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 Effets secondaires | Quête unique

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 20 Déc 2016, 16:39

Effets secondaires
« Le plus effrayant, ce n’est pas de changer :
c’est de ne plus se reconnaître dans celui que l’on est »

Notre groupe revenait enfin au bercail, dans le nid des Corbeaux. Je regardais leur visage s’illuminer sous la beauté du Soleil et la toison d’un bleu ciel, cherchant en moi une once des sentiments qui se reflétaient sur leurs traits, mais j’avais l’impression d’être gris comparativement à eux ; d’être gris et d’être affreusement terne, comme la pluie. Tout ça à cause de ce foutu mal de tête. Il perçut, alors, mon agacement et m’envoya une nouvelle vague de douleur que je refrénais du mieux que je le pouvais, avançant l’une de mes mains sur mon front comme si ce simple geste m’empêcherait de chanceler. Mais cette action n’échappa pas à l’œil acéré du second apprenti du groupe, Skha, qui me lança un drôle de regard. Je me forçais à sourire, je m’obligeais à jouer la comédie, prétextant aussitôt que ce n’était qu’un simple mal de tête passager, qu’il n’y avait pas de quoi s’en inquiéter : il ne me crut pas.

« Ça ne serait pas le premier… Tu es sûr que ça va aller? »

Je coulais un regard dans sa direction ; j’eus droit à un nouvel afflux d’inquiétude et de pitié de la part du Réprouvé qui, dans ses meilleurs jours, devenait encore plus chiant que les bonnes sœurs. Je me sentais agressé et agressif, mais ce n’était pas contre lui, spécifiquement, que cette rage était dirigée. J’avais l’impression d’en vouloir à tout le monde, parce qu’ils étaient trop bruyants ou parce qu’ils sentaient trop fort lorsqu’ils se tenaient à côté de moi. Je n’étais pas tout à fait encore capable d’arrêter le flux qui s’immisçait dans mon nez à chaque fois que j’inspirais et l’affaire s’avérait encore plus délicate lorsqu’il s’agissait de ne plus entendre quoi que ce soit. Je croyais, en toute franchise, que c’était ce qu’il y avait de plus difficile à gérer dans ce problème qui était mien : les bruits. Ils étaient partout. Plusieurs se répercutaient dans mes tympans comme des tambours que l’on jouerait à seulement deux centimètres de mes oreilles et si je percevais le moindre son à plusieurs, plusieurs mètres de rayon, la plupart des bruits s’avéraient n’être que de faibles bruissements, de faibles chuchotements, mais dans tous les cas, c’étaient bien eux les plus fatigants. Et les plus pénibles.

Je ne pouvais plus passer une nuit sans les entendre ronronner au creux de mes oreilles, comme des centaines de voix qui m’interpellaient toutes à la fois. J’avais beau essayer de les ignorer, de faire comme si elles n’existaient pas, j’avais failli à toutes mes tentatives, m’arrachant presque les cheveux à force de les écouter résonner dans mes oreilles. C’était une litanie qui n’avait ni de commencement et ni de fin : j’étais simplement là, au beau milieu de toute cette cacophonie instrumentale, musicale, bestiale, bacchanale, et j’essayais de m’en soustraire, mais plus je me débattais, plus leur assaut m’apparaissait violent, assourdissant, suffocant.

De plus, comme si ce n’était pas assez, comme si je n’avais pas encore subi assez de souffrances et de déplaisances, il fallait que ce mal de tête vienne prendre les devants de la scène, acclamant sa présence de mille coups de marteau qu’il me fracassait sur le crâne. Au début, j’avais mis son apparition sur le compte de la fatigue, parce que ne pas fermer l’œil pendant presque trois jours, ça laissait des séquelles. Je me disais qu’il allait vite passer s’il me suffisait de me frapper la tête pour m’évanouir et dormir enfin, parce que la folie, sincèrement, n’était plus bien loin de mon état psychologique. Et j’ai tenté le coup, vraiment.

Ça avait marché, je m’étais assoupi – enfin : c’était ma première période de sommeil depuis des jours. Il est vrai que j’aurais pu songer à quelque chose d’un peu plus intelligent pour le coup, et ce n’est pas comme si mes compagnons de route ne me l’avaient pas reproché pendant des heures suite à mon réveil, mais ce mal de tête, peu importe ce qui était survenu, peu importe les moyens, les astuces et les armes que je soulevais contre lui, ne s’était pas décidé à partir, bienheureux de séjourner dans ma cavité crânienne, cette espèce de parasite.

Depuis, il s’agrippait à moi comme une chaîne aux chevilles de l’esclave, mais à l’inverse du boulet que devait se traîner l’asservi sur son chemin, mon propre poids, quant à lui, ne pouvait s’empêcher de grossir au cœur même de mon crâne. Il enfonçait ses crocs dans mon cerveau, avalait ma matière grise, me rendait parfois complètement aliéné tellement il me faisait mal que j’en devenais complètement incontrôlable. J’avais beau crier, me rouler de tous les bords et de tous les côtés, me fracasser le crâne contre les murs, le plancher, me mutiler pour changer le mal de place, il y avait toujours un esprit éclairé non loin de moi qui attendait que je fasse ma crise pour venir m’arrêter. Ensuite, il ramenait le reste de la meute pour me calmer, pour que j’arrête de hurler, pour que je me calme, que je respire, que je les écoute, mais j’avais si mal, si mal, que même leurs voix ne me parvenaient que par bribes. Je ne voyais pas comment me calmer, je ne voyais pas comment je pouvais aller contre les désirs de ce mal qui m’envahissait et me dévorait.

Il se faisait de plus en plus grand, de plus en plus embarrassant, engloutissant le peu de lumière que j’avais encore dans la tête pour me plonger dans des ténèbres pires que celles qui dansaient en Enfer. Parce que l’Enfer ne me compressait pas le crâne comme ce mal le faisait, ne me faisait pas sentir comme une proie littéralement embrochée dans les crocs d’un prédateur comme ce mal le faisait, ne me torturait pas comme ce mal le faisait. Violemment, comme si le provoquer l’avait mis en colère, le mal se fit plus puissant et je me crispais instantanément, me pliant en deux. Aussitôt, Skha sauta dans ma direction, réitérant sa question d’une inflexion paniquée avant que je le repousse pour pouvoir me prendre le crâne à deux mains, sentant le mal s’étendre, prendre possession de mon visage, de mes membres, de l’ensemble de mon corps.

« LES GARS! LES GARS! Cria l’apprenti Chasseur aux quatre Corbeaux qui avaient pris les devants et qui s’arrêtèrent brusquement aux hurlements de l’apprenti.

- m*rde! »

Rakim fit rapidement demi-tour et fila droit dans notre direction, rejoignant nos côtés avant même que l’un des trois autres membres du groupe ne puisse bouger le petit doigt.

« Ça recommence! Siffla-t-il en serrant les dents, voulant s’approcher de moi, mais je le repoussais comme je le pouvais, tout comme je l’avais fait avec Skha, reculant de plusieurs pas maladroits pour ne pas qu’ils me touchent, pour qu’ils s’éloignent, dégagent…

- Ne me touchez pas! Ça fait mal, p*tain! Ça fait mal!

- Encore ce mal de tête? S’exclama Affray, le Chasseur, en tournant son regard vers son apprenti, qui confirma d’un hochement de tête, mais avant même que quelqu’un d’autre puisse parler, je me mis à hurler, à reculer, à délirer.

- Ce n’est pas la tête! Ce n’est plus la tête!

- C’est tout son corps… »

Quatre paires d’yeux se tournèrent, d’un seul bloc, vers Byeil, l’Alchimiste aux cornes de cerf, qui, sans rajouter quoi que ce soit, se mit à fouiller dans sa sacoche.

« Nous n’avons pas de temps à perdre. Maintenez-le solidement.

- Mais qu’est-ce qui lui arrive?! Je croyais que son corps s’habituait aux mutations! S’inquiéta Ley, le Spécialiste, en me voyant soudainement trébucher, mais le Bélua ne répondit pas à sa question, extirpant plutôt une fiole de sa besace avant de se tourner dans leur direction.

- Pas aussi bien que nous le croyions. C’était inévitable. Nous avons supposé que tout allait bien et nous avons baissé notre garde. »

Il aurait tout aussi bien pu accuser simplement Rakim, mon mentor, de ne pas avoir suffisamment porté attention à mon état, mais Byeil n’était pas de cette espèce-là. Nous formions une équipe et en tant qu’entité commune, nous étions tous responsables les uns envers les autres : il n’y avait pas d’hypocrisie. Skha me fixait intensément, n’osant pas faire le premier pas dans ma direction, mais Rakim posa une main sur son épaule et ils eurent un rapide contact visuel dans lequel le Réprouvé pouvait y lire toute l’anxiété de l’Orisha borgne.

« On va l’aider. Fais confiance à Byeil.

- Ce n’est pas que je n’ai pas confiance en lui : j’ai simplement peur de blesser un camarade…

- Si nous le laissons dans l’état qu’il est actuellement, nous lui ferons encore plus de mal, dit-il avant de se tourner vers Ley et Affray. Je m’occupe de maintenir sa tête.

- Je prends son bras gauche.

- Ses jambes.

- Son bras droit. »

Et, comme un seul homme, ils se jetèrent sur moi pour m’arrêter. Mon visage s’enflammait et j’avais l’impression que tout mon corps se joignait à mon agonie, hurlant toute la douleur que je sentais vibrer dans chacune des cellules de mon organisme.

« Lâchez-moi! LÂCHEZ-MOI! »

Je me débattais parce que je suffoquais, parce que je me noyais. Ils ne comprenaient pas à quel point ça faisait mal, à quel point j’avais l’impression que ma peau se faisait dévorer par de l’acide! Il fallait que j'élimine le mal par moi-même, que je le combatte! Alors lâchez-moi! FICHEZ-MOI LA PAIX! LAISSEZ-MOI! Je devais l’arracher de mon corps, écraser cet insecte qui parasitait mon esprit! Mais bien rapidement, mes mains me furent enlevées de ma tête, mes jambes furent soudainement bloquées. m*rde! m*rde! Je me mis à secouer ma tête dans toutes les directions, la frappant contre le sol comme un déchainé jusqu’à ce que de grandes mains viennent la suspendre dans les airs avec fermeté. Je criais de plus belle, voyant une silhouette floue, vague, avec des cornes, s’approcher de moi.

« Bois, Miles. Tu ne sentiras plus rien après cela.

- V-Vraiment?

- Oui. Bois. »

Je ne me le fis pas dire une troisième fois. Si le mal persistait à ravager mon corps, je me détendis doucement lorsque je sentis les premières gouttes de la potion descendre le long de ma gorge, répandant une délicate et réconfortante chaleur dans tout mon être.

« Encore quelques gorgées, Miles… Voilà. »

L'Alchimiste retira lentement le bec du flacon de ma bouche alors que je sentais mon corps devenir du coton, devenir soudainement léger et mou.

« Qu’est-ce que tu lui as donné? Se questionna finalement Rakim, dont j’aperçus le bas du visage lorsque je ne parvins plus à soutenir ma propre tête.

- De l’eau avec une drogue qui devrait le rendre insensible à toute sensation pendant un moment…

- Tu ne pouvais pas simplement calmer son mal de tête, comme tu as fait durant la mission? »

Les voix étaient floues et le contour de leurs corps l’était tout autant. J’avais l’impression de flotter avec des fantômes…

« Non. Cette fois, c’est plus grave qu’un simple mal de tête, déclara gravement le Bélua en tournant ses iris mauves, étincelants, en direction de l’Orisha borgne. Les Traqueurs n’ont vraiment pas de vaine. »


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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mar 20 Déc 2016, 17:09

Effets secondaires
« Le plus effrayant, ce n’est pas de changer :
c’est de ne plus se reconnaître dans celui que l’on est »

« Tu l’as drogué?

- Bien sûr, Dame Tania. Il commençait à se frapper la tête contre le sol dans son délire, à se gratter le visage au point qu’il en saigne… Argumenta Byeil en tournant un regard dans ma direction alors que, les yeux fermés, je ne percevais plus rien de ce qui m’entourait.

- Tu veux parler de ces blessures sur son visage quand tu dis qu’il « se grattait au point qu’il en saigne? »

- C’est exact… Écoutez, j’ai… j’ai paniqué moi aussi… C’est la première fois qu’il me fallait m’occuper d’un tel cas… Ais-je bien fait ou ais-je aggravé son cas? » S’alarma instantanément l’Alchimiste bélua en croisant l’œil perçant de Dame Tania.

Cette dernière n’osa pas briser le silence qui venait de s’installer entre eux alors qu’elle se penchait au-dessus de mon visage pour l’examiner plus attentivement.

« Je ne sais pas ce que c’est exactement, mais tu as réagi comme il le fallait. Qui sait ce qu’il aurait été capable de faire si vous ne l’aviez pas arrêté? »

Elle se redressa lentement, sans poser son regard sur l’Alchimiste ou sur le reste du groupe d’ailleurs qui, silencieux comme des tombes, attendait qu’elle se positionne et tranche sur mon état.

« E-Est-ce qu’il restera longtemps comme ça?

- Je n’en sais rien.

- Mais il va s’en sortir, non? J’veux dire, ses premières mutations ne lui avaient pas fait autant d’effet…

- Peut-être, mais cela n’exclue pas que ces deux dernières mutations ne l’ont pas épargné…

- Même durant notre mission, il ne cessait pas de se plaindre de maux de tête et de brûlures qu’il sentait se répandre dans tout son corps… Avança Ley qui feuilletait un livre de la bibliothèque de la jeune femme elfique, peut-être dans l’espoir d’y trouver quelque chose d’intéressant sur mon cas.

- Je lui ai donné des concoctions qui l’ont apaisé durant un temps, mais les effets revenaient systématiquement, expliqua le Bélua en touchant l’un de ses bois. Nous n’aurions jamais pensé qu’il pouvait s’agir d’un… effet secondaire… »

Skha tourna son visage en direction de l’Alchimiste, les yeux écarquillés.

« T’es en train de dire que Miles va…

- Il ne va pas mourir, Skha. Ce n’est qu’une faible proportion des Traqueurs qui meurent suite à leur exposition aux mutations. Mais ouais… Il va subir quelque chose… Mais on ne sait pas trop quoi… » Intervint Affray en jetant une œillade discrète et rapide en direction de Rakim, qui n’avait toujours pas ouvert la bouche depuis que nous étions arrivés à l’intérieur de l’atelier de Dame Tania.

Il restait à l’écart, appuyé sur la porte, les bras croisés, et ne disait absolument rien, ce qui était déjà très étrange en soit en sachant dans quel bois était fait notre cher Traqueur orisha.

« Tu n’as pas à t’inquiéter. Ton ami s’en sortira. Toutefois, il aura changé, mais il restera le même… »

Elle ne préférait pas rajouter « je l’espère » à la suite de sa phrase, mais Skha s’en contenta, ses épaules se relâchant et son faciès se détendant déjà un peu plus. Son maître déposa l’une de ses mains sur son épaule et l’Apprenti se tourna vers lui, l’angoisse déformant, néanmoins, toujours ses traits.

« On va laisser les docteurs et les spécialistes s’occuper de Miles. Ils nous aviseront de quoi que ce soit s’il y a du changement », dit-il d’une voix qui se voulait rassurante, et Ley appuya ses dires d’un vif hochement de la tête, qui ne laissait la place à aucune autre interprétation : s’il se passait quelque chose, ils seraient les premiers à être avertis.

Affray marchait vers la porte, et ce fut plus long pour Skha de le suivre, mais il finit, néanmoins, par esquisser ses premiers pas en direction de la sortie en détournant ses yeux de mon visage blessé et saignant. À leur approche, Rakim se décala de quelques centimètres et il croisa le regard de son compagnon de Chasse. Affray s’immobilisa à côté de son compagnon, comme s’il s’apprêtait à lui dire quelque chose, mais à la dernière seconde, il se ravisa et préféra dépasser le seuil de la porte. À sa suite, Skha porta une attention particulièrement au faciès du borgne, mais il était si inexpressif qu’il ne put en déceler quoi que ce soit.

« Fais confiance à Byeil et à Dame Tania. S’il y a des gens qui doivent s’occuper d’un tel cas, c’est bien eux. »

Rakim bougea enfin son unique œil, d’un rouge pivoine, pour l’ancrer dans les yeux bleus de l’Apprenti Chasseur. Un sourire, étonnamment, jouait sur la commissure de ses lèvres.

« Depuis quand tu me paraphrases? » Se moqua sournoisement Rakim.

Skha serra les dents, s’arrêtant complètement pour faire face à l’Orisha.

« Depuis que tu tires cette tronche de dépressif blasé. »

Le Traqueur haussa simplement des épaules, bien indifférent de la colère qui commençait, peu à peu, à s’insinuer dans les entrailles du Réprouvé, mais avant qu’il ne puisse répliquer un propos qui aurait tôt fait de mettre fin aux beaux jours de l’Apprenti Chasseur, Affray intervint en tirant Skha par le bras pour l’inciter à le suivre.

« Pas de dispute dans la hutte, les gars.

- Mais il a tellement l’air de s’en foutre! C’est son propre apprenti quand même!

- Et il sait simplement que ce n’est pas en criant ou en s’énervant que les choses vont évoluer. Crois-moi, je le connais, et il stresse comme une mère devant son fils en fièvre à l’intérieur de lui. »

Affray avait fait exprès d’élever ainsi sa voix à l’intention de Rakim qui, derrière la porte, ne disait toujours pas un mot, mais il trouva, cela dit, l’énergie nécessaire pour lancer un regard vers le Chasseur et son apprenti par-dessus son épaule avant de soupirer et de fermer la porte derrière lui.

« Maintenant que le maillon sensible de la chaîne s’en est allé, vous pouvez tout me dire maintenant, Dame Tania. Qu’est-ce qui lui arrive?

- Une sorte de dégénération de la peau, avoua la Maître Alchimiste aux trois hommes qui l’entouraient, soulagée de savoir que Skha avait été éloigné de la salle. Vous remercierez Affray de ma part.

- Aucun problème. Skha et Miles ne se quittent plus depuis que ce dernier est arrivé chez les Corvus, alors il est un peu émotif…

- On ne peut pas lui en vouloir de s’inquiéter pour un ami… Le défendit Byeil.

- Peut-être pas, mais il allait devenir gênant à la longue, trancha froidement Rakim en s’approchant de la couche sur laquelle j’étais étendu, à peine conscient de ce qui se déroulait ici. Alors ces étranges fissures qui sont apparues sur son visage…

- Seraient une conséquence directe de cette fameuse dégénérescence, oui.

- Est-ce qu’il y aurait un moyen de…

- J-Je crois, mais je ne vous garantis aucun succès, la coupa Dame Tania en secouant faiblement la tête. Tout comme les mutations, les séquelles qui s’en suivent sont le plus souvent irréversibles… »

La jeune femme se crispa légèrement et se referma en elle-même. Cependant, Traqueur, Spécialiste comme Alchimiste présents dans cette salle, tous savaient que Dame Tania ne baisserait aucunement les bras s’il restait encore un faible espoir d’arrêter le mal qui sévissait dans le corps de Miles. C’est pourquoi Rakim ne répliqua d’aucune façon, continuant de scruter mon visage défiguré. Au moins, dans un tel état de léthargie, je ne semblais pas souffrir, mais les effets de la drogue allaient se poursuivre pendant combien de temps encore?

« Nous nous pencherons sur la potion et la préparation risque de prendre du temps, un ou deux jours seulement », soutenait Byeil en se dirigeant vers l’un des bureaux de Dame Tania, cette dernière approuvant ses propos d’un nouveau signe de la tête.

- Je suis désolée, Rakim, de ne pas avoir de meilleures nouvelles… Murmura doucement la jeune femme. Tout se passait bien pourtant. Il commençait à maîtriser son nouvel odorat, il s’était habitué à sa nouvelle vision…

- Je m’étais aperçu qu’il ne dormait plus beaucoup à cause de… vous savez, tous ces bruits amplifiés le rendaient malade… Je n’aurais pas dû accepter…

- Quoi donc? S’interrogea Ley en se levant de son siège pour montrer à Byeil une page du bouquin qu’il feuilletait depuis tout à l’heure.

- Qu’il subisse sa dernière mutation dans l’état qu’il était. Ce n’était vraiment pas le bon moment. J’aurais dû me montrer plus insistant… »

Personne ne lui répondit, peut-être parce que personne n’avait quoi que ce soit à dire, mais Rakim ne leur en tenait pas rigueur, conscient qu’en tant que Maître, il aurait dû arrêter son apprenti, lui ouvrir les yeux sur le fait qu’il n’était pas invincible, peu importe ce qu’il en disait et ce qu’il en pensait.

« Sale gamin! J’espère qu’il ne va pas crever! »

Encore une fois, personne ne répliqua. Rakim avait beau avoir une verve particulièrement vulgaire et brute, tout le monde qui le connaissait un minimum savait qu’il n’était pas du genre à exprimer ses sentiments de manière délicate et attendrissante : au risque de se montrer violent et agressif, verbalement, c’était là tout ce qu’il connaissait pour extérioriser ses véritables ressentis. Il réagissait exactement de la même façon qu’avec son précédent Apprenti. Alors que celui-ci criait et paniquait, il n’avait pas pu s’empêcher de l’attaquer avec ses mots au lieu de le réconforter, ce qui avait fait exploser de rage son ancienne partenaire Alchimiste, Delyssia, un petit bout de femme émotif à souhait de par son sang magicien. Cependant, elle s’était aussitôt calmée en voyant dans l’unique œil de l’Orisha un voile larmoyant qui menaçait de s’effondrer et de s’étendre sur l’ensemble de son visage. Rakim pouvait paraître froid et un peu je-m’en-foutiste, mais il était bien loin de l’indifférent jacasseur qu’il se plaisait à jouer d’ordinaire. Au contraire, dans toute cette équipe, il devait être le plus sensible. Après tout, n’était-il pas resté aux chevets de son précédent Apprenti, jour et nuit, et ce, même quand celui-ci sortit de l’atelier de Dame Tania, un bandeau autour des yeux, parce que la cécité venait de lui priver de la vue du monde qu’il chérissait tant?

« Où-Où… » Croassais-je la bouche pâteuse.

L’Orisha borgne se figea instantanément.

« Il se réveille!

- Déjà?! Par Phoebe! Je croyais que nous aurions deux ou trois heures devant nous!

- Ah… Ah… Mal… Ça fait mal… Mon visage… I-Il me chauffe… Ça brûle…

- Rakim! Donne-lui ceci immédiatement! »

L’Elfe lança une fiole vers le Traqueur, qui la rattrapa au vol avant de retirer précipitamment le bouche à l’aide de ses dents et de m’enfoncer le bec du contenant dans la bouche. Je recrachais le liquide, incapable de l’avaler, mais Rakim m’encourageait et je finis par en avaler quelques gorgées. Cependant, à l’inverse de la dernière fois, l’état comateux se fit long avant de se faire sentir.

« Mal… au visage… Sentir… Mal… »

Je respirais difficilement, la tête me tournait et en voyant que la drogue prenait du temps à faire effet, Rakim se mit à pester et à jurer en Arshalà.

« Nous ne pouvons rien faire de plus tant et aussi longtemps que la potion ne sera pas prête! Désolé, Rakim, mais s’il souffre même après avoir pris la drogue, il va devoir encaisser les chocs.

- Je sais… Grogna l’Orisha en voyant mon visage se défigurer sous l’assaut de la douleur, une grimace affreuse masquant mes traits. Voolish! Döss gölsh fraïjrh säckingen üurlk üj barbäel! Därka ollarïlsh kaälif edh ët jaïvir, iyäejk shäor ijk Därka shlöplsh döss gölsh älsh edh Shor trëan… »


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| Voolish! Döss gölsh fraïjrh säckingen üurlk üj barbäel! Därka ollarïlsh kaälif edh ët jaïvir, iyäejk shäor ijk Därka shlöplsh döss gölsh älsh edh Shor trëan… = Abruti! Va pas falloir brailler comme un gamin-là! Tu fais bien de te battre, parce que ce qui t’attends ne va pas être de tout repos…



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Miles Köerta
Mar 20 Déc 2016, 19:47

Effets secondaires
« Le plus effrayant, ce n’est pas de changer :
c’est de ne plus se reconnaître dans celui que l’on est »

Toute la nuit, Miles n’avait pas cessé de crier, et lorsque sa gorge fut suffisamment nouée pour lui empêcher de hurler, il s’était mis à gémir comme un chien blessé, incapable de se soustraire au mal qui lui dévorait les entrailles. Il avait beau se débattre, je le maintenais fermement à la couche mise à notre disposition par Dame Tania, entravant le moindre de ses mouvements par les Liens du Destin que j’avais solidement fixés aux pieds en bois du lit, de ses poignets et de ses chevilles meurtris. Je n’avais pas pu fermer l’œil de la nuit et pendant ce temps, Ley surveillait la préparation en train de mijoter pendant que nos deux Alchimistes étaient partis voir Igrid, l’herboriste. Le Spécialiste, malgré les cris qu’avaient poussé Miles toute la nuit, avait réussi l’exploit de s'endormir comme une masse sur sa chaise et ce, même avant que Byeil et Dame Tania ne reviennent de leur rapide passage chez la vieille Orisha. Il a un mental d’acier… Me souvins-je avoir songé. Ou alors sa nature de Paresseux l’aidait beaucoup plus que je l’aurais cru dans ce processus.

Ainsi, toute la nuit et ce, jusqu’aux premières lueurs de l’aube, les couloirs juxtaposant l’atelier de l’Elfe avaient été bercé par les cris de mon apprenti, qui s’était confondu presque en larme, à plusieurs reprises, devant nous pour que nous mettions fin à son insupportable martyr. En le voyant aussi faible qu’un nourrisson, aussi lâche et peureux qu'un couard, j’avais finis bien rapidement par exploser de mon côté également, le coup de poing partant d’un seul coup vers son visage qu’il avait frappé avec une force surprenante, même pour moi qui en était l’instigateur.

« Rakim! Par tous les Dieux! Calme-toi! S’était écrié Byeil en me voyant faire, alors que Dame Tania et lui-même traversait le seuil de la porte pour aller rejoindre Igrid.

Mais lorsque Miles avait éclaté de rire, la bouche remplie du sang, qu’il avait recraché au sol de tout son soul, le Bélua s’était arrêté à mi-chemin, désarçonné par la réaction du bleu.

« Merci, maître… » L’ais-je entendu murmurer avant qu’un nouvel éclair de douleur brise sa lucidité retrouvée et qu’il recommence à geindre et à se lamenter.


C’était il y a plus de cinq heures. À présent, Dame Tania et Byeil s’activaient à mélanger les différentes substances et herbes médicinales dans un petit chaudron au-dessus du foyer tandis que Ley, pianotait nerveusement ses doigts sur ses avant-bras.

« Est-ce que nous avons bien fait de le chasser? » Dit-il enfin, brisant ainsi le silence déjà pesant des lieux en raison des gémissements de Miles.

Et sans une once de chaleur, je répliquais :

« Oui. Skha allait nous gêner autrement. »

Le Spécialiste me coula un drôle de regard que je ne pris pas la peine de décrypter. L’Apprenti Chasseur s’était montré à peu près vers l’heure du petit-déjeuner pour savoir si tout se passait bien. Évidemment, il avait aussitôt perçu les gémissements du Traqueur et avait voulu s’assurer de lui-même qu’il n’avait rien. Mais je l’avais repoussé, lui claquant la porte au nez. Je me fichais pas mal du mépris qu’il pouvait ressentir à mon égard désormais ou bien encore de la haine qu’il me nourrissait pour mon insensibilité apparente, mais je ne pouvais pas laisser plus d’émotions parasiter l’atmosphère déjà saturée en anxiété et en nervosité. Le Déchu soupira avant de se lever de sa chaise pour se diriger vers la porte de l’atelier.

« Je m’en vais lui expliquer la situation », fit-il d’une voix grave, peut-être parce qu’il croyait que j’allais l’en empêcher.

Au contraire, j’approuvais son initiative d’un léger signe du menton.

« Il peut savoir ce qu’il se passe ici, mais il n’est pas question qu’il se pointe tant et aussi longtemps que l’état de Miles ne se soit pas stabilisé et que les Alchimistes n’aient pas terminé leur travail.

- Mais tu sais que ça peut prendre des jours!

- Je sais. Et s’il se fâche, mets tout ça sur mon dos. Je réglerai mes problèmes avec lui en temps et en heure. »

Ley ne contesta pas mes propos et finit simplement par sortir de la pièce, fermant la porte dans son dos. Je vis, dans mon champ de vision, l’œil violacé de Byeil me jauger, mais le Bélua ne disait mot et ce, même si je savais que ma manière de faire lui déplaisait grandement. Dame Tania, toujours aussi calme et taciturne, ne désirait pas le moins du monde s’immiscer dans nos affaires de groupe, sachant pertinemment que nous étions suffisamment grands pour régler nos problèmes par nous-mêmes. C’est pourquoi, elle se permit d’intervenir uniquement pour nous informer de ceci :

« Miles devra tenir pour cette nuit encore : d’ici là, la potion devrait être prête… »

Elle marqua une pause, incertaine, avant de lever ses yeux singuliers sur mon visage.

« N’oublie pas qu’il se peut qu’il… que cela ne marche pas comme escompté… »

J’acquiesçais d’un simple signe de la tête, reportant mon attention sur Miles. Il s’agitait comme un beau diable, s’écorchait les poignets à force de se débattre, de vouloir se libérer. Mais je restais de marbre, et même si la vision de ces chaînes autour des mains de mon Apprenti m’énervait, que l’envie de les lui retirer me traversait sans cesse l’esprit, je devais prendre sur moi pour ne pas laisser mes sentiments prendre le dessus sur ma raison et me faire faire n’importe quoi.

« Tu ne sais pas à quel point j’aurais aimé être enchaîné, moi aussi… » Lui chuchotais-je d’une voix à peine audible avant de passer l’une de mes mains sous mon épaisse frange, caressant du bout des doigts le cuir de mon cache-œil.


« Redresses-lui la tête », m’ordonna la jeune femme d’une inflexion autoritaire et sans une hésitation, je maintenais la tête de mon Apprenti dans les airs.

Ce dernier, qui était plutôt tranquille ces dernières heures, recommençait à s’agiter et sa voix, si faible, voulut crier de nouveau suite au choc, mais il n’avait plus de force : ni pour crier, ni pour se défendre, ni même pour ouvrir les yeux. Son corps était un véritable champ dévasté, rongé par ce mal qui ne cessait d’agrandir son territoire sur son épiderme.

« Ça s’est tellement étendu en seulement deux jours… » Se scandalisa Byeil en voyant le désastre qu’était devenu le visage et le corps de Miles.

Dame Tania gardait son sang-froid et le seul signe de sa nervosité était les légers tremblements qui s’étaient pris à sa main, mais qui furent rapidement maîtrisés une fois qu’elle eut posé entre les lèvres ensanglantées de l’albinos la fiole qui contenait cette étrange mixture qu’elle avait préparé, sans dormir, pendant deux jours et deux nuits entiers. C’était le moment de voir si tous ces efforts n’avaient pas été vains, si ces gouttes de potion parviendraient à ralentir ou à réduire l’expression négative des mutations génétiques. Encore une fois, comme au moment où j’avais voulu lui faire boire la drogue anesthésiante, Miles voulut recracher la mixture qu’on lui glissait dans la bouche, mais l’Alchimiste elfique s’occupa de ce problème d’une main ferme et autoritaire.

« Je ne vais pas te laisser te faire plus de mal que ça… » Siffla-t-elle entre ses dents serrées, et Miles, aux prises avec l’imposante fermeté de l’Elfe, n’eut d’autre choix que d’avaler le contenu du flacon.

Seulement, il buvait avec difficulté, comme si la potion avait un goût exécrable ou qu’elle le faisait encore plus souffrir.

« Ne fais pas ta chochotte et bois toute la fiole, Miles! »

Nous ne l’avions pas complètement perdu, puisqu’il se mit à ingérer le liquide avec plus de force et de volonté. Dame Tania soupira, soulagée, avant de retirer le flacon de ses lèvres et de reculer. La tête de Miles tomba vers l’arrière et je le vis tourner de l’œil, comme s’il allait vomir tout ce qu’il venait d’absorber. Cependant, plus les minutes passaient et plus son teint redevenait un peu plus… normal? Les spasmes qui l’avaient agité depuis le début de ses symptômes se calmaient petit à petit et sa respiration, affolée et saccadée, au point que l’on crut, à plusieurs reprises, qu’il allait nous laisser tomber, reprenait un rythme plus ou moins régulier. Est-ce que… Est-ce que ça avait marché?

« Ne crions pas victoire trop vite… Les premières heures sont les plus cruciales… Nous rappela Dame Tania en s’assoyant derrière son bureau, les cernes sous ses yeux devenant soudainement plus apparent maintenant que l’adrénaline venait de tomber et que la fatigue de ces derniers jours remontait à la surface. Cela dit, je ne dirais pas non à quelques heures de repos…

- Dame Tania! Merci pour votre aide! Merci pour tout! Nous ne vous retenons pas plus longtemps!

- Restez dans mon atelier autant de temps que vous le voudrez… Demain matin, nous connaîtrons enfin les résultats… »

Elle se leva maladroitement et Byeil vint aussitôt lui porter son aide.

« Je vais la raccompagner jusque dans sa chambre et la laisser aux bons soins de Maître Zavros. Je ne serai pas long!

- Ça ne sera pas nécessaire, Byeil. Je peux le surveiller tout seul. Va te reposer, s’il-te-plaît. Tu ne sais pas à quel point je te suis reconnaissant.

- Rakim…

- Vas-y, je te dis. Miles est mon Apprenti. C’est moi qui doit veiller sur lui jusqu’à ce qu’il ouvre les yeux.

- S’il se passe quoi que ce soit d’anormal…

- Je viens vous en avertir sur-le-champ. Ne vous inquiétez pas. »

Byeil acquiesça d’un hochement de la tête avant de quitter l’antre de Dame Tania avec la jeune femme. Lorsqu’ils furent partis, je pus enfin expirer, comme si j’avais retenu ma respiration durant tout cet échange.

« Une autre nuit difficile… »

Mon œil écarlate s’arrêta sur le visage du bleu, que je considérais longuement avant d’esquisser un sourire amer.

« J’suis pas le seul à qui cette histoire donne des cheveux blancs, hein? »


Mon corps était un véritable champ de bataille… J’avais l’impression d’être cassé de partout à la manière de l’ancien Stenfek qui s’était écroulé sous les assauts des trois armées angélique, démoniaque et réprouvée. Je voulus me redresser, mais un éclair me foudroya la tête et je m’effondrais de tout mon poids sur la couche.

« Bien le bonsoir, Bellone aux vals dormants!

- Bon sang, Rakim, on dirait que la cavalerie des Dragonniers m’a passé sur le corps… Deux fois…

- Et toi, t’es au courant que tu as empêché toute l’aile de fermer l’œil pendant une nuit entière?

- M’en souvient plus… Grommelais-je en me tenant la tête, sentant à peine les Liens du Destin se dissoudre autour de mes poignets et de mes chevilles. Par ailleurs, j-j’ai dormi pendant combien de temps?

- Trois jours entiers, mon cher! »

Je faillis m’étouffer à cette annonce. Trois jours? ENTIERS?!

« Bordel… Ça valait le coup au moins? On a trouvé pourquoi j’avais autant de maux de tête? »

Rakim garda le silence quelques secondes avant de m’adresser un sourire en coin. Étrangement, je ne savais pas si c’était à cause de la brume qui persistait dans mes yeux ou si c’était vraiment ce que je voyais, mais ce sourire me semblait si… triste et sombre…

« Qu’est-ce qu’il y a, Rakim?

- On a découvert que ton corps avait finalement… hum… mal réagi à tes dernières mutations… »

Un frisson me traversa le corps.

« Oui… et ensuite? Vous… Vous m’avez forcé à avaler des trucs… Ç-Ça a marché? J’veux dire! J’ai encore mal à la tête, mais c’est déjà moins pire que le premier jour! Vous avez réussi, pas vrai?

- Pas… complètement. »

Je me crispais brutalement sur moi-même, serrant les dents. Rakim voulu s’approcher, mais avant qu’il puisse faire un mouvement, je l’interpellais d’une voix froide et hautaine :

« Ne joues pas avec moi, Rakim… M’énervais-je en lui coulant un regard noir, assassin. Qu’est-ce que j’ai?! »

Mon mentor battit plusieurs fois des paupières avant de me gratifier, à nouveau, de cet exécrable sourire.

« C’est ton visage… » Commença-t-il, mais je le coupais brutalement pour qu’il me le montre au lieu de me le décrire.

J’avais besoin de voir ce qui m’était arrivé, ce que je m’étais fait ou ce que m’avait fait ces mutations… Rakim s’avança vers le miroir accroché au mur de l’atelier avant de revenir vers moi, cachant volontairement la glace pour que je ne puisse pas apercevoir mon reflet. Je perdis patience, lui arrachant le miroir des mains.

« N-Nous avons pu arrêter sa propagation grâce à Dame Tania et à Byeil, mais… Mais les effets avaient déjà commencé et ils se sont étendus à une vitesse monstrueuse… Avant que nous puissions faire quoi que ce soit, ton visage… et… le reste de ton corps ont subis… … … Il était déjà trop tard, Miles. »

Je n’en revenais pas. Les yeux écarquillés, je regardais le reflet que me renvoyait le miroir. Devant moi, il y avait un jeune homme d’une vingtaine d’années, les cheveux blancs, ébouriffés, avec des pupilles aussi rouges que le sang qui tachait ses joues et le bord de ses lèvres. Mais le plus effrayant dans cette vision, le plus terrible, c’était ces fissures, ces fentes, toutes ces craquelures qui s’étendaient, s’éparpillaient, déchiraient, brisaient l’ensemble de son visage. Mais ce n’était pas que son visage. Je tournais le miroir de manière à ce qu’il montre le cou du jeune homme, lui aussi fissuré de partout, et son ventre, et ses épaules, et ses cuisses aussi… À l’intérieur des fentes qui semblaient avoir, littéralement, déchirées sa peau de partout, j’étais en mesure d’apercevoir des trucs rouges et blancs s’agiter doucement. Des muscles? Du sang? Qu’est-ce que…!

Vivement, je jetais le miroir à l’autre bout de la pièce, reculant sur la couche le plus loin possible de la glace dans laquelle je venais de voir cette apparition cauchemardesque.

« C’est qui lui?! M’écriais-je, apeuré, cherchant un peu de réconfort dans l’œil de mon mentor, mais ce dernier détourna rapidement son visage pour le tourner en direction du miroir.

- Miles… »

Je plaquais mes mains sur mon visage, laissant mes doigts explorer mon nouveau faciès. Sous mes ongles, sous ma paume, je pouvais sentir les fissures sillonnées mes traits, descendre jusqu’à mon cou… Je m’arrêtais là, me couvrant les yeux de mes mains, tremblant comme une feuille prise dans l’assaut d’un ouragan. C’est moi… C’est moi, c’est moi, c’estmoic’estmoic’estmoi!

« C-C’est… C’est moi… » Compris-je enfin, l’haleine courte, les yeux exorbités, incapable de croire mes propres mots.

Ça… Ça ne pouvait quand même pas être… moi, si?


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