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 [A] - Trois Petits Tours et Puis S'en Vont

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Ven 01 Fév 2019, 19:30


Catégorie de quête : A. Intrigue de Race
Partenaire(s) : Solo
Intrigue/Objectif : Prendre part à une expédition pour voir et comprendre le monde | Toupinou participe à un échange scolaire entre les étudiants de Amestris et ceux de Basphel. Elle y rencontre d'autres élèves de races différentes et participe à des cours dans l'école de Basphel. Son correspondant, Caleb, lui fait visiter quelques lieux de la ville et lui permet d'en apprendre un peu plus sur cette ville-école.

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Le voyage en ballon jusqu’aux Iles Suspendues a été long. Presque deux heures. Nous serions allés beaucoup plus vite, si nous avions fait la traversée à dos de gryphons. Mais le professeur Alarik n’avait rien voulu entendre. J’aurais vraiment aimé voir pour la première fois ces créatures. Je me demande si, une fois sur leur dos, on va plus vite que sur un balai. Et est-ce que c’est plus confortable ? C'est toujours comme ça : le Mage Noir Alarik arrive toujours à assombrir ma journée. A croire qu’il le fait exprès.

Notre arrivée à l’école de Basphel était prévue depuis plusieurs semaines déjà. Nous avions déjà dû envoyer quelques lettres à nos correspondants respectifs, si bien que j’avais déjà fait la connaissance, du moins par coursive, avec Caleb, un déchu, lui aussi en dernière année d’apprentissage. Il avait essayé de se décrire physiquement dans l’une d’elles : Un mètre quatre-vingt – soit un géant à côté de moi – brun, les yeux verts, musclé avec un air un peu grognon selon ses mots. J’avais vite compris qu’il était aussi enchanté que moi à l’idée de cet échange étudiant lorsque j’avais remarqué son avarice de mots. Ainsi, nos échanges épistolaires étaient présents mais très brefs. Cela m’arrangeait. Je n’avais aucune envie de parler avec un autre étudiant d’une race différente. Je ne le faisais que par simple obligation.

Mais aujourd’hui, c’était pire. Nous allions nous rencontrer et passer la semaine ensemble. Je n’avais pas particulièrement envie de le suivre partout où il serait, mais malgré moi, en entrant dans l’amphithéâtre de leur école, je sens la curiosité m’assaillir. Nous sommes une trentaine d'élèves sorciers à venir ici et notre petit groupe paraît bien ridicule devant l’immensité de la pièce. Devant nous, des étudiants de la ville nous accueillent. J’aimerais dire que je trouve Caleb du premier coup dans cette foule, mais avec les maigres informations qu’il m’a fourni, impossible de choisir avec certitude un des élèves. Cependant, une main assurée se pose sur mon épaule. Je me retourne vers l’intéressé et croise le regard vert d’un jeune homme particulièrement attirant. Il a les cheveux courts, coiffés en brosse mais un peu décoiffés, comme s’il aimait se passer régulièrement une main nonchalante dans sa tignasse. On dirait un vrai rebelle avec sa veste en cuir teinte de noir, qui a dû voir de meilleurs jours.

« Toupinou, c’est ça ? » me demande-t-il d’une voix grave.

« Euh, oui. » Ma voix s’est enraillée et je sens le rouge me monter aux joues.

« Ouais, tu m’avais pas menti sur le fait que t’es la plus petite du groupe. Et avec tes cheveux blonds t’es facilement reconnaissable. J’suis Caleb. »

« J’avais deviné. »  je lui réponds un poil agressif pour lui montrer que ma gêne est déjà un lointain souvenir.

« C’est que tu mordrais presque. » me lance-t-il avec un sourire.

Et quel sourire ! J’ai l’impression que ses yeux verts s’illuminent, rendant son charme encore plus envoûtant. Et je me sens idiote de me mettre dans un tel état, pour un garçon que je connais à peine, un déchu qui-plus-est !

Sa main toujours sur mon épaule, il exerce une légère tension avant de la retirer afin que je le suive plus loin, à l’extérieur du groupe qui s’est agglutiné tout autour : chacun cherchant son correspondant. Nous nous mettons un peu plus loin, près de la porte.

« Bon, alors t’es prête pour cette semaine ? »

« Est-ce qu’on a le choix ? »

Il me répond avec un haussement d’épaule et on regarde pendant quelques minutes les autres étudiants faire connaissance les uns les autres. Même les professeurs s’échangent accolades et poignées de main. A ce moment, j’aimerais sortir une phrase bien pensée, mais dans mon crâne, c’est le néant. La situation est un peu pesante. Aucun de nous deux ne dit mot alors qu’autour les conversations vont bon train. Je n’ose même pas tourner la tête vers lui. Je me sens bête.

On attend ainsi peut-être une dizaine de minutes de plus, chacun mal-à-l’aise de son côté, attendant que l’autre parle. Puis enfin, la délivrance. Les professeurs nous appellent par groupe. Le Mage Noir Alarik prend la parole pour le groupe des sorciers : « Maintenant que vous avez fait connaissance avec votre correspondant, vous suivrez les mêmes cours. C’est lui qui vous guidera dans l’école. Le soir, vous serez dans le même département que votre correspondant. Vous serez dans des chambres à part évidement. Je compte sur vous pour vous montrer irréprochable – je sens le regard du professeur sur moi – je ne veux entendre aucun bruit vous concernant. Je viendrais participer à quelques cours aussi, donc n’oubliez pas que je vous garde à l’œil ! Montrez à tous que les étudiants de Amestris sont aussi des très bons érudits et mettez notre race sous son plus beau jour ! Je vous fais confiance. »

Une fois son discours terminé, je rejoins Caleb.

« Qu’est-ce qu’il y a au programme aujourd’hui ? »

« Rien de bien existant. Normalement j’ai cours de botanique. Mais j’y vais rarement. Je vois pas l’intérêt d’une telle matière ! »

« Tu rigoles ! Comment veux-tu faire de bonne potions et mixtures si tu ne connais pas tes plantes ? Et si jamais on t’empoisonne, vaut mieux savoir quelles herbes utilisées pour faire un antidote qui te soignera et pas l'inverse, non ? »

« Mouais, j’avais pas vu ça sous cet angle... » Il soupire. « De toute façon, les professeurs m’ont dans le viseur. Il vaut mieux pour nous deux qu’on y aille à ce satané cours. Allez viens, il va commencer dans quelques minutes. »                                                                                                                                    

Soulagée, je le suis dans le dédale de couloirs de l’école. Je préfère ne pas le perdre du regard car, à mes yeux tous les murs sont semblables entre eux. Il me serait impossible de retrouver mon chemin seule. Je suis contente que le premier cours auquel j’assiste est un cours de botanique. Avec mon bagage en herbes, je devrais pouvoir suivre ce cours, même peut-être répondre aux questions de professeurs. Même si je n’ai pas envie de paraître comme l'élève studieuse auprès de Caleb, je ne pense pas pouvoir résister à la tentation, surtout pour cette matière.

Nous arrivons dans une salle de classe grande, où sur les murs sont ornées de plantes variées. J’en reconnais quelques-unes, mais la plupart me sont inconnues. Je me demande où est-ce que je pourrais les trouver à l’état naturel. J’aurais peut-être le temps d’aller en toucher deux mots au professeur après le cours.

Nous sommes en avance, et je suis Caleb qui s’installe au fond de la classe. Je m’assieds à côté de lui, pendant qu’il met la tête dans le creux de ses bras sur sa table. J’en conclus qu’il n’a pas prévu de participer aujourd’hui. Les autres élèves arrivent les uns après les autres. Il y a beaucoup de monde. Beaucoup plus que dans les classes à Amestris. Ça me paraît étrange de côtoyer d’autres élèves qui ne sont pas sorciers comme moi. En effet, à côté de moi, il y a un Démon et plus devant, sur les premières rangées, je vois un Ange et un Alfar. Une fois que tout le monde s’est installé, je constate que je ne vois pas le professeur qui commence son cours - seulement le haut de son crâne - ni le tableau qu’il montre de temps en temps pour appuyer ces dires et encore moins la plante qu’il tient dans ses mains et qu'il pointe pour perler certaines parties de l’anatomie florale. Je suis beaucoup trop loin et trop petite pour voir quoique ce soit. Je bouillonne au fond de moi. J’ai presque envie de pousser du coude Caleb pour qu’il se réveille. Après réflexion, je décide de le faire. Mon coup est un peu plus violent que ce que j’avais prévu, mais il a au moins l’effet de le réveiller dans un sursaut. Je me gratifie intérieurement : je me suis vengée convenablement.

« Quoi ! » me lance-t-il les yeux m'envoyant des éclairs.

« Tu dormais. » je lui réponds de manière innocente.

« C’était tout l’intérêt. »

Nous nous faisons la tête pendant le reste du cours. Je suis déçue, car je n’ai pas pu suivre le cours qui avait l’air intéressant, et j’en veux à Caleb de ne pas faire assez attention à moi. A la fin du cours, il se lève d’un coup et part sans m’attendre. J’attrape d’une main mes affaires et cours pour le rattraper.

« Hé ! Attends moi ! »

Il ne veut rien entendre. Quel crétin ! Comment j’ai pu être gênée tout à l’heure par sa présence ? Il a quelques mètres d’avance, mais je ne le perds pas de vue. Puis, je le vois qui sort de l’école pour se rendre dans la ville. Je m’arrête quelques secondes ne sachant pas trop quoi faire. Si je sors de l’école est-ce que les professeurs me puniront ? Que dira le professeur Alarik ?

Je décide de suivre Caleb. Après tout, le professeur nous a bien dit de suivre nos correspondants. Et c’est bien ce que je compte faire. Je vois Caleb traverser la ville d’un pas vigoureux. J’arrive enfin à sa hauteur lorsque nous débouchons dans un parc en bas de la ville. La verdure me prend par surprise. Je ne m’attendais pas à voir un parc dans cette ville, sur ce territoire. A Amestris, il n’y a pas de végétation aussi dense à l’intérieur de la ville.

Caleb est un peu plus en bas mais s’est arrêté non loin de moi. Alors que je m’approche de lui, il se retourne d’un coup vers moi.

« Tu lâches pas le morceau, hein ? »

Il me crie carrément dessus. Je comprends qu’il soit en colère pour le coup de coude, mais c’était déjà oublié pour ma part.

« Pas besoin de crier. » je réponds d’une voix calme.

J’essaie de prendre exemple sur le Mage Noir Alarik : à chaque fois qu’il me punit, il endosse cette voix calme et posée. J’avoue que ça a le don de m’énerver un peu plus, mais je sais que c’est lui gère la situation, et là, j’ai envie que ça soit moi. En tout cas, ça à l’air de fonctionner, car Caleb me lance un regard étonné, comme s’il ne savait pas quoi dire. Avant qu’il ne retrouve l’usage de la parole je lui demande : « On est où ici ? C’est beau. »

« Dans le parc de la ville. Tu vois pas ? J’aime bien venir ici entre deux cours. Ça me relaxe. » Sa voix est encore un peu agressive, mais il a l'air de se calmer doucement.

« C’est sympa. Tu sais, à Amestris, on n’a pas la chance de pouvoir se promener dans un parc avec de l’herbe et des fleurs et des arbres et tout ça. » je commence en lui montrant dans un grand geste l’environnement. « On a surtout des flaques d’eau salée. Pas vraiment le lieu idéal pour se relaxer. »

« Mmh, fallait venir ici. »

Revoilà son air arrogant.

« Je préfère étudier parmi les sorciers. Au moins, ils savent quelles matières sont vraiment indispensables pour notre futur, et pour ce qu’on veut faire plus tard. Toi, tu veux faire quoi plus tard ? »

« J’en sais trop rien : Assassin peut-être... »
1940 mots.
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Ven 01 Fév 2019, 21:57


« … ou détective privé » finit-il avec un sourire.

« Pff, qu’est-ce que t’es crétin ! » je lui lance en reprenant ma respiration.

« Quoi ? On peut plus rigoler? »

« Laisse tomber. »

J’en ai marre de rester avec lui. Je m’enfonce un peu plus dans la verdure et tombe sur un parc animalier. Il y a un parc animalier à l’intérieur du parc floral ? J’aurais peut-être mieux fait de venir étudier ici en effet ! Je me demande quelles espèces sont présentes ici.

Je suis les sentiers prévus à cet effet, les animaux sont parqués par espèces et rattachés à une animalerie. Ces animaux sont donc à la vente. Je vois toutes sortes de familiers mais restant de petite taille afin d’être transportables. Le plus gros spécimen que je rencontre est un sorte d'énorme rat qui ressemble plus un un gros cochon. Je passe devant une vitrine présentant des chats de toutes les couleurs. Leur miaulements m’attirent vers eux. Et je les regarde des cœurs pleins les yeux. Bien que je ne sois pas très sociable, j’ai toujours adoré être en présence d’animaux. J’ai même l’aptitude de parler avec les chauve-souris qui sont nombreuses dans les caves de l’école. C’est souvent en leur compagnie que j’apprends les derniers ragots entre écoliers et professeurs et les dernières nouveautés. Et puis, elles sont souvent de bons conseils. Dommage que je n’arrive pas à en faire autant avec les gens. Comme avec ce Caleb.

« C’est un crétin. » dis-je tout haut, tout en regardant les matous jouer entre eux.

Un des chats, une sorte de boule de poils noire toute ébouriffée me regarde dans les yeux et me miaule : « Pourquoi tu dis ça ? »

Je suis surprise. C’est la première fois que je parle avec une autre espèce que les chauve-souris. Bien sûr, je me doutais que j’arriverai un jour à discuter avec d’autres animaux, mais je ne m’attendais à que cela se passe ici, à Basphel, dans cette animalerie.

« Comment t’appelles-tu ? » lui demandais-je en m’accroupissant vers lui.

« Je n’ai jamais eu de nom. Je n’ai jamais eu besoin qu’on me donne un nom. Avant je me baladais dans les rues de la ville, mais je suis ici à présent. »

La bestiole pose ses pattes sur la vitre pour être à la hauteur de mon regard et continu : « Tu crois qu’un jour je sortirais ? »

« Je ne sais pas. Peut-être que quelqu’un va t’acheter aujourd’hui. »

« Je ne pense pas » me répond-t-il avec un air triste. « Ce sont toujours les plus jeunes que les gens choisissent, jamais les vieux comme moi. »

« Pourquoi tu regardes ce chat ? » entendais-je derrière moi. C’est Caleb qui m’a suivie dans la boutique.

« Je t’en pose des questions ? » je répond hargneusement en me relevant.                                                                  

« Bon, je crois qu’on est parti du mauvais pied tous les deux. Est-ce qu’on peut faire la paix ? »

Pour toute réponse, je hausse les épaules.

« Allez, viens, allons déjeuner. »

Il m’attrape par la manche et me tire en dehors de la boutique. Je regarde une dernière fois le chat noir avant de suivre Caleb. Tout en marchant vers l’école, je pense à l’animal. J’espère que quelqu’un viendra le prendre bientôt. Il n’avait pas l’air très heureux dans cette cage. Cela ne doit pas être facile d’avoir été retiré de son milieu, de vivre enfermé alors qu’on avait l’habitude de parcourir plusieurs kilomètres … et de voir les autres choisis à sa place.

Nous arrivons au réfectoire de l’école. Là encore, la grandeur de l’endroit me laisse bouche bée. La lumière se reflète sur les longues tables en bois, où déjà des étudiants sont entrain de commencer leur repas. Je suis Caleb qui me met un plateau dans les mains et s’insère dans une file d’attente.

« On dirait que tu n’as pas l’habitude de voir tant de monde. » me demande Caleb.

« Notre école est plus petite. Et il n’y a que des sorciers. Ça ne te gêne pas d’être avec d’autres races ? »

« Non, pas vraiment. »

La file humaine avance doucement.

« Même pas un peu ? Tu vas pas me dire que quand tu croises des Anges, ça ne te gêne pas, ne serait-ce qu’un peu ! »

A ma remarque, je constate que sa mâchoire se crispe. Je pense avoir toucher un point sensible. J’allais renchérir mais il me coupe la parole : « Je n’ai pas envie d’en parler. »

« On reviendra pour le partage de culture. » je ronchonne.

Quelques minutes plus tard, nous sommes servis et attablés. Nous sommes entourés d’autres étudiants appartenant au même département que Caleb. Je ne connais pas très bien le système de répartition de l’école c’est pourquoi je les interroge sur ce point. Tout d’abord, les quatre élèves qui sont devant et côté de nous éclatent de rire. Je crois même qu’un d’entre eux marmonne qu’il faut bien sortir de la cambrousse profonde pour ne pas savoir ça ! Mon état d’esprit se situe entre « Par lequel je commence pour trancher quelques gorges ? » et « J’ai honte, j’ai honte ! » lorsque Caleb répond à mon grand étonnement : « A la rentrée de notre première année, nous passons une sorte de test magique. On doit mettre notre main sous l’eau et en fonction de son changement d’état ou non, on nous attribue un département jusqu’à la fin de notre scolarité. Il y a l’Ivoire : les extrémistes et orgueilleux ; l’Obsidienne : les fourbes et audacieux ; l’Acier : les plus intelligents, ils sont calculateurs et manipulateurs ; l’Etain : les instinctifs et indépendants ; le charbon : les délinquants et intrépides ; et la craie : le benêts. »

« Laisses-moi deviner : tu fais partie du département de la craie ? » je ricane.

« Ha Ha Ha ! Que tu es drôle ! Fais attention, sorcière. Tu es à la table des pires délinquants de l'école et n’oublies pas que tu dors chez eux ce soir ! Je suis certain que certains aimeraient défier une petite sorcière dans ton genre. Et crois moi, s’ils s’y mettent à plusieurs comme c’est souvent le cas, tu n’auras aucune chance. Et ne comptes pas sur moi pour te venir en aide … j’ai une réputation à tenir. »

Il termine sa tirade par un clin d’œil et enfourne une fourchette dans sa bouche. J’aurais dû me douter qu’il faisait partie des Charbons. Je me rappelle son attitude lors du cours de botanique. Bien que je pense que l’étain lui aurait peut-être convenu : solitaire qu’il est. Un peu comme moi. Je regarde mon partenaire d’un œil nouveau. Il n’est peut-être pas si crétin que ça.

« Du coup, nous allons à quels cours cet après-midi ? »

« Aucun. »

Je le regarde de nouveau pendant qu’il continue tranquillement de manger son assiette. Je ne peux m’empêcher de rétorquer.

« Je sais que pour toi, ton éducation n’est pas ton objectif premier, mais j’aimerai ne pas rater de cours à l’avenir. »

« Je te signale que tu n’as pas manqué de cours ce matin. Tu étais dans la salle de cours pendant que je dormais. Et puis les après-midi ici, c’est activités sportives. Donc, ranges ton venin veux-tu ? »

« Quels genres d’activités sportives ? »

« Surprise. » me dit-il avec un grand sourire énigmatique. « Allez, finis ton assiette. »

Mais je n’ai plus faim. Dans quoi allait-il encore m’emmener ? Je me voyais mal faire de la voltige, ou de la lutte … Je n’avais plus qu’une envie : celle de rentrer le plus vite possible à Amestris. Au moins là-bas, je savais dans quoi je mettais les pieds, malgré le caractère un peu sombre de certains sorciers. Je me demande quel genre de sport aime faire Caleb. Il a l’air assez musclé sous sa veste et je l’imagine très bien faire de la boxe ou un autre sport de combat à mains nues. Ce n’était certainement pas de la corde à sauter …

Après que nous ayons fini notre repas, nous nous dirigeons dans les caves de l’école. Je vois passer des démons, et autres sorciers et j’entends des hurlements. Il y a sûrement un espace dédié pour nos races afin que nous travaillons nos aptitudes sur les esclaves. Il faudra que je demande plus tard à Caleb si nous pouvons y faire un tour pendant la semaine.

Caleb m’amène dans une pièce sans fenêtres. Il y a des cibles sur un des murs et de l’autre côté de la pièce, je vois un cercle rouge tracé au sol. Quand le professeur entre, je ne sais toujours pas à quoi m’attendre.

« Bon alors, mettez-vous en cercle. » commence l’intervenant. « Je vois qu’on a des p’tits nouveaux avec nous aujourd’hui. C’est très bien. Ça vous permettra de revoir les bases. Je veux deux groupes de deux dans le cercle et les autres groupes de deux, aux cibles. Allez, on s’dépêche ! »

Je suis Caleb jusqu’aux cibles. Bizarrement, je suis rassurée. Les cibles, j’ai l’habitude à l’école, où je suis des cours de lancer de poignards. Je pense que je pourrais me débrouiller. Et quand je vois Caleb sortir des petits couteaux aiguisés, je comprends que j’ai vu juste.

« Je te montre, ok ? »

Je hoche la tête et fait semblant de regarder ce qu’il fait, pendant que du coin de l’œil, j’observe les groupes dans le cercle rouge. Là aussi, j’avais vu juste : ils sont entrain de lutter deux par deux. Celui qui fait sortir l’autre hors du cercle à gagner. J’ai l’impression que tous les coups sont permis : pousser, frapper, etc … Cela ne me dit rien qui vaille.

Je me rends compte que je suis totalement absorbée parce qu’il se passe entre les lutteurs lorsque je sens les lames froides des couteaux frôler mon bras. Je reporte mon attention sur Caleb qui me répète : « A toi ! »

J’attrape les couteaux d’une main agile.

« Tu te positionnes là et tu ... »

Il n’a pas le temps de finir sa phrase que j’envoie déjà les couteaux en plein sur le milieu de la cible devant nous. Lorsque je tourne ma tête vers Caleb, il me regarde médusée.

« Quoi ? »

« Tu deviens de plus en plus intéressante. Quand on te voit comme ça : toute rikiki, on n'pense pas que tu arrives à lancer des couteaux à plus de dix mètres … Il va falloir qu’on parle sérieusement tous les deux. »

« Les couteaux, c’est une chose. La lutte, une autre. Tu ne seras pas aussi ébahi quand on sera dans le cercle rouge. »

« Ne t’inquiètes pas. J’essaierai de retenir mes coups. Aucune garantie bien sûr, mais je ferais mon possible. »

Pour répondre à son regard enjôleur, je le pique avec la pointe des couteaux.

« Aïe ! »

« Pour la peine, mon objectif numéro un va être de te faire mordre la poussière, par tous les moyens. »

« Excuses-moi d’en douter. » me déclare-t-il en pouffant.

Nous continuons quelques minutes encore à s’entraîner au lancer. L’ambiance y est beaucoup plus joviale qu’au début du cours. J’ai du mal à me retenir de rire devant certains de ces lancers ratés. Et même lui, rit de bon cœur. A nous deux, nous faisons tellement de bruits que le professeur est obligé de nous rappeler à l’ordre avant de nous annoncer qu’il est temps de changer d’activité.
1836 mots.
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Sam 02 Fév 2019, 09:27


La moitié de la semaine s’était déroulée sans incident notable. J’avais ce sentiment que le temps s’était accéléré. Dans moins de deux jours, je devrais partir et retourner à Amestris. Moi, qui, au début n’était pas très enjouée à l’idée de ce voyage scolaire, j’avais aujourd’hui, la gorge serrée à chaque fois que la pensée de mon prochain départ émergeait dans mon esprit. J’ai appris à apprécier les moments passés ici, les cours, les élèves et Caleb. J’ai pu retourner assister à un cours pratique en botanique et j’ai pu montrer que j’avais quelques connaissances solides dans cette matière. J’avais été on-ne-peut-plus fière de moi lorsque j’avais vu au fond de la classe, la silhouette du professeur Alarik, venu assister à la leçon du jour. Le reste du temps, je passais mes journées avec Caleb qui s’était révélé être un garçon charmant malgré un sale caractère qui lui valait à de nombreuses sautes d’humeur impressionnantes. Lorsque cela lui arrivait, il préférait s’isoler, et je lui en était redevable car j’avais du mal à subir sa colère, souvent infondée. En fait, j’avais remarqué qu’il s’énervait pour des petites broutilles qui lui rongeaient le cerveau et qui le faisaient exploser plusieurs minutes après les faits, voire même plusieurs heures. S’il ne le savait pas encore, j’avais alors deviné que son péché de déchu n’était qu’autre que la colère. Je n’avais pas encore eu le courage de lui en parler vraiment, car j’ignorais comme il allait prendre mon intrusion dans sa vie privée. C’était assez étrange en réalité, car j’avais l’impression d’être à côté d’un feu presque éteint, qui pouvait se rallumer intensément dès qu’une goutte huile était dans le coin. Il était totalement imprévisible, mais c’était aussi ça que j’appréciais chez lui. Impossible pour moi de faire des plans sur la comète, car il déjouait tout ce que je prévoyais. J’avais même l’impression, à certaines occasions, qu’il lisait dans mes pensées.

« A quoi tu penses ? » me demande Caleb, juste au moment où l’idée qu’il puisse lire dans mes pensées m’ait chatouillé l’esprit.

« A mon départ. » fais-je esquivant la question. « Je me surprends à ne pas vouloir quitter cet endroit ! »

« Je t’avais dit que tu aurais dû venir étudier ici ! »

Il sourit de toutes ses dents pendant qu’il plie des feuilles en papier. Nous sommes en train de préparer les décorations du bal des étudiants qui aura lieu d’ici quelques semaines. Mes yeux suivent ses mains qui font leur travail soigneusement, tandis que je lui donne feuille après feuille. Nous sommes l’un à côté de l’autre et il n’y a que quelques centimètres qui nous séparent. Il n’est pas rare qu’en voulant prendre une des feuilles que je lui tend, il me frôle la main. Et alors, à chaque contact, ma peau s’embrase. C’est comme si la petite parcelle de peau qu’il avait effleurée s’individualisait et ne cherchait plus qu'à retrouver cette sensation. Dans mon ventre, je sentais comme un tourbillon au fond de mes entrailles. Mais ce n’était pas une sensation désagréable. Pas comme lorsqu’on a mangé un plat indigeste. Non, ces fois-là, c’était comme si mes intestins s’entortillaient, s’envolaient dans mon ventre et disparaissaient, laissant un trou immense qu’il fallait combler à tout prix en rétablissant le contact avec Caleb. Ces moments ne duraient que quelques millièmes de secondes et pourtant mon esprit avait l’impression que le temps se figer afin que mon corps puisse apprécier tout ces changements. Mes pensées divaguaient elles aussi. Je m’imaginais, rompue par le désir de ressentir encore une fois sa peau contre la mienne, qu’il me prenne vraiment la main cette fois, et la caresse en bonne et due forme. Que sa main remonte ensuite sur mon avant-bras en faisant des petits cercles, qu’elle s’arrête quelques secondes au creux de mon coude et continue son chemin sur mon bras, mon épaule, mon cou, mes lèvres et …

« A quoi tu penses ? Tu es toute rouge. » me lance-t-il amusé.

Décidément Caleb a le don pour me ramener les pieds sur terre. J’ai honte d’avoir de telles pensées pour quelqu’un. A vrai dire, je n’ai jamais eu de tel contact avec d’autres personnes. En tout cas, à Amestris personne n’a réussi à me faire un tel effet. Mais avec Caleb c’est différent. Il a réussi a touché et réveillé cette partie de moi, que moi-même je ne connaissais pas. Je me demande s’il ressent la même chose. Des fois, je croise certains de ces regards et je me dis que oui. D’autres fois, j’ai seulement l’impression qu’il se fout de moi.

« Laisses-moi tranquille, tu veux ? Et fini tes p’tits pliages. »

Nous y avons passé tout l’après-midi et après avoir diné, nous nous octroyons une petite balade dans le parc avant de rentrer dans le département. D’autres étudiants ont eu la même idée que nous et le parc est bondé. Impossible de voir par-dessus les épaules des élèves pour constater si le chat noir est toujours à l’animalerie.

La nuit commence à tomber et on peut voir les vampires étudiants qui commencent à sortir leur bout de leur nez. Je suis toujours estomaquée de voir que pratiquement toutes les races sont présentes ici. J’imagine qu’il doit y voir quelques incidents de temps en temps, mais depuis mon arrivée à Basphel je n’en ai pas vu aucun. Chacun se tolère à sa façon. Il y a bien quelques regards en coin par-ci, par-là, mais rien de plus.

« C’est incroyable qu’il n’y ait pas tant de bagarres que ça ! » m’exclamai-je devant Caleb.

Il se tient à côté de moi, les mains dans ses poches. Je le vois jouer du pied avec un petit caillou dans l’herbe.

« Il y en a de temps en temps, mais les professeurs veillent au grain. Et puis , l’école organise souvent des épreuves et des tournois pour qu’on évacue certaines tensions. D’ailleurs, en parlant de tensions, tu ne pas encore demandé où est-ce que les sorciers pouvaient se laisser aller à leur guise ? »

« C’est-à-dire ? » lui demandais-je sur la défensive.

Je sais évidement de quoi il veut parler. Bien que j’avais pensé à l’éventualité de lui poser la question, je ne l’avais QUE penser. Et puis, je n’avais pas spécialement besoin d’aller torturer un humain condamné à mort pour m’amuser. Je me plaisais ici et n’avait pour le moment besoin de rien d’autre.

« Ce que la plupart des sorciers qui sont dans mon département ont besoin d’aller assouvir certaines de leurs tendances et je les ai rarement vu ne pas s’entraîner – si on peut dire – toute une semaine. »

« Dans ce cas-là, nous dirons que je ne suis pas comme les autres sorciers de ton département. »

« Je n’avais aucun doute là-dessus. »

« Cela dit … peut-être que nous pourrions y jeter un œil avant d’aller au dortoir. Juste par curiosité ! »

« Évidemment » souffla-t-il en riant.

Soudain, il sort une main d’une de ses poches et me prend la main.

« Allez, viens je t’emmène. »

J’avoue qu’à ce moment précis, ma tête est vide. Je n’ai que la sensation de sa main qui serre la mienne. Je ne sais pas si c’est agréable ou non. Mais une chose est sûre : je ne veux pas que cela cesse.

Nous marchons quelques minutes. Je ne me suis pas rendue compte que nous étions de retour dans l’école. Nous nous dirigeons vers le sous-sol de l’établissement. Puis nous entrons dans une vaste salle lugubre. Là, Caleb me lâche la main et me dit : « Tu continues tout droit. Tu vas voir une porte. Derrière il y a quelques sorciers, démons et alfars qui doivent pratiquer leurs « arts ». »

« Tu ne viens pas ? » demandai-je plein d’espoir.

« Je n’ai pas très envie de voir quelqu’un souffrir inutilement. »

« Ce n’est pas toi qui veut devenir assassin ? » lui dis-je en souriant.

« Ou détective privé ! »  me répond-t-il en me rendant mon sourire. « Ça ne me dérange pas de blesser quelqu’un. Je préfère juste qu’il l’ai mérité avant. »

« Je vois. »  je lui répond pensive.

Je le laisse alors là et me dirige vers la porte au fond de la salle. Je repense à ce qu’il vient de me dire et en effet, je voyais vraiment de quoi il parlait. J’ai souvent des remords après certains actes que nous faisons à l’école de Amestris. Je n’avais jamais vraiment réfléchis à la raison, mais maintenant je crois savoir pourquoi. On nous demande de faire souffrir, de mutiler, de blesser nos esclaves en nous racontant qu’ils existent pour cette unique raison, mais au fond de moi, j’ai dû mal à accepter cela. Quand je les regarde, je vois leur peur. Pour moi, ils sont comme ce chat noir à l’animalerie. Nous leur avons privé de leur liberté pour les en faire notre propriété. Ce ne sont plus que des objets que nous utilisons à notre guise. Je n’ai aucun mal à faire le mal. J’avoue même que j’aime ça. Mais je préfère le faire sur des personnes qui font le mal aussi. Cela me paraît plus juste. Et si je peux venger certaines personnes en passant, c’est presque une bonne action, non ?

Rassurée, je m’arrête devant la porte et au lieu de l’ouvrir, je tourne des talons et rejoins Caleb.

« Tu sais quoi ? Moi aussi, je préfère quand ils l’ont mérité. On rentre ? »

Surpris, il me suit. Sur le chemin vers le département des Charbons, je sens son regard sur moi. Je me demande à quoi il peut bien penser. En fait, je me demande ce qu’il doit penser de moi. Est-ce qu’il pense que je vais devenir une sorcière de bas étage, parce que je n’aime pas assouvir mes pulsions sur des innocents ? Je tourne la tête vers lui, inquiète et je le vois qui me regarde avec des yeux verts chaleureux. Peut-être que j’ai marqué des points au final ? Il pouffe de rire et me dit : « Allez, p’tite tête. Regardes devant toi. »

Quand nous arrivons au département je me dirige vers l’espace réservée aux filles. Je laisse alors Caleb se rendre à ses quartiers. Pour l’échange, l’école a installé quelques lits de camps supplémentaires dans le dortoirs.  Ainsi, s’il n’y a pas de lits de disponibles, il y a toujours ces petits lits pour nous. Pour ma part, j’ai eu de la chance, j’ai pu trouvé un vrai lit pour dormir. Ainsi, lorsque je me retourne pendant mon sommeil, mon matelas ne bouge pas et je passe une meilleure nuit. Je pose sur le drap ma petite besace et me rend à la salle de bain des filles. Certaines étudiantes y sont déjà et prennent leur douche. En attendant qu’une des douches se libère, je me regarde dans un des miroirs accroché sur le mur. Je ne suis plus la gamine de dix ans qui était rentrée à l’école pour la première fois. Je suis maintenant une jeune femme, certes, un peu petite en taille, mais j’ai à présent des formes féminines et je me dis que Caleb serait bien idiot de ne pas tenter d’en profiter.

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Sam 02 Fév 2019, 10:51


Quand une des filles sort de la douche, je prend rapidement sa place. Je suis entrain de me savonner le corps quand j’entends d'autres étudiantes rentrer dans la salle de bain en jacassant.

« J’espère que la soirée sera bien. J’en ai marre des fêtes où je m’ennuie. » dit la première.

« T’inquiètes pas, j’essaierai de rendre la fête un peu plus folle. » lui répond la seconde.

« Je me suis toujours demandé comment tu arrives à faire rentrer de l’alcool dans le département. »

« J’ai mes p’tites combines. »

Les deux filles arrêtent ensuite leur conversation pendant qu’elles se douchent. J’en profite pour finir de me laver et sortir de la salle de bain. Je retourne dans la salle de vie et croise Caleb. Je lui demande alors : « J’ai entendu parler d’une fête ... »

« Tu gâches toujours les surprises hein ? » me répond-t-il en me faisant un clin d’œil. « On s’est dit avec les autres membres du département que votre dernière nuit à Basphel devait se terminer comme il se doit. Et comme tu es dans le département des délinquants et des fêtards : on s’est dit que c’était une bonne occasion pour organiser une petite soirée comme on sait les faire ! »

Je n’étais encore jamais allée à une fête étudiante. Bien sûr, il y avait eu cette fameuse soirée dans la taverne de Amestris pour mon intégration à l’école. Mais c’était plus un bizutage qu’autre chose et je n’ai pas eu vraiment le temps de profiter de la soirée avec les autres élèves. Cette fois, je me promets que cela différent.

Une vingtaine de minutes s’écoulent avant que les premiers étudiants ne commencent à sortir boissons, confiseries et autres amuse-bouche salés, qu’ils entreposent sur toutes les surfaces disponibles. Très vite la salle de vie est inondée d’étudiants qui s’exclament et se chamaillent entre eux. Plusieurs élèves ont ramenés des instruments de musiques et commencent à jouer quelques morceaux. Il n’en faut pas plus pour que la soirée batte son plein. Je vois des étudiants qui fricotent les uns avec les autres en s’enlaçant langoureusement. D’autres encore rient la bouche pleine, de laquelle s’échappe quelques miettes de nourriture. Soudain, je vois un groupe arriver en criant de joie. Celui qui me semble est le leader de ce groupe est une fille de mon âge. Elle a les cheveux noirs et courts et tient dans sa main, bien haut pour que tout le monde voit, une grosse bouteille contenant un liquide foncé.

« La fête va enfin pouvoir commencer ! » s’exclame-t-elle de plus belle.

Elle ouvre la bouteille et commence à servir des verres. Son groupe fait circuler les récipients de mains en mains, si bien qu’au bout de quelques rapide minutes, j’ai un verre à la main. Je hume le liquide et je sens l’alcool m’agresser les sinus. Je ne sais pas quel est ce tord-boyaux mais je sais déjà que je vais regretter de l’avoir bût avant même de le faire. Caleb, de son côté préfère ne pas prendre de risque et confie son verre à son voisin.

« Tu ne bois pas ? » je lui demande soudain méfiante.

« Crois-moi, avec Lexi, faut toujours se méfier de ce qu’elle t’offre. »

Je décide de tenter le coup tout de même. Après tout, on ne vit qu’une fois. Et je n’ai encore jamais testé l’alcool que l’on boit dans ce genre de soirée étudiante. Lorsque le liquide touche mes papilles linguales, je sens ma langue se contracter et les vapeurs d’alcool me ressortent par les narines. J’avale la boisson d’un coup. Mon autre choix aurait été de le recracher sur Caleb, mais je crois qu’il n’aurait pas spécialement apprécié. Le liquide me brûle l’œsophage et les vapeurs font quelques dégâts sur ma trachée. Je tousse devant Caleb qui rit à mes dépens. Je crois qu’il n’y aura pas de second essai pour cet alcool. Je me dirige vers la table qui sert de bar pour la soirée et me sert deux verres d’eau. Je retourne vers Caleb et lui donne un des deux verres.

« Santé ! » je lui dis avant d’engloutir le contenu de mon verre.

Il fait de même. Et nous continuons la soirée avec les autres, tout en buvant d’autres verres d’eau. Un des amis de Caleb m’invite à danser sur deux ou trois morceaux de musique et je m’amuse à virevolter à ses côtés de plus en plus légère. En effet, pour l’occasion – et aussi, en partie parce que l’eau-de-vie de la soi-disant Lexi est dégoûtante – j’ai utilisé sur quelques verres – parce que mon pouvoir ne fonctionne pas à tous les coups – un petit sort me permettant de rendre alcoolisé les boissons sans en altérer le goût. Du coup, c’est bon – et pas dégoûtant comme l’eau-de-vie de la soi-disant Lexi. Le seul risque – si on peut appeler ça comme ça – c’est qu’on ne se rend pas compte de l’alcool ingéré et on a vite fait d'avoir la tête qui tourne. Comme c’est mon cas en ce moment. J’ai évidemment essayé de le faire sur des verres d’autres étudiants – dont ceux de Caleb et ses amis – je ne sais pas si cela a eut l’effet escompté. Caleb a l’air dans son état normal. Un peu grognon. Mais normal. Ces amis. Je ne les connais pas, alors il m’est difficile d’en juger. Certains sont plus joviaux que d’autres mais à part ça …

Un de mes talons glisse et je m’étale au sol. Je n’ai pas le temps de me relever – on est bien sur le sol ! - quand je sens des bras me soulever. Je tourne la tête vers leur propriétaire : il s’agit de Caleb.

« Je crois que tu en as assez pour ce soir. »

« Mais attends, la chanson n’est pas finie ! »

J’essaie de me débattre, de revenir sur la piste de danse improvisée, mais il m’entraîne à part. Je titube derrière lui et nous débouchons sur un petit balcon. Il y a déjà quelques étudiants qui parlent tranquillement mais l’air frais du soir me fait du bien.

« Tu aurais pu me laisser terminer la chanson. » fais-je en ronchonnant.

Pour attester de ma mauvaise humeur, je croise les bras sur ma poitrine et le regarde avec un air renfrogné.

« Crois-moi, elle était terminée depuis longtemps ta chanson. Et arrêtes de me regarder comme ça, on dirait un poisson mort. »

Pendant que j’ouvre la bouche, éberluée par sa comparaison, il éclate de rire et me prend dans ses bras. Je sens ses bras autour de moi. Je sens leur puissance et son odeur. Tout l’alcool que j’avais pu ingérer disparaît d’un coup. Aucun garçon ne m’avait enlacée de la sorte ! Et me voilà là. A Basphel. A une soirée étudiante sauvage. Bien éméchée et entrain d’apprécier un câlin avec le gars qui me donne des idées lubriques depuis quelques jours !

Il continue pendant quelques minutes à me bercer doucement. Je sens son haleine sur ma joue. Je n’ose plus bouger. Et en même temps, je n’ai pas envie qu’il est l’impression de faire un câlin à un parpaing.

« J’ai une surprise pour toi. » me déclare-t-il doucement.

Je relève la tête vers lui, toujours collée contre lui. Sa bouche n’est qu’à quelques centimètres de la mienne…

Il s’écarte soudain, me libérant de son emprise. Déstabilisé, il toussote en se touchant le torse, comme s’il ne savait plus trop quoi faire de ses mains. De mon côté, c’est le vide sidéral. Je n’arrive pas à comprendre ce qu’il vient de se passer. Mais je sais ce qui aurait pu se passer. Et cela me fait monter le rouge aux joues. Pour me les rafraîchir, je pose mes mains dessus. Cela ne sert pas à grand-chose car elles sont moites, mais cela me donne un peu de contenance. J’entends Caleb me demander de l’attendre pendant qu’il va me chercher sa fameuse surprise. Une fois qu’il est parti, je serre la rambarde du balcon le plus fort possible afin de me ramener sur la terre ferme. J’ai l’impression d’avoir la tête toute engourdie et je ne crois pas que cette fois, ce soit l’alcool qui en soit la cause.

Je ne sais pas si je peux dire que j’ai des sentiments amoureux pour Caleb, mais il ne fait maintenant plus aucun doute que je le désire. Durant cette semaine, je n’ai pas vu d’autres filles lui tourner autour, donc je suppose qu’il est célibataire, ce qui me laisse le champ libre, bien que ça ne m’aurait en aucun cas gênée qu’il soit déjà avec quelqu’un. Je n’arrive cependant pas à le cerner totalement. Je pense qu’il avait envie de m’embrasser. Sinon pourquoi m’aurait-il pris dans ses bras comme ça ? Et je ne parle même pas de la durée du câlin qui était beaucoup trop long pour être qualifié de câlin amical ! Je n’ai certes pas beaucoup d’expériences sur le sujet, mais je pense qu’il est aussi attiré par moi, que moi par lui. Ce n’est que lorsque j’ai pensé à ses lèvres qu’il s’est détaché de moi.

C’est sûr cette réflexion que Caleb revient portant dans ses bras une boule noire. Dans la pénombre, je crois à un morceau de tissu, mais lorsque je vois la forme bouger, je réalise ce que c’est. Je regarde alors Caleb étonnée et agréablement surprise qui m'observe avec un grand sourire.

« Tiens, j’ai pensé que ça pourrait te plaire. » me dit-il en me tendant la boule noire. « Ca te permettra de te souvenir de ton voyage à Basphel. »

Je tend les bras vers lui et prend délicatement le chat noir de l’animalerie. Ce dernier me regarde et j’ai l’impression qu’il me sourit également.

« J’avoue que je ne sais pas quoi dire. » fais-je sans savoir trouver les mots.

« Un « merci » serait de circonstance, je pense. » déclare-t-il solennel avant de me pousser gentiment avec son épaule.

« Merci. » je souffle. « Comment as-tu su ? »

« J’ai deviné. »

Il se rapproche un peu plus de moi et grattouille la tête du chat.

« Comment tu vas l’appeler ? » me demande-t-il ensuite.  

Je pose l’animal sur le sol à côté de moi. Ce dernier s’assoit et commence à faire sa toilette.

« Je ne sais pas encore. Je lui demanderai plus tard. Quand il sera prêt. » fais-je en regardant le chat.

« Tu lui demanderas ? Comment ça ? »

« Je ne suis pas la seule à avoir des pouvoirs secrets. » dis-je en reportant mon attention vers Caleb. « Et je crois connaître le tien. »

« Ah bon ? Fais-moi rire. »

Je pense alors très fort à la réponse et le regarde attendant une réaction de sa part. C’est quand je le vois sourire et acquiescer de la tête que je m’approche de lui. Je pose mes mains sur son torse, me met sur la pointe des pieds et pose mes lèvres sur les siennes. Au moins, je ne pourrais pas dire que je n’ai pas profité totalement de cette soirée.
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