Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Partagez
 

 ¤ Les Sirènes ¤ ( Solo )

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Ven 30 Mai 2014, 22:10

« Mais pourquoi j'dois vous accompagner ? Pas envie. » clama le démon avec arrogance, croisant jambes et bras, soufflant avec insistance, de telle sorte que l'ange dans la pièce juxtaposée s'apprêtant à partir pour cette courte balade puisse l'entendre avec clarté. Le blondinet ne semblait pas quant à lui particulièrement soucieux de l'attitude insolente du démon, s'étant fait à ses sauts d'humeur constants mais arbitraires, et préféra donc s'affairer à la tâche en toute banalité. Il enfila une tenue légère, brillant de par ses couleurs chatoyantes, prépara des vivres et quelques autres babioles nécessaires à un tel voyage et s'engouffra dans la cuisine pour achever le repas fumant qu'il comptait déguster avant le grand départ.

La réprouvée restait quant à elle enfermée, apeurée mais désespérément anxieuse de retourner en territoire réprouvé qu'elle avait, pour son plus grand désarroi, jamais eu la chance d'explorer aussi minutieusement qu'elle l'aurait souhaité. C'était là un grand rêve que de vivre en territoire réprouvé et y exercer plus qu'un simple métier de roturière. Non pas qu'elle eusse de grandes ambitions ce concernant, mais soyons honnêtes, cette ville, son essence, son espace, ses habitants, ses apparats … En somme tout ce qui pouvait avoir de lieu ou de près un lien avec la capitale réprouvée, fascinait la petite au plus haut point.

Non pas qu'elle n'ait jamais ressenti de genre d'élans passionnés auparavant, mais ces derniers se virent toujours réprimés par des mésaventures qui se faisaient souvent sujets de disputes pendant des semaines voire même des mois, ou encore des catastrophes liées à son engeance qui la firent, en quelque sorte, lui porter rancune jusqu'à voir la réalité en face et s'y contrecarrer. Elle n'était pas dupe, elle savait qu'elle devrait s'accepter elle-même un jour ou l'autre, mais elle n'avait jamais fait preuve d'assez de maturité pour s'y essayer. Du moins, pas avant ce jour. L'influence d'Aimé n'avait-elle peut-être pas apporté que malheur finalement, ayant vu dans le regard de ce dernier une certaine dévotion, même si ce n'était aucunement au roi des réprouvés de l'époque qu'il la destinait. Maintenant, son tour était venu et elle espérait entrer dans les grâces des plus puissants, sans jamais revêtir le rôle principal, se satisfaisant du statut de ''servante'' dans les coulisses de ce grand spectacle.

Nao reprit de plus belle la conversation, plutôt que des réflexions insensés et incongrues, charriant toujours un peu son ''petit'' ami qui de son côté n'appréciait qu'à moitié ses paroles pleines d'ironie. « Personne ne t'a demandé de venir, Kai. Je me débrouillerai très bien sans toi, avec Sherry pour seule compagnie. Le voyage n'en sera que plus plaisant. » articula-t-il d'un air taquin, la provocation se lisant  irrémédiablement sur ses traits fins, le tout avec la ferme conviction que son jeune interlocuteur ne resterait pas de marbre face à de telles remarques. Nao, de retour dans ce qui était pour le moment son domaine dans la bâtisse, tournoyait le mélange aqueux et les légumes découpés en rondelles, heureux d'entendre éclater derrière lui des râles incessants de la part du beau garçon à la crinière noire d'ébène, tapant du pied les coins de la table dans le bois sculptée. Il y ajouta une pincée de sel, découpa quelques oignons de plus pour y ajouter. Secouant un récipient plein d'un mélange d'herbes aromatisées préparé par ses soins - des herbes qu'il trouvait à proximité et qu'il reconnaissait grâce à des ouvrages de cuisine qu'il s'était efforcé d'apprendre sur le bout des doigts - il en renforça le goût, lui donnant ainsi la teneur parfaite.

Un rictus occupait son visage tandis qu'il remuait le mélange homogène, fière, candide, et qu'une silhouette, malveillante et pleine d'envies qu'elle-même voudrait chasser - s'approchait dangereusement de lui. Le plaquant violemment contre le plan de travail qui lui servait de seul appui alors que ses orbes perçaient les siennes avec passion, Kai se pencha pour le superposer. Leurs souffles s'effleuraient, leurs mèches se mélangeaient entre elles. Impossible de lire dans les yeux l'un de l'autre autre émotion qu'une certaine attirance que tous les deux semblaient renier jusqu'à un certain point : Kai interprétant cela comme une humeur passagère dont l'élément déclencheur ne serait autre qu'un plan machiavélique mis en place par Nao ; celui-ci, déjà plus terre à terre, acceptant avec mépris et amertume la triste réalité qu'il essayait de changer du mieux qu'il pouvait par de vaines tentatives qui comme l'indique le mot, s'achevaient toujours par de cuisants échecs. « Ne dépasse pas les bornes, blondinet. Tu n'as rien à faire aux côtés de Sherry et j'te laisserais pas lui mettre tes salles pattes dessus ! » exclama-t-il avec agacement en rapprochant toujours davantage son visage de celui de son interlocuteur, histoire de lui inspirer la peur ou la crainte qui outre ce geste, n'était aucunement présente.

Il était loin de s'imaginer les frayeurs que traversait Nao en sa qualité d'ange, à quel point cela relevait de la torture que d'aller ainsi à l'encontre de ses principes tout en sentant au fond de soi qu'on ne peut s'y empêcher. Il était aussi bien loin de le connaître aussi bien que le blondin le connaissait lui, croyant encore qu'il portait, à l'égard de leur maîtresse commune, des intentions mesquines qui étaient pour lui au final d'importantes angoisses. Il tentait de les masquer sous le masque de la jalousie mais ce qu'il n'avait pas comprit c'est que cette dernière, n'étant envers Sherry rien d'autre qu'un sens de protection quasi aveugle, était en réalité dirigée vers l'ange, personnage qu'il injuriait sans cesse malgré les nombreuses marques d'affection qu'il pouvait esquisser de temps à autres. Nao étouffa un rire moqueur à l'écoute de ses paroles. Il lâcha non pas sans une certaine vulgarité, articulant dans sa barbe pour cacher un désespoir dissimulé dans une ironie encore plus évidente, lui qui avait pourtant l'habitude de rester discret, dans la mesure du possible : « Ce n'est vraiment pas pour elle que tu devrais t'inquiéter et ce n'est pas tant elle qui doit me craindre … Tu es d'une lenteur monumentale, pauv' démon. »

Chassant alors l'emprise qu'avait sur lui cette copie douteuse d'un malfrat, laissant ce dernier ahuri par la même occasion sans avoir pu entendre distinctement ses propos, il s'en alla chercher la demoiselle, recluse dans sa chambre close. La conversation s'enchaîna avec grand naturel malgré le fait qu'aucun échange ne se fit entre les deux amis, qui à chaque événement un tant soit peu ''chamboulant'' entre eux, décident d'arrêter tout contact avant que cette ardeur ne s'apaise. C'était au moins une façon sûre de procéder, eux qui n'avaient pas de mal à se martyriser tant que cela leur empêchait des maux inutiles que l'amour était le seul à pouvoir leur procurer. « Je n'arrive pas à croire qu'il soit revenu uniquement pour me remettre ça … Il faut avoir un sacré culot quand même … ou alors une envie encore plus grande de ne pas me revoir » énonça-t-elle d'un air dépité  pour commencer, alors qu'elle désignait de sa main libre une enveloppe déposée sur la commode juxtaposée. « Ne le prends pas comme ça ! Je suis .. sûr qu'il doit avoir ses raisons de fuir ainsi et en continuité .. Nous ne savons juste pas lesquelles … » « Et vous ne les saurez probablement jamais au train où vont les choses » compléta Kai d'un naturel déconcertant et d'un ton dérisoire, comparé à celui plutôt enflammé qu'employaient ses deux amis, le petit homme ignorant de toute évidence leurs regards interrogateurs qui s'ensuivirent, pertinemment conscients que le démon détenait quelque information qu'il refusait de divulguer.

Ce serait mentir que de dire que la jeune réprouvée n'esquissa pas un rictus de répugnance ou un pleur très discret, mais elle chassa aussitôt de telles pensées, sachant qu'elles ne causeraient en lui que de la culpabilisation, sentiment qu'elle trouvait dévastateur et qu'elle ne voulait infliger à personne, si jamais le choix lui était permis. Ayant achevé les tâches ménagères du train quotidien, Nao s'empressa de saisir la jeune femme par le bras, la forçant hors du logis d'une poigne brusque mais intentionnelle que la belle réprouvée ne repoussa pas. Il ferma d'un claquement puissant la porte derrière lui, ne laissant que les échos raisonner à son passage, hanter le petit démon qui se voyait beaucoup plus altéré par ce départ qu'il n'aurait voulu l'avouer. Sherry, malgré la lenteur excessive et exhaustive dont elle pouvait parfois faire preuve, effleura de sa paume lisse et chaleureuse la crinière blonde du jeune homme, le voyant dépité d'une telle séparation, ses yeux larmoyants, un agacement clair causé par des paroles qu'un des deux, dans un accès de rage, aurait prononcé dans l'intention de blesser l'autre.

Comment en étaient-ils venus à là ? Comment leur simple opposition qu'ils cachaient sous des remarques ignorantes et déplacées parfois dans le seul but de se chamailler, en étaient-elles venues à un sentiment puissant qui grandissait jour après jour ? Depuis combien de temps une telle attraction durait-elle quand bien même elle existerait réellement ? Comment s'était-elle manifesté ? Pourquoi n'avaient-ils rien remarqué avant ce jour et qu'avait bien pu provoquer cela ? Tant de questions encore restaient en suspens dans le cœur des deux jeunes gens qui affrontaient là un fléau démentiel, une peste qui vous traverse, vous égorge, vous enflamme et que pourtant, malgré les mœurs, vous ne pouvez chasser ou empêcher de se propager. C'était cela, ils étaient tous deux malades d'une peste trop puissante pour eux et elle ne cesserait la contagion de leurs anatomies saines jusqu'à les achever de sa sainte espérance : en somme, les faire se résigner, cesser toute résistance à s'abandonner à l'inévitable. Malgré leur côté antagonique, ils partageaient au moins ce sentiment de rédemption car en plus de n'avoir pas la force d'y résister, ils commençaient parallèlement à perdre toute envie car goûter à ce délice, cette affection qui vous noie dans sa liqueur, n'est qu'un don très rare qu'il faut saisir tant qu'il reste à notre portée. Les deux jeunes hommes le savaient et commençait là un duel déchaîné et le premier à avouer ses sentiments, perdrait non seulement la bataille, mais aussi la guerre, et autant vous dire que leurs caractères de mauvais perdants ne leur permettaient pas de laisser l'avantage à l'ennemi par simple bonté d'esprit ou amourette de fortune qu'ils espéraient voir disparaître assez vite.

Quant à Sherry, elle ignorait tout des sentiments qui commençaient à habiter son ange, celui qui de par sa bonté l'avait toujours consolé, mais elle était pour le moins consciente d'une certaine affection masquée qui planait entre les deux. Elle n'était pas aveugle pour autant. C'est pourquoi, la rousse n'appréciait plus tellement de les voir se disputer de la sorte car elle savait qu'un d'entre eux finirait dans ses bras à la fin de la soirée, sans que jamais elle n'aille conter à son inverse les nombreuses plaintes et sanglots qu'elle eut à effacer. « Une petite pause, un changement d'airs vous fera le plus grand bien. Ne laisse pas ce qu'il t'a dit te tarauder l'esprit. Tu sais bien qu'il n'y a pas plus impulsif … » conseilla la réprouvée en toute bonté d'âme. « Ne t'inquiète pas pour moi, je vais bien. Et je te rassure, je le connais aussi bien que toi pour ne pas dire mieux. Mais parfois, j'ai mes doutes … » répliqua-t-il dans un ton indécis et marqué par cette multitude d'échanges tranchants, de combat à couteaux tirés ou de murailles sur la défensive …  

~1929 mots ~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 30 Mai 2014, 22:14

La ville, imprégnée d'une réputation nocive à souhait qui ne semblait pas prête de s'effacer, s'étalait au loin teinte des couleurs du soleil couchant qui la surplombait de sa superficie notable, inondant rues comme monuments de sa lumière incandescente. Une cité à visiter qui en somme n'avait rien d'enviable à ceux qui y habitaient, aucune tranquillité qu'on y envisage étant par définition un lieu de rassemblement important de matelots, pirates et autres mercenaires de la sorte qui ne cherchent que de quoi remplir leurs étendards ou leurs coffres blindés. Le voyage se fit silencieux entre les deux amis qui n'en firent que de se regarder dans le blanc des yeux alors qu'autour d'eux se faisaient sentir oscillations et hochements répétés du bateau qui les emportait. Une atmosphère pesante semblait les séparer comme s'ils essayaient tous deux de sortir des méandres de l'oubli un sujet épineux mais qu'aucun ne daignait le faire par peur de représailles.

Leur vue se tourna alors vers les ports étrangers de la presqu'île, un désordre dément, n'ayant rien de miséreux cependant, prenant possession non seulement des bâtisses y installées mais aussi de tout être qui s'y aventurait. Un endroit où les vices ne sont jamais de trop, qu'alcool et liaisons amoureuses se marient avec bonhomie, que chants et légendes parcourent les ruelles à la recherche d'un hôte qui saurait profiter d'elles. En somme, le caractère même de la débauche, de la satisfaction, du plaisir d'aimer et d'être aimé en retour pour ne serais-ce qu'une nuit, le temps de consumer la passion charnelle avant que lune et terre ne se rencontrent et ne lèvent avec eux le voile illusoire de ce culte réciproque. Les rires éclataient, le bonheur fusait de la bouche des enfants comme des plus âgés, accompagnés par les jeux musicaux des instruments et de leur frénésie, un rythme endiablé pour une ville l'étant tout autant. Sherry s'engouffrait dans ce méli-mélo d'émotions fortes et odeurs alcooliques polluant l'air de leur ébriété, essayant de garder les yeux baissés pour ne pas rencontrer ceux d'un étrange personnage doté des plus ignobles intentions. Elle avait au moins le mérite d'être méfiante, ce qui n'était pas toujours le cas pour tout le monde. Cependant, se voyant contrainte d'aborder le plus de gens possible lors du peu de temps qui lui était mis à disposition, elle s'empressa d'interroger à droite et à gauche des témoins potentiels. Toujours les mêmes questions et tristement les mêmes réponses également.

« 'Core un verre ma jolie ! » balbutia un homme avachi sur un fauteuil dans une des tavernes de la ville, entre deux braillements prononcés, essayant malgré tout de reprendre ses esprits embrouillés par la liqueur démente qu'il consommait. Les murs, empreints d'un tissu de couleur sombre que les effluves argentées des fumeries empêchaient de distinguer clairement, restreignaient les rires stridents et autres cris de stupeur que la boisson provoquait. La raison se perdait dans les rues, aussi humble et bohème qu'elle aurait pu l'être jadis, avec ses maintes leçons morales que de tout temps empêchèrent les hommes de ne courir à leur perte. Les hommes quant à eux l'empoignaient, l'abandonnaient à son sort au détriment de leurs anatomies corrompues et leurs esprits hasardeux. Des traces des lueurs d'un réverbère isolé et de sa flamme incandescente restaient pendues à ses fenêtres, à ses deux paupières à demi-closes, maintenant qu'elle franchissait le pas d'une taverne parmi tant d'autres mais toujours aussi mal éclairée.

Les ivrognes se dandinaient de part et d'autre des chemins, leur vision troublée par cette liqueur des dieux, démente, qui anéantit l'homme de l'intérieur autant qu'elle le rend prisonnier de ses effets et faveurs.  Dans les rues la nuit tombée, s'enchaînaient avec naturel grand nombre d'ivrognes sortant toujours en masse des bars les plus fréquentés comme des petites échoppes mal renommées. Dalles noires par ci, dalles blanches par là et commençait d'ores et déjà un jeu de regards, de stratégies organisées et de tentations diverses tandis que les pions, eux-mêmes, traversaient les ombres comme les parts d'ombres de l'échiquier, cette mosaïque de couleurs diluées. Dans la taverne, les chants d'ivrognes se succédaient louant les faits héroïques de dieu sait quel héros oublié, chansonnettes que la plupart des clients considéraient comme un simple divertissement plutôt qu'une activité à part entière.

Un autre répondit au premier s'appropriant la main de la serveuse, aucunement réticente de son touché. Celui qui suivit semblait, cela étant, s'exprimer avec une aise particulière n'ayant vraisemblablement pas bu assez pour voir son esprit troublé, intrus parmi tant de cadavres aux bords de l'évanouissement. « Des sirènes … Des belles sirènes aux belles formes, aux beaux cheveux, aux beaux yeux, à la belle voix !! » commença-t-il dans un état d'ébriété finalement discutable de par tant de répétitions. La conversation sembla se porter, après cette énième affirmation, sur le peuple ondin, braves guerriers des mers envers lesquels Sherry ne pouvait cacher une curiosité évidente, ce qui l'agréait au final pendant que ses recherches vaines continuaient de l'être.

Des sirènes : belles créatures, enchanteresses et à l'épatante beauté, au cœur pur et à la chair tendre ; des entités mystérieuses munies d'une queue de poisson leur permettant de dompter les eaux, les flots les plus enragées, comme les courants les plus sauvages qui un bon nombre de fois firent s'échouer les barques et les navires des hommes en lambeaux sur ses rives démentes ; elles qui gouvernent les océans d'une poigne de fer ; elles qui peuplent ces derniers et qui de leurs chants mélodieux nous ont toujours charmé ; elles qui, en se dotant de jambes telles que les nôtres pour mieux nous atteindre, se jouent même de nos nuits paisibles sur la mère terre qui dorénavant sont aussi mouvementées que celles en mer ; elles, qui de leur frimousse angélique et leurs lames acérées triomphent sur notre être lent et courbé sous le commandement des ethnies ; elles qui font frémir et elles qui sont sujets de nombreuses légendes ; elles dont on peint le portrait d'homme ou femme sous les traits d'une divinité mais dont on tient à démontrer le double visage, ange et démon des mers se réfugiant dans les domaines de Poséidon et qui malgré les apparences, sont plus meurtrières que votre conscience stérile n'aurait pu imaginer. Elles sont en somme notre salut et notre fléau, pour nous hommes qui croyons tout contrôler, avoir emprise du pouvoir sur le monde, celui des dieux y compris. Nous, trop présomptueux, finiront par mourir de leurs mains, cela est sûr.

« Mais ce qu'elles peuvent être belles ! Je veux une chanson, chante moi une chaaanson ! » quémanda-t-il après un silence prolongé, mais toutefois le plus agréablement du monde et avec le plus éblouissant sourire qui trahissait presque son âge avancé. Sherry, n'y voyant aucun inconvénient, laissa aller sa voix de muse, la faisant partir dans les aigus pour y mêler quelques accords graves, ce sans jamais ne perdre le fil harmonieux de l'hymne oublié. Sa voix mimait une danse sensuelle mais innocente, faisant vibrer les esprits décadents de l'endroit tout en les faisant monter en intensité, les amener à l'ébullition des sens. Ce n'était pas pour rien qu'elle tentait de s'en abstenir le plus possible, n'ayant pas pour principe d'attirer l'attention ni de se procurer les faveurs d'un autre à travers ce genre de subterfuges de bas étage. Elle n'avait pas non plus l'habitude de se pavaner ainsi, chanter en somme, devant un public, craignant la critique, mais se plaisait à le faire quand on lui demandait aussi chaleureusement et si ce n'était que pour un petit individuel …

L'homme, ahuri par sa prestation dont il n'attendait au final rien d'aussi spectaculaire, applaudit grandement et tout en prenant les mains de Nao entre les siennes – pauvre petite bête qu'il avait certainement confondu avec une des concubines qu'il avait l'habitude de visiter après ses longues beuveries – il lâcha comme en guise de récompense : « Vous savez quoii ? Ya des sirènes en ville en ce moment. L'monde est vraiment imprévisible … T'na qu'à chanter ma belle et elles accourront pour te chercher et t'emmener avec elles ! Ahahaha » Son enthousiasme évident, les deux amis furent assez surpris de le voir ainsi dans tous ses états pour quelques secondes plus tard s'effondrer sur la table empestant la liqueur renversée de plusieurs jours et prononcer sur ton bien plus machiavélique que tantôt, de vilaines accusations. « Elles sont belles, mais aussi de vrais chipiies ! Elles ont volé mon voisin, comment savoir si je ne suis pas le prochain ? Non, je DOIS être le prochain ! C'est certain ! Mais pas question de me prendre mes gains ! Même si ce sont des belles sirènes exotiques … » articula-t-il finalement juste avant de sombrer dans le plus profond des sommeils laissant à Sherry la charge de surveiller son magasin, espérant peut-être un peu trop de la faible demoiselle dont elle avait décidément l'allure et l'étoffe, sans jamais connaître son véritable potentiel sûrement.

Cette dernière, avec ses principes bien trop rigides, accompagna l'homme jusqu'à l'auberge la plus proche, payant par ses propres moyens le loyer d'une chambre pour un homme qui, en temps normal, devait bien séjourner dans les rues pour ne retourner chez lui qu'au petit matin. Il n'y avait rien de surprenant à cela finalement. Une ville et une renommée de cette ampleur ne se fondaient aucunement sur de simples banalités. Les hommes y habitant devaient se réfugier dans les plaisirs, ce qui au final leur apportait une existence paisible et une manière d'oublier les désastres que le monde leur imposait. Et c'était là leur seule façon de le faire : ingurgiter des litres de ce breuvage souvent de couleur brunâtre oubliant famille, fils et convenances pour chasser un idéal, oublier l'irrationnel. Ils n'étaient pas fous, ils voyant seulement la réalité d'un autre œil, s'isolant dans ce qui semblait pour eux le centre du monde, autrement dit une ville où les lois diffèrent d'ailleurs, où ils peuvent se sentir plus libres, où les mœurs ne sont leur sont guère imposées. Ils ont des principes, certains sont fidèles, d'autres ne se prêtent ni à la boisson ni à la prostitution, de vrais citoyens modèles, mais le simple fait de ne pas se voir restreint par des chaînes invisibles, cause dans un peuple un changement total d'opinion. C'est ainsi qu'ils vivaient et qu'ils existaient à travers les temps, et Sherry croyait comprendre : n'y adhérant pas certes, mais sentant une empathie assez forte à leur égard n'empêche.

« Tu es sûre de vouloir le laisser là-bas à tes dépends ? Je ne critique aucunement ta bonté, sois en assurée, mais disons que … voir les autres profiter de toi n'est pas une chose que je peux laisser passer facilement … » déclara l'ange aussitôt le seuil de l'auberge franchi. Il n'avait pas tellement tort et il le savait, même si cela lui revenait difficile d'abandonner à son sort une personne dans le besoin, bien qu'il eut toujours conscience qu'il lui était impossible de sauver toute être démuni en ces terres avec ses pauvres moyens. « Cela ne me dérange pas. Et puis, je ne crois pas qu'il profitait de moi. Il n'avait personne sur qui compter et il m'a inconsciemment désigné. Voilà tout. Je ne pense pas qu'il ait eu, ne serais-ce qu'un seconde, des pensées néfastes. Tu le crois aussi non ? » demanda-t-elle ironiquement sachant déjà la réponse qu'allait lui donner le jeune blondin qui hocha simplement pour lui donner raison. Elle n'avait donc pas d'autre choix, en sa qualité de bonne samaritaine, que d'accepter la demande du vieil homme à moitié asthmatique - sûrement à cause de toute la boisson, une certaine partie ayant déjà quitté son métabolisme incapable de tout retenir malgré les nombreuses soirées passées pour ce faire – voyant en sa possession les clés de la bâtisse et une confiance aveugle sur ses deux maigres épaules.

~ 1986 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 30 Mai 2014, 22:16


La réprouvée - quelque peu soucieuse de l'état de santé aussi bien mental que physique du vieux sénile qu'elle n'avait d'autre choix que de laisser derrière elle – hésita les premiers instants à l'attitude correcte à adopter dans une telle situation. Elle ignorait encore tout de ces prétendus vols et de la véritable nature de ces demoiselles qui, selon le peu d'informations que lui avait transmises le vieux avant de s'évanouir, n'avaient rien d'une bande de charlatans ou citoyennes ordinaires et que leur statut de ''sirènes'' les rendait dangereusement attirantes, meurtrières par ailleurs. Dans les rues l'on pouvait ouïr à tout bout de champ des marchands clamant avec ferveur à qui voudrait les entendre, aux âmes charitables qui croiseraient leur appel, leur haine déguisée en amourette, revanche qu'ils feignaient très mal.

Certains perdirent leur échoppe après ces vols, d'autres gardaient la tête haute malgré la banqueroute et le peu de moyens dont ils disposaient, alors que les derniers se réjouissaient de ne pas avoir, du moins pour le moment, été victime de ces assauts. Tous n'avaient en tête que leurs propres avantages dans cette histoire et cela avait conduit à beaucoup de conflits inutiles entre amis de longue date, récents amants voire même entre père et fille. Ils n'avaient pas moyen d'y échapper à moins que quelqu'un n'y mette un terme et une fois de plus, Sherry se vit choisie pour incarner cette responsabilité, porter sur ses épaules ce lourd fardeau qu'est l'espérance de tout un peuple. Elle s'y faisait lentement mais la peur de l'échec et du rejet suite à cela, n'était aucunement assez mince pour qu'elle puisse s'en débarrasser. La bataille s'annonçait rude, ils n'y pouvaient rien.

Un pressentiment, un léger frisson dans son échine et la réprouvée se vit se retourner inconsciemment pour admirer derrière elle le néant et l'obscurité. Elle sentait une présence. Quelque chose de presque palpable tant elle était sûre de son existence, après ce pas à pas constant qui la faisait se manifester davantage, baignant ses traits et sa démarche dans la confusion, une certaine appréhension, profitant en somme du chahut qui régnait dans cette rue si fréquentée. S'engouffrant dans l'échoppe poussiéreuse, croyant y échapper, elle ne put que fermer d'un coup sec la porte qui d'un tintement brisa le silence de mort pour ensuite, après une dizaine de minutes, le restituer. L'air semblait lourd, étouffant, probablement débordant d'épices étranges et autres plantes médicinales que l'homme utilisait pour fabriquer dieu sait quel médicament de fortune. Les étagères regorgeant de ces bocaux aux couleurs diverses mais toujours les mêmes nuances de verts et de rouges vermeils, donnant ainsi une certaine impression de réclusion ou d'enfermement qui mettrait mal à l'aise n'importe qui.

Sans aucun doute, la noirceur de la pièce provoquée par la nuit tombée et le peu de réverbères dans la rue en face, ne l'avançaient en rien, et ne faisaient justement qu'augmenter le côté lugubre et macabre de la scène. Croyant judicieux de se cacher pour prendre par surprise les trois ondines dès leur arrivée, Sherry sortit de son sac qu'elle avait toujours sur elle, une couverture de laine assez épaisse pour les réchauffer tous deux, les protéger des courants d'air qui leur parvenaient à travers murs isolés et vitres teintées. Prenant soin de fermer la porte à clé et vérifier la sécurité des installations douteuses pour s'assurer qu'il n'y restait qu'une seule échappatoire possible : la porte, elle vint se réfugier derrière le comptoir. Elle y voyait la cachette parfaite, opérationnelle pour une adaptation rapide à la situation et une attaque surprise si besoin il y avait, lui permettant également de se cacher de la vision des passants comme de ces trois fourbes étrangères. Elle n'avait pas l'envie nécessaire pour les arrêter, si seulement tout venait à se passer selon ses projets …

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine à l'écoute des ébruitements d'hommes saouls, de talons claquant sur les pavés ou encore les fracas démesurés des bouteilles de verre écrasées. Les risées connaissaient enfin le écho qui dans les sentiers des ruines désertes gagnait en efficacité. Un bruit léger se fit entendre, quasi imperceptible si la boutique n'avait pas été plongée dans le silence le plus total depuis une bonne heure déjà. Un bruit et une porte qui s'ouvrit, permettant ainsi aux lueurs de lune d'éclairer jusqu'aux zones d'ombre les plus lugubres du rez de chaussée de la bâtisse et laisser entrevoir des formes hasardeuses des femmes qui y faisaient irruption. Une ombre la franchit sans la refermer derrière elle. Deux autres suivirent la première pénétrant ainsi dans l'échoppe et fouillant du bout des doigts, dans une hâte non feinte ni vaine, les étagères pleines de ces substances mystérieuses dont elles semblaient éprises et qui ne leur plairaient que davantage après cela. Pleines d'une convoitise non négligeable, elles avaient tout l'air d'avoir retrouvé, après maints efforts qui ne s'étaient couronnés à ce jour que d'échecs cuisants, leur bonheur tant convoité.  

Des rires, des mouvements brusques, un état alternatif pour les demoiselles qui de leurs tons aigus donnaient bel et bien cette impression marine et envoûtante de la chose. Le doute ne lui était plus permis. Sherry prit place dans ce face à face, dans une stratégie de pure défense, s'éclipsant aussitôt pour tourner dos à deux d'entre elles, la troisième s'étant vue captive de ses bras et de sa lame qui effleurait dangereusement une nuque sans protection. La jeune femme sembla apeurée au premier abord mais bien assez vite les regards de ses camarades semblèrent la faire changer d'avis, comme si tout ne reposait que sur ses maigres épaules et son débat insistant. Elle tenta de se libérer comme elle put, sembla décidée à garder le silence peu importe la question que la jeune rousse lui poserait ou les tortures qu'elle lui ferrait subir. Elle flanchait sous le poids de son corps, se limitait à des coups de pieds et de coudes dans l'espoir de blesser avec l'un d'entre eux, hasardeux, un mal qui forcerait la réprouvée à son image à la lâcher.

Elle implorait de ses yeux larmoyants à ce que ses deux amies la délivrent de cette emprise meurtrière – qui n'était aucunement en tort ici – mais ses semblables n'étaient pas aussi concernées par sa santé qu'elles auraient pu le prétendre par le passé. « Nous sommes des vôtres ! » dit l'une dans l'espoir de s'échapper la première, mais visiblement les choses risquaient de prendre un tout autre cours, Sherry n'étant point amadouée par de telles paroles bien que l'envie de combattre une des siens soit moindre voire inexistante … Elle eut un mouvement de recul, voyant cette hésitation se matérialiser, se lire dans ses actes, et ce geste signa son arrêt de mort. Brandissant une demi-douzaine de poignards, elles les lancèrent - toutes deux dans une harmonie qu'aurait pu leur servir dans leur balade nocturne, si jamais elles l'avaient tenté - à l'intention de la jeune femme. Sherry, protégeant élégamment son otage des poignards sans quoi l'un d'entre eux l'aurait probablement atteint, manqua de se faire tuer par un bon nombre d'entre eux, si Nao ne s'était pas interposé et que Kai n'avait pas surgit par l'arrière pour venir à son tour percer l'abdomen d'une des deux jeunes femmes, sans pitié. La vengeance, et ici la rancune, sont des plats qui se mangent froids, cela est bien vrai mais on peut tout autant les déguster en les croquant, fumants, ardents, difficiles à contrôler mais délicieux à savourer.

Le choc se lut même dans ses muscles qui à l’atterrissage défaillirent au mauvais moment. La jeune femme, restée captive jusque là et n'en croyant pas encore ses yeux, n'hésita cependant pas le moment venu à se retourner contre sa messie et tenter, traitement et lâchement, une attaque dans son dos. Fort heureusement, l'ange l'avait vu venir et d'un cri strident qui parcourut la pièce en un son d'éclair triomphant, atteint la belle rousse juste à temps. Se baissant pour atteindre la jambe de la réprouvée, elle la fit s'échouer au sol piètrement, se cognant le crâne contre le sol de pierre sans que cela ne la tue pour autant et sentant le pied de Sherry sur son abdomen fragile et meurtri. Mais, les deux autres, aussi lâches que sa première victime, accouraient déjà pour profiter de ce moment de faiblesse, l'utiliser à leur avantage, alors que Sherry restait adossée contre le mur pour se remettre de ses émotions. L'une passa par le haut, l'autre tenta le bas, mais dans une souplesse peu louable lui valant une contusion mais empêchant une méchante blessure, elle envoya valdinguer la belle blonde tandis que l'autre, brune, restait au sol ahurie.

Dans un désespoir justifié, elle se lança sur Sherry dans un assaut immoral, incompréhensible, facilement esquivable, si seulement celle à terre n'y avait pas mis du sien également. Deux poignards fendaient alors l'air dans la direction de la réprouvée et malgré le fait qu'un seul d'entre eux ne put atteindre sa cible, celle-ci en sortit assez amochée. « Faire cela ne vous apportera ni pardon ni rédemption quant à vos crimes passés. On ne vous rejettera pas moins pour autant alors au lieu d'essayer d'attirer l'attention par la force, pourquoi ne pas grandir et vous faire une raison ? » fit-elle avec un léger ton moralisateur, n'ayant aucunement l'intention de les sermonner ni de les corriger car elle n'était aucunement en position de le faire … Mais elle ne pouvait pas rester de marbre face à ses semblables, des gens ayant partagé les mêmes peines, souffrances, rejets, réclusions, pertes, sanglots .. et ce malgré sa situation désespérée …

Le sang coulait, des plis de sa jupe, de sa jambe ensanglantée, le long de ses jambes de porcelaine et même de ses mains qui tenaient d'arrêter l'hémorragie. Il emplissait le sol de sa couleur écarlate puissante et tristement ensorcelante, alors qu'une autre se précipitait déjà sur elle avec la ferme intention d'écorcher son beau visage, l'autre préférant s'attaquer à son côté gauche. Nao, dans un accès de bravoure, s'interposa entre elle et la première lame, la voyant prête à se plonger dans sa poitrine, pour ensuite voir Kai et ses ailes noires le protéger de toute leur envergure, la lame imbibant sa veste de cuir de tout ce mélange carmin si détestable maintenant. Sherry de son côté était parvenue à arrêter l'attaque d'une main, immobilisant la femme par la même occasion. Dans ce théâtre de l'horreur, l'on ne voyait plus alors que les trois corps à terre et trois autres agenouillés, et l'on entendait plus alors que les pleurs de Nao et les cris de douleur de Kai alors que celui-ci soignait ses blessures, ainsi que celles de Sherry, beaucoup plus silencieuse.

S'assurant de leur arrestation et demandant à son ange de renter au bercail en compagnie du démon usurpateur, elle reprit – seule - le chemin des ports, essuyant une larme vagabonde en provenance d'une certaine amertume, n'ayant pas retrouvé des traces des hommes et femmes de son engeance, ceux qu'elle cherchait si désespéramment, et ne voyant pas dans cette capture un franc mérite. Kai et Nao s'engageaient dans les routes des ports un peu plus longtemps pour quitter dans le premier navire la presqu'île qui les avait accueillit quelques heures auparavant, le démon remarquant dans l'expression de son acolyte une noirceur inhabituelle sans pour autant y prêter une attention particulière. « Tu crois qu'elle sera en mesure de se débrouiller sans nous ? C'est pas de tout repos une mission de ce genre .. » avoua le jeune homme à moitié avachi sur l'ange à ses côtés qui tentait tant bien que mal de le transporter.

« Tu la traites vraiment comme une gamine des fois j'ai l'impression .. Elle saura se débrouiller seule, j'en suis sûr. Et de toute manière, nous n'aurions pas pu l'accompagner avec un boulet comme toi qui s'est fait blessé inutilement. » ronchonna Nao dans un ton d'indignation. « Je me suis fait blesser en te protégeant je te rappelle !! » grogna Kai pour riposter. « Justement. Tu n'en fais qu'à ta tête .. C'est une très mauvaise habitude .. » murmura-t-il pour lui fermer le clapet, tout en resserrant sa poigne qui soutenait le démon par la taille, évitant de lui faire mal mais s'assurant tout autant qu'il était bien là et qu'il ne risquait pas de s'écrouler à tout moment. Kai, voyant ce semblant de mélange entre désespoir et culpabilité, ne dit plus mot, se laissant gentiment entraîner et soigner jusqu'à atteindre leur demeure où ils attendraient fidèlement le retour de la ''maîtresse de maison'' si l'on puis dire. Sherry,  maintenant juxtaposée à des bateaux normalement chargés de marchandises, vit de son côté une multitude d'autres réprouvés monter à bord d'un des bateaux marchands qui s'y étaient arrêtés pour faire le plein d'air et de provisions. Mais que pouvaient-ils bien y  faire sans faire partie de l'équipage …?

~ 2151 mots ~
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

¤ Les Sirènes ¤ ( Solo )

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» | [Promo] Sirènes |
» Les Sirènes [pv Saphir]
» Les Sirènes [PV Aphrodite]
» [LDC SIRENES] - Perfidie
» Les sirènes de Sceptelinôst [Kumiko]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Devasté - Ouest :: Antre des damnés :: Sceptelinôst-