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 [LDL | Évent] Chorus

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AuteurMessage
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mar 13 Sep 2016, 18:24


Chorus


" Dis-moi, comment trouves-tu cette cité ? Ciel-Ouvert… Un nom simple mais étrangement inspirant. Il élève les voix et guide la plume sur le vélin. Est-ce que tu ressens un effet similaire ? La jeune femme répondit et l'homme sourit. Je vois. Il se redressa sur l'ersatz de fauteuil qui lui servait de trône, ses mains se resserrèrent sur les accoudoirs. J'aime cette ville, je peux même affirmer que la totalité de mon existence est liée à elle. Je ne pourrais pas m'en détacher, personne ne pourra me libérer. Il accentua son sourire. Un peu comme ces pauvres âmes que vous gardez derrière les barreaux. La jeune femme répliqua et l'homme rit. Tu auras beau dire : la Marche n'a jamais été ainsi, cette… organisation n'est qu'une ombre, sans forme définie, avec une base incertaine. Le lien entre la Marche Terne et Ciel-Ouvert appartient au passé, il n'existe plus. La jeune femme le coupa dans son élan et cette audace lui fit relever un sourcil. Ainsi soit-il… Elle monopolisa davantage la parole et l'homme finit par acquiescer à la fin de sa plaidoirie. Nous sommes d'accord… Quelques secondes plus tard, il sourit. Serait-ce donc ton souhait ? "

~~~

La troupe était rassemblée au Coryphée, cet événement faisait en quelque sorte office d'annonce générale, mais elle ne concernait réellement que les artistes de Ciel-Ouvert et les vétérans parmi les Marcheurs. La maîtresse incontestée du théâtre, Koe Zìyóu darda chaque visage depuis le balcon, au fil du discours répété par les crieurs. Ciel-Ouvert continuait de chanter, de l'aube jusqu'à l'aube prochaine, cependant il était beaucoup plus difficile de maintenir la quiétude quémandée par les innocents, les demandeurs d'asile. Si la Marche Terne combattait l'esclavagisme, sa cause était remise en question avec l'apparition de Delta ; les bourreaux invoquaient plus souvent leurs dieux, les esclaves étaient victimes de leur propre foi. La Liberté était mise à mal, mais plus pour les mêmes raisons qu'auparavant. Et quand la Liberté était directement affectée, les principes de la Marche Terne l'étaient tout autant.

" Tendez simplement l'oreille, ce sera mon unique conseil. " Koe esquissa un geste de retrait suite à cette brève conclusion, ce qui libéra l'ensemble de la troupe de cette réunion.

Les tensions entre les partisans des Ætheri et les adorateurs de Sympan étaient de plus en plus étouffantes au sein de la cité libre. La Liberté n'avait pas de croyance brute, sa personnification même – la déesse Antarès – était morte depuis bien longtemps, il ne subsistait plus que des fidèles qui se battaient pour cette cause, loin de gambader main dans la main avec la Justice. Qu'elle le veuille ou non, la Marche Terne allait devoir faire un choix, pour éviter que Ciel-Ouvert ne se retrouve déchiré. Le positionnement le plus simple était forcément de se rallier au peuple libre, puisqu'ils empiétaient sur leur territoire, mais comment réagiront les défenseurs divins ? Un choix bien cornélien pour une bande d'affranchis, de rebelles pacifistes aux idéaux bombées de bravoure.

Ainsi, les Marcheurs étaient restés passifs en apparence, alors qu'ils continuaient d'être vigilants en toute circonstance. La guerre religieuse amenait de nouvelles têtes et faisait disparaître d'autres de la cité des chansons. Sans considérer ces nouveaux arrivants comme des menaces, les rustres montagnards restaient attentifs aux faits et gestes, cependant surtout aux dires de ces derniers. Les rumeurs s'empilaient telles des cargaisons toutes fraîches, de même pour les chants qui fleurissaient comme à l'avènement d'un printemps par les Elfes et les Faes. Aucun vers n'était négligé, chaque mot portait potentiellement une lourde signification, un poids suffisamment notable pour faire pencher la balance en faveur d'un camp ou de l'autre. Marqué en grand sur le Mur des Lamentations : "Entonnez le chant le plus violent."

" Pas de spectacle pour ce soir ? L'Orine se retourna vers l'Orisha en armure, une flasque d'hydromel dans les mains. Cela m'attriste. Zoe sourit à Blarorkh.
- Le peuple est davantage occupé à tirer leur épée qu'à délier leur langue, malheureusement, il s'entête à teindre la neige de rouge pour quelques couplets frôlant l'hérésie. La belle dame accompagna le guerrier dans sa patrouille à travers le quartier Ode. Tout comme avec les Immolées, nous devrons écouter, attentivement. Laissons-les venir à nous, contentons-nous de rester spectateurs. Pour le moment, c'est notre option la plus viable en cette ère chaotique.
- Mais notre combat ne cessera pas. L'Orine laissa échapper un gloussement.
- Oh non, jamais. "


Explications


Bienvenue au premier LDL de Ciel-Ouvert ♫

Le but de ce LDL est de garnir le sujet des chansons ; au cas où vous l'ignorez, cette cité est réputée pour ses chants qui sont célèbres (plus ou moins, selon les poèmes en question) à travers le monde entier. Ce sujet sert donc comme un répertoire des chants de Yin Yang ! Du coup, je sollicite votre aide pour créer de nouvelles chansons.

Pour ce RP, vous jouerez naturellement votre personnage à Ciel-Ouvert et il remarquera qu'il y a beaucoup de bardes dans les rues, plus qu'à l'accoutumée s'il est familier avec la cité. Les chants entonnés sont divers et variés, mais la guerre revient très souvent, évidemment. Ce qui créer des tensions dont vous aborderez dans votre RP ; bagarre de rue, dans une auberge, assassinat, vol ou sabotage de textes, chantage, enlèvement, vous choisissez, il faut que ça grouille de coup bas et que les Marcheurs se sentent légèrement dépassés.

Mais le gros morceau de votre RP, ce sera votre chanson ! Vous devrez écrire une chanson et l'incorporer dans votre RP, le nombre de mots de votre chant comptera dans votre nombre de mots total. Ce chant peut être écrit/chanté par votre personnage ou un PNJ, c'est à vous de voir ; si c'est un PNJ, il faut qu'il soit obligatoirement du même camp (Sympan ou Ætheri) que votre personnage, vous comprendrez pourquoi plus bas ^^

Quelques règles concernant la chanson :
- Pas de plagiat, c'est-à-dire que vous ne reprenez pas une œuvre préexistante pour modifier quelques mots dedans. Ce sera une composition personnelle.
- Elle devra faire minimum 12 vers, et il n'y a pas de maximum, mais évitez de faire trop long tout de même ^^
- Vous choisissez le sujet de votre chanson, mais il ne faudra pas écrire sur un personnage en particulier (ni même sur Sympan ou un Æther). Cela peut être sur un évent, un lieu, une race, une anecdote célèbre (comme la chanson sur la grossesse d'Edwina et ses supposés amants ♪), bref, à vous de choisir ! Évitez de faire le même sujet qu'un autre, lisez les chansons des autres et celles du sujet pour ne pas vous trompez =)
- Enfin, il faut un titre et que ça rime ♫ Utilisez un générateur de rime, je vous assure que ça m'a beaucoup aidé !

Une fois le LDL terminé, je mettrai vos chansons dans le sujet et les créditerai à votre nom. J'organiserai peut-être un sondage pour élire les meilleures selon les membres, pour vous faire gagner des gains spéciaux, nous verrons ;)

Pour finir, c'est un RP d'évent' puisque, selon l'auteur de votre chanson, l'alignement de ce dernier se répercutera sur l'influence des Ætheri ou de Sympan. Cette chanson se fera connaître un peu partout et ça agrandira l'influence de votre camp, indirectement certes, mais c'est ainsi que fonctionne le culte d'un dieu ♪
Donc naturellement : tout le monde peut participer.

Des questions ? Me MP ♫
Deadline : 13 Octobre

HS : Les "Immolées" mentionnées dans le texte remplacent les Banshees qui n'existent plus. Mais elles restent fidèles à elles-mêmes : des femmes à la peau brûlée, à la voix magnifique, qui errent discrètement autour de Ciel-Ouvert et qui viennent parfois chanter le soir au Coryphée. Voilà, c'était la petite info gratuite au passage ♪


Gains


Pour 900 mots : 1 point de spécialité au choix
Pour 450 mots de plus : 1 point de spécialité supplémentaire

ATTENTION : Ce rp est un rp d'event donc vous devez attribuer un point de pourcentage à la fin de votre message.
Si vous êtes pour les Aetheri : soit +1 à votre équipe, soit -1 à l'équipe adverse.
Si vous êtes pour Sympan : soit +1 à votre équipe, soit -1 à l'équipe adverse.
Veuillez à bien le préciser avec vos gains.



Récapitulatifs


A venir ♫




By Jil ♪
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http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Invité
Invité

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Ven 16 Sep 2016, 14:23


[LDL | Évent] Chorus 13006710 [LDL | Évent] Chorus I_rema10 [LDL | Évent] Chorus T_ecir10 [LDL | Évent] Chorus Medita10 [LDL | Évent] Chorus Shaman10


Ciel-Ouvert avait changé face aux aléas de la guerre. Le chaos n'épargnait personne, quelque soit l'endroit ou les efforts fait pour maintenir ordre ou neutralité. Devaraj ne pouvait plus désormais s'endormir au coin d'un escalier de la cité chantante sans risquer d'être victime d'une bousculade impromptue ou bien d'être réveillé par des cris haineux. Il avait amené ces quatre compères avec lui par envie de leur faire découvrir un lieu qu'il appréciait bien même s'il se doutait que l'ambiance sera différente de sa première visite. Arrivés au crépuscule, ils se dirigèrent le long des rues mouvementées et entrèrent dans une auberge pour la nuit. La salle était bondée mais en se faufilant entre les grandes tables ils se trouvèrent un coin tout au fond qui était encore libre. Ragoûts chaud et bières furent commandés et c'est ainsi que commença la soirée.

L'humeur générale était bien évidement aux chansons, mais surtout à la composition de chansons. Chacun voulait hurler ses propres vers pour prouver qu'il avait raison et déformer ceux des autres pour les ridiculiser. C'était là une étrange cohue qui glissait lentement mais sûrement vers de futurs massacres et règlements de comptes au coin des rues sombres. La garde ne semblait pas pouvoir faire grand chose pour contenir cette énorme agitation de la population locale et des visiteurs. Ou bien peut-être ne voulaient-ils pas intervenir ? Le résultat était que des bagarres verbales puis physiques éclataient partout. Par chance, cachés au fond de la salle, les cinq chamans étaient épargnés des coups. Mais ils ne le furent pas du bruit et l'envie de se mettre eux-aussi à composer une mélodie les tourmenta bien vite.

"Mes pieds furtifs foulent les terres hérétiques..." commença Devaraj dans un murmure, regardant vaguement la fumée de sa pipe se dilater dans l'air. "Les tuer provoque une extase chaotique..." continua Kewanee avec un sourire carnassier. Ils se mirent à rire déraisonnablement, trouvant cette activité hautement plaisante et source d'une satisfaction surprenante. "Et avec fougue et horreur ils nous envahissent, ma foi, pureté et mon honneur ils haïssent !" s'écria Ozgaäb, brusquement inspiré par une intelligence dont on ne l'aurait pas cru capable ! "Péché honte et déchéances ils connaitront." "Au delà de la mort nous leur résisteront". Cela signifiait pour eux que les esprits des Serviteurs de l'Unique morts au combat ne trouveront pas repos auprès des Chamans, au contraire. Devaraj réfléchissait déjà à trouver un moyen pour les faire souffrir et ce pour l'éternité. Peut-être qu'il n'en existait aucun et il était d'ailleurs bien naïf de penser le contraire, mais le chaman refusait de les accepter dans la Mort, de les mener apaisés à l'Au-Delà. Sa haine laissait porte fermée au pardon ou à l'oubli.

Plusieurs heures s'étaient écoulées lorsqu'ils reprirent à nouveau la composition. Entre temps Ozgaäb s'était complétement saoulé, Devaraj était entré dans la léthargie habituelle provoquée par la drogue qu'il fumait et Kewanee s'était ardemment battue avec une serveuse qui avait écouté et reprit à sa guise un de leurs couplets en se moquant d'eux. "Et avec bêtise et sottise ils se bénissent !" cria-t-elle en les pointant du doigts comme s'ils étaient les pires idiots de la ville. On avait finit par les laisser tranquille non sans cris, coups et griffures. Devaraj cru voir Björn dans une de ces hallucinations et une soudaine rage brûlante l'envahit de la tête aux pieds. "Ezechyel nous bénit mais ceux qui nous trahissent... On les saignera pendant qu'ils se réjouissent !" susurra-t-il d'une voix fiévreuse et pleine de passion. Ozgaäb reposa brutalement sa pinte, manqua de casser la table et l'objet et crut bon de devoir chercher une rime. "trahisse...hisse ! Glisse ! Pisse ! Je pisse sur le Dieu-Roi !" hurla le chaman avant de s'écrouler front contre la table dans un rire et un sursaut légèrement inquiétant concernant sa santé... Un tabouret passa près de sa tête pour aller frapper le mur non loin derrière, accompagné d'un fier "TA GUEULE !" Mais le Chaman avait coulé et ne montra pas de signe de vie de tout le restant de la nuit.

Ces camarades apprécièrent néanmoins l'attention et c'est encore Kewanee qui alla assommer le coupable avec sa propre chope de bière. Une nouvelle bagarre générale explosa et chacun se défoula en hurlant sauf ceux qui avait déjà succombé à l'alcool, ceux qui était trop blessés pour bouger ou qui ceux comme Devaraj étaient mentalement à trente-mille lieues de là plongés dans un autre monde. Lorsque le calme revint difficilement aidé par quelques soldats, les chamans continuèrent alors plus doucement, en chuchotant. Ils n'avaient pas envie qu'on leur vole leurs idées et c'est avec détermination qu'ils continuèrent leur première chanson. "Sanael dans son antre dort profondément..." murmura Satinka, influencée par leur précédente aventure et par la sage conclusion qu'en avait tiré Devaraj. "De la gloire aux Aetheri nous donneront..." Il fallait que cette guerre cesse. Cela faisait trop longtemps qu'elle durait, trop de combat, trop de blessures, trop de pertes et pourtant l'ennemi était toujours aussi fort. "Mais Edel et Ezechyel  ne sont pas dément... Avec douleur et force nous le prouveront !" Une finalité pleine de foi malgré les malheurs que chacun avait du traverser. Certains auraient pu être désespérés devant la résistance des hérétiques et leurs propres morts, mais les Chamans ne faisaient que raffermir leurs croyances à travers la guerre et le chaos.

Au petit matin, ils n'étaient pas les seuls à ne pas avoir dormi. Enfin, certains s'étaient endormis pour toujours sur le sol glacé mais les survivants n'y prêtait guerre d'attention. Kewanee et Hohni tiraient Ogzäab par les bras et les cinq amis se dirigèrent vers la sortie de la ville. S'ils n'avaient pas eu droit au repos, ils se sentaient pourtant étrangement ragaillardis. Ozgaäb finit même par émerger après que Kewanee l'ai aspergée de plusieurs seaux d'eau froide. Il voulu connaître la fin de l'histoire et tout ce qu'il avait raté et c'est ainsi que les autres se mirent à chanter la mélodie depuis le début pour lui montrer. Ils marchaient sans grande cohérence, Devaraj était toujours en proie aux hallucinations et les autres dans les griffes de l'alcool. Mais c'est avec joie qu'ils entonnèrent :

"Mes pieds furtifs foulent les terres hérétiques.
Les tuer provoque une extase chaotique.
Et avec fougue et horreur, ils nous envahissent.
Ma foi, pureté et mon honneur, ils haïssent !

Péché honte et déchéances, ils connaitront.
Au delà de la mort nous leur résisteront.
Ezechyel nous bénit, mais ceux qui nous trahissent,
On les saignera pendant qu'ils se réjouissent !

Sanael dans son antre dort profondément.
De la gloire aux Aetheri nous donneront.
Nos Edel et Ezechyel  ne sont pas dément,
Avec douleur et force nous le prouveront ! "

Et ils répétèrent, encore et encore, dans une cacophonie qui était souvent assez désagréable à entendre. Certains se joignirent à eux, d'autres riaient sur leur passage et d'autres encore leur jetait des légumes, cailloux ou crachats. Transformés en véritables fauteurs de trouble malgré eux, ils se perdirent dans les ruelles en cherchant la sortie. On finit par les mettre dehors sans ménagement car paraît-il, il n'y avait déjà plus de place dans la prison. Et enfin, le soleil sortait et les portes de la cité se refermaient derrière eux.

Ils rentrèrent aux campement après plusieurs jours de marche, ce qui leur permit de retrouver des idées un peu plus claires. Avec du recul, ils gardaient tous un souvenir amusant de l'expérience et aucun d'entre n'oublia la chanson brillament renommée "Morts aux Hérétiques et Gloire à Ezechyel" Avec du temps, Devaraj y accorda un rythme au tambour et Satinka en fit une danse sauvage. Ils gardaient jalousement leur composition pour leurs soirées intimes et ne surent jamais ce qu'étaient devenus les couplets inventés à Ciel-Ouvert.

1353 | +2 en magie pour Dev | +1% Aetheri | Un gros merci !  nastae
j'ai un peu fait n'importe quoi donc s'il y a un problème n'hésites pas à me MP pour que je modifie... xD *meurt*
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Invité
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Ven 16 Sep 2016, 16:11

Contrairement à bien des races, la guerre nous permettait, à nous les Ombres, de justifier plus encore nos voyages à travers les continents. Non content de nous mouvoir par la voie des ombres et engloutir très vite de longues distances, nous étions toujours appelé pour valider le dernier acte des tueries qui se perpétraient un peu partout. Cependant, le voyage que j'entreprenais à présent n'avait rien de professionnel, s'il m'était permis de parler ainsi. Je pouvais décemment considérer que je savais lire et écrire, alors une légère difficulté quand il s'agissait de mots longs ou compliqués. Avec un peu de logique et de méthodologie, j'avais très vite rattrapé mon retard, et je m'étais offert le luxe de me perdre dans l'immense bibliothèque de Basphel pour y collecter des ouvrages au gré de mes envies du moment. Certains assommaient par leur sérieux, la succession de dates tandis que d'autres emmenaient le lecteur vers le lyrisme, le sentiment de liberté, l'impression d'incarner une autre vie héroïque et palpitante.

Il y a quelques semaines, j'étais tombé sur un ouvrage consacré à Ciel-Ouvert, la ville des chants comme se plaisait à l'appeler son auteur Jah Red. Liberté et musicalité représentaient le mieux cette Cité, perdue non loin de l'Edelweiss enneigé, et finalement de là où je me trouvais.
Au fur et à mesure que les pages se tournaient, je m'étais pris d'intérêt pour cette ville dont la communauté Orisha comptait parmi les plus nombreux, et dont les préceptes de vie arrivaient même à se concilier avec la présence d'une prison qui retenait entre ses barreaux ceux qui s'étaient acharnés à troquer avec la liberté des autres.

Ma décision était prise, pendant les jours où nous ne devions pas étudier, j'irai visiter cette ville libre, qui d'après les rumeurs ne semblait pas décidée à prendre parti dans le conflit divin bien ancré. Après avoir arpenté le Sentier Air au milieu de la foule qui y entrait ou au contraire s'éloignait de la ville. On avait beau y prôner la liberté, un peu à l'image de Pabamiel mais dans une toute autre atmosphère, les Gardes n'en étaient pas moins présents, disséminés un peu partout dans les artères principales, et dont la tension était palpable pour quiconque arpentaient les rues de la Cité. Il y avait de quoi cela dit ! A accepter tout le monde, quel que soit sa race et conviction religieuse, il était logique de récolter les fruits de la colère, de la rancœur et de la haine au sein même de l'enceinte. Ne pas prendre parti, rester neutre ne faisait pas disparaître les positions prises par les visiteurs. Quelques hommes armés n'y changeraient rien quand il était question de divins.

Il n'était pas rare, alors que j'arpentais les marches usés longeant la prison qu'aux discours de badauds se mêlaient des invectives, des insultes avant que la Garde, débordée ne tente de rétablir l'ordre et la tranquillité. Les affrontements verbaux se muaient en combats de rue. L'un de mes confrères Passeur attendait patiemment l'issue d'un combat aussi violent que rapide, quand l'un des hommes sortit de sa manche un couteau qu'il planta dans la gorge du malheureux en face de lui, lui crachant au visage toute la haine qu'il éprouvait envers les pro-Sympan, avant de bousculer les badauds effarés pour s'enfuir dans les dédales. L'Esprit du défunt quittait le cadavre encore chaud, tandis que l'Ombre y collectait son âme, invisible aux yeux des vivants. Ne voulant pas subir un interrogatoire  et une perte de temps auprès des autorités, je poursuivis mon chemin, jusqu'à arriver devant un mur où étaient inscrites en lettres géantes, de telle sorte qu'il était impossible de louper le message écrit.

"Entonnez le chant le plus violent".

Je lisais encore et encore ces six mots me laissant pour le moins perplexe. J'avais beau être dans la ville de la chanson, ces mots magiquement inscrits semblaient vouloir inciter à la révolte, à la libération de nos pulsions enfouies pour les crier à la face du monde. Était-ce la raison pour laquelle la population semblait si agitée ? Je ne comprenais pas trop où ils voulaient en venir, avant de réaliser qu'il me suffisait d'écouter, et d'entendre ce qui se clamait autour de moi. Il y avait ici et là des joutes verbales à qui louerait le mieux leur Dieu, ou dévalorisait le plus efficacement celui de son adversaire. Voilà l'ode à la violence, laissant la garde se débrouiller du mieux qu'elle pouvait avec cette injonction géante.

Je ne comptais pas participer à cette manifestation de verbiages, autant parce que je n'étais pas à l'aise que je doutais de son utilité concrètement. Je louais ainsi une chambre bien placée sans choisir un quartier aisé, histoire surtout d'avoir un point de chute pendant mon court séjour ici. Toute la nuit durant, je fus "bercé" par ces clameurs, ces vivats pour l'un ou l'autre des camps, au point de m'embrumer l'esprit et finissant de me convaincre que j'avais voix au chapitre. J'allais leur montrer à ces partisans des Aetheri ce que les adeptes du Dieu Unique était capable.

Je mandais au propriétaire de l'auberge plusieurs feuilles et de quoi écrire, avant de retourner m'enfermer dans ma chambre. L'exercice, pour avoir écouté plusieurs tentatives à travers la fenêtre, était d'autant plus difficile qu'il fallait que la rime soit présente et efficace. Les discours sans accord, sans rythme paraissaient bien fades et étaient vite oubliés. Ceux qui m'avaient marqué étaient plus poétiques, travaillés, et si je voulais à mon tour marquer les esprits, je ne pouvais passer outre.

Plusieurs longues heures passèrent avant que je ne regarde la dernière feuille souillée de mon encre. Je n'étais pas satisfait, mais pour un premier essai, je ne pouvais guère espérer mieux. Je la relus plusieurs fois, encore et encore, jusqu'à ce que les mots coulent avec fluidité dans ma bouche. Si le fond était parfait mais que la forme catastrophique, tout ce travail n'aura servi à rien. J'allais devoir faire preuve d'audace et de prestance.

Je quittais ma chambre et descendit les marches jusqu'à la porte d'entrée, sentant l'air frais fouette mon visage pour y chasser les dernières traces d'anxiété. L'heure était matinale, mais les discours ne s'étaient pas taris pour autant. A Ciel-Ouvert, musiques et chants étaient perpétuels.

Je pris place de telle sorte à attirer le plus le regard, mais surtout les oreilles. Plusieurs passants s'arrêtèrent, que je préférais ignorer pour me concentrer sur ma prestation. Visiblement, j'attirais l'attention et fut intérieurement satisfait de me dire que même si mes rimes se révélaient être une honte pour l'art de l'écriture, j'avais eu le mérite de conquérir par ma simple présence un petit auditoire.

Éclaircissant ma gorge, je me lançais aussitôt, l'hésitation étant ici ma pire ennemie :

"De passage ou de garde, visiteur ou autochtone,
A Ciel-Ouvert, le ton monte alors que les cloches résonnent.
La musique se fait enivrante, les discours véhéments,
Les accolades sympathisantes laissent place aux violents.


Entonnez votre chant le plus violent, voilà ce qui est dit !
Débarrassez-vous de vos peurs, criez vos envies !!
Laissez vos instincts guider votre voix,
Laissez votre raison commander votre Foi.

Il n'est pas rare ici et là, d'entendre les égarés,
Pleurnicher leur pitié, quémander de l'intérêt,
Prier des morceaux de pouvoir, quand sonne le retour de l'Unique ?
Existe-t-il pareille bêtise pour être aussi pathétique ?

Soyez sûr d'une chose, à ceux plongés dans l'immobilisme,
Trop couards pour ouvrir les yeux face au vrai héroïsme,
Quand sonneront les hérauts de votre funeste destin,
Vous regretterez amèrement de vous être dressé sur notre chemin.

Sans jeter un regard vers mon assistance, je pliais mon papier suffisamment pour le glisser dans ma poche et m'éloignais sous les vivats et les huées. Certains restaient silencieux, dubitatifs, ou hésitants, mais il m'importait peu d'avoir ébranlé ou non leurs convictions.

Finalement, c'était un bon exercice pour ce à quoi j'aspirais. Inattendu, mais formateur.


1 404 mots.
+2 en Charisme
+1% Sympan
Merci pour ce LDL lyrique ! o/
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Invité
Invité

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Sam 17 Sep 2016, 19:17


Par le temps qu’elle s’éveille, la citée était déjà en vie. De puis de longues heurs déjà les pavés des rues avaient séché de leur rosé du matin. Les gens déambuler sous le soleil touchant son zénith. Il faisait bon, chaud et le ciel était dégager. Autant dire que ça ne pouvait qu’être une bonne journée pour l’humaine venu ici visité, voyager, découvrir des cultures et des mondes inconnus. Il fallait dire que l’apprentie chasseuse avait beaucoup de chose à faire et voir pour s’occuper du départ de son mentor. Il n’avait pas disparu, mais elle ignoré tout de même où il était, cela faisait un long moment qu’il ne l’avait pas contacté et plutôt que de resté à ce plaindre comme la personne qu’elle n’était pas, Ethen avait choisi de partir à la conquête du monde. Elle était jeune, elle avait des choses à voir, à vivre. On critiquait toujours son manque d’implication dans l’intérêt environnant, eh bien cela aller changer. Munie de son sac et de son couteau elle avait quitté le Hédas pour parcourir les Terres du Yin et du yang, sans réellement savoir où aller. Suivant le vent, les cours d’eaux et les routes là où elle la mènerait. C’était de cette façon qu’elle c’était retrouver ici, a Ciel-ouvert. C’était un endroit qu’elle avait trouvé fabuleux et tout ce qu’on disait sur ce lieu était vrais. Elle avait décidé d’y passer la nuit pour en profiter pleinement le lendemain matin, mais voilà qu’elle avait trop dormis sans se rendre compte de l’heur.

Peut-être était-ce dû au vin qu’elle avait bu le soir. Elle c’était laisser prendre dans des festivités a son arriver et sans s’en rendre compte, un verre après l’autre elle avait rapidement été noyer dans l’alcool. Cette douce sensation qui berce l’esprit vers la déraison. Quelque chose qui lui était étranger, mais elle était humaine, et contre les effluves du poison elle n’avait rien pu faire. Son lit était légèrement étroit et avant qu’elle ne s’en rendent réellement compte un souffle chaud inconnu vin caresser sa nuque. Ethen ouvrit les yeux d’un seul coup, réalisant qu’effectivement, quelque chose de vivant ce trouvé derrière elle. Un léger mal de tête la frappa alors sans criait gare et elle jura intérieurement. Elle l’avait fait. Elle avait brisé la première règle des nuits de son père « Ne jamais finir assez soul pour ne pas se souvenir de qui tu ramènes dans ton lit, Ethen. » Par tous les Aetheri des Terre du Yin et du Yang, elle l’avait pourtant noté dans son carnet ! Pourquoi elle n’obéissait pas au règles fondamental de société quand il fallait le faire ?! Déjà, de toute façon d’ordinaire elle ne ramener personne, parce qu’elle n’était pas intéressée, mais quand elle se tourna pour voir la splendide créature allonger à côté d’elle, elle comprit que même sans alcool elle aurait pu succombé. Lentement, avec délicatesse l’humaine réussis a s’extirpé du lit. Elle s’habilla en prenant soin de faire le moins de bruit possible. Oui, elle savait que ça n’était certainement pas correct de fuir ainsi la scène du crime, mais elle n’était pas familière avec ce genre de situation comme son père et refuser catégoriquement de l’être. Ne pas se souvenir de cette fille et de ce qui avait bien pu se passer étaient terriblement embarrassant et elle préférait s’échapper plutôt que d’affronté cette réalité. Lâche ? Peut-être. Prévoyante sur tout. C’était bien plus logique et rationnel celons elle de faire comme si rien ne c’était passer puisqu’elle ne se souvenait de rien. La créature inconnu dormant toujours paisiblement, Ethen quitta la chambre et une fis la porte fermer, s’offrit le luxe de soupiré. Soulager.

Quand elle descendit, elle paya la chambre et ce mit à table pour prendre un déjeuner, car il fallait prendre des forces pour la journée. Dans sa logique, elle ne réalisa pas que si elle resté là trop longtemps, la belle inconnue la verrait. C’est quand elle sentit quelqu’un s’installer en face d’elle, qu’elle leva les yeux pour croiser son regard. Elle la fixa avec un air de malice au fond de ses pupilles noirs, lui sourit, le menton poser gracieusement sur ses mains, puis lentement, elle glissa un doigt dans la tartine que tenait Ethen pour en cueillir la confiture et venir la lécher au bout de son doigt. L’humaine suivit tous ses gestes minutieusement, comme hypnotisé, et avala sa salive avec difficiles. Peut-être que si elle avait été consciente des choses elle aurait remarqué que la jeune demoiselle usée sur elle d’un charme magique contre lequel la pauvre et faible apprentie ne pouvait rien. « Vous devriez faire attention à des choses comme ça. » Le murmure était sensuel, presque de velours et Ethen en fut toute troubler. « De… pardon ? » La demoiselle ne fit que sourire pour toute réponse, laissant l’humaine dans une confusion. Ce levant, elle rit avant de s’asseoir à coter d’elle et venir lui embrasser la joue. Ethen était simplement et purement paralysé, la main toujours en suspens dans les airs, les yeux grands ouvert et la bouche figer dans une expression de trouble total. L’inconnue ria encore et attrapa la tartine pour finir par croquer de dans a pleine dents, ce qui eux pour effet de libéré un instant Ethen de sa transe. « Tu es adorable tu sais. » fini par dire la rousse. « Tu penses peut-être qu’il est arrivé quelque chose. Ça expliquerait pourquoi tu t’es enfuit de la chambre comme une voleuse, mais ne t’inquiète pas, même si tu es charmante et que tu me plais bien, tu n’es pas mon type. » Cette affirmation eu pour effet de détendre considérablement Ethen, elle sentit la tension dans ses épaules s’évaporé et ce fut un vrai soulagement. Pas de moment embarrassant donc. Seulement, il y avait toujours quelque chose qui lui échapper. « Mais, alors pourquoi étiez-vous dans mon lit ? » « Hier quand je chanté, tu es devenu adorable et très chevaleresque. Un homme soul est venu pour… Dison qu’il avait ses idées et ça ne m’intéresser pas. Tu es sorti de nul par, et bien que tu sois toi aussi bien imbiber d’alcool tu as joué les sauveuses. Tu t’es fait passer pour ma compagne, ce qui était une bonne idée au début pour rebuter l’homme, mais il était très insistant et tu n’étais pas vraiment en état de te battre, alors j’ai jouais le jeux et je tes emmener au lit, comme une bonne compagne le ferait. » Ethen resta un instant la bouche ouverte le temps d’assimiler toute les informations. Elle avait fait ça ? Elle ? Eh bien, voilà qui n’expliquer pas mal de choses alors … Essayant de dissipé son malaise, Ethen préféra changer de sujet. « Tu chante ? » La rousse lui sourit tendrement. « Oui, je suis barde, comme beaucoup de gens ici j’aime vivre en musique et en chanson. » L’humaine souri simplement, et sans crier gare alors qu’elle buvée son thé la fille se mit à lui faire une démonstration. S’approchant, elle susurra les paroles dans son oreille, faisant légèrement rougir Ethen. Pas son type ? Vraiment ?

« Du crépuscule jusqu’au matin,
Captif des dessins de mon cœur,
Mon corps frémis sous tes mains,
Faisant de toi l’assassin vainqueur.

De mes songes qui se voile,
De chants d’amour loin des bruits,
Sous la lune et les étoiles,
Le doux velours de la nuit.

Car la nuit engendre l’aurore,
C’est une loi des cieux,
Que les Terres fasses éclore,
Des destins mystérieux.

Je te laisserais mon ténèbres amour,
Des lueurs de ton souffle prié Edel,
Quand viendra mon funèbres tour,
De me libéré vers le ciel.

N’est pas peur de mon exil,
Ezechyel dans la tourmente,
De son ombre muette et vil,
Serra ma compagne charmante.

Cherche-moi parmi les anges,
Colombe, toute faite de lumière,
Marqué par le sceau du mariage,
Je t’attends solitaire. »

Et sans plus attendre, elle lui embrassa la joue « Voilas « Les destins mystérieux », j’espère que ça tas plu. » et elle la quitta avec un sourire. Ethen resta sans voix, regardant la porte de l’auberge se fermer sur cette mystérieuse demoiselle et sa troublante prose. C’était assez émouvant, une vie et une mort inondé d’amour. Tout le reste de la journée, quand Ethen ce promena, elle l’avait dans la tête et la chantonna tranquillement, en souvenir de cette mystérieuse jeune femme. A la fois belle et mélancolique, Ethen apprécier cette chanson, quelque part le ton avait quelque chose de familier.

1400 mots
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+4 point en charisme pour Ethen (compagnon niveau 0)

Ps: Franchement c'été cool xD

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Dim 18 Sep 2016, 13:57


Décombres, ruines et saccages. Voilà ce qu’il restait de la demeure de mon hôte. L’un de mes premiers réflexes, après avoir constaté avec effroi son funeste sort à mon retour dans le Fjörd, avait naturellement consisté à investiguer son manoir dans l’espoir de récolter quelque indice éclaircissant son trépas. De son meurtre si soudain, je réalisai l’étendue de mon ignorance au regard de ses fréquentations, ambitions et inimitiés. Jamais la perspective d’un coup d’État n’aurait su effleurer mon esprit, guère plus que son implication dans ce dernier. La consternation m’avait envahi avant de se substituer à la détermination. Je m’étais prestement résolu à honorer sa mémoire par la vengeance. Mon impéritie se devait d’être palliée. Qui étaient ses ennemis, et quel savoir avait-elle légué pour que je pusse les traquer ? En compagnie de Kiyuri, j’avais donc décidé de fouiller et déblayer les gravats en quête de vérité, en commençant par la chambre de ma dame.

La vaste pièce était à l’image du reste de sa demeure : ravagée par le pillage. Nombre d’ouvrages se retrouvaient éparpillés au sol, eux qui alimentaient jadis une bibliothèque densément garnie, aujourd’hui renversée. Ainsi s’initia mon enquête : supposant débusquer quelque élément recelé dans ces bouquins, je me mis à les feuilleter superficiellement. Sa dévouée domestique m’avait, après tout, remis une liste de noms dissimulée dans un recueil de poèmes. Logiquement, ce registre littéraire avait attiré mon attention, d’autant plus qu’il composait assez singulièrement une part non négligeable de sa collection. Certains exemplaires avaient notamment éprouvé l’écoulement des ères. La reliure décrépie d’un carnet jauni par le temps s’effrita lorsque je la saisis, libérant une page volante à la texture aussi usée que son support. Je ramassai délicatement le parchemin fugitif pour ne point le froisser davantage, découvrant la teneur d’un poème – ou d’un chant – intitulé « les enfants de la nuit ». Cédant à la curiosité, je récitai les premiers vers.

 « Mort du jour, mort du soleil, appel de la nuit
Silencieux prédateurs, ils rodent sans un bruit... »

Je ne disposai du luxe de poursuivre : le décor muta soudainement sous mes yeux. Du manoir ravagé, je retrouvai une fraîcheur familière et déplaisante – l’Edelweiss. Ce n’était point faute d’avoir mené diverses excursions au sein de ces montagnes ; je ne m’habituais que difficilement à la température ambiante, en particulier en l’absence de vêtements en adéquation avec le climat. Inéluctablement, je me demandai comment avais-je pu atterrir en ces lieux.  « Kiyuri ? » Aucune réponse. La domestique ne partageait vraisemblablement point mon sort. Je ne pus que supposer l’œuvre d’une magie quelconque infusée dans ce que j’avais lu. Mes lacunes en occultisme se firent une énième fois sentir alors que je me retrouvai incapable d’élaborer la moindre hypothèse quant au mécanisme régissant cette sorcellerie. Qu’avait ce poème de si particulier pour qu’il me téléportât de la sorte – à supposer que j’avais été téléporté ? Courroucé, je relus son contenu avec agacement. Une bourrasque se leva alors, ôtant ces écrits de ma main. Je me précipitai alors pour rattraper le parchemin au vol, y parvenant non sans froisser la texture déjà abîmée. Je lâchai un soupir. S’ils dépeignaient le portrait des vampires, pourquoi ces écrits m’avaient-ils renvoyé dans l’Edelweiss – ou une semblable chaîne de montagnes ? La présence de vie et d’agitation un peu plus loin contrastait avec le caractère sauvage de ces monts. Peut-être avais-je eu la chance de me retrouver à proximité d’une ville dans laquelle je pouvais soutirer quelques renseignements ? J’espérai que cette dernière ne fût guère hostile à ma race.

Je m’avançai donc, longeant un vaste mur à la façade givrée. Je ne sus manquer la massive inscription incrustée dans la glace « Entonnez le chant le plus violent ». Avant que ne me fût offerte l’occasion de spéculer sur la signification de cette dernière, des bruits de combat m’alertèrent. Je me rapprochai prudemment pour découvrir des miliciens – ou gardes, peu importait leur appellation – occupés à gérer quelque discorde entre passants. La rixe semblait maîtrisée, mais la tension persistait, demeurait palpable. Dans quel tumulte avais-je été embarqué ? Je repérai un individu fort amusé par l’altercation, en retrait, auquel je demandai précision.  « Je vous prie de m’excuser. Sauriez-vous m’indiquer quelle est la cause de cette échauffourée ? » L’inconnu haussa un sourcil sans perdre son expression nonchalante.  « Comme toutes celles qui éclatent en ville. » Il s’interrompit sans fournir de plus amples détails. Force était de croire que cette attitude le distrayait.  « Et qu’est-ce qui justifie une telle agitation ? Comprenez, je ne suis que récemment arrivé… » « Ça se voit. » Inlassable sourire de provocation. Je fronçai des sourcils, et il compléta en notifiant mon agacement.  « Pro-Sympan, Pro-Aetheri… Toujours la même rengaine. Ceux qui soutiennent un camp irritent les autres, et vice-versa… » Une guerre, rien de surprenant. Pouvait-il également me renseigner sur mon abrupte arrivée en ces lieux ? Je le questionnai.  « Cela peut vous sembler particulièrement étrange, mais… quelle est cette ville ? » L’individu me contempla, incrédule, avant d’éclater de rire. Il lui fallut quelques secondes pour recouvrir un semblant de sérieux. Je grinçai des dents silencieusement.  « J’en aurais entendu, des vertes et des pas mûres, mais là… » Ris donc, ris donc, mécréant. Et racle-toi la gorge, oui.  « Ahem… Vous vous trouvez à Ciel-Ouvert. Comment diable avez-vous atterri ici si vous ne savez pas où vous êtes ? »  « Une situation fort incongrue. Je récitais quelques vers… et je me suis retrouvé transporté en ces lieux soudainement ! » Inlassable, le sourire de l’individu s’accentua. Il me narguait.  « Eh bien vous êtes arrivés ici… en chantant ! » C’en était de trop. Je tournai les talons pour m’affranchir de ses railleries.

En dépit de son caractère désobligeant, l’individu n’avait point menti. Régulièrement, mon chemin croisa les germes de la défiance, alimentant d’incessantes querelles. En arrière-fond, la persistance de bardes et troubadours entonnant chants et poèmes divers conférait à cette cité une teinture fort singulière. L’essence de cette ville résidait dans ses inlassables mélodies. Je commençai graduellement à croire en la moqueuse explication de l’inconnu de tantôt. S’agissait-il du territoire d’un Aether de la musique ou du lyrisme ? Et cette inscription… « Entonnez le chant le plus fort ». Avais-je été mené jusqu’ici pour participer également aux festivités musicales ? Je parcourus une nouvelle fois le parchemin. Ne risquais-je point d’attiser le courroux de passants en élevant ma voie pour réciter ces vers ? Sans doute. En contrepartie, si l’Aether de la musique – quel qu’il fût – m’avait mandé de chanter à mon tour, peut-être s’agissait-il là de mon unique espoir de retour ? Je m’éclaircis la voix avant de prendre une profonde inspiration. Puis, je m’élançai. Les enfants de la nuit.

« Mort du jour, mort du soleil, appel de la nuit
Silencieux prédateurs, ils rodent sans un bruit
Teinte vermeil, éclat de sang, flair aguerri
Craignez, tremblez devant ces chasseurs accomplis

L’ombre guette, l’ombre cache, l’ombre glisse
Maîtresse de l’effroi, infâme complice
Elle joue, se délecte de vos angoisses, danse
Secondant leurs desseins avec véhémence

Source de cauchemar, la mère des vampires
Alimente la peur, occulte le pire
Aliénation, manipulation, séduction

Canines dissimulées dans l’élocution
Jusqu’à l’avènement : la morsure en action
Les vampires traqueront vos vierges en perdition »


Avais-je prononcé ces vers avec suffisamment d’entrain et d’ardeur ? Sans doute. Nombreux furent les regards à s’orienter dans ma direction. Aveugle était celui qui ne remarquait point la vive tension naissante. Les premiers s’approchèrent, vindicatifs et belliqueux. Je reculai prudemment, cherchant du regard miliciens ou issue salutaire. Une vaste allée. Je m’empressai pour m’y engouffrer. Toutefois, à peine avais-je parcouru quelques pas qu’une sensation de déjà-vu s’imposa. Le décor muta à nouveau, et je me retrouvai… ni plus ni moins renvoyé dans la demeure que j’explorais. Confus et en proie au vertige, il me fallut quelque temps pour recouvrir mes esprits. Avais-je été réellement téléporté ou simplement en proie à une illusion passagère ? Je me massai les tempes. Difficile de déterminer, rétrospectivement, la teneur des événements dont j’avais été témoin. Mirage ou magie ? Existait-il réellement une cité du nom de Ciel-Ouvert affublée des caractéristiques dont j’avais été témoin ? Sans doute pouvais-je trouver quelque ouvrage me renseignant à ce sujet. Ces tergiversations avaient assez duré. J’observai une ultime fois le parchemin avant de le ranger soigneusement dans le carnet décrépi. « Les enfants de la nuit ». Hum.

1387 mots

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Mar 27 Sep 2016, 05:29

Chorus
« À toi, mon père »

Je conservais un silence de mort, mes yeux rivés sur la stature haute et imposante de mon père. Mon père… Laisser ce mot glisser dans mon esprit sans reconnaître le visage de Trishto Trewky me perturbait. Tremblant comme une feuille, je gardais mes bras autour de mon corps, tentant vainement d’effacer de mon esprit tout ce qui s’était passé sur les Terres d’Émeraude. Les autres Gandr avaient beau essayé de me réconforter, je ne pouvais m’empêcher de nourrir une inquiétude lancinante à l’égard de Kiri, restée toute seule là-bas alors que… que mon père m’avait ramené ici, à Ciel-Ouvert. Mon père… Cet homme aux regards aussi profond et noir que les abysses des Océans; au caractère aussi inébranlable que tranchant de la plus fidèle des épées: c’était lui, mon père, Nakian Gandr. Je déglutis au moment où il porta son regard sur moi, mettant fin à la conversation qu’il avait avec l’un de ses… frères? Cousins? Oncle? Je n’en savais rien. J’étais complètement déboussolé et perdu et en croisant son regard, je ne pus m’empêcher de pleurer à nouveau, me recroquevillant sur moi-même, incapable de taire les larmes qui coulaient abondamment sur mon visage.

« Kiri… Kiri est restée là-bas… J’ai un père… J’ai failli être enlevé… Il y a eu la tête… E-Et le sang… Et Kiri… Et Papa… Et… »

J’éclatais, plus fortement encore, en sanglot, sous le regard de Nakian qui resta imperturbable quelques secondes avant de s’avancer jusqu’à moi. Ne se penchant pas dans ma direction pour être à ma hauteur, comme le faisait régulièrement Miles lorsqu’il m’obligeait à ce que je le regarde droit dans les yeux, il ne faisait que me fixer de haut, interdit. Mais en son for intérieur, il ne savait pas du tout quoi faire du môme que j’étais. Je pleurais, terrifié, un poids pesant fortement sur mon estomac, comme s’il me forçait à le recracher et lui, père soudainement déclaré, sans qu’il comprenne encore pourquoi, semblait être tout autant désemparé.

« Hakiel, c’est bien ça? » Finit-il par murmurer d’une voix incertaine.

Cela prit du temps avant que je réagisse, mais je finis par hocher de la tête.

« V-Veux-tu prendre l’air à l’extérieur? »

Il n’était pas habile, encore moins adroit avec les mots. Pourtant, qu’il se préoccupe ainsi de moi finit par me faire redresser la tête et, doucement, j’acquiesçais à nouveau à son interrogation.

« Bien… Hum… Suis-moi dans ce cas. »

Il détourna rapidement son visage de ma direction, filant d’un pied ferme et pressé vers la porte. Il attrapa la poignée, la tourna, avant d’ouvrir l’entrée, qui émit un faible grincement par les gonds. Puis, lentement, il se tourna vers moi, attendant que je le rejoigne. Encore une fois, je ne bougeais pas immédiatement, figé dans ma position, alors que les secousses qui agitaient l’ensemble de mon corps me faisaient hoqueter furieusement. Et toutes ses larmes qui me brûlaient les yeux… Et toute cette confusion qui m’écrasait la tête et le cœur… Je ne comprenais pas grand-chose, j’étais confus, et cela me terrorisait. Qu’est-ce qui s’était passé pour que j’en arrive là? Qu’est-ce qui s’était passé pour que tout dégénère de la sorte? Les gens avaient beau être gentils avec moi, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir peur de l’inconnu qui m’ouvrait ses bras. Dans ma tête, alors, je me mis à chantonner une chanson sortie des plus profonds tiroirs de ma pensée. C’était une chanson réconfortante, si douce et belle, que Märi, ma Maman, n’avait eu de cesse de me chanter lorsque des larmes comme celles-ci venaient à barbouiller mon visage.

« Hakiel? »

C’était une petite fille qui cherchait sa maman.
Elle l’appelait, tête haute, nez tourné vers le firmament.


Je fis à peine attention à la voix de mon père, fermant très, très fort les yeux en songeant, sûrement, que, de cette manière, je me réveillerais, que je me rendrais compte que tout ceci était un cauchemar, que je me réveillerais de ce cauchemar pour comprendre que rien de tout ça s’était véritablement passé et que j’avais encore ma vie d’avant… Mais en entendant, soudainement, le talon des bottes de mon père se rapprocher de moi, je sus aussitôt que rien de tout ceci n’était un rêve, que tout ceci était réel et que je ne reviendrais jamais à ma vie d’avant. J’enfonçais mon visage dans le pli de mon coude, reniflant et pleurant à chaudes larmes tant la confusion m’effrayait.

« Hakiel, regarde-moi… »

Je ne fis rien de tel, continuant de pleurer.

« Regarde-moi », me somma-t-il en relevant mon menton à l’aide de ses doigts pour plonger son regard dans le mien.

Ses yeux fixes me perturbèrent, m’ébranlèrent et, sans que je m’en rende compte, je cessais de pleurnicher, mais les larmes, elles, continuaient de couler.

« As-tu peur de moi? »

Je ne répondis pas.

« Elles s’étaient regardées, longuement,
Puis elles avaient pleuré, tellement »

Continuais-je de chanter dans ma tête.

« As-tu peur de moi? Répéta Nakian, patiemment, gardant le contact visuel.

- J-Je ne sais pas… » Chuchotais-je la voix étranglée, incapable de faire autrement.

Mon courage se faisait aspirer par ses grands yeux obscurs et je n’avais pas la force de lui dire que ce n’était pas tant lui qui me terrorisait, mais toute cette histoire.

« Je ne comprends rien…

- Moi aussi…

- Et j’aimerais comprendre…

- Moi aussi… »

Je le dévisageais, croyant à une plaisanterie de sa part, cette espèce de répétition, mais Nakian était un peu plus sérieux alors je baissais les yeux. Doucement, mon père laissa tomber sa main de mon menton avant de retourner à la porte et de la fermer.

« Finalement, restons ici. Nous pourrons essayer de démêler toute cette histoire ensemble, qu’est-ce que tu en dis? »

Je disais que oui. Puis, cela arrangeait, d’une certaine façon, Nakian, qui avait eu vent des perturbations qui se passaient en contrebas, dans les quartiers de Ciel-Ouvert. La guerre des Dieux était féroce, palpable, impossible à freiner. Son cousin, qui venait de quitter la salle il y avait peu, avait dû partir de la maison familiale pour un temps indéterminé en raison de ces conflits et de tous les problèmes qui faisaient fureur dans la cité: tous les Marcheurs disponibles avaient été demandé dans la ville pour régler et réfréner la frénésie de tous ces fanatiques religieux. Mais n’étant qu’une ombre parmi les ombres, un homme fait de la même matière que les ténèbres, aussi invisible qu’insaisissable, le Réprouvé qu’était le Gandr n’avait pas cru bon d’aller prêter main forte à la Marche Terne. Il avait un autre problème à régler en vérité: son propre fils, moi. Je pleurais toujours comme une madeleine et il était impossible de m’arrêter, comme le vent qui soufflait sur les montagnes de l’Edelweiss, et comme une tentative d’ériger un mur pour empêcher ma peine de m’entraîner plus loin encore dans sa tempête, Nakian essaya une nouvelle approche, les lèvres serrées:

« Je n’étais pas au courant que j’avais un fils… »

Tentait-il de se justifier? Sûrement. Mais je n’en avais rien à faire. Je savais qu’il n’était pas au courant de ma naissance, étant donné que Kiri avait cru bon de garder le secret pour elle toute seule.

« Je le sais. Kiri me l’a dit.

- Je suis désolé…

- Pourquoi? M’exclamais-je en sursautant.

- Parce que je n’ai pas été là pour toi… »

Suite à ces mots, je ne pus réfréner le rire cynique qui pointait au bord de mes lèvres et, doucement, je séchais mes larmes.

« Ne t’en fais pas. Kiri aussi n’a pas été très présente dans ma vie.

- Que veux-tu dire?

- Je veux dire que je n’étais pas suffisamment « pur » pour elle et sa famille. Je veux dire que ce n’est pas elle qui m’a aimé, qui m’a bercé, qui m’a chanté des berceuses… »

Nakian était aussi muet qu’une tombe, continuant simplement de me fixer.

« Est-ce que tu connais « La chanson de nos faiblesses »?

- Non… »

Silence, tension, malaise.

« Veux-tu me la chanter? » Finit-il par dire, brisant ainsi le silence qui s’était installé.

Je le regardais longuement avant de baisser la tête et d’entamer le chant. Ma voix, au début, tremblait affreusement, mais après quelques vers, je pris plus d’assurance, poursuivant:

« C’était une petite fille qui pleurait sa maman.
Elle l’appelait, tête haute, nez tourné vers le firmament.
C’était une petite fille qui cherchait sa famille.
Tête basse, désespérée, cœur rempli d’aiguilles.

Toutes deux se rencontrèrent un jour, au coin d’un carrefour,
L’une les yeux rougis par la résignation,
L’autre le visage blême par l’abandon,
Mais lorsqu’elles se croisèrent, l’une d’entre elles murmura « bonjour »

« Bonjour, répondit la seconde, cherches-tu toi aussi l’amour? »
Ce même amour qu’elles avaient crûes, perdu,
Ce même amour qui les avait meurtries, disparu,
« Oui! Oui! Ardemment, toi qui tiens le même discours! »

Elles s’étaient regardées, longuement,
Puis elles avaient pleuré, tellement.
Parce qu’elles avaient rencontrés quelqu’un comme elle,
Comme toi, moi, comme un millier d’autres marmailles.

Et la petite fille qui cherchait sa maman se consola,
Et la petite fille qui cherchait sa famille, d’un geste, modela,
La chanson que je t’adresse;
La chanson de nos faiblesses:

« Je t’ai enfin trouvé, toi qui me complète
Je t’ai enfin auprès de moi, toi que je ne regrette
Car je me sentais si seule sans toi
Car je me sentais si vide sans tes bras. »


« C’est ce que ma Maman, Märi, me chantait lorsque je me blessais ou si j’avais de la peine. Ça me réconfortait… Parce que je savais qu’il y avait toujours quelqu’un auprès de moi… »

Hésitant, Nakian finit néanmoins par se pencher vers moi, m’entourant de ses bras, forts et chauds. Je sursautais, hoquetant de surprise. Le Gandr ne bougea pas, ne réagit pas, me gardant simplement dans ses bras. Puis, doucement, il reprit mon chant et à l’entente du premier vers, je versais une nouvelle coulée de larmes, mais pas de tristesse.
C’était des larmes de nostalgie. Et d’un réconfort certain.


1 662 mots
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[LDL | Évent] Chorus Signat16
Merci Léto ♪:
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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mar 27 Sep 2016, 20:47

Depuis sa réussite aux préliminaires qu'avaient été les interrogations de Parvaneh Vosgien, Mancinia avait choisi de s'accorder un peu de repos. Comme le lui avait dit Messire Ehsan, c'était amplement mérité suite à ces récents déboires. Entre des bandits véreux, des fanatiques ayant eu envie de boire son sang et une réception mondaine qui lui avait valu de se croire au milieu de hyènes, vraiment, ils pouvaient tous le dire ! On lui avait néanmoins fait comprendre qu'elle devait se tenir à disposition et qu'elle soit de retour rapidement si on avait besoin d'elle. L'Humaine avait donc choisi de ne pas se rendre sur un autre Continent, au cas où, surtout que le seul endroit reposant où elle aurait aimé se rendre était désormais au fond des océans. Le Continent du Matin Calme avait sombré. Tant de souvenirs la rattachaient en ce lieu, ceux avec son père, mais aussi avec Bertolt, qu'elle n'avait pas eu le loisir de revoir depuis lors. Ce lieu où elle avait saisi ce Diamant était-il désormais perdu ? Cela lui faisait mal au coeur. Mais malgré le fléau s'étant abattu, le Continent Perdu n'avait que perdu de ses bâtiments, une majorité de la population avait survécu grâce à l'intelligence de ceux ayant vu ce qu'il se passait. Et fort heureusement, l'Humaine savait que le Sanctuaire avait réussi son déménagement dans un nouveau lieu. Tout n'était sans doute pas perdu.

Faisant une halte au milieu de l'étendue neigeuse, Mancinia réfléchissait à une probabilité depuis plusieurs lunes. En rendant son bras à Zane Azmog, elle n'avait pas fait attention à une certaine chose. Si elle pouvait réellement guérir la Mort, pouvait-elle guérir des plaies anciennes ? Pourrait-elle rendre la vue à sa mère ? Est-ce que cette dernière le souhaiterait ? Oui, sans doute, mais comment réagirait-elle en découvrant que sa fille n'était plus tout à fait Humaine ? Dans un sens, cela la rendait nerveuse. Plusieurs personnes étaient au courant, mais pas les plus intéressées par la question. Mais elle ne devrait plus vraiment en discuter avec Neah. Est-ce qu'ils allaient seulement se reparler ? Est-ce qu'elle allait se mettre à pleurer ici ? Secouant son épaisse chevelure, riant à l'idée que ses larmes gèlent sur place, elle reprit sa route. Kamiya revint à ses côtés de quelques battements d'ailes. Se rendre à Ciel-Ouvert était son idée. Car, après tout, quel meilleur endroit pour se ressourcer et reprendre des forces ? Quel meilleur endroit pour se laisser aller au son des chants ? Son coeur pouvait flancher à tout instant, alors ce serait sans doute le meilleur lieu pour laisser aller ses sentiments. Ce serait néanmoins une bonne occasion, puisqu'elle n'avait pas eu le temps de visiter Ciel-Ouvert comme elle l'aurait désirée, lors de sa précédente venue. Même si cette aventure avait laissé ses marques.

La guerrière rougit un peu à ce souvenir. Il faut dire qu'à la conclusion de sa mission, elle avait embrassé Latone. Ou plutôt, Latone l'avait embrassée devant toute la troupe. Chacun y était allé de son commentaire ensuite. Jamais Mancinia n'avait démenti ou confirmée son attirance pour les femmes. A dire vrai, depuis l'épisode du bain, elle venait à se dire que les hommes et les femmes étaient pareils. Et que c'était chacun un plaisir différent. Cela lui rendit le sourire. A moins que ce ne soit l'endroit, qu'elle reconnaissait aisément ? Depuis combien de temps n'avait-elle pas fait cette route à travers la Prairie Givrée ? Elle avait depuis longtemps envie de revenir en ce lieu. Ce n'était pas le temps qui lui avait manqué depuis sa dernière venue, mais elle avait l'impression que plus rien ne serait comme avant dans ce lieu figé dans le temps. Pas depuis le début de ce fichu conflit où tout le paysage du Continent Naturel était transfiguré et crachait sur ses souvenirs. Danse ma déesse. Mancinia s'arrête et écoute. Était-ce un chant ? Et je t'emmènerai, par-delà l'horizon. Sans aucune doute. Quelqu'un chantait un peu plus loin. Vers ce nouveau monde. Ce devait être un Barde. Là où il n'y a ni liquide écarlate, ni bague de paroles. En tout cas, il avait une belle voix. Avec ta voix et ta robe blanche, Ça avait le mérite de la guider en ces lieux. Plus étincelante que les étoiles dansantes.

Ce chant l'avait guidé vers Ciel-Ouvert. Une terre aussi récente à sa vue qu'ancienne dans les faits, un sol aussi brillant et enchanteur qu'il était trompeur si on trépignait d'impatience. Une marche rapide et c'était la chute, la poudreuse cachant parfois quelques plaques de verglas, de quoi rendre le sourire aux passants. Du moins, ceux qui n'avaient pas cette mine rabougrie et renforcer. Mancinia avait cru que seuls ceux du Quartier Aria étaient dans un tel état, mais l'humeur générale était électrique. Inutile de chercher longtemps quel en était la cause. Mancinia lâcha un soupir. Cela rendait son coeur contrit après avoir passé son temps à traverser de longues étendues désertiques, tantôt chaudes, tantôt froides. Le Quartier Ode était en proie à cette maudite Guerre et tous le voyait. Le tintement d'un instrument retentit, un violon et quelques champs assez virils s'élevèrent. Du Zul'Dov, elle en était convaincue. Même si elle n'y comprenait pas grand-chose. Elle avait mis du temps à maîtriser l'Arshalà, apprendre une langue supplémentaire ne lui ferait pas de tort, même si c'était celle des Réprouvés et qui était à l'opposé de sa propre langue d'origine. Certains n'avaient pas perdus l'idée de l'amusement et du rire au travers de la musique. Rien ne pouvait exister sans. Car même sans savoir parler, les instruments traduisaient pour eux.

A nouveau, une voix familière trancha au milieu des autres chanteurs. Certains chantant pour les Aetheri, d'autres pour Sympan et les derniers, sur un temps passé. Sanglant ou non. Réminiscence de jours meilleurs. Au bout de quelques pas, elle rencontra le chanteur assis sur une chaise de bois qui remettait les cordes de son instrument, visiblement peu satisfait.

Votre chant était vraiment très beau.

L'homme redressa son regard vers elle avec un sourire. Il n'était pas difficile de s'accaparer son attention, même si depuis quelques temps, elle admettait avoir du mal à être surprise par certains faits, tant elle s'instruisait. Elle avait toujours aimé faire de nouvelles découvertes et s'intéresser à des domaines qui ne la concerneraient sans doute jamais.

Vous chantez ? lui demanda-t-il.
Moi ? Oh, non ! J'ai une voix de crécelle. Je préfère encore danser, c'est plus de mon domaine.

Il rit. C'était rare de voir une femme qui n'était pas trop vaniteuse et qui considérait avoir reçu la meilleure éduction du monde.

Vous n'avez jamais essayé de composer ?
Eh bien. Je ne dois pas trop avoir le sens de la poésie.
Vraiment ? Allez-y, essayez pour voir !
Heu...Bien...Heu...On m'oblige à tissé cette histoire...Je me réveille pour y croire. Quelque chose dans ce style. Je ne sais pas trop.

L'inconnu claqua des doigts.

Voilà, ça, c'est bien ! Nous, Humains, avons la fibre pour la musique, c'est moi qui vous le dit !
Oh, vous êtes un Humain. Je n'aurais pas cru.
Moi, je l'ai deviné vu le regard que tous ont en vous observant. Les temps sont durs, mais malgré les frictions, on essaie de poursuivre notre musique. Que nous vaut une visite de votre part ?
La curiosité.
Avez-vous le temps pour d'autres chansons ? J'ai un bon répertoire.
Oh, allez-y. Je suis toute ouïe

Mancinia avait du temps. C'était ce qu'elle était venue prendre, malgré sa fatigue suite à cette marche harassante, le froid la maintenait réveillée et elle avait envie d'écouter, d'être émerveillée.

Tant de bruits, tant de meurtres,
Sans un bruit, sans un heurt.
En portant le sigle aux ailes,
Ils ont combattus les peines.

Ils ne volent pas dans le même ciel,
Même en portant bien des ailes.
La Vie laisse place à la Faucheuse.
Ô conte-moi, Ange de Voeux.

Ces affrontements ont-ils tous cessés,
Face à vos toiles d'araignée ?
Vous n'avez d'yeux que pour la lumière,
Alors que vos coeurs ne sont qu'un abîme de ténèbres.

D'un dernier geste sur ses cordes, il mit un terme à sa chanson avec un sourire entendeur. Des Humains avaient des Anges Gardiens, mais eux non plus n'avaient pas fait les bons choix. Mancinia songeait à Neah, à ce qu'elle avait vu la dernière fois et qui l'avait tant chamboulé. Ce n'était pas l'image qu'elle avait de lui, mais elle devait l'admettre, l'accepter. Son coeur était plus léger et elle sourit à son tour. C'était vraiment une belle journée.


1 424 mots
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Chanson sur le Massacre des Déchus par les Anges

Défi ○ Entendre une chanson et atterrir à Ciel-Ouvert


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Miles Köerta
Lun 03 Oct 2016, 04:11

Chorus
« Les troubadours et les bardes chantent la guerre »

Je clignais plusieurs fois des yeux, ébahis. Il y avait à peine quelques secondes, je me trouvais au cœur de Caelum, écoutant le chant de l’Ultimage et de son peuple s’élever haut, bien haut, dans le ciel. Leur voix et leur timbre se joignaient à la danse envoûtante des lampions, qui se perdaient dans le firmament quand, tout à coup, sans que je comprenne ni comment ni pourquoi, je me retrouvais debout, devant quatre Marcheurs que je connaissais bien, à l’intérieur même de la Vigilante, à plus d’un nombre incalculable de lieux de mon emplacement initial. C’était incompréhensible… Mes paupières se mirent à ciller de confusion et de surprise tandis que l’un du quatuor, un homme plutôt bien garni du ventre, se détacha de la ligne qu’ils formaient pour s’avancer jusqu’à ma hauteur. Je le fixais complètement figé dans mon étonnement, le reconnaissant plus ou moins dans mon état de torpeur: il s’agissait de Kerby, le Guide aux cinq épées, qui aimait autant la boisson que la bagarre gratuite.

« Désolé, Asche, de t’avoir… appelé aussi brusquement, commença-t-il en me jaugeant de la tête jusqu’aux pieds, conscient de la surprise qui m’avait empoigné. Mais nous ne pouvons pas bailler aux corneilles. On a besoin de bras. »

Petit à petit, je repris « connaissance », sortant de ma léthargie. Je balayais la pièce dans laquelle je me trouvais avant de poser mon regard, comme si c’était la première fois, sur mes camarades des montagnes.

« Besoin de bras? Répétais-je en croassant. Qu’est-ce qu’il se passe?

- C’est la folie dehors. La guerre divine s’est étendue jusqu’à l’intérieur de nos murs », m’apprit Zolkiah en désunissant ses mains.

Rien qu’en voyant la pâleur de sa peau mate, je sus que c’était lui le responsable de ma venue ici. Du revers de la main, il s’essuya le front, inspirant et expirant de manière à contrôler son souffle saccadé.

« Tu devrais te reposer… Lui conseilla Cori en fronçant des sourcils, ses yeux d’un blanc laiteux me mettant toujours autant mal à l’aise quand je les croisais.

- C’est bon. Ce n’est qu’un coup de fatigue, ça me passera. »

Kerby et Cori se fixèrent discrètement du regard, et je savais que tout deux partageaient ma pensée: il n’irait pas bien loin dans son état, mais s’il nous assurait qu’il s’en remettrait rapidement, nous n’allions pas le forcer à rester ici et à attendre qu’une catastrophe plus terrible encore nous frappe.

« Nous ne t’obligerons pas à rester, mais sois quand même vigilant. Les autres Guides me parlaient, tout à l’heure, qu’il y avait eu des meurtres, des vols ainsi que des tentatives de sabotage un peu partout en ville. Il ne faudrait pas que vous vous mettiez à sous-estimer les personnes qui nous causent tant de problèmes, soupira le Guide en coulant un regard dans ma direction. As-tu besoin que je t’en dise plus? »

Je secouais la tête. J’étais revenu de mon choc et, dès à présent, j’étais prêt à accomplir tout ce qu’il me demanderait de faire.

« Quels sont les ordres? » M’enquérais-je aussitôt, frôlant du doigt mon arbalète ainsi que la lame effilée de la Géante.

Je ne songeais pas à commettre le crime du sang aujourd’hui, mais s’il s’avérait que je croise les individus qui s’étaient mis en tête de foutre le bordel à Ciel-Ouvert, je ne leur pardonnerais pas leur affront si facilement. Je m’assurerais qu’ils aient une cellule rien que pour eux.

« Partons! Partons! À l’affrontement des vents! »

Entonna Kerby en redressant sa masse avant de repousser, dans son dos, la cape en fourrures qui le recouvrait.

À cet appel, Cori, Zolkiah et moi nous nous échangeâmes un regard en coin et Cori, ténor de son état, décida de faire écho à la voix du Guide à l’instant où nous posâmes le pied dehors.

« Partons! Partons! Déployez-vous, engoulevent! »


À l’extérieur, en apparence, tout semblait calme et serein, les chants jouant toujours avec autant d’harmonie et de richesse, les notes et les voix se mêlant à la brise glaciale du vent. Brièvement, je fermais les yeux, respirant l’air du dehors en une grande bouffée. Bonjour à toi… Chuchotais-je en mon for intérieur, m’adressant, presque avec complicité, aux rafales de vent qui sillonnaient les flancs des montagnes de l’Edelweiss enneigées.


« Bravo Asche! Ton arrestation a réfréné l’ardeur de plusieurs, on dirait. »

Je gardais les bras croisés, explorant du regard les environs, à la recherche d’autres personnes susceptibles de mettre encore plus de trouble dans notre cité.

« Seulement, rien n’est terminé. En aval, au quartier Aria, ça doit grouiller de problèmes…

- Ne nous précipitons pas. Nous avons déjà fort à faire ici. Je sais que tu voudrais coffrer tous ces trouble-fêtes, mais nous ne le pouvons pas pour la simple et bonne raison que ça ne serait plus du tout gérable. »

J’exhalais un soupir, m’avançant jusqu’à Kerby, résigné.

« Je ne savais pas que tu avais autant le sang chaud! Plaisanta le Guide en m’adressant un soupir, m’envoyant une claque dans le dos pour me ressaisir. Aller! Continuons de patrouiller jusqu’au retour de Cori et de Zolkiah. »

J’acquiesçais sans mot dire, suivant simplement les pas qu’il imprimait dans la neige. Silencieux, j’examinais les chemins et les routes que nous longions, m’arrêtant de temps en temps lorsque j’étais témoin d’une altercation entre deux individus. Plus d’une fois, nous avions dû, Kerby et moi, séparer les bagarreurs à grands coups d’épaule et de bras, tant la colère les aveuglaient. Les uns se scandalisaient devant les mots proféré à l’encontre des Ætheri; les autres, quant à eux, explosaient littéralement à entendant les insultes qui fusaient de la bouche de ceux qui blasphémaient la puissance de l’Unique. Quelques fois, suite à nos interventions, le calme s’installait dans les environs, malaise palpable que nous sentions peser sur chacune de nos épaules, creusant la ligne que formait notre dos. Après une sixième arrestation et un avertissement des plus intimidants de la part du Guide, trois autres fouteurs de trouble finirent par se disperser, nos regards ne quittant leur dos qu’à l’instant où ils disparaissaient à l’intersection d’un carrefour ou d’un bâtiment.

« Ils sont complètement enragés, c’est démentiel! Se frustra Kerby en replaçant l’une de ses armes, celle-là même que l’un des bagarreurs avait failli lui prendre pour embrocher le croyant de l’autre camp.

- La religion et nos croyances nous sauvent, mais peuvent nous rendre fous aussi…

- Je ne te le fais pas dire! Soupira le Guide en replaçant sa cape, qui avait été mise de travers par le conflit des trois autres individus. Mais au point de se ficher des règles qui régissent notre Cité? Ce n’est plus de la folie, mais un manque de respect flagrant à notre égard! »

Pour le coup, je n’avais rien à redire, à part qu’il avait raison. Ces conflits avaient beau battre son plein à travers tous les continents, nous étions la cité des Chansons, une cité d’art où les odes et les hymnes ne pouvaient être entravées par les croyances, car l’art, comme Kennocha nous l’avait offert, ne pouvait être censuré parce qu’il ne plaisait pas à un tel ou à un autre. Ici, nous étions Libres de croire en qui nous voulions croire et de chanter à sa gloire.

« Partons! Partons! À l’affrontement des vents!
Partons! Partons! Déployez-vous, engoulevent! »


Soudainement, nous nous arrêtâmes et tournâmes, d’un même mouvement, nos têtes vers la source de la voix. Facilement, nous pûmes distinguer un jeune homme, les oreilles hautement dressées, à la manière des Elfes, qui nous observait au loin, son instrument à la main. Lorsqu’il croisa nos regards, il baissa humblement la tête, poursuivant son chant.

« Ce n’est pas l’honneur que vous voler,
Mais c’est la Liberté que vous cherchez!

Vous explorez les montagnes, combattez l’hiver éternel
Sans un sous en poche, vos casques sur la tête,
Longeant les flancs de ces surfaces au lait maternel
Écoutez! Tendez l’oreille! Je perçois une chanson qui se répète!

Partons! Partons! À l’affrontement des vents!
Partons! Partons! Déployez-vous, engoulevent!

Elle s’élève jusqu’au ciel
Embrassant les côtes généreuses des nuages, volages
Vous appelant au loin, vos semelles craquellent
Glissent sur la glace, tombent dans un accrochage.

Mais vous vous relevez, inébranlables
L’hiver a beau vous tenailler, vous emprisonnez
Vous émergez de ses bras, de ses voiles, insaisissables
Courant rejoindre la note, mélodie chantée

Partons! Partons! À l’affrontement des vents!
Partons! Partons! Déployez-vous, engoulevent!

Fourrures sur le dos, bêtes dans votre sillage
Vous baissez la tête, mais vous gardez le cap
Vous êtes des enfants jouant sur ces montagnes
Rien ne vous arrête, rien ne vous handicape

Car vos ailes sont déployées et la montagne, elle-même
Se permet de vous chanter:

Partons! Partons! À l’affrontement!
Partons! Partons! Déployez-vous, engoulevent! »


Un sourire, alors, se dessina sur mes lèvres et, d’un signe du menton, je remerciais le barde pour sa chanson, lequel nous répondit par une chaleureuse révérence avant de s’asseoir de nouveau sur son banc, faisant résonner une nouvelle mélodie, que je reconnus comme celle en honneur aux victimes qui avaient disparus avec le Lac de la Transparence.

« Engoulevent des montagnes: ce p’tit jeune sait comment nous remonter le moral, dis donc!

- Je ne te le fais pas dire! » M’exclamais-je en reprenant l’expression du Guide qui, à son entente, m’échangea un grand sourire.

« Aller, mon gars. On a une ville à faire prospérer; une ville qui ne cesse de chanter! »


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Lun 10 Oct 2016, 13:55

Mettre à nouveau les pieds où elle avait assisté au décès du seul être qui emplissait véritablement son coeur ne l’enchantait pas. Heureusement, cela ne restait qu’un mauvais souvenir puisque la magie d’une autre s’était invitée pour sauver l’individu en question et envoyer toute la troupe en prison. La brune s’était juré de ne jamais revenir sur les lieux du crime _ pouvait-on réellement parler de crime, à vrai dire ? _, et elle venait de rompre sa promesse, cédant à l’un des caprices de Jacob. Passer du temps en compagnie du Sorcier ne manquait pas de faire flancher ses résolutions, et l’emprise du sortilège qui les unissait pesait de plus en plus sur la jeune femme qui se contentait de serrer les dents, cherchant en secret un moyen de se débarrasser de ce lien maudit. Seulement, ses recherches ne donnaient rien, et la détermination du brun finissait par saper ses forces. C’est ainsi qu’elle avait accepté de l’accompagner dans ce qu’il avait présenté comme un voyage de curiosité. Cette étonnante appellation à la bouche, il l’avait assuré qu’elle ne ressentirait pas la caresse de l’ennui. Le calme qui les avait poursuivis jusque-là la rassurait quant à leur destination, et elle devait avouer qu’un peu de repos lui faisait le plus grand bien. Au retour de leur périple, elle comptait bien passer par une cité dans laquelle elle n’aurait jamais pensé se rendre pour ses intérêts personnels. En attendant, il lui fallait faire visiter Ciel-Ouvert.

Se fier à ses modestes souvenirs concernant la ville n’était pas suffisant. Après avoir manqué de se perdre à plusieurs reprises _ son esprit était distrait par de toutes autres pensées, l’empêchant de prendre le moindre point de repère pour éviter de tels écueils _, elle avait décidé d’embaucher quelqu’un pour lui guider à travers les rues pavées de glace. Cependant, malgré les promesses de Jacob, elle commençait à sentir une désagréable lassitude l’envahir, et ses pitreries habituelles ne parvenaient pas à la distraire de bien sombres pensées. Sa mauvaise humeur grandissait de minute et minute, et elle s’apprêtait à plonger dans la mélancolie au risque de voir son pouvoir se déclencher et étendre le phénomène à ses deux camarades. Le Sorcier semblait pourtant s’entendre à merveille avec leur guide, faisant de considérables efforts pour se montrer serviable, ce qui ne lui ressemblait absolument pas. La brune n’y voyait là que le parfum étouffant de l’hypocrisie et cela la contrariait. Bien sûr, elle connaissait le caractère de son acolyte mieux que quiconque et par moments, elle le détestait. Ses poings serrés au fond des poches, elle suivait le duo rieur, emmitouflée sous une large capuche qui lui dévorait la moitié du visage. Sans faire attention où elle allait, elle laissait une floraison d’images flotter sur ses prunelles, insensible au monde extérieur. Les éclats de rire de ses nouveaux comparses ne l’atteignaient même pas.

En levant les yeux vers le ciel, un élément du décor frappa la jeune femme. Lors de sa précédente venue, elle n’avait pas eu l’occasion de contempler une telle chose, sans quoi elle s’en serait très certainement souvenue. Il s’agissait d’un gigantesque statue couverte de givre. L’ouvrage représentait une femme aux traits incertains qui pointait de son bras brisé l’horizon. En pivotant sur elle-même, Callidora finit par apercevoir ce qu’elle montrait ainsi : un château dont elle ne connaissait absolument pas l’existence. Intriguée, elle voulut poser des questions sur ce dernier à leur guide avant que quelque chose ne parvienne à ses oreilles. Tout d’abord, ce ne fut qu’un murmure à peine perceptible qui se gonfla de plus en plus pour devenir un véritable son. Négligeant l’harmonie, son exécuteur proférait des paroles qui la firent sourire. Retenant Jacob qui s’éloignait par le bras, elle demanda à rester jusqu’à la fin de la fameuse chanson. Les mots s’agençaient avec une fluidité extraordinaire et se rejetaient les uns les autres dans de délicieux accords. Le texte la ravit, évoquant une récente bataille avec une pointe d’humour corsée. En somme, tout ce qu’il fallait pour lui plaire. Aucun instrument n’accompagnait la voix bourrue. Cela n’aurait été qu’une fioriture. Lorsque l’homme eut terminé, elle applaudit avec enthousiasme et décida néanmoins de le laisser tranquille. Un artiste avait droit au repos plus que n’importe qui pour se libérer des créations qui lui vrillait le crâne. Reprenant leur route, les trois compères trouvèrent finalement le chemin d’une taverne.

À l’intérieur de l’établissement régnait une ambiance survoltée. Manifestement, un concours de chant avait pris possession des lieux. Callidora secoua la tête négativement dès qu’elle croisa le regard malicieux du Sorcier. Celui-ci se renfrogna, respectant son choix, et se contenta d’aller commander quelques verres au comptoir, la laissant seule avec leur guide. Ne laissant pas le temps à un silence gêné de s’installer, elle partit s’asseoir à une table, non loin de l’estrade où s’égosillait un couple pour le moins mal assorti. Sans y prendre garde outre mesure, elle attendit le retour de son compagnon de voyage afin de se désaltérer. Le café s’insinua entre ses lèvres et réchauffa son corps avec toute la douceur d’un amant retrouvé. L’amour qu’elle portait à cette boisson étonnante dépassait de loin son affection envers tout autre breuvage. Le brun ne tarda pas à reprendre sa conversation avec leur accompagnateur, manifestant une bonne humeur à toute épreuve. La Rehla ne comprenait pas la gaieté qui touchait son coeur et se demanda un instant s’il jouait vraiment la comédie. Aucun de ses souvenirs ne lui permettait de certifier ses talents en la matière. Ce qu’elle savait de l’adorateur de la magie noire se résumait essentiellement à sa maladresse et à sa lâcheté. La guerre avait-elle à ce point influé sa personne ? Malgré ses demandes répétées, il refusait de passer de ce qui lui était arrivé là-bas et s’enfermait dans sa chambre dès qu’elle abordait le sujet. Haussant les épaules d’un air indifférent, elle se tourna vers la scène pour un moment de détente.

Seulement, le Sorcier n’en avait pas terminé avec ses extravagances. Interrompant sa conversation avec son acolyte, il se tourna vers Callidora pour lui glisser une feuille jaunie entre les doigts. Légèrement surprise, elle déplia le parchemin sur lequel s’étendait une écriture bien maladroite. D’une taille déraisonnable, les caractères se pressaient les uns contre les autres comme s’il redoutait qu’une entité inconnue les chasse de leur domicile sans la moindre gêne. Cela la fit sourire, lui remémorant une époque où elle-même s’essayait à l’apprentissage des écrits. La tâche était rude, elle le savait. Qu’il sache former les lettres pour qu’on puisse les reconnaître relevait déjà du miracle. Caressant le papier d’un air attentif, elle déchiffra les mots sans se presser, se laissant emporter par la petite création qu'il avait nommée Sur le chemin.

Paraît que dans ce monde-là y’a quelques guerres, quelques rois
Mais la guerre ça dure pas, et les rois non plus
Y’a des Vampires, des Démons, des Alfars,
Et un tas d’autres peuples tout aussi bizarres.

Sur les routes du monde j’ai jeté mes godasses,
Et sous mes pieds nus j’pouvais sentir la crasse,
Le vent en poupe, j’suis devenu voyageur
Il faut pas grand-chose pour trouver le bonheur.

Sors donc un peu de ta cabane dans les bois
Va découvrir la vie et grimpe sur les toits
Tu verras des choses que personne ne verra
Tu sentiras la terre défiler sous tes pas.

Au détour d’un chemin tu croiseras un voleur
Il voudra t’faire la peau, cet oiseau de malheur
Suffit de t’lever et d’lui casser les dents
Un p’tit combat ça fait du bien de temps en temps.

Entre deux paysages tu trouveras un ruisseau
Et tu comprendras toute la valeur de l’eau.
Jamais l’ennui ne frappera à ta porte
Mais faut encore s’entendre avec les cloportes.

Paraît que dans ce monde-là y’a quelques guerres, quelques rois
Mais la guerre ça dure pas, et les rois non plus
Y’a des Vampires, des Démons, des Alfars,
Et un tas d’autres peuples tout aussi bizarres.


Se retenant bien d’apporter la plus quelconque correction malgré les quelques erreurs glissées, elle rendit la chanson avec un sourire amusé, ne pensant pas une seule seconde qu’il aurait le courage de se lancer. « Tu devrais t’y essayer. » Le Sorcier ne se fit pas prier, emballé par ce simulacre d’encouragement. Les clients éclatèrent de rire face à une telle fougue. Aucune moquerie ne fusa pourtant de leurs lèvres, eux qui se fichaient du ridicule d’une telle tentative. Il fallait avouer que le texte était terriblement mauvais, mais il parvenait à y insuffler un certain rythme. Callidora se plut à l’imaginer en troubadour. D’où tenait-il une telle vision du monde ? Le mensonge n’était chez lui pas seulement un moyen, mais une véritable caractéristique. C’était intéressant. La brune pencha la tête sur le côté, s’interrogeant sur le Sorcier. Quelles autres surprises se cachaient sous son crâne d’imbécile ? Il fallait comprendre. Lorsque Jacob descendit de la scène quelques instants plus tard, un homme à l’allure de montagnard lui tapa sur l’épaule avec un air bienveillant. Les trois acolytes passèrent le reste de la soirée à la taverne, la bande de joyeux lurons qui commandait verre sur verre ayant décidé de se livrer à un concours de chant des plus distrayants. Assise sur sa chaise, la Rehla contemplait tout ce beau monde d’un œil las.


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Lun 10 Oct 2016, 18:20



Quand le Démon avait entendu parler des champs de Ciel-Ouvert, il s'était dit qu'une inspection d'un lieu qu'il ne connaissait pas pouvait être une source de nouveaux revenus, de nouveaux produits. Peut-être y cultivait-on des drogues inconnues ici, à Pabamiel, voire même dans le Dévasté. Alors quand une excursion fut prévue pour visiter la Terre des Bardes, comme aimait le répéter l'organisateur du voyage plutôt bien en chair, Dzaal n'hésita pas. Il était alors évident que s'il y avait des champs, il y avait des bêtes, et donc des bardes. Dont il était friand d'ailleurs. Ces fines tranches de lard qui enrobaient certains plats figuraient parmi ses mets favoris. Il ne connaissait pas grand chose d'autres d'ailleurs, sinon les aliments crus...

***

L'atmosphère qui régnait dans la cité était, comment dire, une ambiance dont avait l'habitude le Démon. L'Enfer revêtait ce sentiment d'être surveillé du coin de l'oeil, où chaque mot prononcé pouvait être source de discorde. Il ne croyait pas si bien penser.

Où étaient donc ces champs...?

Lâchés dans Ciel-Ouvert, Dzaal parcourut les rues au rythme des chansons ; quand celles-ci n'étaient pas subitement interrompues. A chaque carrefour, à chaque échoppe, à chaque auberge ou bâtiment public, la musique ou les poètes laissaient échapper leur prose en gestes théâtraux. Plus surprenant encore, Il assista à une scène sur une terrasse qui lui rappela davantage son propre chez-lui. Alors qu'une femme s'étant déliée la langue à la bière commença à louer les Aetheri en vers joliment posés, un homme lui avait sauté à la gorge pour la poignarder à plusieurs reprises. Un cercle s'était formé autour d'eux, sans qu'aucun n'intervienne, attendant l'arrivée des Marcheurs. A peine l'eurent-ils maitrisé, qu'un autre cri retentit dans une rues voisines. Le groupe de l'autorité se scinda en deux, puis en trois. C'était soit une hécatombe, soit une folie passagère qui animait les voies, et les voix.

Bon, trouver ces champs...

Il n'était pas là pour se divertir l'oreille, mais pour affaire. Ses recherches étant infondées, il finit par sentir l'estomac le rappeler à l'ordre. Dans une taverne, il prit soin de s'écarter des troupes pour commander un barde frit autour de porc, la spécialité du coin. Le tenancier l'observa de travers, comme pour vérifier qu'il avait déjà trop bu. Dzaal répéta alors sa commande mais... Évidemment, son interlocuteur hurla de rire. C'est le rouge aux joues que le Démon entama son repas.

Mais quel idiot...

Trop absorbé par son quotidien, et le cartel de Pabamiel, il n'avait pas pensé un moment qu'il s'agissait de chant de bardes. Renfrogné au point de non retour, il n'adressa la parole à personne. L'organisateur du voyage, bien en chair, avait dû se trémousser sous sa graisse en lui faisant gober l'histoire. Quand il releva les yeux, un homme s'écroula sur sa table avant de glisser au sol. L'instant d'après, Dzaal fut noyé sous l'amoncellement de gens qui semblaient éviter une nouvelle bagarre. Une fois encore, des Marcheurs entrèrent, peu nombreux. Si peu nombreux que trois individus ne semblaient pas pouvoir réussir à calmer l'affolement de la foule. Ils semblaient exténuer... mais vint enfin les renforts qui vidèrent les lieux de tous ces forcenés.

Quand le calme revint, un "barde" s'approcha du Démon.

- Mon bon monsieur, c'est une vie difficile ici. Vous m'offrez un verre ? Deux ?

Haussant un sourcil, l'intéressé secoua négativement la tête. Mais l'autre continua de le sermonner jusqu'à ce que Dzaal mette enfin la main à la bourse. Il resta interdit, et tâtonna avec vigueur son pantalon. Elle avait disparu. Il maugréa et regarda son repas qu'il ne pourrait pas payer. Son interlocuteur réagit alors, comme une évidence.

- Vous, vous vous êtes fait soustraire quelques pièces, je me trompe ?

Silence.

- Bon, écoutez... Je vous ai entendu rire avec le propriétaire. Et il se trouve que j'ai besoin d'un petit service.

Le Démon en dit tout autant qu'auparavant, sans quitter l'ami des yeux.

- Je suis barde de ma province. Par contre, il me manque l'inspiration pour briller aujourd'hui... Alors si vous...

- Un mendiant qui ne sait pas aligner deux mots mais qui veut récolter quelques honneurs ?

Le voyageur fut quelque peu déstabilisé, mais beau-parleur.

- J'adore ce ton... Si vous m'écriviez, je ne sais pas, un poème, un chant, une comptine... Alors pourquoi ne pas me le confier et je le lirai à voix haute sur la place ! Et puis, je vous paierai le repas.

Dzaal se pinça les lèvres. Est-ce qu'écrire trois mots sur un parchemin le ridiculiserai encore davantage...? Était-ce pour la bonne cause, un repas mérité ? Saloperie de champs et de viandes...
Une bière supplémentaire lui permit d'entrer comme dans un état second. Mais cela ne l'aida pas à trouver l'inspiration. Jusqu'à ce que l'individu lui touche l'épaule. Le Démon ressentit alors les vices de l'homme, son ego, sa fainéantise... Un texte contre un repas, c'était peu cher payé, et il venait d'avoir la trame d'une idée. Voyant l'étincelle dans son regard, l'inconnu sortit de sa veste colorée du papier, une plume et un petit bocal rempli d'encre.
Se creusant la tête, il n'avait jamais réussi à mettre des mots sur ce qu'il ressentait. Et maintenant, il devait le faire avec ce drôle de gars à ses côtés. D'un geste brusque, il secoua son épaule et fit de grands gestes de la main pour créer une distance entre eux.

- Reviens dans quelques minutes... Tu m'empêches de me concentrer !

Il n'aimait pas la proximité avec les inconnus.
Bon, le calme revenait, et dehors les chants égaillaient tant bien que mal l'atmosphère.
Son esprit l'emporta ailleurs, sur ses terres, au cours de ses aventures, sur sa propre nature... La pointe de la plume se lança alors dans une petite danse sèche. Il s'y reprit plusieurs fois avant de terminer sa choppe que le tavernier lui avait ramené, non sans lui laisser un avis approbateur quant au texte. L'individu revint et attrapa le papier avant de monter sur une table et de le lire à haute voix, sans gêne et tout en fluidité.

Par delà les Terres et les Mers
Ô Êtres d'horizons divers
Cessez donc toute hypocrisie
Vos mensonges ne sont qu'hérésie.

Vous êtes fait de chair et de sang
Et d'une âme vous animant
Pourquoi poursuivre dans l'innocence
Quand vous submerge la décadence.

Libérez-vous de vos chaînes
De vos désirs, de vos peines
Car voici venu la Tentation
L'Ange de votre damnation.

En chacun la faiblesse règne
Notre pouvoir alors vous l'enseigne
Embrassez enfin vos Péchés
Il ne vous restera plus qu'à signer.

Nous en faisons le serment
Sans plus de sentiments
Vos désirs seront comblés
Votre vrai visage révélé.

Nous tiendrons alors dans nos mains
Votre volonté, votre destin
Et si votre âme sera damnée
Comptez sur nous... pour en disposer.


Petit silence, puis il sourit. Avant de secouer le papier sous le nez du Démon.

- Sympan serait certainement heureux de vous compter parmi ses fidèles. En tout cas, ça devrait faire l'affaire. Et au passage... Je vous citerai à la fin. Si les gens applaudissent.

Tout radieux qu'il était, le barde sortit de l'établissement en chantonnant. Au même moment, le tavernier tendit la main en mâchonnant un brin de basilic. Que voulait-... ? L'argent ! Dzaal sortit en courant en criant au propriétaire qu'il reviendrait. Bouche bée, le brin de plante tomba au sol. Manquait pas de culot celui-là...
Dehors, il rattrapa le barde et lui intima de payer. Reconnaissant même sa bourse, il se vit planter un stylet dans l’œsophage, se délestant à la fois de sang et de cuir rempli d'or au pied d'une foule dense. Dans sa main, le papier qu'il venait de rédiger. Il le tendit alors à une demoiselle qui chantait ses vers concernant les animaux et la flore. Au moins ne se ferait-elle pas tuer et pourrait-elle user de son texte si l'envie lui en venait. "Ganaem" lui fit-il en lui laissant. Avec un sourire elle accueillit le don et se mit à le lire à voix haute. Dzaal n'attendit pas de connaitre la réaction des badauds et se dirigea vers l'extérieur de la ville d'où les voyageurs pourraient repartir chez eux.

Il était bon ce repas...


[LDL | Évent] Chorus Torn-slit-separator-4f7224e
1464 mots
+1 Agilité
+1 Charisme




Merci pour ce LDL.
Un peu de poésie dans ce monde de brutes =]
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Mer 12 Oct 2016, 10:27




L’avantage majeur de posséder un maître _ à supposer qu’on puisse parler d’avantage pour un tel fardeau _ était les multiples possibilités que cela offrait. En dehors des compensations somme toute modestes qu’il recevait, la servitude permettait au Génie de visiter le monde et de le voir sous un jour nouveau. Jamais encore il n’avait entendu parler de la ville qu’on nommait Ciel-Ouvert. Bien entendu, au détour des tavernes et des auberges tapageuses jetées sur sa route, il avait eu tout le loisir de découvrir la gaieté des chants qui, si l’on croyait la rumeur, étaient nés là-bas. Lui se moquait éperdument de la musique, ne comprenant pas véritablement quelle beauté se cachait derrière la naissance d’un accord. Seules les mélodies de sa fille parvenaient à le toucher, sans doute parce qu’elles lui rappelaient un univers auquel il n’appartenait plus et qui pesait au-dessus de lui comme une épée prête à le transpercer. Des choses vues autrefois dans ses visions, jamais il n’avait dit le moindre mot. La malédiction qui lui avait été infligée pour avoir voulu modifier le cours du Destin demeurait jusqu’à aujourd’hui la preuve la plus éclatante de la colère des étoiles à son égard. À l’époque la meilleure décision possible, sa fuite avait été l’erreur de trop, l’erreur fatale, celle que les dieux ne pouvaient pardonner. Profondément convaincu qu’il s’agissait là de l’origine de sa condition, il considérait cette dernière comme une véritable condamnation.

Et pourtant, au fond de lui, il sentait quelque chose se dresser contre cette opinion. À chaque instant, cette étonnante opposition prenait de la vigueur, et sans y prendre garde, il commençait peu à peu à changer d’avis et à reconsidérer cet état lamentable. Cela devenait une nouvelle naissance, l’occasion rêvée de se libérer de toutes les contraintes enserrant autrefois son coeur. Seulement, la peur du courroux divin s’insinuait en lui et paralysait ses pensées. Ce n’étaient là que de rares élans d’enthousiasme dont il chérissait le souvenir, sans doute parce que cela lui offrait l’illusion généreuse de ressentir à nouveau. À dire vrai, il s’agissait là d’une bien maigre consolation. Le Génie ne différait en rien des autres mortels. Tel un matelot qui refuse de lâcher le bastingage en plein naufrage, il s’accrochait avec une fermeté invraisemblable à ce simulacre de bonne humeur. Sans cela, il aurait presque été tenté de croiser volontairement la route d’un Humain pour que ce dernier le renvoie à la poussière qu’il n’aurait jamais dû quitter. En fin de compte, cela lui aurait grandement facilité les choses. Cependant, une fierté incongrue en lui se révoltait à l’idée de rejoindre le néant. C’était tout à fait désagréable, de se sentir dépourvu de tout ce qui faisait pulser la vie dans les veines sans avoir goûté la mort. Le Djinn se renfrogna.

Ce fut un coude donné par son maître qui le tira de ses pensées. L’homme en question ne semblait connaître d’autre loi que celle du silence, et Loziel ne comprenait pas pour quelle raison il avait souhaité se rendre à Ciel-Ouvert. Depuis leur arrivée, de nombreux chants avaient résonné à leurs oreilles sans que l’autre ne s’en plaigne. Ce qu’il lui désignait avec tant d’insistance se révélait être une jeune femme à l’allure inquiétante qui cherchait à s’effacer du paysage. Que faisait-elle là ? Les nombreuses brûlures qui zébraient sa peau surprirent le Génie. Avait-elle la victime malheureuse d’un incendie, ou un imbécile avait-il tenté de la faire se consumer sur le bûcher ? Ces derniers temps, cette odieuse pratique était devenue monnaie courante. S’efforçant de ne pas la dévisager outre mesure, il soupira en la voyant disparaître derrière un bâtiment. « Qui est-ce ? » En d’autres circonstances, il l’aurait sûrement trouvée d’une grande beauté. « C’est ce qu’on appelle une Immolée. Cette femme possède sans doute l’une des plus belles voix de ces terres, et pourtant, rares sont ceux à qui elle offre le privilège de ses chants. Ses consœurs viennent quelquefois chanter le soir. C’est pour cette unique raison que je suis venu. » Loziel inclina la tête sans rien dire de plus, gardant pour lui la pensée qu’il devait manquer une case au vieil homme pour qu’il entreprenne un pareil voyage par amour de la musique. Cela lui semblait une absurdité sans nom.

Seulement, ils n’eurent pas le plaisir d’entendre les Immolées. Le soir venu, des dizaines d’individus se pressaient autour du fameux théâtre, braillant gaiement. La foule se pressait par petits groupes autour de chanteurs reconnus dont les voix rassemblées formaient une curieuse cacophonie. Qui pouvait bien apprécier une pareille animation ? Son maître arborait un air profondément contrarié, maugréant entre ses dents qu’aucune Immolée ne se montrerait. D’humeur particulièrement acariâtre, il souhaita à son fidèle serviteur de leur trouver un endroit où passer la nuit sans qu’il lui faille dépasser la moindre pièce d’or. Le Djinn s’éloigna à la recherche d’une auberge qui accepterait de les héberger sans argent. À plusieurs reprises, les tenanciers se moquèrent de lui et le mirent à la porte. Après quatre ou cinq essais infructueux, il parvint à un établissement entièrement construit en pierre qui ne paraissait pas des plus accueillants. Franchissant le seuil, il exposa la situation à la patronne. « Il existe bien d’autres moyens de payer, mon gars. » Le brun haussa un sourcil, se demandant si elle était sérieuse ou non. En dehors de son absence totale d’envie envers la jeune femme grassouillette, rien dans son apparence ne lui semblait appréciable. Vendre son corps l’indifférait, mais il savait qu’elle ne lui ferait pas le moindre effet. « Ouvre grand ton gosier et si ta chanson me plaît, tu pourras dormir sur tes deux oreilles. » Lui donnant une tape brutale sur l’épaule, elle éclata de rire. L’humour le prenait parfois au dépourvu.


Laissez-moi vous conter l’histoire
D’un combat tout droit sorti du hasard
D’une romance de génie
À faire pâlir tous les marquis.

Lutter pour une reine dont on ne sait rien
Se battre toujours, et frapper en vain
Pas de repos pour un chevalier amoureux
Seulement l’espoir d’une future vie à deux.

Tous étaient venus, répondant à l’appel
D’une femme à la beauté éternelle
Pour gagner sa vertu et le creux de ses bras
Il fallait éviter le moindre faux pas.

Les hommes se battirent pour leur chère élue
Et l’on vit se dresser comme de fières statues
Les amants éperdus qui ne savaient que l’aimer
Guidés par la promesse d’un jour l’épouser.

Lors de la nuit de sang, j’ai rencontré la belle
Elle a le port plus gracieux qu’une hirondelle
Une allure de princesse, des airs ingénus
Elle a le regard chaud comme un soleil nu.



La femme en face de lui resta quelques instants muette. Le Djinn craint de n’avoir pas été à la hauteur et se renfrogna. Dans la solitude de son habitacle, il avait eu tout le temps de composer des chansons à la gloire de la Reine Blanche, non par amour mais par ennui. Celle-ci faisait partie de ses préférées, et il l’avait presque affectueusement nommée La promise aux chevaliers. La tenancière avait fini par éclater de rire en abattant son torchon sur le comptoir. « Les grands ne savent plus quoi inventer pour s’amuser. Faut pas faire des chansons sur eux, vous savez. Tout ce qu’ils veulent, c’est attirer l’attention, et pas la nôtre. Nous, on est pas grand-chose. » Le brun ne pouvait réellement lui donner tort. De toute manière, il ne prétendait pas une seconde être amoureux de la Souveraine. Sa participation avait été un pur hasard, et leur rencontre fortuite en était une suite agréable. Sa splendeur ne faisait pas de doute, sans quoi personne ne serait venu combattre pour l’épouser. Loziel se rendit compte qu’il ne connaissait même pas le nom du vainqueur. Cela l’indifférait. La jeune femme avec laquelle il avait passé la fameuse soirée, s’il s’agissait bien d’elle, lui avait néanmoins laissé une forte impression. « Bon, ça ira. Tu peux dormir là cette nuit, mais pas d’embrouilles ! » Un imperceptible sourire orna les lèvres de son interlocuteur. Prenant soin de la remercier, il partit retrouver son maître pour lui annoncer la bonne nouvelle. Bientôt, il serait délivré.
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