Les Sirènes

Siruu Belhades | Aphrodite Altais

Des jours et des jours à marcher, elle n'en pouvait plus.
Relevant son chapeau maintenant rouge et époussetant un peu sa longue robe fendue, ses yeux bleues se posèrent sur l'architecture étrange qui se dessinait doucement devant elle. Un sourire satisfait se posta sur son visage alors qu'elle vint à s'appuyer lentement sur sa canne et souffler. Enfin un peu de civilisation. Les rires qui s'échappaient des murs, la puanteur de la transpiration qui suintait des murs par endroit, les cris de quelques enfants et le piaillement de quelques femmes lui donnaient goût d'aller s'amuser un peu elle aussi. Forçant ses jambes à reprendre la route, elle passa dans les ruelles doucement, se laissant regarder de haut en bas par son accoutrement pour le moins voyant voir provocant.
La belle rousse avança jusqu'à tomber sur une auberge qui lui donna l'envie d'aller y jeter un coup d'oeil et s'assit à une table d'hommes en train de jouer. Remontant une jambe par dessus l'autre, elle posa les mains sur la table et leur lança un défis, celui de la battre à quatre contre un.
Commandant par la même de quoi se sustenter, la sorcière, grâce à sa tenue et quelques gestes, parvint à les faire tomber un à un dans son piège, les forçant à la laisser gagner pour avoir ses faveurs.

Elle n'était pas des plus belles femmes qui soit, ni des plus charismatique, mais elle savait comment diriger le regard et l'attention des hommes sur elle et c'était ce qui faisait la différence. Alors avec beaucoup de temps et un peu d'ingéniosité, la belle rousse se fit payer le repas et offrir une chambre payée également. Un petit sourire, un baiser sur la joue, puis elle se hâta, après avoir non seulement finit et gagner la partie, mais surtout terminé son repas. Poussant la porte de la chambre que l'un des hommes lui avait indiqué, elle déposa sur une chaise son chapeau et sa canne et se laissa tomber dans le lit, l'avant bras sur le front, les yeux rivés vers le ciel au travers de la fenêtre.
Lentement, son esprit se laissa emporter par ses songes et elle ne se réveilla qu'au lendemain midi, descendant après avoir fait sa toilette rapide, réajustée sa tenue et ses cheveux et se présenta à l'aubergiste en lui demandant de lui garder la chambre dont elle donna le numéro, puis se balada un peu pour en savoir davantage sur la vie d'ici.
Ce n'est qu'au soir qu'elle retourna à l'auberge et en posant les pièces sur le comptoir et observa une scène pour le moins étrange. L'aubergiste était en pleine discussion avec un jeune homme bien étrange, mais pas si inconnu que cela de la sorcière. Quelque chose en lui l'attirait, comme lorsqu'elle s'était baladé dans la prison pour aider à la reconstruction et à la recherche d'une solution contre les étranges fleurs. Un sourire s'accrocha à ses lèvres puis elle le suivit du regard aller déranger un soûlard. Pouffant, sans avoir vraiment l'envie de l'aider, elle se dit que peut-être il aurait quelque chose à lui apprendre d'intéressant. S'approchant à pas de loup, elle toussota légèrement pour attirer son attention tout en détaillant sa tenue et sa dégaine. Il sortait du lot, il n'était pas d'ici, tout comme elle.
Aphrodite parla alors.

- Excusez-moi, peut-être que si vous me fournissez des informations croustillantes, je pourrais vous trouver de quoi dormir au moins ce soir.

Les mains dans le dos, elle avait son chapeau sur la tête et la canne dans ses doigts qu'elle faisait tourner tout doucement, plus par habitude que nervosité. En revanche, sa curiosité lui avait permis d'apprendre la manière dont se faisait appeler l'homme qu'elle venait d'interpeller : Juuka.
De ses yeux bleus, l'ont pouvait voir la curiosité et en même temps l'amusement. Elle avait envie de jouer encore un peu avec les hommes, au moins autant qu'il le faudrait pour ne pas s'ennuyer. Lorsqu'il serait temps, elle repartira aux côtés du Démon séducteur. Il n'y avait pas un jour où, depuis leur chasse, elle ne pensait pas à lui. Ses mouvements, son charisme, sa force, sa voix et cet air de folie qui lui allait si bien. C'était ce qui lui manquait le plus ces jours-ci, un partenaire de jeu morbide, quelqu'un pour distribuer gratuitement la souffrance et la peur. D'un côté, elle espérait beaucoup de ce jeune là, qu'il lui dise qu'il voulait tuer, elle l'emmènerait, qu'il lui dise qu'il voulait faire souffrir, ils trouveraient leurs victimes.

Doucement dans ses doigts, ne tenant sa canne que d'une main maintenant, quelques secondes après la fin de sa phrase, Aphrodite créa une petite rose de glace qu'elle présenta au dénommé Juuka dans l'espoir qu'il vienne avec elle à table.

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Les Sirènes

Siruu Belhades | Aphrodite Altais

La tenue pour le moins atypique du jeune sorcier en face d'elle, puisqu'elle doutait qu'il puisse en être autrement, son sixième sens féminin sans nul doute, l'intriguait grandement. Elle n'avait jamais vue un homme qui portait un masque comme le sien et qui cherchait malgré tout à communiquer. Pour le reste, personne dans l'assemblée présente ne semblait s'en soucier. Une chance pour ce jeune homme. Sagement, elle écoutait ce qu'il avait à lui répondre quant à sa question première. Elle n'offrait jamais rien gratuitement, et si elle pouvait trouver un peu de sport macabre dans ce lieu, ça n'en serait que plus plaisant. Voyant qu'il prêtait l'oreille à l'ivrogne dans son dos, elle chercha à distinguer les dires de ce dernier mais ne pu rien entendre à cause du vacarme ambiant. Qu'à cela ne tienne, s'il y avait quelque chose d'intéressant, son nouveau camarade de jeu le lui dirait probablement. Il paraissait tellement dans le besoin d'obtenir une chambre, un espèce de logis ou au moins un lieu paisible où dormir, qu'elle s'amusait d'avance à sa tête si finalement elle lui refusait le gîte.
Finalement, elle eu une information pour le moins étonnante et amusante. Des sirènes séviraient dans les parages. Une chance, elle qui voulait absolument obtenir vengeance contre elles depuis l'état de la prison quelques temps plus tôt. Jamais elle ne s'en remettrait, voir ainsi leur lieu de refuge, le trône de son roi, mis en décadence ; intérieurement, la belle rousse bouillait d'impatience de les tuer, mais une chose à la fois. Il avait accomplit sa part du marché. Ou, pas tout à fait ? Il proposait d'exécuter des personnes juste pour une chambre ? Voilà qui était intéressant. D'une manière général, Aphrodite appréciait les hommes qui savaient mettre leurs intérêts en avant. Elle s'amuserait bien, elle en était convaincue. Aujourd'hui n'était pas un si mauvais jour que cela visiblement.

- Entre nous, votre information et votre service m'intéresse. J'aime bien les hommes qui ont des tripes. Allons discuter au calme voulez-vous ?

Lui faisant un petit signe de main pour lui demander de le suivre dans sa chambre, elle ne fit qu'un petit clin d'oeil au propriétaire et laissant cliqueter une pièce sur le comptoir. Elle aimait être juste, si un nouvel individu se permettait de dormir, même dans une petite chambre, plus que ce que l'établissement pouvait compter, il devait payer sa part. Et puis, un rendu pour un rendu, plus tard peut-être aurait-elle besoin des services de l'aubergiste et elle lui ferait se rappeler de sa piécette.
Avançant en guettant que l'homme la suive, elle poussa une petite porte et dévoila une chambre propre, un lit fait et une petite sacoche sur la table de chevet d'où se laissait entrevoir une somptueuse étoffe.

- Voici où nous dormirons. Je n'ai que cela mais, c'est toujours mieux que la rue.

Se voulant charmeuse, elle fit un petit geste élégant de la main pour replacer ses mèches derrières ses épaules, les dévoilant parfaitement. Le lit semblait suffisamment grand pour accueillir deux personnes, mais il ne fallait pas être particulièrement pudique, ce qui était le cas de la jeune femme, surtout quand son intérêt primait, la sorcière savait mettre toutes les chances de son côté.

- Pour ce qui est de l'histoire des sirènes, ça m'intéresse. Et puisque vous m'avez offert le luxe d'un petit travail, je vais vous demander de m'accompagner dans cette chasse aux femmes poissons. Mais, nous verrons ça probablement demain, ce soir, prenons le temps de nous connaître un peu pour être capable de travailler en duo efficacement demain voulez-vous ?

Aphrodite ne laissait pas énormément d'autres options à son homologue et trouvait ce jeu de plus en plus amusant à mesure que les minutes défilaient. Elle laissa ses yeux bleus se porter dans ceux de son vis-à-vis, puisqu'elle ne pouvait discerner de son visage que ça. Etrange masque, mais elle verrait ça un peu plus tard, ça n'aurait pas d'incidence sur leur jeu plus tard.
Prenant le temps de poser sa canne à côté de sa petite sacoche contenant son étoffe, la rousse soupira un instant, ce n'était pas aussi palpitant qu'aux côtés d'un démon, mais elle se souvenait d'une bonne aventure avec un sorcier, elle espérait que celle-ci le soit tout autant, si ce n'est plus, mais au fond d'elle, la sorcière savait que rien n'égalerait la tuerie avec l'enfant des ténèbres.

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Les Sirènes

Siruu Belhades | Aphrodite Altais

La demoiselle guetta un signe quelconque de la part de son compagnon de route, quelque chose qu'elle parviendrait à percevoir par delà le masque, par delà sa simple impression. Elle ne serait pas forcément déçu du voyage, peut-être juste s'ennuierait-elle un petit peu, et ce n'était pas le plus gênant. Mais l'histoire des sirènes, si elle était avérée, serait un bon moyen pour faire payer indirectement les responsables de la chute de la Prison.
Serrant malgré elle son poing lorsque son arme fut posée, la rousse écouta avec la plus grande attention les paroles de l'homme avec elle. Il parla de la probabilité grandissante que l'ivrogne n'ai donner cette information que pour se rendre intéressant. Elle se concentra sur sa réflexion avant d'enregistrer le reste. C'était tout à fait possible qu'elle se trompe, que se ne soit qu'une petite histoire de vengeance, et surtout, que la femme qui voulait garder le Sceptelinost à peu près comme un lieu normal n'avait pas du prêter attention à cette histoire.

Aphrodite regarda Siruu s'asseoir sur le lit avec calme et détachement. Son attitude montrait clairement qu'il se fichait éperdument de devoir partager son lit avec une dame, elle plus qu'une autre. Posant une main sur l'une de ses hanches, la sorcière fit mine de réfléchir davantage.

- J'ai une dent particulière contre les Sirènes, oui, et je respecte plus que tout mon Souverain. C'est que, pour un homme de pouvoir, il reste impressionnant contrairement à beaucoup.

Venant récupérer l'Étoffe dans sa sacoche, elle la passa sur ses épaules pour se prémunir du froid du début de soirée. Elle brillait et paraissait sortit tout droit d'une maison riche. Mais elle était aussi magique et la protégerait si besoin était.

- Pour ce qui est de la véracité des propos de l'ivrogne, on mènera notre enquête. De toute façon, je n'ai rien de mieux à faire, et même si j'aime jouer aux cartes avec des gros lourds, ce n'est pas ça qui satisfera ma soif de sang.

Comme une réponse à la petite indication que son homologue venait de lui donner sur son ethnie par ce qu'il pensait de la capitaine de la garde, la rouquine venait aussi de lui montrer qu'elle était sauf du côte de la magie blanche.

- Après pour demain, je propose de nous rendre où ce charmant monsieur s'est fait avoir et chercher des indices dans la ville. Les rumeurs circulent vite à Sceptelinost, à défaut d'être véridique. Et concernant cette magicienne, je vous promet que si nous la croisons, nous lui referons le portrait.

Venant s'asseoir à son tour sur le lit, à l'opposé de Siruu, la sorcière écouta un instant le calme de la pièce et la résonance du brouhaha ambiant du soir l'étage d'en bas. Elle aimait ces atmosphère où la vie battait son plein, ça lui permettait d'oublier un peu son angoisse lorsqu'elle était seule dans la nuit.
S'allongeant dans le lit sans plus rien ajouter, elle attendit de le sentir faire de même pour laisser son esprit s'égarer un peu dans le monde des rêves où le sang et la terreur lui était ses plus doux rêves.

Rien ne semblait vouloir troubler la nuit, sauf quelques rues plus loin, les Sirènes refirent parler d'elles, et au petit matin, la nouvelle alla bon train grâce à un crieur qui se faisait une joie de délivrer son scandale.

Ce fut ces étranges sons, ces voix et cet attroupement à l'extérieur de l'auberge qui réveillèrent à l'aube la jeune femme. D'un air un peu endormit, Aphrodite s'étira doucement, sortant lentement de sa torpeur où le sang n'avait pas été que son lot de tendresse.
Cherchant à comprendre les nouveaux événements qui animaient la ville, elle se redressa dans le lit, posa ses pieds au sol et enfila ses chaussures avant de venir se pencher à la fenêtre et de l'ouvrir en grand, sans savoir si Siruu était déjà debout et en train de s'informer ou manger.
Encore dans la brume, elle se frotta les yeux et fixa l’attroupement en soupirant. Comment pourrait-elle comprendre quelque chose s'il y avait autant de badauds qui entouraient le crieur. Tendant l'oreille, elle n'eut que le brouhaha ambiant et rien de plus. Mais il s'était passé quelque chose d’intrigant. Il n'y avait que rarement un tel rassemblant pour une histoire sans intérêt.

- En route pour la chasse…

Fit-elle soudainement avant de resserrer sur ses épaules l’Étole de Lady Thorne.

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Les Sirènes

Siruu Belhades | Aphrodite Altais

Toujours un peu ailleurs, Aphrodite espéra encore pouvoir entendre quelque chose en restant ainsi accoudée à la fenêtre de leur chambre. Ses yeux s'habituèrent petit à petit au jour naissant, ses oreilles se tendirent un peu plus, cherchant à capter quelques phrases de ça de là mais rien de bien intéressant autre que les commérages des passants. La voix du crieur, bien que forte, était trop couverte par les imbéciles et leurs réactions.
Relâchant la tension dans l'un de ses bras, la jeune femme écouta les mots de son compagnon de route qui lui la remarque que ça devait être quelque chose d'important à entendre, peut-être même en rapport avec leur histoire. Il fallait en avoir le coeur net et c'est lorsque la porte de la pièce claqua qu'elle se retourna. Un sourire amusé se grava sur son fin visage puis elle passa sa canne à sa ceinture et prit la même voie que le sorcier. Faisant un petit signe à l'aubergiste qui était déjà en train de tout préparer pour le début de sa journée, la rousse poussa la lourde porte de l'établissement avant de tenter de se frayer un passage entre les badauds pour se rapprocher du crieur et entendre sa voix.

Ce qui attira son attention ce ne fut pas les derniers mots prononcer par l'homme qui ne faisait que remplir son rôle, mais bien le visage souriant d'un homme tapis dans l'ombre derrière cet amas humain qui s'éclipsa en croisant les yeux bleus de la jeune femme. Le sourire d'Aphrodite s'agrandit. Ce jeu promettait d'être des plus intéressant, contrairement à ce qu'elle avait pensée de prime abord.
Guettant un signe de la part de son complice de jeu, la rouquine remarqua sa silhouette un peu plus loin, plus proche du crieur qu'elle encore. Peut-être avait-il entendu plus de chose qu'elle sur cette histoire.

Lorsqu'elle fut à sa hauteur, elle posa une main délicate sur son épaule pour signifier sa présence et lui adressa quelques mots.

- Allons discuter plus loin voulez-vous ?

Loin de cette cohue, loin de cette foule d'idiots.
Serrant fort contre elle son Etoffe, la belle sorcière aiguilla leur sortie d'entre toutes ces personnes et le guida dans une petite rue à côté.

- Vous avez apprit quelque chose d'intéressant ?

Sa voix avait une pointe d'amusement, comme si toute cette agitation avait ouvert son appétit de sang et de meurtre. Et puis, si c'était réellement des sirènes, ça ne serait que vengeance légitime et un petit coup porté à ce peuple. Elle n'aimait pas ces femmes, ni même les hommes de cette race, en particulier car ils étaient charmeurs, beaux et pouvaient respirer sous l'eau et dans l'air, mais aussi après ce qu'il s'était passé à la Prison. Jamais elle ne pardonnerait. Elle était rancunière, surtout lorsqu'on s'attaquait à ce qu'elle aimait pour ce que ça lui apportait. Les Sorciers étaient sa raison d'être, une façon de devenir plus fort, de gouverner, de soumettre et de profiter. Elle ne doutait pas que si un jour elle devait laisser sa vie, elle pourrait devenir une de ces démones de l'envie ou de la tentation.

Ecoutant attentivement ce que pourrait lui apprendre Siruu, elle enchaîna lorsqu'il eu terminé.

- Derrière la foule dans un coin de rue sombre j'ai aperçu un homme, ou du moins un individu étrange qui s'est éclipsé lorsque nos regards se sont croisés. Je me demande si ce n'est pas un complice de nos sirènes.

Laissant un minuscule temps de pause entre ses paroles et les suivantes, Aphrodite saisit sa canne de sa main droite et la fit résonner sur le sol.

- Pour le reste, je crois avoir oublié les formalités d'usage. Je me prénomme Aphrodite, enchantée.

Bien qu'elle était loin de l'être, les formules avaient bien souvent leur importance.
Sans savoir réellement par où commencer, elle se rappela de l'ivrogne de la veille. Il fallait commencer par là, mais avant tout, il fallait savoir où se trouvait sa maison ou sa boutique s'il en avait.
Elle attendrait en espérant que son camarade fasse preuve d'un peu d'initiative et l'amuse. Elle en avait besoin ces temps-ci, Mystère était trop rabat-joie.

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