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 [Q] Le monstre dans mon coeur | Solo

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Dim 09 Aoû 2020, 15:43

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Intrigue : Calanthe fait la rencontre de Nux Umbrae, une Déchue qui lui propose de devenir son mentor. Pour cela, elle l'invite à trouver sur les Halles la chose qu'elle désire le plus.

Avec une férocité inédite, l’obsession martelait son crâne. La jeune femme laissait la panique la gouverner toute entière, et, filant vers les Quartiers du Centre, elle tâchait de ne pas penser. Comment devait-elle interpréter les derniers événements ? Elle avait cru que Deccio, à défaut d’être un allié, deviendrait un ami. Que pouvait-elle attendre de lui, à présent ? Avait-elle réellement envie de le revoir ? Quelque chose en elle s’intriguait. Impossible de nier qu’il était un enfant du mal, et ignorer ses mœurs ne la mènerait à rien. Qu'il commette des meurtres dès qu'elle le quittait des yeux n'aurait pas dû la surprendre : les Démons ne réagissaient pas aux offenses comme les siens. La mesure ne faisait vraisemblablement pas partie de leur mode de vie. Sans même y penser, elle retrouva le chemin de l’atelier. Rattrapée par sa maladresse, son atterrissage ne se déroula pas exactement comme prévu. Son corps s’effondra mollement contre la porte. Alerté par le bruit, l’orfèvre se précipita vers l’entrée. « Viens m’aider. S’il te plaît. » Devant son visage baissé, il s’agenouilla et lui prit le menton. Il n’en fallut pas plus pour le faire décoller : elle n'avait jamais eu l'air aussi bouleversée. Quelques instants plus tard, lorsqu’ils parvinrent au lieu du crime, la blonde posa une main sur son avant-bras. Les doigts crispés, les mots restèrent coincés dans sa gorge. Que pouvait-elle lui dire ? Rebrousser chemin n'était plus envisageable. Les doigts tremblants, elle poussa la porte de la maisonnée et s'engouffra aussitôt à l'intérieur. En cet instant, elle désirait de tout son coeur disparaître dans un trou de souris.

Un juron sur les lèvres, Joliel écarquilla les yeux devant le sanglant spectacle qui s'offrait à lui. « Par les couilles d’un Weltpüff ! Qu’est-ce qui s’est passé ici ? » Des mouches virevoltaient autour du cadavre. Incapable de dénoncer Deccio, la blonde balbutia la première ineptie qui lui vint à l'esprit. « Je voulais posséder sa bague. J’ai tout essayé, mais il a refusé de me la donner. » Plongée dans la contemplation du sol, elle fut prise d'un haut-le-coeur. « Ne me mens pas. Tu as beau ne pas être un Ange quand tu deviens envieuse, tu n’aurais jamais torturé un homme de la sorte. » Les sourcils froncés, le Déchu arborait un air profondément contrarié. La colère rendait sa voix plus rauque qu'à l'accoutumée. Comment avait-elle pu se retrouver dans une situation pareille ? « C’est que... » D'un geste de la main, il balaya sa tentative d'explication. Elle avait beau lui affirmer le contraire, il savait qu'elle n'aurait jamais pu s'adonner à ce genre de pratique. Qu'elle fasse suffisamment confiance à l'assassin pour le couvrir, en revanche, lui faisait douter de sa santé mentale. « Je me fiche de connaître l’identité du responsable. En revanche, si tu le fréquentes à nouveau et qu’un problème se présente, ne t’attends pas à ce que je vienne t’aider. » En attendant qu'elle apprenne à faire preuve de jugeotte, il allait devoir la surveiller de près. Poussant un soupir, il lui intima de rentrer et d'attendre son retour.

Lorsque Joliel revint à l'atelier, il ne lui adressa pas un mot. N'ayant pas envie d'attiser son courroux, la blonde tâcha de faire oublier sa présence, et ne posa pas la moindre question au sujet de ce qu'était devenu le macchabée. Cloîtrée à l'étage, elle passa la journée à coudre. L'angoisse la rendant maladroite, elle ne parvint qu'à déchirer les mailles du tissu auquel elle essayait d'insuffler la vie, et, en désespoir de cause, elle s'était emparée de son livre. Ses phalanges s'égarèrent sur les morceaux d'étoffe jusqu'à ce que la nuit tombe. Alors, le coeur lourd, elle rejoignit les draps froids du lit, et sombra dans un sommeil sans rêves. Le lendemain, elle se réveilla seule. Mécontent de son sort, son ventre réclama de la nourriture par un gargouillis sonore. Malgré l'appréhension qui montait en elle, la jeune femme se décida à emprunter les escaliers pour aller chercher à manger. Parvenue au rez-de-chaussée, son confident lui désigna la table de l'arrière boutique. Des fruits et des viennoiseries y rivalisaient. « Quand tu auras fini de déjeuner, je t'amènerais quelque part. » Devant le ton détaché qu'il employa, elle n'eut pas la force de répondre. Jamais il ne s'était adressé à elle avec une telle indifférence. Pouvait-elle le lui reprocher ? Angoissée, elle s'installa sur sa chaise et picora brièvement. Ses méninges se torturaient trop pour qu'elle savoure véritablement son repas. Où voulait-il aller ? Allait-elle finir en prison ? Une voix sournoise lui murmura qu'elle ne méritait rien d'autre.

Contre toute attente, son confident ne la livra pas à l'établissement pénitencier. Ils se dirigèrent à nouveau vers les Quartiers Simples. Aucun trépassé ne les attendait, cette fois-ci. Loin de s'approcher du lieu du crime, ils pénétrèrent dans un jardin de taille modeste. Une femme de petite taille arrachait des mauvaises herbes pour dégager le terrain à une famille de pivoines. À leur arrivée, elle délaissa son ouvrage. « Voici la jeune femme dont je t'ai parlé. » Intimidée par l’allure élégante de la jardinière, et par le trait noir qui allongeait son regard, elle se présenta d’une voix à peine audible. « Bonjour, Madame. Je m'appelle Calanthe Firenze. Ravie de vous rencontrer. » Devant la déférence dont elle faisait preuve, son interlocutrice éclata de rire. « Quelle politesse. Un vrai petit Ange. » Les bras croisés, le brun secoua la tête. « Tu ne devrais pas t'y fier. Je reviendrais ce soir, comme convenu. » Avant que l’Envieuse n’ait le temps de protester, elle se retrouva seule. Heureusement, l’autre ne lui laissa pas le temps de réfléchir à ce qu’il allait advenir d’elle. « Je m'appelle Nux Umbrae. Joliel est venu me voir hier. Il paraît que tu es arrivée à Avalon il y a quelque temps, et que tu n’as toujours pas trouvé de mentor. » La jeune femme se mordit la lèvre inférieure, honteuse. Il fallait reconnaître qu’elle n’avait pas consacré le temps nécessaire à de vraies recherches. Les événements s’étaient enchaînés sans qu’elle ne comprenne ce qui se passait, et, absorbée toute entière par la couture et l’apprentissage de l’écriture, elle n’avait plus pensé au motif initial de sa venue.

Cependant, elle ne pouvait expliquer à l’inconnue les raisons de ce manque d’investissement, et elle ne semblait pas non plus s’en soucier. « J'avais d'autres choses en tête. Vous allez être ma professeure ? » Nux chassa la poussière de son turban. « En quelque sorte. Si tu t'en montres digne, je t'enseignerais la maîtrise de soi. » L’ironie voulut que la jeune femme choisit cet instant pour se montrer méfiante. Les poings sur les hanches, elle examina la Colérique. « Je ne voudrais pas vous vexer, mais qu'est-ce que vous y connaissez ? Je n'ai jamais entendu parler de vous. » Un tic nerveux agita la mâchoire de cette dernière. « Je sais que nos péchés font de nous des bêtes, et qu’il n’est pas bon de vivre ainsi. Ni pour nous, ni pour les autres. Il y a quelques années, une question de ce genre aurait suffi pour que je te crie dessus, et que je te roue de coups. » « Alors, vous allez m’apprendre à ne plus envier ? » « Non. Je vais t’apprendre à vivre avec l’Envie. Qu’elle ne soit plus pour toi un fardeau qui t’emporte chaque fois que tu la ressens. Ce sera difficile. » « Vous savez, j'ai perdu des années, abîmée dans la dépression, et j’ai commis une trahison que je ne peux me pardonner. Je voudrais être une bonne personne, mais je sais que je suis capable de choses monstrueuses. Je ne veux plus me comporter comme ça. » « Bien. Avant toute chose, je vais te soumettre à un test. » La blonde battit des cils. « Un test ? » Dans quoi allait-elle s’engager ?

Sans s’encombrer d’une quelconque explication, Nux invita la jeune femme à la suivre. Elles marchèrent en silence pendant de longues. Craignant de se retrouver dans une situation périlleuse, la blonde n’osait pas faire la moindre remarque. Lorsqu’elle aperçut les premiers étals, elle se figea. « Je suppose que tu es déjà venue aux Halles. » À peine engagée sur le chemin qui les caractérisait, elle secoua la tête doucement. « Je n'aime pas cet endroit. » Ses pupilles, déjà, s’attardaient sur les marchandises à proximité. Combien de trésors se trouvaient ici, et combien pouvait-elle en acquérir ? Elle savait qu’il n’y en aurait jamais suffisamment. « Ce n'est pas la question. Je vais te laisser ici, avec cette bourse. » Incrédule, elle déplia les doigts pour récupérer la besace en question.  « Avant que le soleil se couche, tu devras avoir acheté une chose. Celle qui, parmi toutes les autres, te fera le plus envie. » Devant l’épreuve, elle écarquilla les yeux. « Ce n'est pas possible. Je n'y arriverais jamais. » Exaspérée, Nux s’efforça de lui sourire : elle aurait l’occasion de la réprimander plus tard. « Commence par avoir un peu plus confiance en toi. Je suis certaine que tu trouveras. » « Vous ne savez pas ce que c'est, de tout vouloir pour soi. » Calanthe se tourna de l’autre côté. « C'est vrai. Mais tu n'es pas la seule envieuse d'Avalon. » L’espoir germa dans son esprit. « Vous voulez dire que d'autres ont déjà réussi ? » Mystérieuse, la Colérique la poussa vers le gigantesque marché qui menaçait de l’avaler. « Peut-être bien. »

Seule avec ses démons, la jeune femme déambulait entre les allées. Devant la lueur envieuse qui obscurcissait son regard, les marchands adoptaient des réactions contradictoires. Si la plupart paraissaient se méfier de sa présence, certains, conquis par la fourberie, lui vantaient à grand renforts de cris les mérites de leurs produits. Couleurs et formes se mêlaient en une vision trouble. Jamais elle ne sortirait des Halles. Il lui suffisait de tendre les doigts pour saisir à pleines mains des fruits aux rondeurs ensoleillées. Alléchée par des parfums sucrés, elle s’approcha d’un panier qui débordait d’agrumes. Ravie, elle s’apprêta à donner quelques pièces, avant de changer d’avis. Un produit périssable ne pouvait être ce qu’elle désirait le plus, en ces lieux. Comment pouvait-elle savoir ? Quel battement dans sa poitrine indiquait que ce qu'elle avait sous les yeux lui procurerait davantage de plaisir qu'autre chose ? Quel frémissement sur sa peau devait surgir, pour qu'elle sache ce qu'elle voulait vraiment ? Sur l’étal d’à côté, des poteries se dressaient fièrement, et elle n’aurait su dire quelle céramique était la plus belle. Aucune en particulier ne saurait la satisfaire ; elle cesserait de les désirer sitôt qu’elles seraient siennes, et le torchon sale d’un voisin lui ferait davantage d’effet. Angoissée par la profusion d’objet qui se présentait à elle, la Déchue passa de longues heures à errer vainement. Quel objet pouvait éveiller assez son désir pour qu'elle continue à l'apprécier, une fois qu'il serait à elle ? Il lui aurait suffi de prendre quelque chose au hasard. Serait-il possible de se saisir de plusieurs babioles, et de les dissimuler à sa tortionnaire ? Elle ne savait ni mentir, ni choisir.  Un vendeur la héla pour lui montrer des cailloux grossièrement peints. Ces derniers lui inspiraient la même fureur qu'un présentoir à bijoux en nacre qu'elle apercevait plus loin.  Le cœur serré, elle s'arrêtait devant tous les stands, à la recherche d'une délivrance qui se refusait à elle. La tentation allait la rendre folle. Lorsque le soleil descendit sur l’horizon, Nux trouva Calanthe à la sortie des Halles. Assise sur un rebord, elle tenait un vulgaire morceau de charbon. Parfaitement immobile, elle parut ne pas remarquer l’arrivée de la brune. De grosses larmes roulaient sur ses joues. « Ce qui devient mien ne me rendra jamais heureuse. » Inquiète de son état, la Colérique lui releva le visage, craignant d'avoir confié à la blonde une mission trop éprouvante.

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