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 C'est dans sa violence qu'elle est la plus délicate [Solo]

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Dim 20 Nov 2016, 21:55

Le théâtre était baigné dans un silence singulier, celui du blizzard levant et de la peur ancrée dans les esprits. Étrangement, cette ambiance morne seyait à Léto, qui auparavant préférait laisser ses pensées vagabonder au fil des explosions émotives. Lors de sa première venue à Ciel-Ouvert, les chants étaient si beaux qu'elle n'avait même pas remarqué ses larmes geler sur ses joues. Mais depuis quelques temps, elle était devenue une Marcheuse, ces individus qui ne voient plus que la terreur dans le plus infime des plaisirs. Elle semblait comprendre enfin qu'on n'appréciait pas ces chansons : on les vivait.
 
L'hymne au châtiment divin fut entonné lorsque l'escadron fit entrer le condamné. Les exécutions publiques étaient rares en ces montagnes, mais il fallait, de temps en temps, rappeler aux hommes qu'ils étaient mortels et que leur liberté s'arrêtait à l'instant même où ils piétinaient sur celles d'autrui. En l'occurrence, les Marcheurs ne pourront jamais accueillir tous les monstres sous leur toit. Léto tiqua à cette réflexion, alors qu'elle fixait le prisonnier se rapprocher du billot. Ce dernier n'avait clairement pas une gueule d'ange, et son passé allait de pair avec son infâme faciès. Le contexte dans lequel on le traînait, pourtant, lui fit davantage penser à une brebis parmi une meute de loups assoiffés de sang. Ses doigts calleux se resserrèrent sur le manche de la claymore, plantée dans la neige en attendant le coup fatal ; le givre qui rongeait ses mains lui donna peut-être bien envie de les souiller de sang chaud.
 
La Chamane se plaça à côté du billot, en tant que bourreau. L'esclavagiste, déchu de son groupuscule, de son pouvoir et de ses ambitions, fut forcé par deux libérateurs de plaquer sa caboche sur l'instrument d'exécution. Son regard azurin croisa celui disparate de la blonde et ne le quitta plus. Ils étaient liés. Léto ne détourna aucunement son attention, comme si elle était enchaînée au prisonnier ; elle semblait ressentir son mal, le froid du billot contre sa tempe et le fer lui ronger les poignets. Après le vers final du chant, des mots furent prononcés à l'assemblée, un discours exalté et quelques valeurs dignes d'être défendues, parfois l'invocation de divins. Il suffisait d'un rien pour inspirer les petites gens ; telle qu'une Orisha, personnification de l'esclave en quête de Liberté, qui étrangle ses maîtres avec les chaînes qui la restreignaient.
 
Aëran me manque. C'était une pensée indéniable et difficile à mettre de côté. Des mots couchés sur un parchemin n'était pas suffisant, de discrètes émotions via l'anneau d'Olympe non plus. Ils étaient nombreux à affirmer que Léto méritait un meilleur parti, mais ils étaient ignorants, aveugles. L'Alfar était son Tout, il était son départ et sa fin. Tout avait commencé avec lui et tout se terminera avec lui. Sans lui, "cette" Léto n'existerait pas. Aglakh avait tout autant besoin d'elle : la fougue de Latone était nécessaire pour assurer l'équilibre entre l'Homme et la Bête, l'appétit du Serpent était primordial pour que la Femme et le Songe subsistent. Il y avait des désirs qui naissaient, prenaient forme telle la face opposée d'une même pièce. C'était une réalité qu'Aëran lui avait fait entrevoir depuis si longtemps, mais sa sottise l'avait tenue à l'écart. Il n'y avait plus de guide, plus d'équilibre, si ce n'était elle-même.
 
" Une dernière volonté ? Elle avait failli prolonger à tort le silence, son condamné n'attendait plus que son sort.
- Oui. L'échange visuel n'avait jamais cessé depuis son commencement ; l'espace d'un instant, elle tressaillit à l'idée qu'il ait capté son chagrin. J'aimerais pouvoir mourir l'arme au poing, en duel face à vous, Latone Sùlfr. Mais je ne suis point idiot, vos semblables ne me laisseront pas faire ; mourir sous le poids de votre lame est déjà un honneur indescriptible. "
 
Beaucoup pensaient, peut-être à raison, qu'il jouait avec sa naïveté légendaire et sa soif de défi pour l'ébranler, lui donner matière à profiter de cette occasion. Mais Léto n'était pas en état de jouer. Elle se contenta de lui sourire et de soulever vigoureusement l'épée au-dessus de sa tête. Lorsque ses bras musclés furent bien tendus vers les cieux, l'esclavagiste fut déjà résolu à rejoindre l'outre monde. Elle songea à cette perspective : il pourrait la tuer, il pourrait ainsi partir ou mourir à ses côtés, dans la gloire. Il pourrait être un challenge à surmonter, un partenaire idéal pour sa danse qu'était la violence. Mais c'était un mensonge, ses mots sonnaient faux, tout comme ceux d'Aëran.
 
L'épée s'abaissa mais l'élan opiné ne fut pas celui escompté par l'ensemble des témoins. La lame retourna se planter dans le sol, à la même place qu'avant l'exécution. Le prisonnier rouvrit les yeux, aussi confus que les Marcheurs. La Chamane ne lui laissa pas l'ombre d'un répit, car sa botte se plaqua sur la nuque de celui-ci. Le poids et la force de la titanide eurent raison du condamné qui ne put pas se débattre, si ce n'était s'écrier, réclamer des réponses quant à cette humiliation, sans jamais pouvoir surmonter sa force dégrisée. Sa mort ne lui apporterait rien, il ne méritait pas qu'elle lui accorde le moindre honneur. Tout cela, il ne le saura jamais de son vivant. Il n'était qu'un monstre. Et Latone écrasait ces chimères.
 
D'un geste sec, le plat de la botte rompit le lien entre ses cervicales, ce qui expédia aussitôt toute parcelle de vie en dehors de sa carcasse, tout comme quelques gouttes de sang sur le manteau blanc. Une fontaine écarlate se forma au niveau de son cou, sa tête peina à rester liée avec le reste de son corps, ballante par-dessus le rebord du tronçon ; au final, sa mise à mort demeurait une décapitation. Aucune opposition ne s'éleva si ce n'était la stupeur intérieure, comme si elle était parvenue à rompre, à tous, leurs cordes vocales. Léto recula après s'être donnée ainsi en spectacle, ses yeux en quête d'un astre invisible en ce ciel nuageux. Ou d'un amour à consumer.



By Jil ♪
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C'est dans sa violence qu'elle est la plus délicate [Solo]

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