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 « Meurtrier » qu’ils nous ont appelés | Araya

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 23 Avr 2016, 23:31

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas tous ce qu’ils semblent être »

« Trop lent.

- Quoi? »

Je laissais filer mon épée jusqu’à sa nuque, freinant brusquement mon geste lorsque la lame ne fut qu’à quelques millimètres de sa carotide. Isiode ne fit plus aucun mouvement, plongeant son regard bleuté dans le mien. Je le gratifiais d’un petit sourire, plaçant, à présent, mon épée contre son cou, appliquant une légère pression.

« Tu serais mort en véritable combat. » Lui dis-je par simple formalité, sachant parfaitement que mon jumeau en avait conscience.

Pourtant, de la grimace de déplaisir que je m’étais attendu à apercevoir sur son visage, je fus surpris de n’y voir qu’un léger amusement. Isiode baissa les yeux, ne pipant mot, avant de relever sa tête dans ma direction, me faisant signe de porter attention sur ce qu’il y avait en bas. Intrigué, je penchais légèrement la tête vers l’avant, sans pour autant baisser ma garde: qui sait, peut-être était-ce un fin stratagème pour qu’il puisse reprendre le dessus.

« En fait, nous serions tous les deux morts en véritable combat », enchaîna-t-il en esquissant un grand sourire.

Aussitôt, je fis la moue, baissant mon arme et, d’un geste vif, je retirais la dague que mon frère tenait en main et qui avait transpercé ma cape. C’était le coup ingrat, le coup de la lame cachée.

« Ce n’est vraiment pas loyal.

- Aucun combat n’est loyal et tes adversaires ne te laisseront aucune chance: si l’opportunité se présente, ils la saisiront sur-le-champ. Autant t’y faire maintenant au lieu de l’expérimenter alors qu’il sera trop tard. »

Doucement, Isiode laissa glisser son arme dans sa ceinture, rabattant par la suite son vêtement par-dessus, cachant ainsi, aux yeux de tous, la lame cachée, finement dissimulée. J’observais mon frère du coin de l’œil, empli d’un respect trop grand pour être décrit. Il croisa mon regard en relevant la tête et il m’offrit un sourire.

« Prêt à continuer notre voyage? » Me demanda-t-il alors, et je lui répondis d’un vigoureux hochement de la tête.

Sur cette note plus complice et fraternelle, nous nous remîmes en route.

Notre voyage sur le continent Naturel durait depuis presque deux semaines. Après nous être entraînés dans les montagnes de l’Edelweiss enneigées, nous avions poursuivis notre route en suivant les rumeurs d’attaque, de conflits qui, à bien y penser, ne pouvaient être que l’œuvre morbide des Démons et de leurs alliés. En ces temps de guerre et de trouble, tout se décidait à aller de travers: de nouvelles alliances se forgeaient alors que d’autres se déchiraient brutalement, emportées par les violences de la guerre et des conflits de religion. Notre monde se trouvait à l’aube d’une nouvelle ère, nous le pressentions tous: personne ne s’en sortirait indemne. C’est pourquoi, pour notre peuple et nos frères à la Citadelle, nous nous entraînions sans relâche, Isiode et moi. Nous ne voulions plus être faibles et impuissants, nous voulions réagir, et vite; pouvoir porter notre épée avec fierté pour la Paix et le Bien. Alors nous tendions nos bras armés à ceux qui en avaient besoin, nous tenant au courant des derniers soulèvements, des derniers conflits civils, des dernières prières de miséreux qui ne cherchaient que main salvatrice. Nos lames ne pourfendaient que pour faucher le Mal; nos lames étaient des armes qui laissaient couler le sang que pour le Bien. Et lorsque nous les essuyions, une fois la nuit tombée, autour de notre camp de fortune et improvisée, nous ne ressentions aucune culpabilité vis-à-vis les actions que nous avions mené. Sauver le monde était important, certes, mais détruire le Mal l’était plus encore, car par son intermédiaire, nous gagnions en mètres pour atteindre une véritable sécurité et prospérité dans notre humanité.

« Est-ce que tu penses qu’un jour, nous aurions suffisamment de courage de retourner auprès de Yüerell? » Me posa soudainement Isiode, une nuit, alors que la Lune nimbait la forêt dans laquelle nous avions décidé de poser, provisoirement, notre campement.

Le feu montait légèrement dans le ciel, alors que nous pouvions percevoir le hululement d’une chouette, non loin. Yüerell… Cette question aussi turlupinait mon frère. Yüerell était notre famille, notre ami. Mais depuis notre disparition, nous n’avions jamais tenté de reprendre contact avec. Par peur de décevoir? Assurément. Je soupirais, ouvrant la bouche pour lui répondre, mais au même moment, un craquement, sinistre, se fit entendre près de nous. Vivement, nous nous retournâmes vers la source du bruit, nos armes en main, prêt à en découdre à la moindre menace.

« Qui va là? » Dis-je faiblement, sondant la forêt qui s’étendait devant nous, épaisse et sombre.

Mais personne ne répondit. Plutôt, il eut râle. Un râle monstrueux, déchirant. Un râle qui accompagnait cet homme chancelant qui se rapprochait de notre position.

« Seigneur! Il est rempli de sang! » Siffla mon frère en se précipitant vers le blessé, qui aurait violemment rencontré le sol si Isiode n’avait pas été suffisamment rapide pour le rattraper dans sa chute.

Aussi précipitamment que mon frère, je fonçais droit vers le blessé, aidant mon jumeau à le déposer au sol. Il respirait faiblement, l’air qui passait au travers de ses lèvres n’était qu’un mince filet.

« Il faut que nous le soignons… »

Je me penchais aussitôt au-dessus de lui, plaquant mes mains contre son torse, respirant doucement, faiblement, pour me concentrer. Puis, presque instantanément, une douce lueur se mit à éclairer les environs, lumière naissante qui menaçait à tout moment de s’éteindre sous le poids de l’obscurité.

« Il perd trop de sang, Isley…

- J’essaie d’arrêter l’hémorragie… »

Mais le sang coulait abondamment, beaucoup trop abondamment. Le râle du blessé s’affaiblissait tandis que ces pupilles ternes nous dévisageaient.

« La nuit… » Chuchota-t-il.

Mais je ne lui prêtais aucune oreille attentive, me concentrant de toutes mes forces sur la Magie en action.

« La nuit… Répéta-t-il.

- Isley, il nous dit quelque chose… »

Mais je sentais les battements du cœur du blessé ralentir doucement, dramatiquement.

« Non… Tenez bon!

- La nuit… La nuit… Tuer… »

Isiode tendit l’oreille jusqu’au bord de ses lèvres, qui esquissaient des paroles silencieuses. Une sueur froide me coula du front, alors que je tentais, de toutes mes forces, de le maintenir en vie. Mais il m’échappait. Il me glissait entre les doigts. Et quelques secondes plus tard, seulement, la Mort l’emporta.

« Isley… Arrête. »

Mais je continuais, sans même m’en soucier.

« Isley, c’est trop tard…

- Non… » Chuchotais-je en observant le visage du jeune homme.

Mon frère déposa sa main sur les miennes, comme un ordre à le regarder.

« Nous ne pouvions plus rien pour lui… »

Je ne dis rien, contemplant simplement la lueur blanchâtre de son regard. Isiode fit de même, laissant un silence lourd et pesant planer entre nous. Qu’était-il arrivé à cet homme pour qu’il ait des blessures pareilles? Qu’est-ce qui l’avait attaqué? Un animal sauvage?

« Il a dit quelque chose d’intriguant… Laissa soudainement tomber mon frère, sans pour autant détacher son regard du cadavre. Il a dit que c’était la nuit qui l’avait tué… »

Je jetais un bref regard en direction de mon frère.

« La nuit? »

Mon jumeau acquiesça gravement.
Qu’est-ce que ça voulait dire?


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Dim 24 Avr 2016, 14:54


Araya se laissa tomber au sol, le souffle court, et difficile. Elle venait de courir, non pour fuir, mais pour améliorer son endurance. Chose qu’elle avait à peine. Enfin, elle voyait une amélioration, donc elle n’abandonnait pas. A force de faire ça, elle avait arrêté d’être sur le point de vomir à chaque fois qu’elle courait plus de cinquante mètres, et elle retrouvait petit à petit une meilleure forme. Une fois qu’elle se fut un peu reposée, elle se remit debout, puis partit jusqu’à la rivière non loin. S’accroupissant, elle resta un instant à regarder l’eau. L’eau, à la vitesse tranquille, dans laquelle elle voyait le reflet des arbres, et de la lune, mais pas le sien. Même avant, elle n’avait jamais aimé s’admirer, ne faisait pas plus attention à son apparence que la normale, mais le fait de ne pas se voir était particulièrement troublant. Encore plus depuis que sa confiance en elle avait été détruite. Ne pas savoir à quoi elle ressemblait aujourd’hui était assez déconcertant, et ne l’aidait pas dans la reconstruction de son esprit. Secouant la tête, elle plongea les mains dans l’eau, et en récolta dans le creux de ses mains en coupe, et la passa sur son visage pour se rafraichir. Le fait de ne plus avoir besoin d’en boire était également déroutant. S’habituer à sa condition de Vampire était compliqué, surtout qu’elle n’avait personne pour la guider.

Kayto apparut soudain à côté d’elle, lui lançant un regard inquiet. *Tu vas bien ?*. La questionna-t-il. Elle posa une main sur la tête de l’animal, lui faisant quelques gratouilles.

« T’inquiètes pas, j’ai juste faim »

Elle se mit debout, rejetant sa tresse en arrière. Pour une fois, elle s’était attachée les cheveux, c’était moins gênant, bien que quelques mèches plus courtes s’échappaient, tombant autour de son visage. Elle partit récupéré ses affaires, repassant sa cape autour de ses épaules. Elle savait bien que Kayto ne l’avait pas cru, l’animal la connaissant assez pour voir qu’elle n’allait pas bien. Mais elle n’avait pas vraiment mentit, car elle commençait à avoir faim, et elle préférait s’éloigner du tigre pour le moment. Elle n’avait aucun contrôle sur sa soif de sang, et, malgré ses efforts, elle se jetait sur une personne dès qu’elle voyait du sang. Elle ferait mieux de trouver rapidement quelque chose à se mettre sous la dent avant de se jeter sur Kayto, un peu son assurance vie, elle n’étant pas assez douée, et forte, pour chasser correctement seule.

Une fois qu’elle eut tout récupérer, Araya se remit en route. Elle rejoignit un chemin traversant la forêt. Regardant le sol, elle trouva des traces de pas. Une personne seule, mais pour le reste. Quelqu’un de plus doué aurait sûrement pu savoir si c’était un homme ou une femme. Mais pour le moment, elle avait faim, et ça n’avait pas d’importance. Parfois elle s’étonnait d’apprécier autant la chasse, peut-être que cela découlait de sa nouvelle race. Un nouvel instinct de chasseur qu’elle avait parfois du mal à saisir, mais, d’un autre côté, qu’elle aimait. La sensation d’être, en quelque sorte, devenu un prédateur, après avoir été aussi longtemps violenté et rabaissé, procurait un certain sentiment d’excitation et de plaisir. C’était assez paradoxal, sachant que parfois elle trouvait son comportement relativement pitoyable. Mais elle n’avait pas tellement le choix de se nourrir du sang des autres, celui des animaux n’étant pas suffisant à réellement subvenir à ses besoins sur de longues périodes.

La jeune femme finit par arriver prêt du camp d’un homme. Il était assis près d’un feu, aiguisant une épée. Elle resta dans l’ombre un moment, l’observant. Elle se mordit la lèvre, ayant envie de lui sauter dessus, mais elle devait se méfier. Il semblait savoir se battre, contrairement à elle. *Je te laisse faire, mais je suis pas loin*. Entendit-elle Kayto lui dire en pensée. L’animal semblait la voir un peu comme son enfant. Enfant qu’il a qui il devait apprendre à chasser, et donc, qu’il laissait faire ses premiers pas, restant en arrière pour l’aider en cas de besoin. Elle détestait ça, bien qu’elle sache parfaitement qu’elle était faible, et qu’elle avait besoin d’aide. Cette impuissance l’énervait, mais elle ne disait rien, car elle savait que c’était nécessaire. Et, plutôt que de penser à ça, elle se concentra, prête à activer sa magie. Mais, à ce moment, l’homme réussit à s’ouvrir à la main. La Vampire fixa le sang, et ses yeux prirent la même couleur que celui-ci, ses crocs s’allongeant, et elle perdit tout sang-froid. Araya se jeta sur l’homme, faisant craquer des branches sur son passage. En entendant le bruit, l’homme se leva, et voulut se retourner, mais trop tard. La jeune femme s’était déjà jeter sur son dos, et avait planté ses crocs dans sa gorge. Il cria de douleur, mais se reprit rapidement, cherchant à attraper son agresseur. Mais Araya se tortillait un peu trop pour qu’il puisse avoir une bonne prise. Et, à cause de ses mouvements, les crocs s’enfonçaient encore plus, ouvrant une plaie plus large, dont le sang giclait de plus en plus vite. L’homme ne tarda pas à se sentir de plus en plus faible. Avant d’être totalement vidé de ses forces, il recula rapidement, jusqu’à un arbre, et s’écrasa violement contre lui, plaquant Araya brutalement contre lui. Elle eut le souffle coupé, et relâcha sa prise de ses bras, et ses crocs.

L’homme réussit à se détacher de la Vampire, qui essayait de se reprendre, ayant avalé du sang de travers. Il se retourna, plaquant sa main sur sa blessure pour arrêter le saignement, mais il savait qu’il devait se dépêcher d’abattre la jeune femme pour ne pas qu’elle le tue. Il voulut sortir la dague à sa cuisse, mais soudain une masse blanche tomba sur l’homme, le plaquant au sol sous son poids. Avant qu’il ne puisse réagir, Kayto attrapa la gorge entre ses mâchoires, et lui brisa la nuque, le tuant sur le coup. Il descendit du corps, et se tourna vers Araya pour voir si elle allait bien. Elle était en train de tousser, essayant d’évacuer le sang. Ce dernier coulait sur son menton, mais elle s’en fichait. Sa soif était encore présente, et, incapable de se retenir, elle s’accroupit à côté de l’homme, et planta à nouveau ses crocs dans la gorge, buvant le sang tant qu’il était encore chaud. Si elle n’était pas dans cet état, elle aurait été énervée que Kayto l’ait aidé, même si elle savait qu’elle aurait eu du mal à s’en sortir seule. Son envie d’être totalement indépendante des autres la poussait à rejeter l’aide de tout le monde, même du tigre qui n’avait aucune mauvaise intention par rapport à elle. Mais l’animal ne s’en souciait pas, cherchant simplement à la protéger. Il s’éloigna d’elle, partant faire un tour dans la forêt pour voir si personne ne pouvait les menacer.


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Isiode et Isley
Dim 24 Avr 2016, 17:19

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »


Nous étions des guerriers et voir la Mort de près, voire même de très près, était récurent dans notre réalité. Cependant, nous la côtoyions lorsque nous voulions vraiment d’elle à nos côtés, ce qui, dans ce contexte-ci, n’était pas du tout le cas. Le sang de l’homme maculait mes mains et l’ensemble des vêtements d’Isiode, qui était arrivé à temps pour rattraper le malheureux dans sa chute, était poisseux de ce même liquide rouge et collant. Pourtant, malgré notre état, nos regards ne quittaient le visage fermé et livide du décédé, troublés par la scène que nous venions de vivre et d’expérimenter. Mourir et vivre, c’était facile, voire même très facile et, à chaque jour, nous pouvions voir à quel point le fil pouvait être mince entre ces deux concepts opposés et ô combien liés malgré tout. Une vie, il suffisait de la vivre; une mort, il suffisait d’arrêter de vivre. Cela pouvait paraître fataliste comme approche, comme pensée, mais c’était ainsi que fonctionnait les rouages de la vie, du destin. Mais dans notre nature d’homme, ce qui nous troublait plus conséquemment, c’était de savoir que l’on pouvait contraindre ses rouages à nos désirs, car quelque part, nous étions en mesure de contrôler cette nature, qui nous paraissait trop lointaine ou trop divine pour être approchée à certaines occasions, par la Magie ou par la science, cette dernière tentant de se développer malgré tout chez les hommes dépourvus de ces talents magiques. Autrement dit, ils nous étaient possibles de changer le scénario du destin, ces effets en somme, puisque nous connaissions la finalité de celle-ci. Mais quelque fois, nous ne pouvions en changer les phrases, le destin nous rattrapant, nous imposant de suivre les lignes qu’elle avait écrites pour les suivre comme des marionnettes au bout de fils.

Et c’est ce qui était arrivé en cette soirée, alors que le cadavre de l’homme – et son sang, surtout son sang – s’étendaient de tout leur long sur l’herbe basse de cette petite éclaircie des bois. Si nous voulions nous soustraire des fils du destin, il suffisait de les couper et de nous soustraire à sa destinée dite toute tracée. Mais lorsqu’il était trop tard, lorsque nous ne pouvions plus rien faire contre cette dernière, il fallait se laisser attraper, se laisser emporter hors de la scène et nous laisser abandonner dans le placard des marionnettes brisées. Je déglutis et décidais d’approcher ma main du visage du malheureux, tendant deux doigts au-dessus de ses paupières avant de lui fermer les yeux, solennel.

« Que puisse les Dieux te montrer la voie », récitais-je d’une voix basse et respectueuse pour le décédé, fermant moi-même les yeux pour témoigner de ma piété.

En me voyant faire, Isiode approuva d’un signe de la tête et, après avoir ouvert les yeux, du coin de l’œil, je le vis joindre ses doigts en prière.

« Que puisse la Déesse te protéger et veiller sur ton âme lors de ton passage dans l’Au-delà, cher frère. », chuchota-t-il avec autant de respect avant de garder le silence quelques secondes et de désunir ses mains.

Sa tête se tourna dans ma direction et nos regards se croisèrent instantanément.

« Devrions-nous l’enterrer?

- Oui, dit-il en coulant un dernier regard en direction du cadavre ensanglanté. C’est un Elfe. Il aurait voulu que son corps retourne à la Nature, comme il se doit de l’être », conclue-t-il en se redressant, cherchant du regard un outil qu’il pourrait utiliser pour modeler la tombe du malheureux, mais tout ce qu’il trouva de plus efficace, ce fut nos armes et plus précisément, Immortel, ma faux.

Il n’eut pas à me dire quoi que ce soit pour que je me mette à l’action, me levant également avant de détacher mon arme de mon dos et de commencer à creuser la terre, espérant lui offrir un lieu de repos adéquat pour son salut éternel. Mais alors que je commençais à peine de creuser, un hurlement étouffé, lointain et éloigné, vint nous paralyser complètement, mon frère et moi. Instantanément, nous cessâmes tout mouvement, cherchant à percer ce qui se cachait dans la forêt qui nous entourait.

« Qu’est-ce que c’était?

- Quelque chose de dangereux se trouve dans cette forêt, Isley… » Déclara Isiode en dégainant son arme, son regard opalescent se braquant sur chaque point cardinaux, alerte et méfiant.

Je me redressais lentement, observant le dos de mon frère. Il se concentrait profondément, cherchant peut-être la provenance de ce cri qui avait transpercé le silence de ces bois.

« Le cri semblait provenir de cette direction… Estima-t-il avant de pivoter son regard vers moi. Je vais faire un tour histoire de vérifier le périmètre.

- Je t’accompagne », décrétais-je aussitôt, abandonnant le trou que j’étais en train de creuser pour m’avancer jusqu’à mon frère.

Mais avec violence, ce dernier m’intimida de ne plus bouger.

« Qu’est-ce qu’il… »

Je me tus brusquement, entendant des craquements dans les parages. Aussitôt, je me retournais, collant mon dos à celui de mon frère, l’arme au poing. Des silhouettes se découpaient dans les fourrés et elles s’approchaient, elles s’avançaient dans notre direction. Et elles étaient armées.

« Des monstres? Murmurais-je à l’intention de mon frère, mais ce dernier infirma aussitôt ma pensée.

- Non. Des hommes. Des Elfes. »

Des guerriers elfiques, effectivement, apparaissaient du boisée, leur visage reluisant d’une colère froide sous les rayons glacials de la Lune. Armés d’épées, de lances et de faux, ils s’approchaient de notre position avec un regard incendiaire.

« Ils sont deux… Indiqua un premier guerrier en nous jaugeant sévèrement.

- Et regardez ce qu’ils ont tenté de faire cette fois-ci… Souligna un second Elfe en tournant son regard vers le trou que j’avais commencé à creuser, tout près du cadavre de leur semblable. On se sent soudainement pris de piété? » Grogna-t-il en tendant son arme, menaçant.

Instinctivement, mon frère et moi empoignâmes plus fortement la poignée de nos armes.

« Pris de piété? Nous lui devons bien ceci pour son repos éternel…

- Isley, ce n’est pas ça le problème… »

La voix d’Isiode était troublée et troublante. Qu’est-ce qu’il voulait dire? Mais j’eus à peine le temps de lui demander de me fournir de plus amples explications qu’il se redressa doucement, son regard tourné vers les guerriers elfiques qui nous entouraient, avant de s’adresser à ces derniers:

« Messieurs, nous ne l’avons pas tué. »

Je me tournais vivement vers mon frère, les yeux écarquillés. Tuer? Puis, je posais mes mires sur les quelques hommes armés qui nous menaçaient. Tuer… Ils croyaient que nous avions tué cet homme qui gisait non loin.

« Désolé de mettre en doute votre parole, mais nous ne vous croyons pas, avança un tierce Elfe en nous désignant d’un vague signe du menton. Vous êtes rempli de sang. Et vos armes le sont également… Quoi que le sang soit légèrement effacé… Vous avez tenté de l’essuyer pour couvrir votre crime? »

J’ouvris la bouche pour nous défendre, mais un autre Elfe me coupa dans mon élan. Il paraissait plus énervé que les autres et il fulminait de rage.

« Vous pensez sérieusement que vous allez nous faire croire que ce n’est pas le sang de Catarh que vous avez sur vous?! Assassins! »

Il fonça droit sur moi et je parais son coup avec la lame d’Immortel.

« Nous avons tenté de le sauver! Il se vidait de son sang et nous voulions simplement lui venir en aide!

- Vous n’êtes que des monstres et des menteurs! Disparaissez! C’est Catarh que nous avons entendu crier! C’est vous qui l’avez tué! »

Poussant un cri de rage, l’Elfe reprit son assaut et je l’évitais en me décalant légèrement sur la droite, lui envoyant un coup de poing dans l’estomac.

« Isley! Ça suffit! »

L’Elfe s’effondra au sol, portant une main à son ventre tout en toussant. Je le regardais d’un œil acéré.

« Je vous le répète! Nous ne l’avons pas tué!

- Menteurs! »

Tout à coup, d’autres armes se redressèrent dans notre direction pour nous menacer. Je me tournais vers les autres Elfes, les regardant d’un air profondément déçu.

« Nous ne l’avons pas tué! Criais-je à leur intention, mais l’Elfe au sol hurlait le contraire, ces camarades allant tout de suite dans son sens et ils se rapprochaient, ils se rapprochaient: ils ne tarderaient pas à nous sauter dessus.

- Vous allez mourir…

- On s’en va! »

Mon frère me tira par le col pour que je bouge et, poussé par ce dernier et mon instinct, je me mis à courir à sa suite, les guerriers elfiques poussant des cris de Colère dans notre dos, la voix du jeune Elfe s’élevant plus haut que les autres que nous étions des traîtres, des meurtriers, des assassins, des monstres… Je m’énervais, m’arrêtant de courir pour leur faire face, mais Isiode m’empêcha cette folie en m’attrapant par le bras et en me tirant pour que je le suive.

« Cesse cela immédiatement! Nous devons partir!

- Mais nous ne l’avons pas tué, Isiode!

- Ils ne nous croiront jamais! Alors au lieu de faire couler le sang plus abondamment encore, nous devons les fuir et espérer leur échapper! Me sermonna mon frère en me jetant un regard électrique par-dessus son épaule, mais il ajouta ensuite d’une voix plus calme et triste: Et puis, regarde-nous: c’est vrai que nous avons tout de monstres… »

Je me taisais, observant simplement son dos et le chemin dans lequel il nous guidait. Il avait raison.

À cet instant précis, nous avions l'air des plus coupables.


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Dim 24 Avr 2016, 21:37


Une fois rassasiée, et sa soif enfin calmée, Araya se releva. Avec sa manche, elle essuya son menton, cherchant à retirer les traces de sang, ne sachant si elle arrivait à toutes les retirer. Elle regarda l’homme qu’elle venait de vider. Ce n’était pas la première fois qu’elle tuait quelqu’un. Elle l’avait déjà fait par erreur, souvent à cause de sa soif de sang incontrôlable, mais également parce qu’elle s’était déjà fait attaquée, ou par sang-froid. Au début, elle s’en était souvent voulu. Seulement les premières fois. Ensuite, elle avait appris à ne plus sans vouloir. Etait-ce encore à cause de sa nature de Vampire ? Ou simplement parce qu’elle avait simplement décidé de mettre de côté tous ses sentiments. Tous ? Vraiment ? Alors pourquoi est-ce qu’elle pensait actuellement à Isley, et ce qu’il aurait bien pu penser de l’acte qu’elle venait de faire. Il serait sûrement horrifié par ça. Elle secoua la tête, essayant de chasser ce genre d’idées. Sérieusement pourquoi elle pensait encore à lui. Elle le détestait, pas la peine de s’inquiéter sur la façon dont il la verrait en découvrant qu’elle était une tueuse. Heureusement pour elle que le monde était grand, elle ne le reverrait sûrement pas de sitôt. Jamais serait encore la meilleure solution. Mais une question flottait en permanence dans sa tête, souvent caché derrière un tas d’autres. Elle se demandait si Isley n’allait pas la chercher, car elle doutait réellement que tout ce qu’elle avait fait pour le rejeter avait réellement fonctionné. Si seulement elle avait été capable de lui dire un simple « oui », mais non, elle avait été trop faible. Encore une fois. Araya serra les dents, toujours autant énervé par cette idée. Ou peut-être simplement pensé à lui l’énervait.

Du côté de Kayto, il s’était rapproché des cris qu’il avait également entendu. A travers les arbres, il aperçut une bande de bipèdes, dont certain semblant être particulièrement en colère. Il tourna ses yeux vers les deux autres, et le reconnut. Ou plutôt les reconnut, avec un certain étonnement. Il eut, pendant un instant, l’impression de voir double. Il se souvenait d’Isley, et qu’il avait pris soin d’Araya, bien qu’elle l’ait rejeté. Il se disait que, malgré ça, elle tenait encore à lui. Les deux semblaient être plutôt mal partit vu le nombre de leurs adversaires. Le tigre aurait pu les abandonner là, mais il avait l’impression qu’e faisant ça, la jeune femme risquait de lui en vouloir. Il s’intercala alors entre les deux hommes et le groupe d’Elfe, grondant. Ces derniers reculèrent, surpris par l’intervention de l’animal. Il profita de ce moment de surprise pour projeter ses pensées aux deux hommes, cherchant à parler à Isley, mais ne sachant pas lequel était-ce, il ne prit pas de risques. *Isley, suis-moi !*. Les Elfes commençaient déjà à se reprendre. Ils ne tenaient pas à blesser un animal, même s’il protégeait des assassins. Mais ils étaient tellement en colère, qu’ils allaient peut-être mettre leurs valeurs de côté. Le tigre se retourna et s’enfonça dans la forêt, espérant qu’Isley l’ait reconnu. Enfin, un tigre qui venait l’aider, et qui connaissait son prénom, il devait se douter de son identité. Au moins, il lui avait permis de gagner un peu de temps sur les Elfes.

La Vampire se détourna du corps, s’approchant du feu. Il y avait un lapin qui cuisait au-dessus, avec une grillade à l’air appétissante. Enfin, qui lui aurait paru appétissante à l’époque. Maintenant, l’odeur ne lui disait plus rien. Elle avait déjà essayé de manger de la nourriture normale, et avait découvert que ça avait le goût de cendre. Avec ce genre d’expérience, ça ne lui donnait sûrement pas envie de retenter. Elle gratta la terre avec son pied, et la jeta dans le feu, l’étouffant. Soudain, elle entendit des voix, et des cris non loin. Elle fronça les sourcils, restant sur place, se demandant ce que c’était. Elle hésita un instant. Ce n’était pas ses affaires après tout. Mais Kayto était partit dans cette direction. S’il s’était fait avoir par un piège, ou encerclé par des chasseurs, il risquait de ne pas pouvoir s’en sortir seul. Elle voulut se mettre à courir dans la direction dont elle supposait la provenance. Mais elle n’eut le temps de faire que quelques pas, qu’elle tomba sur Kayto actuellement en train de s’enfuir, le groupe d’Elfe non loin. Elle s’arrêta, surprise par la situation. *Araya, cours !*. Entendit-elle résonner la voix inquiète du tigre dans son esprit. Quelques Elfes l’aperçurent, ainsi que le corps, et, aussitôt, leur colère s’abattit également sur elle. Mais alors qu’elle s’apprêtait à faire demi-tour, elle crut apercevoir une chevelure blanche, et un visage qu’elle crut reconnaître. Mais elle n’eut pas le temps de bien le voir que Kayto l’attrapa par la manche, et la força à faire demi-tour, et à se mettre à courir.

Araya manqua de tomber par terre dans la pirouette, et le début de course obligatoire. Elle finit par se redresser, et suivre le tigre, ne comprenant toujours pas ce qui se passait. Et puis, elle pensait un peu trop à cette vision rapide qu’elle avait eue avant de se faire interrompre. Ca ne pouvait pas être Lui. Dans l’immensité de ce monde, du continent, elle ne pouvait pas retomber sur Lui. Déjà la première fois c’était surprenant, n’ayant plus ce lien si spécial entre eux. Mais une deuxième fois… Non, elle devait simplement le voir partout, c’est tout. Des types aux cheveux blancs,  il devait y en avoir plus d’un. Enfin… La simple idée de penser qu’elle pourrait le voir partout, ne la rassurait pas non plus. Elle avait déjà du mal à accepter le fait qu’elle pense un peu trop souvent à lui alors qu’elle lui avait clairement dit qu’elle ne voulait plus de lui dans sa vie. Rien que ça l’énervait, et le revoir maintenant… Non, elle ne savait même pas comment elle allait réagir si c’était vraiment lui. La même chose sûrement. Le repousser, et s’enfuir le plus loin possible de lui. Elle ne voyait pas d’autres façons de faire. Elle ne voulait pas se rapprocher de lui. Et, même si simplement lui reparler ne faisait pas d’eux des proches, elle n’avait même pas envie de ça. Qu’est-ce qu’ils se diraient de toute façon ? Elle continua de le fusiller d’un regard remplit de colère, et lui chercherait sûrement à se faire pardonner pour ses erreurs.

Ayant réussi à prendre un peu d’avance sur les Elfes, assez pour faire une courte pause, Araya se tourna vers Kayto.

« Qu’est-ce qui se passe ? C’était qui eux ? ». Le questionna-t-elle, essayant de reprendre son souffle, et tentant d’éviter d’à nouveau penser à cette rapide vision qu’elle avait eu.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 14 Mai 2016, 03:05

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »


Courir. Courir et ne pas s’arrêter. Courir et ne pas regarder en arrière. Courir et ne pas prêter attention aux cris des Colériques elfiques et aux grognements des cœurs furieux. Isiode ouvrait le chemin, la forêt n’écartant pourtant ses branches pour nous laisser passer, alors que les Elfes, coutumiers à cet environnement chargé de végétations et d’obstacles en tout genre, se faufilaient entre les arbres comme des ballerines effectuant une valse. Ils gagnaient du terrain, à n’en point douter, et il nous fallait accélérer. Mais entre le songer, même si c’était fait avec toute la force de notre pensée, et l’appliquer, il y avait un fossé qui nous serait certainement difficile à remplir. Nous ne pouvions avancer plus rapidement sans risquer de nous prendre les jambes dans des branchages ou des racines sorties de terre et cela nous ralentirait plus qu’autre chose. Alors notre bon sens nous conformait à ce rythme de course, même si nous désirions courir plus vite encore, ne serait-ce que pour échapper momentanément à nos poursuivants. Cependant, ils nous talonnaient comme des prédateurs en chasse, ne laissant absolument rien du paysage ou des alentours les distraire plus que nécessaire: leurs mires alignées à nos silhouettes fuyantes, il ne restait plus qu’à ne pas nous lâcher et à continuer de se rapprocher, de se rapprocher, de se rapprocher encore plus, sans que mon frère ou moi n’ayons la possibilité de changer le cours du destin. Mes dents se serrèrent, alors que mon talon frôla une pierre dans ma course, contact qui faillit me faire chuter lourdement au sol si je ne me serais pas réceptionner avec plus d’habileté.

« Ils ne nous lâcheront pas! » Criais-je à l’intention de mon frère, qui ne prêtait qu’une vague attention à mes propos, concentré plutôt à fuir et à ne pas trébucher sur la végétation environnante.

Exaspéré, soufflant comme un bœuf auquel on aurait restreint la respiration par quelque moyen ingénieux, je tentais de ne pas penser à nos poursuivants, à la chasse de moins en moins agile que nous leur offrions ainsi qu’à mon sang chaud, chaud, bouillant, qui ne souhaitait se refroidir que par l’action de l’épée. Oui, de l’épée, car je ne voulais plus fuir, j’en avais assez. Il fallait leur faire face et leur prouver la véracité de nos paroles puisque fuir, finalement, ne laissait pas croire que nous étions, effectivement, les véritables coupables de ce meurtre violent et sanguinaire?

« Isiode, écoute-moi! Cessons de courir! Nous devons les affronter, de front! »

Le regard de mon frère se porta sur moi durant quelques secondes et il ouvrit la bouche, comme pour répliquer, comme pour protester devant cette initiative que je lui proposais. Mais au lieu de ça, une panique sans nom explosa au fond de sa voix.

« Isley, attention! »

Je ne pris même pas le temps de réfléchir, d’analyser la situation ou bien d’y voir clair dans cette dernière: ni plus ni moins, je me jetais au sol, laissant ma course me projeter jusqu’à celui-ci. Face contre terre, poussant un grognement de douleur suite au choc, je tentais de me traîner le plus rapidement possible vers mon frère, qui me prit par le bras pour m’aider à me relever, alors que je me retournais rapidement pour voir ce qui avait déclenché une si grande peur dans le regard de mon jumeau. C’était un tigre, blanc et gigantesque, qui se tenait entre le groupuscule d’Elfes et nous. À cette vue, mes yeux s’écarquillèrent et plus encore lorsque je perçus un grognement – non, une voix plutôt! – résonner au fond de mon crâne. Aussitôt, mon cœur rata un battement et je tournais, lentement, mon regard vers mon frère, qui arborait un visage interloqué: lui aussi avait entendu la voix dans son esprit. Mais si Isiode ne semblait pas comprendre, je ne me trouvais pas dans ce cas-là, me redressant sur mes deux jambes le plus rapidement possible pour lui attraper le bras et l’inciter à me suivre.

« Suivons-le! Incitais-je à mon jumeau, qui gardait la bouche grande ouverte et les yeux ronds comme des soucoupes.

- C’est quoi cette histoire?! S’exclama-t-il.

- Fais-moi confiance! » Dis-je à Isiode, alors que ce dernier finit par se laisser porter, avec moins de réticence, à la suite du tigre blanc même si – décidément – il ne saisissait rien à cette aide inespérée.

Mais moi, mon cœur ne cessait d’accélérer, et cela n’était pas dû qu’à la course. Ce tigre blanc, il ne pouvait s’agir que de Kayto, n’est-ce pas? Et si Kayto se trouvait dans les environs, alors ça voudrait dire qu’elle n’était pas loin non plus, qu’elle était tout près et qu’elle était peut-être même celle qui avait envoyé le tigre nous porter secours.

Kayto en tête, nous en fuite et les Elfes à notre poursuite, nous filâmes dans les bois comme des lapins à la recherche d’un abri pour se cacher, mais ni la végétation ni même l’obscurité crépusculaire de la soirée ne parvenaient à nous voiler des regards des colériques. Après plusieurs minutes de course, nous parvînmes à une nouvelle petite clairière, où une fine colornne de fumée s’élevait doucement pour chatouiller le bleu du firmament. Aussitôt, je baissais mon regard vers le tigre, qui filait droit vers une silhouette féminine. Araya, par tous les Saints! Merci infiniment! Mais alors que j’essayais de rattraper la hauteur du tigre en pleine course, le regard d’Isiode se porta sur un cadavre que nous passâmes à toute vitesse et ses yeux, à lui, se mirent non pas à reluire d’un soulagement infini, mais d’une colère froide et sourde.

La poursuite continua durant de longues minutes encore, qui me parurent des heures si intenables alors que la présence de la Vampire ne se trouvait non loin et qu’elle m’échappait néanmoins. Pourtant, nous finîmes par ralentir, le cri et le chahut des Elfes s’estompant doucement dans l’air. À cet instant précis, nous prîmes tous un moment pour reprendre notre souffle et, incapables d’aligner quelques mots, mon frère et moi restâmes muets, écoutant uniquement le rythme de nos respirations dans le silence presque muet de la forêt. C’est alors qu’une voix s’éleva doucement et je ne pus que relever la tête à cette entente. Araya… Je voulus m’approcher d’elle, la remercier de nous avoir envoyé Kayto nous porter main-forte, mais à cet instant précis, je sentis comme un coup de vent passer jusqu’à côté de moi et sans comprendre quoi que ce soit, j’aperçus Isiode se tenant debout, devant la Vampire, les yeux en feu. Malgré son inspiration puissante et son expiration toute aussi essoufflée, il parvint à exhaler ceci:

« C’est toi qui les as tué… »

Battant des paupières, je me redressais, doucement.

« Isiode, qu’est-ce que tu… »

Je ne pus même pas terminé ma phrase que mon jumeau attrapa le poignet de la jeune femme avec violence, son regard la fusillant de tout le mépris et de tout le dégoût qu’il ressentait à son égard.

« C’est toi qui les as tué! Avoue-le!

- Juste ciel! Lâche-la Isiode!

- Ne t’approche surtout pas, mon frère... »

La voix d’Isiode était froide, austère, et presque immédiatement, je me figeais lorsqu’elle me fut adressée.

« Je savais depuis le début que ce monstre nous causerait du soucis… »

Puis, son regard de glace, pourtant pris d’un brasier incontrôlable, se braqua sur le visage d’Araya.

« Je savais depuis le début que tu n’aurais jamais dû lui refaire confiance, Isley… »


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It's a little price to pay for salvation
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Sam 14 Mai 2016, 12:40


Le souffle d’Araya était court, sa poitrine se soulevant rapidement, rendant compliqué le fait de parler, mais elle voulait éclaircir les choses avec Kayto. Et, tandis qu’elle l’interrogeait, elle entendit deux autres souffles derrière elle. Se contractant par l’angoisse de ce qu’elle allait découvrir, elle se retourna lentement, et aperçut les deux hommes aux cheveux blancs, tout aussi essoufflés qu’elle. Elle n’avait donc pas rêvé tout à l’heure lorsqu’elle avait cru apercevoir son visage. Non, elle les avait bien vus. Elle l’avait bien vu lui. Comment est-ce qu’ils pouvaient retomber l’un sur l’autre en si peu de temps ? Et pourquoi, alors qu’elle tenait tant à ne plus le revoir, ils se rencontraient à nouveau. Elle sentit sa respiration se bloquer, et ce n’était vraiment pas le moment vu le besoin d’oxygène que réclamait son corps après cette course effrénée. Elle avait beau être devenu plus forte, et plus endurante depuis sa fuite, il n’en restait pas moins qu’elle n’était toujours pas capable de faire ce genre d’efforts. Pas aussi soudain, et aussi violent. Ses jambes tremblaient à cause de la fatigue, et son estomac se rebellait contre ce traitement. Il fallait dire que courir alors qu’elle venait de manger n’était pas une très bonne idée. *Je pensais que tu m’en voudrais s’il mourrait*. Dit Kayto en lui parlant d’Isley. Il ne savait toujours pas  lequel était celui qu’il avait rencontré au début.

Lorsque la Vampire se fut un peu remit de sa surprise, elle voulut faire ce qui semblait le mieux, reprendre sa course et les abandonner. Elle ne voulait pas lui parler, ne voulait pas le voir. Mais soudain, l’un des jumeaux se mit devant elle, la fixant de ses yeux bleus brûlant de colère. Surprise et effrayé, elle recula d’un pas. Et si c’était Isley qui la fixait ainsi, qui avait compris qu’elle n’était plus la petite fille qu’il avait connu… Elle n’était pas sûre de pouvoir le supporter. Dans son état, Araya était incapable d’analyser les paroles de l’Ange, les comprenait à peine à vrai dire. Elle était trop effrayée par les yeux foudroyant de l’homme se tenant face à elle. Et soudain, la deuxième voix retentit. Elle détourna un instant les yeux du frère pour les porter sur le second, un peu plus loin. Alors ce n’était pas  Isley qui la fixait avec ses yeux… Elle aurait poussé un soupir de soulagement, mais soudain, elle sentit une poigne de fer attraper son poignet, l’empêchant de s’enfuir, et lui faisant mal. Elle était encore assez mince que les doigts d’Isiode puissent faire le tour sans difficulté. Les bras de la jeune femme se mirent à trembler, son cœur accéléra, et sa respiration devint saccadée. Cette fois-ci, ce n’était pas à cause de la fatigue, mais bel et bien la peur qui commençait à envahir son corps et son esprit. Dès que les yeux d’Isiode se posaient sur elle, Araya y voyait le dégout, le mépris, et la haine. Elle avait beau savoir que ce n’était pas Isley, son esprit n’était pas assez clair pour faire la différence. Et maintenant il la traitait de monstre…. Tout comme leur double dans cette grotte, à ce moment… Et il avait raison, c’est tout ce qu’elle était…

« Lâche-moi. Dit-elle en essayant de prendre un ton glacial, mais sa voix tremblait à cause de la peur. »

Araya tira sur son bras, essayant de le faire lâcher, mais il était plus fort qu’elle, et la colère qu’elle voyait dans ses yeux lui donnait une envie supplémentaire de ne pas la laisser partir. Mais elle n’était pas seule. A peine commença-t-elle à se débattre, que Kayto bondit sur Isiode, le percutant de tout son poids, le faisant tomber au sol, le forçant à la lâcher. Il plaqua ses pattes sur ses épaules, enfonçant ses griffes dans sa peau, les pupilles de ses yeux devenus deux simples fentes, brillant de colère.. Il grondait, les poils de son cou hérissés, ses crocs à quelques centimètres du visage de l’Ange, prêt à lui déchirer la gorge s’il faisait mine de vouloir blesser l’un d’entre eux. Quant à la Vampire, libéré de la poigne douloureuse, avait plaqué son bras contre elle, essayant de contenir les tremblements de ses mains.

« Kayto. Appela-t-elle, sa voix un peu plus sûr. Laisse-le »

Sans relâché sa prise, il dit. *Mais… Il t’a…*. Il tourna ses yeux vers elle, et comprit qu’elle ne changerait pas d’avis. Il vrilla à nouveau ses yeux sur l’homme au sol, et fit claquer ses mâchoires à quelques centimètres du visage d’Isiode, en signe d’avertissement, puis il rentra ses griffes et descendit du corps, ne se gênant pas écraser la poitrine de l’homme de tout son poids avec ses pattes, puis il se rapprocha de la jeune femme. Elle reprit la parole, sa voix un peu plus assurée.

« Ne vous approchez plus de moi.. Dit-elle, puis elle tourna son regard vers Isley, terminant d’un ton plus appuyé pour qu’il comprenne le message. Aucun de vous deux »

Sans attendre de réponse, ou de réaction de la part de l’un des deux Anges, elle tourna les talons, laissant ses bras retomber le long de son corps, et s’enfonça à nouveau dans la forê, se fondant dans l’ombre. Kayto la suivit, beaucoup plus visible à cause de son pelage, marchant à côté d’elle, lui jetant des regards inquiets. Au bout de plusieurs mètres, assez loin pour ne plus qu’ils la voient, Araya appuya son dos contre un arbre. Elle aurait voulu aller plus loin, courir pour mettre autant de distance entre eux, mais ses jambes refusaient de la porter plus loin. Elle se laissa glisser contre l’écorce, gardant ses jambes ramené contre elle. Elle détacha difficilement le brassard à son avant-bras, ses tremblements l’empêchant de défaire les nœuds facilement. Il glissa à terre, mais elle ne s’attarda pas dessus. Elle remonta sa manche jusqu’à son coude, regardant son poignet. Il était rouge, portant les traces de doigts d’Isiode. Elle aurait peut-être même des bleus, son corps maigre marquant facilement. Sa respiration était saccadée, la panique vrillant son estomac. Elle pressa son bras contre sa poitrine, laissant tomber sa tête sur ses genoux.

« Espèce d’idiote… Ne panique pas, ne panique pas… Il ne t’a rien fait… Rien du tout. Se dit-elle, essayant de se convaincre »

Elle leva légèrement la tête, et la laissa retomber sur ses genoux. Puis elle recommença, se donnant des petits coups. Kayto restait debout à côté d’elle, la regardant tristement. Il frotta sa tête large tête contre celle d’Araya, l’empêchant ainsi de continuer à se blesser. *Araya, arrête, je suis là ». Lui dit l’animal, essayant de la rassurer. Mais elle continuait de trembler, restant recroqueviller contre cet arbre, incapable de respirer correctement. Incapable de trouver la force de se lever et de partir. De s’éloigner de lui. Et son frère qui la fusillait du regard, un éclat meurtrier dans ses yeux bleus. C’est lui qui avait raison. Isiode ne se voilait pas la face.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mer 18 Mai 2016, 23:06

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »


Ne la touche pas, ne la touche pas, ne la touche pas… Me répétais-je dans ma tête et pourtant, sans qu’aucun son ne trouve passage jusqu’à ma bouche. Je n’étais même pas capable de faire un pas jusqu’à eux, encore paralysé par les propos de mon frère et son regard glacé, qui n’avait eu aucune pitié à me couper court sur mes tentatives de porter main-forte à Araya. Il ne l’aimait pas, c’était manifeste, mais il n’avait aucun droit de porter la main sur elle: e-elle n’avait rien fait de mal. C’était grâce à elle si nous étions parvenus à semer nos poursuivants, c’était elle qui avait envoyé Kayto nous porter secours! Bon sang! Pourquoi n’étais-je pas capable de lui dire tout ça? Pourquoi ma langue s’entêtait-elle à ne pas se délier, mon cerveau à ne pas organiser mes pensées? Je voulus glisser un pied sur le sol, mais j’en fus incapable. Je voulus prononcer quelques paroles, mais j’en fus incapable. Pourtant, je voyais bien la peur qui tirait une grimace sur le visage d’Araya. Je voyais parfaitement la détresse qui l’emportait et qui la faisait frissonner des pieds à la tête. Je déglutis, incapable de voir autre chose que cette peur panique qui se maquillait sur ses traits.

« I-Isiode… S’il-te-plaît, lâche la… » Parvins-je à articuler, incapable de faire autrement.

Qui défendais-je exactement? Isiode? Araya?

Mon frère ne m’écoutait pas ou il faisait semblant de ne pas m’entendre. Il gardait ses deux mires sur le visage de la Vampire, serrant ses doigts autour de son poignet alors que c’était suffisamment effrayant pour elle comme ça! Ne voyait-il pas la peur qui s’insinuait comme un poison dans l’ensemble de son corps? Ne voyait-il pas la panique grandissante qui montait en elle? Araya tentait de se retirer de la poigne de mon frère, mais ce dernier ne la lâchait pas, loin de penser qu’il était temps de la laisser filer.

« Isiode! » Finis-je par crier, mon corps me permettant enfin de bouger comme soustrait à l’angoisse et à la confusion qui m’avaient soudainement entravé.

Mais à cet instant précis, j’aperçus un éclair blanc foncer droit sur mon frère et mon cœur rata un battement à la vue de Kayto et de ses crocs, trop près du visage d’Isiode, qui s’était écroulé au sol sous le poids de la bête et qui grimaçait suite au choc brutal qui avait suivi la chute. Non, non, non, non! Je me redressais, m’approchant du grand félidé qui fulminait et crachait de colère en direction de mon frère, le visage de ce dernier se décomposant rapidement à cause de la douleur qui fusait dans chaque partie de son corps.

« Kayto, non! Lâche-le! »

Qui voulais-je protéger? Araya? Isiode?

Cependant, l’animal me prêtait autant d’attention qu’il pouvait en porter pour un moustique sur son pelage et toute son attention, si la Vampire ne s’en était pas mêlée, se serait tournée vers la gorge de mon frère, qu’il songeait certainement à déchiqueter pour avoir blessé sa protégée. Mon regard se vrilla dans les pupilles de la jeune femme, et je ne pouvais que le lui dire par cette voix, par ce contact: Désolé, pardon, excuse-moi. Pardon, excuse-moi, désolé. Isiode avait paniqué, c’était sûrement pour ça. L-La poursuite que nous tenait les Elfes avait dû le stresser et lui faire faire des gestes inconsidérés. Et pourtant, j’avais beau vouloir lui offrir des excuses pour ses agissements, je ne me croyais même pas moi-même. Isiode n’était pas du genre à se laisser ainsi aller à la peur. Il était capable de garder son sang-froid en plusieurs situations. Alors il n’avait aucune excuse justifiable pour ce qu’il avait commis. Aucune excuse à part peut-être une seule qui, maintenant que j’y réfléchissais, me glaçait l’ensemble du corps. N’a-t-il pas dit que c’est elle qui les avait tués?

Mais je ne pus pousser ma réflexion plus loin, le cri de douleur que poussa mon frère suite au départ peu délicat du tigre m’interpella et je filais droit vers lui, l’aidant à se relever alors qu’il apportait sa main à son ventre, une grimace défigurant ses traits, devenus bien obscurs dans cet apparat que lui conférait la nuit dans laquelle nous étions enveloppés.

« Isiode, ça va?

- J-Je me suis déjà senti mieux », expira mon frère en levant la tête en direction de la Vampire et de son tigre.

Je fis de même, plantant mes iris dans les yeux glacés d’Araya, la suppliant de pardonner l’action démesurée de mon frère, mais elle n’en avait cure, nous disant d’une voix ferme et froide de ne plus l’approcher. Comme si un ressort m’avait propulsé, je me levais rapidement, tendant mon bras dans sa direction.

« Non! Attends, Ara… »

Mais elle venait déjà de nous tourner le dos, filant à travers les bois en compagnie de son fidèle compagnon blanc.

« … ya »

Je restais coi durant plusieurs minutes, simplement là, statique, à observer le couloir forestier dans lequel Araya s’était engagée.

« Nous devons la poursuivre… » Grogna Isiode dans mon dos, tout en se redressant malhabilement.

Lentement, je pivotais dans sa direction, braquant mes iris bleutés dans les siens, me heurtant à sa farouche détermination.

« Qu’est-ce que tu comptes faire? »

Ma voix n’avait pas voulu être aussi acerbe à son égard, mais savoir que mon frère venait d’agresser de la sorte Araya me rendait irritable.

« Qu’est-ce que tu crois? Rétorqua-t-il sur le même ton. Elle est dangereuse… C’est une vipère qui enchante pour mieux fondre sur sa proie et la dévorer, finit-il par dire en expirant bruyamment, sa poitrine lui faisant un mal de chien à cause du poids que lui avait écrasé le tigre.

- Je ne te permets pas…

- De faire quoi? De te protéger? De veiller sur toi?! »

Isiode se plaça devant moi, à même hauteur d’yeux, cillant à peine lorsqu’il fut confronté à mon regard.

« Tu ne vois donc pas, mon frère, à quel point cette femme est semblable à un serpent? Tu ne comprends donc pas à quel point elle est néfaste non seulement pour toi, mais pour tout ce qui l’approche et l’entoure? »

Arrête Isiode… Tu ne sais rien… Tu ne comprends rien… Mon jumeau soupira, baissant les yeux, soudainement moins farouche.

« Je ne veux que ton bien, mon frère, et pour cela, je dois m’occuper d’Araya. C’est un monstre, ouvre les yeux. Elle a tué ces hommes et…

- Mais de quoi tu parles?! » M’énervais-je brusquement, lui attrapant l’épaule, oubliant momentanément les blessures que lui avait fait Kayto, mais le hoquet qu’il poussa me ramena à l’ordre et je m’excusais en bégayant.

Après s’être défait de mon emprise, Isiode me jeta un regard en biais et ce que j’y aperçus m’étonna. Il paraissait véritablement surpris.

« Tu ne l’as pas vu?

- Pas vu quoi? Pas vu qui?

- Le second cadavre… »

Mes yeux se plissèrent instinctivement, et lorsque je voulus qu’il clarifie sa pensée, des bruits dans les bois nous alertèrent. Immédiatement, nous nous cachâmes derrière des troncs, sondant les bois de nos yeux céruléens. C’est alors qu’une première silhouette se détacha du décor et nous reconnûmes sans problème l’un de nos poursuivants elfes. Ce dernier venait de poser sa main sur le sol, caressant celui-ci en frottant entre ses doigts quelques grains.

« Ils sont passés par ici… Décréta-t-il en faisant signe à ses compagnons d’avancer.

- Et la Vampire? » Avança l’un d’entre eux.

Il eut un silence durant lequel chacun d’entre eux réfléchissait, songeant aux deux trous caractéristiques qu’ils avaient perçus dans le cou de la deuxième victime.

« Peut-être que ces deux hommes disaient la vérité…

- Non! On ne peut pas leur laisser le bénéfice du doute! Ils sont aussi coupables que cette femme! »

- Quoi qu’il en soit, nous devons les rattraper et… »

Isiode fit un pas en direction des Elfes et aussitôt, ces derniers se mirent en position. L’un d’eux esquissa un sourire.

« Les loups sortent de la bergerie?

- Nous n’avons pas tué cet homme, ce Catarh, croyez-nous… »

Les Elfes se regardèrent, sceptiques, alors que l’aura angélique de mon frère se répandait autour de lui.

« Nous ne l’avons pas tué et nous avons tout essayé pour le sauver, mais il était déjà trop tard… Dit-il d’une voix profondément affectée et triste, son regard balayant l’ensemble des visages devant lui. Vous pouvez nous croire, nous sommes des Anges et tromper n’est pas dans notre nature. »

Je restais plaqué derrière l’arbre, écoutant les paroles de mon frère.

« Écoutez-moi, cette femme est votre véritable ennemie. C’est elle qui a tué vos camarades: c’est une jeune Vampire; jeune et dangereuse. »

Ces mots, j’avais l’impression qu’il me les adressait personnellement… Un frisson glissa sur ma colonne.

« Elle est sauvage et ne peut être contrôler que par la force.

- Pourquoi devrions-nous vous croire? S’exclama soudainement l’Elfe le plus farouche en levant son arme, les yeux en feu.

- Parce que je vous promets que nous nous soumettrons à votre punition si nous ne parvenons pas à mettre la main sur le véritable coupable. »

Du coin de l’œil, je fusillais mon frère du regard: il était persuadé que nous mettrions la main sur Araya. Non… Pas question… Et comme s’il avait perçu le fil de ma pensée, le visage d’Isiode se tourna lentement dans ma direction et il esquissa un faible sourire.

« Mon frère et moi l’avons perdu dans les bois il y a peu, mais elle ne doit pas se trouver bien loin. En plus, un énorme tigre blanc la suit partout: il ne sera pas très difficile de la trouver…

- Isiode! »

Je m’éloignais brusquement du tronc, empoignant le col de mon frère, mon regard s’enflammant avec vivacité.

« Ne fais pas ça…

- Je le fais pour toi, Isley, alors lâche-moi », répliqua-t-il en se soustrayant de ma poigne, affrontant mon regard sans broncher.

Mes dents se serrèrent alors que je le regardais reculer d’un pas, en direction des Elfes, ces derniers songeant à l’offre qu’il leur proposait sur un plateau d’argent.

« Si tu le ferais vraiment pour moi, tu ne la prendrais pas en chasse comme tu le fais…

- Un jour, tu me remercieras, crois-moi. »

Son regard était intraitable, inébranlable. Je ne savais pas quoi faire. Mon frère avait-il vraiment proposé pareil marché? Mes poings se contractèrent alors que mes yeux fuirent vers le couvert arborescent.

« Vous ne la trouverez pas, du moins, pas avant moi. Je te l’assure, Isiode, chuchotais-je si bas que seul mon frère pu l’entendre. Je ne te laisserais plus la toucher. »

D’un geste brusque, je levais la main, éveillant la force et l’énergie du Vent pour que ce dernier souffle plus fort, plus fort, juste assez pour les obliger à se couvrir les yeux et à ne plus me porter attention. Sans attendre, je pris mes jambes à mon cou, m’enfonçant dans les bois sans plus demander mon reste, une seule pensée résonnant dans ma tête: trouver Araya en premier.


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Ven 20 Mai 2016, 20:41


Araya ne bougea pas, appuyant sa tête sur celle de Kayto, essayant de calmer les tremblements qui agitaient ses mains. Elle repensait au regard qu’avait posé Isiode sur elle. Un regard emplit de mépris, de dégout, mais surtout, de haine. Pourquoi est-ce qu’il la détestait autant ? C’est vrai elle avait tué quelqu’un, mais elle était persuadée qu’il y avait quelque chose d’autre derrière. Et ce n’était pas simplement parce qu’elle était une Vampire. Ce n’était pas nouveau que les Anges n’appréciaient pas cette race, mais ce qu’elle avait vu était beaucoup plus profond que ça. Là aussi elle en était convaincue. Il semblait avoir ramené ça sur le plan personnel. Mais elle ne comprenait pas pourquoi. Elle ne lui avait rien fait, ni à son frère. Elle faisait même en sorte de rejeter Isley. Certes, il devait en souffrir, mais ce n’était pas une raison pour l’agresser de la sorte. Non ? D’ailleurs, en parlant de ce dernier, il n’avait rien fait. Cela ne l’avait pas surprise, elle n’attendait strictement rien de lui. Mais lui qui lui avait dit qu’il continuerait de la protéger, de l’empêcher d’avoir peur ou mal. Lui qui avait dit qu’il voulait rester à ses côtés, il échouait dès la première fois qu’il pouvait tenter de lui prouver quoique ce soit. Tout ce qu’il avait trouvé à faire c’est de faiblement se rebeller, puis de la supplier du regard une fois que son tigre l’eut aidé. Car, oui, elle les avait vu ses excuses dans ses yeux, mais elle l’avait ignoré, tout comme la première fois. S’il pensait avoir la moindre chance de récupérer quoique ce soit de sa part avec ses maudites excuses, il risquait d’être sacrément déçu.

Pourtant, une voix lui soufflait : que pouvait-il faire face à son frère ? La Vampire secoua la tête et se redressa. Elle redescendit sa manche, et rattacha son arme à son poignet. *Arrête de lui trouver des excuses ! Tu lui en a déjà trouvé trop !*. Elle se remit debout, s’appuyant sur l’arbre. Elle prit une inspiration, essayant de faire passer ce qu’elle venait de vivre. Ce n’était pas aussi horrible que ce qu’elle pensait, elle le savait, mais son esprit avait tendance à dramatisé un peu trop. Mais voir l’expression d’Isiode lorsqu’il l’avait regardé, l’avait troublé bien plus qu’elle ne voulait le laisser faire croire, ou qu’elle voulait elle-même le croire. Elle se demandait toujours pourquoi cela la touchait autant. Ce n’était pas tant ce que pensait Isiode d’elle. Elle était habituée à la haine. Ce qui la troublait tant c’était la peur de voir cette même expression sur le visage d’Isley. Elle serra les poings, énervés contre elle-même. Elle lui disait de partir, qu’elle n’avait pas besoin de lui, et elle n’arrêtait pas de penser à lui, de ce qu’il penserait d’elle. C’était tellement rageant. Comme si son avis pouvait l’intéressé, avoir la moindre importance pour elle.

Soudain, la jeune femme sentit Kayto la poussé. Elle se tourna vers lui, avançant de quelques pas pour reprendre son équilibre.

« Qu’est-ce qui… . Commença-t-elle mais il la coupa.

*Araya, il faut qu’on parte d’ici ! Les Elfes, je les entends !*. S’écria-t-il, la voix inquiète. Sans plus attendre, elle se mit à courir, son sac battant ses reins. Il fallait qu’elle trouve une solution, et vite ! Ils allaient sûrement suivre leurs traces malgré l’obscurité, et elle n’était pas assez endurante pour tenir bien longtemps. De plus, si elle arrivait à fuir toute la nuit, elle serait bloquée le lendemain. Ils étaient si en colère qu’ils n’abandonneraient pas si facilement. Pas tant qu’ils n’auraient pas trouvé un responsable. La Vampire se demanda un instant de quel côté se trouvait les deux Anges, en particulier Isley. Il avait peut-être suivi l’avis de son frère. Qu’importe ! De toute façon, ils ne comptaient pas. Elle devait juste fuir, et donc devait absolument être plus maligne qu’eux. Avec ses quelques connaissances sur la chasse, elle pouvait avoir quelques idées pour les semer. Le fait d’avoir des parents Humains l’aideraient. Habitués à se cacher, et à fuir, ils lui avaient enseigné quelques-unes de leurs habitudes. Elle n’avait jamais eu à les expérimenté, ayant toujours vécu sous la protection de la caravane itinérante, composé d’un certains nombres de non-Humain. Elle n’avait jamais pensé qu’elle devrait les mettre en application.

« Kay, il faut qu’on se sépare. Ensemble on est trop facilement repérable. Suis-moi de loin si tu veux. On se retrouve à la grotte où on a dormi dernièrement »

Le tigre voulut protester plusieurs fois, mais elle ne lui en avait pas laissé l’occasion. Il gronda, mais finit par abdiquer. Il partit dans une autre direction, tandis qu’Araya changeait elle aussi de destination. Elle ne devait pas les conduire là-bas, elle devait d’abord les semer. Mais comment ? Devant elle, elle vit des broussailles droit devant eux. Peut-être que… Si elle simulait la panique, ils penseront avoir l’avantage sur elle. Peut-être. Elle entra dans les fourrés, qui commencèrent à lui griffer le visage, et le cou, laissant de petites marques rouges. Sans se soucier de ça, elle détacha la cape, comme si elle s’était bloquée à l’intérieur. Elle sortit de l’autre côté, et continua sur plusieurs mètres, s’arrêtant sur une racine. Là, elle se concentra, essayant, dans le même temps, de calmer son souffle, et son cœur. Avec de la chance, elle pourrait réussir à utiliser ses pouvoirs. Elle avait toujours énormément de mal avec ça, mais, avec un peu de chance… Araya réussit à se fondre dans une ombre, puis à réapparaître plus loin, perchée sur la branche d’un arbre. Au moins avec ça, ils auront du mal à retrouver sa trace. Et pour accentuer le tout, elle se mit à sauter de branches en branches. Elle eut du mal, manquant de tomber plusieurs fois. Elle continua ainsi quelques instants, puis finit par se laisser tomber au sol. Si elle restait trop longtemps el l’air, elle risquerait de perdre trop de temps. Ils avaient beau ne pas savoir où elle se trouvait, mieux valait la prudence, et elle avait moins de risque de se briser le cou. Araya n’avait toujours pas trouvé une raison de vivre, et aurait même pu penser au suicide, tant la vie lui semblait dénuée d’intérêt désormais. Effectivement, elle aurait pu avoir ce genre de pensées, si seulement elle n’entretenait pas autant sa haine. Sans ce sentiment, elle se sentirait tellement perdue, encore plus qu’elle ne l’était actuellement.

Araya se remit à courir, jusqu’à enfin atteindre la rivière. Elle entra à l’intérieur, l’eau lui arrivant à mi mollet. Elle se mit à marcher rapidement, suivant le courant, essayant de ne pas glisser sur les pierres. Après plusieurs dizaines de mètres, elle sortit sur l’autre rive, et se remit à courir, et finit par s’arrêter. Elle fit alors marche arrière, reposant ses pas dans chacune de ses traces afin de dissimuler sa marche arrière. S’ils retombaient sur ses traces, ils s’en douteraient sûrement, mais elle faisait en sorte de multiplier les stratagèmes pour qu’ils perdent sa trace. Elle espérait qu’avec ce qu’elle venait de faire, elle aurait un peu de tranquillité. Au moins le temps de se reposer. La jeune femme finit par retourner dans la rivière, et, cette fois-ci, elle remonta le courant, tentant d’aller aussi vite que possible. Elle commençait sérieusement à être fatiguée, et sa lutte contre le courant, même s’il n’était pas des plus puissants, n’arrangeait pas les choses.  De plus, son estomac se rebellait à nouveau. Courir le ventre plein n’avait jamais été une très bonne idée. Et, malgré son repas, elle sentait que ses jambes commençaient à la lâcher, et sa vision devenait trouble petit à petit. La Vampire cligna des yeux, essayant de reprendre une vue normale. Elle finit par glisser sur une pierre, et tomber à genoux, s’écorchant le genou. Sa respiration était saccadée, et son cœur battait la chamade. Elle ferma les yeux, secouant la tête pour tenter de s’éclaircir les idées. Elle prit de l’eau, et s’éclaboussa le visage, puis elle se remit debout tant bien que mal. Elle devait continuer de suivre la rivière. En amont elle trouverait la grotte, assez bien dissimulée pour que les Elfes ne sachent pas son existence. Enfin, elle l’espérait, mais elle avait déjà eu du mal à la trouver, alors ce n’était pas impossible. L’entrée n’était qu’une faille, un bras de la rivière coulant entre les deux murs, et qui laissait passer difficilement Araya alors qu’elle était plutôt maigre. Heureusement qu’il y avait un espace plus large au pied de la fissure, qui avait permis à Kayto de passer, difficilement et en rampant. Et ce mince espace ne laissait pas deviner qu’il s’élargissait. De plus, il y avait une seconde entrée, tout aussi bien dissimulé, ce qui laissait une échappatoire en cas de problème. Elle devait absolument trouver la force de continuer. Elle se remit donc à marcher, essayant de soutenir un rythme rapide, ignorant les avertissements de son corps.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mar 28 Juin 2016, 04:28

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Je savais qu’il n’était plus là, que je m’éloignais toujours un peu plus de lui à chaque pas que j’esquissais devant moi, mais c’était plus fort que ma volonté, sa voix se répercutant aux quatre coins de mon crâne comme pour me signifier sa présence quasi perpétuelle à mes côtés. Isiode désapprouvait mon choix, cela coulait de source, et même si nous ne pouvions communiquer autrement que par la bouche et le regard, je pouvais aisément les sentir… Oui, les sentir, elles, cette profonde inquiétude qu’il nourrissait à mon égard tout d’abord, mais surtout, surtout, cette haine atroce qu’il ressentait pour Araya. Lorsqu’il souriait, posait sa main sur mon épaule; ses gestes et ses mimiques, tout en lui repoussait et méprisait la présence de la Vampire. J’avais beau essayé de le raisonner, de lui faire comprendre qu’elle n’était pas comme ces monstres assoiffés de sang qui s’en prenait aux êtres humains, il n’avait rien voulu entendre, prétextant simplement que « son instinct est celui d’une bête et comme une bête, elle devrait disparaître pour le Bien ».

Mais c’était des c*nn*ries tout ça. Tout ce qu’Isiode craignait, tout ce pour quoi il me protégeait, c’était dans sa tête, dans sa paranoïa: Araya était différente de tous les autres monstres auxquels il faisait référence. Araya n’était pas une bête ou un monstre, tout simplement. Elle… Elle n’était pas comme il la peignait. Elle était différente, dissemblable de l’image qu’il se faisait d’elle et des préjugés dans lesquels il la drapait. Il avait beau vouloir me remettre sur le droit chemin comme il le disait, je savais, au plus profond de mon être, que j’avais fait le bon choix, que j’avais emprunté le meilleur des chemins qui soit. Pour elle, pour mieux la comprendre, pour mieux accomplir cette promesse que je lui avais faite: ce chemin était celui d’Araya et je ferais tout ce qui m’était possible de faire pour le suivre et ainsi la rejoindre, elle et personne d’autre.

Pourtant, à l’heure actuelle, j’avais beau me frayer un chemin sinueux dans les entrelacs du bois, je ne parvenais pas à retrouver cette fameuse route qui me dirigerait jusqu’à elle. Elle se perdait dans le couvert forestier, dans les feuillages épais et les branches basses des arbres et je ne réussissais pas à y retrouver une quelconque trace de son passage. Dans cette si vaste forêt, sous l’éclat diffus et léger de la Lune tout là-haut, avec tous ces ombres et ces mouvements, j’avais beau chercher, je ne trouvais aucun moyen pour la retrouver. Je n’avais pas sa vision nocturne à elle et ces bois, à l’inverse des Elfes qui accompagnaient mon frère, m’étaient complètement inconnus. Que faire? Que faire? J’avais choisis de suivre ce chemin, de suivre les pas d’Araya pour être à même de la protéger des dangers qui s’insinueraient devant elle, mais m’étais-je égaré? Avais-je emprunté le mauvais sentier?

Je m’arrêtais quelques secondes, sondant inlassablement les alentours à la recherche d’indice, à l’écoute des sons et des bruits de la forêt. Mais c’était comme si la forêt elle-même ne me renvoyait absolument rien, comme une punition. J’exhalais un soupir, me passant une main dans les cheveux, fouillant dans ma mémoire, cherchant à trouver un moyen de la retrouver avant mon frère et les Elfes. Je… Je savais que j’avais échoué. Encore une fois. Je savais que j’aurais dû réagir lorsqu’Isiode s’en était pris à elle. Je le savais. Encore une fois. Mais je n’avais rien fait. Encore une fois. Pas même lever le petit doigt. J’étais resté figé, paralysé devant la scène, ne sachant qui protéger, qui défendre, qui attaquer, qui punir. Isiode ou Araya? Araya ou Isiode? À qui allait ma confiance? À qui allait ma méfiance? À personne… Mais à tous les deux à la fois… C’est assez nébuleux, ce que je tente de formuler, n’étant pas très bon à manipuler les mots ou à exprimer ce qui se passe réellement dans mon être. Mais vous devrez vous en contenter, je le crains. Parce que c’était la meilleure manière que j’avais trouvé e de coucher par des mots ce que je ressentais véritablement.

Je me pris la tête entre les mains. Qu’est-ce que je dois faire? Qu’est-ce que je dois faire? Je dois protéger Araya d’Isiode, mais jamais je ne pourrais lever mon arme sur mon frère. Jamais, même sous l’assaut de la Colère… Jamais? Même pour le bien et la sécurité d’Araya? Vraiment? Même pour son bien à lui? Je n’en savais rien! Je relevais la tête vers le ciel, prenant une grande et profonde inspiration avant de reprendre ma course, laissant en suspens ces dernières pensées. Je ne savais quoi répondre... Et le moment venu, lorsque ces fameuses questions s’imposeraient devant moi, que ferais-je? Ma lame défendrait quel parti? Je serrais les dents. En fait, non… La réponse à ces questions était évidente. Je combattrais pour Araya, envers et contre tous. C’était ce que j’avais choisi, c’était ce que je lui avais promis. En revanche, voici ce qu’était la véritable question: pour le bien de celle que je m’étais promis de protéger, est-ce que je serais vraiment capable de lever mon épée contre Isiode?

Je coupais à travers les bois, tentant de me faire le plus discret possible, mais par mon corps et l’attirail que je traînais, il y avait peu de chance que je progresse à l’intérieur de cette forêt sans causer plus de bruits encore. J’étais comme un poids, fracassant tout ce qu’il y avait devant moi, le craquement des branches et des feuilles sous mon pas faisant de moi quelque chose de bien plus visible que d’invisible malgré l’épaisseur des feuillages qui me cachaient des yeux hostiles. Cependant, si je continuais dans cette voie en catimini, jamais je ne la retrouverais à temps: mon frère la coincerait, les Elfes l’attraperaient, et que feraient-ils d’elle par la suite? Que feraient-ils d’Araya s’ils venaient à la retrouver avant moi?

Un frisson me parcourut l’échine alors qu’une vision s’imprima, comme un fait incontestable, dans ma rétine. Aussitôt dérangé par cette image, je perdis ma concentration et mon pied se coinça à l’intérieur de la racine d’un grand arbre, m’entraînant dans une chute qui me parut, dès lors, infinie et éternelle. Pris de surprise, je poussais un cri, mais bien rapidement, la vitesse m’entraîna, me fit tomber, me fit chuter, rouler, vite, vite, si vite, sous le couvert forestier. La terre et le ciel n’avait plus de limite définie, s’unissant et se séparant à des vitesses inouïes devant mes yeux ahuris. J’essayais de me protéger le visage, de me protéger au maximum de mes capacités, mais j’atterris violemment au sol, relâchant un gémissement de douleur lorsque mon torse rencontra le sol avec fracas. Trouver Araya… Trouver Araya… Rien d’autre n’avait d’importance. Il fallait que je trouve ma Protégée avant que mon frère ne le fasse.

Ma mâchoire se crispa. Malgré toute ma bonne volonté, je n’étais quand même pas stupide au point de ne pas l’avoir remarqué: j’étais clairement désavantagé. Mais je ne pouvais pas faire marche arrière, plus maintenant. La chasse était officiellement ouverte et mon frère, je le savais, était un prédateur redoutable. Sans compter l’aide des Elfes avec lesquels il s’était allié, Isiode représentait un sérieux problème. Mais pour l’instant, je ne devais pas me préoccuper de lui et de cette troupe elfique. Il fallait que je trouve Araya, que je la prévienne des intentions de mon frère et que je la protège au plus vite. Je ne pouvais faire que ça pour elle. Je ne pouvais faire que ça pour elle… C’était dégoûtant à quel point j’étais impuissant. Mais qu’est-ce que je pouvais faire contre tous ces Elfes et, surtout, contre mon frère? Isiode était mon jumeau, ma moitié, mon âme. Est-ce que je pouvais vraiment m’opposer à lui, à notre lien fraternel qui nous unissait depuis si longtemps déjà? Il était mon meilleur ami. Il partageait mon sang, mes aventures, ma vie. Nous étions si fortement liés l’un à l’autre que je ne… que je ne pouvais pas… Bon sang! Je me redressais maladroitement, tenant mon bras gauche qui me brûlait plus que d’ordinaire. La chute ne l’avait pas épargné. Misère…

Je ne reconnaissais absolument rien ici, c’était terrorisant. Je savais qu’Araya se trouvait dans ces bois, je le savais, mais où? Mais où? Mais où?! Je paniquais parce que j’avais peur pour elle: le simple fait de penser à ce que mon frère pourrait lui faire, s’il la retrouvait avant moi, me mettais hors de moi! Non, non, Isley. Calme-toi. Tu n’arriveras à rien dans cet état. Calme-toi et réfléchis. Qu’aurait fait Araya dans une telle situation? Comment aurait-elle bougé, réagit, pensé? Elle avait été une Humaine auparavant, une Humaine qui avait appris, comme tous les autres représentants de son espèce, à survivre dans ce monde magique. Et aujourd’hui encore, elle n’employait ces forces que dans ce but précis. Je déglutis difficilement. Maintenant que j’y pensais, moi aussi j’étais un chasseur, au même titre que ces Elfes et mon frère… Mais moi, je « chasse » aujourd’hui dans un but bien différent. Oui… Bien différent!

En premier lieu, Araya tenterait d’échapper à ses ennemis. Elle décuplerait les stratèges pour les semer… Comme quoi par exemple? Le coup de rebrousser chemin en calquant ces pas sur ces précédentes traces? Oui, sûrement. Et puis quoi d’autre? Faire une diversion? C’était parfaitement dans ces capacités, sachant en plus que Kayto était à ses côtés, le tigre aurait pu appâter l’autre groupe en les éloignant de la Vampire… Mais est-ce que cela fonctionnerait vraiment? Les Elfes et Isiode n’étaient pas stupides et si ce stratège les avait leurrés, la comédie se fera rapidement découvrir. À ce stade, est-ce que Kayto tenterait de les battre? De rendre leur progression encore plus difficile qu’elle ne l’était déjà? Dans tous les cas, Araya aurait déjà pris une sacrée avance et il ne lui resterait plus qu’à trouver un abri, le temps de se faire oublier et de s’enfuir. Un abri… Un abri… Dans un arbre? Ce ne serait pas bête, mais les Elfes me paraissaient plutôt agiles. Dans un trou? Une grotte? Certes, oui, elle aurait besoin d’un abri, mais de quoi aurait-elle le plus besoin encore qu’un toit sur sa tête?

J’appuyais l’une de mes mains sur un nouveau tronc d’arbre, exhalant comme un bœuf après une telle course. De quoi a-t-elle besoin? De quoi a-t-elle le plus besoin? Soudainement, un bruit non loin m’interpella. Je fis de grands efforts pour réduire au maximum le bruit de ma respiration haletante avant de tendre l’oreille et de me concentrer pour écouter. À ce doux son, qui résonnait agréablement au cœur de cette nuit sombre et macabre, un sourire apparut sur mes lèvres. Je venais de trouver la réponse – ou du moins, ce qui s’en rapprochait le plus. Je ne connaissais pas particulièrement les habitudes des Vampires au sujet de leur alimentation – en gros, s’ils ne se nourrissaient que de sang ou s’ils variaient leur nourriture – mais ça, ça aidait énormément en forêt, que l’on soit Démon, Ange, Humain ou bien Vampire.

Un cours d’eau…

Oui… Voilà ce qui m’aiderait peut-être à retrouver rapidement Araya!


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Mer 29 Juin 2016, 23:41


Avancer... Continue d’avancer… C’était les pensées qui tournaient en boucle dans la tête d’Araya. Elle entendait presque la voix de ses parents lui répétez en permanence ce qu’elle devait faire si elle était poursuivie par des êtres, qu’importe leur nature, qu’ils soient maléfique ou non, elle devait s’enfuir, jusqu’à être en sécurité. Survivre, toujours survivre Redoubler d’effort, de stratégies pour semer ses ennemis. Ils avaient même réussi à pallier son manque d’attention et d’intérêt pour le sujet. En fait, à force de lui répéter, de lui montrer en permanence, tous les jours, toujours les mêmes choses, son esprit avait fini par retenir les enseignements de ses parents. Elle n’avait jamais eu à les appliquer auparavant, et avec ces trois dernières années, elle avait pensé qu’elle les avait tout simplement oubliés. Mais non, les conseils lui revenaient en mémoire petit à petit. Elle se rappelait également qu’ils lui avaient appris à survivre seule dans la nature. Reconnaitre certaines plantes dangereuses, ce qui ne lui servait désormais plus à grand-chose. Pendant quelques instants, Araya se demanda comment réagirait ses parents s’ils la voyaient ainsi. Ils seraient sûrement horrifiés et terrifiés par ce qu’était devenu leur fille. Un Vampire, et une tueuse… De quoi faire fuir n’importe quel Humain. En réalité, elle ne savait même pas si elle avait envie de les revoir. D’un côté, elle voulait les revoir, mais elle craignait leur réaction. Elle n’avait déjà rien à se raccrocher alors avec un coup comme celui-ci…

La Vampire secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à ça Si elle se mettait à retourner dans son passé, elle ne pourrait plus avancer. C’était déjà compliqué de faire un pas devant l’autre à cause de la fatigue et du courant les deux s’intensifiant au fil de sa progression. Elle devait se vider la tête, simplement penser à avancer, à survivre. A se remémorer tous ces précieux conseils sans lesquels les Elfes l’auraient sûrement déjà rattrapé. Mais elle ne savait pas combien de temps durerait ses petits stratagèmes. Ils devaient tous les connaitre. Le coup de revenir sur ses pas étaient un classique. Ils auraient peut-être plus de mal à retrouver sa trace à cause de sa disparition dans les ombres, mais elle n’était pas sûr que ça dure longtemps. Quoi qu’il en soit, le coup de la rivière leur poserait de sérieux problèmes, car ils ne seraient pas quelle direction elle avait prise, et aurait du mal à trouver son point de sortit. Grâce à tous ses détournements, cela leur ferait perdre du temps. Et du temps, c’est ce dont elle avait besoin, en grande quantité. Elle en avait besoin pour s’arrêter quelques temps dans la grotte, pour se reposer un peu, reprendre des forces. Elle n’était pas très endurante, s’épuisant très rapidement malgré ses tentatives d’entrainement. Enfin, c’était à peine des tentatives, au final, elle ne savait pas très bien ce qu’elle faisait et, pour le moment, elle avait surtout besoin de reprendre des muscles et de l’endurance, avec des exercices plus ou moins spécifiques. Ce dont elle ignorait tout. A l’époque, elle n’en avait pas eu besoin, étant toujours à courir dans les bois, faire grimper dans les arbres, ce qui la maintenait en forme sans qu’elle ne le remarque vraiment.

Ne reste jamais trop longtemps au même endroit… Un autre conseil lui revint en mémoire. C’est vrai. Si elle se posait trop longtemps, elle perdrait son avance. Et elle devait absolument la conserver jusqu’à les perdre. Oui, les perdre. Tous. Elle pensait en particulier à l’un d’entre eux. Araya se demanda si les deux jumeaux étaient avec les Elfes, et surtout si Isley était avec eux. Elle ne savait pas comment elle réagirait si c’était le cas… Mais pourquoi pensait-elle que ça la toucherait à la fin ?! Elle en avait terminé avec lui. Elle avait été claire. Et pourtant, ses paroles ne concordaient pas avec ses pensées. Elle était toujours en colère contre lui. Enfin, peut-être. Elle n’en était plus sûre. Elle ne pouvait pas oublier sa rancœur en si peu de temps, mais ne garderait-elle cette colère simplement pour mieux l’éloigner d’elle ? Le plus rageant, c’est qu’il ne semblait même pas tomber dans le panneau. Toujours en train de la supplier, de lui demander de pouvoir rester ensemble. Peut-être parce qu’il la connaissait un peu trop bien. Ou alors c’est juste qu’il était trop borné pour abandonner. Enfin, s’il s’était joint aux Elfes, cela finirait enfin par briser le peu de ce lien qui restait. Mais cela risquait aussi de ne pas l’aider. Isley savait qu’elle réagirait comme une Humaine, prendre la fuite, et se cacher, sans chercher l’affrontement. Et non comme un Vampire. Elle n’avait pas eu l’éducation pour, et Isiode ne le savait peut-être pas ça. D’ailleurs, comment réagirait un Vampire ? Est-ce qu’il les chasserait tous un par un ? Non, quand même pas. Cette incapacité à comprendre sa nouvelle nature l’énervait, et elle ignorait comment elle devait l’accepter.

Araya prit enfin l’embranchement qui conduisait à son abri. Et c’est à environ une vingtaine de mètres de son objectif, que soudain, une pierre glissa sous son pied, et elle s’étala de tout son long dans la rivière. La tête sous l’eau, elle sentit l’eau rentrer dans sa bouche le temps qu’elle la ferme. Elle sentit également une forte douleur au côté droit, une pierre s’enfonçant durement. Elle se redressa rapidement à quatre pattes, recrachant l’eau, essayant de reprendre son souffle. Sa respiration était sifflante et haletante, pas seulement à cause de son tour dans l’eau. Elle devait se remettre debout. Continuer de fuir. Pourquoi ? Cette question fusa dans son esprit, lui coupant tout envie de se remettre debout. C’est vrai ça, pourquoi est-ce qu’elle se battait pour avancer ? Pour survivre ? La Vampire s’assit sur ses talons, complétement trempée, et commençant à avoir froid. La tête baissée, elle réfléchissait. Elle s’enfuyait, mais ne comprenait pas pourquoi. Elle n’avait pas envie de s’enfuir. Etrangement, toute cette histoire lui rappelait sa fuite il y a quelques temps. C’est vrai quoi… Pourquoi est-ce qu’elle pensait à survivre ? Tout le monde lui dirait qu’elle s’était enfuie pour survivre, pour reprendre une vie normale… Qu’elle s’était battue durant toutes ses années pour ça. Mais non, ce n’était pas la raison. Ca ne l’avait, et ne le serait sûrement jamais. Elle avait perdu espoir en la vie depuis longtemps, mais avait quand même  pris la fuite, simplement pour arrêter de souffrir. Elle aurait pu mourir, c’était plus facile, mais non. Elle était déjà morte plusieurs fois, et ça n’avait jamais été une délivrance. A chaque fois, il la ramenait à la vie. La seule solution pour se sortir de cet enfer était la fuite. C’était la seule raison. C’était triste à dire, mais la vérité. Mais depuis le temps qu’elle était sortie, elle n’avait pas retrouvé goût à la vie. Elle était toujours aussi désespérée, toujours aussi vide.

« J’abandonne ». Se murmura-t-elle.

Araya garda les yeux ouverts, la rare lueur de vie qui l’animait s’éteignit, et elle arrêta de bouger. Elle n’avait plus envie de se battre. Sa vie était un enfer depuis bien trop longtemps. Elle voulait simplement arrêter de souffrir. Et la meilleure façon pour elle, c’était de mourir. Il n’y avait pas plus simple que ça. Il lui suffisait d’attendre. Attendre que les Elfes la retrouve et lui plante une flèche ou deux dans le corps. Elle espérait qu’ils ne l’épargneraient pas. Cela l’étonnerait au vu de la colère qu’elle avait vu dans leurs yeux. Et puis, si les Anges étaient avec eux, Isiode la tuerait dès qu’il la verrait. Au moins, elle ne manquerait à personne. Sauf peut-être à Stan et Kayto au début, mais ils finiraient par l’oublier. Et pour Isley, se serait pas compliqué. Il l’avait déjà fait une fois. Une deuxième fois ne serait pas dure.


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Isiode et Isley
Sam 02 Juil 2016, 04:56

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Je me disais que j’avais encore une chance de la retrouver, qu’il me suffisait de longer le cours d’eau pour la rattraper, mais je savais que ce qui m’attendait serait beaucoup plus difficile que je pourrais le croire. Lentement, je jetais un coup d’œil par-dessus mon épaule, examinant mes arrières soigneusement et précautionneusement. Les bois dans mon dos étaient calmes, et je pourrais même les qualifier de sereines. Tout était affreusement silencieux, seuls les bruits de l’eau et du froissement des feuilles contre le vent brisaient le mutisme du paysage. Pourtant, si ce silence aurait dû m’apaiser, la méfiance ne faisait que s’accroître en moi, aussi vile et sournoise que la morsure d’un serpent dont l’on pouvait sentir le venin s’insinuer dans nos veines pour y imprégner le poison meurtrier. Je me faisais peut-être des idées, mais si – et cela ne restait qu’une hypothèse – mais si Isiode et les Elfes m’avaient suivis? Je n’avais pas été bien discret lors de mon départ et la seule chose qui avait accaparé mon esprit à cet instant était de retrouver Araya pour la prévenir, voire même l’aider à s’enfuir. Par conséquent, j’avais à peine surveillé mes arrières. Je déglutis, me maudissant fiévreusement d’avoir été aussi imprudent. Qu’aurais-je fait si je les avais directement amenés vers Araya? Elle ne m’aurait jamais pardonné un tel coup, croyant sûrement que j’avais fait équipe avec eux pour pouvoir lui mettre plus facilement la main dessus. Idiot, Isley. Tu es un idiot. Au lieu de la protéger des loups, tu lui aurais amené la meute en entier. Mais il n’était pas trop tard pour vérifier, histoire de m’en assurer et de pouvoir continuer mon chemin tranquillement, l’esprit libéré de toute angoisse.

Je n’étais pas très bon pour ce qui était d’échapper à de potentiels ennemis, mais pour ce qui était de traquer ceux que j’avais pris pour cible, alors c’était une toute autre histoire. Effacer ses traces ou bien les découvrir: pour ma part, j’étais un véritable « découvreur ». Si quelqu’un m’avait suivi, je le saurais tôt ou tard, cela ne ferait aucun doute. D’un pas lent, ma respiration sifflant toujours autant, je me penchais vers la source, m’agenouillant sans me soucier de la boue qui collerait à mon armure, avant de fendre la surface de l’eau à l’aide de mes deux mains. Je pris grand soin à garder du liquide dans mes mains avant de l’amener à ma bouche, avalant avec bonheur l’eau fraîche. Même si c’est pour connaître la direction du courant, ça fait un bien fou! Mon corps, dès la première rasade, sembla se détendre et aussitôt, je fus porté à prendre une nouvelle gorgée, puis une troisième et une quatrième, jusqu’à ce que je me sois complètement désaltéré et que mes inspirations se gonflent à un rythme beaucoup plus naturel. J’échappais un soupir de soulagement, me redressant rapidement avant de me secouer les mains au-dessus du cours d’eau. Le courant se dirige de ce côté; donc l’aval de cette forêt se trouve dans cette direction alors que l’amont se trouve dans la direction opposée. Je pris une grande inspiration avant de me retourner de nouveau, en direction de l’épais feuillage forestier, qui rendait à ces bois une allure beaucoup plus sinistre qu’il n’y paraissait. Bien. Maintenant, il était temps de vérifier si j’avais de quoi m’inquiéter ou si ce n’était que de la paranoïa.

Revenant sur mes pas, je fis bien attention à ne pas piétiner sur mes anciennes traces: elles me serviraient à revenir vers la rivière sans que l’on me soupçonne d’avoir fait le chemin une deuxième fois. Attentivement, j’examinais soigneusement chaque centimètre carré que je croisais, vérifiant aussi bien dans les arbres que derrière. Encore une fois, le silence était presque total, à l’exception des bruits familiers de la forêt. Je ne voulais pas m’attarder, mais je savais que je ne pourrais pas être complètement tranquille si je ne vérifiais pas les alentours dans un rayon d’au plus cinq mètres. Si j’allais plus loin, cela ne servirait pas à grand-chose, l’épaisseur du feuillage cachant la rivière que je venais de découvrir. Alors, pour les dix minutes qui suivirent, je m’efforçais à chercher toute trace susceptible d’indiquer la présence d’éventuels voyeurs. Je savais que le temps m’était tout aussi précieux, et j’avais espéré avoir fait tout l’examen rapidement. Quoi qu’il en soit, je ne voyais rien à signaler dans les environs et cette fois-ci, je pus pousser un véritable soupir de soulagement. Maintenant, je dois m’occuper des traces que j’ai laissé…


J’ai bien fait de me défaire de mon armure. Elle m’aurait vraiment encombrée! Je combattais le courant, simplement vêtu de ma tunique, de mon pantalon et de mes bottes. Providence à ma ceinture, Immortel attaché par la sangle qui entourait mon dos, je n’avais pu me séparer de mes armes et pour cause, elles ne m’avaient jamais quitté depuis que je les avais retrouvés. Un bon soldat se devait d’être armé partout et en tout temps. Yüerell n’avait cessé de nous le répéter à l’époque… À l’époque… Je me demandais si tout se passait bien pour elle. Elle nous manquait atrocement, mais faibles comme nous étions, nous n’avions pas encore eu le courage de franchir le pas et de la rejoindre pour retrouver tous nos anciens camarades. J’espère que tout le monde se porte bien…

Sur ces pensées, je mis encore plus d’efforts à me frayer un chemin dans la rivière. Le courant, s’il n’était pas très puissant, était tout de même ardu à combattre, les pierres sous l’eau n’aidant en rien la progression. Elles étaient glissantes et roulaient aisément sous la semelle de mes bottes, c’est pourquoi que, plus d’une fois, j’avais failli me renverser à cause d’elles. J’espère qu’Araya n’ait pas fait de fausse chute. Une rivière, c’est parfait pour cacher ses traces ainsi que sa destination, mais c’est particulièrement dangereux lorsque nous faisons un faux pas et que l’on se cogne. Un accident pouvait si vite arriver… Amenant de nouveau ma jambe vers l’avant, je me concentrais principalement sur mon équilibre, mais aussi sur tout ce qui m’environnait: je n’aurais aucun plaisir à croiser Isiode ou les Elfes en pareille situation alors que – je pouvais le sentir – Araya n’était pas loin. Je savais qu’elle était tout près ou du moins, je savais qu’elle avait dû emprunter ce chemin. Je vais te retrouver Araya. Je le sais.

Plus les minutes s’écoulaient et plus je m’épuisais, mais je restais parfaitement concentré, ne baissant pas les bras face aux forces de la Nature que je pouvais facilement dompter avec un peu de force et de volonté. L’eau entrait dans mes bottes, rendant plus qu’inconfortable chacun des pas que j’esquissais. J’avais l’impression de nager dans mon pantalon, mais je m’en fichais. Tout ça, ce n’était que mental. Physiquement, ça ne m’empêchait pas de continuer.

C’est alors que, non loin, au milieu de la rivière qui coulait, j’aperçus une silhouette recroquevillée. Sans même réfléchir, je m’élançais à sa rencontre, sachant pertinemment de qu’il pouvait s’agir. Bon sang, Araya! Elle a fait un sacré bout de chemin. Elle est plus costaude qu’elle n’y paraît. Un sourire apparut sur la commissure de mes lèvres alors que je m’approchais de la Vampire qui gardait la tête baissée. Elle ne bougeait pas le moindre muscle, laissant tout simplement le courant glisser sur elle.

« Araya? » Expirais-je doucement, ma respiration se faisant entendre un peu plus fortement que d’ordinaire, en raison de cet éreintant combat contre le courant.

Je me rapprochais de la jeune fille, déposant un genou à terre pour me mettre à sa hauteur et je déposais ma main sur son épaule, la secouant avec mille précautions, comme s’il se serait agi d’une poupée en porcelaine.

« Eh, je suis là. Est-ce que tu vas bien? Est-ce que tu as été blessé? »

La Vampire ne me répondit pas, gardant obstinément les yeux tournés vers la surface de la rivière. Est-ce qu’elle m’écoutait au moins?

« Il faut partir de cette rivière, Araya, continuais-je d’argumenter en chuchotant. Nous sommes trop à découverts et ils pourraient nous tomber dessus à tout moment. »

Mais voyant le manque de réaction de la jeune fille, je me mis à la couver d’un regard plus inquiet.

« Araya? »

Doucement, je portais ma main vers son menton pour qu’elle me regarde droit dans les yeux. Et ce que je vis à la surface de ce regard me troubla. C’était comme si l’étincelle qui brillait à l’intérieur avait complètement disparu. Mais qu’est-ce qui lui était arrivé? Je n’ai pas le temps de me poser la question. Il faut que je nous cache et vite! Nous sommes trop exposés présentement! D’abord hésitant, je finis par passer mon bras dans le dos d’Araya avant de lui adresser un sourire timide et désolé.

« Le temps presse alors excuse-moi. »

Et sans plus attendre, je l’attrapais en faisant passer mon second bras sous ses genoux. La savoir si près de moi, en sécurité, me rendait terriblement heureux, comme si un poids d’angoisse venait de se libérer de mes épaules. Rapidement, je balayais les environs des yeux, cherchant un abri qui pourrait nous servir de cachette. Puis, mes yeux se posèrent sur une ouverture dans de la pierre, ou une espèce de fente. Enfin, l’ouverture était assez étroite, mais c’était déjà un bon début. D’un pas ferme et confiant, je nous sortis de la rivière pour nous amener jusqu’à la berge, derrière le feuillage pour ne pas rester plus longtemps à découvert. Je me penchais alors vers Araya, la contemplant longuement avant d’esquisser un nouveau sourire, qui se voulait encourageant et rassurant. Je ne savais pas pourquoi elle se retrouvait dans un tel état, mais je ferais mon possible pour la ramener à elle une fois en sécurité et hors de vue de ses traqueurs. Alors je me mis à lui parler en murmurant, comme si de rien n’était. Peut-être que ça la réveillerait… Je ne savais pas…

« J’ai peut-être trouvé quelque chose, Araya. Nous allons faire le tour pour voir s’il n’y aurait pas un abri pour te cacher. Sinon, on cherchera ailleurs, mais je te protégerais coûte que coûte, d’accord? … Je sais que tu m’entends, Araya… Je ne sais pas ce que tu as, mais je sais que tu m’entends alors reste avec moi… »

Je la serrais un peu plus fort dans mes bras avant de le répéter.

« Je ne sais pas ce que tu as, mais reste. »

Je desserrais légèrement mon étreinte avant de me secouer la tête et de fixer droit devant moi. Non loin, à presque vingt mètres de notre position, il y avait ce rocher fendu. Je commencerais à fouiller là-bas en premier. D’ici là, reprends tes esprits Araya, s’il-te-plaît!


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S'il y a quelque chose que tu voudrais que je modifie, fais-le moi savoir ;)


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Sam 02 Juil 2016, 13:41


Araya était en pleine réaction paradoxale. D’un côté, elle voulait abandonner, se laisser mourir. D’un autre, l’instinct de survie, qu’avait toute créature, lui hurlait de se battre, et continuer d’avancer. Et l’apprentissage Humain qu’elle gardait encore lui criait également d’avancer. Elle devait lutter contre cette nature même que lui avait donné ses parents. Mais elle n’avait pas envie, elle ne voulait plus vivre. Elle était déjà incapable de survivre. Le Sorcier lui avait tout arraché. La moindre parcelle de joie, d’espoir qu’elle avait eu un jour. Désormais elle tombait dans les ténèbres, sans voir une lueur d’espoir, ni quoique ce soit auquel se raccrocher pour se guider. Elle était perdue, et seule, incapable de se battre dans ce monde. Elle ne voyait plus que l’abandon de sa vie.

Soudain, elle entendit un bruit anomal de l’eau, comme quelqu’un qui remonte le courant, une respiration forte, et une voix. Voix qu’elle reconnut. Isley… Pensa-t-elle, presque tristement. Elle ferma les yeux un instant, attendant presque un coup fatal, mais rien ne vint. Elle sentit qu’il s’agenouillait à côté d’elle, entrant dans la périphérie de son regard. Il se mit soudain à la secouer doucement, mais elle ne réagit pas. Que faisait-il au juste ? Les Elfes n’étaient pas avec lui ? Elle écoutait à peine ce qu’il lui disait, trop persuadée qu’il s’était allié avec ses poursuivants. Trop désireuse d’en finir avec la vie. Il lui souleva doucement le menton, la forçant à le regarder. Pourtant, Araya n’eut pas l’impression de le voir, comme si un voile s’était déposé sur ses yeux, l’empêchant de voir clairement les choses. Elle entendit à peine ses excuses, et soudain se retrouva dans ses bras, collé contre sa poitrine. Habituellement elle l’aurait repoussé de toutes ses forces, mais pas cette fois. Elle n’en avait plus la force, plus l’envie. Elle voulait qu’il la laisse ici, mais il se battait pour elle. Il était bien le seul à faire ça d’ailleurs. Il la protégerait qu’il disait… Il voulait qu’elle reste avec lui… Araya aurait voulu s’accrocher à cette faible lueur, parce que c’est ce qu’il lui donnait. Mais elle avait trop peur de souffrir encore une fois. Elle sentit qu’il augmentait la pression sur elle, répétant ses derniers mots. Est-ce qu’elle pouvait se battre ? Pourquoi, à quoi cela lui servirait ? Si c’était pour plus de souffrance, ça lui apporterait quoi ?


La Vampire sentit qu’ils se déplaçaient à nouveau, s’approchant de sa planque. A ce moment, Kayto, perché sur le haut du rocher, sauta au sol, juste devant le duo. Un léger grondement s’échappait de ses mâchoires, ne sachant comment il devait comprendre le comportement d’Isley. Etait-ce celui qui l’avait agressé tout à l’heure ? Pourtant, son regard était rempli d’inquiétude à chaque fois qu’il posait les yeux sur la jeune femme, et ses gestes étaient protecteurs. Mais avec ce qui s’était passé tout à l’heure, ils devaient maintenant fuir des gens. Pouvait-il lui faire confiance ? Mais le comportement d’Araya l’inquiétait bien plus. Elle n’avait pas réagi à sa présence, même pas esquissé un mouvement de tête. *Araya ?. Appela-t-il. Aucune réaction. Il se dressa alors sur ses pattes arrière, dépassant facilement l’homme. Mais il ne voulait pas le blesser, seulement voir le visage d’Araya. Ce qu’il y vit le troubla. Il avait déjà vue ces yeux. Chez certaines de ses proies, lorsqu’elles demandaient seulement à être tuées. Pourquoi est-ce qu’elle avait ses yeux là ? Il ne comprenait pas.

Le tigre retomba sur ses quatre pattes, et lança un regard à Isley, s’adressant à lui cette fois. *Elle a abandonné*. Dit-il simplement. Il lança un regard derrière lui. Vue l’état où elle se trouvait, elle refuserait sûrement de passer dans la crevasse, et, pas question de la trainer. Peut-être qu’ils auraient plus de chance en passant de l’autre côté. *Suis-moi*. Il contourna le rocher, se retrouvant de l’autre côté. Cette partie-ci était à moitié ensevelie sous la terre, avec un arbre où ses racines avaient réussi à traverser la roche. *Par-ici*. Dit-il en bondissant sur les racines, désignant un espace assez large pour qu’ils puissent passer. Araya ne faisait aucun effort pour les aider, mais au moins elle ne se débattait pas non plus. Elle ignorait encore si elle voulait écouter les paroles d’Isley. « Reste avec moi » continuait de passer en boucle dans sa tête. Ce n’était pas une raison de se battre. Elle avait toujours cette terrible impression d’être vide, pourtant, au fond, elle ressentait quelque chose comme de… De la joie ? Non, elle ne pouvait pas. Ce n’était pas possible…

« Lâche-moi… S’il te plait… Lui demanda-t-elle »

Araya gardait la tête obstinément baissée. Elle ne voulait pas croiser son regard. Elle craignait la réaction de l’Ange, tout comme sa propre réaction. Elle trouvait cela déjà bien assez troublant d’être heureuse simplement parce qu’il était venu pour elle. Simplement ? Non, ce n’était pas si simple. Pour lui, comme pour elle. Il avait sûrement dût affronter son frère pour la rejoindre. Pourquoi faisait-il tout ceci pour elle ? « je te protégerais coûte que coûte » Cette phrase qu’il avait dit lui revint soudain en mémoire. Non. Elle ne voulait pas ça. Pourquoi d’ailleurs ? Parce qu’il sacrifierait trop de choses pour elle ? Elle ne comprenait pas ce qu’elle ressentait, mais au moins elle ressentait quelque chose. Une seconde, pourquoi « au moins » ? Elle ne voulait pas ressentir quelque chose. Elle voulait seulement abandonner.

La jeune femme posa enfin le pied à terre, et s’éloigna d’Isley, croisant les bras sur sa poitrine, frissonnant. Elle était frigorifiée à cause de l’eau, ses vêtements trempés n’arrangeant rien. Elle avait à peine remarqué qu’ils étaient de retour dans la grotte où ils avaient dormi. Kayto s’approcha d’elle, cherchant son regard. Il finit par se regarder l’un en face de l’autre. *Pourquoi ?. Lui demanda-t-il simplement. Au lieu de répondre, elle détourna la tête. Le tigre ne pouvait pas comprendre ce qu’elle ressentait. Ce qu’elle ressent encore en ce moment même. Elle ne tenait pas non plus à l’expliquer à Isley, il ne pourrait sûrement pas comprendre, lui non plus. A la place, Araya posa son sac par terre, et retira son haut, laissant voir celui à manche courte en dessous. Il ne couvrait que ses épaules, laissant voir ses bras maigres, ainsi que certains de ses os les plus proches de la peau, beaucoup trop visibles.

« Pourquoi tu es venu ? Lança-t-elle à Isley. Pourquoi tu ne m’as pas laissé où j’étais ? »

Et pourquoi est-ce qu’elle posait ses questions elle ? Alors qu’elle savait pertinemment que ses réponses ne lui plairaient pas. Ou peut-être que si… A force, elle ne comprenait plus ce qu’elle ressentait pour lui, ni ce qu’elle ressentait réellement. Etait-elle toujours en colère contre lui, ou le fait qu’elle lui en veuille concernait autre chose ? Araya essora son haut, tordant le tissu pour qu’il évacue l’eau. Elle ne pouvait pas faire pareil avec ses autres vêtements, et ils resteraient encore humides malgré tout. Pendant un instant, elle regretta sa cape qu’elle avait abandonnée. Enfin, qu’elle importance au final ? Elle n’avait pas l’intention de vivre, alors ce qu’elle laissait derrière elle, ou son état physique n’était pas très important au final.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Lun 04 Juil 2016, 06:25

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Mon regard allait du tigre au visage de la jeune femme, confus et incertain. Abandonné? Mais qu’est-ce qu’elle avait abandonné? Qu’avait-elle pu laisser tomber de si important pour qu’elle se retrouve dans un tel état? Inquiet, je me penchais au-dessus d’Araya, cherchant à comprendre les propos que venait de me tenir le grand félidé, mais ce dernier, visiblement pressé, me hâtait de le suivre jusqu’au fameux rocher fendu sans me fournir plus d’explications. Même si l’étrange condition de la Vampire me préoccupait, j’étais tout de même d’avis d’avancer rapidement moi aussi. Rester plus longtemps ici augmentait nos risques de rencontre avec les Elfes et mon frère. C’est pourquoi je décidais de suivre Kayto sans plus tarder, prenant un soin maladif à garder Araya dans la plus confortable position possible. J’avais peur de lui faire mal en courant ou bien de la casser tant elle était fine et légère dans mes bras. Par chance, le rocher fendu n’était plus bien loin et il nous fallut le contourner pour nous retrouver devant un monticule hétérogène de roches, de terre et de racines grouillantes. À première vue, aucun passage ne pouvait se trouver dans un endroit pareil, mais si nous nous attardions quelques instants sur la topographie du terrain, nous étions en mesure de remarquer la présence d’une plus large faille dans la pierre qui surplombait légèrement les racines d’un grand arbre à proximité. Les tentacules du végétal étaient si énormes et épais qu’ils étaient parvenus à fendre littéralement la pierre. C’était un phénomène particulièrement impressionnant compte tenu des éléments qui s’étaient rencontrés, mais qui nous fut tout aussi utile dans notre situation actuelle, car c’était principalement grâce à ces racines que l’ouverture dans la pierre se trouvait si bien cachée dans ce paysage nocturne et peu éclairé. Lorsque Kayto m’interpella pour m’indiquer le chemin jusqu’à l’espace, j’acquiesçais d’un vigoureux hochement de tête, renfermant un peu plus fortement la prise que j’exerçais sur Araya. Seul, l’ascension aurait été une véritable promenade de santé, mais avec la jeune femme dans mes bras, aussi légère soit-elle, le défi restait de taille et les risques d’accident s’en voyaient tout autant élevé. Aidé par Kayto, je hissais Araya jusqu’à l’entrée puis je pénétrais dans l’ouverture à mon tour, conservant mon étreinte autour de la Vampire, les yeux de cette dernière restant obstinément fixes, peu importe ce qui se passait autour d’elle. Discrètement, je tournais mon visage vers le tigre blanc, tentant désespérément à comprendre ce qu’il avait voulu dire par « elle a abandonné ». Mais je n’eus même pas le temps de croiser son regard que la voix d’Araya retentit enfin à nos oreilles et la première chose qu’elle prononça fut le souhait que je la repose par terre.

Lentement, je me tournais dans sa direction, cherchant à rencontrer le saphir si particulier de son regard sans avoir le plaisir de l’apercevoir. Je fus immédiatement déçu. Elle devait encore m’en vouloir. Même après ce qu’il s’était passé lors de notre dernière rencontre. Alors cela devait se passer ainsi donc? Peu importe ce que je ferais pour elle, elle m’en voudrait toujours à mort? J’avais conscience de la profonde déception et du mépris certain qu’elle devait me nourrir malgré mes essais à vouloir me rapprocher d’elle, à vouloir renouer les liens du passé. C’était incontestable: je ne pouvais pas m’empêcher de désirer être à ses côtés. La Colère qu’elle pouvait ressentir à mon égard n’entachait en rien, pas même d’un iota, ma conviction, toute aussi profonde que sa haine, de vouloir la protéger. Certes, je souhaitais lui venir en aide, lui tendre cette main qui lui avait toujours été tendu autrefois, mais Araya ne la prendrait peut-être plus jamais. C’est pourquoi elle ne cherchait pas à croiser mon regard. C’était sûrement pour ça. Mais je garde espoir. À notre dernière rencontre, elle me l’a dit… Enfin, pas explicitement, mais je n’ai pas besoin de mot pour savoir ce qu’elle voulait me faire passer comme message. Oui, en effet, elle n’avait pas eu besoin de mots pour me faire comprendre qu’elle avait tout de même besoin de moi. Et je le lui avais promis, n’est-ce pas? Je lui avais promis d’être toujours là, d’éloigner ses peurs et d’être l’épaule sur laquelle elle pouvait se reposer si tel était son vœu. Je pouvais être son soutien, son pantin, son martyr, son bouclier ou bien son épée; je pouvais être tout ce qu’elle voulait que je sois pour qu’elle soit enfin heureuse. Pour qu’elle puisse de nouveau toucher, sentir, entendre, voir, goûter au bonheur. Cette triste vie qui était la sienne, je ne voulais plus de ça pour elle.

Ainsi, je la laissais s’éloigner doucement. Elle était complètement gelée, il n’y avait qu’à les regarder, elle et les frissons qui lui parcouraient l’ensemble du corps. Je voulus l’inviter à prendre ma cape pour qu’elle puisse se réchauffer, mais à la dernière seconde, je me rappelais que je l’avais laissé avec mon armure sur la berge avant que je ne me jette à l’eau pour retrouver Araya. Mince… Pour le coup, je regrettais amèrement de ne pas l’avoir apporté avec moi. Je relâchais un soupir, levant les yeux vers la Vampire, mais à cet instant précis, elle se mit à retirer son haut. Mes joues s’empourprèrent presque instantanément et dans la seconde, je me détournais précipitamment.

« Dé-Désolé… Je n’avais pas l’intention de… » Bégayais-je avant de me rendre compte qu’Araya portait quelque chose en dessous de son haut et je poussais un soupir d’autant plus soulagé.

Toutefois, ce soupir, s’il regorgeait de soulagement, se mua rapidement en un hoquet de surprise en constatant la maigreur du corps de la Vampire. Ce n’était pas la première fois que je voyais ces os saillants tirer sur sa peau pâle, mais les observer me choquait toujours autant.

« Pourquoi tu es venu? Me lança-t-elle en allant droit au but. Pourquoi tu ne m’as pas laissé où j’étais? »

Je louchais sur son corps maigre et sur les os que je voyais parfaitement sous sa peau. À chacun des mouvements qu’elle effectuait, je pouvais les voir glisser sous cette dernière et sans même prêter attention à ce qu’elle venait de me dire, je levais mon regard dans sa direction, clignant des yeux, complètement médusé par ce que j’avais sous les yeux:

« Araya… Seigneur! E-Est-ce que tu manges?! Tu es… Tu as la peau sur les os! »

Vivement, je me tournais vers le tigre, lui adressant de gros yeux.

« Mais… Est-ce qu’elle se nourrit correctement?! Je veux dire, je sais ce qu’elle boit, mais mange-t-elle à sa faim?! »

Une fois de plus, mes yeux ne purent se détacher de sa silhouette rachitique.

« Et après tu me demandes pourquoi je suis venu te rejoindre… Regarde-toi seulement! Comme si je pouvais t’abandonner dans ton état! »

Mon front se plissa alors que j'ajustais Providence à ma ceinture.

« De toute façon, je ne les laisserai plus te toucher. Ni les Elfes, ni mon frère, sois en certaine. Je n’hésiterais pas la prochaine fois. Je te l’ai promis, non? Alors fais-moi confiance. En attendant, reste dans cette grotte, d'accord? Je vais essayer de te ramener quelque chose à manger », finis-je par dire en tournant les talons, prêt à sortir de la grotte pour lui attraper du gibier.


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Là, il s’emballe un tantinet trop vite (aa), alors tu peux le rembarrer pour qu’il se calme ou le laisser filer si tu veux =)


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Lun 04 Juil 2016, 12:58


Idiote ! Pourquoi tu lui as dit ça ?! Pensa Araya, s’injuriant elle-même. Si elle continuait dans cette voie, Isley finirait par comprendre qu’elle voulait se laisser tuer. Et, si elle croyait ce qu’il disait, il l’en empêcherait sûrement, la collant jusqu’à ce qu’elle trouve une raison de vivre. Et encore, elle n’était pas sûre qu’il lui lâcherait la bride à ce moment. Peut-être était-ce une sorte d’appel à l’aide qu’elle lui lançait. Elle s’imaginait déjà sa réaction, la colère dans ses yeux. Le fait qu’il la prendrait sûrement pour une folle. Elle voyait déjà son expression, horrifié par ce qu’il aurait compris sur elle, sur ses intentions, sur sa lâcheté. Mais non, rien ne se déroula comme elle se l’imaginait. Il ne se mit pas en colère contre elle, ne fut pas horrifié, ne comprit rien de ses intentions. Au contraire, il s’inquiétait pour elle. La cause ? La peau sur les os, et si elle mangeait bien ou non. Sa réaction fit s’arrondir les yeux de surprise de la Vampire. Il ne semblait même pas avoir entendu ce qu’elle lui avait dit. Elle se tourna de moitié vers lui, observant le visage de l’Ange. Il semblait réellement inquiet, presque terrorisé par son état. Elle eut un instant l’impression qu’il allait jusqu’à accuser le tigre de son état. Elle allait pourtant bien. Bon, c’est vrai qu’elle était trop maigre, bien trop maigre, mais, compte tenu de ce qu’elle avait été avant, elle avait déjà repris du poids. Et c’était plus difficile qu’il ne pensait de grossir, surtout qu’elle voulait se muscler, pas engrosser. Et puis, ce rendait-il compte de ce que voulait dire manger à sa faim pour elle ? Elle avait essayé le sang d’animaux, mais ça ne suffisait pas. De toute façon, elle était totalement incapable de s’arrêter lorsqu’elle voyait du sang. Elle avait beau essayé de se concentrer pour s’arrêter, elle n’y arrivait jamais. C’était plus fort qu’elle. Etait-ce parce qu’elle avait été privé trop longtemps de manger, qu’elle ne pouvait plus contrôler ses instincts ? Elle ne comprenait pas ce qu’elle était, si c’était normal ou non pour un jeune Vampire.

Pour la première fois depuis longtemps, Araya sentit un léger sourire étirer ses lèvres. Surprise de sentir ses muscles travailler, elle ne put s’empêcher de toucher ses lèvres un instant. . Elle ne savait pas pourquoi, elle trouvait la réaction d’Isley amusante. Pourtant le voir si inquiet ne l’était pas, mais cela avait un côté touchant. Mais le fait qu’il s’agite autant, et qu’il veuille tant lui trouver à manger, se plier en quatre pour elle, était drôle. . Elle se tourna complètement vers lui, et s’écria, une pointe d’amusement dans la voie.

« Isley, attends, idiot! »

Sa voix raisonna dans la grotte, qui produisit quelques échos. Elle posa aussitôt une main sur sa bouche. Elle se rappela qu’elle était en cavale, et se faire repérer aussi bêtement… Elle voulait mourir, pas entraîner Kayto et Isley dans sa chute. Pour une fois, ce dernier mot, elle l’avait prononcé avec une pointe de douceur, et non pas comme une insulte. Elle ne pouvait s’empêcher d’être touché par son inquiétude pour elle. Elle reconnaissait sans mal le visage de l’Ange lorsqu’il s’inquiétait. Et c’est en pensant à ça que l’expression de son visage se teinta un court instant de nostalgie, et d’une certaine douceur. Surprise par son propre comportement, Araya secoua la tête, essayant de reprendre son visage habituel. Elle ne pensait pas être capable de faire à nouveau une telle expression.

« Ce n’est pas qu’une question de manger ou non. Et puis, je n’ai pas faim, pas ce soir. J’ai… Son visage s’assombrit. J’ai déjà mangé… »

Ce fut à ce moment que la Vampire se souvint du corps de l’homme qu’elle avait tué, et baissa les yeux. L’expression plus ou moins joyeuse qu’elle avait eu s’éteignit entièrement, laissant place à du remord. Elle se mordilla la lèvre inférieure. Elle avait mangé à sa faim certes, mais au détriment de quelqu’un. Et pourquoi est-ce qu’elle avait honte maintenant ? Elle releva légèrement les yeux vers Isley, effrayé de connaître sa réaction, tout en étant agacé de ne pas savoir comment il allait réagir. Est-ce que c’était la présence de l’Ange qui lui rendait un côté un peu plus Humain qu’elle avait laissé tomber ? Et pourquoi est-ce qu’elle l’avait retenu ? Elle aurait pu le laisser partir, tout simplement. Ensuite, elle n’aurait plus eu qu’à fausser compagnie à son compagnon félidé, ce qui était plus facile à dire qu’à faire, et elle aurait rejoint les Elfes. S’ils se décidaient à la capturer, elle ferait en sorte de les combattre pour se faire tuer. Elle n’avait aucune chance contre eux, et c’était tant mieux.

Mais soudain, Kayto glissa son grain de sel dans leur conversation. Il bondit devant Isley, la queue battant rageusement l’air, foudroyant le jeune homme du regard. Araya avait raison, cet homme était réellement un idiot. Est-ce qu’il se rendait compte de ce qu’il allait faire ?! Abandonner la Vampire alors qu’elle était au bord du vide. L’Ange avait pourtant réussi à la ramener. Enfin, plus ou moins. Elle semblait encore avoir des pensées suicidaires. *Non mais qu’est-ce que tu fous ?!*. S’exclama-t-il dans l’esprit de l’homme. *Je t’ai dit qu’elle abandonnait et toi tu t’en vas ! Elle veut mourir, tu piges ?* Pourquoi est-ce qu’il ne comprenait pas. C’était pourtant évident.

En voyant le tigre aussi énervé, Araya eut peur qu’il décide de se jeter sur l’Ange. Sans attendre, elle se précipita vers le félidé, se jetant à genoux à côté de lui, et passant les bras autour de son cou. Aussitôt, elle sentit la chaleur de l’animal réchauffée ses bras et son torse.

« Calme-toi Lui dit-elle espérant que sa présence l’arrêterait »[/color]

Mais, contrairement à ce qu’elle s’imaginait, plutôt que d’accepter son étreinte, le tigre lui donna un coup d’épaule, la faisant basculer sur les fesses. L’animal lui lança un regard sombre, puis il lui tourna le dos, et sortit dehors. Il se coucha en haut du rocher, surveillant l’endroit. Il était en colère contre elle.

Pendant ce temps, Araya gardait la tête baissé, se mordant la lèvre. Elle se doutait de ce que Kayto avait dit à Isley, et elle ne voulait pas affronter son regard. Cela la terrifiait même. Elle aurait tellement voulut être à des kilomètres de lui, mais elle ne pouvait pas. Elle se mit sur ses genoux, lui tournant le dos, voulant se mettre debout, frissonnant un peu plus, comme si le fait de voir le tigre si en colère contre lui retirait le peu de chaleur qu’elle conservait.

« Ecoute… J-Je sais ce que tu penses… M-Mais tu ne peux pas comprendre »

Araya croisa un bras sur sa poitrine, comme pour se protéger, et l’autre se posa sur ses yeux. Pourquoi est-ce qu’Isley était avec elle alors qu’elle tenait temps à prendre une décision horrible ? A cause de lui, elle commençait à douter. A commencer à se demander si ce ne serait pas mieux de vivre, ou au moins survivre. Mais pourquoi… Pourquoi survivre dans cet enfer ? La Vampire ne voulait pas. Elle voulait juste partir.

« J-Je peux plus me battre, murmura-t-elle »[/color]


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Lun 04 Juil 2016, 21:02

« Meurtriers » qu’ils nous ont appelés
« Ils ne sont pas ce qu’ils semblent être »

Mon pied n'eut pas le temps de franchir l'ouverture dans la pierre que je fus tout de suite interpellé par la voix d'Araya derrière moi. Immédiatement, je me figeais sur place, suspendant mon geste durant quelques secondes avant de me tourner vers la Vampire. Croyez-vous que le timbre doux et léger de sa voix m'avait échappé? C'était si surprenant que je me mis à la dévisager un certain temps, croyant à une invention de mon imagination ou quelques tours sournois de mon esprit agité, mais le fait était que je m'aperçus également des traits de son visage qui, alors, affirmaient tous mes doutes quant à ce que je venais d'entendre. En effet, ce que je vis sur les lignes qui caractérisaient son profil, à ce moment précis, eut tôt fait de me troubler. Qu'étais-ce donc? Du regret? Non, c'était quelque chose d'un peu plus… particulier. Comme de la nostalgie. Avec un soupçon de délicatesse qui détendait ses traits, si durs et imperméables d'ordinaire. En la voyant ainsi, je ne pouvais qu'esquisser un sourire tendre, cette expression me rendant subitement attendri par cette vision, mais une tristesse enfouie semblait également ressurgir de ce visage pourtant doux et amical. Je pouvais comprendre, un instant, ce qu'elle ressentait à cet instant. Cependant, aussi vite qu'un battement de cils, cette expression disparu de son faciès, effaçant une Araya que je ne soupçonnais peut-être ne plus jamais recroisé pour retrouver la jeune femme d'aujourd'hui avec ses yeux de glace et son visage constamment fermé aux douceurs et au plaisir de toucher à nouveau un tel sentiment de joie. À ce constat, je reculais d'un pas, m'éloignant de la faille du rocher, fasciné par les vestiges de ce sourire qu'elle avait esquissé.

Mais la suite ne promettait en rien le retour de cette expression qui semblait, dès lors, être un subterfuge de ma conscience. Elle n'avait pas faim, qu'elle avait dit. Du moins, pas pour ce soir, avait-elle ajouté. Mais c'était surtout à cause qu'elle avait déjà mangé. Et c'était cette dernière information, plus que les autres, qui parut l'assombrir soudainement, mettant ainsi un masque opaque et obscur à son visage. Mon front se barra d'une ligne, tandis que les yeux empreints d'incertitudes d'Araya vint croiser mon regard. Je n'avais pas besoin de sonder le bleuté de ses iris pour comprendre ce qui n'allait visiblement pas. J'étais peut-être idiot sur plusieurs points, voire même naïf à d'autres occasions, mais pas au point de ne pas capter le trouble soudain de la jeune femme qui me faisait face. Elle avait mangé, avait-elle dit… Et, presque aussitôt, l'image d'Isiode me disant qu'elle avait tué ces hommes s'imposa brutalement dans mon esprit. Je n'avais rien saisi de ses paroles dans le feu de l'action, ne comprenant pas qu'il y avait un second cadavre dans toute cette horrible histoire… Alors c'était vraiment elle qui les avait… Non mais qu’est-ce que tu fous?! Entendis-je si violemment dans ma tête que je faillis en perdre l'équilibre, m'apercevant à peine du tigre en lui-même qui se tenait à présent devant moi, sa queue fouettant l'air avec rage. Je t’ai dit qu’elle abandonnait et toi tu t’en vas! Elle veut mourir, tu piges? Mou-Mourir? Bredouillais-je en mon for intérieur tout en amenant l'une de mes mains à mon front, voyant soudainement les événements s'enchaîner très rapidement devant mes yeux. Mourir… Alors, c'était ce qu'elle avait abandonné: sa vie.

En voyant le tigre filer droit vers la fente du rocher, je me poussais instinctivement sur le côté pour le laisser partir, son regard, sa fourrure hérissée; tout en lui respirait la Colère et l'amertume. Longuement, je continuais de fixer l'ouverture dans laquelle Kayto s'était faufilé pour sortir, ses mots et sa Colère me frappant d'autant plus maintenant que je faisais, petit à petit, les liens nécessaires à ma compréhension. Mourir… Elle avait tué… Et elle voulait mourir…

« Écoute… » Commença-t-elle d'une voix chevrotante et, lentement, je me tournais vers elle, elle dont le visage restait baissé, dont le corps si fin et frêle s'était mis à frissonner, plus vulnérable que jamais.

Je l'écoutais sans bouger, sans parler, simplement là, l'oreille tendue derrière elle. Je ne savais pas exactement quel sorte d'ouragan faisait rage dans sa tête, mais elle m'apparaissait clairement perdu ainsi, sa voix bégayant certains mots, allongeant le silence de certaines phrases. Puis, en conclusion, comme si ces cinq mots suffisaient à mettre une justification sur ses états d'âme, sur ce qu'elle prévoyait faire, elle chuchota faiblement:

« J-Je peux plus me battre. »

À ces mots, mon regard se voila et je baissais la tête. Je ne peux pas comprendre, hein… Pensais-je en serrant les poings avant de relever mon visage.

« Évidemment que je ne peux pas comprendre. Tu ne me parles jamais de tes problèmes… Tu les gardes enfouis, rien que pour toi… Murmurais-je en observant sa nuque, dans l'espoir qu'elle se retourne, mais rien ne vint et je décidais d'esquisser un premier pas dans sa direction. Tu m'évites ou tu me repousses dès que tu en as l'occasion. J’essaie de faire des efforts pour toi, mais tu les rejettes tous, Araya… »

Je m'arrêtais à moins d'un mètre de sa position, penchant le buste pour la garder dans mon champ de vision.

« C'est parce que tu gardes tout pour toi que tu crois n'avoir plus de force pour combattre… Continuais-je d'une voix incroyablement calme, en opposition au bouillonnement qui s'agitait dans ma tête. C'est parce que tu t'enfermes constamment dans cette cellule, Araya… »

Je savais que ressasser ce genre de souvenirs ne l'aiderait sûrement pas, mais je ne pouvais refouler complètement l'énervement qui m'habitait. Je ne voulais pas m'énerver contre elle, je ne voulais pas laisser une Colère sourde et incontrôlable m'envahir, alors je prenais sur moi pour ne pas laisser paraître la véritable agitation qui frétillait en moi.

« C'est parce que tu ne laisses personne t'approcher… Tu crois être seule, tu crois progresser sans l'aide de rien ni personne! Mais ce n'est pas vrai! Pour quelle raison crois-tu que Kayto soit si en colère? Il t'a attendu pendant si longtemps, Araya… Lui aussi, il aurait pu abandonner. Lui aussi il aurait simplement pu cesser de se battre. Mais il avait foi en toi et il croit toujours en toi! Tu es la personne qui compte le plus pour lui et voilà que tu décides de vouloir tout abandonner? De le laisser derrière après tout ce que vous avez vécu tous les deux? As-tu simplement songer une seconde au mal que cela lui ferait? »

Je marquais une pause, prenant une grande inspiration.

« As-tu simplement penser au mal que tu me ferais? »

Je fermais les yeux, mes poings se serrant et se desserrant par réflexe.

« Te perdre une première fois a été un véritable cauchemar, Araya, chuchotais-je en baissant la voix, me rendant compte que je l'avais haussé sous le coup de l'émotion. Kayto et moi, nous l'avons tous les deux vécu. Et si tu crois que nous pourrions nous sortir indemne une seconde fois de ta disparition, tu as tort, Araya. Mon dieu, que tu as tort, Araya… »

Je m'agenouillais à ses côtés, l'attrapant dans mes bras avant qu'elle ne s'esquive, avant qu'elle ne riposte et je tentais, dans ce simple geste, de lui insuffler toute l'attention, tout le désir, tout les sentiments pêle-mêle de mon cœur pour qu'elle puisse comprendre.

« Tu as peut-être raison. Peut-être que je ne te comprends pas, peut-être que je me fourvoie depuis le début, que je fais semblant de comprendre, mais laisse-moi - laisse-nous - te comprendre. »

J'enfouis mon visage dans sa nuque, la serrant un peu plus fort, comme si j'avais peur qu'elle s'échappe, qu'elle ne m'écoute pas et qu'elle s'enfuit. Seule. Toujours toute seule.

« … S'il-te-plaît. Dis-moi que tu ne feras rien. Je veux t'aider Je peux être ton soutien, ton bouclier, ton épée, tout ce que tu souhaites! Mais reste avec moi. Reste avec Kayto. Reste avec nous. Tu es notre attache, Araya. Tu ne t'en rends pas compte? »


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