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 [Événement] Les Petites Plumes

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mer 27 Nov 2019, 23:17

[Événement] Les Petites Plumes Ny_bmp10

Les Petites Plumes


Christian parcourait les couloirs de sa demeure d'un pas assidu et d'une connaissance des lieux suffisante pour ne pas regarder devant lui et se concentrer sur la pile de parchemins qu'il avait dans la main. Ce n'était pas un document politique, une affaire secrète ou commerciale, non. Il s'agissait d'un récit relatant des choses et d'autres, notamment le Trésor Perdu des Sirènes, le Temple Rond avec ses arcades de marbre et ses statues qui seraient sous le Palais de Justice d'Utopia, l'Or des Nains de la Montagne de l'Est. Quarante trésors, réels et imaginaires, font ainsi l'objet d'une enquête aussi passionnante que mystique, où l'héroïne se doit de déjouer des énigmes et des pièges, combattre ses ennemis à mains nues et sauvegarder ces antiques trouvailles. L'auteur, grand amoureux de l'exploration, déclare ici sa flamme à tous ce qui se dissimule aux yeux de certains qui ne le voient pas. C'était suffisamment passionnant pour que l'éditeur ne le quitte pas des yeux et s'en imprègne. À coup sûr, une telle merveille ferait sensation si elle était commercialisée et il valait mieux qu'il soit le premier à proposer un contrat. Il réfléchissait au montant qu'il souhaitait investir tout en espérant que personne ne soit en négociations. Il ouvrit la porte de son bureau après avoir salué sa secrétaire, qui lui proposait les missives de ce matin. Ce n'était pas évident d'être directeur d'une maison d'édition. Il y avait énormément d'impératifs financiers à tenir, mais au-dessus de cela, il devait surtout trouver des pépites que trois agents lisaient avant de lui proposer. Ils recevaient pas mal de lecture, mais ce monde était impitoyable. Beaucoup d'appelés pour peu d'élus. En prenant place sur sa chaise, Christian soupirait. Là était tout le problème. Il y a avait relativement peu de romans à succès ces dernières années.

Seuls les écrivains connus parvenaient à maintenir leur activité, les nouveaux ayant un peu plus de mal à se faire un nom, surtout vu l'exigence du lectorat. Ce qui se vendait le mieux et maintenait son activité à flot grâce à ses Copistes, c'était les livres de recherches ou tout ce qui avait trait à l'éducation, alors très utiles pour les étudiants. Il éditait certains de manière exclusive, ce qui lui permettait une rentrée non négligeable à chaque début d'année scolaire. Les romans d'aventures se vendaient aussi, raison pour laquelle l'ouvrage entre ses mains l'intéressait. Il y avait aussi des ouvrages plus osés, réservé à une minorité, mais qui se vendait assez bien. Seulement, le marché avait besoin de quelque chose de nouveau. Quelque chose qui sortait de l'ordinaire et d'assez percutant. Sans être exceptionnel seulement ... Qui parlerait a beaucoup de ses lecteurs. Des choses de la vie. La diversité du champ de recherche ainsi représenté inciterait les uns à se définir par rapport aux autres, à mettre en évidence des problèmes propres, à faire voyager ou rire des inconnus sur leurs péripéties. Que la fiction se mélange à la réalité, ou la réalité à la fiction, tant que cela restait crédible. Il pourrait inciter des inconnues, peu adepte de l'exercice, à s'essayer ? Qui sait si de nouvelles vocations ne naissaient pas ? Transporter par son idée, l'éditeur se demandait comment la mettre en pratique, tout en fixant l'encrier devant lui. Alors, à son tour, il prit la plume pour cracher d'un trait sombre ses encouragements. Ainsi se terminait sa longue missive qu'il copiait autant de fois que nécessaire avant de l'envelopper précieusement. Il l'enverrait au hasard et les intéressés y répondraient si seulement il en avait envie.

Il est temps de laisser leur imagination devenir réelle, sourit-il.

En se redressant pour apporter une partie du courrier à sa secrétaire, il prit conscience de l'interrompre dans sa conversation en ouvrant la porte. Il s'agissait d'un visiteur désireux d'avoir un entretien avec lui. L'homme le dévisageait quelque peu avant que son visage ne s'illumine à nouveau.

Monsieur le Comte ! dit Christian avec une voix amusée et volontairement exagéré. Je ne m'attendais pas à vous voir dans les couloirs de mon entreprise.

Tristan sourit en se retournant vers lui, avant de remercier la secrétaire qui inclinait la tête respectueusement.

Allons, allons, Christian. Nous avons dépassé ce stade depuis le temps !

Tandis que le Comte Vidal venait saluer son vieil ami, l'éditeur remis un paquet conséquent de lettres à sa secrétaire, lui demandant de sélectionner des adresses au hasard pour mener à bien son travail. Bien que décontenancée, cette dernière acquiesçait.

Au hasard ? demandait Tristan lorsque la porte fût refermée et qu'ils s'étaient installés pour boire un verre d'alcool. Si je ne te connaissais pas, je te prendrais pour un espion aux abois !
Non, rien d'aussi dramatique que mon basculement chez les Sots Mages. Je voulais faire une petite expérience. Voir le nombre de personnes qui répondraient à mon courrier tout en se prêtant à mon Jeu.
Un Jeu ? Tu m'intéresses. Quel est-il ?
Me raconter leur vie, tout simplement. Me surprendre avec leurs incroyables récits d'aventure, ou me rendre nostalgique d'une vieille époque ! ...Et tacitement accepter de les voir finir sous forme de livre. Anonymement, évidemment.
Évidemment.
Je sais que pas mal de choses seront fausses, mais si leur plume est convaincante, le lectorat n'y verra que du feu !
Il n'y a pas de petits profits, n'est-ce pas ? le taquina le Comte en levant son verre.
En l'occurrence. Et ça amuse tout le monde ! répondit-il en heurtant le sien dans un tintement sonore.
Je connais une personne qui en serait ravie. Elle apprécie écrire, de temps en temps. Tu sais quoi ? Je vais aller lui apporter, personnellement.

Le Comte se mit à tapoter sur l'une des lettres restantes et la prit dans sa main, amusé. L'éditeur paru encore plus surprit. Tristan trouvait l'idée intéressante et il aurait tout le loisir de poser quelques questions de manière innocente pour entamer la conversation à celle où se tournait ses pensées.

Une femme ? devinait presque instantanément son ami.
Une personne.

Christian plissait les yeux en souriant, son ami relâchait un soupir. Il savait que rien ne l'empêcherait de savoir.

Très bien. C'est une femme. Elle m'intrigue énormément et je veux apprendre à la connaître.
Et je peux connaître l'identité de cette dernière ou dois-je envoyer un de mes espions, hum ?

Sa petite menace n'en était pas une. Seulement une taquinerie entre vieux amis. Quand l'éditeur entendit le nom de la concernée, il n'en fût pas surprit. Peut-être un peu peiné, derrière son sourire. Décidément, il y avait plein de monde avec des petits secrets et des spectres qui revenaient les hanter. Christian espérait que les autres soient moins tristes et moins macabres que ceux du Comte Vidal.

1120 mots
Explications

Salutations [Événement] Les Petites Plumes 520227573

Cet événement se déroule un peu partout et met en avant l'art de l'écriture. Concrètement, Christian, l'éditeur d'une maison d'édition, envoie des courriers au hasard en demandant aux personnes de lui raconter quelque chose sur leur vie. N'importe quoi. De quoi le transporter, évidemment, pour le sortir de sa monotonie. Il vous explique que son métier est en rapport avec les livres, mais pas qu'il envisage de les publier, n'hésitez pas à dire que vous la voyez ensuite relier quelque part ! Que ce soit vrai, ou faux, à vous d'être convaincant !

Durée du RP - vous avez jusqu'au 27-01-2020 pour poster.

Bonne écriture !

Gains

Pour 900 mots - 1 Point de Spécialité
Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots - 1 Point de Spécialité supplémentaire

OU

Pour 900 mots - Un Métier - Rang I - en rapport avec le monde littéraire [Écrivain, Linguiste, Traducteur, Copiste, Parcheminier, Enlumineur, Relieur, Libraire, etc.]
Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots - 1 Point de Spécialité supplémentaire

Pour les NaNoteurs

Les Participants au NaNoWriMo - Liste - peuvent déclarer, pour avoir pris le temps de participer, en bonus, le Titre "La Plume Guerrière" pour un PJ ou un Compagnon. La condition est que celui recevant le titre doit être joué dans le post pour justifier son acquisition. Ce bonus n'est utilisable qu'une fois. Merci d'avoir contribué à ce mois d'écriture nastae

À vos claviers, c'est à vous d'écrire la suite !



[Événement] Les Petites Plumes Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
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Mar 03 Déc 2019, 21:21

« Aleran, dépêche-toi de couper ces légumes. Puis, tu iras voir la cuisson des poulets. » Je courrais partout dans la cuisine de la demeure de la Marquise. J’avais pu avoir ce travail, grâce à l’intendante du domaine. Je devais leur montrer que j’étais fort, que je n’avais pas peur de faire des heures au travail et que je pouvais évoluer dans les cuisines. Depuis quelques mois, je n’arrêtais pas de travailler. Je ne dormais pas beaucoup en ce moment, car je voulais progresser et devenir une meilleure personne et cuisinier aussi. Je voulais être un cuisinier de renom et reconnu dans le monde. Le parcours allait être compliqué, je le savais bien… Cependant, avec de la force, de l’honneur et beaucoup de travail, j’y arriverais un jour. Alors, je me bougeais et j’apprenais tout ce que je pouvais apprendre avec les grands cuisiniers du Domaine. Bon, peut-être que je devais faire une pause et prendre une journée de repos afin de promener dans Caelum.

En parlant de cela, je n’avais toujours pas répondu à la lettre de Syrianne. Cela faisait un bon mois qu’elle m’avait envoyé sa lettre. Je l’avais bien lu, mais je n’avais pas trouvé le temps de lui répondre, mais aussi, je n’avais pas trouvé les mots justes. J’étais vraiment nul dans l’art de rédiger des lettres, même si c’était une personne que j’appréciais beaucoup. Le pire… Était que je pensais à elle tous les jours. Et je ne prenais même pas la peine de lui répondre. Franchement, j’étais le pire des hommes. Je pensais à tout cela sur le chemin du retour, pour l’appartement que je louais avec ma paie. En rentrant chez moi, je trouvais une lettre. Encore une lettre de Syrianne ? Mon dieu ! Je pariais qu’elle allait me dire que j’étais un pauvre mec, qui ne comprenait rien à ses sentiments. Oh non ! Je n’allais pas rentrer dans la discussion sur les émotions et les sentiments.

J’ouvris la lettre doucement et je découvris que ce n’était pas la jeune magicienne. Un homme dénommé Christian, un éditeur d'une maison d'édition, était en recherche d’histoire qui pourrait l’amuser ou bien le transporter un peu. Il avait besoin de lire quelque chose et de connaître la vie d’autres personnes. Cela pouvait être intéressant… Alors, je me mis à mon bureau, alors que la lune était en train de se lever dans le ciel étoilé. Le lit m’attendait et le sommeil m’appelait. Mais j’avais bien envie d’écrire quelque chose pour cet homme. J’allais raconter un pend de ma vie que je n’avais pas forcément envie de parler à tout le monde. Enfin, j’avais commencé à raconter à Syrianne, mais pas tout. Je pris des feuilles vierges avec un gros pot d’encre noire. Et je commençais à raconter mon Histoire…

[Événement] Les Petites Plumes Signa13

« Aleran ! Tu ne peux pas faire attention un peu ! Je savais que tu étais maladroit, mais à ce point-là… Tu es comme ta mère, forcément. » Je serrais le poing pour éviter de piquer une crise devant tout le monde. Mon père, Ronald, ne disait rien pour me défendre. Je devais laisser couler pour éviter d’avoir la grosse colère de Pénéloppe. J’étais un bâtard de la famille Ward. Mon père était un Ward, mais ma mère biologique était une femme étrangère à la race des magiciens. Elle m’avait abandonné à ma naissance, car elle n’avait pas le temps de s’occuper de moi. Alors, elle m’avait confié à mon père pour m’élever. Cependant, il avait dû prévenir sa femme légitime, Pénéloppe, qu’il avait un nouvel enfant sous leur toit. Elle comprit vite que c’était un enfant qu’il avait lu avec une autre femme. Il l’avait trompé, car il était tombé fou amoureux d’une autre femme. Alors ma belle-mère ne supportait pas de me voir autour d’elle.

De plus, elle ne voulait pas que je m’approche de mes demi-frères et de mes demi-sœurs. J’étais vraiment malheureux dans cette famille. Ma belle-mère ne me portait pas de sévices physiques, mais elle n’hésitait pas à me hurler dessus dès que je faisais quelque chose de mal dans la maison. A l’école, je devais être le premier de la classe, pour éviter des problèmes à la maison, ainsi de ne pas être traité de moins que rien devant ma famille. Je travaillais comme un forcené pour être le meilleur de ma classe. La plupart du temps, j’avais de très bonne note et tout le monde me considérait comme le meilleur. Sauf que mes camarades ne savaient pas que je travaillais jour et nuit pour que je sois parfait dans toutes les matières. Et même si j’étais premier pendant des mois, elle m’ignorait royalement. Elle préférait rassurer ses propres enfants, au lieu de m’encourager à continuer ainsi. La plupart du temps, elle m’ignorait… Je devais tout faire par moi-même dans la maison. Je devais me faire manger, changer mes draps de mon lit, acheter mes propres jouets. Le pire pour moi, était que mes demi-frères et sœurs ne savaient même pas que j’étais un lien de sang avec eux. Pénélope me qualifiait de cousins très éloignés. Mon cœur ne supportait pas ces mots. J’étais de leur famille, même si j’étais un bâtard de la famille Ward. Je portais leur nom de famille, mais je n’étais pas de leur famille. J’étais un étranger…

Pendant des années, je me battais contre ma belle-mère pour avoir une place au soleil et être considéré comme l’un des leurs. Mais pendant les dix premières années de ma vie, ce ne fut pas le cas. Un jour, la goutte d’eau fit déborder le vase. C’était en pleine réunion de la famille Ward. Le plus grand événement de la famille Ward : Les Cousinades. Cette fête rassemblait tous les membres de la famille Ward. Personne ne pouvait manquer cette grande tradition. Tout le monde se parlait, s’échangeait des dernières nouvelles. Un grand festin était concocté par chacun des membres pour éviter de faire de la grande cuisine. Tout le monde fut invité…Sauf moi. Bien sûr, je m’y attendais. J’étais un bâtard, donc, je n’avais pas le droit d’y venir. Ma belle-mère m’avait fortement interdit de sortir de la maison, et que je devais rester sage. Mais les Cousinades duraient sur plusieurs jours. Mais je n’étais pas si malheureux que cela. Je pouvais lire tous les livres que je voulais, jusqu’à pas d’heure. Je pouvais manger sans que personne ne vienne me cracher dessus. J’avais enfin la paix, la tranquillité. Je pouvais enfin me détendre et arrêter d’étudier pendant quelques jours.

Soudain, ma grand-mère, Bellada Ward, entra dans la maison. « Aleran ! » J’avais posé mon livre et j’étais descendu pour savoir ce qu’il se passait. « Oui, grand-mère ? » - « Que fais-tu ici tout seul ? » - « Bah…Rien… » - « Ne devrais-tu pas être à la fête ? Tu fais partir de la famille, ne l’oublies pas ! » - « Oh Mamie… Pénéloppe me dit que je suis qu’un bâtard, donc je ne fais pas partie de la famille. Donc, il n’y avait aucune raison que je vienne à la fête… Et c’est comme ça depuis que je suis né. Alors, cela ne me surprend pas non plus. » Le regard de ma grand-mère s’était transformé, en un regard féroce et furieux. « Et ton père ? » - « Inexistant dans ma vie… » - « Aleran, prend toutes tes affaires. Tu vas emménager chez nous. Tu ne peux pas rester ici… Allez dépêche-toi. Après, tu iras à la fête. » J’étais resté bouche bée en entendant les propos de ma grand-mère. Alors, j’avais rassemblé mes affaires aussi vite pour quitter cet endroit. D’une certaine manière, j’étais assez heureux de quitter ce lieu. Il n’y avait que des mauvais souvenirs dans cette maison. Quelques heures plus tard, j’avais changé de maison. Ma grand-mère avait préparé ma nouvelle chambre qui était beaucoup plus lumineuse et remplit de livres. Une fois que j’avais défait mes affaires, j’avais rejoint la fête avec les autres membres de la famille. Pénéloppe fut surprise que je sois présent à la fête. Bellada lui expliqua que je n’étais plus à sa charge. Mon père fut triste, mais heureux en même temps. Je n’avais jamais eu de lien fusionnel avec mon père. Je le connaissais à peine. Ce fut la première fois que je me sentais heureux, et libre. »


[Événement] Les Petites Plumes Signa13

Je posais ma plume doucement sur mon bureau. Cela faisait deux bonnes heures que je rédigeais cette histoire véridique. Cela sortait de mon cœur. Mon histoire malheureuse. Je fis sécher les parchemins avant de l’envoyer à Christian pour qu’il puisse la lire. Je n’attendais rien de cet éditeur, mais j’avais envie de le divertir, rien de plus. Puis, je décidais d’aller me coucher pour une bonne nuit de sommeil. Demain, je répondrais à Syrianne. Je me le jurais.

HRP:
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Lun 09 Déc 2019, 21:39




Rêve numéro un | Ezechyel

Ces narines d’os et de peau
par où commencent les ténèbres
de l’absolu, et la peinture de ces lèvres
que tu fermes comme un rideau

Et cet or que te glisse en rêve
la vie qui te dépouille d’os,
et les fleurs de ce regard faux
par où tu rejoins la lumière

Momie, et ces mains de fuseaux
pour te retourner les entrailles,

ces mains où l’ombre épouvantable
prend la figure d’un oiseau

Tout cela dont s’orne la mort
comme d’un rite aléatoire,
ce papotage d’ombres, et l’or
où nagent tes entrailles noires

C’est par là que je te rejoins,
par la route calcinée des veines,
et ton or est comme ma peine
le pire et le plus sûr témoin.*

Elles sont là, elles me regardent.

Quatorze millions de petits yeux morts, orbites vides et noirs comme la nuit éternelle dans laquelle ces âmes sont perdues, qui me fixent. Un silence étourdissant. Des picotements au bout des doigts. L'air est étouffant et mes lèvres sont sèches. Je deviens persuadé que si la goutte de sueur brûlante qui est en train de couler sur mon front tombe par terre, tout va exploser comme une bombe. Pouf ! Plus de Pyramide, plus de désert, plus d'Humains -on ça serait bien. Néanmoins, je n'ai pas envie de mourir ici. C'est stupide. Je sais bien ce que c'est, la Mort. Aucun Chaman n'a peur de la Mort et moi, j'en ris tous les matins. Mais dans un songe, plus rien ne tient, tout s'inverse et le contraire devient réalité. J'ai peur, c'est idiot, mais je suis terrifié. Le peu de conscience en moi bouillonne devant cette absurdité. Mon corps se paralyse et je sens le temps qui s'écoule comme les grains d'un sablier. J'arrive, par un processus d'un illogisme infini, à fixer toutes les momies pour leur rendre un regard de défiance, l'une après l'autre. C'est long, très long, quatorze millions, et si je n'arrive pas à la fin avant que la goutte ne tombe, tout va exploser ! Vite, un, deux, trois, quatre... Mon esprit se focalise immédiatement sur un autre problème : si je n'arrive pas à compter le nombre exact de momies, la pyramide va s'envoler dans l'espace et nous finirons tous gelés pour l'éternité dans le Néant, j'en suis persuadé. Un, deux, trois, quatre, cinq,  [...] six-cent-mille-trois, six-cent- Oh zut j'ai une mèche devant les yeux, j'y vois plus rien et, six-cent-mille... J'ai perdu le compte et mon souffle par la même occasion ! Ca y est, c'est la fin, le sol bouge, je pleure et quatorze millions de momies me fixent, leurs petits yeux morts, orbites vides et noires comme la nuit éternelle contre  laquelle ces Anges morts par l'épée d'Azmög ont perdu.

Devant elles, je me sens incroyablement seul.

Rêve numéro deux | Blanche
Que pense-je du mariage, hum ?! De l'amour, du sexe ? Honnêtement, je les déteste. Je déteste perdre le contrôle de moi-même, voyez-vous. Je déteste les liens. Je déteste les chaînes. Elles me font peur. Oui, je sais, traumatismes d'enfances, tout ça. Je peux seulement me vanter d'avoir choisi la voie la plus inattendue pour régler ce problème : abandonner tout contrôle, ignorer tout sentiment, faire l'inverse de ce que mon corps ou mon esprit me dicte... Éradiquer la source et la solution vaseuse du problème. Je ne veux pas être obsédé par la peur de perdre un trop fragile contrôle. Comment être libre, autrement ? Je suis devenu une machine dont il est impossible de prévoir le comportement. Cela me plais bien. Oui ? Le mariage, c'est vrai. Je vois bien que ma réponse ne vous plais pas, vous savez, vous faîtes une moue assez facile à déchiffrer pour une Déesse et en plus, votre visage fait la même taille que la montagne devant vous. Je n'ai pas envie de me marier, je veux pas dire, mais vous avez choisi le mauvais Chaman. Vous n'allez pas infliger ça à tous ces gens qui n'ont rien fait ? Vous ne voyez pas que la moitié vont virer fou et l'autre se suicid- Hum ? Pourquoi je couche avec ma soeur ? Déjà, c'est pas moi, c'est elle qui a commencé ; ensuite ce n'est arrivé qu'une seule fois, et enfin je- Oui je sais, c'est sale et impur ! Ce n'est pas la peine de le hurler et me défoncer les tympans. Mais arrêtez-donc ! Vos yeux ressemblent à deux globules qui- Oups. Pardon, vous êtes très belle, ah ah. Est-ce-que vous pouvez arrêter de me harceler s'il vous plait ?

Rêve numéro trois | Raanu
Comment ça, vous êtes ma grand-mère ? C'est une blague, j'espère.

Rêve numéro quatre | Phoebe
Je regarde par la fenêtre de ma chambre, une alcôve arrondie dont les bordures sont en mosaïques dorées. Je fais cela tous les soirs, parce-que la lumière de la lune argentée se reflète sur les motifs et dessine de beaux arabesques. Cela me berce, avant l'horreur des cauchemars. Un moment de répit avant le combat. Je sursaute. La lune vient d'apparaître. Elle est en sang, elle hurle à glacer les veines. Je me sens poisseux devant cette scène. La température autour de moi chute drastiquement et les fourrures blanches ne suffisent plus à garder mon corps au chaud. Mes yeux ont bien du mal à se détacher du disque énorme et pourtant, j'y mets toute ma volonté possible et imaginable. Brusquement, je les ferme, je les rouvre. La cheminée est allumée, il fait chaud. Soulagement complet. J'expire brutalement en évitant soigneusement de regarder par la fenêtre, même si je sens comme une présence dans cette direction-là. Je choisis de l'ignorer. Quelque chose me dicte qu'il faut absolument que je me rapproche du feu pour y trouver la sécurité. Je n'y arrive qu'après un lot de tentatives infructueuses, rageantes et désespérées. Je suis en sueur. La présence est de plus en plus grande derrière moi, il faut que je me concentre sur le foyer de la cheminée. Mes dents mordent mes lèvres. Je regarde brusquement dans mon dos et pousse un hurlement devant les corps démembrés de mes animaux de compagnies et de mes enfants.

Rêve numéro cinq | A'zar
Un navire fantôme flotte silencieusement sur l'Océan. La vue de sa coque fendant les eaux dans un geste aussi harmonieux qu'éthéré me plais. Voyez-vous, mon peuple aime les choses brumeuses, c'est indéniable. Cette flotte monstrueuse qui viendra semer le Chaos est le fruit du fils d'un Dieu. Ils sont tous voués à accomplir de grandes choses, mais celui-là, il a fait fort. Il s'agit de mon neveu -famille de fou. Je le sais, parce-que j'ai vu leur mère accoucher et que quand j'ai essayé de les assassiner pour détruire ces hérésies infâmes de la surface terrestre afin de sauver le monde, je me suis retrouvé en face d'un crocodile géant et de cent-mille Ridere pas d'accord avec moi. Qu'on ne me dise pas que je ne n'ai pas au moins essayé ! Ce navire me poursuit partout, jour et nuit, dès que je regarder l'horizon, chose que l'on fait souvent lorsque l'on habite en hauteur sur une île. Je le vois, son mat déchiqueté hurlant au loin une menace future. Je crains qu'un malheur absurde ne se soit encore abattu sur mes deux généraux que j'ai laissé partir sur ces bâtiments d'outre-tombe. C'est toujours comme ça, j'agis et ensuite, je me mords les doigts contre le Destin, jusqu'au sang. La paranoïa, vous savez ? Tout le monde la connait ici, depuis que l'Aether de la Folie a essayé de nous génocider pour nous faire courber l'échine. Moi plus que les autres, car tout ce qui arrive de mal retombe sur les épaules d'un, trop souvent unique, fautif : le roi.

Et si je dis non au lieu de oui et que tout s'écroule ? Et si je heurte la sensibilité extrême de ces êtres divins et que la foudre s'écrase sur des milliards d'innocents ? Et si le pion tombe ?

Et si j'échoue ?


Vous vouliez savoir ce qu'était ma vie, cher éditeur ? Eh bien la voilà. Il se passe tant de choses dans cet univers, qui dépassent toutes nos volontés réunies. Certains d'entre nous, mortels, peuvent les entrevoir comme à travers la serrure d'une porte donnant sur un interdit, êtres maudits à tout jamais pour avoir eu ce cadeau entre leurs mains. Pour certains, il s'agit de regarder les lignes du passé et du futur ; pour d'autres, il s'agit d'entendre ceux qui nous dirigent comme des pions sur un échiquier : les Aetheri. Avant de vous plaindre d'être traumatisé et afin de préserver votre santé mentale, évitez dès à présent d'envoyer vos lettres à des déments. Néanmoins je dois bien vous avouer en toute bonne foi que coucher sur le papier ces monstres quotidiens m'aide à les surmonter. Pour ceci je vous dis chaleureusement : merci. Malheureusement l'effet ne sera que trop éphémère. Goûtez à l'amertume acerbe de mes cauchemars, à la violence inouïe des vagues qui me détruisent, moi, un homme trop près des êtres divins pour pouvoir garder sa raison, un homme trop proche de leurs voix dévastatrices dont l'écho me hante jours et nuits, un homme enchaîné non pas par les vicissitudes de ce bas-monde mais par la volonté de nos créateurs, moi, un grand mage qui contrairement à tous les autres, ne tire que des malheurs de ce don.


Le Fou des Dieux

1544 mots
Devaraj a enchanté et illustré ses écrits avec les pouvoirs suivants :
- L'Antre d'A'Zar
- Le pouvoir des mille visages : basé sur des illusions, le possesseur pourra créer chez sa victime un semblant de folie, les visages de ceux qui se trouvent à ses côtés se métamorphosant à ses yeux pour revêtir d'autres apparences effrayantes, que cela soit d'autres têtes humaines, des têtes d'animaux ou bien monstrueuses.
- Les Sauvages : Permet de faire ressortir les bas instincts des individus.

* Source du poème : invocation à la momie, par Antonin Artaud


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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3853
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 15 Déc 2019, 22:47


Fantasy locations by Ireneusz Paszkiewicz (on artstation.com)


« Alors, ces traductions ? Vous avez survécu ? » Nalim dardait sur lui un regard narquois, assorti d’un sourire moqueur. « De la rigolade. » rétorqua Priam, qui commençait à cerner le personnage. Il y avait passé toute la nuit, avait dû se battre avec Rutabaga pour qu’elle lâchât les précieux parchemins, et ne rêvait que d’une chose : dormir. « Ah oui ? » Il s’inclina vers son bureau et tendit les bras pour récupérer le paquet. Son employé le lui donna. Il le feuilleta quelques instants, attentif. « Mais c’est qu’on vous apprend à réfléchir, à Bouton d’Or. Surprenant. » Le jeune Ange ouvrit la bouche, puis se ravisa. Ce sarcasme débordant n’avait rien de sérieux. Il perdrait de son temps et de son énergie à y réagir au quart de tour. « Vous aviez autre chose à me donner ? » - « Hum… » Le diplomate se leva et se détourna. Il se dirigea vers une bibliothèque qui occupait tout le pan d’un mur. Le fils de Réprouvés n’en avait jamais vu autant, ni d’aussi grandes, que depuis qu’il vivait aux Jardins de Jhen. Ces étendues de savoir à portée de main le fascinaient et lui donnaient le vertige. Sur la pointe des pieds, Nalim attrapa un livre du bout des doigts et le sortit de sa cachette. Il s’approcha du brun et le lui tendit. « Tenez. Ça vous sera utile. » Baissant les yeux sur l’ouvrage, il en lut le titre. Le Naciaze : Grammaire, conjugaison et vocabulaire. « Il va falloir mener un apprentissage rigoureux de notre langue. » De sa démarche souple, il retourna s’asseoir derrière son bureau. « C’est important. » Priam s’étonnait de la facilité qu’il avait à passer de l’amusement au sérieux. « Une identité se construit en partie sur l’idiome. » Ses iris profonds scrutèrent l’Ange ; il eut la sensation qu’il pouvait lire jusque dans les parties les plus intimes de son esprit. « Nous supportons, encore et toujours, les affres de notre défaite. Ce sont des plaies qu’il faut soigner, et cela passe autant par l’extérieur, la diplomatie, que l’intérieur. Le peuple. » Le berger n’osait pas détourner le regard. « Vous en faites partie. J’ai conscience du gouffre culturel qui sépare les Anges des Réprouvés. Il n’est pas insurmontable. » Priam cligna des yeux. « Il y a un pont. » répondit-il d’emblée. Nalim arqua un sourcil, dans l’attente d’un développement de son opinion. « Tout le monde se focalise sur les différences. Il n’y a pas qu’elles. » Comme le silence persistait, il continua : « Je sais que les Anges et les Réprouvés n’ont pas un passé commun très tendre, mais nous sommes liés de bien des manières. » Son interlocuteur le détailla, insondable. Puis, un sourire apparut sur ses lèvres. « Dans ce cas, j’espère que vous saurez me prouver l’existence de ce pont, petit pigeon. Vous n’êtes pas réputé pour votre implication dans la société angélique. Je vous ai engagé, mais je ne saurai pas soutenir longtemps votre détachement. » Son rictus devint plus malicieux. « Heureusement que votre sœur rattrape le coup de ce côté-là. Et vous, vous sauvez l’honneur parce qu’on n’entend pas parler de vos histoires de cœur – ou tout autre chose, d’ailleurs, si j’en crois certaines rumeurs… Vous vous complétez bien. » Priam afficha un regard blasé. Devrait-il supporter ses railleries pendant toute la durée de son contrat ? Il craignait que l’échéance ne soit encore ultérieure…

Rentré, il s’écroula sur le canapé et s’endormit presque aussitôt. Rutabaga grimpa sur lui et se roula en boule sur son ventre. Quelques heures plus tard, il fut réveillé en sursaut par la morsure brutale de son gros orteil par Picasso. « Dreell ! » Son pied vola vers le plafond et percuta le chat, qui valdingua contre le mur. La chèvre poussa un bêlement d’effroi et de mécontentement mêlés, et Paddy, terré dans un coin, agita ses tentacules en produisant un son indéfinissable. Tenant l’ovin contre lui, Priam se redressa vivement et s’exclama : « Picasso ! » Mais l’intéressé se moquait bien de ce que l’on pouvait lui reprocher : il courait à travers la maison, les yeux réduits à deux larges trous noirs, la queue en panache et les poils hérissés. Çà et là, il bondissait. Le fils de Réprouvés grommela quelques insultes à son encontre avant de passer une main sur son visage. Il avait l’impression que lorsque Laëth était là, il se tenait nettement plus tranquille. Comme il jetait un coup d’œil par la fenêtre, il constata que le soleil déclinait. La nuit ne tarderait pas à tomber. Il devait encore entretenir un peu la maison, s’occuper de ses bêtes, prendre le courrier… « Hum. » D’un geste doux, il écarta Rutabaga pour la poser près de lui, sur le canapé. « Allez, faut se motiver. » Après s’être étiré de tout son long, l’Ange s’attela à la tâche. La vaisselle, un peu de rangement et de ménage, l’apport de fourrage aux animaux, une vérification rapide de leur état et quelques caresses, puis récupération des lettres et retour à la maison. Son repas prêt, il s’assit à la table de la cuisine et lut en mangeant. Une missive retint son attention. Un certain Christian, éditeur en mal d’aventures, cherchait quelques histoires qui sauraient captiver son attention. L’idée fit sourire Priam. Il ne qualifierait pas sa vie d’excitante bien qu’elle eût de plus en plus tendance à prendre des tournants inattendus. Saisi d’une pulsion, il fit venir à lui plume et encrier.

« Je ne pense pas que mon histoire soit captivante, mais si elle peut vous distraire quelques instants, alors je me prête avec plaisir à l’exercice. Peut-être que ce sera l’occasion de mettre certaines choses à plat, aussi ?

Je suis né et j’ai grandi à Lumnaar’Yuvon – Bouton d’Or, comme vous dites. J’y serais encore si le hasard n’avait pas ce goût prononcé pour les surprises. C’est un village de fiers guerriers et d’agriculteurs travailleurs, où chacun est prêt à tendre la main pour venir en aide à son voisin. La paix n’y est pas maîtresse : des rixes entre Réprouvés éclatent régulièrement, et je mentirais si je prétendais que mon existence là-bas n’a été faite que de bonheur. Toutefois, la solidarité qui y règne permet d’y maintenir un climat plutôt favorable et j’en garde plus de bons souvenirs que de mauvais. Ma sœur et moi avons toujours été très proches ; nous avons vécu nombre d’aventures dans ces vastes champs d’or. Gamin, je pensais qu’on y demeurerait jusqu’à notre mort et que jusqu’au bout nous jouerions aux pirates et aux marchands. Mais, vous le savez sûrement, les adultes cachent bien des secrets aux enfants, et ceux-ci sont si bien bercés par l’innocence qu’ils n’envisagent pas facilement les complexités de l’univers. Aujourd’hui encore, j’ai la sensation que tant de choses m’échappent…

Physiquement – c’est important de le préciser –, je suis un Ange. Ma sœur aussi. Vous connaissez l’histoire : la progéniture des Réprouvés a le choix de rester ou de partir pour rejoindre ceux de sa race. Rapidement, ma sœur a décidé de s’engager sur ce chemin. Je ne pense pas que ça a été simple, pour elle. Penser à tout quitter, devoir l’annoncer. Cependant, c’était son choix, et elle ne s’en est jamais détournée. Les Réprouvés ont la tête aussi dure que le crâne d’un bicorne. Elle a au moins hérité de cela. Pour ma part, j’ai décidé de rester. Je pense que c’est à cette époque que j’ai compris que les choses se déroulent rarement comme prévues.

Mon père n’échappe pas à sa condition. Les terres qui séparent Lumnaar’Yuvon des Jardins de Jhen ne sont pas réputées pour être dangereuses, mais lorsque vous n’avez jamais quitté votre territoire, que vous êtes à peu près incapable de vous défendre et qu’en plus vous n’avez, comme ma sœur, qu’une notion du risque extrêmement limitée… les inquiétudes parentales s’éveillent facilement. J’imagine que s’il avait été dans une phase démoniaque, il l’aurait tout simplement reniée et n’aurait plus jamais voulu entendre parler d’elle. Je ne sais pas. Toujours est-il qu’il m’a poussé à la retrouver durant son périple. Lorsque je l’ai rejointe, elle vivait déjà aux Jardins, saine et sauve. Me voir arriver et rester, c’était l’un de ses espoirs. Je le savais, mais j’avais quand même décidé de partir, à terme. Je n’en ai jamais eu l’occasion. Quelques temps après notre arrivée, nous avons reçu une lettre de nos parents. Notre père y expliquait que ma mère avait commis un impair, qui me condamnait à demeurer parmi les Anges. Lorsque les Réprouvés savent que vous les avez rejoints, aucun retour en arrière n’est possible. Je vous laisse imaginer la colère de ma sœur apprenant que je ne lui avais pas révélé mes intentions… Je n’ai jamais su m’immerger dans la culture angélique. Je n’ai fait qu’entretenir mes racines – et c’est pour cela que j’ai plus l’apparence des Anges que le reste. J’en suis conscient.

Aujourd’hui… je travaille pour un diplomate. Je crois pouvoir affirmer qu’il est aussi agaçant qu’intelligent, mais j’imagine que j’ai beaucoup à apprendre de lui. Et il me permet de rester en contact avec les Réprouvés. D’emprunter ce pont qui nous relie.

Je vais devoir écourter, au risque de pouvoir vous raconter une histoire qu’on pourrait titrer « quand le chat égorgea la chèvre ». Ce serait dommage.
»

Les dernières lettres avaient été tracées hâtivement. Quelques secondes plus tard, après avoir séparé les deux bêtes, Priam signait. Petit pigeon. Le surnom l’avait d’abord irrité ; il le trouvait désormais amusant.

1546 mots





[Événement] Les Petites Plumes 1628 :


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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 16 Déc 2019, 10:48


The Whaler - Sunset by Dominik Mayer (on artstation.com)


Les iris verts de Laëth s’étaient perdus sur la ligne d’horizon. Le ciel de feu plongeait dans l’océan. Ses couleurs déteignaient sur la surface mouvante de son amant, dans une étreinte flambante. Les vagues chantaient leur mélodie. Leurs soupirs d’écume venaient caresser les pieds de l’Ange. Elle était assise sur le sable, une main serrée autour d’une lettre. Elle avait ramené ses genoux contre sa poitrine et les avaient entourés de ses bras. Son souffle restait calme. Depuis qu’elle s’était éloignée du campement installé dans les Plaines Dorées, les secondes qui s’égrenaient ne constituaient plus une torture. Elle n’avait plus envie de pleurer, ou pas autant. Il n’y avait personne pour la dévisager ou toiser son ventre avec désapprobation et dégoût. Il n’y avait qu’elle, et la mer. Quelques temps plus tôt, elle l’exécrait. La crainte qu’elle lui inspirait n’avait pas tout à fait disparu, cependant, elle y trouvait aussi du réconfort. L’immensité ne distillait plus seulement l’angoisse ; d’une certaine façon, elle insufflait l’espoir. Le monde ne s’arrêtait pas à ses pieds. Il y avait tellement plus, tellement plus loin. Quelques années auparavant, elle aurait déjà pensé invraisemblable de se trouver ici, sur des terres inexplorées, auprès d’un peuple qu’elle ne faisait que fantasmer. C’était devenu sa réalité. La jeune femme renifla et passa une main sous son nez. Son contrôle des émotions fonctionnait à pleine puissance.

Elle ramena la lettre devant son visage et la relut. Des histoires captivantes, hein… Elle aurait préféré que sa vie le fût un peu moins, ces derniers temps, surtout aux yeux des Magiciens. Toutefois, elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander à quoi ressemblaient exactement les rumeurs. Elle imaginait que Priam, malgré sa verve, avait choisi de rester flou. Il avait toujours été prévenant en ce sens. Depuis leur plus tendre enfance, il se sentait le besoin de la protéger. C’était amusant, finalement, puisqu’elle devenait une guerrière quand il voulait rester berger. Elle sourit doucement. Avait-il reçu la lettre d’Hena ? Elle lui avait dit qu’elle l’avait contacté. Qu’en avait-il pensé ou qu’en penserait-il ? Elle n’avait pas osé lui écrire à son tour. Elle ne savait pas quoi lui dire. Et elle ne s’en sentait pas le courage… Un long frisson déchira son échine et ses paupières tombèrent sur sa cornée. La fatigue étreignait l’Ange meurtrie. Pourtant, elle finit par rouvrir les yeux et s’asseoir en tailleur. Une longue inspiration plus tard, elle utilisait un ouvrage comme support et entamait, d’une écriture indécise, les premières phrases.

« En ce moment, beaucoup d’histoires circulent à mon sujet. Pour être tout à fait honnête, je ne pensais pas que ça m’arriverait un jour. Je ne cherche pas la gloire ou la reconnaissance. Tout ce que j’ai toujours voulu, c’est aider un peuple. Le mien. Tout le reste est secondaire. La seule personne que je ne serais pas prête à définitivement sacrifier, c’est mon frère. J’ai essayé, bien sûr, mais je suis heureuse qu’il soit revenu. Il est un soutien essentiel. Je ne sais pas comment j’ai pu penser que vivre loin de lui ne serait pas un problème. C’est un pilier. »

A cet instant même, il lui manquait atrocement.

« Le reste n’a pas d’importance. Trouver l’amour, me marier, fonder une famille… Ce ne sont pas des accomplissements essentiels à mes yeux. Les histoires que se racontent les Magiciens narrent souvent l’amour entre deux protagonistes. C’est leur quête, leur raison d’être. La mienne, c’est de devenir une guerrière ; le maillon d’un rempart entre les Anges et l’extérieur. »

Certaines rêvent d’être des princesses à qui l’on passerait la bague au doigt. Elles s’imaginent courir les soirées mondaines, leur galant au bras. Un monde de paillettes et d’éclats trompeurs les fait espérer. D’aussi loin qu’elle s’en souvînt, Laëth n’avait serré qu’un seul désir contre son cœur. Défendre, protéger, combattre. Plonger dans la boue, le sang et la chair pour tenter de sauver. Peut-être était-ce dû à son éducation réprouvée et aux idoles martiales qu’elle s’était trouvée ? D’abord Erza et Isran, puis des femmes comme Léto, l’Edmund’Faasnu, ou Cassiopée, la Kendov’Sahqo. Peu importait l’origine de ce souhait, en réalité. C’était son vœu le plus cher, et elle n’aurait permis à personne de s’interposer entre elle et lui.

« Je participe aux explorations angéliques. Quelques années plus tôt, ce n’est pas quelque chose que j’aurais imaginé possible, mais nous y voilà. Nous sommes arrivés sur la terre d’Iyora, après un périple en bateau d’une quinzaine de jours. Je crois que je n’ai jamais été aussi excitée de toute ma vie. Je meurs d’envie de parcourir ces nouveaux territoires du Nord au Sud et d’Est en Ouest, d’en découvrir les secrets et d’en affronter les dangers. »

Elle souriait, les yeux pétillants. A la pensée de ce qui était moins réjouissant, son visage se fana.

« La seule ombre au tableau, ce sont ces rumeurs. Avez-vous entendu parler de l’Ange enceinte du Magicien ? Je crois qu’ils l’appellent Maëlle Visegrád. Ce n’est pas mon nom, mais c’est moi – et je ne porte pas d’enfant. Je suis censée être mariée, ou devoir me marier, avec cet homme. Certains prétendent même que je suis morte. S’ils avaient pu se contenter de répandre cette rumeur, je m’en serais merveilleusement bien portée ; mais apparemment, ce n’est pas la plus amusante. Je suppose que j’aurais dû plus me méfier. Être plus prudente. Ce n’est pas mon fort et je le sais. Ce n’est pas non plus la première fois que ça me porte préjudice, mais c’est sans aucun doute la pire. J’essaie de me rassurer en me disant que j’ai raison, qu’ils ont tort, et que la vérité sera bientôt révélée, mais je sais aussi que cette histoire risque de me suivre pendant un temps. Aux yeux des Magiciens, c’est sans aucun doute la partie la plus croustillante de ma vie. Le reste, c’est secondaire. Je verrai bien, de toute façon. Ma mentor a raison lorsqu’elle dit qu’il ne sert à rien de me focaliser là-dessus. C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire, surtout quand vous êtes à peu près incapable de gérer ce que vous ressentez sans utiliser la magie.

Mais peu importe. J’essaie de me concentrer sur l’essentiel et le positif. Le voyage s’est bien passé. J’y ai appris de nouvelles techniques de combat aérien, le contrôle et la fusion avec le métal, comment lire une carte militaire… J’ai encore beaucoup de progrès à faire, mais je m’améliore un peu plus à chaque fois. J’ai aussi pu voir des choses merveilleuses ! Mon passif avec l’océan n’est pas très réjouissant, mais je crois que je commence à l’apprécier. La Mer de Cristal est superbe. L’eau est si claire qu’on peut aisément admirer les fonds marins et tout ce qui y vit. Le sol paraît tapissé de Larmes d’Anges… c’est magnifique. On m’a raconté qu’elles seraient des fragments de ceux morts du Czírnúma, des souvenirs, des reflets, des promesses. Quoi que triste, c’est une belle légende, je trouve. Il y a deux autres choses qui m’ont impressionnée : les feux-follets qui galopent sur les vagues comme dans le ciel, et les baleines. On m’en avait déjà parlé, mais les voir de mes propres yeux… Je n’aurais jamais cru que des animaux si grands et puissants pussent paraître aussi délicats et élégants. Et leur chant… troublant et marquant.

Je ne vous ai même pas décrit la terre d’Iyora. Il faut dire que je n’en ai pas vu grand-chose, pour le moment. Chaque matin au réveil, j’aperçois la brume accrochée aux flancs des montagnes. De larges oiseaux en descendent et planent au-dessus de la plaine que nous avons investie. Elle me fait un peu penser à Bouton d’Or. Je sais qu’il y a une jungle, aussi. Je n’en ai jamais vu, j’ai hâte qu’on y aille. Je pense que les Patrouilleurs ont trouvé un bon endroit où s’établir, ici. On ne peut pas rester éternellement aux Jardins. S’installer nous demandera beaucoup de travail, car tout est à construire, mais ce sera chez nous. Chez nous.
»

« Laëth ? » Elle se crispa en pivotant vivement. Adriel avançait vers elle. Il affichait un sourire qui se voulait rassurant. « Hena te cherche. Elle s’inquiète. » - « Je… » La jeune femme laissa sa phrase en suspens. Elle baissa la tête et plia soigneusement sa lettre. « Ce n’est rien. » Il s’approcha encore, jusqu’à venir s’asseoir à une bonne cinquantaine de centimètres d’elle. « Tu as le droit de vouloir être seule. Surtout dans cette situation… » Les poings de Laëth se refermèrent. Elle détourna le regard ; elle le reporta sur la grande étendue bleutée qui dansait sous le vent. Plus loin, les bateaux amarrés dispersaient une mélodie de cliquetis et de froissement. On les entendait à peine. « Je pense qu’il faudrait tout de même rentrer. Il se fait tard… et on ne connaît pas tous les secrets que peut cacher cette terre. » glissa l’Ange blond avec douceur. Elle lui accorda un regard en biais avant de pousser un soupir. « Quand arrive le médecin du continent ? » - « On ne sait pas. » Elle baissa la tête. « Hum. » - « Ne t’en fais pas. Une fois que l’examen aura été fait, toutes ces rumeurs mourront vite. Dans quelques temps, plus personne n’y pensera. Ou peut-être, simplement, pour te taquiner. » La brune haussa sèchement les épaules. « Comme je l’ai dit à Hena, les gens continueront à en parler sur le continent. » Elle s’arrêta, puis reprit : « Le seul moyen, c’est de ne pas le revoir. Les rumeurs continueront un peu, puis tout le monde se lassera. » Son visage paraissait figé dans le marbre. Toute sa concentration était dévolue à la maîtrise de ses émotions. « Tu ne veux pas le revoir ? » Il crut qu’elle n’allait pas répondre. Finalement, elle souffla : « J’en ai envie, mais je ne le ferai pas. » - « Pourquoi ? » - « Parce qu’il ne le mérite pas. Il a trahi ma confiance. Et je ferais mieux de me concentrer exclusivement sur les expéditions et ma formation militaire. C’est ce qui compte le plus, pour moi. Je refuse de sacrifier tout ça pour... pour... peu importe ce que c’est. » Elle eut un geste agacé de la main. Il avait failli tout balayer, d’un murmure mensonger et désinvolte. « Et si tout cela n’était qu’un malheureux concours de circonstances ? Il faut savoir pardonner, Laëth. » Elle le fusilla du regard. Elle était toujours en colère. Il le vit, mais n’en rajouta pas. Elle n’avait pas besoin de l’entendre : elle devait sentir cette rage brûler en elle et consumer son cœur. Si elle tenait tant à sa condition d’Ange, elle libérerait ces cascades de pardon, de bienveillance et d’amour qui habitent tous les êtres purs. « Je ne veux pas en parler. »

1765 mots





[Événement] Les Petites Plumes 1628 :


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Miles Köerta
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Dim 12 Jan 2020, 03:56

Musique du Yicaly : Marine Marchande par Les Cowboys Fringants

Je n’ai pas d’histoire. Enfin, si, j’en ai une, comme tout le monde, cela va de soi me direz-vous. En fait, je pense m’être très mal exprimé en formulant ma précédente phrase… Recommencer? Bonne idée. Du coup, rectifions le tir : il faut d’abord que vous sachiez que je n’ai pas d’histoire, seulement parce que je considère que les pages de mon existence ne s’abreuvent d’encre que pour conter les récits d’autrui : mon histoire est celle des autres, celle de ma mère ou bien celle de la Reine d’une contrée lointaine, que je raconte à travers mes yeux – ou dirais-je plutôt, à travers ma plume. Effectivement, je n’ai d’autres ambitions que de conter les aventures des autres, parce qu’elle est là, l’histoire de ma vie et nulle part ailleurs en mon sens. Est-ce insensé? Est-ce bizarre, voire étranger, pour vous qui lirez ces lignes? Peut-être, je n’en sais trop rien : après tout, il me serait bien difficile de connaître vos pensées par l’unique biais de ce bout de papier, n’est-ce pas? Je suis moi et vous êtes… vous. Pourtant, si vous vous sentez curieux, vous poursuivrez votre lecture et continuerez de lire mes phrases, quand bien même elles vous paraîtront incohérentes et bizarres – et ne vous inquiétez pas si elles vous semblent exactement comme je viens de le décrire, parce que j’ai pour mauvaise habitude de me perdre dans ma narration, dans mes pensées, comme si elles filaient plus rapidement que ce que mes mains étaient en mesure d’esquisser sur le papier… Vous voyez ce que je veux dire, pas vrai? Dans tous les cas, c’est ce sentiment qui vous a permis de lire la suite de ces lignes sans broncher, sans soupirer et ce, même si vous saviez pertinemment que je m’empêtrais dans mes réflexions personnelles. Parce qu’elle est là, la source de tout intérêt, l’origine de toutes les flammes : la curiosité. C’est à cause de cette curiosité que je me plais à faire ce que je fais et à être ce que je suis. C’est à cause de cette même curiosité que j’ai préféré la fine plume de l’écrivain à l’œil passionné du libraire. Puisque même si je ne suis pas le protagoniste de ces aventures, je m’approche de ceux qui les ont vécus : ils sont venus, ils ont vu et ont vaincu après tout, et c’est bien de cela que je suis admiratif et contemplatif. Je les côtoie et les écoute, les questionne et goûte à un peu de la peur et du bonheur, à un peu de la colère et du chagrin qui ont inspiré chaque instant de leurs aventures. J’apprends donc les lignes de leurs histoires, que je me ravis à retranscrire en lettres et en mots sur la blancheur des papiers.

Par conséquent, de quoi voulez-vous que l’on se parle, que l’on se conte? J’ai bien cette histoire en tête, de cet homme qui avait troqué ses faucilles et ses chevaux de trait pour s’engager, bien loin de sa contrée, dans la marine marchande, mais je pense garder ce récit pour une autre correspondance, pourquoi pas? L’art d’intéresser et d’éveiller la curiosité, c’est assez amusant, compte tenu que c’est exactement cette réflexion qui m’a traversé l’esprit lorsque j’ai lu votre lettre, la première fois. Les quelques lignes qui me demandent de vous raconter ma vie, n’importe quoi, simplement pour vous transporter et vous divertir. Est-ce vraiment la monotonie qui vous pousse à faire cela, comme vous sembler le dire, ou votre motivation se trouve autre part, nourrie par cette même curiosité qui m’habite? Je me demande, parce que, finalement, cela m’intéresse grandement. Pourquoi envoyer ces lettres pour connaître nos histoires alors que vous pourriez tout simplement sortir dans les rues pour accoster les passants et leur demander de raconter leur récit? N’est-ce pas plus fascinant? N’est-ce pas plus magnifique de voir à travers les étincelles de leurs prunelles tout le bonheur qu’ils ont ressenti à l’instant où ils prenaient, pour la première fois, leur garçon dans leurs bras? N’est-ce pas plus poignant que de deviner, à travers le léger tremblement de leurs lèvres, la douleur qui les a accaparés la première fois qu’ils ont eu le cœur brisé? Bon, je l’admets, les gens ne s’ouvrent pas aussi aisément devant autrui, encore moins s’il s’agit d’un étranger venant les apostropher dans la rue pour leur faire passer un questionnaire sur leur vie privée…

Mais c’est pour cela, finalement, que j’ai choisis de faire ce que je fais aujourd’hui : écrivain public, pour être plus précis. Parce que je m’assois devant ces gens, je les écoute me dicter les lettres qu’ils désirent transmettre à l’être aimé ou à leur fille, partie dans une lointaine région qu’ils ne peuvent se permettre d’aller en raison de responsabilité, d’état de santé ou bien de peu de moyens financiers. Je les écoute me dicter leurs ressentis, leurs pensées et inévitablement, je sais qu’il me faudra transmettre ces émotions à travers l’encre que crache ma plume sur les fibres des parchemins. C’est assez compliqué, tenter de capter et d’attraper la parfaite émotion qui ne nous appartient pas, de base, et pourtant, je parviens à le faire, ne serait-ce qu’en m’accrochant aux yeux de mon interlocuteur. Il parle sans s’en rendre véritablement compte, il parle en souriant lorsqu’il se sait content et détourne légèrement les yeux lorsqu’il se sait mal à l’aise. Il est pressé lorsqu’il sait se reprocher quelque chose et il est hésitant lorsqu’il n’arrive pas lui-même à comprendre ses propres sentiments. Et moi, en simple écrivain public que je suis, je choisis de les approcher afin de mieux saisir ce qui habite véritablement leur cœur. Je pose des questions non pas seulement pour parvenir à mieux comprendre le poids de leurs lettres, mais surtout parce que je m’intéresse à leur conte, à leur misère, à leur peine, à leur joie et au bonheur que m’inspire, très souvent, la simple vue de leur sourire.


988 mots



[Événement] Les Petites Plumes Signat16
Merci Léto ♪:
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 13 Jan 2020, 21:41



Les petites plumes



Mes doigts tremblaient sur les parchemins. Ils étaient signés de mon nom : Eméliana Salvatore, Princesse Noire. Je n’étais pourtant pas l’auteure des papiers que je m’apprêtais à envoyer. Je n’aurais pu les rédiger. La simple relecture des événements me coûtait. Elias m’avait traumatisée. Y penser me faisait vaciller. La vue du sang me rendait malade. Ce jour-là, pourtant, malgré mon état, il n’avait pas daigné faire le moindre effort pour m’escorter loin des opérations. J’ignorais pourquoi. Il pouvait y avoir un milliard de raisons mais je n’étais pas assez orgueilleuse pour prétendre deviner celle qui avait justifié son acte. Peut-être n’y en avait-il d’ailleurs pas. Peut-être cherchait-il simplement à me renforcer. Comme j’étais soi-disant anorexique, je recevais des traitements particuliers. Je trouvais ces gens fous de me croire maigre. J’étais bien trop grosse. Je devais subir la présence d’un psychologue qui évaluait ma condition. À mes yeux, ce n’était qu’un imposteur. Son regard était chargé de reproches. Il devait savoir que j’étais grosse et pas vraiment malade. Il faisait semblant, comme les autres, sans doute parce que j’étais la fille de l’Empereur Noir. Ma mère avait décrété que j’étais malade et personne n’osait la contredire. Bienvenue dans le monde des complots et de la manipulation.

J’inspirai, posant les feuilles un instant sur la table. Maintenir mon poignet en l’air me causait des douleurs. J’allais lire autrement. Il valait mieux que je laisse le papier à plat. Lire me fatiguait également. Je passais une grande partie de ma journée couchée. Il n’y avait pas beaucoup de pages mais c’était difficile. Je m’épuisais vite. Elias avait remarqué. Il m’avait annoncée qu’il allait réfléchir à un moyen de me renforcer puisque, selon ses mots, je faisais « pitié » et qu’il « n’admettrait pas l’échec dans mon éducation ». Il m’effrayait. Il était moche et vieux. Pourtant, j’admirais la finesse de sa silhouette. Il me rendait envieuse et me dégoûtait en même temps, un mélange étrange. Hors de sa présence, j’arrivais à être sereine. Dès qu’il était là, pourtant, j’avais du mal à respirer. Il me rendait anxieuse. Les rumeurs sur lui étaient terribles et j’avais peur de ce qu’il pourrait me faire. J’aurais tant souhaité avoir un tout autre maître, quelqu’un de plus accessible qui se serait plié à mes volontés, ayant bien trop peur de mon père pour me martyriser. Elias ne semblait pas être embêté par ce genre de considérations. Le fameux jour, lorsqu’il m’avait annoncée ce que nous nous apprêtions à faire et que j’avais protesté, sortant « l’argument Niklaus », il m’avait simplement ri au nez, sans plus de précisions. Je n’avais pas réussi à déterminer le fondement. N’avait-il pas peur de mon père ou était-ce parce qu’il savait très bien qu’entre lui et moi, le choix de Lord serait vite vu ? Je soupirai et repris ma lecture.

Elias fit alors apporter deux chaises au beau milieu de Lagherta. Personne ne savait encore ce qu’il comptait faire parmi ses domestiques. Je l’ignorais tout autant. Il ne m’avait presque rien dit. Je trouvais simplement l’endroit joli. J’avais entendu dire qu’il avait demandé expressément à ce que les Sorciers présents ne touchent pas à la nature environnante. Je trouvais cette exigence étrange mais étais bien trop fatiguée pour protester. Ce projet était le sien et je n’avais pas à interférer dedans. Il s’assit sur la chaise et me fit signe de me positionner sur l’autre. Nous attendîmes un temps qui me sembla être une éternité. Il tenait entre ses longs doigts un parchemin sur lequel une liste de noms semblait notée. « Qu’est-ce ? » lui demandai-je alors. Il ne répondit pas. Ses vêtements étaient sombres, sans un pli. Ça le rendait élégant. Sa patience me sembla inhumaine. Je voulais rentrer et dormir mais n’osais pas lui demander la permission.

Enfin, nous entendîmes des bruits. Plusieurs gardes apparurent, accompagnés de quelques Sorciers. Ces derniers ne semblaient pas fiers. À leur place, je ne l’aurais certainement pas été non plus. Elias se mit à sourire, d’un sourire qui m’arracha plusieurs frissons. Je ne fus pas la seule. Il ne se leva pas. Il ne les salua pas. Au lieu de quoi, son index gratta quelques secondes sa peau, juste en dessous de son œil droit. Tout le monde aurait pu croire qu’il réfléchissait mais il avait sans doute réfléchi au préalable. Non, en réalité, il les faisait languir, comme un père mécontent du comportement de ses enfants. Tous ici savaient parfaitement le tort qu’il leur reprochait. Sans doute étais-je la seule ignorante. Il attendit. Longtemps. Il les observait, un par un, s’adonnant à un jeu particulièrement cruel. Il regardait chacun d’eux, jusqu’à ce que sa victime baisse les yeux. Quand il fut pleinement satisfait des émotions qu’il provoquait chez chaque Sorcier, il finit par lier ses doigts entre eux et par les poser sur ses cuisses. Il rit, d’un rire bref et plein de sarcasmes. Je n’avais rien fait et, pourtant, je me sentis coupable. Je tremblais à l’idée qu’il puisse me punir pour mes crimes. Il sembla chercher l’inspiration quelques secondes et se mit à parler. Sa voix était la seule à résonner, la seule à avoir le droit de rompre le silence pesant qui s’était installé. « Je ne dois pas être clair. C’est la deuxième fois que je constate que l’on me désobéit. » dit-il calmement. « Tout pourrait se passer pour le mieux si vous faisiez ce que je disais. C’est extrêmement contrariant. » Je baissai les yeux, soumise alors même qu’il ne s’adressait pas à moi. « Suis-je si difficile à comprendre ? Lorsque je vous somme de ne pas chercher à détruire la nature environnante, est-ce si compliqué ? S’abstenir d’agir me semble pourtant à la portée de n’importe quel abruti. Suis-je vraiment entouré d’abrutis ? Je vais finir par le croire. » Il inspira et expira, son expression faussement désolée. « Je n’ai d’autres choix que de vous faire entrer mes volontés dans le crâne d’une façon plus… disons… douloureuse. » Sa main se mouva doucement et il positionna sa paume vers le ciel. Un soldat s’approcha, lui confiant une petite arme, semblable à un coupe papier mais en plus aiguisée. Je n’en avais jamais vu de semblable.

Un instant, il me regarda, un large sourire sadique sur le visage. J’eus du mal à respirer. Je sentais déjà l’environnement se dérober sous moi. « Monsieur Ulrich Vaughan, avancez. » Comme il n’obéissait pas, un garde vint le saisir. Il le força à se mettre à genoux et colla violemment sa tête sur les genoux d’Elias. Celui-ci semblait amusé. « Dire que vous provenez d’une famille de Magiciens. Cela aurait dû être bien plus facile pour vous. À moins que vous ne cherchiez à me défier ? Est-ce cela ? » Comme l’autre demeurait muet, il insista. « Répondez-moi. » « Non, mon Prince. Je suis désolé. J’ai cru que je pourrais mieux étudier la flore et… » « Chut. Je ne veux pas d’excuses. Je veux juste m’assurer que vous ne recommencerez plus. » dit Elias tout en passant ses doigts rachitiques dans les cheveux du coupable. Le mouvement était doux, presque compatissant. « Je ne recommencerai plus… » « Je n’en doute pas. » Il sourit. « Redressez votre tête et confiez-moi votre avant-bras. » Je déglutis. « Mon… Mais… » « Je vais être clair : soit vous choisissez de m’obéir de gré et votre sentence sera douce, soit je demande à mes gardes de me donner votre bras et vous devrez payer un tarif bien plus élevé pour votre rébellion. » L’homme finit par obtempérer. Elias maintint l’avant-bras d’une main alors qu’il ôtait un rectangle de peau grâce à son arme, sous les cris de la victime. Je m’évanouis et ne repris connaissance que quelques secondes après, aidée par un garde qui, malgré ses égards, me cloua sur place, une large main posée sur mon épaule. Ce fut le début d’une très longue torture, pour ces gens et pour moi-même. Je ne pouvais faire face au sang, aux cris, aux excuses désespérées. Ces gens espéraient qu’il leur pardonne. L’espoir illuminait leur regard parfois, jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’Elias n’était pas de ceux qui pardonnaient. Il n’y avait qu’une chose à retenir, une chose qui semblait respirer par tous les pores de la peau du Prince Noir : obéissez-moi ou vous souffrirez. Si vous m’obéissez, je vous apporterai plus que ce que vous n'avez jamais osé entrevoir. Si vous ne le faites pas, tel un père sévère, je vous châtierai pour votre bien et le bien des Sorciers. Ensemble, nous irons loin. Seuls, vous vous perdrez dans la médiocrité. Vous ne pouvez survivre sans moi et, si vous en doutez, vous l’apprendrez à vos frais.


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Mar 14 Jan 2020, 20:01


Extraits du Journal Intime d’une Sorcière Anonyme

Jour huit-cent-quatre-vingt-quinze

J’ai encore reçu ces satanés biscuits dégueulasses de cette Mémé Yaba. Je ne sais même qui est cette folle ! J’ai demandé à Mertle, mais … Raah, et en plus ils sont vraiment infectes ces trucs ! Faut que je les refile à quelqu’un d’autre, c’est pas possible ! Ils ensevelissent ma table de cuisine ! Et si ça continue, je vais devoir en mettre dans ma baignoire ! Je n’ose pas les jeter de peur qu’il y ait une malédiction dessus ou que-sais-je … En même temps recevoir ce genre de cadeau gratuitement, c’est suffisamment étrange pour me mettre la puce à l’oreille, non ? Ou alors c’est parce que je deviens parano ! Bref ? Ça me fait chier ! Et je ne peux même pas m’en servir comme engrais, c’est tellement immangeable ce truc que ça risque de faire pourrir toutes mes plantations ! Et là, je n’aurais que mes yeux pour pleurer, c’est sûr ! Non, mais franchement : QUI EST CETTE MEME YABA ?????

Jour huit-cent-quatre-vingt-dix-neuf

Quand est-ce que je vais pouvoir faire ce que je veux ? Mmmf. Monsieur Gaston commence à me sortir par les trous de nez ! Sérieux ! Je mérite mieux que de faire la vaisselle ou d’épousseter les étagères non ? Moi aussi, je veux faire les potions, élixirs et autres recettes pour les clients ! J’en suis capable ! Et je vais le lui prouver ! Sinon … Eh bien quelques de gouttes de poison seront vite perdue dans son repas, c’est moi qui le dit ! Il va s’en rappeler de son potage à la tomate ! Je ne suis pas une moins-que-rien ! J’ai fait suffisamment d’études pour savoir comment utiliser un mortier et une faucille ! Rah, je vais m’arracher les cheveux si ça continue !

Jour neuf-cent-dix-sept

J’ai reçu une lettre aujourd’hui. C’est bizarre. C’est pour me rendre sur Lagherta. Je ne sais même pas où cela se trouve … Faut que je cherche ça. En tout cas, à priori cela viendrait du Prince Noir… Il voudrait que quelques sorciers aillent là-bas pour y faire des recherches sur la faune et la flore … C’est un nouveau territoire à annexer ! Je suis mitigée entre la peur d’y aller et de tomber dans un piège ; et la fierté d’avoir été choisie pour une telle expérience. Cela veut forcément dire que le Prince Noir a entendu parler de moi et qu’il m’estime suffisamment en tant que personne de confiance pour réaliser un tel projet … Je suis un peu déroutée. Je ne sais pas encore ce que je vais répondre à tout cela.

Jour neuf-cent-dix-neuf

C’est étrange … La lune ne s’est pas couchée aujourd’hui. Elle est toujours dans le ciel … Et elle est rouge. Tout le monde réagit bizarrement. Il y en a même qui dise que Phoebe est en colère. Personnellement, je ne sais pas. Si elle était si en colère, elle nous jetterait la nature en pleine gueule non ? Comme des plantes carnivores ou des animaux mangeurs d’hommes, non ? Mais, bon, je ne suis pas prêtresse et si Ethelba de son côté va bien … pour moi, tout va. Ou presque. C’est vrai qu’une lune rouge comme ça, ça fout un peu la frousse. Mais qu’est-ce que j’y peux ?

Jour neuf-cent-dix-neuf (bis)

J’ai entendu dire que des temples étaient tombés aujourd’hui. Il ne faut pas être crétin pour se rendre compte que c’est lié à la lune rouge … En plus, il paraîtrait que la nature autour de ces temples est morte … On dirait vraiment qu’il y a un problème avec la déesse Phoebe. Peut-être est-elle morte ? Est-ce que cela peut mourir d’ailleurs un Æther ? J’imagine que leur mort est différente de la nôtre ? Je ne sais pas … Il y a peut-être des livres là-dessus ? A Valera Morguis peut-être ?

Jour neuf-cent-vingt-huit

J’ai pris ma décision. Je pars pour Lagherta. J’ai prévenu Monsieur Gaston. Il n’était pas spécialement ravi de la situation. Dans les dents, Monsieur Gaston ! Ça lui apprendra à ne pas m’estimer à ma juste valeur ! Maintenant, il va se débrouiller tout seul à la boutique pendant quelques temps !
Avec un peu de chance, j’aurais trouvé suffisamment de nouvelles plantes à Lagherta pour démarrer ma propre boutique ! Ha ! Ha ! Qu’est-ce que ça me ferait plaisir de voir sa tronche décomposée à ce vieux merdeux ! Bon allez, il est temps de faire les bagages !

Jour neuf-cent-vingt-neuf

C’est joli par ici. Franchement. J’aime bien. Je crois. Il y a les nuages qui ont des formes bizarres parfois. Par exemple, je suis persuadée d’avoir vu le visage de Monsieur Gaston. J’ai cru qu’il m’avait fait suivre celui-là ! Mais non, un quart d’heure plus tard, et il y avait une baleine avec son petit.
Enfin bref. On m’a filé un petit lopin de terre. Rien qu’a moi ! J’ai même des artisans à mon compte ! Franchement, je trouve cela vraiment génial ! J’ai l’impression d’être tellement importante ici ! J’aimerais y rester longtemps !

Jour neuf-cent-trente-huit

Je commence à me repérer ici. La forêt qui jouxte ma propriété est vraiment riche en végétaux ! Cela me change tellement de Amestris ! Ça n’a vraiment rien à voir ! J’ai trouvé un spécimen de Tarentule bordeaux à pois bleu juste magnifique ! J’en avais déjà vu un fois … mais jamais dans la nature ! J’en ai pris un échantillon pour réaliser mon herbier ! J’en ai même fait un croquis ! Ah, je suis comblée ici ! J’ai hâte de continuer à découvrir les environs !

Jour neuf-cent-quarante-deux

J’ai trouvé un chaton sur le chemin du retour. Bon, je l’ai pris avec moi. L’infirmière lui a fait les premiers soins … Je n’y connais strictement rien mais, je le trouve mignon. On va voir s’il survivra …

Jour neuf-cent-quarante-trois

J’ai passé la nuit à me réveiller toutes les cinq minutes. Ce satané chaton ne fait que miauler ! Il a faim, je sais bien ! Mais dans ce cas POURQUOI NE VEUT-IL PAS UTILISER LE BIBERON ? Cette infirmière est totalement incompétente ou quoi ? Je sais qu’elle provient de ma magie, mais, j’ai besoin de me défouler … et autant que cela soit ici, sur ces lignes que sur le chaton, n’est-pas ? C’est pourtant pas compliqué de téter, si ? Je ne fais que lui expliquer le fonctionnement ! Mais rien ni fait ! Il est débile ce chaton ou quoi ?

Jour neuf-cent-quarante-quatre

J’ai pris du retard dans mes recherches botaniques. Tout ça à cause du chaton … Il prend tout mon temps. J’ai envie de l’étriper … et en même, temps, ça me ferait chier qu’il crève ! Je m’y suis attachée on dirait … Merde ! En même temps, il fait que causer ! Une vraie pipelette ! J’aime bien. Il me fait penser à Mertle d’une certaine façon. Je ne sais pas s’il pourra retourner dans la nature comme ça celui-là. Il va finir par être complètement dépendant de moi si ça continue … Et en même temps, est-ce que ça me dérange vraiment ? J’aime bien lui grattouiller le crâne … Il a un os pointu qui dépasse … C’est rigolo … Mais, mmh, j’essaie d’être sérieuse et de continuer mon herbier … Oui, d’ailleurs c’est ce que je vais faire tout de suite !

Jour neuf-cent-quarante-quatre (bis)

CE SATANE CHAT A RENVERSE MA TASSE DE LAIT CHAUD SUR MES ECHANTILLONS ! MEURS SALE BÊTE !

Jour neuf-cent-quarante-quatre (ter)

Bon, au final, c’était pas si grave … J’ai pu récupérer la plupart des échantillons … J’irai en rechercher demain … Il a de la chance d’avoir une tête mignonne celui-là ! Sinon …

Jour neuf-cent-quarante-cinq

Il est sur mes genoux. Il est trop chou … Bon, soyons sérieuse deux secondes … Une fois qu’il ira mieux, qu’est-ce que j’en fait ?

Jour neuf-cent quarante-six

Les fondations de ma future maison avancent bien. J’ai récupéré deux feuilles d’un Hiberia Flatulis Feuillus tout à l’heure … C’est assez rare ! C’est souvent utilisé dans certaines décoctions pour faire pousser les cheveux plus vite … ou pour se téléporter sur une centaine de mètres lorsqu’il est bien dosé. J’ai hâte de terminer mon herbier et d’envoyer tout ça à Valera Morguis … Si avec tout mon travail, je ne suis pas reconnue, j’en mange mon balai ! … Non peut-être pas … mais bon, cela me ferait plaisir quand même …

PS : Je garde le chaton … Je l’appellerai Bob. Il a une bonne tête de Bob.

Jour neuf-cent-soixante-douze

J’ai rencontré quelqu’un aujourd’hui … Il m’a donné une mission … Enfin, je crois.
1456 mots.
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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

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◈ Activité : Prof de Botanique, Puff-Puff Gueurle (Équipe C), Patronne de la Tendre Miche
Jil
Dim 19 Jan 2020, 21:38


C’est un long parchemin roulé, sur lequel on a tracé de petites lettres rondes et égales, d’une calligraphie soignée. Il est scellé par un rond de cire rouge bordeaux, et on y a imprimé en bas-relief une sorte de hérisson stylisé. Lorsqu’on le brise, la lettre se déroule et une odeur de légumes et de brulé s’en échappe ; elle est couverte d’un long texte irrégulier, il semble s’arrêter à certains endroits, et parfois, de petits paragraphes ont été ajoutés dans la marge, comme le commentaire d’un enseignant sur une copie d’étudiant.

« Cher Monsieur Christian.
J’espère que vous allez bien ! Moi, oui. Je vais toujours bien, d’ailleurs ! Je m’appelle Jil *gribouillage illisible*, et j’habite à Avalon. Je suis assez vieille, mais je suis éternelle, alors je n’en ai pas l’air, et de toute façon, je ne me sens pas vraiment âgée ; je ne me souviens d’ailleurs pas vraiment de mon âge, je sais que j’ai dépassé les sept siècles il y a quelques temps déjà. Et puis de toute façon, c’est malpoli de demander son âge à une demoiselle !
Après avoir relu votre lettre, il me semble que vous ne l’avez pas demandé explicitement, alors veuillez recevoir mes excuses.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments respectueux. »


La lettre reprend cependant un peu plus bas, légèrement sur la droite, à côté d’un dessin de soleil.

« Bonjour à nouveau, Monsieur Christian !
Je me suis rendu compte que j’avais d’autres choses à vous dire ! Au fil de ma vie, j’ai fait plusieurs choses : rien, d’abord, car j’étais petite, et pendant longtemps, pas grand-chose de plus. À cette époque, quand papa était encore vivant et qu’il s’occupait de moi, je n’avais pas à me soucier de quoi que ce soit. Souvent, on allait à la pêche, mais pour discuter et passer le temps, pas vraiment pour capturer de poissons. Mon père était un peu étourdi, comme moi : parfois, il m’oubliait sur la barque et rentrait en nageant, alors que je lui parlais de mes journées à l’école. L’école, c’était une période amusante ! J’étais amie avec tout le monde, tout le monde sauf Matthias : lui c’était un grognon et il n’arrêtait pas de me crier dessus et de se moquer de moi. Dix ans plus tard, on a fait l’amour dans la grange du vieux André, et il était plus gentil avec moi après, alors j’ai recommencé plusieurs fois pour être sûr qu’il soit gentil. Au bout d’un moment, sa femme n’était plus d’accord alors elle l’a tapé, et il n’est plus revenu. Ça a toujours été compliqué le sexe, en tout cas jusqu’à ce que j’arrive à Avalon ! Là-bas, on ne passe pas des heures à discuter de pourquoi ce n’est pas bien et pourquoi on a le droit de le faire qu’avec une seule personne de la même race. Je n’ai jamais aimé ça ; c’est si plaisant de baiser, pourquoi se limiter comme ça ? C’est Adam qui dit tout le temps ça quand je lui parle de quand j’étais petite. Adam, c’est l’un de mes meilleurs amis : il est très bon au lit, et il a toujours été gentil avec moi. Je sais que parfois je parle trop, mais lui, il m’écoute, même après le sexe. Peut-être que je parle vraiment trop. »


Là, un croquis dépicte un chien faisant la moue, et le texte poursuit dans la marge, il semble avoir été ajouté après les paragraphes qui suivent.

« Je ne pense pas que je parle trop. J’ai le droit de parler, et d’avoir des histoires à raconter de toute façon, et puis quel mal il peut y avoir à raconter des histoires ? Aucun de mes enfants ne s’est jamais plein d’avoir trop d’histoires, c’est sûr ! Je dis mes enfants, mais ce sont mes élèves : pendant très longtemps, j’ai été institutrice pour les plus petits, avant d’enseigner la botanique à Basphel, mais j’y reviendrais – j’espère. Les enfants en bas-âge, c’est le rêve. Ils sont désinhibés, ouverts à tout et se montrent plus compréhensifs et abordables que beaucoup d’adultes que j’ai pu rencontrer. Bon, ça dépends desquels. Une fois, on m’a demandé de faire un remplacement chez les Magiciens, et apparemment là-bas, c’est mal vu de partager ses aventures avec les enfants. Mais ce ne sont pas les enfants qui me l’ont dit, ce sont leurs parents, et les gardes de la ville. C’est idiot d’agir comme si ces bambins n’allaient pas coucher un peu partout dès qu’ils en auront l’occasion. À mon sens, il est nécessaire qu’ils aient les bases ! Savez-vous combien de non-Déchus je surprends à ignorer complètement clitoris et quoi que ce soit d’autre que le vagin ? Des tonnes. Sans rire : j’ai fait un calcul rapide, si je les compte et que je leur attribue un poids d’en moyenne quatre-vingt-cinq kilos, ça fait une dizaine de tonnes. »

Plus bas, l’écriture reprend au milieu de la page, mais le sujet traité y est bien différent :

« Une de mes passions, ce sont les plantes, les fruits et les légumes. Les courges ont une place particulière dans mon cœur, mais vraiment, tous les végétaux me passionnent. C’est incroyable de voir combien on peut se limiter dans son alimentation en se concentrant sur quelques fondamentaux, sans jamais explorer les vastes contrées regorgeantes de saveur des racines, des champignons, des graines, des fruits à coques, des légumes de terre. Saviez-vous qu’aujourd’hui, à Avalon, on consomme régulièrement de la patate douce grâce à moi ? C’est une de mes petites fiertés, mais avant que j’en ramène de voyage, personne n’avais jamais pensé à en préparer, et aujourd’hui, les frites de patate douce revenues dans la graisse d’anguille sont l’un des piliers de l’apéro Déchu. Je crois que c’est quand j’ai vraiment commencé à m’occuper de mon jardin que c’est venu. Au début, c’était un bout de terre en friche à l’arrière de la maison, et je n’y faisais rien d’autre que d’organiser de temps à autres quelques soirées entre amis. Puis un beau jour, de nulle part, une citrouille grosse comme un chien y avait poussé, en plein centre. Elle était incroyable ; la taille, la couleur riche et orangée des plus beaux cucurbitacées, on aurait dit qu’elle avait été posée là par un Æther, tant elle était belle et immaculée. J’ai passé quelques jours à l’observer et à prendre des notes, comme je l’aurais fait du devoir d’un enfant, puis j’ai voulu en savoir plus, alors j’ai emprunté des livres à la Grande Bibliothèque. Puis d’autres, et encore d’autres ; j’ai rencontré des cuisiniers, des paysans, et des scientifiques, et nous avons beaucoup parlé à chaque fois, pourtant ça se terminait toujours de la même manière. Ils ont ça d’amusant, les Déchus : quand on leur pose trop de questions, trop longtemps, ils finissent toujours par mettre soit leur pied aux fesses, soit leur *une tâche d’encre inopportune masque le mot suivant*. Bref, à force d’expérimentations et d’erreurs, en une centaine d’années j’avais lu la plupart de ce qu’Avalon avait à dire sur le sujet, et j’ai voyagé un peu pour en apprendre davantage. J’ai vu les cultures de Buddleia des Anges, les arbres à Kumquat et à Mangoustan des Humains, et tant d’autres choses ! C’était plus qu’une simple découverte amusante, c’était une révélation : nous vivons avec des ornières et la beauté du monde nous échappe dans sa quasi-totalité ! »

La suite n’est qu’une longue liste des découvertes que Jil avait pu faire au cours de ses expéditions, et souvent, chacune était accompagnée d’un petit dessin croqué en quelques traits. Un peu plus loin, un paragraphe est écrit sur le côté, comme si on avait pris le parchemin en largeur.

« L’une de mes meilleures idées fut très certainement d’intégrer les Puff-puff Gueurles d’Avalon. Ces filles sont tout simplement incroyables. Je ne me suis jamais senti si entière et acceptée que lorsque nous nous représentons ensemble. Elles partagent ma joie d’être et de vivre, et jamais elles n’ont eu l’air de s’ennuyer lorsque je leur racontais mes voyages. Alors en contrepartie, je donne mon maximum pour faire de l’équipe C la meilleure qui soit, et je fais de mon mieux pour que les orgies d’après-match soient toujours mémorables. Beaucoup de nos filles sont des prostituées qui varient les plaisirs en donnant leur corps en spectacle à un plus large public, et elles m’ont appris beaucoup de chose sur le sexe et toutes les formes de plaisir. Je crois que je ne les laisserai jamais tomber. »

Un petit papier faisant la promotion de la fameuse équipe C a été cousu sur le papier, et dessous, le dessin d’une jeune femme nue dans une position équivoque. Enfin, en bout de lettre, quelques mots tracés au plus proche du bord du papier, comme si on avait été obligé de les compresser là après s’être rendu compte qu’il n’y avait plus de place.

« J’espère que me lire aura été distrayant, monsieur Christian ! J’ai encore beaucoup de choses à dire, mais je n’ai plus de papier. Je vous souhaite plein de bonnes choses, et que vous retrouverez bientôt le goût à vivre par vous-même les merveilles que le monde a à offrir, car elles sont bien réelles, et elles n’attendent que vous. Si vous passez par Avalon, n’hésitez pas à toquer à ma porte, je vous ferai une tisane, et nous pourrons discuter.
Je vous souhaite une bonne journée, ou une bonne soirée, et à bientôt, peut-être.
Bisous,
Jil. »

1593 mots.


[Événement] Les Petites Plumes 3TFZNQ
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Dim 19 Jan 2020, 22:01







Tranche de vie



Bonjour monsieur le directeur d'une maison d'édition.

J'aime beaucoup votre façon de faire parvenir votre courrier, aléatoirement. Je trouve cela drôle parce qu'en réalité, je fais la même chose. J'écris des lettres et je les envoie comme ça, sans savoir à qui. C'est l'un de mes passes-temps préféré. On n'est jamais certain que la personne recevant la lettre nous réponde, qu'elle soit contente ou que cela amène quelque chose. En tout cas, je suis content que d'autres gens fassent pareil. c'est chouette.

Je me suis demandé ce que j'allais bien pouvoir vous raconter. Parce qu'après tout, ma vie, elle est normale. Puis j'ai bien relu votre lettre et j'ai compris que c'était exactement ce que vous cherchiez. Des choses simples, de la vie de tous les jours. Un fermier qui raconte sa journée au champs, une jeune fille parlant de son dernier béguin, un garçon qui fait part du fait qu'il n'ose pas avouer qu'il aime une fille à cette dernière. Pour ma part, j'ai décidé que j'allais vous parler de ma famille. On habite à Caelum. On est ce que l'on pourrait appeler, une famille nombreuse. Très nombreuse même. Et encore, là, je ne parle que de la famille proche : parents et frères. J'ai pas dis sœur parce que j'en ai pas. Que et uniquement des garçons, allez savoir pourquoi. Les plus grands, les adultes ne vivent pour la plupart, plus avec nous. Ils ont fait leur vie de leur côté. Il faut dire que si l'on devait réellement tous vivre dans la même maison, celle-ci ne serait pas assez grande. Il faudrait certainement déménager à la campagne dans une grande ferme. Mais bon, on n'est pas fermier. Et puis de toute façon tout va bien là où on est donc la question ne se pose même pas.

Ce n'est pas souvent que l'on se réunit tous au grand complet mais quand c'est le cas, ça vaut le détour. Pire qu'une fête de village – même si je n'ai aucune idée de ce à quoi ça ressemble réellement. Les plus jeunes courent partout dans tous les sens, en criant, hurlant, se battant, rigolant, bousculant les autres, jouant dans le passage et que sais-je encore, pendant que les plus grands se rassemblent par affinité, prennent des nouvelles de ceux qu'ils voient peu, se faire la bise – ou plutôt des accolades parce que se sont des hommes, des vrais, des virils et tout – présentent leur dernière conquête ou bien la femme de leur vie. Ce n'est pas souvent que Maman fait des réunions de famille, qui sont plutôt des repas, parce que ça demande beaucoup de préparation et que l'on est une famille vraiment très grande. Alors quand elle le fait, c'est tout un événement. La date est établie des semaines à l'avance, chacun bloque son emploi du temps pour être sur de ne pas rater ça et ma mère commence à tout préparer des jours avant la date butoir. Il faut dire que ça en fait du monde à accueillir et des bouches à nourrir.

Les plus jeunes mangent souvent de leur côté, une table faite pour eux, regroupant mes frères et aussi mes neveux et mes nièces. Les autres ont une grande table – en fait plutôt l'assemblage de plusieurs tables les unes à côté des autres – où ils sont tous réunis autour. C'est très convivial. Dans mes bons jours, quand ma peur des gens n'est pas trop forte, je m'installe dans les escaliers pour les observer, les écouter, rire avec eux. Sinon, je les entends depuis ma chambre et même si je ne suis pas parmi eux, entendre leur voix me rend heureux. Le repas s'éternise bien souvent jusqu'à celui du soir … Quasiment à chaque fois en fait, à tel point que Maman prévoit toujours de quoi nourrir cette marmaille pour deux repas. Une fois que les plus jeunes ont mangé, ils sont mis au lit. Pour les enfants de mes frères, on rajoute des matelas au sol ou bien ils partagent le lit des autres.

Puis les adultes reviennent dans le salon principal, sortent les bonnes bouteilles de vins ou d'autres spiritueux, s'installent de façon plus détendue sur leur chaise, les jambes allongées en avant, avant de commencer à parler de choses et d'autres, de rencontre, d'anecdotes, d'avenir. Parfois, quelques uns de mes frères ou bien mon père sortent un ou deux instruments de musique et se mettent à jouer, accompagnés bien souvent par quelques chanteurs. Les compagnes que mes aînés ne sont d'ailleurs jamais en reste pour ajouter leur voix. Bien souvent, presque à chaque soirée en fait, certains se levent et écartent table et chaises avant de danser sur les airs jovials et bon enfant. Les rires et les applaudissements fusent. Lorsqu'ils sont à bout de souffle, ils se rassoient pour reprendre leur respiration et se reservir par la même occasion un petit verre. L'ambiance se calme, se tamise, devient d'une certaine façon plus intime. Parfois, il y  a toujours quelques rires qui fusent, des éclats de voix un peu plus fort que d'autres. Cependant, il n'y a jamais de dispute. Maman y met un point d'honneur. Une fois, elle avait déjà stoppé le repas et mis tout le monde dehors parce que deux de mes frères – Adelvic et Badéric, ils n'arrêtent pas de se chercher tout le temps ces deux là – n'avaient pas respecté la seule règle établie. Le lendemain, ils étaient tous les deux là, aux aurores, tout penaud comme des chiens la queue entre les jambes, avec un bouquet de fleurs dans les mains pour présenter leurs excuses.

Les heures défilent. Les étoiles disparaissent peu à peu dans le ciel pour laisser la place au lever du jour. Dehors, les tous premiers bruits de la journée se font entendre. Les boulangers rallumant leur four, les étalages qui se montent, les charrettes qui grincent. Dans la maison, les paupières sont lourdes, les visages tirés par la fatigue mais les cœurs sont légers. Il va être temps pour chacun qu'entre eux de rentrer chez eux. Les corps se lèvent, s'étirent, pour se dérouiller un peu et remettre le tout en mouvement. On va réveiller les enfants et on se dit au revoir. Je sais que la plupart du temps, mes frères essayent de faire en sorte de ne pas travailler le lendemain pour justement, pouvoir passer une nuit blanche. Parfois, ce n'est pas possible mais ils ne se sont jamais plains. Parce que ce sont toujours de bons moments, des petites festivités sans qu'il n'y ait forcément une raison valable ou précise comme un anniversaire par exemple. La, c'est juste le plaisir d'être avec sa famille.

On est loin d'être une famille modèle, bien au contraire. Il y a souvent des disputes, des désaccords, des incompréhensions. En même temps, plus on est nombreux, moins il y a de chance de tous être du même avis. Mais on est une famille. On fait face ensemble aux coups durs. C'est ça une famille non ? Je n'ai pas beaucoup l'occasion d'en côtoyer d'autres. Mais j'aime la mienne. Elle n'a rien d'extraordinaire ou de particulier – sauf le fait peut être qu'elle est nombreuse et que des garçons mais les Vaughan sont bien plus nombreux que nous – elle est simplement comme elle est. C'est probablement le cas de pas mal de famille et c'est tant mieux. De toute façon, je ne vois pas pourquoi ma famille serait différente. Je ne sais pas si ce que je vous ai raconté va vous servir à quelque chose mais en tout cas, je suis heureux de l'avoir fait. Ca m'a rappelé les plaisirs simple de la vie et les moments joyeux.

Je pourrai vous raconter encore pleins d'autres trucs, mais après, ça ferait beaucoup trop long donc je vais m'arrêter là. Merci de m'avoir offert l'opportunité d'avoir pu écrire ces mots et merci d'avoir pris le temps de me lire. Bonne journée à vous.

Uldoric Roizin

1 408 mots


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Mer 22 Jan 2020, 19:19


Le Jour où je l’ai rencontré
Par Caleb M.


Je ne vais pas vous faire l’affront de commencer ce récit par « Il était un fois » ou même par « C’était par une nuit pluvieuse, blablabla ». Non. Je pense que vous valez mieux que ça. Pourtant, je ne suis généralement pas de ceux qui s’étalent sur leur vie, leurs sentiments etc. Mais j’imagine que l’occasion était trop belle pour la laisser passer. Je sais bien que mon récit ne plaira pas à tout le monde … Mais je tente ma chance ! Car voyez-vous, à la fin de mes études, j’étais complètement perdu. Je ne savais pas quoi faire. Oui, j’avais réussi à obtenir certaines bonnes notes à mes examens et oui, potentiellement, je pouvais faire ce que je voulais. Pourtant, la même question me turlupinait l’esprit : qu’est-ce que je voulais faire ? Il y avait tellement d’options que je me noyais dans les possibilités potentielles ! J’avais peur. Peur de ne pas faire le bon choix, de me tromper, de rater et de devoir tout recommencer. Je sais. C’est complètement idiot. Mais que voulez-vous mon cerveau fonctionne ainsi.

Pour me donner un semblant d’utilités et d’objectifs, je suis parti à Avalon. Autant dire que cela m'a vraiment changé après Basphel. C’était tellement enrichissant … en quelque sorte. J’ai vu tellement de choses étranges ! Genre : vraiment étranges ! Comme cette statue du Monarque Démoniaque ! Je vous jure, c’était quelque chose. Les déchus luxurieux n’en pouvaient littéralement plus. C’est typiquement le genre de scène que j’aimerais oublier, voyez-vous ! Seuls ceux qui étaient présents (et sains d’esprit) peuvent comprendre ce de quoi je parle. Tout cela pour dire, que j'errais sans but dans les ruelles (au nombre gargantuesque soit disant en passant dans cette ville) pendant des jours, voire des mois. Ma vie était terne et sans intérêt. Je n’avançais à rien et n’avais aucun projets. J’étais déjà mort sans le savoir. C’était à pleurer. J’avais bien tenté deux ou trois petits emplois me permettant de passer le temps et de voir ce qu’il me plaisait. J’ai donc pu rayé de ma liste le fait d’être nounou pour enfants de bas âge (et cela me permet aujourd’hui de vous dire que je ne veux pas d’enfants ! Tous des plaies, ces trucs-là!). Je ne serais pas non plus serveur dans une auberge, car je manque cruellement d’agilité pour garder toutes les assiettes et les verres sur mon plateau … non sans parler que je m’énerve facilement face à des clients trop imbus d’eux-mêmes ou simplement trop critiques à mon goût. Et je ne serais définitivement pas promeneur de Wëltpuffs apprivoisés :  qui aurait pensé que ces gentilles petites bêtes pouvaient être aussi dangereuses ?

Oui, j’avais l’impression que quoique je fasse, tout se terminait mal et n’apportait aucune lueur d’espoir à propos de mon avenir. J’étais dans l’incertitude la plus complète.

Mais tout changea ce jour-là. Allez savoir pourquoi ? Était-ce parce que c’était le jour de ma rencontre avec elle ? Ou alors, ma chance avait finalement fini par tourner ?

Je m’étais réveillé tôt ce matin-là … Non, en fait, je crois que je n’avais pas dormi. J’avais passé la nuit à me creuser la cervelle pour trouver une solution à mes appréhensions. Mais je n’avais plus aucune imagination en moi qui aurait pu m’aider. Les yeux rougis par cette nuit sans sommeil, j’étais sorti de ma chambre pour me rendre dans le petit restaurant en face de l’hôtel afin d’y prendre un petit-déjeuner conséquent. Non pas que j’avais faim. Mais je me disais qu’un ventre bien rempli pourrait m’aider à trouver la clef de mes recherches infructueuses. Oui, je sais, c’est un peu débile mais bon … Je me souviens aussi qu’il faisait chaud. En tout cas, j’avais chaud et je transpirais dans mon pull que je pinçais de temps en temps du bout des doigts au niveau du col pour m’aérer le torse. J’avais commandé  un repas complet : un bol de lait aromatisé au chocolat, des tartines beurrées avec de la confiture, un grand verre de jus d’orange et quelques fruits. Autant dire que j’étais plus que rassasié et il ne me restait plus qu’à trouver l’énergie nécessaire pour me sortir de la chaise dans laquelle je m’étais calé pour manger mon repas. Quelques minutes plus tard, j’étais sorti dehors après m’être changé et lavé (pas forcément dans cet ordre d’ailleurs) pour flâner dans les rues ; et qui-sait ? ; trouver l’emploi qui allait changer ma vie.

Je ne sais pas pourquoi mais j’avais cette stupide idée qu’une fois qu’on avait choisi notre voie, celle-ci allait celle que je devrais suivre pour le restant de mes jours. Oui, je sais … qu’est-ce qui a bien pu me passer par la tête ? J’imagine que durant mes études à Basphel, les professeurs ont pu me rabâcher toutes sortes de ce genre d’inepties, me faisant alors croire que ma vie était prédéterminée d’une quelconque façon. Et mon long séjour à l’orphelinat n’a pas dû m’aider à me faire ma propre opinion quant à ma destinée … Quoiqu’il en soit, je marchais donc sur les rues pavées d’un pas lourd (à cause du petit-déjeuner) en regardant à droite à gauche afin de trouver sur les devantures des boutiques des écriteaux annonçant la recherche d’un nouvel équipier … Mais je n’ai pas eu de veine. J’ai eu beau passer devant plusieurs boulangeries, librairies, boucheries, … et mêmes des parfumeries, aucunes ne cherchaient à embaucher. La mine esseulée, je pensais que j’allais devoir retourner dans mon lit pour attendre un jour meilleur pour trouver du travail. Cependant, je fus bousculé par une petite mamie affolée. « Mon chat ! Mon chat ! » s’était-elle écriée les cheveux emmêlés. Elle m’avait agrippée le pull avec une force dont je ne l’aurais pas cru capable. « Aidez-moi ! Aidez-moi ! » Devant tant de détresse, je ne pouvais pas passer mon chemin (et pourtant j’en avais envie … mais bon …). « Que se passe-t-il ? » lui avais-je demandé d’une voix presque calme. Elle m’annonça alors que son chat n’était pas revenu chez elle depuis une semaine, et qu’elle n’en dormait plus la nuit. Entre nous : vous ne trouvez pas qu’il y a des gens aux mœurs douteuses ? Ne pas dormir parce que son chat fait sa vie ? Pff. Mais passons. Pour en finir plus vite, je lui avais demandé comment s’appelait son chat (Mercury ! Je vous jure, quel nom débile en plus !) et de quelle couleur il était (gris rayé, comme à peu près tous les chats errants, évidemment !). Et avant qu’elle ne s’effondre de pleurs dans mes bras, j'étais  parti à la recherche de minou, en lançant quelques faibles « Mercury » histoire de. Au bout d’une trentaine de minutes, j’estimais avoir fait suffisamment de recherche pour pouvoir rentrer dans ma chambre sans en ressentir un sentiment de honte. J’avais fait mon travail et … bon, je n’avais pas retrouvé Mercury, mais je n’avais pas d’obligation de résultat hein ? Et puis, la vieille ne m’avait pas payé un sou pour mon effort, alors, je n’allais pas m’épuiser à la tâche non plus !

Et c’est exactement à ce moment que tout s’imbriqua dans mon esprit ! J’avais trouvé un emploi ! J’allais devenir détective ! C’était si évident ! Vous ne trouvez pas ? Parce que de mon côté, c’est clair comme de l’eau de roche ! Il fallait simplement que je me forme un tant soit peu … Je devrais faire quelques recherches pour trouver des détectives réputés pour leur demander d’être leur apprenti ! Ah ! Quel sentiment magnifique ! Celui d’avoir trouvé un objectif sur lequel se fixer pendant quelques temps ! J’étais tellement heureux ! Je savais quoi faire de ma vie ! Et ça, cela n’avait pas de prix ! Pendant que je me retournais vers l’auberge, je failli trébucher au pied d’une jeune femme légèrement plus jeune que moi. Elle n’avais pas l’air d’être d’ici. Du moins, je m’étais fait une idée des habitants de cette ville, et elle ne correspondait à pas celle-ci. Elle me souhaita le bonjour que je lui retournais et me présenta. En entendant mon prénom son visage s’éclaira et elle me posa sa question. J’en étais tout retourné. Je devais absolument bien répondre. « Euh … Bavaroise Au Chocolat ? »

1369 mots.
Caleb a écrit ces mots avec La plume d'Etallièle : une plume grâce à laquelle tout ce que vous écrivez deviendra reconnu comme un chez d'oeuvre.
Fallait bien qu'il l'utilise un jour ^^
Merci pour l'évent !
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Maximilien Eraël
~ Humain ~ Niveau III ~

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Maximilien Eraël
Sam 25 Jan 2020, 15:48

Le Petites Plumes


Louisa relisait le petit mot adressé à son encontre pour la dixième fois. C’était étonnant de recevoir une lettre de la part de quelqu’un du continent. Mais elle était curieuse. Plus que ça, elle était ravie. Et un peu stressée aussi. Elle n’avait encore jamais écrit pour quelqu'un d'autre qu’elle-même. Mais d’un côté ce serait une nouvelle expérience. Et puis, elle ne rencontrera jamais cet homme alors pourquoi craindre de s’y essayer ? Aussi elle s’enferma dans sa chambre afin de ne pas être dérangée dans sa tâche à venir, posa la lettre sur le côté de son chevet, se saisit d'un parchemin et  d'une plume, rempli son encrier, et commença à réfléchir à ce qu’elle pourrait bien écrire pour cet homme. Sa vie n'était pas bien palpitante au final. Tout ce qu'elle faisait c'était s’occuper de ses frères et de ses sœurs, écrire, ou du moins s’y essayer, et profiter de la tranquille vie qu’offrait Boraür. Elle eut alors une idée. Après tout, elle n'avait vécu qu’à Boraür. Elle n'avait jamais connu la vie à l’extérieur de l’île. Ce pourrait peut-être être une bonne histoire. Elle trempa alors sa plume dans l’encrier et griffonna les premiers mots.

Cher Christian.
Je m'appelle Louisa, et je suis Magicienne.


Un instant elle posa sa plume en fixant cette dernière phrase. Était-ce si utile de préciser ce détail ? Elle haussa des épaules. Peut-être l’aurait-il deviné dans la suite de sa lettre après tout. Peut-être s’en moquait-il même. Néanmoins, elle choisit tout de même de laisser l’information telle quelle.  

Je suis née et ai grandi sur l'île de Boraür. J'y habite d’ailleurs encore actuellement. C'est une magnifique île continuellement enneigée. Vous devriez y faire un tour un de ces jours.  

Elle tapota son nez du bout de sa plume. Elle ignorait tout de cet homme et peut-être était-il déjà venu sur l’île. Aussi elle se saisit d'un petit pinceau et effaça cette phrase avec une fine peinture dorée. Attendant que celle-ci sèche, son regard se porta vers la fenêtre, s’attardant quelques secondes sur l'activité extérieur. Puis elle échangea les mots à présent disparu contre ceux-ci :

Si vous n'avez pas encore eu l'occasion d’y venir, je vous conseille d’y faire un tour. C'est magnifique.

En même temps, elle n'était pas très objective.

Mes frères et sœurs rendent la vie à la maison plutôt mouvementée. Chacun un caractère bien différent, ce qui apporte son lot de dispute et de réconciliation. Le fait que l'on doivent veiller les uns sur les autres doivent beaucoup y faire. En fait, maman est partie depuis un certain temps, mais l'on reçoit régulièrement des lettres d’elle. Alors on sait qu’elle va bien, et qu’elle pense quand même à nous. Et papa aussi n'est pas souvent là. Mais quand il revient, il ramène toujours un souvenir de ses voyages. C'est toujours triste quand il s’en va. Mais du coup c'est toujours une joie quand il revient. Un jour moi aussi je voyagerai, comme lui. Et quand je reviendrai voir ma famille, je leur ramènerai des souvenirs également.  

Louisa marqua une pause pour tremper sa plume dans l'encre, en profitant pour relire ses premières lignes. Puis elle reprit avec le même entrain.

Comme maman et papa sont absents, ou du moins peu présent, ce sont les plus grands de la fratrie qui s'occupent des plus jeunes. Maggie est la petite dernière. Une Magicienne aussi. Mais il y a aussi Nounou Bonbon qui nous aide, heureusement ! Je la soupçonne d'être une Déchue de la Gourmandise vu comment elle s’empiffre de ces sucreries.

Louisa porta sa main devant sa bouche, gloussant à ces mots. Elle songea alors que ce fut une chance qu'il n'y avait pas d'autres Gourmands parmi eux. Ce serait la guerre entre la Nounou et ces derniers sinon. Tandis qu'elle trempait à nouveau sa plume dans l'encrier, une grosse boule de neige vint brutalement s’écraser sur la vitre de sa fenêtre, la faisant sursauter. Par surprise, elle renversa le pot sur son parchemin effaçant alors l’entièreté de son message. « Nooon ! », s’exclama-t-elle en se levant. Puis, après quelques secondes à fixer le parchemin noir d’encre, elle soupira se résignant à devoir réécrire le message. Remettant une mèche derrière son oreille, la jeune femme se saisit alors d'un nouveau morceau de parchemin après avoir écarté le précédent complètement fichu. Puis elle recommença depuis le début ce qu'elle avait écrit plus tôt, en profitant pour ajouter sa mésaventure actuelle.

Les plus jeunes sont bien agités et l’environnement offre largement de quoi faire un large terrain de jeu. Résultats j'ai dû m’y reprendre à deux fois pour écrire ce message. En effet une boule s’est violemment écrasé sur la vitre de ma chambre. Bien que ce genre de choses arrive régulièrement j’ai tout de même été surprise et j'en ai renversé mon encrier sur la lettre. Je ne serai pas étonnée qu’une majorité d’entre eux sache manipuler la neige.

Elle jeta à nouveau un regard à l’extérieur, un sourire étirant ses lèvres.

Depuis quelques temps, un Cerfeuil d'Od se promène pas très loin de chez nous. C'est étrange à dire, mais j’ai le sentiment qu’un lien s’est créé entre lui et moi. En même temps, ce sont pas des animaux très sauvages. Ils sont même très gentils. Après tout, ils sont les compagnons d'Ësse'Aellun.

La jeune fille relu son message. Il n’y avait rien de palpitant dedans si ce n’est qu’elle racontait son quotidien. Elle haussa une nouvelle fois des épaules. Après tout c’était déjà ce qu’elle s’était dit avant d'entamer l’écriture de sa lettre. Toutefois, ce n'était pas tous les jours qu'elle racontait ce quotidien à quelqu’un de cette façon, notamment quelqu'un d'extérieur à l’île. Aussi elle laissa le message ainsi, ne rajoutant qu’une dernière ligne à ce texte.

Finalement ce message ressemble à un courrier des plus banals. Néanmoins je n’en n’envoie pas beaucoup. J'espère alors qu’il vous intéressera.
Peut-être que l'on se verra un jour.

Amicalement.

Louisa Taiji.


Louisa posa sa plume, relu une dernière fois la missive, sourit, attendit que l’encre sèche, puis plia la lettre avant de la sceller pour l’expédier à ce Christian. Oui quelque part elle espérait un jour le rencontrer.
ASHLING POUR EPICODE



Mots 1082


We were never welcome here ~ Night time or morning time, we're going strong

Don't you tell me what you think that I can be

[Événement] Les Petites Plumes 3881576816 Vous avez deux nouveaux messages [Événement] Les Petites Plumes 3881576816 :


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Lun 27 Jan 2020, 17:10


« Bonjour ! Moi c’est Kagami. Kagamiko en réalité mais c’est tellement long que je préfère que l’on m’appelle Kagami. En plus, d’après Saya, Kagami, c’est plus mimi ! Je suis une Orine et je vis dans un endroit qui s’appelle les Jardins de Jhēn, avec les Anges. Je profite du fait que Priam soit parti avec les bêtes pour écrire un peu. Priam, c’est mon Maître. Il est plutôt grand et il commence à avoir des muscles. Il est assez beau ; je trouve. Si Ren était avec moi, je suis sûre qu’elle rougirait comme une tomate à chaque fois qu’elle le verrait. Ren, c’est l’une de mes amies. Elle vient de Maëlith, comme moi. Elle est rousse. Il faudrait d’ailleurs que je lui écrive plus souvent. De base, nous trois, Saya, Ren et moi, nous avions comme projet de monter un groupe de musique aux Jardins ; puisque nos Maîtres sont tous les quatre des Anges. Pour les explications, Saya est liée à Raeden Liddell, la Bûche Sauvage. J’ai d’ailleurs trouvé de jolies moules à gâteau sur les Terres Magiciennes qui illustraient la Bûche Sauvage et, même, des moules à gâteau un peu plus grivois, représentant des parties intimes. Si c’est aux proportions, c’est vraiment impressionnant. Saya n’aime pas qu’on parle de ce genre de choses alors je pense que je ne saurais jamais comment est le bitoniau de Raeden. J’ai déjà vu celui de Priam. Priam n’est pas très pudique alors, parfois, je le croise tout nu ; peut-être aussi parce que je rentre dans sa chambre sans frapper, entre autres… Mais il n’aime pas trop toutes ces manières bizarres que les Anges ont, de toute façon. Le fait qu’ils ne rotent pas ou ne pètent pas, par exemple. Parfois, il pense même que ça leur ferait du bien de péter un coup, justement. Mais j’étais en train de parler de Saya, Ren et moi. Ren a deux Maîtres, en réalité : Isley et Isiode Yüerell mais elle m’a écrit qu’elle était partie avec Isley uniquement. Les deux frères se sont séparés dans les explorations angéliques, ce qui rend sa tâche d’Orine vraiment délicate. Isiode, vous devez le connaître. C’est le Prince de Caelum et il jouit d’une certaine popularité depuis certains événements. Autant dire que Ren n’arrêtait pas de rougir tout le long du trajet pour nous rendre aux Jardins de Jhēn. Elle est même partie en avance, tellement elle voulait les voir, tous les deux. Ren, de toute façon, à chaque fois qu’il y a un homme un peu musclé dans les parages, elle se change en tomate vivante. Elle pourrait illuminer un ciel sans lune… En fait, la lune rouge qui est apparue récemment, c’est exactement sa tête quand elle voit un homme séduisant.

Je vais à la ligne parce que mon paragraphe commence à être gros. En tout cas, toutes les trois, on voulait monter un groupe de musique aux Jardins. On s’est dit que comme on allait au même endroit, ce serait facile pour nous. Le problème c’est que les explorations sont tombées pile poil à ce moment-là. Sans Ren, notre groupe n’est plus composé que de deux personnes. Cependant, j’ai appris que d’autres Orines devraient venir ici bientôt, ce qui me redonne un peu espoir pour notre projet. Enfin bref, lorsque je ne vois pas Saya, je m’occupe de la maison de Priam. Normalement, il vit avec sa sœur mais celle-ci est partie pour les explorations, également, sur encore un autre navire. Elle lui manque, c’est certain. Laëth est assez connue, pour plusieurs raisons, dont une un peu tabou. Priam n’aime pas du tout que l’on parle de ce prétendu mariage et de cette soi-disant grossesse. Je crois qu’il a envie d’étrangler le Baron Paiberym ou de lui planter une fourche dans les fesses. Ça me rappelle que, avant, je n’étais pas très à l’aise avec ces histoires de prout. En tant qu’Orine, on m’a toujours appris les bonnes manières. Cependant, eh bien… Je trouve que ça fait du bien de se lâcher un peu. De toute façon, Priam n’est pas à cheval là-dessus. Parfois, je l’accompagne aux toilettes pour que l’on puisse continuer à discuter. Moi ça ne me dérange pas et puis c’est plutôt intime. Juste que ça ne sent pas la rose. Mais bon, c’est naturel. Du coup, on discute de vraiment pleins de choses, de ces bêtes, des traductions qu’il doit faire pour un certain Nalim. Je ne l’ai jamais vu mais j’en ai entendu parler. Franchement, je me demande c’est quoi ce type qui essaye de changer mon Maître. Je vais les lui coller où je pense ses Vertus à celui-là si je le croise ! Priam est très vertueux ! Il n’a aucun problème avec la colère ! C’est normal d’avoir envie de clouer à une pique un type qui ne sait pas tenir sa langue et qui met sa sœur dans l’embarras ! Non mais !

Bon et sinon je sais qu’il a envie de… de faire des « trucs ». Le problème c’est que, pour faire des « trucs », les Anges doivent être amoureux. J’ai donc décidé de prendre ça un peu en mains. Quand il part avec ses bêtes au Lac Bleu pour les faire brouter, je pars à la recherche de la femme idéale pour lui. Je ne sais pas trop si ça existe chez les Anges « vraiment Anges », du coup j’ai décidé de miser sur une Fille de Réprouvés ou sur une Magicienne. Malheureusement, toutes celles que je lui ai fait rencontrer « par accident » n’ont pas retenu son attention. Il s’est même un peu irrité contre l’une d’elle. C’est que, dans les romans, souvent, les grandes rencontres se font par des événements chocs. J’ai donc dit à celle-ci de lui envoyer un truc au visage pour attirer son attention. Je ne pensais pas qu’elle lui enverrait un seau d’épluchures de légumes depuis le premier étage de sa maison au moment où il passerait par là. Les Magiciennes sont vraiment bizarres parfois. Enfin, du coup, toujours pas de prétendante sérieuse. Parfois, il fait des rêves érotiques. Je le sais parce que… parce que c’est le Lien qui veut ça. Je ressens beaucoup de ses émotions et, parfois, je me réveille en pleine nuit avec des envies un peu… Enfin, moi je ne suis pas une Ange alors je fais ce que je veux de mes dix doigts. Je me dis juste que ça doit être dur de ne rien pouvoir faire sans être amoureux. Je ne fais rien non plus. Enfin, je ne fais rien avec personne. Je me consacre à Priam et à ses besoins ! D’ailleurs, parfois, le matin, je lui fais son sandwich. Il se lève tôt pour s’occuper des animaux mais on dirait un ours mal léché quand il émerge du lit. Je crois bien qu’il n’aime pas trop se laver tous les jours. Je l’ai déjà entendu dire, en râlant, que ça irritait la peau de faire ça et que ça n’avait aucun sens, que les odeurs corporelles étaient là pour une raison et que ces abrutis finis aller finir par se chopper toutes les maladies du coin à force de s’astiquer. Enfin bon, parfois on se lave ensemble dans la salle d’eau. Moi j’aime bien, comme ça on peut discuter. Il peut me raconter sa journée, me parler des gens qu’il n’aime pas parce que ce sont de gros hypocrites coincés du cul, m’expliquer ce que fait Laëth à l’autre bout du monde, tout ça. Et je lui fais à manger parfois. J’adore faire des gâteaux et j’ai commencé à collectionner tous les moules mignons que je voyais. J’aime bien les étoiles en sucre pour décorer et tout plein de trucs comme ça. En plus, la pâtisserie, ça sent bon. Une fois, je lui ai fait un quatre-quarts en forme de bitoniau de Raeden. Il n’avait pas trop l’air d’aimer le concept alors je l’ai rassuré en disant que le sien était de bonne taille aussi, qu’il ne fallait pas avoir honte et que j’étais sûre que les vendeurs avaient extrapolé. En même temps, c’est logique si on veut pouvoir avoir un vrai gâteau à se mettre sous la dent… sinon ça serait des sortes de mini-gâteaux, en fait. Enfin voilà. Je m’amuse bien et Priam est vraiment gentil. J’adore lustrer le parquet. J’aime bien quand sa brille et quand c’est rangé. Et puis j’ai commencé à lire les livres de la bibliothèque. Certains sont à Laëth, d’autres parlent de traduction. Priam il fait les meilleures traductions du monde ! Il est concentré quand il les fait, même si parfois je sens qu’il a envie de les balancer au feu. J’adore allumer les feux alors peut-être que je devrais l’aider et les balancer moi-même dedans. Je vais aller faire ça… Oui voilà ! Enfin, c’est tout. J’espère que ça aura été divertissant. À bientôt ! Kagamiko. »


1481 mots
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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Lun 27 Jan 2020, 19:30

De sa plume qui volait sur le parchemin avec habitude et douceur, Mancinia rédigeait une missive à l'intention de quelques Familles. Elle avait obtenu l'accord quant au transfert des Enfants des Cieux vers des personnes de confiance parmi les Magiciens, mais son point de vue différait relativement de sa hiérarchie. De ce fait ... La Marquise de Nylmord avait choisi de mettre des conditions et en discuterait avec les autorités concernées, prévenant toutefois les intéressés que cela retarderait, éventuellement, leur venue. C'était une garantie pour les uns et les autres, les zones d'ombre trop nombreuse risquaient de provoquer des problèmes à l'avenir et des accords sérieux étaient plus intéressants. Isley tapait sa petite main sur la table, ce qui ramenait l'intention de sa mère vers lui. Il était assis sur ses genoux et la regardait faire comme s'il s'agissait d'un combat légendaire entre un homme et un Dragon. L'Humaine eu un petit rire en laissant son ouvrage, tout en reposant sa plume sur le côté pour le prendre dans ses bras, le soulevant au-dessus de sa tête et de le ramener vers elle pour l'embrasser. Il était si sage et si mignon. Elle n'aurait pas pu espérer meilleure ... Première fois comme expérience de maman. Quelques coups contre sa porte la ramenèrent à ses fonctions et elle remit son enfant sur ses genoux.

Marquise Leenhardt ?
Entre, Alan.

Ce dernier ouvrit la porte et demeurait à son pas tout en s'inclinant respectueusement.

Pardonnez-moi cette interruption, mais le Comte Tristan Vidal souhaiterait s'entretenir avec vous.
...Évidemment, sourit-elle. Faites-le entrer et apportez-nous du thé, s'il vous plaît.
Oui, ma Dame, s'inclina-t-il.

Tristan s'amusait de son entrevue avec son vieil ami, Christian Hautbourg. Son idée était à la fois ingénieuse et incroyablement amusante. Il était venu en discuter avec la Marquise de Nylmord, avec qui il entretenait une bonne entende. Un prétexte pour la voir et se rapprocher d'elle. Il n'aimait pas trop sa méthode, ce n'était pas certains qu'elle marche de toute manière ... Le Comte aurait essayé !

Marquise ! s'exclama-t-il en entrant. Je vous remercie de me recevoir.
Je vous en prie.

Cette dernière était assise à son bureau et l'homme restait un instant debout à la regarder. Ou plutôt, regarder le petit être dans ses bras.

Est-ce là votre fils ?
En effet !
Il est magnifique !

Son affirmation était sincère.

Je pensais que vous en aviez deux.
Idril est de sortie. Elle avait besoin de prendre un peu l'air.

Isley était encore relativement affaiblis par cette mystérieuse maladie dont elle l'avait tiré. Elle ne voulait prendre aucun risque avec sa santé. Peut-être était-elle un peu mère poule, mais tant pis. Ils étaient trop précieux à ses yeux.

Alors ... Ce sont eux les fameux Enfants des Cieux ? Eh bien ! Nous en entendons parler un peu partout ! Cet Aether doit vous aimer pour vous confier un cadeau aussi précieux.
S'il nous aimait vraiment, il aurait réfléchis à notre réelle capacité à les élever.

Mancinia relâchait un soupir. Un tiers de leur population composée de bébés baveux dont il fallait accorder une surveillance constante. C'était intenable comme cadence. Et ils étaient nombreux à être contre délégué aux Magiciens, malgré l'alliance qui les unissait à eux. Les Anges passaient encore. Et encore. L'Humaine restait silencieuse en observant le Comte, ce dernier avait un regard mélangeant la surprise et la déception, ce qui l'étonnait assez.

Ce collier ... Vous êtes fiancée ?
...Il est rare que les Magiciens sachent nos coutumes. A moins de s'être renseigné sur nos moeurs. Ça vous intéressait ?
Vous épouser ? C'était dans mes plans, en effet.

Interloquée, la femme eu du mal à répondre quoi que ce soit à cette élan d'honnêteté auquel elle était peu habituée.

J'aurais essayé, sourit-il en haussant les épaules.
Est-ce pour une montée hiérarchique ... Ou bien est-ce autre chose ?

Tristan s'installait sur le siège en face de la Marquise.

J'en parle très peu, mais il est vrai qu'une explication s'impose. J'avais ... J'avais une fiancée autrefois. Elle était Humaine. J'étais un soldat assez jeune et mes parents ... Bon, ils n'étaient ni contre ni pour. Nous allions nous mariés et puis ... La Guerre ... Elle nous a séparée.
Je suis désolée, Tristan.
C'est ainsi qu'il devait être. J'ai assez maudit les Aetheri sur plusieurs générations, je présume. Ils me l'ont bien rendu, car il y a trois ans ... Je suis tombé sous le charme d'une autre femme. Seulement celle-ci ... Ne voyait que mon titre et mes richesses. Lorsqu'elle a trouvé un meilleur parti, elle s'en est allé avec lui. Je me disais qu'en me mariant avec vous, cela aurait de quoi les cloués au poteau.
Une sorte de revanche.
Navré de vouloir vous entraînez dans mes états d'âme. J'aurais pris soin de vous dans notre mariage, sachez-le, même si je pense que vous m'auriez cassé les dents autrement. Celui qui va vous épouser est un sacré veinard.

Mancinia se contentait de sourire. C'était elle qui avait de la chance d'épouser Neah.

Et vous étiez venu pour me demander ma main ?
Oh, non ! rit-il. Au moins, cela m'a remis sur le droit chemin, hum. Non, mon vieil ami, Christian Hautbourg, est gérant d'une maison d'édition. Actuellement, il recueille les histoires personnelles ou des légendes propres à chaque peuple pour les transmettre dans un ouvrage relié. Je me suis dit que cela vous plairait certainement d'y prendre part !

L'Humaine le regardait un instant, avant de prendre quelque parchemin et une plume.

Connaissez-vous la légende d'Elay ?

Le Comte paru songeur un instant avant de secouer la tête.

Elay est une légende pour tous les guerriers issus de mon peuple. C'était un homme commun, sans ambitions ni talents particuliers. Il survivait seulement dans un monde qui annihilait les Humains. Seulement, la Reine lui a offert une épée et un lieu à défendre, alors Elay a voulu rendre hommage à la Souveraine en protégeant ses terres et son peuple. Ses exploits sont devenus légendaires, il se montrait impitoyable envers les ennemis de notre Nation émergente. Sa cruauté et sa terreur inspiraient la crainte même chez les siens, surtout lorsqu'il tendait des pièges à ces derniers pour ... les massacrer totalement. Nous avons conquis le Désert sous ses ordres, il en a nettoyer les terres. Beaucoup reconnaissait en lui l'idéal d'un souverain. Froid. Impitoyable. Tout en prônant sa dévotion aux Aetheri. Il est celui qui a aider à étendre leur civilisation et ouvert le commerce aux étrangers. Il n'a jamais pris d'épouse, n'a pas eu d'héritiers. Son héritage c'est transmis dans nos techniques militaires. D'autres le voit ainsi un exemple de vertus chevaleresques et de fidélité absolue à la cause des nôtres. Plusieurs propos s'évertuent d'ailleurs à dire qu'il n'est pas le fils de son Père, mais celui d'un Aether.

Les récits qu'elle a lus lui ont permis de comprendre que ce dernier usait de cette rumeur à des fins politiques, faisant référence parfois à ce Dieu plutôt qu'à celui qui l'a élevé pour mener à bien les missions dans lesquelles il s'investissait. Sa renommée, malgré les critiques de ses excès ou de sa cruauté, ont largement survécus jusqu'à eux. Pour tous les guerriers, il est un modèle et bénéficie d'une grande popularité dans certains milieux où il incarne la férocité de ce que devrait être leur Nation. Des Conquérants. C'était un de ses modèles, à l'instar de la Reine Violette. Elle se sentait presque, orgueilleusement, comme un mélange des deux. Elle voulait marcher sur leurs pas.

Elay est mort relativement tôt d'une maladie. Il avait juré sur son lit de mort que quelqu'un prendrait sa suite en fondant de nombreuses cités et en conquérant de nouveaux territoires. Cette véracité est revenue récemment depuis l'acquisition des Enfants des Cieux et beaucoup d'entre nous le nomment Iskandar, comme l'avait notifié cet illustre guerrier autrefois. Tel sera le titre de celui ou celle qui ira au-delà de tous les horizons.

Mancinia mentait ouvertement. Ce renouveau avait été instauré par la Reine Scylla depuis la fondation des nouveaux Royaumes Humains. Beaucoup mentionnait l'ouverture et l'arrivée de cet être fait de légendes.

Eh bien ... C'est une sacré légende ! Et cet Iskandar, à votre avis, est-il né ?
C'est moi.

Le sourire insolent de la Marquise le fit la considérer un instant avant d'éclater de rire.

Par Sympan !

L'Humaine n'était pas sotte au point d'ignorer qu'on regardait dans sa direction. Elle était concurrencée par le Roi de Babelsba, qui avait ouvert la voie vers un nouveau territoire ou la fille du Roi de Muharkel. Mais ils n'étaient pas en concurrence, au final. Seulement ... Elle n'estimait pas le Souverain et s'en méfiait quant à l'autre guerrière ... Elle ne la connaissait pas vraiment. Donc, naturellement, elle se trouvait plus légitime. En tout. Tristan passait une main dans sa barbe en la regardant. Son désir insatiable la conduirait probablement à dépasser les limites du possible en soumettant la volonté des autres et en franchissant les obstacles naturels, qu'ils soient des océans, des montagnes ou des étendues désertiques.

Je pense que vous en êtes parfaitement capable, Mancinia Leenhardt !

Cette femme possédait une nature impulsive, mais également une rage visible dans son regard qui pourrait hanter ses adversaires. Elle a également une personnalité faite de tempérance et de rationalité, qui tend vers l'excellence en toute chose. Elle est mue par un désir de savoir et d'ouverture aux autres. Mieux ne valait pas l'avoir comme ennemie. Et il était simple de l'avoir comme amie ... autant ne pas la décevoir. Cette dernière remis son texte au Comte. Ils discutèrent de choses et d'autres durant une heure encore, avant que celui-ci ne prenne congés.

Je vous souhaite une bonne après-midi, Marquise. Merci pour votre attention.
Vous de même, Comte. N'hésitez pas à revenir converser.

Tristan Vidal sortit de son bureau après une dernière inclinaison. Mancinia laissait s'écouler quelques instants avant de regarder le petit être dans ses bras.

Tu te demandes pourquoi tu ne t'appelles pas Elay ?

Elle l'embrassa sur le front. Longtemps.

Tu portes déjà le nom d'un grand guerrier.

Son sourire trahissait les paroles de Neah.

Les mauvaises langues diront souvent qu'Isley n'a rien accomplis comparé à son frère.

C'était vrai. Le fossé qui les séparait était évident aux yeux des autres.

...Mais il existe toujours une ombre aux héros.

Il n'en avait simplement pas conscience. Il voyait seulement là où il stagnait. Évidemment, les Jumeaux ne se faisaient pas une guerre pleine de rivalité fraternelle pour savoir qui est meilleur que l'autre. Elle voyait seulement Isley cadenassé dans un passé dont il avait du mal à se libérer, là où Isiode continuait son chemin avec un but précis. L'un comme l'autre, elle comprenait. Ne fuyait-elle pas son passé dans le fracas des armes à un moment ? Fonder sa propre cité n'était-elle pas une fuite en avant pour se donner le beau rôle envers son peuple ? Peut-être. Tant pis après tout. Qu'on lui accorde la gloire et les richesses, si elle faisait bien les choses, pourrait-on le lui reprocher ? Mancinia se demandait comment allait l'Ange. Elle avait un très mauvais pressentiment le concernant, à moins que ce ne soit sa propre culpabilité qui l'étouffait. Surtout qu'elle n'avait aucune nouvelle que ce que les Anges acceptaient de communiquer et Neah restait très discret sur la question. C'était normal, l'Humaine comprenait. Elle se contentait des tout va bien et des tout se passe bien. Réellement ? Est-ce que le seul remue-ménage concernait la prétendue grossesse d'une Ange partie à la Citadelle d'Iyora était une des seules choses problématique ? J'espère que tout va bien pour vous.

Et si nous écrivions une lettre à Isley ?
Bruhu.

1950 mots


[Événement] Les Petites Plumes Chriss10
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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Lun 27 Jan 2020, 20:00

Je suis assise sur une couche de fortune. Mon dos est calé contre le mur en pierre, essayant de s'éloigner le plus loin possible de cet endroit sordide. Je m'imaginais voler dans les airs, librement et sans les chaînes qui me mordaient les chevilles. Celles-là même qui étaient victimes de torsion et de chaires rongées sous la sueur et la crasse. Je me demandais souvent si une maladie n'allait pas m'emporter en voyant toutes ces plaies, mais mon corps semblait tenir bon. J'essaie d'oublier mes blessures, tout en ignorant le temps extérieur. Ce dernier est sombre et furieux. Le vent siffle et fait claquer la modeste chose qui nous sert de protection, un froid désagréable s'engouffre dans la pièce sans que rien ne l'arrête, pas même nos tremblements. On ne bouge pas, on ne parle pas. La nuit n'est pas encore tombée, nous préférons nous faire discrets pour ne pas être enrôler dans l'équipe nocturne pour une raison inventée. Nous avions retenus toutes nos leçons. Si on venait me chercher ... Je crois que j'en mourrais de fatigue. L'entende des bruits d'armure en extérieur augmente la pression de notre logis d'un cran. Et lorsque la porte s'ouvre, je sens mon souffle se suspendre dans les airs. Je crois mourir sous son regard ambré et terriblement mauvais.

Crasseuse. On te demande.

Je me suis redressée avec une célérité dont je ne m'étais pas crue capable. Je déglutis difficilement et suivi le Démon. Il était grand et affreusement moche sous sa forme Démoniaque, mais elle ne nous effrayait plus vraiment. Nous étions ... habitués. Ou était-ce seulement moi ? Je marchais derrière lui. Un regard extérieur m'aurait certainement dit d'ouvrir mes ailes et de m'enfuir par la voie des airs ... Je me serais faite abattre par une lance en plein vol. Personne ne s'échappait d'ici, à moins de vouloir mourir, car seul Ezechyel nous délivrait ... Crasseuse. Ainsi me surnommait-on chez les Démons. Un sobriquet volontairement dégradant. Il n'y avait plus rien de réellement féminin chez moi. Je portais de ravissantes robes autrefois, mais ce n'était plus cas. Si je sortais d'ici, je me promettais de remettre des robes. Bleues. J'aimais tellement cette couleur. J'évitais de sourire sous la nostalgie. Je ne devais pas penser au passé disparu et à mon avenir mourant. Seulement, ces derniers temps, il m'arrive souvent de faire le même rêve. Je ne sais pas si c'est parce que je tombe inconsciente ou non au lieu de sombrer dans les affres du sommeil, mais tout ce que j'y vois, c'est de la neige et des branches mortes. Il n'y a aucun signe de vie. Un monde dont on ne voit pas la fin. Tout ce que je fais, c'est marcher. Sans savoir où je vais, sans en voir le bout. Le froid enveloppe mon corps, engourdit mes membres et mon cerveau, mais je n'ose pas m'arrêter. Parce qu'à chaque fois que j'essaie, les Ténèbres s'approchent de moi, se préparant à dévorer mon existence.

Je ne sais pas pourquoi, mais dans ces moments-là, la voix de mon père me dit de tenir. Je me souviens aussi de ce que disait mes cousins ... à moins que tout ne soit qu'illusion ? J'essaie de transmettre cela à mes amis. Ceux qui, comme moi, sont prisonniers de cet Enfer à ciel ouvert. Je sais très bien que je n'ai pas le pouvoir de les sauver, mais je continue pourtant à leur donner de l'espoir. Est-ce qu'il est vain ? Est-ce que je les laisse souffrir sans pouvoir obtenir leur libération ? Mais quel est le mal à vouloir rester en vie ? Quel est le meilleur choix entre lutter humblement pour vivre ou se libérer de la mort ? Tout le monde n'est pas aussi fort. Et il n'y a rien de plus cruel que d'imposer ses propres principes et sa volonté aux autres tout en les privant de leur liberté de choisir de ce qu'ils veulent faire de leur vie.

Rentre, Crasseuse.

Son coup de bâton dans les cuisses me fait un peu mal, mais j'y suis désormais habituer à ces mauvais traitements. Peu importe les belles choses que j'ai dites, à quel point je peux y croire. Au final, il y a des choses qui ne changeront jamais. Je suis seulement en train de rêver. Mon corps me fait tellement mal, mon coeur aussi. J'ai envie de pleurer, mais ça ne sort pas. Je n'ai plus assez de larmes. Mon coeur est-il mort ? Est-ce que ça signifie que je me sentirai plus légère désormais ? Je ne peux pas. J'ai encore envie d'essayer. Je veux m'échapper d'ici ! Pourquoi n'aurai-je pas le droit de revoir la vraie Lumière ? Que quelqu'un nous aide ... N'importe qui ! Dheroqth me tournait le dos. Il était celui qui dirigeait cette portion dans laquelle nous travaillons. Il est encore plus monstrueux que ses subordonnés. Il secoue une missive devant mes yeux tandis que j'essaie de contrôler mes tremblements. Par les Aetheri. Avais-je fait quelque chose ? Allait-on me demander de dénoncer quelqu'un ? Son regard et son sourire tandis qu'il se retournait vers moi manquèrent de me tuer d'un arrêt cardiaque. Qu'il parle avant que ce ne soit le cas !

Y'a un Magicien qui vient de lancer une idée intéressante. C'est original d'avoir une bonne réflexion dans ce peuple de consanguins bon qu'a se faire baiser sur une table, en général. Toi, Crasseuse, tu vas écrire une lettre de réponse. Ce sera plus drôle si c'est une Ange qui le fait, hé hé hé. Ça sera magnifique pour la postérité quand vous aurez tous disparus.

C'était sans doute ... Un talent. J'avais une belle plume et ici, on l'avait vite compris. Je m'occupais des rapports traitant des esclaves, toujours sous une supervision évidemment. Je pense surtout que c'est un moyen supplémentaire de me donner du travail et de me tuer à petit feu avec une passion qui m'animait auparavant. J'acquiesçais néanmoins avec un léger sourire. On n'aimait ni les refus ni les larmes ici. Juste l'obéissance aveugle. Dheroqth me dicterait. J'écrirais. C'est tout. Il voulait seulement une écriture élégante et ... Je devais vraiment arrêter de trembler.

Et tu as intérêt à correctement retranscrire mes propos. Ou plutôt ... Hum ... Tu écris cette lettre avec une belle formulation. Ça aime ça, les Magiciens et les Anges, hé hé hé ... Ils aimeront sûrement lire ça. Oui, soit performante. J'observe. Ou sinon, hum ... Je te priverais de repas une semaine, compris ?

J'acquiesçais à nouveau. Il m'autorisait alors à m'installer à son bureau, qui était terriblement grand pour moi. Je pris la plume et il se mit à parler...

Messire,

Je suis une Ange retenue en Terre Blanche par les troupes de l'impitoyable et merveilleux Dheroqth. Je fais partie de ceux qui le servent volontairement et avec dévotion. Nous avons bien réceptionner votre demande et nous avons été ravis de ne pas avoir été oublié malgré les aléas de la Guerre qui ont vu disparaître les lâches qui, j'ai honte de le dire, partage mes Ailes Blanches. Ils ont choisis de se débattre dans la gadoue plutôt que d'admettre une noble et méritante défaite, se détournant ainsi leur Amour envers leurs véritables Maîtres. C'est d'une tristesse affligeante. C'est ainsi que l'on met dans l'embarras les méritants qui savaient où étaient leur place. Nous savons qu'ils se cachent auprès des aux rats utilisant une antimagie répugnante. Qu'ils sachent que ce n'est qu'une question de temps pour que leur amour commun ne s'en aille ensemble vers d'autres contrées pour ne pas avoir su savoir ce qu'il convenait de réaliser. Nous sommes certains que le Créateur, dans sa Bonté, à ouvert les yeux aux terres du Yin et du Yang sur le tort de notre naissance, sur le tort que nos ancêtres et nous-mêmes avons causer en ouvrant les yeux et respirant. Nous devons retourner à notre place véritable et nous sommes heureux de travailler aux services de nos Maîtres, pendant des générations et sans aucune récompense.

Aux Lâches, transmettez leur à tous notre affection et dites leur que nous espérons les revoir dans un monde meilleur, si ce n'est celui-ci. S'ils admettent que nous n'avons plus besoin d'être un peuple et que nous méritons tous de mourir sous les bottes de nos véritables Maîtres. Peut-être que s'ils revenaient à la maison au lieu de réaliser des actions rebelles et puériles, alors, ils seraient pardonnés.

N'hésitez pas à leur transmettre, cette proposition de paix ne sera pas toujours effective.

Bien à vous.


Je repose ma plume. Dheroqth relis cette dernière au-dessus de mon épaule et considère un instant la chose.

Hum.

Son absence de réponse me soulage autant qu'elle m'angoisse. Il ne semble cela dit pas contrarier et m'ordonne de le mettre dans une enveloppe. Je plie alors la missive et me rend compte de la présence de deux pages supplémentaires. J'ignore ce qu'elles sont. Peut-être ce sont des pages vides, comme peut-être des informations importantes. Je fais comme si j'étais étourdie ... Tant pis si le courage me conduit à la mort. Je réalise un travail minutieux sur quelques instants. Le Démon détourne le dos durant ce moment où je mets un point final à cette conclusion écoeurante avec mon nom et où ma main saisi l'enveloppe pour installer la missive à l'intérieur. Il ne remarque rien malgré mon coeur qui s'était mis à battre à cent à l'heure, avant d'ordonner qu'on me ramène à mon baraquement. Il me jetait néanmoins au sol un morceau de cuisse d'une viande qu'il n'avait plus l'intention de manger, en ricanant. Je le prit malgré l'humiliation. J'en avais besoin pour survivre. Je le partagerais avec les autres. L'entraide nous permettait de survivre. Plus l'on s'éloignait de lui, plus je respirais devant ma rébellion silencieuse. J'ai effectivement indiqué mon nom. Priant que la main demanderesse le transmette et indique le fait que j'ai survécu au massacre de la Terre Blanche. Autant un réconfort qu'une terreur pour les miens, je n'en doutais point. Seulement, en dessous, j'avais eu l'audace de rajouter une ultime phrase.

« Nous sommes toujours là. »

1684 mots


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