-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal

Partagez
 

 ❧ La mort des rats | Quête unique

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Ven 25 Déc 2015, 17:22

La mort des rats
❧ Suite du Rp pour tous – La comédie
« Déception… Trahison… »

❧ La mort des rats | Quête unique Unique10


Miles m’entraînait sans ménagement en direction de la mairie, qui s’était changée, pour l’occasion de la célébration de Noël, en énorme entrepôt de décorations et de vestiaires pour les volontaires qui occupaient différents rôles dans les activités de la soirée. Je me laissais trainer sans résistance, seulement choqué par le soudain excès de fureur qui maquillait désormais les traits de l’Orisha. Qu’est-ce qui se passait?

« Miles? Tu… »

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase, le jeune homme s’éclipsant à grandes enjambées vers le vestiaire dans lequel il s’était changé un peu plus tôt, pour revêtir son costume de renne. Il ferma la porte derrière lui et, dans cette pénombre, au cœur de la mairie un peu sombre, je me mis à observer la porte close d’un œil inquiet. J’étais sous le choc, choqué par la colère qui s’était mise à enflammer ses iris verts. Et cette force avec laquelle il m’avait agrippé pour m’éloigner de ces hommes… À ce simple souvenir, je me mis à masser le tour de mon poignet, lequel avait subi l’intense pression du poing de Miles. Pourquoi il est autant furieux? Debout face à la porte, j’attendais patiemment qu’il en sorte, ma main frottant frénétiquement la zone rouge qu’avait laissé la poigne de Miles sur mon bras. Il était furieux, oui, mais quelque part dans ses yeux, cette fureur ressemblait plus à du ressentiment, à un trouble qui venait de chambouler le cours de ses pensées.

« Oh? Petit, qu’est-ce que tu fais tout seul ici? Tu t’es perdu? »

Je me retournais vivement au son de la voix, douce et chaude. En apercevant le visage amical et réconfortant d’une jeune femme aux cheveux blonds, presque blancs, tant ils étaient pâles, je me mis à secouer la tête, lui expliquant que j’attendais seulement mon ami qui se changeait dans les vestiaires.

« Vous rentrez alors?

- Je crois que oui.

- J’espère que vous vous êtes bien amusés. Je te laisse. Passe une bonne soirée!

- Bonne soirée… »

Moi aussi, j’espérais qu’il se soit bien amusé lors de cette soirée…

Miles sortit de la fameuse cabine après quelques minutes, laissant le déguisement de renne à l’endroit prévu. Il se retourna vers moi et, pour la première fois depuis plusieurs minutes, il me regarda vraiment, comme s’il s’était finalement rendu compte de ma présence à ses côtés. Il s’approcha de moi, déposa sa main sur ma tête, et me retira vivement le bonnet de Noël, affublé de cornes. Puis, sans plus d’explications qui m’en avaient donné au début, il se dirigea rapidement vers la sortie de la mairie. L’esprit ailleurs, le regard dans la vague, il me fit simplement un léger signe de la tête pour m’inviter à le suivre.

« Allons-y, Hakiel. »

L’air sombre, il se mit à enjamber les mètres devant lui à grande vitesse. Aussitôt, je me mis à suivre ses pas dans la fine couche de neige, courant presque derrière lui pour le rattraper.

« Eh! Attends-moi! Miles! Miles? Est-ce que tu m’écoutes au moins?! »

Je ne comprenais pas pourquoi il eut un tel revirement de la situation. Il y avait encore deux minutes, nous nous amusions tous les deux, en riant autour d’une petite table, nourrissant notre gourmandise avec les friandises qui étaient restés dans notre hotte. L’air glacé de cette belle nuit ne refroidissait en rien notre enthousiasme, la chaleureuse atmosphère de Médigo nous galvanisant par sa frénésie et son euphorie. Cette soirée, comme je l’avais imaginé, avait tout simplement été magique. Pour ainsi dire, c’était bien la première fois depuis longtemps que je n’avais pas autant rit. La perte de ma famille durant l’invasion des Ridères m’avait rendu amer et, sans cette main salvatrice, je n’aurais peut-être jamais vu, jamais vécu, tout ce que j’avais expérimenté cette dernière année.

Miles m’avait aidé à m’en sortir, à reprendre goût à cette chose éphémère qu’était la vie. Une vie absurde, comme je l’aurais appelé il y a près d’un an, mais rien n’était absurde, pas même notre existence; je l’avais compris grâce à lui. Peut-être, m’étais-je dit la première fois qu’il m’avait tenu la main, peut-être que je pourrais tout recommencer, repartir à zéro; peut-être arriverais-je à me défaire de la souffrance qui m’étreignait chaque seconde la poitrine pour renaître, tel un phénix dans ses cendres. Oui, Miles était parvenu à me communiquer son profond respect pour la vie, et, à ses côtés, je me disais que j’aurais la force nécessaire pour pouvoir continuer ce que j’avais commencé de ma petite existence dans ce vaste monde. Je comptais sur lui pour m’aider à tracer ma propre voie et – peut-être influencé par sa nature d’Orisha? – je savais qu’il me permettrait de me libérer dans mon épanouissement, de manière à ce que je ne fasse plus qu’un avec moi-même; que je me respecte.

Faisant très peu attention à l’endroit où je posais les pieds, je finis par trébucher sur le sol. Tombant de tout mon long sur celui-ci, je me redressais maladroitement à l’aide de mes mains, retirant frénétiquement la fragile couche de neige qui s’était accrochée à mes vêtements.

« Tu pourrais au moins ralentir, s’il-te-plaît! »

Il ne m’écoutait plus, ma parole? Serrant les dents, je me relevais prestement, le rejoignant à toute vitesse pour le rattraper. Mais qu’est-ce qui lui arrivait tout à coup?

« Miles, par la grâce de Phoebe! »

J’étais parvenu à sa hauteur, lui jetant un regard incendiaire. J'espérais qu’il ressente tout le dégoût que j’avais vis-à-vis son attitude dans ce simple contact. Mais il ne me prêta qu’un vague coup d’œil, souriant d’une manière si faible, si peu convaincante, que même un aveugle aurait pu déceler la médiocrité de ce sourire hypocrite.

« Désolé, mais nous devons partir. Maintenant…

- Mais pourquoi?! Tu ne t’amuses pas? Et en plus, tu as promis à cette femme que nous la retrouvions pour regarder la pièce!

- La prochaine fois que je la verrai, je m’excuserai. Mais pour l’instant, je suis pressé… »

D’accord.
Là, il mettait mes nerfs à vif. Me plaçant devant lui, lui bloquant définitivement le passage, je plantais férocement mes yeux dorés dans la mer émeraude de son regard. Il pouvait bien s’être fichu de la jeune femme, il pouvait très bien ne pas s’être amusé à la fête, mais je n’accepterais pas qu’il me mente aussi ouvertement; en plus, cerise sur le gâteau, qu’il m’ignore avec autant d’indifférence! J’étais déterminé à savoir ce qui se tramait dans cet esprit, dont je peinais à comprendre les mécanismes.

« Hakiel, pas maintenant! Nous devons rentrer à la maison.

- Qu’est-ce qui se passe, Miles?! Je ne serais pas vexé que tu me dises que tu n’as pas aimé la soirée. Je suis désolé de t’y avoir amené, si c’est ça le problème…

- Non, ça n’a rien à voir avec la fête. C’était très bien, au contraire… »

Mais son regard restait de marbre, comme figé dans l’espace, observant une image qui n'existait que pour lui seul. Il semblait perturbé – plus que d’ordinaire je veux dire – et son visage s’était décomposé en une affreuse expression, noire et sombre.

« Alors pourquoi?! M’obstinais-je plus violemment devant son mutisme, poussé, peut-être – qu'en sais-je – par la panique. Pourquoi partir aussi vite? »

J’aperçus alors un éclair d’hésitation traverser son regard. À quoi songeait-il? Qu’est-ce qui l’empêchait de tout me dire?

« Est-ce que… j’ai fait quelque chose de mal? »

En y réfléchissant bien, Miles avait subitement changé de comportement après que je me sois entretenu avec ce groupe de messieurs tout à l’heure. La détermination, mêlée à une once de colère – je ne pouvais le nier – qui avait perlé au fond de mes yeux ambrés, avait subitement laissée place à un éclat de crainte et de culpabilité, quand je pris finalement conscience du rôle que j’avais peut-être joué dans  le changement si soudain de l’Orisha. Aussitôt, je penchais rapidement la tête vers l’avant, la voix tremblante.

« Ex… Excuse-moi. C’est à cause de moi que tu es tellement furieux? C’est parce que je suis allé parler aux hommes de tantôt, hein? Je… Je suis vraiment déso…

- Mais arrête tes bêtises, Hakiel! »

Je vis son ombre s’approcher de moi et, quelques secondes après, ses bras m’entouraient doucement. Je me plongeais dans son étreinte sans résister, recommençant à balbutier des excuses, sans queue ni tête. Lui, pour me consoler, murmurait que ce n'était pas de ma faute, que c’était lui, et non pas moi, qui devait se faire pardonner. Je ne comprenais pas tellement, chamboulé. Tout ce que je voulais, c’était me faire pardonner. Miles me serra encore plus fort dans ses bras, tellement que je crus qu’il allait m’étouffer, mais ensuite, il se détacha, se recula un peu, pour planter son iris émeraude dans mes yeux.

« Tu es vraiment trop bête de croire que c’est de ta faute, gamin…

- Alors c’est quoi le problème? Pourquoi tu es aussi fâché? »

L’Orisha jeta un rapide coup d’œil par-dessus son épaule, comme s’il craignait que quelqu’un nous observe de loin, puis, ce petit sourire déconfit refit surface.

« Rentrons. Je t’expliquerai tout ce qui se passe une fois à la maison, dit-il alors après une courte pause.

- Promis?

- Promis, m’assura-t-il en ébouriffant mon épaisse tignasse d’ébène, me gratifiant d’un sourire qui respirait toute la sincérité du monde cette fois.

- … Et tu es sûr que ce n’est pas de ma faute? » M’inquiétais-je tout de même, dans cette peur et cette angoisse commune qui prenaient les enfants lorsqu’un événement survenait et qu’ils étaient, directement ou indirectement, reliés à celui-ci.

Soupirant, peut-être agacé par les remords que je n’étais pas en mesure de retirer de mon esprit, Miles se leva, me prenant dans ses bras avant de me faire passer sur son dos.

« Tu n’as absolument rien à voir là-dedans, je te l’assure. Je me suis… disons… je dois me renseigner sur quelque chose.

-  Qui est?

- À la maison, Hakiel. Je te dirai absolument tout ce que tu voudras savoir à la maison. »

Au début, je ne réagissais pas, observant simplement son profil, comme si j’étais à la recherche d’un quelconque mensonge qui pourrait s’être marqué sur ses traits. Mais à force d’observation, d’examen, je ne décelais aucune affabulation sur son visage, ce qui me rassura doublement tandis que je passais mes bras autour de son cou, déposant ma tête sur son épaule en fermant les yeux.

« Je te fais confiance, Miles. T’es comme un grand frère pour moi, alors je te fais confiance. »

Le visage de l’Orisha ne se retourna pas, continuant de faire face à l’horizon, tout en avant. Toutefois, un sourire éclatant venait d’apparaître sur ses lèvres et cela suffit à me réchauffer le cœur. Il était content. Il n’avait plus cet air terrible et malsain sur le visage. Il souriait comme avant et cela seul suffisait à mon bonheur.


1 846 mots | 1 post



❧ La mort des rats | Quête unique Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Ven 25 Déc 2015, 17:28

La mort des rats
« Déception… Trahison… »


Hakiel sur le dos, je sentais que ce dernier somnolait doucement, apaisé par le balancement de notre marche à travers les rues de Médigo.

« Hakiel?

- Hum?

- Nous sommes rentrés. »

Et comme s’il s’était fait éjecter par un ressort, le jeune Bélua se redressa vivement, se dégageant de ma prise pour atterrir derrière moi. Je me retournais lentement pour lui jeter un regard avant de lui faire signe de me suivre jusqu’au petit divan dans le salon. Acquiesçant, il me suivit avant de s’asseoir à mes côtés et de mirer ses grands yeux dorés dans ma direction. Posant mes coudes sur mes cuisses, je me mis à réfléchir à la meilleure manière de lui expliquer la situation. Le jeune garçon connaissait une bonne partie de mon histoire, mais jamais, je ne lui avais vraiment raconté cette histoire, celle avec Ardwick. L’œil curieux, l’esprit bouillant d’impatience, Hakiel pencha sa tête sur le côté.

« Eh bien? »

Je poussais  un grand soupir, avant de commencer mon récit.

« Tu étais au courant que mon père était malade, n’est-ce pas?

- Oui, bien sûr… Je l’ai rencontré une fois, avant que je ne reparte sur le continent Naturel.

- C’est exact.

- Tu me disais aussi qu’il était atteint d’une maladie vicieuse.

- Tu as une bonne mémoire, dis donc, sifflais-je, impressionné par les aptitudes du petit. Est-ce que tu te souviens du nom de cette maladie? »

Le gamin se mit à réfléchir, mais après quelques secondes seulement, il finit par abdiquer en secouant la tignasse.

« C’était la Kurbus, Hakiel. La Kurbus, souviens-toi en. »

Je marquais une pause avant de reprendre.

« En raison de l’état de mon père, j’ai pris la peine de me renseigner sur ce mal. La Kurbus, comme on l’appelle, provoque des hallucinations et des douleurs insupportables pour la victime. Elle se met à imaginer toute sorte de tortures: elle voit, impuissante, son corps brûler vif, se liquéfier sous l’action de l’acide ou bien encore se démembrer sous l’activité d’une force invisible. Je ne souhaite une torture pareille pour aucun être vivant, pas même nos ennemis. Cette souffrance, même si elle n’est qu’illusoire, propage la douleur à travers le corps, rendant fou le malade.

- D’où elle vient, cette maladie? »

Je secouais la tête.

« On ignore la réponse, et les bouquins que j’ai consulté n’en font aucune mention claire: les uns parlent d’une fièvre qui auraient évolué, un peu comme si elle aurait mutée; d’autres songent à un virus ou à une toxine qui serait suffisamment soluble pour être absorbé par les tissus adipeux du corps et... »

J’aperçus alors les yeux d’Hakiel s’agrandirent.

« Qu’est-ce qu’il y a?

- Je n’ai absolument rien compris à ton charabia! »

J’éclatais de rire, avant de lui tapoter la tête.

« Hahaha! Quand tu iras à l’école, j’imagine qu’ils vont tout t’expliquer en détail. Enfin bref, tout ce qu’il faut comprendre, c’est que la Kurbus reste un mystère pour le monde de la médecine. Tout ce que la Faculté en dit, c’est qu’elle s’étale sur plusieurs années et que la fin reste toujours la même…

- La mort… »

J’acquiesçais sombrement, songeant à mon père.

« Oui, la mort. Mais tu vois, ils sont tellement évasifs sur le sujet que j’en suis venu à me poser des questions, à garder un peu d’espoir. Et si la Kurbus pouvait être guéri? Et si je parvenais à trouver une méthode pour synthétiser le virus et lui créer un antidote? Père pourrait être sauvé et tant d’autres personnes aussi! Alors j’ai fait mes propres recherches, délaissé par tous à cause des croyances communes. Je me disais que si je réussissais à créer un médicament à cette maladie, je pourrais alors offrir tant d’années perdues à Draug. Mais j’étais encore trop jeune, si peu expérimenté dans la matière. J’ai fait part de mes projets à plusieurs alchimistes, à des docteurs et à des apothicaires, mais tous étaient catégoriques sur le sujet: il n’y avait aucun moyen pour sauver mon père et il fallait que je l’accepte. Tsk! Que j’accepte de voir mon père dépérir et mourir? C’était hors de question!

- Alors tu as continué tes recherches?

- En fait... C’était un peu compliqué après ça. Je me trouvais dans une impasse. Durant ces années-là, nous n’étions pas aussi riches qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, grâce à l’édition de la dernière Coupe des Nations, je suis parvenu à me faire une petite fortune, mais dans ce temps-là, nous n’avions que quelques pièces pour nous permettre de nous nourrir. Alors, j’ai décidé d’abandonner, pour un temps, mes travaux pour subvenir à nos besoins… J’ai volé, je me suis battu…

- … Est-ce que tu as tué? » Se questionna le jeune garçon en me regardant d’un air inquiet.

Je le rassurais aussitôt.

« J’étais un voleur, pas un tueur. J’ai trop de respect pour la vie humaine pour songer à enlever la vie d’autrui… Je mentirais, cependant, en affirmant que je n’y ai jamais songé de temps en temps, mais je n’ai jamais agis comme tel. »

Hakiel se détendit. Je poursuivis.

« Donc, même en laissant de côté mes recherches, je n’avais pas perdu espoir de sauver Draug. Je continuais de me renseigner sur les médecins qui passaient de ville en ville, sur les meilleurs alchimistes de notre temps. Mais rien à faire. Je ne parvenais tout simplement pas à ramener quelqu’un à ma cause.

- Jusqu’au jour… »

Il était perspicace le petit.

« Jusqu’au jour où un homme vint cogner à notre porte. »

Je me levais du divan, me dirigeant vers cette même porte. Hakiel se posta au-dessus du mobilier, m’observant dans ma mise en scène.

« J’étais un peu surpris par cette visite, sachant que très peu de personnes venaient encore nous voir, en raison de la maladie de Père. Ils la pensaient contagieuse sûrement: ma présence ici montre que ce n’était, finalement, pas le cas. Bref, j’étais surpris, mais j’ai tout de même ouvert la porte. Et c’est à cet instant que j’aperçus cet homme. »

Je revivais la scène dans ma tête, voyant d’abord le visage encapuchonné apparaître dans mon champ de vision.

« Il était vêtu d’une grande cape à capuche et m’a demandé calmement: « Est-ce que vous êtes Monsieur Koërta? » Je lui ai dit que oui et il a retiré sa capuche. Tu sais, les hommes que tu as abordé tout à l’heure? Tu te souviens de celui qui était habillé en mauve et en noir?

- C’était cet homme qui a cogné à ta porte?

- Exactement. Cet homme s’appelle Ardwick. Il y a deux ans maintenant, il m’a proposé son aide pour trouver un médicament au Kurbus. J’étais si excité par un tel secours, que j’en avais presque pleuré! Depuis, nous travaillions en collaboration pour trouver l’antidote ultime, l’antidote qui pourrait changer le monde et sauver des centaines de vies! »

Je me retournais vers Hakiel et le Bélua, à mon expression, comprit immédiatement qu’il y avait anguille sous roche.

« Mon idéal était parfait. C’était comme si j’avais vécu ces deux dernières années sur un petit nuage. Cependant, les personnes de mon entourage – même mon père – ne s’enthousiasmaient pas de la présence du Magicien à mes côtés. Ils disaient qu’il cachait quelque chose, quelque chose de sombre. Seulement, ils étaient incapables de dire quoi exactement. Draug a tellement de fois insisté pour que je cesse cette collaboration, mais je n’ai jamais arrêté, persuadé de pouvoir lui offrir de nouveau la vie qui se consumait à petit feu en lui. Comme tu peux en déduire, cela entraîna quelques disputes entre lui et moi. J’étais offusqué et chagriné de savoir que Père voulait ainsi terminer sa vie, mais surtout, je ne voulais pas qu’il me quitte… Il était ma seule famille, la seule que je comptais à cette époque, et me savoir séparer de lui me brisait autant le cœur que si on me l’aurait écrasé sous la semelle d’un soulier. »

Je me rapprochais d’Hakiel, me penchant à sa hauteur pour lui frotter vigoureusement les cheveux. Le Bélua sourit et ce sentiment qui l’habitait me fut instantanément communiqué.

« Mais tu es là maintenant. Père a beau être mort, mais je t’ai, toi, ainsi qu’Asche.

- Héhéhé… Le jeune Bélua rougit à cet aveu, mais une question traversa son esprit et il me regarda droit dans les yeux. Mais, pour Ardwick, si tu le considères comme ton sauveur, et même si vous n’êtes pas parvenus à trouver cet antidote, pourquoi être parti de la fête aussi furieux? »

On arrivait enfin au véritable problème de la situation. Je pris une grande inspiration.

« C’est parce que, durant tant d’années, on a essayé de m’ouvrir les yeux sur la véritable nature d’Ardwick, mais je m’obstinais à les garder fermer, conscient peut-être du danger, mais tellement préoccupé par l’état de Père que j’en oubliais bien vite mes soupçons à son égard. Après tout, pourquoi m'a-t-il offert son aide s’il me voulait du mal? Je ne saisissais pas grand-chose à la situation… Mais à force d’entendre les gens parler d’Ardwick, à force de l’observer, je me suis mis à douter de lui… d’une certaine façon… Néanmoins, je lui faisais toujours confiance, mais… »

Parce qu’il y avait toujours un « Mais ».

« J’ai entendu des choses troublantes aujourd’hui, durant leur conversation. Puis, peut-être que tu n’as pas fait attention à ça, mais l’homme qui était avec lui… Je ne sais pas… Il me troublait. J'avais un très mauvais pressentiment…

- Tu soupçonne l’autre homme d’être un Sorcier?

- Entre autre. Sa tenue, l’espèce d’aura noire qui l’enveloppait… Je ne sais pas si je me trompe, mais c’est ce que j’ai senti la première fois que je l’ai vu.

- C’est vrai que c’est étrange qu’Ardwick, étant bénéfique, parle avec ce type d’individus, sachant la tension qui existe entre les mages blancs et noirs… À moins qu’Ardwick… »

Le regard d’Hakiel s’illumina aussitôt. Il venait de comprendre.

« À moins qu’Ardwick soit lui-même un Sorcier…

- Tout juste.

- Et de quoi ils parlaient? J’avoue ne pas avoir vraiment fait attention à leur conversation!

- D’expériences…  Je ne saurais dire de quelles expériences ils faisaient parlaient, mais l’autre individu mentionna, plusieurs fois d’ailleurs, le fait qu’Ardwick devrait plus impliquer la « Famille » dans ses recherches, que cela pourrait leur être bénéfique à tous.

- Bénéfique?

- Comme toi, je suis dans le brouillard complet. Mais ça suffi à me faire réfléchir, à me poser des questions sur les soupçons que nourrissaient mon père, Asche, et d’autres encore…

- Ils étaient tant que ça à douter d’Ardwick?

- Suffisamment pour que je me sente vraiment seul dans cette bataille. Mais aujourd’hui, je me demande s’ils n’ont pas eu raison depuis le début… Si ce sont eux qui se trouvaient, depuis tout ce temps, dans la vérité et moi dans l’erreur. J’étais furieux parce que… parce que, d’une certaine façon, je ne pouvais pas croire qu’il m’ait ainsi roulé. Je… Même maintenant, je ne sais pas quoi en penser. »

Le Corbeau me scruta de ses grandes mirettes dorées avant de m’offrir un sourire. À son tour, il se mit à ébouriffer mes cheveux, et je me sentis comme si c’était moi l’enfant et lui l’adulte qui venait à mon secours pour me rassurer de mes peurs.

« Tu veux découvrir la vérité? »

J’hésitais quelques secondes avant d’hocher de la tête.

« Alors fais-le. Commence ton enquête. Et s’il est vraiment ce qu'il prétend être, alors tu ne devrais pas t’en faire! C’est pour ça que tu souffres, Miles. C’est parce qu’au fond de toi, tu ne lui as peut-être jamais vraiment fait confiance, pas vrai? »

Je levais mes yeux dans sa direction, surpris.
Décidément, la maxime « La vérité sort de la bouche des enfants » n’avait pas volé sa réputation.

La conversation se poursuivit ainsi, jusqu’à tard dans la nuit. Puis, inévitablement, Hakiel finit par s’assoupir. Malgré tout le sucre qu’il avait ingurgité durant la soirée, la fatigue s'était rapidement imposée, le terrassant sans qu’il ne lui oppose véritablement de résistance. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, puisqu'il a lutté durant quelques minutes. Au début, ce n’était que des battements de cils, mais après, c’était comme si ses paupières s’enfonçaient dans du plomb. Je l’ai vu fermé les yeux, alors qu’il prétendait vouloir réfléchir un instant, mais il ne les ouvrit plus. Relevant un sourcil, moqueur, je rigolais pour moi-même:

« Grosse réflexion, mon petit Hakiel! »

Il ne tiqua même pas, son esprit déjà parti dans le monde des rêves. J’attrapais le petit garçon dans mes bras, faisant bien attention à ne pas le réveiller pour les quelques mètres que j’avais à traverser. Enfin, je me rendis bien vite compte que même sans toutes ces précautions, il ne se serait peut-être jamais réveillé, tellement il avait le sommeil lourd et profond. Je me dirigeais vers ma chambre à grands pas et le coucha dans mon lit, relevant les draps jusqu’à son nez pointu. Ainsi emmitouflé, il ressemblait à une grosse guimauve que l’on avait affublée d’une perruque de plumes noires, épaisse et folle. À cette vision, je ne pus m’empêcher de sourire, passant machinalement ma main dans la tignasse du jeune garçon.

« Bonne nuit gamin. »

Je quittais ensuite la chambre, refermant la porte derrière moi, tout doucement. Un bâillement s’échappa de mes lèvres et je m’étirais les bras, prenant conscience de mon propre épuisement. Je devrai partir me coucher moi aussi, songeais-je, presque las de devoir me traîner jusqu’à l’autre chambre à coucher. Mon regard se porta machinalement vers le fond du couloir, plongé dans l’ombre. Là-bas, dans ce couloir, il y avait une porte: la porte de la chambre de mon père. J’enjambais les mètres qui nous séparait jusqu’à me trouver à la hauteur de celle-ci, hésitant à l’ouvrir, comme d’habitude.

Toujours, j’avais l’impression de rentrer dans un sanctuaire sacré à chaque fois que je tenais la poignée dans ma main, mais il fallait que je taise cette angoisse, ce malaise constant qui me prenait dès que je traversais le seuil de cette pièce. Je pris deux importantes bouffées d’air avant de fermer les yeux, histoire de sentir, de desserrer, comme si cela était l’œuvre de mes mains, les torsions qui étouffaient mon cœur. Puis, dans un seul élan, j’ouvris la porte.

L’odeur dans cette pièce n’était en rien différente à celle des autres effluves qui se mêlaient dans la maison. Pourtant, il y avait bien un petit quelque chose d’unique dans cette odeur, comme une partie de Père que je parvenais à capter dans ce parfum particulier. Il était là, ici, tout autour de moi, dans cette pièce.

« Je suis rentré », soufflais-je doucement avant de marquer une pause, comme dans l’attente d’une réponse.

Cependant, à la surprise de personne, rien ne vint. Malgré tout, ces quelques mots avaient la particularité singulière d’apaiser mon esprit; cette chose si simple, et si bizarre à la fois, me réconfortait dans cette idée de toujours le savoir à mes côtés, présent à un endroit qui ne pourrait jamais être violé. Après m’être annoncé, je laissais la porte entrouverte avant de m’étendre sur le grand lit, pliant un bras sous ma tête. L’odeur de Père, de l’épice qui composait son odeur, du soleil qui avait toujours respiré dans sa peau, m’enveloppèrent comme une couverture et, tout doucement, sans inquiétude, sans angoisse suffocante, je tombais dans les bras de Morphée, bien, si bien dans ce cocon de sérénité…


2 547 mots | 2 post



❧ La mort des rats | Quête unique Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Lun 28 Déc 2015, 05:07

La mort des rats
« Déception… Trahison… »

Le lendemain, dès les petites heures du matin, nous commençâmes notre enquête. Hakiel s'agitait comme une puce et demandait sans cesse par quoi nous allions commencer. Comme réponse, il avait seulement eu droit à un grognement incompréhensible de ma part, pourtant bien significatif du comportement qui me seyait en cet instant précis: la paresse. Me voyant en train de somnoler contre le canapé sur lequel nous nous étions installés, il me fit pleuvoir une averse de coups de poings sur mon épaule pour me forcer à me concentrer.

« Aller! Réveilles-toi!

- Aïe! Oui, oui! J’suis réveillé là! C’est bon!

- J’espère pour toi, sinon tu auras encore droit au Hakiel’s Punch!

- Au Hakiel quoi?

- C’est pas important! On retourne à nos moutons? »

En tout cas, il y en avait un ici qui semblait avoir bien dormi…

Tout d’abord, il fallait que je me renseigne sur Ardwick, sur ce qu’il faisait lorsqu’il n’était pas à Médigo et même connaître ce qu’il faisait lorsqu’il se trouvait en ville: ce qu’il mangeait, les gens avec qu’il parlait, les boutiques qu’il visitait, je devais passer toute sa vie au peigne fin. Je savais, depuis le début, que cela n’allait pas être une partie de plaisir, mais j’étais convaincu dans mon idée qu’une fois parti, plus rien ne pourrait m’arrêter, et qu’au bout de cette course effrénée m’attendait les réponses que je réclamais avant tant d’impatience – et avec un soupçon de crainte aussi, je l’admets. Tant pis. Je devais faire fi de mes angoisses pour pouvoir avancer. Je voulais découvrir la vérité et ne plus me cacher derrière des illusions. Hakiel me l’avait explicitement dit: je souffrais parce que je ne connaissais rien à l’histoire dans laquelle je m’étais embarqué. Mais aujourd’hui, je désirais savoir, au risque de souffrir encore plus, mais au moins, je serais fixé. Définitivement.

Nous nous échangeâmes des idées, des pistes que nous pourrions suivre, mais tout restait encore à faire. Des hypothèses, nous en avions des masses, ça, c’était le moins que l’on pouvait dire; mais des certitudes, c’est bien ici où se trouvaient toutes nos difficultés. Parce qu’Hakiel avait beau me poser dix milles questions sur le Magicien, j’étais uniquement en mesure de lui fournir des réponses à cinq d’entre elles.

« Quoi? Tu n’es même pas capable de me donner son nom de famille?

- Non… Je ne peux même pas te dire si Ardwick est son véritable prénom. On ne faisait que parler du Kurbus et de notre travail en fait… »

Le visage du garçon exprima clairement la déception, et je dû admettre que je me sentais aussi impuissant que lui. Ardwick n’était pas quelqu’un à qui l’on pouvait facilement retirer des informations, je l’avais appris bien assez tôt en le côtoyant. Plutôt discret sur sa vie, il ne m’en disait que ce qu’il voulait que je sache, sans plus. Cependant, en y réfléchissant plus consciencieusement, tout cela était également de ma faute aussi. Ce n’est pas comme si je l’avais vraiment poussé à me faire part de sa vie. Peut-être me l’aurait-il dit? Peut-être qu’il m’aurait menti aussi… En fait, si j’aurais vraiment su des choses à son propos, je ne crois pas que nous aurions été plus avancé dans nos recherches: je n’avais jamais été en mesure de départir le vrai du faux avec cet homme et, sans preuve plus solide, je pense que je ne saurais jamais regarder à travers les masques qu’il revêtit en ma présence, ni ne saurais déceler les mensonges qui pourraient se mêler à la vérité qui sort de sa bouche.

« Il doit bien t’avoir déjà glissé quelque chose que nous pourrions utiliser, non? N’importe quoi, me pressa Hakiel en gonflant les joues, mécontent de la situation dans laquelle nous nous étions embourbés sans même avoir commencé à faire un pas.

- Je le sais bien! Mais j’ai beau réfléchir, je ne vois pas quoi!

- Il voyage beaucoup, pas vrai?

- Si…  Mais il ne me dit jamais là où il part… … Non! Attend! en fait, il se peut qu’il me l’ait déjà dit une fois! »

Comme si le divan venait de me recracher, je me poussais hors de celui-ci, filant à toute vitesse dans ma chambre. Hakiel sur les talons, nous nous mîmes à fouiller dans mes tiroirs.

« Et, on cherche quoi au juste?

- Une lettre! Sors toutes celles que tu vois! Elle DOIT se trouver ici, quelque part! Je le sais! »

Les fouilles durèrent une bonne dizaine de minutes avant que nous étalions tous les enveloppes et les papiers que nous avions trouvé sur le sol. Hakiel était choqué par tant de paperasse et il me jeta un regard en biais.

« Je comprends que la santé de ton père t’occupait beaucoup, mais tu aurais au moins pu faire le ménage de tes trucs de temps en temps… »

C’était quand même grâce à mon bordel que nous allions peut-être trouver un semblant de piste dans nos recherches. Fébrile, je me mis à ouvrir toutes les lettres qui me tombaient sous la main. C’était des lettres de parfaits inconnus pour la plupart, qui voulaient souhaiter leurs adieux à Père, des cartes de bon rétablissement, de vœux, une missive que m’avait envoyé Friedrick un jour, alors qu’il revenait d’un effroyable combat à l’Arène de cristal, et bien d’autres encore.

« Ah! C’est bon, je l’ai!

- Waouh! Victoire! »

Je me mis à la relire rapidement, cherchant frénétiquement la partie du paragraphe qui nous intéressait. Ce ne fut pas bien long avant que je ne le trouve, le pointant immédiatement à Hakiel.

« Il parle du Continent Naturel, là!

- Il voulait se renseigner à propos d’une fleur aux propriétés médicinales uniques. Eh, mais… Lis cette phrase juste ici... »

Je posais mon regard à l’endroit désigné.

« … Si des informations manquent à mes recherches, j’irai à la bibliothèque de Sleyric qui n’est pas très loin… La bibliothèque de Sleyric? Jamais entendu parlé.

- Moi non plus…

- Mais ça nous donne tout de même une première vraie piste à suivre! »

Hakiel hocha vigoureusement la tête avant de m’aider à ranger les lettres au sol. Puis, nous sentant l'âme de pseudo détective, tant le fait de savoir que nous avancions enfin nous comblait de joie, nous partîmes, très peu de temps après, à la recherche d'informations sur cette fameuse bibliothèque de Sleyric.

Nous marchâmes à travers les rues de Médigo à vitesse grand V, fonçant directement vers la bibliothèque du quartier. Cachée dans l’ombre d’un grand arbre, la petite bâtisse était si discrète que l’on pouvait passer à côté sans véritablement la remarquer. Mais un habitant comme moi connaissait son existence et les personnes sachant où elle se trouvait se réjouissait toujours de pouvoir lire sous le toit de cet édifice: calme, sans aucun autre bruit que celui des feuilles que l’on tourne entre nos doigts, c’était un véritable petit paradis pour les lecteurs invétérés. Traversant l’embrasure de la porte, entendant le petit son pur et clair de la clochette, nous rejoignîmes aussi vite que nous le pouvions – et le plus silencieusement – le vieux bibliothécaire assis à son comptoir. Comme d’habitude, il avait son nez plongé dans un nouveau bouquin.

« Bonjour Monsieur… Commença Hakiel en chuchotant, mais le vieillard, de ses yeux vifs, se mit à l’observer intensément, ce qui coupa instantanément le jeune garçon dans sa lancée.

- Hum, hum… Je vois…

- Vous voyez…?

- Ah! Je commence à me faire vieux! Je croyais avoir complètement oublié son emplacement! »

Puis il se leva, s’appuyant sur sa canne, se dandinant comme un canard pour aller rejoindre un casier dans le bureau qui se trouvait juste derrière son comptoir. Hakiel, une fois l’étrange individu éclipsé, me jeta de grands yeux interrogatifs. Je pris sur moi-même pour ne pas éclater de rire – respect aux affamés de lecture qui devaient déjà s’exaspérer de nous entendre murmurer comme des voleurs dans ce silence quasi religieux.

« Il est plus malin qu’il en a l’air, crois-moi!

- C’est ce que j’essaie aussi…

- Ah! Ah! Hum, hum… Oui, oui, c’est bien celui-ci. »

Revenant avec un large bouquin, le vieil Orisha tendit celui-ci au petit Bélua, sans plus lui offrir d’informations que précédemment. Cependant, il lui conseilla d'y faire très attention. Hakiel, perdu, donna néanmoins sa parole.

« Allons-nous trouver une place et laissons-le à son roman maintenant. »

Au regard que le Corbeau me lança, je compris qu’il ne saisissait pas encore le comportement du vieil homme. Mais le bibliothécaire de cet établissement était assez particulier dans son genre. Peu bavard, il disait ne pas vouloir s’encombrer de conversations inutiles. C’est pourquoi qu'à la seconde où l’on posait un pied dans son antre, il sondait notre esprit, à la recherche de ce qui nous amenait en ces lieux. Puis, sans cérémonie, il nous donnait l’article que nous désirions avant de retourner à son bouquin. À force, on s’habitue, croyez-moi!

Une fois installé, nous débutâmes notre lecture, ne sachant pas trop à quoi nous attendre, mais si c’était ce bibliothécaire qui nous avait conseillé ce livre, c’est qu’il nous était important pour quelque chose en particulier. Nous voyagions à travers les pages, à travers les mots d’auteur que je connaissais à peine, voire pas du tout. Il y avait, dans ce livre, des sujets passant d’intéressants, à passables, d'ennuyeux à vraiment chiants: comme quoi, l’étalage était suffisamment grand pour intéresser n'importe qui sur l’architecture du monde ancien et moderne. En tout cas, ça n'empêchait pas les heures de s’égrainer lentement, tellement lentement. J'avais l'impression qu'une tortue venait de prendre la place du hamster dans la roue du temps. Hakiel, rempli d’énergie en arrivant ici, venait de s’étaler de tout son long sur la table. Il abandonnait.

« J'comprends pas pourquoi ce vieux schnok a voulu qu’on lise ce truc! C’est super ennuyeux!

- Le vieux schnok, comme tu l’appelles, nous aide à choisir, pas à nous donner les réponses tout cuit dans le bec. Alors, faut s’armer de patience. »

Le gamin ronchonna avant de se remettre à la tâche. Cela nous prit bien trois heures avant de trouver ce que l’on cherchait.

« Et voilà ce que récolte l’homme patient!

- Tu lis le passage, oui?!

- CHUUUUUUUT!

- Oups… Pardon…

- Bon, alors, c’est écrit… La bibliothèque de Sleyric était, autrefois, un imposant bâtiment à l’architecture encore inégalée à ce jour. Les arabesques qui composaient ses courbes étaient d’une telle précision que l’on pouvait aisément voir chaque détail de celles-ci à l’œil nu. Plusieurs bâtiments, d’ailleurs, se sont inspirés de l’imagination et de l’art de son architecte, Théodore le Noir, brillant artiste renommé de la communauté alfar.

- Quoi? Les alfars? Mais quel rapport ils ont avec…

- Attend, ce n’est pas tout… Malheureusement, le Noir tomba avec son chef-d’œuvre, lors d’une importante bataille qui, à présent, marque les âges à travers l’histoire […] Le bâtiment, désormais détruit et abandonné, conserve tout de même sa beauté d’antan, ses reliefs et ses fresques ayant combattu les dommages du temps… Hum… Le reste n’est pas vraiment important. Ça parle surtout des principales œuvres littéraires qui ont été perdu dans l’effondrement du bâtiment.

- Mais qu’est-ce qu’Ardwick a fait dans un lieu aussi décrépi?!

- CHUUUUUUUT!

- Pardon, pardon! Excusez-moi…

- Je ne sais pas, mais je compte bien le découvrir… »

Je passais rapidement mon regard sur la page que je venais de consulter avant de fermer le bouquin et de me relever. Hakiel, m’imitant, prit le livre dans ses mains avant de se diriger vers le vieux  bibliothécaire.

« Merci beaucoup! Ça nous a bien aidé!

- Je sais. Maintenant, si vous voulez bien sortir, les autres clients vont vraiment vous sautez à la gorge si vous restez plus longtemps. »

Nous nous retournâmes brièvement, mais suffisamment longtemps pour croiser quelques regards hostiles à notre encontre. Aussitôt, Hakiel partit en courant en direction de la porte et de mon côté, je pris juste un peu plus de temps pour remercier une dernière fois le vieil homme. Ce dernier, balançant vaguement sa main dans l’air, me répondit d’un ton amusé:

« Si c’est pour le p’tit Draug, ce n’est pas la peine de me remercier. Maintenant, ouste! »

Je souris. Mais tout de suite après, je partis au triple galop de la bibliothèque.


2 044 mots | 3 post



❧ La mort des rats | Quête unique Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 29 Déc 2015, 21:39

La mort des rats
« Déception… Trahison… »

« Puisque nous sommes finalement sortis de l’Enfer de l’ennui, on fait quoi maintenant? La bibliothèque de Sleyric nous a donné un bon indice, mais si elle est détruite à quoi ça sert d’y aller?

- À part si tu as des secrets à garder enfouis? Je ne sais pas… »

Nous traversâmes les ruelles de Médigo, l’information tournant et se retournant dans notre cervelle, sans que l’on parvienne à faire de lien concret entre cette bibliothèque et le Magicien. Soupirant, j’attrapais la main du jeune Bélua, le traînant brusquement derrière moi.

« Eh là! Tu veux m’amener où comme ça?!

- Peut-être que nous pourrions aller interroger les personnes vivant à côté de son laboratoire. Ils ont sûrement dû voir des choses, en avoir entendu d’autres. Ça nous sera peut-être utile, qui sait?

- C’est pas bête. On n’a pas grand-chose à perdre de toute façon! »


Les jours se suivaient et se succédaient sans que l’on parvienne, Hakiel et moi, à découvrir de nouvelles choses sur la vie de mon bienfaiteur. Les dires des citoyens, habitant à proximité du laboratoire, ressemblaient plus à des rumeurs qu’à de véritables informations. Nous essayions de creuser toujours plus dans nos recherches, tentant d’y trouver un quelconque indice qui pourrait nous permettre d’avancer, mais nous nous trouvions, définitivement, dans une impasse.

Nous nous étions renseignés à propos de la fameuse bibliothèque de Sleyric, mais tout ce que les rares personnes que nous avions consulté savaient du sujet, c’était qu’elle avait été partiellement reconstituée par un mécène à l’identité nébuleuse et qu’officiellement, elle appartenait désormais au patrimoine alfar. Pour ce qui était des principaux sujets de lecture dans cet ancien bâtiment du savoir, ils tournaient autour des maladies, des maléfices et de la magie de guérison. Le reste parlait de botanique et d’alchimie. Encore là, il n’y avait pas grand-chose de suspect quant au choix du Magicien à vouloir consulter les quelques documents restaurés de la bibliothèque, surtout en sachant le métier qu’il exerçait. Mais pour des résultats optimaux, il aurait fallu que nous nous déplacions jusqu’à la cité alfar pour en être certain, et connaissant le dégoût certain que cette race nourrissait à l’égard de toutes les autres communautés peuplant les Terres, il nous aurait fallu bâtir un plan de la mort qui tue pour pouvoir songer à entrer et sortir de la cité sans nous faire prendre. Alors, bien vite, nous avions mis de côté cette piste, sans pour autant la laisser tomber.

Pour revenir aux témoignages des voisins d’Ardwick, il faut dire qu’ils étaient de moindre importance. Les gens se répétaient tous à son sujet: comment il était et qu’est-ce que le Magicien leur insufflait comme impression. Là-dessus, ils étaient plus que catégoriques. C’est quand nous venions à leur poser des questions sur ce qu’il faisait, sur les habitudes qu’il prenait lorsqu’il était en ville que ça devenait plus évasif. Les réponses étaient corrigées plus d’une fois et l’incertitude s’imbriquait dans leurs traits comme pour leur créer un nouveau visage. Excepté son détachement et la légère crainte qu’il faisait naître dans l’esprit des villageois, Ardwick semblait n’avoir rien à se reprocher. Encore une fois, je me demandais si je faisais la bonne chose ET de la bonne façon.

De plus, notre enquête fut interrompue il y a deux jours de cela. Les regroupements quant à la détermination du peuple à vouloir éliminer la Khælessi, n’avait pas du tout aidé à l’avancement de nos recherches. Les villageois les plus en colère s’en étaient pris à de jeunes filles et à des femmes avec des cheveux de couleur roux. Hakiel et moi étions parvenus à en sauver une des griffes d’un détraqué, mais depuis, elle s’était enfermée dans notre maison, le traumatisme de cette attaque l’atteignant plus qu’elle ne le laissait le croire. Elle ne voulait pas déranger, de surcroît, mais je l’interdisais de sortir dans les rues alors que la tension palpable et la colère qui habitait les cœurs de Médigo ne s’étaient pas partiellement apaisées. Elle avait accepté de rester, sachant sa vie en danger à l’extérieur, et c’était mieux ainsi. La jeune Maeka – c’est ainsi qu’elle s’était présentée  – pouvait, à loisir, se servir de cette maison, tant et aussi longtemps que la folie du peuple ne se soit pas calmée (Référence au Lieu du Mois – Lorsque la folie domine la raison).

Mais de mon côté, la tension palpable, elle, était principalement due à mon enquête. Je ne savais plus quoi faire, je ne savais plus quel moyen déployer pour découvrir la vérité, par quel côté prendre toute cette affaire. J’avais cru que tout cela allait être bien plus simple, mais la vérité est que j’avais l’impression d’avoir épuisé toutes mes ressources et, qu’une fois de plus, mes convictions s’effritaient doucement face à l’échec cuisant. Hakiel avait beau m’encourager, je commençais sérieusement à décourager. Que me restait-il pour avancer? Comment je pouvais prendre en chasse un être qui semblait toujours parvenir à m’échapper? C’était comme chasser l’inaccessible; c’était le vol d’Icare et, comme la légende, j’avais la désagréable impression de chuter jusqu’à la Terre après avoir tenté de toucher le Soleil…


Septième jour de l’enquête.

Je relisais les lettres que j’avais conservées à la maison, à la recherche d’une quelconque piste qui pourrait m’être utile. Hakiel et Maeka, celle-ci plus détendue d’ailleurs, s’amusaient à un jeu de cartes brillamment inventé par le jeune Bélua. Je les écoutais d’une oreille distraite, mon attention tournant et retournant chaque mot que mon esprit assimilait dans ma lecture. Ce que je cherchais? Des sous-entendus, des rumeurs, des lieux, des blagues, n’importe quoi qui pourrait m’aiguiller. J’étais dans une situation, pour le moins, désespérée…

Toc. Toc. Toc.

Tous les trois arrêtions brusquement ce que nous faisions. Qui était-ce? Aussitôt, nous crûmes à l’arrivée de nouveaux fanatiques, qui voulaient la tête de la « Dame des Abysses », alors d’un geste de la main, je demandais à Maeka de partir se cacher dans l’une des chambres. Hakiel, le regard inquiet, des images de la précédente agression défilant sûrement dans son esprit, suivit la jeune fille. Avant de disparaître derrière la porte, il me jeta un dernier regard. Je lui souris avec assurance et, doucement, la porte se referma. Je me levais de mon siège avant de me diriger vers l’entrée. J’ouvris la porte, à peine d’un entrebâillement, avant de passer un œil dans la minuscule ouverture que je venais de créer. J’aperçus alors un corps imposant, surtout par sa grandeur, et des cheveux rouges en épis qui descendaient jusqu’aux épaules de l’individu. À cette vue et au contact de ses iris dissemblables dans mes yeux, un sourire fendit mes lèvres et je finis par ouvrir complètement la porte, me dégageant rapidement de l’entrée pour le laisser passer.

« Asche! Eh bien! Où avais-tu disparu?

- On ne peut pas dire que les jours aient été vraiment tranquilles pour moi. Mais ça fait plaisir de revenir à la maison après tout ce temps. »

Il entra sous notre toit, délaissant son petit bagage contre la table à manger. Pendant ce temps, Hakiel ouvrait la porte de la chambre, un grand sourire aux lèvres.

« Je savais que je connaissais cette voix! Asche! S’exclama le Corbeau en courant pour sauter dans les bras du géant aux cheveux rouges.

- Salut petite tornade, dit l’Orisha en le réceptionnant dans son saut. Qu’est-ce que tu faisais cacher à l’intérieur de cette chambre? »

Quelques secondes après, la timide Maeka sortait de celle-ci, dévisageant avec méfiance le nouvel arrivant. Je m’approchais d’elle, voulant être rassurant, lui tendant une main pour qu’elle approche sans crainte.

« Qui est-ce? Me chuchota-t-elle, sans se décider à attraper ma main.

- Un ami. Tu n’as rien à craindre de lui. Il ne te fera pas de mal, fais-moi confiance. »

Le géant aux yeux vairons posa alors son regard sur cet être tout frêle. Ses sourcils se relevèrent et je crus apercevoir de la surprise dans ses yeux.

« Asche, voici Maeka. Maeka, voici Asche.

- Ta petite amie?

- Qu-Qu’est-ce que tu racontes? Ce n’est pas ma petite amie! Nous la protégeons des détraqués mentaux qui courent dehors, à la recherche de la Khælessi!

- Hum, hum… Pas la peine de rougir dans ce cas: tu parais encore plus coupable. »

Je lui assénais un grand coup sur l’épaule et Hakiel, dans les bras du géant, se mit à rire.

« Miles est amoureux! Miles est amoureux!

- Tais-toi, p’tite peste! »

Le Bélua tira une grimace moqueuse et Asche approcha sa grosse main de ma tête avant de la tapoter doucement.

« Allons, allons. Pas la peine de monter sur tes grand chevaux, souria-t-il en se tournant vers Maeka, qui était restée un peu à l’écart. Enchanté de te rencontrer, Maeka, salua-t-il en lui tendant la main.

- Ra-Ravie de vous connaître également », balbutia la jeune Orisha, un petit sourire apparaissant sur son visage malgré les plaisanteries de mes camarades.

Elle paraissait déjà se faire à la présence du géant à la tignasse rouge.  

Nous nous installâmes tous les quatre dans le salon, s’informant tour à tour de l’aventure que venait de terminer Asche. Il nous raconta comment, en arrivant sur le continent du Matin calme, pour rejoindre la sœur de sa défunte femme, il avait été pris pour cible par les Masques d’Or et fait prisonnier avec sa belle-sœur et la jeune fille de celle-ci. Ensuite, il nous parla de sa tentative de fuite, aidée par de nombreux Orishas, mais elle se solda par un échec, puisqu’Asche et sa belle-sœur s’étaient fait de nouveau emprisonner. Au moins, nous avait-il conté, la petite fille était parvenue à sortir de ces cachots. En l’écoutant, je me rendais compte à quel point nous avions souffert les uns les autres durant cette période. Je me demandais, d’ailleurs, ce qui était arrivé à Friedrick pendant ce temps. Est-ce que tout allait bien pour lui et son mentor? Je pris quelques secondes pour faire part d’un message à Antarès, la priant pour qu’elle protège Friedrick et ses camarades. La conversation coula ainsi, entre des rires et des sourires, des silences et des regards assombris. Asche glissa, d’ailleurs, les résultats de la Coupe des Nations et j’haussais des épaules en entendant que je n’avais pas gagné cette année. Sans Asche, je crois que j’aurais complètement oublié la compétition de toute façon.

« Je suis bien content de rentrer à présent! Juste histoire de me reposer un peu, dit-il en s’étirant et en se levant pour piquer un somme dans l’une des chambres libres.

Mais en partant, son regard fut attiré par l’amas de parchemins et d’enveloppes qui s’étalait sur la table à manger. Il me jeta un regard interrogateur et je m’approchais aussitôt de la table, ramassant de manière pêle-mêle toutes les feuilles qui traînaient.

« Qu’est-ce que c’est?

- Des lettres… Pour trouver quelque chose sur Ardwick…

- Ardwick?! »

Le regard de l’Orisha changea brusquement.

« Et que cherches-tu exactement? Me questionna-t-il en braquant ses iris dans les miens.

- Je cherche… la vérité », avouais-je sans détour, ne levant pourtant pas les yeux vers Asche.

Il eut un silence, un très long silence. Mais un sourire apparut soudainement sur le visage du géant.

« Tu as enfin compris…

- Non, je n’ai rien compris, et je ne comprends toujours rien, murmurais-je en secouant la tête. Mais je cherche à présent; je cherche à connaître la vérité.

- C’est déjà un grand bond en soi. »

Le regard d’Asche me transperçait de toute part et, durant une seconde, je crus noter un sourire sur le pan de ses lèvres. Un sourire de reconnaissance, presque de soulagement.

« Alors, c’est arrivé. C’est l’instant que j’attendais depuis la mort de ton père… »

À cette remarque, mes yeux s’écarquillèrent. L’instant? Quel instant?

« Qu’est-ce que tu veux dire? »

L’Orisha me demanda d’attendre quelques secondes avant de se diriger vers l’ancienne chambre de Père. L’incompréhension sur mon visage se creusa un peu plus sur mes traits, tandis que j’entendais des tiroirs s’ouvrir et se fermer dans la chambre.

« Ton père, commença Asche de la chambre, voulait que je mène ma propre enquête sur Ardwick. Il était très inquiet pour toi et de l’influence que ce dernier semblait exercer sur ton esprit. Il m’a envoyé une missive pour que je revienne à Médigo, pour que je vienne l’aider à démystifier les mystères qui entourent ton Magicien. »

Ma bouche s’ouvrait progressivement. J’avais toujours su qu’Asche n’était pas arrivé dans nos vies par pur hasard. Sans en connaître la raison exacte, j’avais eu quelques pressentiments à cet égard. Mais, en aucun cas, je l’aurais soupçonné d’être venu pour… Ardwick. L’ancien soldat revint dans le salon, une pile de papiers, aussi conséquente que la mienne, dans les mains.

« Pour mon vieil ami, je ne pouvais dire non. Alors, peu de temps après mon arrivée, je me suis activé. Ardwick, au début, m’apparaissait comme un fantôme. Il existait, sans conteste, mais rien ne semblait le prouver et j’eu énormément de difficulté à récolter toutes ces informations sur lui. »

Sur la table, il étendit la paperasse et tous les quatre, nous nous rassemblâmes autour de celle-ci pour avoir une meilleure vue sur l’ensemble du travail. Je prenais les feuilles entre mes doigts, lisant l’écriture en patte de mouche du géant. Des flèches reliaient des phrases, des cercles entouraient les renseignements importants. Il y avait des carrés, des triangles, d’innombrables soulignements…

« Tu es parvenu à trouver… tout ça?

- Ça valait la peine, mais ça n’a pas été une partie de plaisir pour autant.

- Est-ce que je peux?

- Fais-toi plaisir. C’est le fruit de plusieurs mois de travail. Rien que pour toi. »

Je le regardais droit dans les yeux avant de porter toute mon attention sur les feuilles de papier. Après les avoir en main, je me plongeais corps et âme dans la lecture de ces manuscrits, mes compagnons m’entourant d’un silence religieux.

Le miracle que j’attendais depuis une semaine venait de se réaliser.


C’est… pas vrai…
Je n’avais aucune difficulté à croire ce que je lisais; en fait, je n’y croyais tout simplement pas. Comment avais-je pu travailler avec lui pendant deux ans sans que je me rende compte de tout ceci?
C’est pas vrai…
Toute la nuit, je n’avais cessé de lire, en compagnie d’Asche, et mes lèvres devaient sûrement saigner à force de les avoir trop mordu.
C’est pas vrai!
Tiens? Le Soleil se levait déjà? Je pouvais voir ses rayons traverser le voile fin des rideaux.
C’est pas vrai, c’est pas vrai!
Je déposais les feuilles de papier sur la table, me prenant le visage à deux mains. Le géant me fixait avec une expression indéchiffrable, comme dans l’attente d’une réaction de ma part.

C’était tout bonnement impossible… Je le connaissais depuis deux ans, DEUX ANS BORDEL! Comment n’avais-je pu voir tout ça? Comment j’avais été aussi aveugle?

« Ça va? »

J’hochais lentement de la tête, essayant encore d’assimiler le tout. Mais au plus profond de moi, je savais que ça n’allait pas du tout.

« Tu es sûr que…

- Oui. J’ai vérifié tous les profils que j’ai trouvés. Pour la plupart, ils se cachent et se terrent dans les coins les plus lugubres des Terres, mais pour les autres, ce sont des vendeurs reconnus et réputés dans leur communauté… »

Je secouais la tête. Je n’y croyais pas… Je n’y croyais pas… Voyant que je recommençais à nier les faits, Asche pris les feuilles avant de mes les balancer sous le nez.

« C’est toi qui voulait connaître la vérité? La voilà, Miles. Contrats pour la fabrication de poisons et de puissants hallucinogènes pour les Alfars, contacts avec les Déchus et les Ondins pour le matériel logistique nécessaire…

- Non… Non…

- Et le pire: trafic d’êtres humains, qu'il traite comme s'ils n'étaient que des rats de laboratoire.

- NON! »

D’un coup, j’envoyais ma main vers les feuilles, qui s’envolèrent dans toute la pièce. Asche me regardait gravement, les sourcils froncés.

« … J’aurais dû savoir que tu n’étais pas prêt finalement… »

Je lui jetais à peine un regard. Ardwick… n’était pas cet homme. Il… Il avait dû se tromper. Je veux dire, comment était-il parvenu à trouver tant d’informations sur lui, alors que j’étais à peine capable de trouver son nom de famille? Tout ce que j’avais réussi à récolter, c’était le nom d’une foutue bibliothèque perdue sur les terres des Alfars! Il… Asche avait peut-être tout inventé. Ce n’était pas possible… Pas ça…

« C’est la vérité, Miles. Et encore, ce n’est pas comme si j’avais toutes les informations… »

Je tiquais légèrement, sans pour autant le lui montrer ouvertement. Mais l’Orisha sut tout de suite que mon attention venait d’être captée.

« Je ne suis jamais allé dans son laboratoire… »

Je me crispais.

« Tu n’y trouveras rien, lui dis-je sans hésitation. Je suis bien placé pour le savoir: j’y suis allé quand même souvent…

- Mais tu n’as pas tout vu de son laboratoire. »

Je ne dis rien, sachant qu’il avait raison.

« Nous devons y aller.

- Non. Pas question.

- Nous devons y aller si tu veux découvrir LA vérité. »

Je me mis à trembler. Mon esprit paniquait. Depuis le début de mon enquête, je n’avais rencontré que des impasses, pour finalement me dire que tout ce que j’avais entendu n’était que de fausses suppositions. Rien ne m’avait semblé suspect, excepté cette fichue conversation qu’il avait eu avec cet étrange individu à Noël. Alors devant si peu de preuves compromettantes, comment Ardwick pouvait-il être celui que tant de personnes craignaient? Je… J’avais commencé à me dire que tout n’était que le fruit de mon imagination, qu’Ardwick n’avait jamais été un Sorcier et que je m’étais fait de fausses idées, influencé par les propos que j'entendais dans les alentours…
Au moins, dans ce scénario, les deux dernières années où j’avais travaillé avec lui n’avaient pas passé en vain.

Cependant, les nouveaux renseignements fournis par Asche détruisaient le mince fil d’espoir qu’il me restait. Mon monde au complet s’anéantissait sous le poids de deux ans de mensonges et de tromperies, et j’avais de la difficulté à encaisser la chute. Comme toujours, je fuyais dans le déni. Mais, n’avais-je pas voulu découvrir la vérité, même si cette dernière me détruisait? N’avais-je pas voulu me libérer de ces angoisses qui me torturaient constamment l’esprit? Je voulais avancer, plus que tout, mais aveugle comme j’étais – et que je restais – je n’avançais en rien… Cela dit, si deux années de ma vie avaient été gâché, ne voudrais-je donc pas savoir à cause de quoi et surtout, à cause de qui je les avais perdu? Ma mâchoire se contracta et, sous l’assaut de la colère, mes doigts se serrèrent dans mes cheveux.

« A-Allons-y, m’exclamais-je soudainement en me levant, délaissant les papiers sur la table à manger. Allons découvrir les véritables desseins d’Ardwick… »

S'il y en a vraiment…
Asche m’observa en souriant, se levant à ma suite. Il était prêt; il l’avait toujours été pour me donner un coup de main. C’est seulement moi qui avais de la difficulté à le comprendre…


3 191 mots | 4 post



❧ La mort des rats | Quête unique Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 29 Déc 2015, 23:04

La mort des rats
« Déception… Trahison… »

Nous nous étions équipés, au cas où: moi de ma besace Magique, Asche de son épée. Par simple précaution, nous n’avions pas réveillé Hakiel. Avec Maeka, nous nous étions assurés qu’il ne nous suive pas. Je n’avais aucun moyen de savoir si ce laboratoire était gardé ou non pendant l'absence de son propriétaire, ou si des pièges avaient été placés pour interdire l’accès à de potentiels voleurs. Dans tous les cas, je préférais qu’Hakiel reste à la maison, en sécurité.

« Je veillerai sur lui, ne t’en fais pas.

- Merci Maeka. Ça ne sera pas long. »

Puis, sans plus attendre, nous quittâmes la maison. Je guidais le géant à travers les rues de Médigo, l’angoisse alimentant le rythme des battements de mon cœur au fond de ma poitrine, allant jusqu’à la menacer de se déchirer. Ardwick… Dis-moi que tu n’as pas fait ça… Tout le long de la route, nous l’avions passé dans le silence le plus complet. L’animation de la ville, pourtant, couvrait l’atmosphère pesant qui nous enveloppait: Asche gardait l’œil rivé vers l’horizon tandis que mon regard, lui, se portait indéniablement vers le sol. Tiraillé par deux pensées contraires, déchirés par des croyances divergentes, j’avais l’impression que la bile montait au fond de ma gorge. J’étais malade. Malade de trouille, oui. Surtout que la peur, de plus en plus que nous nous rapprochions du laboratoire, s’intensifiait… Je déglutis et Asche, me voyant au plus mal, choisis de marcher à ma hauteur.

« Nous y sommes… »

À première vue, ce bâtiment n’avait rien d’extraordinaire. Ce n’était qu’un petit édifice de deux étages à travers la jungle moderne de Médigo, avec son plafond de tuiles et ses murs en brique. Pourtant, à la simple vue de ce bâtiment, un frisson monta sur ma colonne vertébrale et glaça mon sang. Asche, ne ressentant pas la même appréhension, s’approcha d’un pas décidé vers la porte, tournant la poignée.

« C’est fermé », me dit-il en me jetant un regard par-dessus son épaule.

À mon tour, je me postais devant la porte avant de lever le doigt. Grâce au pouvoir du lien du Destin, je parvins sans mal à crocheter la serrure et j’ouvris la porte. Celle-ci produisit un bruit de grincement strident qui me fit grincer les dents. L’Orisha à la tignasse rouge pénétra aussitôt dans le laboratoire et se mit immédiatement au travail, à la recherche du moindre indice. Je le regardais faire, l’inquiétude serrant mon cœur.

« Nous perdons notre temps…

- Arrête avec ça, Miles! Quand tu te décideras à voir la vérité en face, tu ne penseras plus du tout la même chose, s’énerva le géant. Maintenant, dis-moi où se trouve son bureau.

- …

- Miles… Je vais vraiment m’énerver là. »

Ça se voyait très clairement dans ses yeux. Une flamme sauvage y dansait. Étrangement, en croisant son regard, je songeais immédiatement à Scott, au jour où nous avions dû évacuer la ville alors que la terre tremblait de partout. Il m’avait jeté le même regard, gonflant la colère que je pouvais voir perler dans ses yeux de paroles et de mots blessants et pourtant véridiques. J’étais misérable. Misérable et faible. Je me donnais des airs, à vouloir chercher la vérité, mais je la redoutais encore plus que je la désirais. Car elle était synonyme de libération; elle était synonyme de destruction. Je baissais les yeux, tremblant.

« Bon, ça suffit maintenant! »

Asche vint jusqu’à moi, m’empoignant par le col. Je ne lui opposais aucune résistance, observant uniquement ses iris s’enflammer.

« Ta couardise m’exaspère! Alors tu préfères vivre dans un mensonge que de vivre par toi-même? Très bien! Mais tu ne seras jamais Libre, Miles! Sache-le! Tu seras constamment enchaîné, lié à cet escroc qui profite de toi! Tout Orisha qui se respecte n’aurait jamais accepté une telle situation! Il se serait battu, il se serait rebellé, mais toi, toi, pauvre petit enfant esseulé, tu te rends toi-même esclave de ce malfrat!

- Je… Je ne suis l’esclave de personne… Je suis ma propre voie, je vis comme je l’entends…

- Si tu crois ça, c’est que tu es encore plus idiot que je l’avais pensé! Tu fuis à chaque fois, Miles, bon sang! Pour une fois, regarde vers l’avant au lieu de regarder tes pieds! »

Mes pieds…
Je courbais toujours l’échine lorsque cette situation revenait sur le tapis. Je… Je fuyais la réalité, oui, pour m’isoler dans un monde qui me faisait moins souffrir et où les larmes n’avaient leur place que dans les mauvais souvenirs. Ma mâchoire se contracta et je baissais la tête. Comme toujours, je baissais la tête. Pourtant…

« Deuxième étage. Première porte à gauche. »

Asche me considéra quelques secondes avant de me lâcher et de filer comme une flèche au deuxième étage. Je restais au rez-de-chaussée un peu plus longtemps, réfléchissant à tout ce que l’on m’avait dit, à tout ce que je m’étais obstiné à ne pas écouter. Ma souffrance résidait dans le fait que je n’accordais plus autant de confiance à Ardwick, mais au revers de la médaille se trouvait également ma terreur quant à savoir que tout ce que j’avais entrepris n’était que cendres et poussières, que malgré toutes les bonnes intentions dont je m’étais couvert, elles n’avaient servi à rien dans la destinée de mon père. Mais Miles… Pourquoi as-tu si peur? Est-ce parce que la vérité est tout près de toi? Est-ce parce que le moment est inévitable? J’observais les escaliers qu’Asche avait escaladé et d’un pas traînant, je me mis à suivre ses pas, montant les marches une par une, mon cœur se noyant dans la crainte. Miles, fais-le au moins pour Père. Trouve la vérité, débusque-la. N’aie pas peur; n’aie plus peur. La vérité est souvent difficile à encaisser, mais elle nous grandit, elle nous aide à avancer, et le prix de la Liberté ne peut se payer sans sacrifice, sans douleur et sans peur. Je me trouvais au deuxième, le cœur battant à tout rompre. Asche se trouvait juste devant moi et le géant, d’un geste de la main, m’interdit de faire un pas de plus.

« Nous avons de la compagnie », souffla-t-il en tendant sa large épée.

Devant nous, il y avait un homme, aussi grand et costaud que l’Orisha aux cheveux rouges, tenant deux larges cimeterres dans chacune de ses mains. Autour de son cou se trouvait un talisman.

« Bienvenue, chers invités, dans l’antre de mon Seigneur. Cependant, je suis dans le regret de vous annoncer que vous devez déjà partir. Le Maître n’est point présent et il m’a ordonné de protéger le laboratoire des intrus mal intentionnés… Et vous me semblez être des intrus mal intentionnés. »

Un rictus malsain s’étira sur le pan de ses lèvres et, sans attendre, il se jeta sur nous, ses cimeterres tournoyant dangereusement autour de lui. Aussitôt, Asche fonça sur le sbire, fracassant son épée contre celles de notre adversaire, mais celui-ci, plus rapide et svelte que le géant, parvint à contrer le coup avant de se glisser derrière l’Orisha.

« Je suis au service du Seigneur. Les suspects doivent être arrêtés. »

Il leva ses deux cimeterres et il voulut les abattre sur le dos d’Asche. Rapidement, je vins m’interposer, mon épée à double lames dans mes mains.

« Les intrus doivent être éliminés. »

Il recula en bondissant, avant de foncer avec encore plus de vitesse dans notre direction. Je me positionnais, en garde, avant de parer son coup et de lui envoyer un coup de pied. Cependant, le sbire l’arrêta avec sa main avant de lever son arme.

« Intrus numéro deux est plutôt rapide. Il le sera moins sans l’une de ses jambes. »

Saisissant le danger, je me débattis avant d’envoyer mon épée dans sa direction. Voyant la lame filer dans sa direction, l’homme au sourire se décala, l’épée ne rencontrant que du vide. Mais au moins, mon pied fut libéré. Asche, devant cette ouverture, attrapa l’opportunité et s’apprêta à envoyer une seconde attaque, mais le sbire le para avec la même habileté que la première fois.

« Intrus numéro un est énervant… » Grinça l’homme avant de forcer Asche à reculer.

Notre adversaire était coriace. Il parait la plupart de nos attaques et se contentait d’esquiver les autres, nous portant, d’ailleurs, d’innombrables coups grâce à sa vitesse et à son agilité. Même moi, je peinais à le suivre dans sa danse. Ça commençait à bien faire. Furieux, alors que le sbire esquivait une énième attaque d’Asche, je pris mon épée comme une lance avant de la lui tirer dessus. Il ne remarqua pas tout de suite le projectile foncé droit sur lui, mais il eut suffisamment d’instinct pour éviter de se faire empaler.

« Hum… La situation commence à ne plus m’amuser. Le Seigneur ne sera pas content. »

Se tenant la hanche, là où mon épée eut la chance de le toucher, il se projeta vers moi, ses cimeterres tournoyant à vive allure.

« C’est par toi que je vais commencer! »

Je me reculais. Oh non… Je venais de tirer mon arme comme un imbécile et me voilà complètement impuissant face à notre adversaire. Ses lames s’approchaient dangereusement et alors que je crus que mon heure était venue, une lame vint parer les coups.

« Asche!

- Va chercher ton arme! Grouille-toi! »

Précipitamment, je fis ce qu’il me demanda, filant là où mon épée gisait. Mais à l’instant où j’arrivais à la hauteur de mon arme, j’entendis un cri dans mon dos et, vivement, je me retournais. Asche venait d’être touché au bras, celui-ci saignant avec abondance. m*rde! Je n’attendis pas plus longtemps avant de reprendre l’assaut, sautant sur le sbire. Ce dernier me vit venir et, de nouveau, il para mon attaque. Seulement, ma lame glissa le long de son cimeterre et je parvins à atteindre son cou. Comprenant ce que je tentais de faire, Il me repoussa violemment avec le plat de sa deuxième arme et je fus obligé de reculer. Mais au même moment, le sbire cessa tout mouvement et, d’un coup, sans crier gare, il tomba au sol. Je le regardais, le cœur battant. On aurait dit une poupée à qui je venais de couper les fils.

« Qu’est-ce qui… lui est arrivé?

- Mi-Miles… Le talisman qu’il avait autour du cou… »

Je regardais à mes pieds. Effectivement, le fil qui retenait le talisman avait été coupé par ma dernière offensive. Je le ramassais, l’examinais avant d’observer le corps de l’homme.

« Il se faisait manipuler par cette chose… »

Je respirais bruyamment, mon haleine se heurtant à l’air et je me tournais doucement vers Asche, qui m’avait protégé.

« Est-ce que tout va bien?

- Je… Je me suis déjà retrouvé dans des situations bien plus pires que celle-là. »

Il souriait en grimaçant. Je savais qu’il souffrait énormément. Le sang, d’ailleurs, ne cessait de couler le long de son bras et, sans hésiter, je déchirais une manche de mon chandail pour enrouler le morceau de tissus autour de sa blessure.

« Asche… Je suis tellement désolé d’être aussi faible… »

- Tu es faible que lorsque tu le crois. Je sais au fond de toi que tu es fort, plus fort que tu le penses toi-même. Il te suffit d’utiliser cette force, Miles, de l’utiliser pour avancer, pour te Libérer. »

Son regard se tourna vers l’entrée du bureau. Je déglutis avant de regarder le géant.

« Je dois y aller, pas vrai?

- Oui. Pour toi et pour personne d’autre. »

Je me levais lentement avant de me diriger vers la porte du bureau. Je tentais de l’ouvrir et, sans surprise, je constatais qu’elle était fermée. J’hésitais quelques secondes avant d’approcher mon doigt et d’utiliser une nouvelle fois le pouvoir du lien du Destin. La serrure se déverrouilla dans un petit clic distinctif. Je poussais alors la porte et je pénétrais dans le bureau d’Ardwick. C’est le moment… Je m’approchais du bureau à grands pas, m’assoyant sur le siège en cuir qui se trouvait juste derrière. Minutieusement, je me mis à ouvrir les tiroirs, un par un. Mais à ma plus grande surprise, il n’y avait absolument rien.

« Co-Comment ça se fait?

- Qu’est-ce qu’il y a, Miles? Me demanda Asche depuis l’entrée du bureau.

- Il… Il n’y a absolument rien dans son bureau.

- QUOI? »

J’étais tout aussi choqué que lui. Non… J’avais sûrement dû passer à côté de quelque chose. Avec plus d’attention encore, je recommençais ma fouille, tâtant le fond des tiroirs, à la recherche d’un fond caché. Mais j’étais rendu à fouiller l’avant-dernier tiroir et je n’avais toujours rien trouvé. Un mélange de soulagement et d’intense angoisse se mit à balayer violemment mes pensées. Mon esprit s’échauffait et, d’un geste lent, calculé, j’ouvris le dernier tiroir. Mes doigts passèrent avec précaution sur le contour de celui-ci, jouant avec les coins pour essayer de les relever.

« Par Antarès!

- Miles! S'impatientait le géant.

- Asche! J’ai trouvé quelque chose! »

Mon cœur bondit dans ma poitrine, alors que je soulevais doucement le faux fond du bout des doigts. En-dessous du traquenard, il y avait une enveloppe, scellée. L’étampe sur le sceau de cire représentait la lettre E en majuscule, les pointes de la lettre se terminant chacune par une plume. Le sceau d’Ardwick! Je pris l’enveloppe avec moi avant de rejoindre Asche dans le couloir, qui s’était relevé.

« Nous devons rentrer avant que le sbire ne se réveille!

- D’accord. »

Précipitamment, nous partîmes du laboratoire, sans demander notre reste.


« POURQUOI VOUS ÊTES PARTIS SANS MOI?! »

Hakiel fulminait de rage. Mais Asche et moi, lui prêtions à peine d’attention. Néanmoins, Maeka vint à notre rescousse en attrapant la tornade par le bras.

« Regarde dans quel état ils reviennent tous les deux. Ils ne voulaient pas que tu sois exposé au danger… »

Le regard qu’Hakiel nous jeta était incendiaire, mais bien rapidement, les flammes dansant dans ses yeux s’éteignirent sous l’assaut soudain de larmes.

« Je voulais seulement leur donner un coup de main… être utile… »

Je lui ébouriffais les cheveux avant de me pencher à sa hauteur, lui souriant doucement.

« Tu m’as été d’une aide précieuse, Hakiel, n’en doute pas. Seulement, il fallait que j’y aille avec Asche. Nous ne savions pas ce qui nous attendait dans le laboratoire et nous avons bien fait de ne pas t’y amener. Un homme gardait le bureau d’Ardwick et il était armé.

- Et il était aussi sous l’influence d’un sort de manipulation. »

Pour appuyer ses dires, je sortis de ma poche le talisman que j’avais ramené du laboratoire. Nous le contemplions quelques secondes avant que je ne sorte de ma besace magique la lettre que nous avions prise dans le bureau du Magicien. Je pris une grande inspiration, décachetant la missive avant de sortir la lettre de l’enveloppe.

« C’est l’heure de vérité… »


De: Ardwick Eternam
À: Calen Eternam, Domaine des Eternam

Mon très cher oncle,

Tout d’abord, je m’excuse d’avoir porté si peu d’attention à vos propos la dernière fois que nous nous sommes rencontrés. C’est-à-dire que je suis très occupé ces dernières semaines et très énervé aussi, les événements causés par la Khælessi ralentissant considérablement mes recherches. Je ne peux me permettre de laisser quoi que ce soit me distraire, et encore moins la Famille. Je vous entends déjà grogner comme une bête mon très cher oncle, mais j’ai aussi mes raisons de vouloir garder mes recherches secrètes. Comprenez-moi. Cependant, pour satisfaire une partie de votre curiosité, je peux peut-être vous faire part de l’avancement de mes expériences.

Comme vous le savez, je me suis établi à Médigo il y a deux ans de cela et grâce à une aide extérieure – dont je tairais le nom – je suis parvenu à mettre la main sur plusieurs ingrédients qui manquaient à mes recherches. C’est fascinant, mon oncle, à quel point je progresse rapidement à présent! Grâce à ces nouveaux capitaux et à ces nouvelles ressources, j’ai réussis à négocier un contrat avec les Alfars. Tout ce que je dois faire, c’est créer et tester des hallucinogènes ainsi que des poisons pour le peuple noir. C’est un véritable jeu d’enfants. J’ai accès à plus d’une centaine de plantes et d’ingrédients de choix ainsi que du matériel humain à profusion pour mes recherches! Ces esclaves, ces rats qui se croient libres de tout, m’aident énormément d’ailleurs, aveugles comme ils sont. Un en particulier m’est très utile, m’offrant son père sur un plateau d’argent pour que je teste mes potions sur ce vieux corps malade et mourant. Quoi demander de mieux, mon oncle, qu’une pauvre âme misérable et désespérée prête à venir manger dans la main de l’ennemi? Je ne pouvais espérer mieux.

Également, j'ai récemment testé un vieux sort de manipulation mentale sur un exécrable serviteur. Je pense que le sort est au point, mais il me reste encore à l’améliorer pour qu’il soit sans défaillance. Pour ça, il me faudra encore plus de temps pour les examens et les recherches.

Enfin, je ne m’éterniserai pas sur ce sujet plus longtemps: je suis pressé. Je voulais simplement souligner le fait que, pour l’heure, la Famille n’est pas ma priorité. Croyez-moi, mon oncle. Lorsque mes recettes seront au point, je vous enverrais une nouvelle missive pour que l’on puisse se fixer un rendez-vous tous les deux, à la Bibliothèque. Je vous expliquerai tout ce jour-là, mais en attendant, prenez votre mal en patience.

Au plaisir de vous revoir en forme, mon oncle,

Votre cher neveu,
Ardwick Eternam.

crackle bones


Le silence qui s’était installé à la lecture de cette lettre devenait étouffante. Je sentis mon cœur se resserrer au fond de ma poitrine et, soudainement, une flamme, vive et cruelle, se mit à brûler dans mes entrailles.

« Ce… Ce s*laud…

- Nous avons tenté de te le montrer…

- Je sais. Je sais. J’ai… J’avais tort depuis le début sur son compte. Je n’ai pas arrêter de me voiler la face et à cause de moi, j’ai exposé Père aux folies de cet homme… »

Sous l’effet de la rage, le papier que je tenais en main se froissa dans mon poing et de l’électricité se mit à parcourir mon épiderme.

« Il va me le payer. Je vais le tuer.

- Miles, non! Attend! Tu-Tu ne…

- Je ne peux pas faire quoi? Je ne peux pas le tuer? Je ne peux pas me venger de ce qu’il a fait à mon père et de ce qu’il M’A fait? La bonne blague! »

J’éclatais de rire, serrant de plus en plus fort le bout de papier entre mes doigts, au point de le déchirer à certains endroits. Le jeune Bélua se tut, m'observant d'un air indéchiffrable.

« Comment aurais-tu réagi à ma place? »

Hakiel ne répondit pas.

« Ne viens pas me faire la leçon dans ce cas! »

- Miles!

-Non! Il doit comprendre! J’ai fait des erreurs. Je n’ai pas su protéger Père de cet escroc qui m’a aveuglé, qui m’a manipulé… Je suis un grand imbécile, un idiot fini! Tout le monde m’a averti et moi je me bouchais les oreilles, je fuyais la vérité comme un lâche! Un p*tain de lâche! Mais là… Non, là, je ne fuirais pas. Je vais l’affronter, de front, et réparer les erreurs que j’ai commises.

- Et qu’est-ce que tu comptes faire? »

Mon regard se tourna vers Asche, surpris, comme s'il devait déjà connaître la réponse.

« Tu me poses vraiment la question? Je vais jouer avec sa vie, pardi! Comme il l’a fait avec mon père! »


3 240 mots | 5 post



❧ La mort des rats | Quête unique Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

❧ La mort des rats | Quête unique

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» ❧ La grande Mascarade | Quête unique
» Divergence d'avis [quête unique]
» Technique unique [ - quête solo ]
» Effets secondaires | Quête unique
» Kidnapping sexy | [Quête unique - PV Cocoon]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Dévasté - Est :: Désert de Mow :: Megido-