Ne suis-je point agaçant d’ainsi vous poursuivre ? Sans doute. Malheureusement, c’est encore moi qui hanterai vos pensées en ce jour. Laissez-vous porter par le son chaud de ma voix, laissez-vous convaincre par ceux qui devinrent la passerelle entre le monde des Vivants et celui des Morts. Les Chamans ne furent guère ma création mais celle de mon opposée. Ils naquirent avec Elle, voyant le jour de l’idée folle d’un Démon qui murmura à l’oreille d’une Déesse assez imbue de sa personne pour conférer un souffle de Vie à tout un peuple ; et quel peuple ! Un peuple de croyants, de fidèles, un peuple qui contribua à la gloire des Ætheri bien avant que leurs cultes ne redeviennent vitaux pour les Terres du Yin et du Yang. Aussi, il n’y a de bien ou de mal aux yeux des Chamans qu’à travers leur religion. Sacrifier n’est guère interdit s’il s’agit de la volonté des Dieux, tout comme le fait d’aimer peut être une offense à certaines Divinités. Leur vie est rythmée par le bourdonnement des tambours des tribus, agrémentée de la présence des Esprits qui tourbillonnent autour de ces êtres extraordinaires ayant la particularité de communiquer avec eux. Telle est la deuxième race placée sous ma protection, une race que je vous déconseille d’essayer d’ébranler ; car la Mort ne pardonne pas.

Note : La fiche de race des Chamans doit obligatoirement se lire avec les différents sujets présents dans le sous-forum, sujets qui seront nécessaires à l'évolution de votre personnage. Un Chaman ne peut être solitaire. Sa vie se déroule au sein d'une des tribus chamaniques dans laquelle il doit évoluer. L'ordre de lecture se fera, de préférence comme suit : Mœurs, concepts et coutumes - Peintures chamaniques - Rituels - Tribus. Attention : la fiche des Chamans et le sous-forum sont très axés religion, sacrifices, sexualités, tortures. Si vous êtes sensible de manière générale, vous pouvez ne pas lire étant donné que la race des Chamans est très peu connue.

Mitsuko
Avec la participation éloquente de Devaraj

Croyez-moi sur parole, le Roi des Chamans est le plus indétrônable des Souverains, et ce depuis le commencement. Réputé choisi par les Ætheri eux-mêmes, il ne peut être trahi, il ne peut être trompé car quiconque s’aventurerait dans le chemin tortueux du complot insulterait les Divinités et devrait en payer le prix. Le pouvoir s’acquiert par les signes qu’envoient les Dieux et il se perd de la même manière. Aussi, les Chamans sont soumis au Maître des Esprits qu’ils voient comme un être suprême et divin. Sa parole est la seule qui mérite d’être suivie et les chefs des Tribus sont dévoués à sa personne. L’évolution des membres de la race est cyclique, liée à l’appartenance auxdites Tribus et aux connaissances acquises sur le monde des Morts. Les rituels et les cérémonies rythment la vie du Chaman et il ne peut évoluer qu’en répondant aux attentes des Grands, aux signes des Ætheri.

Les Barnœska (Niveau I) sont le plus souvent des enfants et des adolescents. Par le passé, le plus faible rang hiérarchique de la race chamanique était réservé à des adultes d’autres peuples, transformés par désir de rejoindre la communauté. Ce temps est à présent révolu, croyez-moi, et la majorité de ceux qui portent ce titre sont en bas âge. Faibles et incultes, comme tous les êtres qui doivent encore apprendre de la vie, ils trouvent au sein de la tribu dans laquelle ils sont nés un mentor qui aura comme devoir de leur expliquer les us et coutumes de la race. L’apprentissage du divin est important. Un bon Chaman ne peut exister aux yeux des autres que si ses connaissances des Ætheri sont grandes. Généralement transformé à la naissance, les Barnœska voient les Esprits et apprennent à les côtoyer pendant leur croissance. Les adultes transformés, bien que rares, doivent également se plier à ces règles. Ils ne pourront évoluer hiérarchiquement que lorsque leur mentor aura décidé qu’ils sont prêts et que le temps est venu.

Un Barnœska ne peut devenir Hunkor (Niveau II) que lorsqu’il a réussi le passage à l’âge adulte. Le mentor est le seul habilité à juger le Chaman prêt pour effectuer le voyage qui scellera en partie son Destin. En effet, c’est lors de ce dernier que celui qui était considéré jusqu’à présent comme un enfant va pouvoir évoluer. Lâché dans le monde, le Barnœska devra trouver celui qui sera son Hozro et qui l’accompagnera tout au long de sa vie. Le temps est limité et il devra apprendre d’une même traite à utiliser le don lui permettant de fusionner avec l’Esprit élu. Une fois la fusion accomplie, alors il devient adulte et Hunkor. Un choix important devra être fait à ce moment-là. À mon époque, les tribus n’avaient guère autant d’influence. Aujourd’hui elles sont au cœur du monde chamanique et de plus en plus nombreuses, si bien qu’un Chaman ne peut ni vivre ni évoluer sans elles. Au cœur du système, il a grandi dans une tribu et il devra, une fois adulte, choisir d’y demeurer ou d’en changer selon ses convictions les plus intimes, selon ce que les signes lui murmureront. Il ne pourra plus revenir sur sa décision ensuite, car le rôle qui sera le sien et la voie qu’il aura choisie d’emprunter auront été décidés pour lui par les Divins. Au sein de la tribu, le Chaman apprendra enfin les spécificités concernant celle-ci. Il devra se soumettre à ses règles et observer les anciens afin d’apprendre de leur savoir et perfectionner sa magie. Son rôle sera minime mais plus important qu’il ne l’était précédemment.

Laissez-moi vous présenter l’une de mes épreuves favorites : un jeu dangereux entre la Vie et la Mort. Jusqu’ici, la vie d’un Chaman ne présentait nul intérêt, du moins, à mes yeux. Personnellement, je trouve qu’un être prend de la valeur lorsqu’il a connu le pire, lorsque son corps et son esprit commencent à lui échapper. Le rang de Hyggja (Niveau III) sonne le glas d’une torture effroyable que devra vivre le Hunkor s’il souhaite évoluer parmi les siens. Pour autant, quand bien même l’épreuve serait-elle passée, la malédiction de Sympan s’abattra bien vite sur le nouveau Hyggja ; mais chaque chose en son temps, n’est-ce pas ? Après de nombreux rêves où la symbolique des gouttes sera omniprésente, le Hunkor saura qu’il est temps pour lui de boire le Ghaäm, un poison si nocif que sa vie sera menacée. Alors, durant des jours et des nuits, il dansera avec moi, fiévreux et nauséeux, hanté par des cauchemars et des rêves à la signification folle et improbable, contradictoire. Certains meurent, d’autres vivent, certains mieux que d’autres car le Ghaäm peut laisser des séquelles, des troubles handicapants. Une fois sortie d’affaire, le Chaman sera considéré digne de fusionner avec un deuxième Hozro. Il possédera également une place plus importante au sein de sa tribu et deviendra libre de parcourir les Terres du Yin et du Yang pour chercher à accomplir les requêtes des Esprits. Pour autant, il sera rattrapé bien vite par la Málaferli, la vengeance de Sympan, un mal qui est amené à toucher tous les Chamans. Pour autant, la beauté des croyances de ce peuple fait que la malédiction est devenue pour eux un véritable honneur, un signe de leur soutien aux Ætheri. Ainsi, de façon lente mais certaine, le corps du Hyggja commencera à se couvrir d’un dessin brun, fait de lignes brisées et de courbes, symbole de la trahison passée de sa race. Les séquelles psychologiques ne se feront guère sentir tout de suite, laissant du temps au Chaman.

Un Hyggja ne devient un Vinr (Niveau IV) qu’après une cérémonie bien spécifique. Jadis, cette dernière n’existait pas car l’endroit qui en est l’objet principal ne s’était guère encore révélé aux Chamans ; un monde à part, celui qu’Edel et moi-même partageons : le Monde des Esprits. Ainsi, l’Au Delà est un véritable mystère pour la plupart de ceux qui côtoient les Morts. Il ne peut apparaître que lorsque l’être est prêt et lorsque sa magie est suffisamment grande pour que son Esprit puisse sortir de son propre corps, seule cette forme éthérée permettant de rejoindre la terre promise. Une fois revenu dans le monde des Vivants, l’ancien Hyggja sera devenu un Vinr. Ses responsabilités au sein de sa tribu se voient décuplées. Ainsi, il devient l’un des prêtres de l’Æther vénéré par la tribu et officie les rituels. Pour la première fois de son existence, il pourra effectuer des missions pour le Souverain lui-même, un véritable honneur chez les Chamans car ce dernier est la représentation du Divin. Un Vinr devra également, au moins une fois pendant son office, accompagner secrètement un jeune Chaman pour son passage à l’âge adulte. De ce fait, il le suivra pendant le temps imparti afin de s’assurer qu’il ne lui arrive rien, qu’aucun Esprit Parasite profitera de son manque d’expérience pour détruire son Esprit et prendre sa place. Inutile de souligner que quiconque arrivera à convaincre ces derniers de servir ses intérêts pourrait bien réussir à contrôler le monde. Mon œuvre ne fut qu’une esquisse à l’intention de mes successeurs et celui qui réussira à la finaliser gagnera également mes faveurs. Quoi qu’il en soit, penser que le Vinr est un être sans tourment serait se tromper lourdement. Sympan ne fit guère les choses à moitié et la Málaferli ne cesse de grandir, s’en prenant au psychisme de ses victimes sans aucune gêne. Ainsi, plus le Vinr deviendra puissant, plus le temps passera, et plus son Esprit sera la cible de nombreux maux. La paranoïa se joindra aux addictions diverses et variées. Les Morts et les Vivants apparaîtront comme semblables aux yeux du Chaman qui connaîtra un mal-être conséquent pouvant l’amener à tuer pour se protéger des illusions le poursuivant. Ses pouvoirs flancheront parfois, l’obligeant à se retrouver amoindri. Il n’y aura qu’une porte de sortie : vaincre la Málaferli, une épreuve terrible, encore une.

Ainsi, pour prétendre au titre de Draugr (Niveau V) ou Médiateur des Morts, le Chaman va devoir vivre un véritable supplice. À vrai dire, je me demande qui d’Edel ou de moi-même l’individu supplie le plus à ce moment précis. Supplier de vivre. Supplier de mourir. Le fil entre la Vie et la Mort est si fin, comme deux amants qui valseraient tout en essayant d’emporter l’autre en son Monde à jamais. Croyez-le ou non mais certains Chamans attendent que les marques de la Málaferli aient presque entièrement recouvert leur corps, signe de leur résistance, signe de leur croyance absolue et de leur soumission aux Ætheri. De ce fait, ils se battent au quotidien contre leurs maux, avançant dangereusement vers les bras de la Mort. Quand le Vinr le décide, alors le supplice commence. La cérémonie se passe généralement dans le silence à l’exception du bruit d’un unique tambour qui résonne de façon monotone. Un cercueil est sculpté dans du bois, cercueil au sein duquel le Vinr prend place. Il boit alors de nouveau le Ghaäm et s’allonge pour être enterré vivant. L’épreuve est atroce. Plongé dans le noir, avec très peu d’air pour respirer, son corps subira d’atroces souffrances, la fièvre le faisant délirer. Il s’endormira et le songe qu’il fera sera déterminant. S’il peut sembler durer des années au Chaman, en réalité il n’en est rien. Les épreuves qu’il subira dans ce cauchemar sont si atroces et si nombreuses que le corps finit souvent par lâcher. Si par bonheur le Chaman survit au rêve et se réveille, il lui faudra regagner de par sa propre force la surface, détruisant le cercueil et creusant la terre pour retrouver la chaleur du soleil ou la douceur de la lune. Alors il deviendra un Draugr, sera débarrassé de la malédiction de Sympan et deviendra digne de diriger une tribu chamanique et de contribuer à la pérennité du peuple. En effet, les chefs de tribu s’adonnent de façon cyclique, à l’exception de celui de la tribu Raya, à un coït, le Roi pouvant y participer s’il le souhaite. Plus ce dernier dure longtemps et est passionné, plus la race connaîtra un développement démographique important. En effet, ce rituel spécifique a la particularité de faire tomber enceinte de façon miraculeuse, tel un don des Ætheri, la majorité des femmes de la race. Inutile de signaler ô combien Edel est priée lors de cette union.

Le Hǫfðingi (Niveau VI), ou Maître des Esprits, est l’Élu des Dieux et, ce, depuis toujours aux yeux des Chamans. Le Souverain est semblable aux Ætheri car choisi par eux. Ainsi, sa parole est d’or et personne n’oserait la remettre en question. À dire vrai, je me ferai même un plaisir malsain d’enterrer quiconque aurait le culot de prétendre à cette fonction sans mon consentement. Les comploteurs sauront me trouver sur leur chemin et celui qui en douterait en serait très désagréablement surpris. Qu’importe le mode de désignation du Roi, celui-ci possède toujours un caractère sacré, tous les signes convergeant vers sa personne. Une fois le peuple rassemblé en une même certitude, alors un animal gigantesque apparaîtra, un Corbeau ou une Colombe, symboles ô combien connu des Chamans. Le corbeau indique en réalité ma préférence, la colombe celle d’Edel. En de rares occasions, les deux apparaissent, signe de notre accord le plus absolu. Ce dernier étant muni d’un collier corporel, les Chamans y attacheront une corde en cuir qui reliera l’animal au futur Souverain qui se sera fait attacher des anneaux à même la peau au préalable. L’homme ou la femme devra donc se mettre à danser tout en tirant sa charge qui se débattra au rythme des cris chamaniques et de la musique. Faite pour tester la force et la détermination du Hǫfðingi en devenir, l’épreuve ne se terminera qu’une fois que la corde aura lâché, soit du côté de l’animal, soit du côté de l’Homme. Il est apprécié que les anneaux s’arrachent afin que les signes des efforts du Roi restent visibles de tous. Alors, l’animal foncera vers le corps épuisé du Maître des Esprits et le traversera, le couronnant de ce fait. La fête qui s’en suivra durera des jours et les chefs des tribus viendront lui présenter leur hommage et lui confier leur Destin. En effet, le Hǫfðingi contrôle les tribus, les guides et possède le pouvoir d’en créer de nouvelles ou, au contraire, d’en annihiler dans le cas où l’une d’elles se serait perdue dans un chemin erroné. Il mène les rituels les plus importants et possède la Malédiction d’Ezechyel, un don redouté tant ce qu’il représente est terrible pour les Chamans. Capable de donner une forme tangible aux Esprits, le Souverain est à la tête du plus important réseau d’espionnage des Terres du Yin et du Yang, à la seule condition que les Esprits coopèrent, bien entendu.

Précédemment, je vous disais que la race des Ombres était secrète. En effet, elle l’est, sauf pour quelques autres races dont les Chamans, et ce depuis la signature du Pacte. Celui-ci était inévitable, pour la bonne et simple raison que les Chamans sont à même de communiquer avec les Esprits et que, ces derniers, ne craignent en aucun cas ni la Vie, ni la Mort. Dans un Monde immatériel, ce qu’ils disent ou non dépend de leur volonté et les annihiler totalement n’est pas une menace sérieuse pour ces derniers. De ce fait, il a été décidé, sous le règne de Seth Taiji, que les deux races devraient sauvegarder leurs secrets respectifs et contribuer au bon déroulement du Cycle. Ainsi, les Chamans taisent l’existence des Ombres et veillent, comme elles, au Secret, et les Ombres expliquent brièvement à l’Esprit, une fois sorti de l’Âme ce qu’il en est à présent. Aussi, les Ombres n’ont pas à se cacher vis-à-vis des Chamans, ce qui fait de ceux-ci des interlocuteurs de choix, bien que les mœurs des deux peuples soient en totale opposition.

Ceci étant dit, qu’est-ce qu’un Chaman au juste ? Race très peu connue, même encore aujourd’hui, les Chamans sont nés de la lubie d’une Déesse, inspirée par quelques idées en provenance d’un Souverain. Aussi, on ne naît pas Chaman, on le devient. Jadis, les Maîtres Chamans étaient choisis parmi les autres races, faute d’individus compétents dans le nouveau peuple. La tradition s’est perdue pendant mon règne, fort heureusement car cela créait des ingérences mal venues. De même, si précédemment les nouveaux Chamans étaient le plus souvent des adultes consentants, les choses ont bien évolué. Aujourd’hui, les membres de la race sont assez nombreux et regroupés pour augmenter leur démographie par la procréation. Peu importe la race de l’autre parent, le Chaman insistera toujours pour garder l’enfant et pour qu’il soit transformé à la naissance. Si les mariages mixtes sont tolérés, ils ne sont pas si fréquents, dans un souci de conserver les us et coutumes de génération en génération et d’éviter tout problème concernant le bébé. Les Chamans ne supportent pas que leurs enfants leur soient enlevés. Aussi, la vie du Chaman s’articule autour de l’Île Maudite. Un être nouvellement transformé fera partie d’une tribu dans laquelle il évoluera. De manière générale, un Chaman reste dans sa tribu de naissance jusqu’à ce qu’il soit considéré comme adulte. Ensuite, un choix devra être fait. Il existe à ce jour dix tribus principales : Raoni, Alsea, Aylimr, Kazak, Mior, Raya, Souw, Nyam, Kawa’Kar et Delawan, chacune gérée par un chef qui doit rendre des comptes au Suprême de l’Au Delà. Certaines sont secrètes, d’autres accessibles qu’aux Chamans expérimentés mais, quoi qu’il en soit, un Chaman ne peut vivre sans une tribu d’appartenance. C’est au sein de celle-ci qu’il apprendra l’histoire de sa race, le lien existant avec les Esprits et qu’il pourra trouver le chemin qui conduit aux Ætheri.

Les Chamans se distinguent des autres races par leur particularité. En effet, ces derniers peuvent voir les Esprits et communiquer avec eux. Invisibles pour le commun des Mortels, les Esprits sont pourtant bel et bien présents sur les Terres du Yin et du Yang et, ce, depuis l’Ère de l’Aurore Édénique. Regroupant tous les individus morts depuis la création du Monde, ils sont indénombrables tant la Vie et la Mort se sont données le change. Être un Chaman signifie s’habituer à leur présence car les Esprits sont partout, capables de s’infiltrer dans l’intimité des Souverains sans être jamais inquiétés. Les Esprits sont une aubaine pour quiconque sait les amadouer car ils voient et entendent énormément de choses. Espions de par leur condition, ils donnent aux Chamans un atout indéniable. Cela dit, les Esprits sont également malins et, généralement, une information exige une rétribution. Les Chamans possédant le don de fusionner avec ces derniers, là se trouve souvent le prix à payer. Immortels, immatériels et invisibles pour les autres races, les Esprits sont libérés de l’Âme des morts par les Ombres et errent dans le Monde, rejoignant parfois l’Au Delà, une terre divine de ma création et de celle d’Edel. Un Esprit possède le plus souvent l’apparence qu’il se préférait de son vivant ou celle qu’il possédait juste avant de mourir.  

Chose importante, les Chamans sont accompagnés au quotidien par des Esprits qui sont nommés Hozro, ou Esprits compagnons. Le premier Hozro acquis par un Chaman l’est après son passage à l’âge adulte. Ce dernier devra fusionner avec l’Esprit qui lui sera alors lié jusqu’à la fin de sa vie. Un Chaman peut posséder en tout trois Hozro, le nombre croissant en même temps que sa puissance. L’Esprit gagne à cette union car il devient alors visible pour le commun des Mortels, forme éthérée qui pourra également communiquer avec eux une fois que le Chaman aura atteint le rang de Vinr. De même, le Hozro du Roi peut devenir tangible, acquérant une sorte de nouvelle vie après la mort, sans pouvoir la rencontrer de nouveau. Il devient également le Roi des Esprits. En échange de ces dons, l’Esprit s’engage à aider le Chaman dans sa quête.  

Premier don des Chamans, la Fusion des Deux Esprits permet à ces derniers de fusionner avec tous les Esprits qui croisent leur chemin, à condition que ces derniers le souhaitent. Ils peuvent également les invoquer, seulement s'ils connaissent leur identité. Là où la fusion avec le Hozro est différente des autres fusions concerne la puissance du Chaman. Dans tous les cas, les deux Esprits, celui du Chaman et celui du défunt, fusionnent pour ne former qu’un. Ainsi, la psychologie du Chaman s’en trouve modifiée et il entre en communion avec le Mort. L’état est difficile à décrire, comme un tout formé de plusieurs parties. Avec le Hozro s’ajoute un gain de puissance pour le Chaman et la découverte de nouveaux dons qui se substituent aux anciens. [Les points de spécialité du Chaman s’additionnent aux points de spécialité de l’Esprit. Le Chaman perd ses pouvoirs de base au profit des quatre derniers pouvoirs de l’Esprit compagnon].

L’Arme et L’Esprit est le second don des Chamans. Il leur permet de se battre de façon efficace en faisant fusionner leur Hozro avec une arme, n’importe laquelle. L’arme, ainsi douée d’une conscience propre, devient puissante et performante. Le premier pouvoir de l’Esprit Compagnon entre en jeu, créant une arme magique. Aussi, l’arme n’est pas obligée de se tenir dans les mains du Chaman pour fonctionner efficacement. Agissant seule ou de concert avec ce dernier, elle lui permet, dans le premier cas, de doubler ses chances de victoire en créant un opposant de plus à son adversaire.

La Séparation de l’Esprit est une magie particulièrement intéressante, de loin ma préférée, celle qui permet de s’immiscer dans le quotidien des êtres sans se faire remarquer et d’extraire des scènes de leur vie tous leurs petits secrets. Ce don permet au Chaman de faire sortir son Esprit de son corps. Sous forme éthérée, invisible, impalpable et immortel, il pourra alors observer quiconque croisera son chemin. Bien entendu, cette forme ne permet nullement une interaction mais qui n’a jamais rêvé d’entrer dans les coulisses du pouvoir, d’espionner les Grands en secret ? Dans un premier temps, le Chaman devra faire attention au corps qu’il laisse derrière lui car, sans défense, un Esprit malin, notamment un Parasite, pourra s’en emparer, coinçant le Chaman dans le Monde des Morts. De même, un corps à l’abandon peut mourir s’il n’est pas alimenté. De façon générale, les Chamans demandent à leur Esprit Compagnon de garder leur corps le temps de leur mission. Néanmoins, à partir du rang de Vinr, le Chaman pourra se transformer entièrement en Esprit, son corps disparaissant au profit d’une forme spectrale. Les dangers précédemment évoqués seront alors écartés.

Le Lien Divin est un don obsédant particulièrement les Chamans. Ils ne le contrôlent pas, contrairement à leurs autres pouvoirs. Le Lien Divin intervient pour faire entendre, montrer ou ressentir au Chaman les volontés des Dieux ou des Esprits. Ils seront toujours incapables de savoir exactement qui communique avec eux ou si ce qu’ils captent est bien un essai de communication. Le Lien Divin se caractérise par des visions sous forme de flashs, par des songes emplis de signes divers et variés. Il peut également s’illustrer dans l’environnement de tous les jours, les animaux, les couleurs, les directions et tout un tas d’éléments ayant une signification particulière pour le peuple chamanique. Plus le Chaman est haut placé, plus les signaux des Ætheri viendront le hanter, sans pour autant qu’il en soit certain. Don fait de doutes et de faux semblants, décrypter les visions et les rêves est un travail à part entière chez les tribus. Les Chamans s’adonnent à des rituels et des prières pour honorer les Divinités et essayer d’établir un contact entre elles et eux.

Fondamental, le Don d’Edel est ce qui a permis aux Chamans de se développer sur les Terres du Yin et du Yang. Simple pouvoir de soin pour les Chamans les plus faibles, il leur confère l’Éternité lorsqu’ils atteignent le rang de Vinr. De même, le Don d’Edel est la magie permettant aux Chamans les plus expérimentés de transformer tout un chacun et les nouveaux nés. Ainsi, ils deviennent des Maîtres Chamans, récitant la formule consacrée : « Moi, X, ton maître, en ce jour je te fais devenir l’un des médiateurs entre le Monde des Vivants et celui des Morts. Je t'offre les dons qui te permettront le contrôle de ces derniers. A cet instant, tu deviens et tu resteras Chaman. Par ce tatouage, tu acquiers tes pouvoirs et ton ethnie. ». Un tatouage apparaîtra alors sur une zone du corps du nouveau Chaman, prouvant son appartenance à la communauté.

La déchéance de l'Au delà et la fin des Gardiens Immortels.

L'Au Delà fut créé par le Dieu de la Vie et celui de la Mort afin que les Esprits ne se promènent pas parmi les Vivants. Bien entendu, aucun Esprit ne pouvait déjà à l'époque les côtoyer de façon tangible mais il était certain que leur présence pour les Dieux était problématique car la distinction entre Vivants et Morts était difficile à faire. Parmi les Mortels furent choisis sept gardiens : Daniel, Ezechyel, Mickaël, Azraël, Amiel, Noël et Myrielle, cette dernière étant la seule femme du lot. Ces Mortels avaient tous un lien avec la Mort, attirés inexplicablement par cette dernière. Ils n'étaient que des Humains mais de leur corps se dégageait quelque chose d'étrange, quelque chose d'effrayant. La légende raconte qu'ils pouvaient voir combien de temps il restait à vivre à chaque personne, qu'ils pouvaient ramener quiconque à la vie et, enfin, qu'ils étaient éternels. Ces êtres éternels furent érigés en Gardiens Immortels. Ils étaient sans doute semblables à des Dieux mais quelque chose faisait leur faiblesse : si jamais ils sortaient un jour trop longtemps de l'Au Delà, alors ils perdraient leur immortalité, leur mémoire et deviendraient quelque chose d'autre, ni Humain ni Esprit, un statut entre les deux. Cela ne devait se réaliser, bien entendu, les Dieux ayant tout prévu. Chacun des élus eut la possibilité de prendre l'apparence de son choix, certains choisissant le physique rêvé alors que d'autres prenaient une apparence effrayante. Ils devaient donc garder l'Au Delà, s'assurer qu'aucun Esprit n'en sorte et, également, construire des infrastructures nécessaires à la vie de ces derniers. Ainsi, une véritable ville naquit, une ville avec ses environs, tout ceci créé dans l'immatérialité pour les vivants, invisible à leurs yeux. Seuls les morts pouvaient toucher l'Au Delà car il était fait de la même matière qu'eux, une matière semblable aux rêves. Ainsi, ils pouvaient vivre, manger, avoir une vie sociale, loin du monde des vivants. Bien sûr, personne ne savait rien de l'Au Delà avant de mourir et personne ne pouvait communiquer d'informations sur lui une fois mort. Cela dit, à cause d'un Dieu trop bavard qui en avait parlé une fois à l'un de ses fidèles, le monde des Esprits tomba dans la connaissance des Mortels des siècles et des siècles après sa création, à cause d'un livre écrit par ledit fidèle. Ce fut pendant l'ère du Yin et du Yang et l'apparence des sept gardiens fut découverte en même temps que le reste. C'est à cette époque qu'une femme esseulée s'y intéressa de plus près, constatant avec étonnement que l'un des gardiens ressemblait comme deux gouttes d'eau à son amant, celui qui était parti pour un monde appelé « l'ombre du cœur », à la recherche de son frère. Puisqu'il l'avait abandonné, alors elle prendrait le contrôle de ce gardien afin de le remplacer auprès d'elle. Elle devait le trouver, lui et un moyen de l'enfermer.

On ne sut jamais comment elle fit mais elle arriva à capturer et à retenir prisonnier le gardien du nom d'Ezechyel. Il était identique à son amant, en tout point, mais, malgré ses questions, il refusa de parler. Avait-il simplement croisé ce dernier quelque part et avait copié son apparence parce qu'elle lui plaisait ? Le mystère restait entier et, bientôt, il ne fut plus guère question de cela car Ezechyel oublia qui il était et ce qu'il faisait là. Il ouvrit les yeux un matin, n'ayant que cette femme comme seul repère. Elle lui dit qu'elle l'avait créé pour remplacer l'homme qui était parti et elle l'hypnotisa le temps de trouver de quoi le faire sien à jamais. La suite est une autre histoire et n'intéresse en rien les Chamans. Ce qui est important c'est le sort que connut l'Au Delà, monde construit pour être sauvegardé par sept gardiens, monde qui n'avait plus que ces derniers pour être maintenu. Contre toute attente, l'équilibre ayant été brisé par l'absence d'un gardien, la barrière qui retenait les Esprits dans cet espace céda sans que les six gardiens restants ne puissent rien faire et ils disparurent en même temps que les Esprits se répandaient sur le Monde. Beaucoup restèrent dans l'Au Delà, continuant à y vivre, mais d'autres préférèrent se répandre sur les Terres du Yin et du Yang afin d'observer les vivants avec envie.

Alors même si le monde croit que la race des Chamans fut une création sans trop d'importance, au contraire, elle en a une : restaurer l'équilibre, prendre soin de l'Au Delà et être la passerelle entre le monde des Morts et celui des Vivants.