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 La peluche enchantée [Quête | Eerah]

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Dim 15 Déc 2013, 15:03

Sean était resté au chevet d’Eerah, malgré tout ce qu’on lui avait assuré. Oui, c’était dans le cadre de l’épreuve, il ne risquait rien et les dieux eux-mêmes veilleraient à ce qu’il ne lui arrive rien de fâcheux … Sauf que le gamin savait ce qu’il en était vraiment, il avait vu le mental de son paternel réduit à néant et le sien bien violenté par la vue de sa propre mère, morte. Alors non, il n’allait pas se contenter de ce que les dieux lui diraient ! D’ailleurs, il se demandait où je pouvais être, mais il valait mieux qu’il ne sache pas. Malheureusement, il était actuellement plus connecté aux Etoiles que jamais et il ne lui fallu qu’une pensée pour qu’il comprenne que je resterai sûrement quelques heures de plus à Utopia, ou du moins à cuver comme un pochetron, pour ensuite dormir et décuver un peu plus loin, en espérant que je retrouve le peu de dignité qu’il me restait !

Il soupira un instant, désolé de mon cas, mais reporta vite son attention sur le déchu, se doutant que je m’en sortirai bien plus facilement que lui. Il s’était très vite attaché à Eerah, ou plutôt il avait trouvé un intérêt certain au côté intrigant du déchu ! La finalité était la même, il y tenait déjà beaucoup et il n’aimait pas les coups bas des Aetheri à son égard. Bien qu’il avait tout son temps, le Rehla commença à trouver celui-ci étrangement long. Il restait une chose qu’il ignorait : le temps imparti à l’épreuve du déchu, et cela ne lui plaisait guère. Il savait presque tout, sauf ça et vivre avec une inconnue qu’il ne pouvait résoudre lui était insupportable. Toutefois, l’intéressé fini par reprendre connaissance et Sean fut plus que soulagé de le voir en vie et en un seul morceau !

« Eerah ! » Ne tenant plus, il lui sauta carrément au cou. Oui, c’était étrange de voir un gamin que l’on connaissait à peine vous faire un gros câlin parce que vous vous réveillez … Mais il ne valait mieux pas chercher comment le gamin marchait ! Au bout de plusieurs longues secondes, il finit par le lâcher et s’asseoir sur le lit. A la fois curieux et inquiet pour le mental du déchu, il n’hésita pas à demander « Ca va ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ca a pas été trop dur ? » le genre de questions existentielles que l’on aime entendre, ou auxquelles Sean exigeait presque d’avoir des réponses ! Une fois que le déchu fut assez remis et qu’il fut jugé apte à se lever sans tomber une fois de plus dans le monde des songes, Sean se leva lui aussi, prêt à repartir à la découverte des lieux. Mais encore fallait-il que son compagnon de route ait envie de bouger après ce qu’il avait subi, chose dont le Rehla n’oublia pas de se soucier, en passant.

« Dis, t’es toujours d’accord pour faire un tour dans la ville ? On pourra regarder un peu comment se passent les épreuves des autres aussi ! » Ne lui laissait guère le choix, et à peine le temps de répondre, Sean le prit par la main et commença à arpenter les rues, d’un pas décidé. Une myriade de questions lui était revenue en tête et par voie de conséquence, le gamin ne tarda pas à en laisser échapper la première d’une longue suite, qui lui brûlait les lèvres tout autant que les autres « Dis … Pourquoi tu t’es proposé pour le tournoi au juste ? »
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Eerah
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Jeu 19 Déc 2013, 04:15

Doucement, la main du Déchu finit par lâcher l’édredon. C’était fini. Enfin fini. Son mal de crâne venait d’empirer sévèrement, et il n’avait plus du tout envie de dormir. Un rêve. Un rêve aux allures de cauchemars. La douleur n’avait rien eu de fictive, elle. On aurait difficilement pu imaginer pire façon de se réveiller. Il n’avait pas sommeil, mais n’était pas reposé pour autant ; il avait terminé l’épreuve, mais n’en tirait aucune victoire ; et comble, un écrasant sentiment de culpabilité l’envahissaient en imaginant tous les Déchus qui avaient assisté à ses pérégrinations. Même Ophalee et Sean devaient avoir… Son air sombre vola en éclat avec les petits bras de Sean. Eerah était stupéfait. Le garçon avait attendu tout ce temps à son chevet ? Après une seconde de stupeur, il lui rendit chaleureusement son étreinte. Cet enfant avait trouvé la seule chose, l’unique chose dont il avait besoin à ce moment-là. Un peu de chaleur, un peu de confiance, un peu de soulagement. Même après ce qu’il venait de subir, il ne pouvait plus s’empêcher de sourire, avec une pointe d’émotion. Il y avait un père, quelque part en bas, qui avait une chance incommensurable. Il se promit d’en faire la remarque à Luka quand il le reverrait.

Le temps de retrouver le peu de force qui lui restait, il croisa les jambes en tailleur à côté du Rehla, et lui raconta son épreuve. Entièrement, et le plus fidèlement possible, depuis son arrivée dans le vide, et jusqu’à sa prise de conscience face au « sage ». Et pourtant, même en y mettant toute la meilleure foi du monde, il ne put s’empêcher de faire l’impasse sur moments gênant. Lorsqu’il avait frappé le mur, quand il avait presque perdu l’esprit. Un enfant n’avait pas à connaitre ce genre de chose. Du moins il ne devrait pas avoir à les connaitre. Sean semblait avoir vu beaucoup, peut-être trop. Et de toute manière, il était certainement déjà au courant. Inutile de se rendre davantage ridicule. Quand il eut finit son récit, ses jambes étaient moins lourdes, et ses maux de tête un peu plus supportables. Incapable de dire non à l’enthousiasme du garçon, il le suivit jusqu’aux rues de la ville, retraçant sans courir cette fois les couloirs du quartier Déchu. Il y avait toujours foule, champions, organisateurs et spectateurs ne cessaient jamais d’affluer de toutes les directions, se préparant pour la suite, racontant chacun leur vision d’une épreuve, imaginant la suite.

Eerah ignorait combien de temps il était demeuré inconscient. Le temps n’était pas le même, en rêve, et pour autant qu’il sache, plusieurs heures comme quelques minutes avaient pu passer. À moins que les Aethers responsable de l’épreuve ne se soient chargés – une fois de plus – de briser les règles de la physique pour satisfaire l’audimat. Inquiet pour l’état de son esprit, il tenta brièvement d’étendre son esprit aux alentours. Il pouvait toujours lire les pensées sans trop de mal. Et découvrir avec une certaine aigreur ce que Renfield avait dû endurer plus tôt. Les gens le reconnaissaient. Peu désireux de savoir quel effet il avait fait sur les foules, il referma immédiatement les portes de son esprit, et mobilisa son attention sur le jeune garçon à ses côtés. Celui-ci venait justement de lui poser une question à brûle-pourpoint. Surement la première d’une longue série, songea le Déchu avec un sourire. Et avec raison, puisque la question était parfaitement justifiée. Il réfléchit une seconde, et avança un début de réponse :

-« J’imagine que c’est pour la gloire. Tu sais, la reconnaissance, tout ça… J’espérais faire honneur aux miens. J’ai peur d’avoir un peu failli de ce côté-là. Peut-être aussi parce que je voulais me mesurer à quelqu’un, avoir une idée des progrès que j’aurais pu avoir réalisé. »

Il était bien moins aisé de se confronter à un adversaire en termes d’intelligence qu’en force brute. La Coupe était un des rares moments où on pouvait se permettre de privilégier autre chose que les bras et les armes. Les bandits entraient rarement dans des débats de fond. L’aveugle afficha une moue circonspecte, et ajouta :

-« Et aussi parce que j’étais curieux de savoir ce qui pourrais m’arriver. Tellement… curieux. Mon lot quotidien ! »

Et il éclata de rire. Sean n’avais pas à savoir à quel point ce n’était absolument pas drôle. Sur quel sentier meurtrier le mènerais sa prochaine curiosité ? Il parvenait pourtant de plus en plus à réfréner ses pulsions. Sonenzio y voyait le résultat de son entrainement, Eerah lui avait peur de s’éloigner de plus en plus de sa nature profonde de Déchu. Restait à savoir si c’était une ou une mauvaise chose. Il ébouriffa les cheveux du Rehla, avant de demander :

-« Et pour ton papa ? C’est la première fois qu’il se lance dans ce genre d’entreprise, ou c’est courant pour lui ? »

Luka n’avait pas l’air particulièrement hésitant quant à ce qu’il devait faire ou pas, nul doute qu’il avait une certaine expérience ; mais l’état dans lequel il était ressorti de l’épreuve de Force était tout de même préoccupant.



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Jeu 19 Déc 2013, 05:37

Sean était vraiment content de voir le déchu se remettre, et peut être encore lus que celui-ci accepte de parler de son épreuve. Il savait ce que j’avais vécu et que c’était pour l’instant un sujet véritablement tabou pour ma part, alors qu’Eerah en parle si ouvertement, cela lui faisait vraiment plaisir. Il écouta donc avec attention les aventures du déchu, n’en manquant pas une miette et imaginant plutôt bien comment cela avait du être pour lui. Lorsqu’on lui répondit par la positive à sa proposition d’arpenter de nouveau les rues de la ville, le gamin se sentir presque pousser des ailes. Lui était sur un petit nuage et savourait chaque instant. Bien sûr, il ne voulait pas non plus oublier mon cas, mais entre un aveugle marrant et un paternel en train de cuver comme s’il avait des siècles d’expérience, il choisissait ce qui était le plus confortable pour son esprit, le plus logique et compréhensible en soit d’ailleurs.

« Tu n’as pas failli à la tâche tu sais, il y en a certains qui n’ont même pas réussi à sortir eux-mêmes de leurs songes pendant l’épreuve. J’ignore quel était ton niveau auparavant, mais tu as un très bon esprit de déduction je trouve ! » Sean se demanda un instant « Si jamais ils avaient réussi à imiter les Etoiles, je pense que je me serais fait avoir super vite aussi ! » à haute voix et par rhétorique spontanée mais aussi parfaitement calculée pour rassurer un peu le déchu, mais rajouta « Les participants peuvent tous être fiers d’avoir fait face aux épreuves … Parmi tous les spectateurs, je ne suis même pas sûr qu’une poignée aurait été capable de faire une fraction de vos exploits ! » pour parachever le tout et être certain que le déchu s’en remettrait moralement. Sean rit un peu par automatisme à la remarque suivante du déchu, mais il resta un peu interdit par la suite. « C’est si difficile que ça de ne pouvoir satisfaire sa curiosité, peu importe ce que cela implique ? » Il avait à portée un savoir incommensurable, mais ne pouvait ni le partager, ni réellement satisfaire la curiosité. Car, quand bien même on lui expliquerait le comment de chaque chose, il n’en connaitrait le pourquoi qu’après avoir posé de nouvelles questions, pour comprendre, mais auxquelles il n’aurait pas forcément de réponses.

C’était apparemment à son tour de répondre aux questions du déchu, et le gamin soupira un instant lorsqu’il comprit qu’il devrait avouer certaines choses dont il était peu fier. « Je ne sais pas trop comment expliquer ça … Se mettre en danger et finir dans un sale état … Ouais, il a l’habitude. Après, faire face à ce genre de choses … A la base ça ne l’intéresse pas du tout, et ce n’est pas vraiment son truc. Disons que c’est un peu de ma faute pour le coup, c’est moi qui l’y ait inscrit en fait … » Il garda le silence un instant, ne doutant point qu’Eerah aurait sûrement un petit commentaire à faire, puis il reprit « Je sais, ce n’est pas vraiment … Je voulais juste qu’il cesse de se faire du mouron, ça fait des semaines qu’il déprime à cause du savoir qu’il a acquis et qui le ronge. Avoir tant de connaissances sur les autres, le monde mais surtout sur soi, ce n’est pas forcément bon tu sais … Alors je voulais lui faire se changer les idées … Mais je n’avais aucune idée de l’ampleur des épreuves, et encore moins de la mauvaise blague qu’ils allaient lui faire. Ils n’auraient pas du, ils auraient pu mettre n’importe qui comme personne à retrouver, mais ils n’auraient pas du la mettre, elle … »

Il serra assez fort la main d’Eerah, avec sa force de mollusque, comme pour se rassurer. Sean aussi l’avait très mal vécu, quoi qu’il en dise. Mais il ne pouvait se permettre de craquer, enfin c’était ce qu’il pensait du moins. Après tout, je n’avais pas réussi à tenir le choc, je ne voyais pas en quoi il avait besoin d’être plus fort que son propre père sur ce point. Mais nous aurions tout le loisir d’en discuter plus tard, nous le savions tous les deux. Essayant de se concentrer sur autre chose, il fut surpris par quelques Etoiles qui semblaient s’enquérir du malheur d’un mortel parmi les flots de joie qui coulaient dans les rues. Intrigué, il tira Eerah en avant pour l’inciter à le suivre, n’ajoutant qu’un « Viens, il y a quelque chose de bizarre par là … » ne précisant pas vraiment la raison, de toutes façons le déchu comprendrait sûrement une fois arrivé à destination.
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Eerah
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Ven 27 Déc 2013, 08:52

Entendre le petit Rehla discourir pour le rassurer réchauffait le cœur. Il aurait surement pu trouver n’importe quel argument pour le convaincre que tout s’était passé à la perfection. L’envie de se laisser convaincre était indéniablement très forte, d’autant plus que le garçon y mettait réellement du cœur, il semblait intimement convaincu de ce qu’il disait. Eerah sourit largement. Peut-être qu’il avait raison. Et même s’il avait tort, l’important n’était pas là. Il avait raison, le simple fait d’avoir fait face et d’avoir terminé l’épreuve était une récompense en soi. Ne dit-on pas que l’important est de participer. La phrase sonnait particulièrement faux dans son esprit. Peut-être qu’il n’irait pas jusque-là, mais il y avait surement moins de raisons d’être mécontent que ce qu’il s’imaginait. Il ébouriffa gentiment les cheveux de Sean. Ils se connaissaient depuis moins d’une journée, et il prenait déjà le temps de s’assurer qu’il allait bien.

Quand il aborda le sujet de la curiosité, le Déchu tâcha de trouver ses mots. D’une certaine manière, un Rehla n’avait pas à savoir ce qu’était la curiosité. Les réponses lui venaient naturellement, certainement parfois même sans qu’il en ait réellement besoin. Pour quelqu’un atteint de son mal, c’était différent, une maladie permanente, qui le rongeait doucement. Dans un sens, oui, c’était difficile à vivre. Mais d’un autre côté, obtenir une réponse agissait sur lui comme une drogue. Là où certains se contentaient d’un « Oh. » intéressé, lui y concevait un plaisir presque malsain, une satisfaction sans commune mesure. Peut-être que la curiosité était le prix à payer pour éprouver cette émotion si particulière.

-« Ce n’est pas… Difficile… C’est obsédant. Ça à tendance, même, à me détourner du plus important. Le comble, c’est que parfois, ça me détourne d’une autre réponse, et je dois faire des choix. Il n’y a pas si longtemps, je pense que je vous aurais envié, ton père et toi. Mais ça me priverais de cette tension, et de cette délivrance quand j’arrive à clore une question. »

Il enjolivait un peu les choses, mais dans les grandes lignes, on s’y retrouvait. Un mélange d’addiction et de frustration, qu’il parvenait plus ou moins bien à contrôler dans ses bons jours. Lorsqu’il eut, lui aussi, à répondre à une question, le Rehla perdit un peu de son enthousiasme. Il retrouva tout son sérieux, et écouta son récit. Finalement, Luka lui-même n’avait pas grand-chose à voir avec la décision de participer à ces épreuves – pas si inoffensives que ça, par ailleurs – puisque c’était son fils qui l’avait inscrit. Ça pouvait expliquer certaines choses. Durant une paire de secondes, ils poursuivirent leur marche en silence, jusqu’à ce qu’Eerah s’enhardisse de quelques mots.

-« Je vois… »

Sean n’avait pas de mauvaises intentions. Et de toute manière, avec ou sans yeux, on l’imaginait mal œuvrer pour autre chose que le bien de son père. Non, il avait fait ça, parce qu’il croyait que cela pourrait l’aider. Et de toute évidence, il en souffrait au moins autant que Luka. De par sa nature, il comprenait mal que le savoir puisse nuire à ce point aux Rehlas. Mais s’il était une chose qui lui était plus que familière, c’était la douleur, et la nécessité de recourir à des subterfuges, à des leurres, pour se faire croire, pour tromper son esprit. Et de bien des façons, combattre et repousser ses limites était souvent le recours idéal. Personne n’aurait pu s’attendre à ce que les Aethers avaient fait, personne n’aurait pu imaginer à quel point ces épreuves seraient dures, non pas à remporter, mais simplement à affronter.

-« Peu de gens auraient le courage de se remettre en question, quand de nombreux en auraient besoin. Mais je ne pense pas que ça soit ton cas. Ces esprits ont fait preuve de cette cruauté si propre à leur statut d’êtres divins, et je doute que même tes étoiles auraient pu l’envisager. Le plus important et ce que j’entends dans tes paroles, c’est que tu aimes ton père. Et ton père le sait, car il t’aime aussi. »

En posant sa main sur l’épaule de l’enfant, il le ramena doucement contre lui. Jamais à son âge il n’aurait pu supporter un tel fardeau, et il le faisait avec vaillance. Ce petit avait l’étoffe d’un grand homme. Soudain, il sentit Sean se redresser légèrement, et l’entrainer dans une direction. Sans un mot, Eerah suivit le mouvement. Suivre le Rehla sans poser de questions devenait presque une habitude. Ils sortirent du flot continu de passant pour s’engager dans une ruelle parallèle. Les bâtiments alentours les protégeaient d’une partie des bruits de la foule et des épreuves, livrant un nouvel aspect d’Utopia, la ville telle qu’elle était lorsqu’aucun dieu ne prenait l’envie d’y organiser un tournoi ; y transitaient à peine une dizaines de personnes, toutes très afférées, pressées, et complètement désintéressées du reste du monde. Personne ne leur prêtait la moindre attention, pas plus qu’à la jeune fille qui sanglotait, prostrée dans un recoin sombre. Devinant les intentions du garçon, il marcha à sa rencontre.

-« Tu as un problème, petite ? Qu’est-ce qui se passe ? »

Deux questions des plus normales, surement deux questions qu’il n’aurait jamais posées si ça n’avait été pour Sean. Ce gamin lui donnait envie d’avoir l’air plus avenant, plus héroïque qu’il ne l’était réellement, comme s’il cherchait à l’impressionner, d’une manière ou d’une autre. La fillette, elle, ne leur répondit pas tout de suite, hoquetant sans fin en essayant d’aligner quelques mots. Le Déchu aurait été prêt à parier que son bandeau la perturbait, il avait l’habitude. D’une poussée, il engagea le garçon à lui parler. De par son âge et sa candeur, il était bien plus proche d’elle, et surement bien plus enclin à trouver de quelle manière l’aider.



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Ven 27 Déc 2013, 12:23

« Je comprends … » Sean était amère et pas pour rien. Il comprenait le déchu, plutôt bien même, puisqu’il ressentait à peu près la même chose et tout l’inverse à la fois. De temps à autres, lui aussi avait des envies, il avait envie de partager son savoir, se rendre utile autrement que par des moyens détournés qui l’empêchaient de s’exprimer clairement, mais il ne pouvait pas. Il risquait bien trop gros à enfreindre les règles et pour m’avoir vu souffrir des conséquences de mes actes, suite à l’obtention forcée d’un savoir qui n’était pas à ma portée, il savait qu’il devait à tout prix garder ce savoir pour lui, aussi frustrant cela pouvait-il être.

En un sens complètement éhonté par ses propres actions, il vit un grand réconfort dans les mots d’Eerah. Sean savait, alors forcément cela enlevait un certain impact aux mots qu’on lui disait … Ce qui était là aussi une plaie, que n’aurait-il pas donné pour être en mesure, une seule fois, de pouvoir écouter un compliment sans avoir quelques preuves par les Etoiles de la justesse et du taux de flatterie dans les quelques mots. C’était un enfant bordel, personne n’y pensait à ça ? Mais Sean apprécia réellement le compliment et, pour une fois, il parvint à faire fi des commentaires des Etoiles, comme s’il était assez fort pour les ignorer et il prit ces quelques mots vraiment à cœur. Un sourire indéfinissable se dessina sur sa bouille d’ange et il cru sauter aux bras de l’ange pour le remercier. Bien sûr, il ne le ferait pas, trop civilisé qu’il était, mais l’envie était là et il se doutait qu’Eerah n’en louperait pas une miette ! « Merci ! » Ouais, c’était déjà bien mieux que rien du tout, surtout avec la sincérité et la spontanéité avec lesquelles ce mot avait été prononcé !

Lorsque Sean ressenti la détresse de quelques Etoiles, tout son monde changea en un instant et il se dépêcha de rejoindre la destination qu’elles lui indiquaient. Un peu comme pour Eerah, ce genre d’appel le taraudait et il ne pouvait dire non, il mourait d’envie de savoir ce qui pouvait bien intriguer les Etoiles et les mettre dans cet état et il ferait tout pour comprendre. Ils arrivèrent alors jusqu’à une petite fille qui pleurait à chaudes larmes. Sean comprit alors, bien qu’il n’aurait pas du être capable de faire ce genre de raisonnements – preuve qu’il ratait parfois des parties énormes de son enfance – car on ne laissait pas un enfant derrière soit, seul, à pleurer. C’était un des pires affronts que l’on pouvait faire et qui pouvait bien atteindre les Etoiles. Curieusement, les Aetheri en revanche, cela ne semblait pas les atteindre grandement, ce qui en disait long sur le soutien qu’ils apportaient au monde. Sean avait bien envie de leur hurler dessus, eux qui étaient capables de faire des miracles pour impressionner les mortels et satisfaire leur égo, mais qui n’étaient pas foutus de faire le bien autour d’eux sans rien demander en échange. En fait, les dieux n’étaient que des génies un peu plus puissants que les autres, ils en avaient le cachet en tout cas …

Soudain, il fut poussé en avant par le déchu. Sean émit un petit grognement, signe qu’il n’était pas tout à fait d’accord avec ce changement de plan, mais il opina sans vraiment broncher. Elle devait avoir à peu près le même âge que lui, en apparences du moins et le gamin s’accroupi à sa hauteur pour lui demander « Hé … Comment tu t’appelles ? Moi c’est Sean ! » Il attendit une première réponse de la fillette, espérant que cela l’aide à briser la glace, puis il reprit « Lui c’est Eerah, il est très gentil aussi tu sais … Dis, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Pourquoi tu es si triste ? On n’aime pas voir les gens tristes nous tu sais … » C’était vrai en un sens, mais en temps normal Sean ne pouvait rien y faire, malgré tout le savoir qu’il avait en lui et qui pouvait sûrement aider les autres. Encore quelque chose de bien frustrant pour lui, soit dit en passant … Et puis, il avait vécu pendant des siècles avec les Etoiles comme seule compagnie, alors il était toujours un peu rouillé pour ce qui était des relations humaines ! Il espérait néanmoins avoir des réponses, car même s’il n’avait qu’à demander aux Etoiles pour savoir, il ne pourrait transmettre ce savoir à Eerah qui lui devait l’apprendre par d’autres moyens … C’était vraiment compliqué d’être Rehla et sociable en même temps !
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Eerah
Ven 03 Jan 2014, 18:36

Le Déchu écoutait, à moitié amusé et attendri par le petit dialogue qui débutait. Sean n’avait pas l’air plus à l’aise que lui, d’un point de vue relation humaines, mais il avait le mérite d’essayer, et ça semblait marcher. Doucement, les pleurs de la jeune fille s’adoucirent, pour finalement se transformer en courts sanglots étouffés. S’enhardissant de quelques pas, Eerah s’approcha et plia les genoux pour se mettre à sa hauteur. À peine était-t-il un peu plus près qu’il remarqua une odeur familière ; c’était ténu, mais elle sentait le loup et la meute, comme Ophalee. Mais loin de la bête que cachait la reine, c’était encore un louveteau apeuré que renfermait la fillette. Elle trépignait sur ses pieds en essayant de parler, sans que les mots ne franchissent la boule qu’elle avait dans la gorge. C’était dans ces instants qu’il regrettait sa vie d’Orisha, un peu d’empathie lui aurait été  bien utile.  Sans la presser, il posa une main réconfortante sur son bras, et lui parla doucement.

-« Tout va bien. Je m’appelle Eerah. Sean et moi, on veut t’aider. Tu peux nous dire ce qui s’est passé ? »

Il aurait pu simplement lire son esprit, arracher toutes les informations dont il avait besoin, et c’est certainement ce qu’il aurait fait, si Sean n’avait pas été à ses côtés. Quand il faisait partie de la Garde d’Avalon, c’était la procédure standard quand quelqu’un venait quérir de l’aide. Les récits étaient trop influençables par les émotions. Le moindre sentiment de haine ou la plus petite trace d’amour faisait basculer complètement la réalité d’une histoire. Mais c’était loin d’être agréable pour l’individu concerné, pour un peu qu’on le prévienne de ce qui l’attendait. Le reste du temps, ça restait une violation de l’intimité profonde. Une petite fille n’avait rien à cacher, mais ne méritait pas ce traitement ; et surtout, il n’avait pas envie de passer une fois de plus pour un monstre, surtout pas devant le garçon. Il s’assit en tailleur devant l’enfant, et l’invita une nouvelle fois à se confier. Dans un hoquet tremblant, la jeune fille finit par parler.

-« C-c’est leur faute… Plip il avait rien fait... Et ils l’ont pris ! Le grand avec les autres… Ils ont emmené Plip dans le désert, et P-P-Plip il connait pas le désert, il va se perdre… Il est pas méchant, Plip, pourquoi ils l’ont pris ? Uuuuh… »

S’il s’agissait d’un enlèvement, c’était bien plus grave que ce qu’il pensait. D’autant plus que le désert n’était vraiment pas un endroit des plus hospitaliers. Le peu qu’il avait eu à traverser pour rejoindre la cité humaine l’avait épuisé. Autant dire qu’un enfant lâché dans l’immensité sableuse n’avait pas longtemps à vivre. Le plus calmement possible, il demanda :

-« Qui est Plip ? C’est ton petit frère ? »

La petite fille renifla plusieurs fois, secoua vivement la tête avec un ton misérable :

-« Uhh… N-nan… Plip c’est mon ami, c’est un lapin… Il est très gentil, et très intelligent en plus ! Alors que les autres, ils sont méchants, et bêtes ! Je veux revoir Plip… Papa et Maman ont dit qu’on partirait ce soir, et je sais pas où est Plip… Il doit avoir peur…. »

Alors qu’elle recommençait à pleurer, Eerah se redressa sur ses jambes. C’était finalement moins grave que prévu, mais d’une manière ou d’une autre, hors de question de rebrousser chemin maintenant qu’il pouvait avoir l’air de quelqu’un de bien. Il promit à la jeune fille qu’ils retrouveraient, et emmena Sean un peu à l’écart. C’était maintenant que ses capacités de Rehla allait pouvoir trouver tout leur sens. Peut-être qu’il avait même déjà une idée de là où se trouvait le fameux « Plip ».


Écrire à tes côtés fut un honneur, Renfield.


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