C'était franchement bien sa veine. Alors qu'il venait enfin de réussir à se mettre en sécurité, voilà qu'il retombait tout de suite dans la gueule du monstre … Et ce n'était pas si figuré que cela, en cette occasion, comme expression. Ses mains tâtonnèrent son corps. Par chance, la dague et le filet qu'il avait emporté avec lui au début de toute cette histoire de chasse à la sirène étaient encore là, bien accroché à lui. Quelque chose lui disait qu'il allait avoir plus que l'occasion de s'en servir, finalement. Au moins, il n'aurait pas totalement perdu sa journée à rien faire. S'il arrivait à bout de la bête, peut être qu'il pourrait la ramener au village et ainsi réellement montrer ce qu'il valait. Puis, il y avait de la viande sur ce machin, cette sorte de gros lézards. Peut être que c'était comestible et dans ce cas là, ça ferait certainement plus d'un heureux parmi les habitants. Le Gamin imaginait bien déjà une soirée autour d'un grand feu sur la place publique où on faire cuire le monstre à la broche, après qu'il soit revenu triomphant de la mission qu'il s'était fixé.

Mais avant cela, il fallait déjà qu'il terrasse son adversaire. Et cela n'allait pas être chose aisée. Il fallait qu'il fasse attention à ne pas trop reculer sinon, il se retrouverai à l'eau et écrabouillé contre la paroi avant même avoir le temps de crier. Il ne savait pas si d'autres reptiliens se trouvaient dans les lieux, mais il ne pensait pas. Le fond de la grotte était dans le noir, mais aux échos qu'elle faisait à chaque bruit qui s'y faisait entendre, elle ne devait pas être bien grande. Au moins, c'était déjà ça à prendre. Maintenant, il ne restait plus qu'à passer à l'action. Sortir la dague et dégager le filet. Le Génie se disait que s'il arrivait à emprisonner le lézard et à l'entraver, réduisant ainsi l'amplitude de ses mouvements, il pourrait plus facilement lui sauter dessus et lui asséner les coups. C'était un peu hasardeux comme technique, mais là, tout de suite, il n'avait pas vraiment d'autres objets à sa disposition.

Alors que le monstre allait se jeter sur l'être qui l'avait dérangé, Izis s'élança en avant, passant à l'action en attaquant le premier. Il espérait ainsi prendre à contre pied l'animal et le surprendre un peu. Et puis comme ça, ça ne l'obligeait pas à reculer et ça le faisait même s'éloigner du vide derrière lui. C'était tout bénéfique cette action. La pointe de la dague en avant, il donnait des coups dans l'air pour attirer l'attention de son adversaire dessus. Il ne voulait pas que ce dernier ne remarque le filet quand il serait lancé et qu'il lui tomberait dessus, car quelque chose disait au Djinn qu'il n'aurait pas forcément une deuxième chance pour une telle action. Il fallait donc qu'il soigne bien ses effets et qu'il agisse au bon moment. Sans quoi, ça serait certainement la fin des haricots pour lui. Il ne s'en rendait peut être pas compte, mais aucune peur ne l'habitait à cet instant. Il était totalement concentré sur le moment, sur ce qu'il devait faire, le combat. C'était le signe que toutes les épreuves qu'il avait traversé ses derniers temps l'avaient changé et que d'une certaine façon, elles lui avaient fait du bien.

Il était devenu plus mature, plus réfléchit, plus sûr de lui, dans l'ensemble. Evidemment, il restait Izis, le gamin farceur et prêt à faire des bêtises si on lui en donnait l'occasion. Mais quelque chose dans son attitude, dans ses gestes précis et francs, dans son regard déterminé, montrait qu'il y avait maintenant plus derrière cette façade. Il avait grandit, peut être pas physiquement, mais au moins mentalement. Ce fut d'ailleurs peut être grâce à cela qu'il réussit à mener ce combat à bien. Qu'il vainquit le monstre alors que ce dernier était plus souvent adepte des affrontements que lui. Cette fois-ci, la mort ne s'accompagna pas d'une folie furieuse avec des coups inutiles. Elle fut menée proprement, nettement et chaque coup que l'enfant assénait avait pour but d'octroyer la mort. Ce n'était évidemment pas parfait, mais ça en prenait le chemin. Une dernière fois, la lame pénétra la chair de l'animal. Celui-ci rugit, tressaillit et s'affala complètement au sol. Son corps se souleva une dernière fois, une dernière respiration, avant de devenir totalement immobile, mort.

Un fin sourire de victoire et de fierté vint trônait sur les lèvres du Génie. Essuyant sa lame, il entreprit d'enfermer le corps de le filet. Puis il s'agit au bord de la grotte, les jambes dans le vide, le regard sur l'océan et l'horizon. Il comptait à présent tranquillement attendre que la mer reflue. Puis il tirerait son trophée jusqu'au final, à travers la grande rue pour que tout le monde puisse le voir, pour que chacun puisse apprécier l'acte qu'il avait fait. Et oui, monsieur comptait pavoiser. Et en cet instant, il en avait tout à fait droit!

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