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 Une Hécatombe de Révélations [Quête unique - Solo]

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Jeu 28 Mai 2015, 14:00


Mon humeur était massacrante, assiégée par un rôle de père que je ne pouvais maintenir en place : « Tu ne peux pas te permettre de te battre à tout va ! Revenant couvert de sang, les doigts cassés, criant à tous ceux qui veulent l’entendre que je viendrai te défendre d’une infamie qui n’a jamais eu lieu ! » Mozaga venait tout bonnement de se prendre une gifle tellement grande, que sa tête avait cogné le sol et que Shalk c’était interposé : « Tu as huit ans nom d’un Aether ! Tu mords, tu frappes sans raison apparente ! Tu irais jusqu’à tuer pour un gamin qui ne t’aurait pas vu sur son passage ! Que crois-tu que l’on pense quand on nous associe ? Penses-tu vraiment que les liens du sang me suffisent pour avoir, ne serait-ce l’envie, de te défendre ? » « Aëran arrêtez ! » Criait inlassablement Shalk, me repoussant à chaque fois que j’approchai. « Tu prêtant être ma fille, et tu fais tout pour me déshonorer ! Crois-tu vraiment que les bâtardes telles que toi ont une place près de moi ?  Je maudis ma faiblesse de t’avoir pris sous mon aile, d’avoir cru en quelque chose qui n’existait pas ! »  Les larmes de Mozaga ne cessaient de ruisseler sur ses joues, et les murs tremblaient sous mes cris. « Arrêtez avant de ne plus pouvoir faire marche arrière ! » cria alors Shalk, tentant de surélever ma voix. Mozaga se leva, courant dans les escaliers, claquant la porte de sa chambre. Ses pleurs perçaient le silence qui venait de s’installer, tandis que mes yeux, noir de colère, restaient fixés sur l’Orine.

La colère ne voulant redescendre, me détestant, je décidais d’arracher la clef du coup de Shalk, me dirigeant vers la porte interdite. « Ne faites pas ça ! » cria Shalk, s’accrochant vainement à mon bras, tentant de me retenir. La clef tournait dans la serrure, alors que je jetai l’Orine à terre. Shalk ne tenta pas de se relever, son visage déformé par la douleur de ce qui allait se passer, portant ses mains à sa bouche. Naraë était tout ce dont il avait le plus chère ici-bas, après son hôte, malheureusement, si c’était l’amour qui l’animait, je ne voyais qu’en se double une manière de me défouler, et de me punir, fracassant son nez, ses cotes, ses arcades, tout ce qui ne le tuerait pas, mais qui lui ferais atrocement mal. Les cris jaillir de la prison, accompagnée de cris de rages. Shalk appuyait sur ses oreilles sans pouvoir faire taire ces bruits. Ce n’était pas contre eux que j’en voulais, ce n’était pas contre eux que ma colère se tournait, mais je ne savais comment m’en séparer, comme l’exprimer, et je faisais donc souffrir tout le monde à la fois… mais pour autant que je sache, ils revenaient, me pardonnant sans cesse mes écarts de conduite. Je ne pouvais savoir pourquoi Shalk me vouer un amour inconsidéré, pourquoi il avait de ses mains construit ce double, mais je savais qu’au fond, il reviendrait vers moi, quelques soit mes fautes. Quand était-il de Mozaga ? Mauvais père, je ne parvenais pas à la comprendre, je n’essayer même pas… comment devient-on père, en n’en ayant manqué d’un ? Sans modèle, sans repères… même Adril avait disparu, me laissant seul à mes démons.

Sortant de la salle les mains en sang, je jetai les clefs à Shalk qui se releva pour accourir auprès de Naraë. La maison était maintenant vide, seule les pleurs comblés ce silence pesant. Baissant la tête, je murmurai des excuses inaudibles, et si j’avais pu me mutiler à cet instant… je l’aurais fait. Sortant de la main, je claquais la porte. « Tu fais beaucoup de bruit dit donc… » Témis se tenait là, adossé au mur. « Je n’ai pas besoin que l’on me fasse la morale, Témis » fit-je en le bousculant, continuant mon trajet vers mon ancienne demeure. « Bien sûr que si ! » s’insurgea Témis, alors qu’il tentait de suivre le pas : « Tu accuses ta fille de choses que tu as toi-même commises dans le passé… que l’on me jette la première pierre si jamais tu ne t’en ai pris à un homme qui te regardait, ne serait-ce, de travers ! » « Je n’ai jamais eu de père pour me dire de ne pas le faire ! » pestais-je à mon tour. « Non, mais tu étais assez grand pour différencier le bien du mal ! Contrairement à elle ! » L’ignorant le reste du trajet, je serais des points jusqu’à m’en faire mal. J’avais appris à contrôler certaines de mes pulsions, certes, mais la paternité remontait trop de choses pour que je m'y penche correctement, pour que je daigne même être un père modèle.

Marchant dans la maison en ruine, je tapais du pied quelques couverts restés là. Tout avait été pillé, mais j’espérai y trouver quelque chose, quelque part, me rappelant un souvenir d’un père, d’une mère ou d’une sœur, d’une quelconque famille normale. « Je ne comprends pas pourquoi tu t’accroches tant au passé… » « Je ne te demande pas de comprendre Témis » répliquais-je pour qu’il se taise « Très bien, alors accroche-toi aux morts pour vivre, ça m’est égal, mais n’implique pas les gens que tu aimes dans une recherche de racines, qui vraisemblablement, n’est que le fruit de ton imagination ». Je soufflais : « Mais qu’est-ce que tu en sais ? Tu as une famille que tu as toi-même délaissée ! C‘était TON choix, moi, on m’a arraché à mes racines ! On me les a enlevés Témis ! » Je le regardais, dépassé par mes propres émotions : « Je pensais que revenir à Drosera m’aiderait à appartenir à quelque chose, à un ensemble, mais je reste une erreur parmi le peuple… Un enfant enlevé, un père dont tout le monde se moquait, une mère morte de chagrin, faible… et une sœur… lâche, qui s’est elle-même donné la mort. » Détournant le visage, je continuai à chercher, soulevant une petite poutre dévorée par les insectes. Une couverture brune se dessina. Elle était abîmée par le temps, mais plutôt bien conservée. Je décidai de le prendre sans même l’ouvrir. Il était temps de rentrer.

Assis sur une chaise de la salle à manger, je réfléchissais à mes actes, à leurs conséquences. C’est à ce moment que Shalk décida d’entrer, portant un verre d’infusion. « Tenez », dit-il simplement, le regard terne : « Puis-je prendre de l’emplâtre dans la remise ? » Je soufflais, passant ma main dans mes cheveux : « Oui, prend des fomentations aussi… j’irais voir son état plus tard » « merci » fit-il en baissant la tête. Voyant mon état, celui-ci continua : « Je sais que vous regrettez tous ces coups sur Mozaga, vous êtes bien conscient que cela ne vient pas que d’elle… et si je puis me permettre, recollez votre passé avant de vous occuper d’elle… au risque que votre relation ne décline jusqu’à se détruire d’elle-même. »  Il disparut alors à pas de loup, lâchant du regard le livre posé sur la table. Recoller son passé ? Est-ce seulement possible.

Mes doigts arpentèrent la couverture, ramenant l’ouvrage à moi. Un livre quelconque à rajouter à ma bibliothèque. Lorsque j’ouvris les premières pages, un détaille attira mon attention, faisant battre mon cœur à toute allure :

« A mes enfants,
Lalaith »


Mes yeux restèrent un instant figé sur ces mots, avant d’ouvrir l’ouvrage à n’importe quelle page :

« Le temps ne se faisait plus sentir, nous courions depuis si longtemps que nos jambes fléchissaient. La fuite était pourtant notre seule issue pour nos enfants, et j’étais déjà enceinte d’Ulumpha. Je ne voulais pas de cette vie pour eux, je les voulais libres, affranchi de toutes responsabilités quant à cette organisation qui tourmente tant de vie, d’enfants, de familles ».


Sautant quelques lignes, je continuai :

« Mère a perdu l’esprit, elle ne cesse d’écouter ces histoires de pierres, leurs mythes qui n’est que purs folie. Elle dirige d’une main de fer ces soldats qui font d’enfants des esclaves, des machines à tuer. Je les ai vues de mes propres yeux lorsque je suis enfin sortie de mes quartiers, et j’ai enfin compris pourquoi l’on m’en avait interdit, moi, la femme dite au cœur trop fragile. Ces enfants ne sont plus civilisés, ils s’entre-dévorent, se tue lorsqu’on les laisse seule, ne ressente plus rien, et leur regard sont si vide… je ne sais pas par quelle magie on les a forgés, mais ils n’ont rien de vivant. Ils marchent comme si ils portaient le monde sur leurs épaules, obéissent aux ordres sans contester… ils les ont assassiné pour les asservir, les ont arraché de leurs racines, pour que seulement cette endroit ne subsiste dans leur esprit »


Fermant brutalement le livre, mon esprit venez tout bonnement de se brouiller, et les larmes me montaient aux yeux. Pris d’une rage folle, je renversai tout, brisaient les assiettes, faisaient tomber les meubles, et je dus me retenir pour ne pas retourner voir Naraë dans sa cellule. Shalk arriva en trombe, écarquillant les yeux tandis que je m’étais assis contre un mur, ma main sur mon visage. Le pire de mes cauchemars venait tout bonnement de se réaliser… je cherchais des réponses, je n’en avais aucune, si ce n’était que la mort de mes parents devenait soudainement plus claire, ainsi que son implication quant à mon enlèvement. Shalk remarquait le livre qui lui n’avait pas était jeté. Il l’ouvrit, et tout de suite, il comprit. Le posant près de mes pieds, il murmurait : « Je nettoierai plus tard, et je remplacerai ce qui a été brisé… prenez votre temps », avant de disparaitre, fermant scrupuleusement la porte. Ma main sur mes yeux, mon visage déformé par la douleur, je laissai échapper quelques sanglots. Je restai ainsi quelques instants, ne voulant en aucun cas continuer à le lire. Pourtant, il le fallait… il fallait que je comprenne, que je puisse poser mon héritage, même mauvais, et pouvoir en construire un meilleur pour mes filles. Je soufflais difficilement, prenant ma tête entre mes mains, puis essuyant mes joues mouillées. Je n’étais pas un sans cœur, même si longtemps on n’a voulu me le faire croire, au contraire… je n’ai jamais été fort, la bête qui m’habite l’a été pour moi. Aujourd’hui, ce soir, il était temps de faire tomber le masque du lâche, et de commencer à lire une histoire qui changera surement beaucoup de chose en moi. Il était temps de comprendre pourquoi on m’avait enfermé, pourquoi personne n’était venu me chercher, pourquoi on m’avait abandonné alors que j’étais le bijou le plus précieux de ma mère… Et si finalement, j’étais le responsable de leur mort ? Ou eux, de la mienne ? Peut-être allais-je comprendre chacun des mots qu’elle m’a longtemps murmurés, le sens même du mot « destiné ».

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Résumé:
Edit mystère : Je veux la suiiiiite 8DDD fufufu
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Ven 29 Mai 2015, 20:35


Les secondes passèrent lentement, et je restais là, regardant la couverture brunie par le temps, sans oser l’ouvrir. Soufflants, mes doigts tournèrent la première page, révélant des mots nous étant adressés, ma sœur et moi.

« Ne prenez pas peur, car vous allez aujourd’hui découvrir un héritage qui n’a que trop longtemps été tu. Vous avez le droit de nous haïr, de nous détester au point de vouloir nous oublier. Sachez qu’il fut un temps où nous nous aimions et où nous étions aveugles face à ce qui se passait autour de nous… peut-être avons-nous pris conscience des faits trop tard, peut-être le fait d’avoir ouvert les yeux nous a tués. À mes enfants, Lailaith. »




Je tournais les pages, ravalant la boule qui s’était formée dans ma gorge, lisant des parties du livre:

« Je croyais qu’elle était née sur de bonnes bases, qu’elle rassemblait une idée commune, mais c’était faux. Tout était faux depuis le début. En réalité, l’héritage des Numendil s’étant sur des générations. Elle fut érigée par mes arrière-grands-parents, et perpétuée par les enfants de ceux-ci. On m’a raconté que l’histoire commence sur une rumeur, celle des cristals maître, puis s’appuie sur une croyance, celle de leur existence et l’immense pouvoir qu’elle renferme. Le problème avec le pouvoir, c’est qu’il ne stagne jamais, grandissant sans cesse, pervertissant les esprits de fantasmes qui ne pourront jamais être assouvis. Ainsi naquit Veritas, recueillant ceux voulant bien croire à la reconstitution des pierres pour posséder le pouvoir ultime. À l’époque, il n’y avait ni soldat, ni esclaves, ni quoi que ce soit… seulement des fidèles, mais au fil des ans, l’espoir de toutes les trouver s’est tarie, et les membres avaient de plus en plus recours à la violence, à la maltraitance. Avant que cette « secte » ne devienne ingérable, il a fallu y instaurer une hiérarchie, et c’est la malveillance des plus hauts qui a perverti l’endroit !  

L’enlèvement de ces enfants ne devrait pas être, ils les corrompent, les tues à petit feu. Ils instaurent la peur, la maintenant si fort, qu’aucune n’ose défier leurs ordres, s’enchainant eux même à leur sort. Certains préférant même mourir, m’enfonçant eux même leur propre lame dans le corps, puis cette odeur… je la sens encore d’ici, les cadavres pourrissant dans des fosses, le sang restant dans la cour… je ne sais ce qui me retiens ici… les horreurs qui y sont perpétuées ne sont pas de mon fait, mais je ne peux croire que mon seul héritage soit un endroit où enfants se font massacré dès leurs arrivé. Il y a également ces cris stridents… si clair, si enfantin, qui parcourent les couloirs, résonnant à chaque recoin… comment peut-on croire qu’ils y survivront ? Et si c’est le cas, qu’en restera-t-il ? »


Je portai ma main à mes yeux. Il ne restera que le néant, le vide, et le manque de repères sera propice à un apprentissage sans protestations, faisant table rase de leur histoire, de leur origine. Allant à un autre chapitre de ma vie, je continuai :  

« Aujourd’hui, ma mère ayant enfin compris que j’avais découvert le vrai fond de la secte m’a fait tatouer. M’expliquant soigneusement chaque signe, asseyant de me mettre de son côté, de me donner gout au pouvoir. Un rond avec en son centre, un œil, signe de la plus haute hiérarchie d’ici. Elle m’a fait parcourir la « secte », me montrant que les soldats eux, avait un triangle sur l’épaule, tandis que ses « chiens », comme elle aime à les appeler, était marqué comme du bétail d’un V sur la main, visible de tous.

Elle tentait de me faire aimer le pouvoir qu’elle m’offrait, me donnant la main mise sur toute sa horde, sur son bétail… elle tentait de me faire aimer la violence, me prouvant qu’ils étaient faits pour cela, que si nous les bâtions, ils tendraient l’autre joue, en redemandant sans cesse. Mère… si vous vous trouvez encore dans ce corps, arrêtez cette folie avant qu’il ne soit trop tard, je ne puis encore endurer plus longtemps. »


Je regardais longuement ma main, attisé par une rage folle de me la gratter jusqu’au sang. Je me rappelle bien de ces termes-là, des chiens, du bétail que l’on pouvait remplacer… Je continuai, ouvrant le livre sur un autre chapitre :

« Je ne peux plus, nous ne pouvons plus… Je refuse que mes enfants naissent dans de telles conditions, je refuse de prendre cet héritage à la mort de mère. Nous fuirons ce soir, et que la mort nous emporte si nous ne réussissons pas. »
 

Je passais les pages de cette fuite, je voulais savoir pourquoi ils m’avaient laissé, pour quoi ne pas être venus me chercher :

« Darvam n’est jamais rentré à la maison. »


Je m’arrêtai à la toute première phrase. Darvam ? Incrédule, je continuai tout de même à lire :

« Je l’avais envoyé chercher des plantes, mais il n’est jamais rentré pour me les apporter. Je maudis ce jour où l’on m’a enlevé mon enfant, où l’on m’a enlevé mon tout petit ! Mère, je ne sais si vous êtes impliqué dans sa disparition, mais sachez que mon enfant survivra à tout supplice, il reviendra, car il est le fils d’un grand homme. Je ne peux également m’atteler à aller le chercher, j’ai un autre enfant, une fille à m’occuper, je ne peux l’abandonner ici. Fils, quand tu reviendras, nous t’attendrons »


Jetant violemment le livre par terre, je venais tout bonnement de comprendre. Mon prénom… on m’avait même enlevé mon prénom ! Attrapant les chaises, je les brisé à terre de toutes mes forces. Les sanglots de rages ne cessaient de couler, de rugir tout au fond de moi. Darvam… Darvam avait été mon prénom, celui avec lequel j’étais né. On m’avait également abandonné, on avait cru que je survivrais, mais ce mot n’était qu’attaché au battement de cœur. Oui, mon cœur battait, mais qu’en était-il du reste ? Tout était mort ! Tout partait en miettes. Frappant du poing les murs, je n’avais qu’une envie, souffrir jusqu’à ce que la douleur de l’âme s’apaise. Shalk rentra, accourant pour me protéger de moi. « Aëran ! » cria-t-il en tirant sur mes bras. Ma seule réponse fut de lui marteler le visage de mes poings, le faisant tomber à terre : « Ne m’appelle pas comme ça ! C’est un nom de chien, d’esclave, de bétail ! » Portant ses mains devant lui, je réalisai que ses yeux étaient remplis d’une peur sans nom… et sans doute dans cette situation, j’étais effrayant. Je me jetai alors à ses pieds, le prenant dans mes bras, le serrant à l’étouffer : « Pardon ! » répétais-je inlassablement, entre les sanglots.  « Je ne sais pas ce qui me prend, je suis… perdu ». Mon visage était déformé par toutes les émotions que je ressentais en même temps : la honte, la tristesse, la rage… Je sentis soudainement la tête de l’Orine au creux de mon cou, et ses bras me serrer : « Si je peux vous aider à recoller votre vie, je le ferais, même si cela doit passer par les coups ». Me décollant, il prit soin de vérifier les blessures que je m’étais infligées avant de partir, et reprit le livre entre mes mains.

J’avais cherché une raison de mon abandon, mais finalement, elle était si simple que je ne m’en satisfaisais pas. Pour autant que je sache, elle était tout de même morte de chagrin, mais je remis cette partie à demain. Je posais le livre sur la table, m’éloignant d’elle en ne quittant pas l’ouvrage des yeux. Lorsque la porte fut fermée, je m’effondrais devant celle-ci. Mère, comment avez-vous pu croire que nous laisser votre journal pouvait être bénéfique ? Le même livre qui détruisait tout, même l’image que j’avais pu me construire de ma famille. Certes, celle-ci n’était bonne, mais elle n’était pas aussi mauvaise que maintenant… et pourquoi ne parlez-vous pas de mon père ? L’homme que vous avez aimé, qui a partagé votre vie ? Mon front touchait le sol alors que je me recroquevillai comme un enfant. Shalk ne faisait rien, il ne pouvait rien faire, et il le savait. Seul le temps pouvait guérir mes blessures.

Mozaga sortit alors de sa chambre, attirée par le vacarme et les sanglots qui raisonnaient maintenant dans la maison. « Papa ? » dit-elle en descendant les escaliers. « Remonte dans ta chambre » lui insuffla Shalk en se dirigeant vers elle. Elle passait alors entre ses jambes, accourant vers moi, ses petits bras tendus : « papa ! » pleurait-elle, avachie sur mon dos. Les sanglots m’agitant alors, je me relevais pour la serrer dans mes bras, bredouillant des excuses incompréhensibles, presque inaudibles. Reprenant un peu mon souffle, je la serrai encore plus fort contre moi : « Je ne t’abandonnerai pas, je te promets un meilleur avenir, je te promets d’essayer d’être un meilleur père, d’être là pour toi… » Des promesses vaines, des mots surement en l’air, mais j’avais la volonté de vaincre mes démons, d’en finir une bonne fois pour toutes, même si je devais souffrir avant.

La nuit se finit ainsi, mais le noir et la solitude me firent me confronter à la pire des choses, moi-même. Qu’étais-je devenu au fil des années ? Qu’avais-je construit ? J’errais, sans but, enfermé dans un mensonge depuis des années, m’accrochant à des racines que je n’avais pas, et là même où je pensais ne pas trouver un mensonge, tout avait été forgé. Je n’avais pas vraiment de prénom… ou du moins, j’en avais maintenant deux, celui de l’enfant, et celui de l’esclave. J’avais longtemps cru qu’on viendrait me libérer de mes chaînes, et j’avais vainement cru. J’avais espéré ressortir de ce cauchemar en étant un homme fort, mais je n’étais rien sans cette bête qui me hanter et me faisais survie. Je n’étais qu’un homme faible, m’accrochant à des bouts de fantasme qui n’avait jamais eu lieu. Tout était mort, même mon nom de famille, sali par les Numendil eux-mêmes. Témis avait raison, je m’accrochai aux morts pour vivre, et je ne m’en étais même pas rendu compte.

La lune berçait la pièce d’une douce lumière. Demain serait une nouvelle journée, de nouvelles révélations, de nouvelles souffrances… mais pourtant, j’avais hâte d’y être. Découvrir mon histoire, démanteler les mensonges pour poser les bases de la vérité, puis reforger bien sûr… car tout étant brisé, il fallait tout remettre en place, autant dans ma vie que dans ma tête. Mon comportement aussi allait devoir changer, celui envers ma fille, mais aussi celui envers Shalk, et lorsque je pardonnerai, alors sans doute Naraë sera sauvé de ma rage. Mes yeux se fermèrent rapidement, et les larmes qui coulèrent cette nuit restèrent cachées aux yeux de tous.

1807

Résumé:
 
Voilà la suite fufufu 8D
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Mer 24 Juin 2015, 20:49


La nuit n’est qu’un retour sur soi, on se retrouve seul au moment même où nous décidons de vouloir dormir, mais que nous en sommes en réalité incapable. Seuls ceux à l’esprit tranquille dorment, les autres ne font qu’être assiégé par des images plus inquiétantes les unes que les autres, plus dramatiques, plus perturbantes. Le fait même de fermer les yeux me donnait mal au crâne, j’avais l’impression que mes yeux se retournaient, que j’allais vomir à ne plus pouvoir reprendre mon souffle. Je n’arrivais pas à garder mon calme, je voulais tout détruire autour de moi, au moins autant que je l’étais maintenant. Malheureusement, c’était beaucoup plus compliqué qu’un prénom, qu’une trahison de famille… c’était tout un monde qui s’écroulait, pour la bonne raison qu’à mes sept ans, on m’avait enlevé mes repères, et qu’aujourd’hui, on me les reprenait encore. Fou de rage, de tristesse aussi, ressentant un abandon si grand et si fort, je me levais alors que le soleil n’était pas encore levé. J’attrapai tout ce que je pouvais, renversant, brisant tout une nouvelle fois. Le boucan alarmait Shalk, mais il ne bougeait pas de son lit, Mozaga non plus. Je ne savais si je me relèverai plus fort, ou bien en ressortirai-je plus faible, mais je me doutais que dans tous les cas, j’en souffrirais encore un bon moment.

La nuit restait agitée. Les souvenirs enfouis refirent surface, des choses que j’avais oubliées, refoulées au plus profond de moi. Des enfants que j’avais dévorés sans raison, des actes qui fut le fruit de pulsions incontrôlables, je ne me reconnaissais pas, malgré la violence qui m’animait encore, la sauvagerie dont je pouvais faire preuve… celle de mon enfance était plus terrifiante encore. Je refusais presque que cela vienne de moi… je n’avais aucune pitié, je faisais par colère, haine, rébellion... Pour moi, tout était permis, je ne recevais pas d’ordre de plus faible, j’obéissais sous la contrainte du plus fort, une vraie bête. Je me demandai alors une chose… Elina devait être courant de tout ça, surement s’en était-elle amusée… était-elle aussi de ma famille ? Où avait-elle juste profité de la situation ? La perspective resta angoissante, car elle aurait remis en doute le lien que j’entretenais avec Mozaga. Tournant dans tous les sens, je peinais à trouver une position, je n’arrivai pas à être bien.

À peine venais-je de fermer les yeux, que l’on frappa timidement à la porte. Elle s’entre ouvrit, et je ne daignai même pas lever la tête, resserrant les couvertures autour de mon corps. Les pas de velours qui fit craquer le bois, me renseignaient que Shalk venait de rentrer. Ce soi-disant Alfar n’en restait pas moins un mauvais comédien, jamais n’avais-je encore vu un des miens au minois si doux, si fin et surtout aux gestes si raffinés. Il ne s’asseyait pas tout de suite sur le pan du lit, attendant que je me redresse sur le coude, rehaussant la couverture pour cacher le reste de mon corps nu : « Quoi ? » fis-je simplement, ne cachant pas mon irritation. Il s’assit alors sur le coin du lit, rompant la distance que j’avais mise avec lui. Entrant dans mon espace privé, je ne pris même pas la peine de reculer, confus. Mes appels à l’aide avaient fait réagir Shalk, il n’avait pu rester assis, même si au début il tentait de garder ces distances, l’envie fut plus grande que sa propre raison. Sa main glissa sur mon bras, et je ne l’arrêtai pas. Sans doute par ma non-réactivité, l’encourageais-je à continuer, à briser le lien que nous avions établi. Mes muscles se contractèrent lorsqu’il toucha ma joue, et tout éclata au grand jour : « Orine… je suis une Orine. »  Je ne dis mot, mais au fond de moi, il n’avait pas eu besoin de me le dire pour que je devine qu’il n’était pas de ma race, comme il l’affirmait. Ses doigts continuaient dans mes cheveux, et l’on aurait dit qu’il touchait le plus beau des bijoux… Je n’avais pas la tête à ça, j’avais du mal à arranger mes idées, je le regardais sans rien faire. « Si tu étais une femme, tu aurais pus répondre à mon enigme... cela aurait été beaucoup plus simple... » sur ses mots, le peu de distance qui nous séparait fut brisé, et ses lèvres furent sur les miennes en un instant. Je me laissai choir sur l’oreiller, mais je restai crispé. Sa bouche parcourait le sillon de mon cou, et avant même qu’il arrive sur ma poitrine, je murmurais : « Jusqu'à preuve du contraire, je suis un homme ». son sourire s"effaça à mes mots, froid et dure, je venais tout bonnement de refuser ses avances : « Maintenant sort de cette chambre… » Sans même tergiverser, il sortit sans demander son reste, et je pu enfin respirer. Je compris la venue même de Naraë, comprenant par la même occasion pourquoi Shalk passait tant de temps avec lui. Cependant, j’avais d’autres problèmes, et il fallait les régler avant de prendre en main les problèmes de l’Orine. Malheureusement, je ne pus me rendormir et je décidai de me lever.

La maison était encore bercée par la lune, mais dans quelques heures, les rayons du soleil taperont dans les vitres. Apportant mon bougeoir près de la table, je m’asseyais devant le livre. J’avais l’impression que ma propre mère avait écrit ses lignes dans le simple but de me faire souffrir, et je n’étais pas au bout de mes peines :

La vie fut rude pour moi, en dehors de ma famille, j’étais aussi seule… Aegnor était un homme froid qui n’avait yeux que pour la richesse et les réceptions. Les beaux objets, les belles femmes, alors quand je suis tombée enceinte, ce fut pour lui une nouvelle des plus exceptionnelles. Il pouvait enfin arpenter les rues, montrant fièrement qu’il était père. Quand nous sommes parties, ce fut pour lui une opportunité, non pas pour notre fille, mais pour pouvoir grimper en haut de l’échelon social. Ce fut alors la cassure entre nous. Dans ses inlassables absences, j’allais voir d’autres hommes, je voulais autant être mère que femme… j’avais encore besoin de voir que je n’étais pas rien. Par la même occasion je rencontrai un homme, par hasard peut-être… ou le destin me fut favorable ce jour.  Sa carrure me fit tout d’abord peur, j’avais peur qu’il puisse me briser en un instant, mais se fut dans ses bras que je me sentis le plus en sécurité. J’avais eu l’impression d’avoir retrouvé un courage que j’avais depuis longtemps perdu, et c’est de cette aventure que naquit Darvam.

Je restai un instant aphasique, ne semblant plus étonné d’une quelconque manière. Mon prénom, ma famille, mon père avait été des mensonges… sans doute était-il aujourd’hui mort quelques parts, ou bien sans doute ne connaissait-elle pas son nom, ni même son prénom. Ma mère avait toujours était ainsi, volatile quand il s’agissait de mon père, elle s’en fichait, il s’en fichait, et tout le monde à la maison se taisait. De toute manière, vu le peu de temps qu’il passait avec nous, je pouvais aisément dire que je m’en fichais aussi, il n’avait jamais été mon repère.

Pour moi, cet homme fut le signe d’une grande destinée pour mon garçon… j’espérai beaucoup de lui, qu’il gravisse les marches de Drosera, qu’il devienne quelqu’un de grand comme son père, Orisha et Eshu de son état. Cocoon, je me souviens de son prénom, de son odeur, de son envergure.

Ma main se posait instinctivement sur mon front, puis glissait à mes yeux. J’étais sous le choc, je n’arrivai même pas à réagir. Mes muscles c’était soudainement relâcher à aller choir sur le sol. Cocoon... j'en avais beaucoup entendu parler en réalité, mais aujourd' hui, celui-ci n'était plus un Eshu comme il y a quelques années, mais bien Roi. Mon père ? Le colosse dirigeant les Orishas ? Une blague, rien de plus. Cependant, le comportement de ma mère n’était pas anodin… ses murmures de grands destins non plus. Ce n’était pas le plus important en réalité… je connaissais maintenant mon père, et il était bien vivant. Malheureusement, la nouvelle ne devait certainement pas se rependre au sein des miens, un bâtard en leur sein ? Tout comme Mozaga était née d’une mère Vampire, personne ne devait savoir, au risque de voir certains nous mettre des bâtons dans les roues. Nous étions des bâtards en notre race, et cela devait rester un secret. Soufflant un bon coup, la fatigue se faisant ressentir, je continuai à lire :

Cocoon fit partie des hommes dont je me souviens encore, mais après cela, après son départ, après Aëran et lorsque Argnor ne posait plus les yeux sur moi, j’eus un autre enfant. Un enfant longtemps caché, abandonné dès la naissance. Alfar, elle avait un grain de beauté très étrange, un rond plus foncé dans un rond plus clair. Il était situé sur la poitrine, je la laissai alors munie d’un simple ruban, son nom : Ervyna.

Ce grain de beauté… je commençai à souffler pour garder mon calme, j’avais une demi-sœur, soit… mais ce grain de beauté si significatif sur la poitrine, le même que celui de Mylin, au même endroit, le même symbole, deux ronds se superposant. Me laissant aller sur ma chaise, une rage sans nom montait en moi. J’avais un père bien vivant, j’avais eu une relation avec une demi-sœur fraichement découverte. Le plus dur dans tout ça, ce n’était pas de me rendre compte que j’avais une famille, mais le fait que je pouvais m’accrocher à quelque chose de bien réel, et laisser mes morts où ils étaient. Petit à petit, j’étais passé de la haine à la tristesse, aujourd’hui, je passai au pardon et à l’abandon du passer.
Je me levais pour ranger le livre dans un placard, m’approchant de la fenêtre. Le soleil, qui venait de se lever, peinait à percer la cime des arbres. La lumière envahissait petit à petit la pièce d’un ton orangé, et en ce moment présent, je me sentis libéré d’un poids, comme si je désirais maintenant aller de l’avant. Je n’avais qu’un désir, approcher mon père, m’accrocher à l’avenir et ne plus le lâcher.

À peine avais-je rouvert les yeux, que Shalk se tenait devant la porte, inerte. Quelques minutes passèrent avant qu’il ne dépose une tasse sur la table. La nuit fut de courte durée aussi pour lui, sans doute était-il resté sur son échec. Soufflant, je m’approchais de lui : « Les hommes de ta race ne se lient qu’aux femmes n’est-ce pas ? Tu aurais voulu être une femme ? » « J’aurais voulu être plein de choses… » Dit-il simplement, tout en posant son regard sur moi. « cette nuit, à quoi cela rimait-il ? » Il sourit, peinant à cacher ses regrets : « A presque rien, à vous entendre ». Il s’en retournait sur ces mots. « Shalk ! » fis-je pour qu’il se retourne : « Je vais partir pendant un temps, tu t’occuperas de Mozaga pour moi ? ». Hochant la tête, il s’en allait de la pièce. Il était temps pour moi de retrouver une accroche, un espoir de devenir un homme, puis un père aussi...  de lâcher prise.

1855

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Une Hécatombe de Révélations [Quête unique - Solo]

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