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 [LDR Génie & Rehla] L'Hybride

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Mar 02 Aoû 2016, 21:53



L'Hybride


[LDR Génie & Rehla] L'Hybride  0000010

Ils ne pouvaient s’empêcher de le dévisager, sans savoir ce qu’ils pouvaient dire ou faire. Anxieux et mal à l’aise, ils s’agitaient sur leurs pieds et leurs doigts tremblaient. Depuis que le Génie avait murmuré un « Exaucé » du bout des lèvres, ils avaient eu le privilège d’assister à une scène rare dont ils garderaient sûrement un souvenir éprouvant. Avaient-ils eu raison de formuler ces vœux à ce Marchand de Rêves, de se fier à lui ? Oui. Définitivement, oui. Ils ne pouvaient plus se permettre de traîner à l’arrière de cette grande Guerre. Ils avaient besoin d’un Prophète. C’était du moins la conclusion tirée par la Secte vouée aux Dieux, qui avait longuement débattu sur les projets qu’ils mettraient en œuvre. Les adeptes de Sympan se reposaient sur le fameux Delta, cet homme à l’éloquence rare qui avait le don de soulever les foules. Il leur fallait quelqu’un qui remplirait ce rôle pour la gloire des Ætheri. Ils avaient cherché des semaines durant une façon de parvenir à leurs fins. Ils avaient fini par dénicher ce Djinn, un paria qui n’agissait pas pour le Dieu-Roi, contrairement à ses congénères. Ils avaient souhaité la naissance de cet être suprême. Ils avaient assisté malgré eux à sa conception. Bientôt, ils le verraient ouvrir les yeux pour la première fois. Créature Supérieure qui se devait de réunir le meilleur de deux peuples à la puissance aberrante, il avait fallu procéder différemment. Un homme au teint pâle comme le lait avait été amené. Il savait. Cela se voyait dans la clarté lunaire de ses iris grises. Il savait mais il ne pouvait rien faire. Il baissa la tête, laissant les mèches blanches de ses cheveux lui couvrir le visage. Il ne tenait pas à assister à son sort. Le Djinn le contempla un instant, souriant, avant de le dévorer. Ils ne faisaient plus qu’un. Il n’y avait plus « Le Génie et le Rehla ». Il n’y avait plus que l’Hybride. « C’est impossible. » articula l’un des membres du groupe. L’Hybride avait une apparence difforme, comme le puzzle imparfait de deux corps incompatibles. Il semblait instable, prêt à éclater à la moindre contrariété en un amas de poussières. Sa silhouette n’était jamais vraiment définie, ni même nette. Sa peau semblait onduler ; ses orbites se creuser et s’écarquiller. Sa peau était tantôt noire tantôt blanche. On pouvait discerner quelques traits, vestiges de ce qu’était le Rêveur aux Etoiles. Certaines parties étaient les restes du Génie. C’était un Monstre. « Il est parfait. » s’extasia un autre. « Il a trouvé la force de se créer grâce aux faveurs de nos Dieux. » Quelques-uns demeuraient réticents, inquiétés par ce qu’ils avaient en face d’eux. Il était fort à parier qu’il n’y avait pas que le « paraître » qui était en ébullition chez l’Hybride, mais bien « l’être ». A des lieues de là, un homme se réveilla en sursaut aux premières lueurs du jour. Il avait été tiré de ses songes par ses visions. Il avait vu. Il ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Cette chose devait mourir. Elle ne devrait pas même exister. « Je suis bien d’accord avec vous. » chuchota une voix moqueuse. « Cela nous concerne autant l’un que l’autre. Mettons nos efforts en commun. Ne me bassinez pas avec vos règles. Elles n’ont pas à s’appliquer, en cet instant. » La mince pincée, il sortit de ses draps. « Non, il est vrai qu’on ne peut changer le destin d’une chose qui n’en fait pas partie. » - « Nous sommes d’accords, alors. » - « Oui, nous le sommes. » La seconde qui suivit, il fut seul. Dans un soupir, il quitta ses appartements et réunit les Oracles. Il fallait prendre des décisions.

Explications


Ce LDR est ouvert aux Génies et aux Rehlas, qu'ils soient des comptes principaux ou des compagnons. Votre but est de parcourir les Terres du Yin et du Yang afin de collecter des indices sur l'Hybride qui est plutôt une légende pour l'instant qu'autre chose, retracer son chemin et réparer ses dégâts (car il se comporte comme un fanatique extrémiste et ses actions ne sont pas sympathiques), etc. Dans le contexte donné, vous êtes assez libre de faire ce que vous voulez à une exception près : vous ne pouvez pas tuer l'Hybride (car quelqu'un va s'en charger) ni même l'amocher même si vous pouvez essayer.

Je suis conscient que c'est assez vague. Si vous avez une question : MP. Vous avez jusqu'au 02 Septembre pour poster.

Gain(s)


■ Pour 900 mots : Un point de spécialité au choix
■ Pour 450 mots de plus : Un point de spécialité de plus au choix

ATTENTION : Ce rp est un rp d'event donc vous devez attribuer un point de pourcentage à la fin de votre message.
Note : Les Génies et les Rehlas Pro-Ætheri (s'ils existent ...) peuvent participer mais vu la finalité, seuls ceux pro-Sympan peuvent attribuer des points. Donc vous attribuez soit +1 point à Sympan, soit -1 point aux Ætheri.
Veillez à bien le préciser avec vos gains ;)
Récapitulatif des Gains



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Babelda
~ Rehla ~ Niveau III ~

~ Rehla ~ Niveau III ~
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◈ YinYanisé(e) le : 20/04/2015
Babelda
Jeu 18 Aoû 2016, 19:59

Babelda regarda avec horreur les corps, avant de détourner le regard, trop écoeurée pour contempler le spectacle qui s'étendait devant elle. Pourtant, même ailleurs, on ne pouvait ignorer qu'il y avait eut lutte. L'herbe avait été saccagée, de longues traînées la sillonnant. Sans doute la marque laissé par les corps qu'on tirait. A certains endroits, l'herbe avait même été teintée de rouge, le sol imbibé du sang des victimes. La rehla ferma les yeux, essayant en vain d'oublier l'image qu'elle venait de voir. Elle en tremblait encore, de douleur pour ces défunts, de peur aussi. Comment quelqu'un -peut-être devrait-elle dire "quelque chose" - pouvait infliger un tel supplice à des êtres vivants ? Elle n'en avait aucune idée et trouver la réponse aurait sans doute été plus terrible encore.

Quelqu'un posa une main sur son épaule. "Tu vas bien ?" La jeune femme acquiesça, essayant de dessiner un sourire sur ses lèvres, qui ressemblait plus à une grimace fugace. Elle mentait, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Elle avait l'air d'une fillette au milieu d'un conte d'horreur. Elle voulait soudainement se blottir dans des bras forts et rassurants, contre quelqu'un qui pourrait la protéger d'un sort semblable à celui de ces pauvres hommes et femmes. "Tu peux prendre le temps qu'il te faut, on va décrocher les corps..." Le garde lui adressa un regard compatissant. Il savait qu'elle n'avait pas l'habitude de voir de telles atrocités. Lui non plus à vrai dire, mais son entraînement lui avait donné suffisamment de maîtrise pour retenir ses sentiments.

Babelda inspira profondément et se força à regarder de nouveau les victimes de l'Hybride. Si elle ne le faisait pas, c'est comme si elle n'acceptait pas. Et si elle n'acceptait pas, elle ne pourrait pas se mettre au travail, et peut être ne retrouverait-on pas leur assassin. Elle ne baissa donc pas les yeux en voyant le corps d'une jeune femme, d'une vingtaine d'année, les bras et les jambes cloués sur la roche, le dos ouvert le long de la colonne et les côtes écartées... Ses poumons avaient été arrachés. Du sang coulait le long de son corps, dessinant des ruisseaux qui continuaient sur la pierre sacrée et gouttait jusqu'au sol, dessinant une petite flaque sous la roche en lévitation. Et il en était de même pour les six autres victimes accrochées à Sin'ra. L'arbre sacré de la forêt, certains disaient même qu'il en était la personnification... Et pourtant, quelqu'un avait osé bafouer ce sanctuaire, ce havre de paix... Babelda se sentait personnellement affectée par cet acte de barbarisme. Comme si on s'en prenait à sa culture revenait à dire que l'on s'en prenait à tous les rehlas de Lua Eyael.

La voyageuse se retourna. Elle ne put pas se retenir à temps, elle recracha tout ce qu'elle avait avalé plus tôt dans la matinée. Elle capta dans son dos quelques regards desaprobateurs. Il est vrai que sa présence ici n'était sans doute pas nécessaire et elle dérangerait peut être plus les gardes qu'autre chose. Pourtant, lorsque son voisin était venu la trouver pour lui demander ce service, elle n'avait pu dire non. Le garde avait entendu parler de son talent de liseuse, et ce don pourrait se révéler utile pour comprendre ce qu'ils s'était réellement passé... Bien sûr, même si les gardes avaient essayé de taire cette tragédie, quelques bruits de couloirs s'étaient répendus et on accusait volontier ce massacre à l'Hybride. Babelda ne savait pas vraiment si elle y croyait, une sorte de mutant, à la fois enfant de Phoebe et créature de Pandore... Pourtant, en voyant ce qu'elle avait sous les yeux, elle ne pouvait cesser de se dire que rien d'autre ne serait capable de faire ça.

La brune essuya sa bouche avec un mouchoir de poche, puis se retourna. Plusieurs corps avaient été décrochés. Elle d'approcha de sa connaissance. A ses pieds, un cinquantenaire. "Il me faut un objet qu'il portait sur lui au moment où il a été tué... Je ne peux pas Lire les gens." explica-t-elle. "Et cette bague, ça irait ?" La victime portait en effet un anneau à l'index gauche. Ça irait, en effet, mais Babelda ne voulait pas se pencher pour la récupérer. Elle ne voulait pas toucher le corps froid, sans vie... Comme si prendre cette bague voulait dire voler l'homme. Et c'est un peu ce qu'elle s'apprêtait à faire... dérober les derniers instants de cet homme... "C'est pour la bonne cause ! Je vais aider à retrouver son meurtrier." se repetait-elle pour se donner bonne conscience. Voyant que la demoiselle ne bougeais pas, le garde se pencha pour récupérer l'objet mais la rehla l'en empêcha : "Non, ne le touchez pas... Vous le pollueriez de vos propres sentiments..." Les mots étaient quelque peu désagréable mais elle ne souhaitait pas Lire les émotions du jeune homme en plus... Ça ne serait que des efforts inutiles. Inspirant de nouveau, elle s'accroupit puis retira la bague de son doigts.

La brune serra la main sur l'anneau puis ferma les yeux, se concentrant sur les souvenirs que refermaient le bijoux. Bientôt, elle sentit une vague de sentiments l'envahir, des sentiments qui n'émanaient pas directement d'elle. Elle lut d'abord sa propre angoisse, son appréhension face à cette Lecture. Elle se concentra davantage pour pénétrer dans les strates antérieures... Puis une vague de douleur si intense la traversa qu'elle en lâcha son objet en hurlant... Revenue à la réalité, elle avait encore l'impression que son dos était ouvert sur ses côtes, que ses poumons étaient en feu...  Babelda tremblait, la tête lui tournait. Ce fut l'homme qui la retint par les épaules pour pas qu'elle ne tombe. "Qu'avez vous vu ?" La pressa-t-il. Devant son silence, il demanda : "Vous voulez vous arrêtez ? Vous reposer ?" Secouant la tête, Babelda reprit son travail. "Je peux le faire" assura-t-elle, autant pour se convaincre elle même que les autres rehlas. De nouveau, elle s'immergea dans le passé. Elle fouilla encore et encore...

Tu la regardes. Elle est si belle, avec ses cheveux blancs brillant sous la lueur bleutée de la forêt. Tu l'aimes. Tu ferais tout pour elle. Tu t'apprêtes à lui parler lorsqu'un bruit attire votre attention. Difformes. Un monstre. Blanc, noir, flou. Humain ? Monstre ? La peur. Tu es terrifié. Tu prends la fuite, courant aussi vite que possible. Derrière toi, Lise hurle. Tu te retournes pour voir avec horreur ce qu'il se passe. Il la tient. Tu ne peux plus rien pour elle. L'adrénaline te permet de courir sur plusieurs mètres avant que ça ne te rattrapes à ton tour. Ça t'attrape la cheville. Tu cris, te débattant, mais ça t'entraîne comme si tu ne pesais rien. Ça te tire sur le sol, tandis que tu essayes de t'accrocher aux racines, aux branches, à l'herbe. A tout ce que tu trouves. Mais rien. Tu cèdes à chaque fois. La peur. Tu pleures. Tu entends Lise murmurer ton prénom. Tu lui tends la main. Elle tends le bras pour la serrer... La lumière, aveuglante. Tes yeux n'y voient rien tant le changement de luminosité est brutal.

Ça te lance plus loin, tu atterris mal, ton bras se casse sous l'impact. Tu cris de douleur mais rien, aucun son ne sort de ta bouche.  Tu souffres, tu as tellement mal... Tu le supplies mentalement de vous laisser tranquille. Il la prend et la jette sur les roches. Elle hurle quand les clous rentrent dans ses mains. "ARRÊTEZ !  ARRÊTEZ JE VOUS EN SUPPLIE !" Tu ne peux rien dire, juste observer, impuissant. Tu n'arrives plus à bouger. Il lui ouvre le dos tandis qu'elle est toujours consciente. Puis lui brise les côtes, une à une. Au bout d'un moment, elle finit par se taire. Les craquements continuent. Tu pleures. Elle est morte ? Tu ne sais pas. Tu vas mourir ? Oui, dès qu'il en aura fini avec elle. Il lui arrache les poumons. Pourquoi fait-il ça ?  Pourquoi à vous ? Il se retourne face à toi. "NON ! NON NE T'APPROCHE PAS !" Il ne t'écoute pas. La douleur. Partout, pire que tout à l'heure... "Pitié... Tuez moi..." Finalement, il exhausse ton dernier voeu.


Babelda tituba. Des larmes coulaient sur ses propres joues. Elle tremblait de la tête au pied. Le gardien s'inquieta. "Il est réel..." fut tout ce qu'elle parvint à dire.
1470 mots
+1 Sympan
2 points de magie pour Babel.
Merci pour ce LDC qui roxe ! nastae


Merci Kyra nastae

Avatar : NIXEU
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Sam 27 Aoû 2016, 13:38


Aerin avançait fébrilement, les yeux rivés sur le sol rocheux. Elle haïssait cet d’endroit, où chaque regard qu’elle croisait semblait dénué de toute émotion autre que le chagrin et la lassitude. Des cris de douleur raisonnèrent sur sa gauche, vite calmés par une voix grave et rassurante. Ses prunelles se posèrent sur la source du hurlement, un homme d’une cinquantaine d’années, dont le bras sanguinolent était examiné par un médecin. Retenant un haut le cœur, elle accéléra le pas. Elle sentit la douce main de son père se poser sur son dos, le frottant gentiment.

« Ne t’inquiètes pas, il va s’en sortir, murmura l’adulte. »

Il ne reçut qu’un maigre sourire forcé en guise de réponse.
Après avoir esquissé quelques pas de plus, ils se stoppèrent devant une couchette de fortune. Un enfant aux bouclettes chocolats y était étendu, les yeux larmoyants. Respirant avec difficulté, il semblait, par d’innombrables balbutiements, tenter de confier quelque chose à une Rehla qui le soutenait. Aerin déposa une lourde boite métallique à leurs cotés, tandis que son père humidifiait un linge pour le tamponner sur le front du garçon.

« On a ramené tout ce qu’on a pu, maman.
Ça suffira, merci.»

La jeune fille fut emplie de pitié en observant sa génitrice. Toute grâce s’était effacée de ses traits. Cernée, les cheveux défaits, elle lui semblait avoir pris une dizaine d’année depuis la dernière fois qu’elle l’avait visitée. Elle portait des vêtements à la propreté douteuse, assombris en leur centre par une large tache carmine. Ses lèvres, d’habitude si enclines à sourire, ne s’ouvraient que pour laisser échapper des soupirs d’épuisement.

Ne supportant plus cette vision miséreuse, Aerin se détourna. Néanmoins, ses nouvelles perspectives de vue ne l’enchantèrent guère plus. Partout, une répugnante odeur de sang flottait. Au loin, des demeures en ruines crachaient par leurs toits béants d’opaques volutes de fumées. Quelques silhouettes chétives, armées de piètres sauts d’eau, tentaient vainement d’apaiser la fureur des flammes. La chaleur rongeait leur chair, emplissant leurs mouvements d’une lenteur suffocante. La jeune Rehla imaginait aisément leur peau moite et brunie, leurs lèvres craquelées, leurs yeux injectés de sang.  Elle se sentait prise au piège dans un halo de misère, où le malheur avait établi son règne. Les cieux embrasés avaient perdu de leur majesté, transpercés de toute part par d’épais souffles de cendres.  

Le refuge dans lequel elle se trouvait, un à deux kilomètres à l’écart du village souillé, accueillait les blessés. Ceux-ci y étaient transportés à bout de bras par divers volontaires venus apporter main forte. Malheureusement, la plupart des victimes avaient péri durant l’assaut, et les quelques rares survivants menaçaient de s’éteindre sous peu. Sa mère, dont les pouvoirs de soins s’avéraient très utiles en ces circonstances, tentait elle aussi de les secourir. En réalité, cela faisait maintenant plusieurs jours qu’elle courrait ça et là, mettant tout en œuvre pour récolter des informations sur la menace nouvellement apparue. L’Hybride, l’avait-on nommée. Aerin ne connaissait que très peu de détails sur ce mal. On ne pouvait en tout cas pour l’instant pas affirmer qu’il était responsable du désastre. Aucun des rescapés n’était en état, ou ne souhaitait, en témoigner. Peut être cette attaque n’était-elle que la conséquence d’une querelle. Peut être l’incendie résultait-il d’un erreur. Néanmoins, une des petites équipes cherchant des indices sur l’Hybride, dont sa mère faisait partie, avait tenu à enquêter sur les lieux.

Aerin revenait d’un long voyage, et n’avait été informée des tristes nouvelles qu’au matin même. Son père avait été des plus brefs, expliquant qu’il devait se rendre auprès de sa femme promptement pour lui amener diverses affaires. Elle l’avait ainsi accompagné, perdue mais inquiète. Elle qui était arrivée si joyeuse, impatiente de redécouvrir les délicieux mets de son père et de se prélasser sous leur auvent ambré. Son quartier chaleureux lui avait grandement manqué, et elle regrettait de devoir si tôt s’en éloigner pour se rendre dans un endroit entouré de tant de dangers.

Finalement, elle avait bel et bien retrouvé une certaine forme de chaleur. Mais elle était loin d’être semblable à celle qu’elle désirait.

« Aerin ? »

La voix rauque et éreintée la sortit de ses pensées.

« Je dois aller soigner un cas urgent plus loin, mais ce pauvre petit ne supporte pas de rester seul.  Ton père est également occupé. Pourrais-tu rester tenir compagnie à cet enfant ? »

La jeune fille grimaça. Elle n’appréciait aucunement de côtoyer les plus jeunes, qui n’acceptaient jamais de se soumettre à son autorité. Toutefois, en vue des circonstances, elle se fit violence et acquiesça d’un signe de tête.
S’agenouillant aux cotés du malheureux, elle tenta d’afficher une mine aimable et conciliante. Celui-ci ne lui octroya en retour qu’une moue boudeuse. Voyant la seule personne qui l’avait réconforté s’éloigner, il se crispa. Quelques perles salées s’échappèrent de ses yeux rougeoyants.  Aerin, attrapant sa petite main bandée, lui adressa des paroles qu’elle jugeait réconfortantes. Cependant, cela ne suffit pas à chasser le désarroi du petit brun, qui se dégagea d’un mouvement brusque. Il bougonna, scrutant froidement la jeune femme. Celle-ci continua sur sa lancée quelques minutes, puis, jugeant que la situation ne faisait qu'empirer, essaya de trouver d’autres alternatives. Elle songea que se souvenir de moments joyeux, comme elle-même l’avait fait plus tôt, pourrait soulager son mal. Elle incita, hésitante, l'enfant à évoquer sa famille. Grossière erreur. Poussant des couinements incompréhensibles, il se lamenta avec désespoir. Son visage se noya sous des cascades de larmes et de morve tandis qu’il se recroquevillait sur lui-même. Il ne formait plus qu’une frêle boule tremblotante, tentant de se protéger de sa peine en s’enfonçant dans de vieux draps. Aerin ne savait comment réagir. Elle tritura nerveusement les pans de sa veste quelques secondes durant, puis, résignée, décida d’user de ses pouvoirs. Elle savait sa maitrise tangente, encline à laisser la magie n’en faire qu’à sa tête. Néanmoins, elle estimait que c’était le seul moyen en sa possession qui pourrait améliorer la situation.

Alors, d’une main incertaine, elle souleva la couverture, dévoilant quelques boucles rebelles. Elle fixa la pupille larmoyante qui l’observait, curieuse, et mit son don à exécution. Entrant dans une phase de concentration aiguë, elle tenta d’insuffler de l’apaisement à l’être fragile. Cela parut fonctionner; il délia ses membres, essuya le coin de ses yeux de ses doigts menus. La jeune fille jubila, dévoilant ses dents blanches. Mais, pris d’un soubresaut soudain, l’enfant se releva précipitamment. Des armées de larmes assaillirent ses joues potelées, et il poussa un cri strident. Le silence se fit aux alentours, tandis qu'une dizaine de yeux inquiets se braquaient sur eux. La satisfaction d’Aerin se mua en affolement. Cette panique soudaine l’avait grandement surprise, et elle ne savait guère de quelle façon l’apaiser. Les lamentations incessantes du garçon martelaient son crâne, l’empêchant de réfléchir.

Par chance, un Rehla plus réactif prit les choses en main, et se mit en quête de consoler le petit. La jeune femme ne put constater la réussite de sa tentative, engloutie sous les questions d’une dizaine de personnes qui tentaient de comprendre ce qu’il était advenu. Elle n’y répondit que vaguement et s’éloigna prestement.
La Rehla se faufila entre les arbres d’un petit bois avoisinant, jusqu’à rejoindre un sentier graveleux. Elle s’y promena une demi-heure durant, espérant que ça l’aiderait à se changer les idées. Elle se sentait quelque peu coupable pour l’enfant, mais plus que cela, c’était sa maitrise qui l’avait hautement déçue. Elle décida qu’aussitôt partie de ce lieu funeste, elle irait s’exercer.

Sitôt qu’elle reparut au refuge, elle fut violemment empoignée par sa mère. Après l’avoir ensevelie sous d’innombrables remontrances pour son comportement qu’elle avait jugé « extrêmement dangereux », affirmant que « quand on ne maitrise pas ses pouvoirs, on ne tente pas n’importe quoi avec », elle lui expliqua qu’ils avaient finalement réussi à apaiser le brun. Mais également que, malgré tout, son erreur avait permis d’éclaircir certains faits. En effet, la submersion d’émotions du jeune garçon lui avait délié la langue. Affolé, il avait révélé un nombre conséquent de détails sur le désastre qu’il avait vécu, alors qu’il refusait de seulement l’évoquer une heure plus tôt. Leurs soupçons s’étaient confirmés : la description donnée de son assaillant semblait correspondre à celle de l’Hybride. L’incendie avait quant à lui été provoqué par un villageois qui avait tenté de faire fuir l’horreur avec une torche enflammée. Mais, plus important encore, ils connaissaient maintenant la direction que le monstre avait prise.

1403 mots
Un point en magie et un en intelligence s’il vous plait.
+1 Sympan
Merci pour ce LDR !
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Ven 02 Sep 2016, 10:13




Soumis aux affres d'une servitude qui l'ennuyait profondément, le Génie ne pipait mot. De prime abord, son maître était un homme à la richesse conséquente et aux connaissances impressionnantes dont la présence l'avait étonné. Rares étaient les voyageurs qui montraient une telle dignité alors même qu'ils pataugeaient dans la fange d'une auberge de seconde zone. Attiré par l'inconnu et son allure princière, il avait réglé ses affaires et s'était assuré pour que son habitacle se retrouve sur un chemin bien particulier. C'est ainsi que Pharell avait ramassé un trésor inestimable sans savoir ce qu'il renfermait. Son unique erreur avait été de formuler à voix haute l'un de ses désirs. L'occasion avait été trop belle, et le contrat avait pris forme. Cependant insensible aux pitreries de Loziel, l'homme ne lui parlait qu'à travers ses souhaits. D'humeur maussade, le brun avait fini par ne plus rien dire du tout, contrarié de sentir sur lui un regard clair qui brûlait sa chair pour en discerner les moindres secrets. C'était cette désagréable sensation qui l'avait poussé à s'enfermer délibérément dans une prison qu'il abhorrait au moins autant qu'il la chérissait. Une longue attente avait alors commencé, et ne pouvant dire vers quelle morne plaine il se dirigeait, il effleurait de petites sphères de bois suspendues à des fils d'un air distrait. Autrefois, cela avait été l'un de ses jeux préférés.

La secousse avait finalement surgi toute seule, sans qu'il ne fasse rien pour la provoquer. Absent du monde, il ne pouvait guère le ressentir. En revanche, ce fut cet odieux contrat qu'il se plaisait à proposer à chaque être qui se présentait à lui qui lui sauva la vie. Le lien qui l'unissait à son maître disparut brutalement. Happé par le vide, il se perdit quelque part entre le néant et l'infini, errant entre des réalités que nul ne pouvait percevoir. Loziel crut entendre le craquement caractéristique de vertèbres qui se brisaient et il lui sembla que son propre coeur s'arrêtait. L'incompréhension lui sauta à la figure. C'était absurde. Son corps n'existait plus depuis longtemps. S'apprêtant à s'échapper pour porter secours à l'homme, quelque chose d'inexplicable le retint. Une intuition sauvage et effrayante lui dictait de ne pas révéler son existence. Comme pour le rassurer, la lumière autour de lui diminua sensiblement pour assurer un simulacre de discrétion. Se réfugiant dans un coin de la pièce, il observa avec une attention accrue la porte d'entrée qui restait heureusement close, guettant le moindre mouvement de la poignée. Personne ne pouvait pénétrer là, et pourtant, une terreur sans nom l'incitait à faire preuve de la plus grande prudence. Osant à peine bouger, le Génie effrayé blêmit subitement. D'interminables minutes passèrent. Soudain, une voix familière résonna sous son crâne.

Sa peur se volatilisa comme une oie blanche. Échappant à l'emprise de son habitacle pour quelques instants, il s'en extirpa avec difficulté. Lorsqu'il passa dans la réalité, il eut l'impression que quelqu'un s'amusait à écorcher sa peau avec des aiguilles, laissant de petites marques douloureuses picoter son épiderme. Avec le temps, il finirait par s'y habituer. Un visage bien connu flottait devant son regard surpris, et l'inquiétude sincère qu'il lisait sur ce dernier n'avait rien de rassurant. « Il y a un problème, Tobias ? » L'autre Génie sembla émerger du sommeil et darda ses prunelles verdoyantes sur le brun, hésitant sur la formule à employer pour ne pas faire fuir son congénère sur-le-champ. Loziel avait eu une chance inouïe en ne succombant pas au passage de l'Abomination. Celle-ci n'épargnait rien ni personne, et les membres de son peuple étaient parmi les premiers à faire les frais de son affreuse existence. « Oui. Un homme a acquis des pouvoirs qu'il ne devrait pas posséder. Il est devenu un… Une sorte de créature monstrueuse qui se plaît à tout détruire sur son passage. » Le brun se gratta la tête un instant, pensif. Le cadavre de son maître gisait à quelques mètres de là. Son corps mutilé avait été violemment jeté contre le tronc d'un arbre centenaire. Il fallait assurément remercier ce prétendu monstre pour la liberté qu'il venait de lui accorder. Plus rien n'avait de sens aux yeux de l'ancien Rehla. « Il m'a libéré de mes chaînes, Tobias. » La reconnaissance qu'il éprouvait à l'égard de l'assassin de son maître était sincère. Insuffisamment intelligent pour percevoir le danger, il ne comprenait pas l'inquiétude qui se reflétait sur les traits du Génie.

Face au regard sévère de son congénère, Loziel ne put que baisser les yeux à la manière d'un enfant qui regrette ses bêtises. Toute cette situation paraissait invraisemblable. N'était-il pas en proie à un rêve, enfin alangui entre les bras du sommeil ? « Il massacre nos semblables au nom des Aetheri. » Le visage du brun se figea. Incrédule, il battit des paupières une seconde. Une telle chose était impossible. Ses congénères ne pouvaient pas mourir, à moins d'être anéantis par des Humains, et cette chose était indéniablement magique. Ne pouvant savoir que son ami ne lui disait pas toute la vérité, il fronça les sourcils, en proie à un questionnement insensé. Une migraine ne tarderait pas à surgir, s'il n'y prêtait pas attention. « Tu vas m'aider à établir une carte du chemin qu'il emprunte. Savoir où il est permettra peut-être de deviner où il ira. » Au moins, il s'agissait là d'une tâche qui l'occuperait assez pour qu'il évite de réfléchir à ce qu'il n'avait pas les moyens de comprendre. Basculant sous une forme vulnérable, Tobias sortit un morceau de papier d'une longueur conséquente sur lequel se dessinaient des lignes dénuées de sens, regrettant de ne pouvoir agir davantage. Sa mort était un risque qu'il ne pouvait courir. Un crayon prit place entre ses doigts fins, et il prolongea d'un trait l'un des chemins sinueux avant de tendre à son partenaire de recherche une sphère de verre où brillait de petites volutes bleutées. Les explications furent brèves.

Malgré l'effroi qui lui tordait le ventre à l'idée de finir lui aussi par être renvoyé au vide, Loziel tenait fermement la fameuse sphère, refusant de faire appel à la magie pour la déplacer. Lorsque Tobias posa une main sur ses yeux pour les relier au cristal, il frémit. Le contact n'était pas douloureux, mais une curieuse sensation envahissait son champ de vision. Une fois le lien scellé, il fit mine de déposer un baiser affectueux sur le front immatériel de son congénère. Le Génie regarda son protégé s'éloigner avec un air inquiet, se demandant s'il survivrait à cette suicidaire expédition. « Que Sympan te protège de leur folie. » Tous ses efforts ne pouvaient être réduits à néant par l'Hybride, à supposer qu'il ne soit pas une pure invention. Au mieux, il s'agissait d'un Sorcier à la puissance effroyable qui déchaînait sa colère sur son peuple et une autre tribu tout à fait singulière. Ne parvenant même pas à imaginer que l'aberration puisse être vraie, il fixa la silhouette du brun s'évanouir à l'horizon. Une sphère jumelle à celle qu'il portait apparut face à lui. Le temps du travail était venu. De son côté, Loziel ne cessait de tourner la tête en tous sens, attentif au moindre détail. Sous lui se dessinait un paysage qu'il connaissait par coeur et avait esperé ne jamais revoir. Revenir sur les terres de son enfance une fois encore le laissait fébrile. Une tristesse insondable poignardait son esprit, faisant resurgir ça-et-là des souvenirs à moitié morts. Rejetant le piège de sa mémoire, il continua à avancer à la recherche d'indices suffisamment explicites.

Le constat ne fut pas long. À mesure qu'il progressait sous sa forme éthérée, suivi par l'étonnante sphère, le spectacle était désolant. Par endroits, la nature semblait avoir été éventrée par une horreur qu'elle ne pouvait pas supporter. Un petit village avait même été incendié, et des Rehlas se pressaient pour guérir les blessés. Réparer les dégâts risquait de prendre des semaines. Loziel déglutit péniblement. Quelques tâches sombres fumaient encore au loin. Prenant la sphère entre ses doigts tremblants, il s'assura qu'elle visualise l'intégralité de ce qu'il voyait avant de la baisser brusquement. Ses pupilles se dilatèrent sous l'effet d'une peur innommable. Une chose difforme avançait vers un endroit sacré. Saisi d'un irrépressible frisson d'effroi, il eut un hoquet de stupeur. Personne n'avait le droit de s'en prendre aux merveilleuses créatures qui vivaient là-bas. Arrêter l'ennemi lui était impossible. Sa faiblesse lui apparut dans toute sa splendeur. C'était intolérable. Serrant les poings avec rage, il ferma les yeux pour retourner d'où il venait. Lui connaissait parfaitement la région, a contrario de son congénère qui ne pouvait que présumer des déplacements de l'Hybride. Un sourire soulagé effleura les lèvres du blond lorsqu'il vit son camarade apparaître à nouveau. Avant même que le nom soit prononcé, Tobias savait. Par politesse, il hocha la tête doucement, comme s'il reconnaissait le nom. Ne lui restait plus qu'à retracer le chemin emprunté et à transmettre les informations, et il ne pourrait qu'attendre la suite des événements. Et il devait annoncer une dernière chose.« Lise est morte, Loziel. » La nouvelle résonna avec violence dans sa frêle poitrine. Épuisé et terrassé par le chagrin, le Génie se réfugia dans son habitacle.


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[LDR Génie & Rehla] L'Hybride

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