Obnubilée par la longueur et le temps qu’il faudrait pour atteindre la fin de cet escalier, elle ne fît pas attention à la disparition de plusieurs membres du groupe. C’est seulement en se retournant, cherchant du soutien pour l’accompagner dans cette montée bien plus longue que périlleuse, qu’elle remarqua leur absence. Reculant de quelque pas, elle s’éloigna de l’escalier, mi inquiète par leur disparition, mi suspecte quant à un évènement ayant échappé à sa concentration. Même l’homme allongé, sommeillant presque à l’ombre de son arbre s’était évaporé. Soit ils avaient trouvés une issue afin de pénétrer dans l’enceinte de l’édifice, soit il leur était arrivé quelque chose de grave. Le second cas ne lui semblait que peu probable, dans ce désert, elle n’imaginait pas que quoi que ceux soit puisse faire disparaître autant de gens, le tout dans un silence de mort et en un temps record. Non, ils devaient avoir trouvé une issue leur évitant les marches. Fâché de ne pas savoir été prévenue par un membre, et déçue de ne pas avoir été suffisamment perceptive pour localiser cette entrée secrète, elle s’en alla vers le seul indice qu’elle possédait : l’arbre dans lequel s’était logé le jeune homme. A peine eu-t-elle le temps de réaliser quelques pas dans le sable qu’elle sentit le poids du sol s’effriter sous sa propre masse. Le paysage semblait s’effriter, s’éloigner, comme si tout le décor autours d’elle s’écroulait. Sa vision s’atténuait au fur et à mesure que la lumière, éclatante et resplendissante, l’éblouissait de plus en plus. Incrédule, son regard plein d’incompréhension se ferma peu à peu. La sensation de ses pieds sur le sol s’effaça peu à peu et sans avoir ne serait-ce que le temps de crier ou d’appeler à l’aide, elle chuta.

Elle se réveilla, allongée sur le sol, sur un terrain dur, rocheux. Rien avoir avec le sable qui peuplait le désert, ici, c’était de la terre et de la caillasse. Se redressant tant bien que mal, essayant à la fois de déterminer où elle se trouvait et que diable s’était-il passé quelques minutes auparavant, elle chercha du regard des indices pouvant l’aider à se localiser. Malgré la chute, elle n’avait rien de cassé, à vrai dire, elle n’avait aucune marque, aucune plaies, rien. Rien n’indiquait, si ce n’est sa fatigue musculaire, qu’elle était tombée de plusieurs mètres quelques minutes ou secondes auparavant. Relevant la tête vers le ciel, elle ne vit qu’un toit formé de pierres ne laissant même pas passer la lumière. Incrédule, elle cligna des yeux plusieurs fois. Comment avait-elle pu tomber dans une pièce où il n’y avait aucune possibilité d’entrer par le haut ? Elle fît un rapide tour sur elle-même pour juger de la situation. Il y avait peu de lumière, et les sons du dehors comme le vent semblait s’étouffer. De tous les côtés se trouvait une immense paroi rocheuse ne laissant aucune sortie. Inspectant l’un de ses murs, elle vit avec frisson qu’il ne lui laissait aucune échappatoire. Elle était coincée, ici, emprisonnée dans cette prison de roc et de terre. Elle ne savait ni comment elle y était entrée, mais surtout, pas comment en ressortir. Un frisson glacial s’empara de son corps, la laissant seule, frigorifiée sur le sol. C’était la pire chose qui pouvait lui arriver. L’emprisonnement. Sans doute la pire épreuve qu’elle avait à faire face, la solitude, la captivité sans aucune chance de s’échapper.

Des heures durant, elle essaya de trouver une issue dans la paroi, manipulant certaines pierres, elle s’attendait presque à trouver une sortie secrète. Un peu comme dans certaines histoires que l’on vous raconte petit, elle s’accrochait à ces maigres espoirs pour s’en sortir. En vain, elle abandonna après de multiples efforts. Elle alla s’installer dans un coin, assisse, les genoux repliée sur son corps. Frigorifiée, apeurée. Différents souvenirs, désagréables au possible lui remontait en tête. Elle en venait presque à mélanger réalité et vision, voyant pratiquement les sorciers l’ayant tourmenté pendant des mois, apparaître devant elle. Elle tremblait autant de froid que de peur. Un jour passa, elle s’était attendu à mourir déshydrater, mais elle remarquait avec surprise qu’elle ne ressentait ni la soif, ni la faim dans cet endroit où ces cauchemars devenaient réalité. Un second jour passa, tout aussi tourmenté que le premier, puis, une sensation de chaleur intense s’empara d’elle. Elle s’était endormie allongée dans la terre, et elle se réveilla dans le lit douillet d’une taverne. Elle n’avait rien compris à ce qu’il s’était passé, mais intérieurement, elle jugea que jamais plus elle n’irait visiter un autre de ses temples de toute sa vie.

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