objet joncher le sol avec des yeux las. Il se pencha machinalement pour le prendre, l’observa. Un couteau. Voilà qui changeait de l’ordinaire. Ou alors pas tant que ça. On l’avait fait poireauter longtemps avant de lui présenter cette arme. Comme une réponse. Draes ne voyait presque qu’en noir et blanc. Sans l’avoir vu, il lui semblait que la seule chose qu’il pourrait discerner d’un éclat vif et certain était son sang. Il se dit qu’au lieu de prendre le couteau par le manche, il ferait mieux de le prendre par la lame. Sinon, à quoi pouvait bien servir la lame ?

Jour cinq.

Cinq ? A peine plus grand que quatre. C’était si peu. Si peu pour commencer à devenir fou. Les buissons le rendaient malade au point de vouloir vomir. Vomir ces putains de buissons, vomir cet ennui, cette répétition, ce trop-plein de vide. Il aurait préféré être aveugle. Il avait trop de haine envers eux, ces foutus buissons, pour supporter de les voir encore. Il voulait les chasser à tout jamais. Tout à l’heure, il s’était battu contre l’un d’eux. Tout ce qu’il avait gagné, c’était des égratignures. La plaie de sa main, celle qu’il s’était faite hier en prenant le couteau par la lame, s’était rouverte. Il n’aurait pas dû jeter ce couteau. Il aurait pu se crever les yeux avec.

Jour six.

Un miroir. Naturellement, il lui reflétait son visage. Il ressemblait à ça ? Vraiment ? Ça aussi, il l’avait oublié. Il sourit. Ça faisait du bien de sourire, de voir quelque chose d’à peu près humain bien qu’il ne fût plus sûr de l’être. Il rit. C’était drôle. C’était drôle, le bonheur. Il ferma les yeux. C’était bien. Mais le miroir, maintenant, le dévisageait. Le nouveau visage le dévisageait. Daynes. Draes blêmit. Daynes lui ressemblait beaucoup. Autant qu’il ressemblait à cette p*tain de Dalia Caaro. Il avait honte, terriblement honte. Et cette honte venait s’ajouter à son ennui, sa torture, sa fatigue. Tout s’accentuait. Il voulait tout détruire. Il voulait que tout disparaisse. Il ne vit pas son propre poing partir. Il ne vit que le miroir, quelques secondes plus tard, divisé en une multitude de morceaux de verre coupant. Parfait pour s’entailler la chair, ce qu’il faisait déjà. L’Alfar poussa un grondement rauque et s’éloigna. Il était un animal. Il ne voulait pas mourir, il ne pouvait pas. Mais dans ce cas, comment tout cela allait-il finir ? Il n’y avait pas de raisons que cela se finisse. Il n’y avait pas de but. Tout comme la vie, d’ailleurs, il n’y avait pas de but, si ce n’était la suivante : la Mort. Alors à quoi bon ? Il était là, perdu à tout jamais, accompagné de ses pensées sordides et de ses souvenirs honteux. Une honte terrible qu’il n’acceptait toujours pas. Qu’est-ce qu’il était faible. Il n’avait rien à faire ici ! Draes hurla. Sa main saignait, quelques larmes de rage coulaient sur ses joues. Il était pitoyable.

Jour sept.

Il n’avait pas bougé depuis hier. Il était resté assis à contempler les morceaux du miroir, tenant sa main tremblante et ensanglantée contre lui. Il ne pensait plus qu’à la Mort. Minable chose qu’il était. Était-ce véritablement la seule échappatoire ? Il n’était pas là pour mourir, juste pour gagner. Qu’est-ce qu’il y avait après la mort ? Il ne pouvait pas gagner s’il mourait, et pourtant, il ne pourrait pas gagner quoi que ce soit sans mettre fin à tout ça. Mais au final, à quoi bon gagner, sachant que c’était impossible, sachant qu’il était coincé là pour l’éternité ? Il leva ses avant-bras jusqu’à ses yeux et les contempla. Il les voyait. Sous sa peau mate. Il voyait ses veines. Elles étaient saillantes. Il n’y avait qu’une fine peau pour les séparer de l’extérieur, empêcher son fluide vital de jaillir et de colorer ces lieux trop mornes et monotones. Un accident était si vite arrivé.

Jour huit.

Finalement, il ne l’avait pas fait. Il avait eu trop peur. Il avait préféré se détourner du miroir et s’en haïssait à présent. Il ne voulait pas mourir.

Jour neuf.

Il ne voulait pas mourir.

Jour dix.

Il ne voulait pas.

Jour onze.

Mourir.

Jour douze.



***

Ses yeux étaient mouillés, il ne savait pour quelle raison. Il était assis dans un fauteuil, il ne savait pour quelle raison. Dunya était penchée vers lui et tentait de capter son regard.

-Monsieur ?

Draes cligna des yeux. Où était-il ?

-Qu’est-ce qui se passe ?

Sa voix était faible, presque imperceptible.

-Monsieur, vous allez bien ? Vous êtes rentré, je vous l’ai déjà dit.

Rentré ? Ses épaules s’affaissèrent. Il examina le décors plusieurs fois. Il ne le reconnaissait pas. Il était tellement perdu qu’il ne parvenait pas à être heureux ou soulagé.

-Où je suis ?

La servante ne savait plus quoi faire. Ça devait bien faire cinq fois qu’elle lui répétait la même chose, et il n’enregistrait pas.

-Oh non, votre main saigne encore ! Restez ici, je vais chercher de l’aide.

Et il se retrouva seul. Il se sentit soudainement mieux. C’était terrifiant, de le laisser seul. Qui savait ce qu’il serait capable de faire ? Mais il s’y était trop habitué pour s’en détacher tout de suite. De la solitude.


~1603 mots~
nastae
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Dim 10 Fév 2019, 00:04

[Coupe des Nations] - L'ombre de la Mort.  C-zy-10


Ça avait commencé par une pierre que j’avais poussé dans les abysses d’un précipice. Mon buste s’était ensuite incliné au-dessus du vide pour permettre à mes yeux de scruter la descente fatidique de la roche qui s’était égarée à travers les ténèbres. Ces brumes opaques avaient aussitôt dérobé l’objet en chute à ma vue aiguisée, et malgré tout, j’avais refusé à mon esprit le droit de faire bouger mes pieds. J’avais patienté quelques minutes au bord du gouffre, à l’affût d’un bruit spécifique qui n’est jamais revenu jusqu’à moi. Soit la falaise était trop profonde pour qu’un écho puisse s’en échapper ou bien… La chair-de-poule s’était subitement glissée sur mon derme, simultanément avec la formation de ma pensée : ou bien il n’y avait rien. Désespérée, j’avais quitté le promontoire presque en courant, alors que le brouillard avait progressivement repris sa domination totale sur le décor du labyrinthe et depuis, je continuais à errer comme une petite fille terrifiée. Mes doigts longeaient les murs rugueux en m’écorchant la peau, et laissaient, derrière leur passage, des gouttes de sang s’imprimer sur les surfaces. Néanmoins, ça faisait un long moment que je ne ressentais plus la douleur fuser dans mes membres, de même que la fatigue ou la soif, à croire que ces sensations n’avaient jamais véritablement existé. Ou peut-être que si, mais je n’arrivais guère à en être tout à fait certaine. J’avais cessé de compter le temps qui s’écoulait ici depuis… un certain nombre d’unité temporelle dont je ne me souciais plus vraiment en toute honnêteté. Ça pouvait bien être des jours, voire des semaines même, mais j’avais vite compris qu’accorder de l’importance à ces mesures ne m’amènerait nulle part. Peu importe les sentiers que j’empruntais, mon seul accomplissement résultait, sans cesse, au dépérissement de mes espérances. Inévitablement, chacun de mes pas me conduisaient à une impasse insurmontable, me forçant, encore et encore, à rebrousser chemin, sans jamais trouver d’issue. Bien rapidement, j’étais arrivée à la conclusion qu’il n’y en avait aucune, après m’être trop longtemps accrochée à la conviction – sans doute naïve – de réussir à me libérer du dédale, malgré l’impossibilité de l’ouvrage qui me paraissait clair maintenant. Qu’il s’agisse ou non des chimères créées par mon désespoir, il était trop tard pour me faire changer d’avis.

Ma main heurta un objet dur. Attirée par l’impact, je pivotai doucement la tête en direction de ma paume souillée par le sang et la poussière, avant de m’immobiliser. C’était le manche d’un poignard enchevêtré à travers le cordage naturel des lianes qui envahissait les parois de la barrière du chemin. « Voyez-vous ça. » Chuchotai-je en tentant de déloger l’arme. Parfois, je me parlais à moi-même pour me rappeler ce que c’était, l’humanité, dans ce lieu caractérisé par l’absence de tout. Les couleurs, la lumière et même la raison finissaient par s’oublier ici, alors je luttais comme je le pouvais contre la démence qui gagnait inéluctablement ascendance sur moi. Mais surtout, j’avais besoin de me souvenir de l’importance de la Vie qui me semblait si désuète au cœur de ce néant.

La lame s’extirpa aisément de sa cage végétale en coupant ses entraves. Brillant, le couteau semblait captiver mes iris grâce à ses reflets purs et argentés. Machinalement, je serrai son manche de bois en le faisant pivoter pour admirer la finesse de son ensemble. Puis, mon pouce caressa doucement son tranchant : une ligne écarlate s’y dessina en même temps que son parcours, souillant le métal d'une substance poisseuse. J’avais à peine ressenti la pression de la lame se déplacer sur ma peau et malgré tout, mon doigt versait plus de perles de sang que je l'avais imaginé. Les yeux éteints, je commençai à observer la cicatrice fraîche de mon membre blessé. Le liquide qui s’en échappait était si réel comparé à… à tout le reste. Je me mis à rire. Je m’esclaffais comme une démente, le corps secoué par les spasmes de rires, et les prunelles inondées de larmes. Mon faciès opposait dorénavant la folie de mes hilarités au désespoir résigné de mes sanglots. Et si? Ma main rapprocha la pointe du poignard, vers mon cœur. Et si? La tentation était là, plus forte que jamais. Et si? Me répétai-je encore. Mon esprit cédait, et j’étais incapable de l’arrêter.

______________

Et si le sang détient la clé de la liberté? La pensée, aux premiers abords fugace, était revenue hanter mes réflexions. Plusieurs jours plus tôt – je crois – j’avais failli commettre l’irréparable. Ce n’était que suite à une brève vague de lucidité que j’avais réussi à mettre un terme à mes actes de folie. « Je ne veux pas mourir. » Avais-je chuchoté en tombant à genoux, et mes doigts avaient immédiatement relâché le manche de l’arme. Depuis, j’avais inlassablement récité ces mots, à la manière d’une prière, dans le but de m’endurcir contre mon nouvel ennemi : moi. Cependant, plus le temps avait filé, plus la peur avait fini par me rattraper. À présent, les ombres me terrifiaient. L’isolement me pétrifiait. L’absence de couleurs me désespérait. C’en était trop. Et si la Mort est ton seul salut? La roche semblait se moquer de moi. Les végétaux complotaient à ma perte. Oui. J’étais prête à tout. Pourvu que ça se termine. Et si le sang est la clé de ta liberté? Encore cette question. Si elle se répétait, sa réponse devait forcément être… Et si… Je fermai les yeux. Inconsciemment, je me mis à crier, à pleurer. J’aurais dû garder ce couteau. La Mort… Un tintement résonna comme une mélodie familière à mes oreilles. J’ouvris mes paupières. Il était là. Le poignard était là, juste à portée de main. Est ton seul salut? Je ris. J’avais tant souhaité me loger entre les bras de la Faucheuse après le massacre en Terres Blanches, et voilà qu’ils s’ouvraient, enfin, devant moi. Mes vœux avaient été entendus. On m’offrait une chance de les exaucer, hors de la vue et hors du jugement d’autrui. Hors de tout, excepté de moi-même et des Dieux. Il me fallait achever cette toile obscure en la peinturant des pigments de mon sang. Était-ce moi qui raisonnait maintenant? Ou bien était-ce la Démence? Je l’ignorais. Cependant, le véritable enjeu se trouvait ailleurs.

Oserai-je me rendre jusqu’au bout de mes égarements délirants? Le courage m’en avait constamment fait défaut par le passé. Aujourd’hui, il était le seul à pouvoir me sauver et l’espérance, quant à elle, à pouvoir me stopper. Deux Vertus ; deux conséquences diamétralement opposées. Et un unique choix. C’est ce que je fis. Mon pied avait repoussé le couteau.

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