Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 Et comme les sentiments, l'eau chute et s'écoule pour l'éternité (Cassiopée & Wriir / suite) [Terminé]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Lun 10 Aoû 2015, 10:55

Spoiler:

Je me sentais presque comme un être vivant, à tout le moins dans le comportement qui s'en approchait le plus, toutes émotions gardées. Pour rien au monde je ne voulais être ailleurs, le lieu était enchanteur, la compagnie idyllique. Il eut fallu que je tombe sur une ... exclue, comme moi d'une certaine manière, et dans notre marginalité, nous nous étions trouvés bon nombre de points communs.

Nous brûlions les étapes, brûlions nos ailes vers la liberté d'agir comme bon nous semblait. Personne ne nous regardait, personne ne nous jugeait, personne ne nous dictait ce qu'il était convenable de faire. Voilà à quoi devait correspondre la liberté, celle qui nous autorise tout, sans qu'elle ne gêne personne.

Un peu comme le baiser que je venais de lui rendre. J'aurai bien été incapable de le définir, mais il m'avait semblé évident, incontournable, et j'aurai vraisemblablement nourri des regrets si j'avais arrêté mon geste. Geste qu'elle ne comprenait pas, qui l'avait même peut-être désarçonné, alors qu'elle me demandant dans un souffle la raison de ce baiser.

- Pourquoi ?... Fallait-il une raison quand tes lèvres se sont posées sur les miennes ? Je voulais te rendre ce baiser, même si c'est le premier de toute mon existence. Une pulsion, une envie, un réel désir de le faire. Je ne sais pas trop comment te l'expliquer, mais je voulais le faire. Tu ne l'as pas mal pris j'espère ?

Je ne pensais pas, à la façon qu'elle eut de me serrer un peu plus contre moi, et je trouvais ces habits particulièrement désagréables tout à coup. Je ne sentais plus la douceur de sa peau, la chaleur de son corps, et ce qui en temps normal devait être exceptionnel était à mes yeux devenu comme la normalité. Après tout, nous avions passé presque toute l'après midi dans notre plus simple appareil. Nous laissâmes finalement le temps s'égréner, alors que la nuit commençait à tomber, et la pénombre s'installer. L'ambiance changeait du tout au tout, et sans en donner un caractère inquiétant, les bruits sonnaient différemment.

La lune semblait pleine, vivace et lumineuse, comme pour nous accorder un peu plus de répit, un peu plus de temps. Je nous tirais de notre silence qui en disait pourtant long en lui révélant son gage, qui je l'espérais à ses yeux, ne devrait pas en être un vraiment. Juste une excuse pour nous revoir, dans un an, ici. Le ton de sa voix était saccadé, haletant quand elle me répondit, et je craignais qu'elle ait pris froid. Non, ce n'était pas cela, c'était autre chose, une émotion qu'il m'était difficile de qualifier, de définir. Mais elle me rendit ma promesse, et le pacte fut lié. Ce n'était pas une magie protectrice, un sort qui l'empêcherait de mourir, mais qui sait, si un jour elle se retrouvait dans une situation périlleuse, où sa vie était en jeu, elle repenserait à cette promesse et ferait preuve d'une sagesse qui lui sauverait la vie. Peut-être....

- Gage accepté, tu ne peux plus t'en délier maintenant. Je tiens à notre bain dans un an maximum, gare à toi s'il t'arrive des bricoles.

Quand je la vis s'asperger d'eau sur le visage, je me demandais bien pourquoi elle se mouillait alors qu'elle avait mis tant de temps à se sécher.

- Tu n'avais pas fini de te laver Cassiopée ? J'ai entendu dire que certains aimaient prendre des bains en pleine nuit, tu aurais dû me le dire !!

J'imaginais mal que ce soit la raison, aussi la taquinais-je un peu. Elle se retourna, s'employant à écrire bien distinctement nos deux prénoms. Cette action anodine me captiva, et je restais de longues minutes à suivre le mouvement de ses doigts, avant de graver dans ma mémoire cet enchaînement de courbes et de symboles. Je m'attardais un peu plus sur mon nom, et je vis pour la première fois la manière dont il s'écrivait.  Quelques centimètres en dessous, je tentais de reproduire les deux prénoms :

< /\ 5 5 I 0 P 3 3
\/\/ K I I K


Je regardais et comparais les deux écritures, grimaçant de déception quand je vis ma tentative.

- Ils sont très beaux ensemble oui, mais comme je ne peux pas emporter cette plate bande de sable avec moi, il faudra que tu me les réécrives sur un support que je pourrai garder précieusement. Apparemment, j'ai besoin de plus de temps et d'entraînement que je ne le pensais ...

Elle se leva et s'épousseta, signe que le départ était proche. La chaleur de la journée laissait place à la douce morsure du froid de la nuit qui s'installait. Le besoin d'un abri - pour elle - se faisait sentir de plus en plus. Elle s'était éloignée de quelques pas, alors que je continuais à vouloir retenir nos deux prénoms, et aperçut dans mon champ de vision sa main qu'elle me tendait en arrière. Pivotant à moitié pour me retrouver vers elle, j'attrapais sa main, ne comprenant en même temps pas pourquoi elle s'excusait "d'être comme ça". Elle était Cassiopée, et c'était ce que j'appréciais chez elle.

-  Le dernier qui s'endormira veillera sur l'autre. L'objectif premier étant de trouver un abri pour la nuit. Je ne sais pas pour toi, mais j'ignore totalement les résidants de cet endroit. Je ne suis pas certain d'être plus doué que toi à trouver un abri, mais on finira bien par trouver c'est sûr !

Il fallait dire que je ne dormais jamais, aussi j'étais assez confiant sur le fait que j'allais veiller sur son sommeil, que l'inverse. C'était plus l'abri à trouver qui allait être plus problématique, car nous avions décidé de nous en préoccuper quand il n'y allait plus avoir de lumière, ce qui était une très mauvaise idée, et un très mauvais timing.

- Je te propose de suivre le cours d'eau, à quelques mètres de lui. Peut-être que d'autres inconscients comme nous par le passé ont cherché de quoi s'abriter, ou ont construit un abri de fortune que nous pourrions réutiliser.

Plutôt que nous enfoncer dans les terres et la forêt, sans réelle direction, suivre un cours d'eau était ce qui me semblait le plus logique. En cas de problème, il suffirait de rebrousser chemin et revenir à ce point sûr. Était-ce l'effet de la pénombre, où la vie se mettait en veille et où les bruits restants s'amplifiaient, il n'en restait pas l'impression que le courant de la rivière devenait de plus en plus vif au fur et à mesure des heures qui passaient. Des cataractes se formaient ici ou là, et de gros "plouf" aléatoires laissaient imaginer que les poissons ou créatures du coin étaient plus imposantes que les petits poissons de la plage.

Je n'avais pas de problème avec la nuit, et pour ma compagne, j'étais content que la lune soit complète ce soir. Ses rais lunaires éclairaient assez bien, même si elles laissaient parfois certaines ombres trompeuses. Je gardais la main de Cassiopée dans la mienne, faisant office de guide dans notre périple vers l'inconnu.

-  Ca va derrière ? Si tu veux faire une pause, dis le moi.

Vu son caractère et sa fierté, j'étais sûr qu'elle ne le demanderait jamais, mais je me devais de poser la question. Je ne savais pas ce qu'elle avait fait de sa journée avant de croiser ma route, mais elle ressentirait tôt ou tard les effets de la fatigue que je n'avais pas moi. Ayant comme excuse l'obscurité, j'adaptais mon rythme de progression sur le sien, histoire de ne pas la fatiguer plus encore ou la distancer.

J'en avais la confirmation à présent, la rivière accélérait, et au loin l'on pouvait entendre le fracas assourdissant de ce qui devait être une cascade. Je voyais mal des habitations là-bas, à moins que quelqu'un y ait trouvé une utilité pour développer son commerce, aussi fallait-il compter sur un abri naturel et de quoi nous boucher les oreilles.

- Pas une si bonne idée que ça de suivre la rivière. Tu entends la cascade au loin ?... Si tu parles pendant que tu dors, au moins je ne t'entendrai pas. Je suis sûr que tu penses que je vais dormir le premier n'est ce pas ? Je n'ai pas envie de te faire perdre un nouveau pari, si tu vois ce que je veux dire....

Je me retournais vers elle, lui souriant sous le regard témoin de la lune.

Nous arrivâmes enfin à quelques dizaines de mètres de la cascade, et si le bruit était puissant, le spectacle lui était étourdissant. Des trombes d'eau se fracassaient en contrebas, des millions et des millions de litres d'eau qui se déversaient en flots ininterrompus, la lune donnant à la scène un spectacle presque onirique.

- Je ne sais pas si on trouvera un endroit pour dormir, mais c'est ... magique. Tu connaissais ?

Je me tournais vers elle, main dans la main, car je voyais cela pour la première fois. Et je pouvais le partager avec elle, cette inconnue qui comptait tant pour moi à présent.

- Pour répondre à ta question de tout à l'heure, j'ai bien fait d'attendre avant de te répondre. Hier encore, je t'aurai répondu en toute honnêteté, que non, ça ne m'était jamais arrivé. Mais depuis cet après midi, j'ai vécu des choses qui se rapprochaient le plus de ce que tu m'as décrit. Et ça, grâce à l'immense et magnifique Cassiopée, la future Conseillère de l'Orishala qui prend des bains nue avec un inconnu ! D'ailleurs ....

Je m'arrêtais, car quelque chose avait changé. Je voyais bien plus distinctement Cassiopée, mais aussi tout ce qui nous entourait. Là où encore un instant je devais élever la voix pour être audible, le fracas sonore s'était éclipsé pour se muer en mélodie onirique. Un ballet de couleurs dansaient désormais autour de nous, et ce fut la plus belle que j'eus l'occasion de voir de toute mon existence ...

1747 mots.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 10 Aoû 2015, 23:15


 
   
 

Marcher ne me faisait pas peur, j'avais pris l'habitude de traîner ici et là pendant des heures et des heures. Non le plus dur était de rester concentré sur ce que je faisais, afin d'éviter les branches des arbres, les racines apparentes, et autres rochers se dressant sur notre passage, alors que mon esprit était totalement ailleurs. Focalisé sur nos deux mains jointes.  Je ne parvenais à quitter cela des yeux que quelques secondes afin d'être sure de ne pas me prendre un arbre en pleine tête … Mon manque de relation homme-femme avait ses répercutions. Dés qu'un homme que je trouvais beau, gentil, et attentionné me portait de l'attention j'étais en extase. Remonter la rivière n'avait pas été la plus brillante qui soit, en tout cas pour ce qui était de nous trouver un abris. Cela faisait déjà un moment que nous marchions, et je commençais à en avoir assez, pour dire vrai j'étais épuisée de cette journée. Mes jambes étaient lourdes, mes bras me le semblaient tout autant. Mes yeux se fermaient tout seul par moment, et je ne cessais de bayer, rester éveiller devenait compliqué. Ne pas dormir beaucoup la nuit devait jouer également. Cependant, je ne voulais pas dormir, alors que mon corps réclamait se repos, mon esprit tendait à vouloir continuer nos conversations sans queue ni tête. Si je pouvais facilement perdre la raison, c'est à dire m'énerver pour un rien du fait de ma fatigue, je ne pouvais nier que l'endroit que nous venions de découvrir était d'une beauté à couper le souffle. Les chutes d'une cascade, au départ le bruit me sembla assourdissant, j'avais cette sensation d'être submergé par l'eau alors que nous étions à une certaine distance encore. Alors que j'allais me mettre à râler pour le bruit, qui nous empêcherez à coup sur de dormir. Ce fut le silence, l'endroit m’apparaissait encore plus beau, et je ne pus m'empêcher de lâcher la main de Wriir, pour m'avancer vers ce lieu devenu en un instant féerique et magique. Je n'avais jamais rien vu de tel. Les couleurs étaient plus claires, plus colorées en même temps. Même l'eau semblait touché par se phénomène, tout avait prit des tons rouges, orangés. Une douce mélodie comme sortit de nul part fit son apparition. Ce doux son qui résonnait à mes oreilles provenait-il de la cascade ? D'autres part ? Je ne serais le dire. J'étais particulièrement réceptive à ce genre de spectacle. Je m'avançais encore jusqu'à sentir l'eau toucher mes mollets. Je ne m'étais pas aperçu mettre autant approchée. Quelques éclaboussures vinrent mouiller ma robe, je me mis à tourner sur moi même et à rire jusqu'aux éclats. Je me stoppais net au bout de quelques secondes, à nouveau trempée, je me figeais en face de mon compagnon. Un sourire éblouissant marqué sur le visage. Les seuls mots qui purent sortir de ma bouche furent.

« Waouh ! C'est magnifique ! »

Je n'avais jamais vu pareil chose en ce monde.  Comment décrire un tableau comme celui ci ? Comment réussir à s’imprégner de chaque détails sans en omettre un ? Comment rendre justice à cette vision. Je courus hors de l'eau, quelques gerbes d'eau vinrent s’écraser sur le sol et me jetait presque dans ses bras, je passais mes bras lentement autour de son cou, et sautait afin de l’enlacer de mes jambes. Je devais certainement le mouiller à mon tour, mais sur le moment cela ne me semblait pas si important que cela. J'approchais ma bouche de son oreille et je lui murmurais doucement, comme un simple souffle.

« On pourra dormir ici … c'est parfait .. mais, il y a un prix à tout ceci, à m'avoir fait marcher, je veux jouer ! Faisons quand même ce pari s'il te plaît, un gage à celui qui dormira le premier … Prépare toi à perdre mon petit Wriir, je vais passer la nuit à bouger, à m'agiter ainsi je ne dormirai pas, quitte à tomber de sommeil demain »

Je me laissais glisser le long de son corps, et cherchait du regard un endroit ou nous poser. Non loin des chutes d'eau, se trouvait un endroit assez plat, et la faible présence de végétation essentiellement composait de mousse et d'herbe nous ferait un lit confortable pour la nuit. Je m'approchais de l'endroit, marchant sur la pointe des pieds, je me laissais quasiment tomber sur le sol m'allongeant sur le dos. Je me mis à regarder le ciel, les étoiles, la pleine lune, comme j'avais déjà pu le faire par le passé, lorsque j'étais plus jeune, au coté de mon père. Je croisais les bras derrière la tête afin de me faire un support. Je regardais mon nouvel ami du coin de l’œil, il n'avait quasiment pas bouger, je me décidais donc à le taquiner, même si mes blagues lui semblait parfois incompréhensibles. Je tentais malgré tout l'expérience. Je n'étais plus gênée, ni même intimidé par tout ce qui s'était passé entre nous depuis le début de la journée, mes réactions étaient souvent trop impulsive et démesurées. Tout ce chemin pour venir jusqu'ici m'avait permis entre autre de calmer mon ressentiment.

« Tu aurais donc peur de venir t'allonger à côté de moi ? »


Je me mis à rire pour moi même, je ne quittais pas le ciel des yeux. La lune semblait différente de ce qu'elle que j'avais tant de fois vu … plus ronde, plus lumineuse, plus belle même. Même si un sentiment de manque se faisait sentir, nul doute possible que le jeune Orisha comblait se vide d'une manière ou d'une autre. Je tendis mon bras droit vers le ciel afin de montrer une étoile du doigt, mais cela m'arracha une grimace de douleur. Maudits côtes … Je ne tins pas compte de la douleur et continuer de tracer du bout des doigts des lignes imaginaires entre chaque étoiles. Je cherchais à créer des formes, des dessins, simplement pour rester éveiller.

« Avec mon père, on faisait souvent ça le soir. On se posait dans un endroit comme celui ci. Près d'une rivière. La même ou ils se sont rencontrés. Il me racontait tout un tas d'histoire, des plus elles aux plus drôles … en passant par les plus terrifiantes. Et puis quand j'ai fini par grandir … normal tu me diras … je n'ai plus voulu de ses histoires. Je me croyais trop grande, trop mature pour ce genre de chose. Tu veux que je t'en raconte une ? Le sujet de ton choix, je crois me souvenir de quelques uns de ces comptes. »


Je laissais tomber mon bras et attendit de le sentir à mes côtés. Il était rassurant de se savoir protégé, accompagné, il était mon compagnon d'un soir … et nous ne reverrions que dans un an si notre promesse tenait toujours. Aussi ce soir serait le seul que nous passerions ensemble avant un bon moment. Il fallait profiter de chaque instant, de chaque mot, de chaque sourire. C'est ce que je faisais. La nuit nous appartenait après tout, nous étions seul, et le décor était plus que magnifique. Que demandez de plus ? Soudain je me rappelais de quelque chose. Nous n'avions pas trouvé d'abris, et je pensais pouvoir écrire à nouveau nos deux noms sur une feuille trouvait là bas, et fort heureusement dans ma petite sacoche, toujours accroché à ma robe, se trouvait la lettre que m'avait laissé Asche. Je la sortie rapidement et déchirait un petit bout de papier vierge de toute écriture. N'ayant pas de crayon sur moi et prit dans l'excitation je ne demandais pas à Wriir si il en possédait un, je pris une petite boule, presque dure, de terre afin de tracer le plus proprement possible les lettres de nos deux prénoms. Pour faire cela je m'étais retournée afin de me retrouver sur le ventre. Je m'appliquais à ma tache et le résultat quoi qu'un peu sale, n'en restait pas moins correct, faute de mieux. Je tendis le bout de papier à Wriir.

« Pour t'en rappeler. Ce n'est pas la plus belle écriture qu'on puisse trouver, mais il faudra faire avec pour le moment. Plus tard, j'écrirais nos deux prénoms en grandes lettres sur une immense feuille que tu pourras accrocher ou bon te semble. Je sais ! Chaque nuit au dessus de ton lit, tu reverras de moi ainsi. »


Je lui fis un petit clin d’œil par dessus mon épaule. En appuis sur mes coudes, je me laissais glisser afin de poser ma tête sur l'herbe fraîche et légèrement humide. Surtout ne pas dormir !

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 11 Aoû 2015, 11:05

Je n'aurai jamais imaginé trouver pareil spectacle en arrivant ici. Moi qui étais parti à l'origine sur l'idée de suivre un cours d'eau pour y trouver une habitation même abandonnée, nous déboulions sur une cascade d'une hauteur vertigineuse, qui d'un brouhaha assourdissant, surgit une mélodie magique et onirique. Pour couronner le tout, il fallait ajouter à ce tableau déjà unique une myriade de couleurs qui révélait un autre aspect de la Nature tout aussi déconnecté de la réalité, mais tellement magnifique.

La surprise se peignait sur le visage de ma compagne, et l'exclamation qu'elle prononça acheva de confirmer qu'elle était également sous le charme. Ce phénomène se produisait peut-être tous les soirs, mais je ne regrettais pas de nous y avoir emmené, par pur hasard.

Nos mains chaudes, et un peu moites d'avoir été serrées tout le trajet, se détachèrent alors qu'elle s'engagea dans l'eau, qui s'enfonçait jusqu'aux mollets.

- Attention à toi ! Le courant peut être fort et traître si près de la cascade, et dans la pénombre, si tu chutes je ne saurais pas forcément où tu seras.

Mais peu lui importait, elle jubilait, s'amusait, profitait. J'aurai tellement aimé ressentir ces mêmes émotions, et que nous les partagions ensemble. Au lieu de cela, tout ceci ne ravissait que mes yeux, mais pas mon cœur. Ma seule consolation était de la voir, elle, heureuse. C'était le mieux que je puisse offrir. Elle l'ignorait et l'ignorerait toujours, et ce fut presque sans surprise qu'elle se jeta dans mes bras, et je pus garder mon équilibre alors qu'elle m'enlaçait tant de ses bras que de ses jambes. Je l'attrapais comme je pus par la taille, puis de nouveau par les fesses, car même si elle ne pesait pas lourd, je n'étais pas ce qu'on pouvait appeler une force de la nature, et il me fallait le plus d'appui possible pour ne pas me ridiculiser en tombant avec elle. Son visage s'approcha du mien, et sa façon de me parler me troubla, douces paroles murmurées où il était question de là où nous allions dormir.

Compte tenu de ce changement brutal d'ambiance, de cacophonie à douce mélopée, l'endroit n'était finalement pas si mal que cela. Rien pour nous abriter, mais le ciel étant dégagé de tout nuage, laissant la Lune nous illuminer de ses rais, seul le froid pourrait poser problème pour elle. Je ne pus m'empêcher de sourire alors qu'elle ne se rendait pas compte de sa défaite certaine. Elle voulait me battre au jeu de celui qui dormirait le premier, et d'un gage pour le perdant.

Une Ombre ne dormait jamais, mais n'était-ce pas là de la triche en quelque sorte ? J'aviserai en temps voulu, mais je ferai mine de dormir si elle arrivait à tenir suffisamment. Ou alors, je dors pour qu'elle me dise que j'ai perdu, et je pourrai ensuite veiller sur elle alors qu'elle plongera dans un sommeil réparateur. Après tout, nos chemins se sépareront demain, et je ne tenais pas à cause d'un jeu, qu'elle soit faible et vulnérable car percluse de fatigue. Je me demandais ce que j'allais récolter comme gage par contre ... Bah, elle serait trop heureuse de m'en donner un, et c'était le principal.

Plongé dans mes réflexions, je ne la sentis presque pas retomber sur ses pieds, et s'éloigner de moi. Quand mon esprit finit de vagabonder, je l'entendis m'interpeller, et me taquiner sur ma prétendue timidité.

- Je n'ai pas peur de toi, Cassiopée, je te rassure. J'arrive.

Joignant les actes à la parole, je m'approchais d'elle, et m'allongeait à ses côtés, nos bras respectifs se touchant.

- Si tu as mal aux jambes à cause de la marche forcée, je pourrais te soulager en les massant si tu veux. Ou demain, tu vas grimacer à chaque pas que tu feras.

Bercé par les musiques surgissant de nulle part et partout à la fois, je regardais le ciel qu'elle me montrait de son bras tendu. Je ne m'étais jamais arrêté pour contempler l'immensité qui se trouvait au dessus de ma tête. J'avais passé tellement de temps à courber l'échine, que j'en avais oublié qu'il existait autre chose que le sol juste devant moi. La nuit était constellé de points lumineux, plus ou moins vivaces, formant pour qui avait assez d'imagination, des formes diverses et variées. Cassiopée me racontait ce qu'elle avait l'habitude de faire enfant avec son père. Partager des histoires, échanger les connaissances, transmettre les traditions. C'était donc ça que les parents faisaient avec leurs enfants ?

- Tu dis que tes parents se sont rencontrés près d'une rivière ? Sacrée coïncidence quand on y pense. Apparemment, c'est un lieu de bonne fortune où les rencontres d'exception se forgent. Raconte moi l'histoire que tu préférais, celle où tu étais captivée parce que ce ton père racontait.

Je n'avais dans mes souvenirs eu aucun parent, aucun proche qui s'était pris la peine de me raconter la moindre histoire, de celle qui fait rire aux éclats, trembler de peur au coin d'un feu, ou nous fait rêver de héros combattant le Mal. Aussi je remerciais intérieurement Cassiopée de me donner l'opportunité de retrouver mon âme d'enfant - même si au fond de moi, l'avais-je réellement perdu ? - et l'écouter sagement.

Dans un premier parallèle à elle, je pivotais pour poser ma tête dans le creux de son ventre, le reste de mon corps désormais perpendiculaire au sien. J'alternais entre regarder les étoiles, et fermer les yeux pour m'imprégner de l'histoire qu'elle me racontait. Quoi qu'elle pouvait raconter, c'était sans grande importance. C'était l'intention, et surtout le partage de ce moment, dans un lieu qui s'y prêtait à la perfection.

Une fois cette histoire terminée, je reprenais ma position habituelle, ne serait-ce que pour lui redonner sa liberté de mouvement. Liberté qu'elle ne tarda à user en se retournant sur le ventre, et visiblement excitée à l'idée qu'elle venait de se souvenir, prit de la terre pour écrire ce qui ressemblait fort à nos deux prénoms sur une feuille. Quand elle me le tendit, je lui souriais en retour.

- Merci Cassiopée. Je dors très rarement dans un lit - pour ainsi dire jamais pensais-je - mais sois certaine que je le conserverai toujours près de moi, d'une manière ou d'une autre. Et je compte bien, d'ici à ce que nous nous revoyons, être capable de les écrire correctement et proprement.

Cela m'embêtait même de plier cette feuille, comme si les lettres allaient se dégrader, disparaître, et que je détériorerais bien involontairement ce cadeau ô combien précieux. Pour le moment, je le posais près de moi, histoire de le garder intact le plus longtemps possible.

Le temps filait à son rythme, et quoi qu'elle voulait me prouver, je sentais la fatigue peser de plus en plus sur Cassiopée. Je n'avais pas encore pris le réflexe de simuler cet état, en bâillant par exemple ou encore en m'étirant. Aussi fis-je mine de fermer les yeux, et prendre une respiration lente et régulière. J'attendais l'exclamation de fierté qui ne tarderait pas à survenir, et le gage qui me tomberait dessus sans le moindre doute.

Cassiopée après cela ne tarderait pas à tomber de fatigue, et je pourrai ainsi la regarder dormir. Je suis sûr que dans cet état de vulnérabilité, elle devait être plus belle encore.

La nuit se poursuivait inexorablement, et désormais, seule la musique enchanteresse venait troubler le silence des lieux. Je sentais la respiration lente de ma compagne, et j'espérais que sa nuit ne serait pas troublée par des mauvais rêves. Elle aurait besoin d'être en pleine forme pour ses futures aventures.

Je me laissais une fois de plus à errer dans mes sombres pensées, quand j'entendis du bruit non loin de là où nous nous trouvions. Un cliquetis métallique, qui serait probablement passé inaperçu si la cascade avait fait son bruit habituel.

Je me dégageais lentement du contact avec Cassiopée, avant de balayer l'endroit des yeux. S'il s'agissait de gens de passages comme de personnes hostiles, il valait mieux être prudent et anticiper. Je ne voulais pas qu'il arrive quelque chose à Cassiopée.
Vérifiant qu'elle dormait toujours, je me levais, et me mettais hors de son champ de vision. Me cachant derrière un arbre, comme par mesure de précaution extrême, je me transformais seulement en brume, et me fondit dans les ombres, cherchant à localiser la source du bruit. Ce n'était probablement rien, mais un bruit métallique n'avait rien de naturel près d'une cascade.

Après quelques minutes de recherche, je finis par trouver l'origine. Deux hommes en tenue sombre, l'un poignard au clair, l'autre une épée au fourreau. Ils semblaient chercher quelqu'un, quelque chose. Je les entendis murmurer, et je décidais de m'approcher d'eux pour en entendre des bribes.

-  Puisque j'te dis .... meilleur moment .... amoureux.
.... facile à détrou .....


- .....S'faire griller ..... d'cette foutue pleine lune. ...... chopper des Faes

Le temps que je m'approche suffisamment, ils s'étaient tus, et je n'en apprendrai pas davantage. Toujours est-il que du peu que j'en avais entendu, ils devaient à pareille heure tardive chercher des couples sans défense qui voulaient profiter du spectacle pour les détrousser. Par contre, j'ignorais pourquoi ils parlaient de Faes. J'aurai pu les laisser continuer leurs méfaits, mais ils se dirigeaient dans la direction où Cassiopée dormait. Je devais agir. L'heure était propice à mes pouvoirs, et je commençais à modeler les ombres m'entourant pour leur donner une forme inquiétante, difforme. Je n'étais pas encore un expert en la matière, mais je sus en créer suffisamment pour donner l'impression, une fois que je me serai révélé, qu'ils étaient encerclés, sauf dans la direction inverse d'où se trouvait Cassiopée.

Je reprenais forme humanoïde, et prit une voix claire et ferme.

- Vous n'avez rien à faire ici, rebroussez chemin immédiatement !

Je fis avancer et grandir mes ombres difformes, et si les deux hommes sursautèrent de surprise de ne pas avoir su détecter la menace avant qu'elle ne leur tombe dessus, seul celui au poignard s'enfuit la queue entre les jambes, poussant un cri strident qui vînt briser le silence environnant sans demander son reste. Le deuxième homme, acculé ou plus expérimenté, dégaina sa lame dans un glissement métallique caractéristique. Un sourire mauvais barrait son visage, et je sus qu'il n'était pas homme à s'effrayer de la première ombre venue.

- Tiens tiens tiens ... Toi non plus t'as rien à faire là mon joli, et j'ai bien peur à présent que tu n'ailles nourrir les vers.

Sa voix était froide, dénué de toute compassion, et j'eus l'impression de m'être frotté à quelqu'un qu'il ne valait mieux pas ennuyer en temps normal.

-  Je ne veux pas d'ennuis, juste que chacun aille voir ailleurs si l'autre y est. Je ne cherche pas le combat.

-  Ah ça mon coco, fallait t'en inquiéter avant. Toi et tes amis là, ramenez-vous, j'vais m'occuper de vous ....

Pestant contre l'absence d'alternative à ma disposition, je réalisais que j'avais laissé mon bâton près de Cassiopée. Mains nues contre épée, le combat n'allait pas être facile, et je devais juste espérer qu'il n'ait pas de magie mentale en stock. Ou j'allais passer un sale quart d'heure.

Il m'attaqua, et je vis dans mon champ de vision la silhouette de Cassiopée, nimbée de l'aura lunaire. L'épée prit une direction qui devait m'être fatal, mais je pivotais pour que le corps de l'ennemi se trouve entre Cassiopée et moi. Aussi ne verrait-elle pas que l'épée du malandrin s'enfonçait dans le vide, à la grande surprise de ce dernier. La connaissant un peu, j'espérais qu'elle foncerait dans le tas, et me sortirait du mauvais pétrin. Encore sous l'effet de surprise, je poussais de toutes mes forces l'individu qui tomba à la renverse. A nous de faire en sorte que le combat se termine vite et sans casse de notre côté. J'allais devoir me débarrasser de cet individu, tôt ou tard ....

2125 mots.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 11 Aoû 2015, 17:46


 
   
 

Quelles histoires pouvais-je bien lui raconter ? Des dizaines de récits vinrent m'encombrer l'esprit en peu de temps. Il me fallait faire un tri entre celle que dont j'avais oublié la fin et celle qui ne me semblait pas appropriée. J'essayais de me rappeler, le moment ou mon père me les avaient raconté, je tentais de me souvenir du temps qu'il faisait ce soir là. Il était plus facile de se servir d'un moyen mnémotechnique pour réussir à mémoriser toutes ses histoires. Il me fallut un moment, je l'avoue, avant de trouver le récit le plus adéquat à la situation. Mon père était plutôt du genre à me raconter des choses qui à première vue semblait perdues d'avances et qui finalement se terminait bien. Je m'étais toujours demandé si tout ce qu'il me narrait été faux … ou si il y avait une part de vraie dans tout ça. Alors que je commençais à parler, je sentis la tête de mon compagnon se poser doucement sur mon ventre. Je ne pus m'empêcher de sourire de ce geste et continuait sur ma lancée. J'avais choisi de lui parler d'un conte quelque peu effrayant, d'un point de vue d'une enfant de dix ans, mais qui à présent me semblait bien banale … pourtant je ne pouvais m'empêcher de l'aimer tout particulièrement. Je m'éclaircis la voix et me lançait. « Un soir de pleine lune, un peu comme aujourd'hui, un homme se promenait seul dans les rues d'une ville presque déserte, enfin en apparence. Les habitants ne se laissaient voir de personne, de peur d'être enlevé ou tué à leur tour. Ce n'était pas la première fois que des enfants, des femmes étaient enlevés par une bête. De ce fait la population était devenue méfiante et craintive de chaque étrangers, de la moindre personne foulant leur sol. Mais l'homme, ne cherchait nullement à faire le mal, il voulait simplement trouver un endroit sur ou dormir et se reposer. Alors qu'il frappa à une porte, personne ne répondit. Il alla voir à une autre maison, mais toujours personne, et ainsi de suite. Il avait beau se décrire comme un homme bon, personne ne souhaitait lui répondre et encore moins lui ouvrir. Alors qu'il était en train de quitter le village, songeant à sa femme qu'il avait laissé seul, un cri de panique se fit entendre. S'en prendre le temps de réfléchir à la cause de ces cris, il courut aussi vite qu'il put, forçant sur ses jambes comme il ne l'avait jamais fais de sa vie. Ses poumons le brûlaient de trop courir, ses jambes devenaient lourd, mais il ne pouvait pas s'arrêter. Il arriva devant une maison dont la porte d'entrée était grande ouverte, il n'hésita pas et se rua à l'intérieur. Le spectacle qu'il y vit, fut des plus horribles … un homme se trouvait sur le sol, la jambe dans un état lamentable. Une femme et son enfant était comme pétrifié de peur, ils ne bougeaient plus, leurs yeux étaient vides de toutes émotions, devant eux se tenait un monstre. Une bête énorme, plus haute qu'un homme, couverte de poils, et de sang. Elle empestait la mort, et elle venait chercher son du. Ni une ni deux, l'homme qui était venu chercher refuge dans ce petit village, se jeta sur l'étrange créature. Sans suivi une bataille acharné … mais ce fut l'homme qui triompha du monstre. Nul ne savait d’où il venait, et pourquoi il venait, mais chaque soir de pleine lune, une sorte de loup venait prendre des gens et on le revoyait plus jamais. Depuis ce jour, l'homme est accueilli comme un héros dans cette contrée. Ce soir là il fut invité dans chaque maison, par chaque habitant, il fut nourri à n'en plus pouvoir. Chaque femmes seules voulaient le voir de plus près, mais il n'en fit rien. On dit que l'homme sillonné les villes et les villages afin de venir en aide à la population locale. Et dés lors, plus personne ne lui refusa le gîte et le couvert. »

« Ma mère me racontait que chaque fois qu'elle allait à la rivière, mon père y était. Au départ elle ne voyait en lui qu'un idiot prétentieux, dont tout le monde vantait les mérites, la famille …  il était selon elle trop … trop tout. Mais les jours ont passé et ils se sont rapproché, depuis ils ne se sont plus jamais quitté. Et je suis venue au monde. »

Alors que je finissais mon récit, je jetais un œil vers Wriir, puis à nouveau vers les étoiles. C'était grâce à ces histoires, qu'avait germé en moi cette passion, non cette envie d'aider les autres. Mon instinct me hurlait de libérer les opprimés, les esclaves, mais la liberté se faisait ressentir sous diverses formes non ? Alors que je sentis l'Orisha quittait sa place pour venir se remettre à côté de moi, la fatigue se fit de nouveau sentir et cette fois-ci plus forte qu’auparavant. Je regardais en direction de celui allongé à mes côté, et fort heureusement pour moi il semblait s'être laissé emporter par le sommeil. Sa respiration était régulière, sa bouche légèrement entrouverte. Et comme mû par une envie soudaine, je déposais de nouveau mes lèvres sur les siennes. Ce n'était pas vraiment un baiser, plus comme une caresse,  lèvre contre lèvre … je me ressaisis aussitôt, cela ne dura que quelques secondes, une au maximum …  avant que je reprenne ma place. Je ne cessais de bâiller, mes membres étaient lourds, et même si le froid se faisait sentir aussi bien de par une douce brise que par la fraîcheur de notre lit de fortune, je ne pus empêcher mes yeux de se fermer. Avant même de m'en rendre compte, je m'étais endormie. Je ne sus depuis combien de temps je m'étais endormie, mais je fus réveillée en sursaut pas un cri strident, semblable à ce lui de mon histoire, du moins de comment je me l'imaginais. Un cri traduisant la peur, une peur viscérale et incontrôlable. Je me relevais aussi sec, prête à en découdre ou à venir en aide au pauvre malheureux. Seulement ce que je vis, me glaça bien plus le sang que ce cri. Devant Wriir se tenait un homme, et de ma place, même si il n'avait pas été armé d'une épée, je pouvais facilement comprendre qu'il y avait un problème. Heureusement pour moi, celui armé ne m'avait pas dans son champ de vision. Il ne pouvait donc pas me voir arriver par derrière pour lui assener un coup sur la tête. Seulement avant d'avoir pu mettre mon plan, ou l'ébauche d'un plan, à exécution. L'épée partie, et je crus pendant quelques secondes que Wriir n'avait pu éviter l'impact. Je retins mon souffle, car même si j'avais envie de hurler et de me ruer vers leur position pour vois si tout allait bien, je me devais de réagir. Je m'approchais de l'endroit, ou les deux hommes se tenait. Je tentais de les rejoindre en faisant le moins de bruit possible. Une chance pour moi, de ne pas porter de chaussures, je pouvais me déplacer plus librement sans craindre de faire du bruit en froissant l'herbe de mes pieds. Le bandit qui venait s'attaquer à nous, finit les fesses sur le sol. Les ennuis étaient monnaie courante dans ma vie, je ne reculais donc pas devant le danger, ou devant une bataille. L'homme n'allait pas tarder à se relever, et Wriir n'était pas armé, je pouvais toujours tenter de lui lancer un de mes couteaux mais avant d'en avoir eu l'occasion, l'homme commençait déjà à se redresser, s'appuyant sur ses mains pour se remettre debout, épée toujours en main. Je m'avançais suffisamment pour me faire voir de mon camarade, et s'en attendre un quelconque signe de sa part, ou même un accord, je me jetais sur le dos de l'homme, tout en lançant du mieux que je pouvais un de mes couteaux dans la direction du jeune Orisha, afin de le déséquilibrer de nouveau. Il était sans aucun doute plus fort que moi, et le plus important restait de le désarmer, ce qui était dans mes cordes c'était de le déstabiliser, je devais être plus intelligente, pas forcément plus forte. Je passais mes bras autour de son cou, et mes jambes autour de sa taille, un peu comme j'avais pu le faire avec mon acolyte tout à l'heure. Je mis toutes mes forces dans ses gestes, afin de lui faire manquer d'air le temps qu'il lâche son épée. Seulement plus malin que je ne l'avais cru, il me balança un coup de coude dans l'estomac. Je ne pus tenir ma position et je me retrouvais en un rien de temps sur les fesses. Il ne prit même pas la peine de se tourner complètement vers moi, un simple regard par dessus son épaule suffisait pour croire que je n'étais ni plus ni moins qu'une faible femme.

« Je m'occupe de ton petit copain … et après je suis tout à toi. »


Sa façon de me parler, et de nous traiter fit bouillir mon sang. Quitte à me prendre un coup, et à le regretter, je n'attendis pas que Wriir récupère le couteau que j'avais lancé tout à l'heure pour foncer de nouveau sur cet homme. Je me relevais aussi vite que possible, et lancer mon pieds dans la main qui tenait l'épée, seulement je ne mis pas assez de force dans mon coup, et au lieu de faire voler l'arme dans les airs, il s'élança dans ma direction pour me trancher. Je réussis à éviter un puis deux coups, mais pas le troisième. Il réussit à me couper les avants bras, que j'avais mis devant mon visage pour me protéger , puis me retourna une énorme claque sur la joue qui me fit perdre de nouveau l'équilibre tant il y mit de la force. Je me retrouvais accoler au sol. Et m*rde … j'espérais au moins que Wriir serait meilleur que moi dans ce domaine. J'avais pu lui donner une chance, le malfrat me faisait face et il lui tournait le dos. Je sentais du sang couler le long de ma peau et venir s'écraser sur le sol, mais je ne pouvais cesser de reculer pour mettre de l'espace entre moi et l'homme à l'épée, laissant des traces de sang sur mon passage. Décidément, je débordais toujours de bonne idée ... Car ême si la plaît ne semblait pas très profonde, j'avais l'impression de pisser le sang et une vive douleur se faisait ressentir. Mes avants bras me faisaient mal, et ma joue aussi. J'étais bonne pour de nouvelles cicatrices.

« Fait chi** ... »


Malgré le fait que je me prenais raclé sur raclé, je ne pouvais pas m'empêcher de jouer les héroïnes … quitte à en souffrir. Wriir aide moi.
Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 11 Aoû 2015, 20:29

Après le conte de son enfance, elle me raconta comment son père et sa mère s'étaient rencontrés. Cela a pris visiblement plus de temps que je ne le croyais, j'étais persuadé qu'on savait immédiatement si une personne était la bonne ou pas. Visiblement je me trompais. On pouvait passer d'idiot prétentieux, à mari et père. Étonnant, très étonnant même.

- J'ignorais qu'il était possible de passer d'un opposé à un autre, j'avais dans l'idée que la première impression était souvent celle qui dictait tout le reste, qu'on le veuille ou non. Surtout en amour d'ailleurs. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre.

Je feignais de dormir, mettant mon plan à exécution pour lui donner bonne conscience à dormir enfin de tout son saoul. Elle-même bougeait de moins en moins, et notre silence laissait présager une nuit salvatrice et réparatrice. Quelques minutes passèrent avant que je ne la sente bouger, la chaleur de son souffle se déposant sur ma peau. Et de nouveau ce contact, cet effleurement, cette fragile communion entre ses lèvres, et les miennes. Ce fut éphémère, presque fugace, mais il s'était ancré dans mon esprit aussi puissamment que le tonnerre de l'eau qui chutait en contrebas de la cascade. Le choc, puis la douceur des mélodies magiques. Oui, ce baiser était à l'image du spectacle que nous offrait cet endroit : Saisissant, et aussi court qu'il ne le sera dans notre existence entière.

Je ne bougeais, faisant mine de n'avoir été ni acteur, ni même témoin de ce qui venait de se produire. Je ne lisais pas dans son esprit, mais je me demandais pourquoi elle m'avait embrassé, aussi rapide fût cet échange.

De nouveau quelques minutes, et les rôles s'inversèrent, la demoiselle sombra dans un vrai sommeil, et me voilà à me lever pour anticiper un éventuel danger entendu quelques secondes plus tôt. La Belle dormait à poings fermés, et j'allais faire en sorte de régler le problème sans avoir à la déranger.

....

J'avais déjà éliminé la moitié de la menace, malheureusement la plus faible. Le malheureux s'était enfui dans l'obscurité, mais mon véritable ennemi se dressait devant moi, l'épée reflétant la lueur pâle et spectrale de la lune. En tant que tel, je ne craignais rien de lui, mais je devais cacher mon secret autant que faire se peut. Je ne savais pas si avoir, ou pouvoir avoir un corps éthéré était le propre de notre race, ou si la magie permettait ce prodige. En général, l'effet de surprise jouait presque à tous les coups, car ils anticipaient trop dans la réussite de leur coup, normalement, et logiquement je dois dire, létal. Je ne pouvais pas les en blâmer, on ne pensait pas à frapper du vent quand on avait un corps bien réel devant soi.

C'est ainsi que je pus le repousser en jouant sur l'effet de surprise, et le faire tomber à la renverse. Cassiopée était désormais témoin, et avec son caractère, très rapidement actrice de la scène qui se jouait. Je devais donc redoubler de vigilance devant quatre yeux désormais, dont deux que je ne pouvais éteindre.

Comme je m'en doutais, elle sauta par derrière sur notre ennemi inconnu, et je n'eus d'autres solution, désarmé, que d'assister spectateur au combat inégal qui se déroulait. Il était armé, elle non. Je cherchais du regard le projectile qu'elle m'avait lancée, mais la nuit était capricieuse et nul reflet ne m'aidait à le retrouver.
Au moment où, la chance aidant, je le retrouvais près de mes pieds, je vis l'agresseur mettre à terre Cassiopée, et la considérer comme une moins que rien. Je m'avançais d'un pas pour reprendre le combat, mais elle ne m'en laissa pas le temps, se ruant de rage de nouveau au combat, vexée dans son amour propre.

Si l'homme avait dans un premier temps préféré la laisser là où elle était, pour s'occuper de son adversaire initial, il n'en était rien à présent, et il comptait bien la tuer. Une première attaque, une deuxième, et mue par des instincts de survie aiguisés, elle réussissait à les esquiver. Mais l'expertise de l'homme, ajouté à la fatigue et l'obscurité, eurent raison des défenses de ma compagne, et le troisième coup lui larda les avant bras, seul bouclier entre l'épée et son visage.

J'avançais silencieusement, mes pieds s'étant volatilisés alors que Cassiopée grimaçait de douleur, et l'homme comptait donner le coup final. Son instinct lui fit sentir que j'étais tout proche de lui, mais trop tard. Il se retourna rapidement, et alors qu'il arma son coup, il s'arrêta.

C'était la première fois, la toute première fois aussi loin que je m'en souvienne, que j'ôtais la vie de quelqu'un. Volontairement, directement, avec cette froide préméditation que seul cette vie s'éteignant de mes mains compte.

Le couteau que m'avait lancé Cassiopée s'était enfoncé jusqu'à la garde dans la gorge du malheureux. Oui, malheureux, car je l'entendais bien distinctement suffoquer dans son sang, ce même liquide carmin qui coulait à gros bouillon de son cou. Ses yeux se révulsaient, son corps tremblait, mais je ne bougeais, je maintenais cette lame acérée aussi loin que je pouvais en lui, dans un immobilisme glacial. Son propre sang recouvrait à présent ma main, et je sentais la chaleur entourait chaque parcelle de peau, avant de l'engourdir par la coagulation rapide par pareille température.

Je ne regardais pas Cassiopée, juste cet individu qui avait voulu lui nuire. Bientôt, une consœur Ombre viendrait se saisir de son âme, car je n'avais pas encore le rang pour le faire moi-même. Et je ne pouvais de toute façon pas en sa présence. Mon visage était impassible, toute comme la détermination que j'avais mis dans mon geste. Heatosse, comme Milady, personne ne m'avait dit si une Ombre pouvait tuer d'elle-même quelqu'un, et en cet instant, je me fichais éperdument des conséquences que cela pourrait engendrer.

Quand le corps devînt complètement inerte, je retirais d'un coup sec la lame, et le corps désarticulé tomba brutalement au sol. La boule lumineuse dans sa gorge, celle-la même que j'avais percée, n'avait bien évidemment pas été affectée par mon coup. Mais cela donnait, à mes seuls yeux, une scène étrange à cette ... comédie.

De longues, très longues secondes s'écoulèrent avant que je ne me tourne vers Cassiopée. J'essuyais la lame ensanglantée sur le revers de ma manche, avant de le lui tendre par le manche.

- Il faut soigner tes blessures. Tu n'as pas trop mal ?

La blessure saignait, mais les os ne semblaient pas avoir été touchés à première vue. Je cherchais du regard quelque chose qui pouvait servir de bandage, ma tenue n'étant pas du tout adaptée pour ça.

- Si tu as quelques connaissances en soin, ou en plantes pouvant te soigner, c'est le moment ou jamais. Tu as été inconsciente tu sais, mais au final tu es vivante. C'est tout ce qui compte à mes yeux.

Mon ton n'était empreint d'aucun reproche, mais laissait poindre une inquiétude que je n'avais pu dissimuler.

1234 mots.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 11 Aoû 2015, 22:53


 
   
 

Je restais bloquée face à ce spectacle qui m'était donné de voir. Quasiment allongée sur le sol, en équilibre sur les coudes, je ne disais rien. Wriir m'avait simplement sauvé la vie, je devais lui en être reconnaissant. Mais jamais encore je n'avais vu d'être humain mourir devant mes yeux. C'était la toute première fois que je voyais autant de sang. Ce liquide rouge qui nous permettait de vivre, quittait peu à peu le corps de l'homme qui nous avait attaqué. Ma tête me hurlait que nous n'avions pas eu le choix, mon corps cherchait à fuir. Oui mais à fuir quoi ? Qu'aurais-je fais de mieux ? Aurais-je pu arrêter cet homme par ma seule volonté et celle de mon compagnon ? J'avais moi même lancé ce couteau avec qu'il le trouve et qu'il s'en serve. A quoi je m'attendais ? D'une manière ou d'une autre, j'avais souhaité sa mort et en cela j'avais peur, mon corps avait peur. Peur de ce que j'avais engendré, du crime que je venais de commettre. Car j'en étais en grande partie responsable. Je  ne pouvais quitter le corps du bandit des yeux, son sang venait s'étaler sur le sol et couvrir l'herbe alentour d'une couleur rouge sombre. Une forte odeur métallique se faisait sentir, et je ne pouvais pas continuer de respirer normalement. J'ouvris la bouche pour tenter de me dérober à cette forte odeur. Mon acolyte était couvert de sang. Le tableau qui se jouait et qui c'était joué devant moi, était plus que macabre. Mais malgré tout ce que je pouvais ressentir, comme la peur, la tristesse, ou même la colère, une seule émotion dominée toute les autres. La joie. Celle d'être en vie. Bon nombres de fois je m'étais retrouvée dans une situation plus que pénible, mais j'avais personne n'avait souhaité ma mort comme l'homme qui gisait à présent au pied de Wriir. Lorsqu'il me tendit mon couteau nettoyait de toutes traces de sang, je mis quelques secondes avant de tendre fébrilement la main vers lui. Je me saisis du manche et le remit dans ma sacoche avec beaucoup de difficulté. Mes mains ne cessaient de trembler. Seulement tout ceci était il le fruit de l'acte en lui même ou de ce qui serait arrivé si j'avais été seule ce soir là au pied de cette cascade ? Je devais soigner mes blessures ? De quoi parlait-il ?  De quelles blessures étaient-ils question ?  Je jetais un œil vers mes avants bras et me rappelait seulement maintenant pourquoi j'avais l'impression d'être collante et poisseuse. Je me relevais doucement avant de regarder plus en détail mes coupures. Depuis quelques temps, déjà, je commençais à mieux voir dans l'obscurité, et aujourd'hui cela allait m'être très utile. D'une voix tremblante, je m'adressais à mon nouvel ami, en admettant qu'il n'était que cela.

« Je … je peux essayer, mais je ne ferais pas des miracles … j'ai encore beaucoup de mal à soigner de grandes blessures. »

J’apposais ma main droite sur mon avant bras gauche et fermait les yeux afin de me concentrer. Je tentais de visualiser ce que je cherchais à obtenir. Je sentis d'abord comme une vive douleur au niveau de ma main, puis cette douleur se transforma en chaleur douce et intense. Je pouvais sentir le sang sécher sur ma peau grâce à la fraîcheur de la nuit. Je restais immobile, ainsi, pendant quelques secondes peut être même quelques minutes. Lorsque j'ouvris les yeux, et que je retirais ma main désormais ensanglantée, la plaie semblait s'être légèrement refermée … pas entièrement mais suffisamment pour ne plus craindre de saignement. Alors que j'allais m'occuper de l'autre bras, je sentis mes forces me quitter. Tout ce qui trouvait autour de moi ce mit à tanguer, des points noirs apparurent devant mes yeux, mon souffle se fit plus lent, j'avais du mal à respirer. Et avant même de m'en rendre compte, je sentis mes jambes me lâchaient. Je m'accrochais de justesse à Wriir tout en enjambant notre ami mort. Je m'accrochais à ses vêtements de toute mes forces, du moins celles qui me restaient.

« Je crois que l'autre bras va devoir attendre. C'est pas grave, ça ne saigne presque plus … regarde. »


Je fermais les yeux un moment. Même si ses vêtements étaient couvert de sang, je fis abstraction de tout ceci. A vrai dire la seule chose qui m'importait maintenant c'était d'être auprès de lui et de le remercier pour ce qu'il avait fait : me sauver. J'appuyais ma tête sur son torse. Je n'étais plus aussi inquiète que tout à l'heure, je devais oublier ce qui c'était passé, pas l'homme, mais son devenir.

« Merci Wriir … merci de m'avoir sauvée. J'ai peut être foncée dans le tas sans réfléchir … comme d'habitude, mais heureusement tu étais là pour me sauver.»

Je tâchais de garder l'équilibre en m'appuyant plus sur lui qu'autre chose. C'était la première fois que je réussissais à me soigner de la sorte, cela ne faisait pas très longtemps que je parvenais à un résultat valable, je venais de piocher dans mes réserves et j'étais vidée de toute énergie. Et puis même si j'étais dans un état plus que déplorable, que nous étions à présent tous les deux couverts de sang séché, je ne voulais pas me permettre de perdre la face à mon compagnon. Quitte à changer de sujet du tout au tout.

« Tu t'es endormi le premier … tu as donc perdu … c'est à moi de te donner un gage et … j'ai déjà une idée de ce que je vais te demander. »

Toujours en appui contre lui, je relevais doucement la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux.  Son visage portait quelques taches de sang ici et là. Je léchais donc un de mes doigts et tentait de lui enlever les stigmates du combat de l'homme qui gisait toujours à ses pieds. Alors que j'étais occupée à le nettoyer, je me rendis compte de mon geste et cela me fit sourire. Non même pire, rire. Je n'attendis pas une seconde de plus, et je posais mes lèvres de nouveau sur les siennes. Décidément, je ne cessais de me surprendre et surtout de le prendre par surprise aujourd'hui. Je ne lui laissais pas le temps de réagir et passait mes bras autour de son coup pour me coller un peu plus à lui. Ses lèvres étaient douce, je me sentais bien en cet instant, le seul problème résidait dans cet odeur de sang qui ne cessait de chatouiller mes narines. Tout contre sa bouche, un sourire se dessina à nouveau sur mon visage.

« Je ne voudrais pas être vexante … mais on ferait mieux de retourner dans l'eau, histoire de retirer tout ça ...  »

La situation aurait pu sembler bizarre, voir même angoissante vu le corps était étendu à nos pieds, sans vie, mais à cet instant j'oubliais tout. Je pris la main de Wriir et le conduisit dans l'eau. J'y allais à reculons afin de le garder dans mon champ de vision. Au fur et à mesure que je reculais, je sentis l'eau me toucher les pieds, puis les mollets et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle atteigne ma taille. Seulement maintenant je lâchais sa main, et retirait ma robe pour la laissait dévier dans l'eau, me retrouvant avec pour seule vêtement, ma petite culotte. Le rouge me monta aux joues, mais la lune cacherait mes rougeurs, je ne cherchais donc pas à me cacher. Je le regardais droit dans les yeux, et m'avançait jusqu'à coller nos deux corps, pour que nos bouches se lient de nouveau. Je murmurais alors tout contre lui.

« Ton gage … restez eveillé, tous les deux ... à voir ce qu'on peut faire. »

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 12 Aoû 2015, 10:27

C'était un sentiment étrange que celui que je vivais en cet instant. Que je "vivais" n'était peut-être pas le mot le plus approprié, en partant du principe qu'un mort ôte la vie d'un être humain. Qui étais-je pour décider du droit de vie d'une personne au détriment d'une autre. Pourquoi ne punissait-on pas quelqu'un qui en tuait un autre, automatiquement, alors qu'on maudissait celui qui s'ôtait la vie, sa seule propriété indivisible ?

Étais-je la seule Ombre à avoir commis un meurtre ? Étais-je la seule Ombre à me poser toutes ces questions ? Toutes ces interrogations n'y changeraient rien, la lame s'était enfoncé - assez facilement je devais le reconnaître - dans la gorge de cet inconnu, et il était en train de mourir.

Mon visage était impassible, et je ne témoignais aucune réelle émotion, et encore moins de la tristesse pour lui. En y repensant, mes ombres l'avaient peut-être poussé à se défendre telle une bête acculée, vendre chèrement sa peau, et qui sait, survivre avec un peu de chance. Je ne voulais que sa fuite, elle était éternelle à présent.

Je sentais non loin de Cassiopée et moi la présence d'une consœur, qui attendait le champ libre pour récolter l'âme du mort. Aussi m'employais-je à éloigner Cassiopée du corps inerte de l'agresseur.

J'avais du mal à évaluer l'état d'esprit de cette dernière. Était-elle choquée, en état de choc, parfaitement à l'aise avec la mort ?... Son temps de réaction alors que je lui rendis son couteau laissait supposer que le feu de l'action qui avait mis ses sens en alerte était désormais passé, son cerveau réalisait enfin ce qui venait de se passer. A moins qu'il ne s'agisse d'un état de faiblesse caractéristique d'une perte importante de sang. Elle avait reçu une belle estafilade après tout. Une dernière hypothèse était envisageable : elle avait vu une facette de ma personnalité qui lui faisait peur, celle où je pouvais tuer sans la moindre émotion, froidement, violemment. Bah, je serai très vite fixé ....

Elle semblait prendre conscience seulement maintenant de ses blessures, et à ma grande surprise, maîtrisait la magie réparatrice, alors qu'elle posait sa main sur son avant bras opposé, et se concentrait pour soigner sa blessure. Je regardais la scène en silence, de peur de la déconcentrer, et vit les effets de sa magie. Certes ce pouvoir était encore balbutiant, mais j'aurai bien été incapable d'y parvenir. Ce fut une bonne chose qu'elle sache se soigner, car à part nettoyer et bander la plaie, mes compétences en cas de blessures ouvertes n'allaient guère plus loin.

- C'est un pouvoir intéressant que tu as là, très pratique. Une fois que tu l'auras parfaitement maîtrisé, tu pourras encore plus faire ta tête brûlée !! Et ne me remercie pas, ce serait plutôt l'inverse. Je me suis retrouvé seul face à cet individu armé. Sans ton attaque et ta diversion, je ne sais pas comment j'aurai pu me sortir de ce mauvais pas là.

Nous étions "beaux", là, tous les deux, baignant dans notre sang ou celui d'un autre, à côté d'un cadavre encore tiède, à souiller ce lieu enchanteur par la mort. Comme une tache qui finirait par disparaître avec le temps, mais semblait indélébile en cet instant.

Cassiopée se collait contre moi, et je sentais son cœur pulsait contre ma poitrine, son rythme rapide décroissant progressivement. Elle porta un, puis un autre doigt à sa bouche, et les posa sur mon visage, le frottant doucement pour enlever visiblement les affres du combat terminé. Je la laissais faire, trouvant l'attention touchante, alors qu'elle fût subitement prise d'un fou rire. Probablement le contrecoup de toutes ces émotions fortes.

-Éloignons-nous d'ici, et retournons là où nous nous étions couchés, autant ne pas accumuler de nouveaux problèmes en restant près de ce corps.

Je voulais faire d'une pierre deux coups. Libérer l'endroit pour l'Ombre qui attendait, et nous éloigner de ce qui n'était pas moins qu'un meurtre. Cassiopée m'embrassa de nouveau, et j'accueillis son baiser en le lui rendant à la suite. Main dans la main, nous nous dirigeâmes vers le lit de la rivière, nous enfonçant dans l'eau jusqu'à la taille. Effectivement, il fallait nous nettoyer de tout ce sang. Je n'aurai jamais passé autant de temps dans l'eau que ce jour, et ce, de mon vivant comme de ma mort.

Je n'ai pas pour autant loupé l'air ... presque mutin de ma compagne, et son visage trahissait une autre idée que celle consistant qu'à se limiter au nettoyage de nos vêtements et nos corps. Quand elle déposa sa robe dans l'eau, après l'avoir enlevé, elle s'approcha de nouveau de moi, le regard rivé sur moi, déterminé, dominatrice presque. C'est alors que j'en eus confirmation alors qu'elle me dévoila le gage qu'elle m'avait trouvé. Dans un murmure, entre deux baisers bien plus qu'amicaux, elle semblait mue par un désir qui me dépassait totalement.

Une sorte de peur s'emparait de moi, celle de ne pas être à la hauteur, de paniquer, de décevoir, de ne pas réussir, tout simplement. Je ne connaissais rien à tout cela, j'allais briser tout le charme de notre rencontre à cause de mon inexpérience irrécupérable. Vu mon âge, j'aurai dû connaître au moins un minimum, mais même ce B.ABA n'était qu'un maelstrom d'inconnus.

- Tu es sure que tout va bien, tes blessures ne te font pas souffrir ? Laisse moi prendre soin de toi au moins.

Après tout, elle m'avait aussi à sa manière, sauvé de cet individu, même si de ce que j'avais vu, il n'aurait jamais su me faire du mal. Mais cela elle l'ignorait, et n'avait pas hésité à se ruer sur un individu armé pour le neutraliser. Par ailleurs, lui faire sa toilette me permettrait aussi de temporiser sur cette peur presque panique de sauter dans ce vide où n'importe quelle autre personne s'y serait jeté les yeux fermés. J'allais la décevoir, c'était évident. Elle cherchait quelqu'un capable de lui tenir tête, de fort, et j'étais pas ce genre de personne là. Je compensais par ma volonté de prendre soin d'elle, et lâchant ses mains, je me mis derrière elle, et commença à lui faire sa toilette. Mes gestes étaient simples, doux, lents, et malgré l'obscurité affaiblie par l'eau lumineuse et les rayons de la lune, je m'employais à n'oublier aucune partie de son corps encore hors de l'eau. Sa nuque, son dos, ses épaules, le cou, avant de m'attaquer aux endroits où sa blessure l'avait le plus sali. Mes mains mouillées régulièrement se posèrent sur le haut de son buste, avant de parcourir sa poitrine nue, le sang séché coulant désormais par sillons pâles avant de s'évanouir dans les flots bouillonnants de la rivière. Chacun de mes doigts descendit sur son ventre, chatouillant presque son nombril pour s'arrêter au seul morceau de tissu qui couvrait encore Cassiopée. A défaut de pouvoir lui apporter ce qu'elle souhaitait, je mettais une attention toute particulière dans cette toilette qui était, je devais l'admettre, une moitié d'excuse pour la soulager de certaines douleurs. Mes caresses étaient précises, les zones connues pour diffuser une sensation de bien-être. Surtout, sans le savoir, certaines zones étaient bien plus sensibles chez la femme que chez l'homme, et j'y avais mis autant de cœur à l'ouvrage sur la poitrine de Cassiopée que le reste de son corps.

Le ton un peu hésitant, je lui murmurais à l'oreille, un peu comme une confession honteuse.

- Tu sais, je .... je n'ai .... hmmm, jamais fait, enfin.... "ça". Et je ne sais absolument, mais alors absolument pas comment ça fonctionne, cette histoire que tu m'évoquais cet après midi, de s'emboiter. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, tu risques d'être déçue. Et puis tu ne voudrais pas un enfant avec moi je suppose.

Je ne faisais que mettre bout à bout le peu que j'avais pu glâner sur le sujet, notamment l'idée que la fusion d'un homme et d'une femme était destiné à renouveler l'espèce. Je ne voyais pas d'autres raisons.

1435 mots.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 12 Aoû 2015, 21:53

Spoiler:

 
   
 


Aujourd'hui, était le jour des découvertes. J'avais découvert ce qu'était un baiser, un vrai, j'avais vécu des rencontres insolites, et improbables, je m'étais baignée avec une homme que je ne connaissais que depuis quelques heures, et je venais de vivre le trépas d'une personne qui avait voulu nous attaquez. En peu de temps, je pouvais dire sans la moindre hésitation que j'avais vécu un bon nombres d'aventures. Mais pourquoi tout garder en tête ? Ne pouvais-je donc pas faire un tri entre ce que je voulais garder en mémoires, et ce que je souhaitais effacer au plus vite ? Tout ce sang tournait en boucle dans ma tête, le bruit de l'étouffement. S'étouffer avec son propre sang, sentir la moindre parcelle de vie quitter votre corps petit à petit, sentir le froid gagner son corps. Je pouvais être la meilleure comédienne du monde, cela ne m'empêchait pas de ressentir un malaise atroce et horrible. Tous les moyens étaient bon pour me sortir ses images de la tête. Mais rien n'y faisait … Je voulais passer à autre chose, et penser à autre chose … penser que j'étais une femme en présence d'un homme, que la vie était faite de ce genre de chose. Que faire l'amour n'avait rien de malsain, bien au contraire. C'était la communion entre deux corps, entre deux âmes peut être ? Je n'en savais rien après tout, mais c'était ainsi que je voyais les choses. Sur le moment cela m'était apparu comme la bonne solution, je ne pouvais trouver mieux pour une première fois. Wriir avait été … ce que j'attendais d'un homme. Gentil, doux, attentionné, il m'avait défendu, il m'avait aidé, appuyé, écouté … je pouvais continuer ainsi toute la journée. Le sourire sur mes lèvres étaient un mélange de vrai et de faux. J'étais bien en sa compagnie, je me sentais bien, mais pas totalement. Mon regard ne pouvait pas s'empêcher de se tourner vers la berge, là ou se trouvait le corps. Nous avions sali ces lieux, l'endroit m'apparaissait moins beau, moins brillant. Pourtant j'étais sure et certaine que rien n'avait vraiment changer. Le bruit des trompes d'eaux tombant de la cascade n'était pas revenu, les couleurs étaient toujours aussi magiques et féeriques, mais une angoisse pesante me donner la chair de poule. C'est pourquoi, même si je le faisais pour une mauvaise raison, je mettais créer cette pseudo carapace, afin d'oublier tout ce qui pouvait se rapporter de près ou de loin à ce malheureux événement. J'avais beau penser que tout cela n'était rien, je ne pouvais empêcher mon cœur de battre la chamade. Mais était-ce parce que je sentais les mains de mon compagnon parcourir et laver mon corps, ou bien à cause de ce qui s'était passé ? J'aimais à croire que c'était de la faute de Wriir. Il fallait arrêter ça, arrêter de penser à ça. Je fis le vide dans ma tête, et cela marcha, pour un temps, il m'aiderai à oublier, oui, il m'aiderai. Je me concentrais sur ses mains, je pouvais sentir la fraîcheur de ses doigts, sa peau contre la mienne. Je frissonnais de froid mais aussi de plaisir. Je fermais les yeux afin de me concentrer sur ce qu'il me faisait. Ma robe continuait à dériver dans l'eau, venant se frotter par moment contre moi, et me ramenait à l'instant présent. Comme pour le massage qu'il m'avait fait tout à l'heure, de petits bruits, qui m'était encore étrangers sortirent de ma bouche pour venir se perdre dans l'air. Je ne pouvais rien contrôler et je n'en avais pas envie finalement. Cette petite bulle de bonheur qu'il m'offrait, me permettait d'oublier, et c'était tout ce qu'il me fallait. Ses mains passèrent même sur mes plaies, dont l'une était déjà en partie guérie. Je me laissais aller contre lui, je pouvais sentir son torse contre mon dos, même si une couche de vêtement nous séparez, j'aimais ce que je ressentais. Mais à mon grand désespoir, il eut bientôt de finit de passer sur chaque partie de mon corps, il avait touché des endroits que personne encore n'avait même vu, ni entre aperçu. Et puis vint l'aveu. Il m'avouait ne rien connaître de tout ceci, de ce que pouvait faire un homme et une femme. Mais moi non plus, je ne connaissais que peu de chose. Je ne m'étais jamais intéressée à ça parce qu'on ne m'avait pas touché en plein cœur comme il l'avait fait. Il n'y avait pas besoin de parole, pas pour le moment. Je me retournais lentement et lui sourit, presque timidement, ce qui était assez étrange de ma part. Je passais mes mains dans l'eau, et prit de l'eau en coupe pour tenter d'enlever un maximum de sang sur ses vêtements. Je pris ses mains pour les tremper dans l'eau et me mit à laver ses doigts, même si la grande majorité du sang était parti, je voulais lui montrer que je n'avais pas peur, pas de ça en tout cas. Je lavais presque méthodiquement ses doigts, un par un. Je caressais sa paume, son poignet et remontais jusqu'à son coude, je tentais d'être la plus douce possible, de le rassurer en quelques sortes. Je fis la même chose avec l'autre bras. Lorsque j'eus finis, je lui pris les deux mains et sortit de l'eau encore une fois à reculons pour rejoindre ce qui était censé nous servir de lit pour la nuit.

« Viens ... »

Ma robe dans une main, je la déposais sur le sol afin de la faire sécher. Puis je vins m'allonger sur le côté tout en tirant Wriir avec moi, pour qu'il vienne se mettre derrière. Il était toujours plus facile de parler franchement avec quelqu'un lorsque l'on avait pas deux yeux qui vous observez attentivement. J'attendis qu'il se place avant de prendre la parole. Je fixais un point invisible devant moi, afin de pas détourner la tête et d'apercevoir le corps encore une fois … j'avais eu ma dose de cadavre pour la journée …

« Tu sais … je n'ai jamais rien fais non plus … c'est bizarre tu vas me dire. Les Orishas sont connus pour être plutôt ... du genre libertin, pas de tabous au niveau du sexe … et là maintenant, je t'avoue que je me sens un peu ridicule. Je veux dire j'aurais pu en avoir l'occasion, mais je m'en fichais, c'était pas important pour moi., c'est pas une chose primordial pour moi. Je cherchais juste à me battre, j'attire les ennuis mais je les cherche la plupart du temps, c'est ma petite montée d'adrénaline. D'accord, souvent c'est pas de ma faute, mais bon ... je ne tiens pas à fonder une famille maintenant … je veux dire, je ne m'imagine pas être mère ... je suis encore jeune, je me vois mal prendre soin d'un enfant alors que j'en suis encore une … façon de parler. »

Je me mordis la lèvre, et saisit du mieux que je pus une des mains de mon camarade pour la poser sur ma hanche. J'aurais pu avoir froid, mais qu'il soit derrière moi me réchauffait légèrement. Mes bras étaient collés contre mon corps, et je tentais tant bien que mal de cacher mes blessures qui à l'air libre me faisaient quand même pas mal souffrir. Je n'étais clairement pas encore la meilleure pour soigner les blessures. Il me fallait persévérer. Je pris une profonde inspiration afin de continuer mon petit monologue. La nuit était déjà bien avancée et la lune ainsi que les étoiles nous offrait un spectacle encore plus grandiose que celui de tout à l'heure. Les éclats lunaires donnaient des reflets bleu, gris à l'eau, le vent soufflait sur les arbres environnant ajoutant un accord à la douce mélodie qui n'avait cessé de se jouer. Je pouvais me perdre dans la contemplation de ce tableau. On aurait dit que tout était mis en œuvre pour offrir à qui voulait bien le voir, un spectacle des plus grandioses.

« J'ai mal agi ce soir … tout à l'heure, j'en avais envie, c'est toujours le cas … mais j'ai peur … pour plusieurs raison. Tu vas sûrement trouver ça bête … ou peut être pas … je sais plus à vrai dire. »

Je me mordis la langue, devrais-je lui dire ? Il allait peut être se moquer de moi ? Mais qu'est ce que je croyais, je parlais de Wriir, je n'avais jamais rencontré personne d'aussi gentil à part Ezékiel. Je savais que je pouvais compter sur lui pour ne pas me juger et encore moins porter un avis négatif sans avoir de bonnes raisons, sans que cela soit constructif.

« Je … »

Je fermais les yeux et lâchais la bombe d'une seule traite.

« J'ai peur de le faire pour de mauvaises raisons, et peur de le faire tout court. »

Toujours sur le côté, je me pressais un peu plus contre le sol comme pour essayer de m'y cacher. Je ne devais pas être une femme comme les autres, encore moins une Orisha comme les autres. Et si cette envie n'était que le fruit du choc que j'avais vécu ? Comment savoir …

« Pardon ... c'est bête je sais … tu dois te demander qu'est ce que c'est que ces doutes … mais c'est toi qui risquerait d'être déçu … »

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 13 Aoû 2015, 17:51

Nous étions trop gauches, trop "innocents" d'une certaine manière, pour faire ce que tous jeunes de notre âge auraient probablement fait dans pareille situation et dans un endroit aussi envoûtant.

Il était évident qu'une attirance existait entre nous, un partage d'émotions, de sensations, une myriade de connexions qui s'étaient en un temps record enchevêtrées entre elle et moi. Même si je ne ressentais aucune émotion agréable, se sentir .... utile aux yeux de quelqu'un avait quelque chose de glorifiant d'une certaine façon. Sans trop le savoir, sans trop le vouloir même, nous nous complétions, nous apprenions à l'autre, nous partagions notre passé pour éviter de commettre des impairs à l'avenir.

Nous avions même partagé un lourd secret, d'ôter la vie, de la sentir s'échapper au fil du sang qui s'écoulait le long de sa gorge. Il faisait partie désormais du passé, et ce même s'il avait gravé un souvenir qui s'était ancré en nous en lettres de sang. Nous nous lavions comme pour effacer déjà cette funeste réminiscence, mais nous ne faisions que gratter le vernis de l'acte irréversible accompli il y a peu.

Elle voulut me rendre ce que je lui avais donné quelques minutes auparavant. Je la regardais, silencieux, immobile, me laver consciencieusement les mains, avec précision et douceur. Il y avait probablement un sens à cela, et je sentais à la délicatesse de ses gestes qu'elle voulait m'aider, m'épauler dans cette épreuve. Pourtant je ne ressentais aucune douleur, aucune empathie, aucun remord pour ce que j'avais accompli. Il n'y avait pas eu à ce moment-là d'autres alternatives, et il en était arrivé au stade où l'un des camps devait périr. Il n'avait pas choisi le bon. Seul son camarade fuyard vivrait. Les lâches avaient la vie belle après tout.

Nous finîmes par quitter le lit de la rivière pour retrouver notre emplacement d'origine, avant que cette intrusion ne finisse en bain de sang. Elle me fit comprendre de me mettre derrière elle, et j'obtempérais sans un mot, nos corps se lovant l'un contre l'autre, alors qu'elle prit la parole. Je l'écoutais toujours en silence, je sentais qu'il ne fallait pas l'interrompre.

Elle me fit part de ses inquiétudes, craintes que j'avais partagées avec elle juste avant. Elle aussi avançait à tâtons dans l'expérience intime qui unissait un homme et une femme, et comme moi, elle ne se sentait pas prête du tout à fonder une famille. Elle enchaîna, entrecoupé de silence ses craintes de plus en plus vivaces. Elle avait peur. "Peur", le mot était fort, puissant, représentatif des sentiments contradictoires qu'elle nourrissait en cet instant. Elle avait envie, sans le désirer. Je n'aurai su le décrire autrement.

Cette peur irrationnelle, elle avait dû l'enfouir jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus reculer, et franchir le point de non retour. Elle termina enfin, et je lui caressais les cheveux, avant de prendre à mon tour la parole.

- Qui suis-je pour t'en vouloir, ou même te juger Cassiopée ? Balaye cette peur que je pourrai avoir de toi une image négative. Ne nous forçons pas, vivons l'instant présent, jusqu'à ce que le soleil reprenne ses droits. Avant de te rencontrer, je n'attendais rien de ce journée, si ce n'est ... souffler un peu au bord d'une rivière. Je ne suis pas de ceux qui en demandent toujours plus. Nous sommes amis, c'est déjà énormément à mes yeux.

Je penchais ma tête en avant, la passant par dessus son épaule, pour que nos regards se croisent et qu'elle puisse voir d'elle-même que je ne lui en voulais aucunement. Après tout, le résultat aurait pu être catastrophique, et je ne savais pas si une Ombre était capable de .... faire ce genre de choses là. J'aurai eu l'air fin si une Ombre était incapable de faire ce que tout vivant faisait naturellement ! Il allait falloir que je me renseigne à ce sujet, par curiosité scientifique évidemment !

- Oublions tous ces tracas que nous associons à un acte censé être pur et parfait. Personne ne sera déçu par personne, car nous avons su résister comme les adultes que nous sommes !! Tu devrais te reposer à présent. Tu pourras te revigorer et soigner à ton réveil un peu plus tes blessures. Tu avais un endroit où aller, avant que nous ne nous rencontrions. Je me rendais à Avalon pour ma part, je n'ai jamais visité cette ville auparavant.

Je posais mon dos sur le tronc d'un arbre juste derrière moi, et laissait Cassiopée s'installer pour que je lui serve d'oreiller pour la nuit. Elle avait besoin de sommeil, c'était évident, il n'y avait qu'à la voir avant que nous ne soyons dérangés dans la nuit. L'aube allait poindre d'ici quelques heures, aussi aurai-je tout le temps de repenser à cette journée riche en émotions, et à la rencontre aussi imprévue qu'unique qu'est Cassiopée.

Alors que je sentais doucement, mais sûrement s'assoupir celle qui était allongée contre moi, je me saisis de la feuille où était inscrit nos deux prénoms. L'obscurité me les cachait, mais je les voyais comme s'ils étaient inscrits en lettres de feu. Je me demandais quel avait été mon vrai prénom, si tant que mes parents m'en aient donné un, avant de m'abandonner. Ma mémoire était complètement vide, privée de toute substance, comme arrachée de mon cerveau, à jamais. Aujourd'hui, cela ne servait plus à rien de s'en inquiéter, j'étais mort, et on ne donnait pas de nom à un mort.

Demain était un autre jour. Il serait fait d'autres rencontres, d'autres péripéties, d'autres débâcles. Dans une année, ici même, j'allais revoir Cassiopée, et nous aurons une année à nous raconter, entre deux gerbes d'eau. J'espérais pour elle qu'elle puisse accomplir son rêve, et devenir la grande Orisha qu'elle voulait devenir. Pour ma part, affublé de mon fardeau, à chaque jour sa peine, et il reprenait dès demain.

1042 mots.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 14 Aoû 2015, 14:18

Spoiler:

 


Grâce à Wriir, je pus m'installer confortablement dans l'herbe fraîche, presque humide, afin de me laisser aller à mes songes, en espérant ne pas être en proie à de nouveaux cauchemars, ce soir, qui n'avaient ni queue ni tête. Allongée ainsi je pouvais à la fois le regarder, et regarder le ciel. Nous étions bien, enfin je ne pouvais pas parler en son nom c'est vrai, mais il devait être comme moi : épuisé, aussi bien physiquement que moralement. Toute ma vie, j'avais rêvé d'aventure, d'action, de cette petite montée d'adrénaline qui vous réchauffe le sang et qui vous fait bouillir de l'intérieur, mais aujourd'hui … était un jour bizarre. Il comprenait des moments merveilleux, magiques, que je ne pourrais oublier, et d'autres instants beaucoup moins avenant. J'avais vécu ce que je cherchais tant, et maintenant que j'avais eu un aperçu de ce qui pouvait se passer partout sur ces terres, je me demandais si le monde était aussi beau que je me l'étais imaginée. Ce genre de chose devait se passer tous les jours, des gens étaient tués, asservis, blessés, et même si j'avais participé à ce carnage … je ne pouvais m'empêcher de penser que d'une certaine manière il n'y avait pas eu d'autre choix. La vérité était là … qu'aurions-nous pu faire d'autre ? L’assommer et après ? Lui faire la morale ? Aurait-il compris notre point de vue ? L'aurait-il accepté et il n'aurait plus jamais fait de mal à personne ? Peut être bien … ou peut être que non … nous n'étions pas dans sa tête, comment délier le vrai du faux, pour ma part je ne pouvais pas. Nous n'avions pas eu d'autre choix que le tuer ? … plus j'y pensais et plus je me disais que je devais vraiment dormir ! Comment moi, une simple petite Orisha pouvais-je avoir le droit de vie ou de mort ! Ma liberté contre la sienne, mais à quel prix ? Encore une fois, les mêmes questions revenaient en boucle. Wriir avait raison, je ne pouvais pas penser être totalement libre et vouloir libérer les autres tout en respectant la liberté d'autrui. Je me devais de faire la part des choses, aider les autres oui mais pas au détriment de leurs sentiments, non ? Je ne savais plus ! Tout s'embrouiller dans ma tête, des tonnes de questions se pressaient les une contre les autres. Pourquoi devrais-je limiter ma liberté ? Pour des gens qui se fichent éperdument de mon sort ? Mais je me bas pour la liberté, pour celle des autres aussi, non ? Comment puisse-je agir normalement alors ? … Un mal de tête ne tarderait pas à pointer le bout de son si tout ceci continuait à tourner en boucle, sans jamais trouver de réponse à ces questions. Je posais un de mes bras sur mes yeux comme pour retarder l'inévitable douleur, et soufflais tout doucement pour tenter de faire le vide. Faire autre chose, penser à quelque chose de plus simple, de plus calme … Oui nous étions amis … je m'étais fais un vrai ami … pas de ceux qui ne sont pas au courant, non. La il était au courant et d'accord, il le voulait tout autant que moi … enfin je supposais. En cette journée nous nous étions crées une bulle, ou les soucis n'étaient pas permis longtemps. C'est vrai que nous les avions parfois survolé, de très prés,  mais pour mieux les éviter ensuite. Nous nous étions découvert d'une manière peu commune c'est vrai, mais ce qui faisait que notre nouvelle amitié était si particulière. Je sentais mes yeux se fermer, je ne pouvais m'empêcher de bailler toutes les dix secondes, je tentais de résister mais le sommeil finirait pas l'emporter sur ma volonté de rester éveillée. Je me concentrais sur la douleur au niveau de mes avant-bras, au moins pouvais-je compter sur ça pour me tenir encore un peu éveiller … sauf que j'avais perdu déjà pas mal de sang, et lorsque je me réveillerai il ne faudrait pas que j'oublie de me soigner à nouveau, si mes forces m'étaient revenues. Je finis par vouloir parler, mais ce qui sortit de ma bouche … n'avait pas vraiment de sens … à mon oreille cela paraissait normale … ou presque …

« Oui … ami … je vais … je vais pas là en tout cas. Je me balade, j'aime bien … c'est drôle. »


Finalement je ne pus garder mes yeux ouverts bien longtemps, comment je le sais ? Parce que tout de suite après ces quelques paroles, je ne possédais plus aucuns souvenirs, la fatigue quoi … Cette nuit là, je n'eus pas froid, pas chaud non plus, mais j'étais dans une sorte de cocon qui savait parfaitement quelle température était la plus adaptée. Je n'eus pas mal au dos, je ne fis pas de cauchemars, et mon sommeil ne fut pas agiter ni même dérangé. Ce qui me réveilla fut les rayons du soleil qui venait frapper mon visage. Je remarquais que je n'avais quasiment pas bouger pendant la nuit et que Wriir non plus. Avait-il bien dormi au moins ? Je l’espérais … car je m'étais en quelque sorte servi de lui pour mon propre confort … Je me relevais doucement afin de ne pas le réveiller. Je remis ma robe et m'étirer face à la nature, tout cela dans un silence de plomb. Dans l'ensemble je me sentais plutôt bien, mes membres ne me paraissaient pas aussi lourd que je l'avais pensé, je n'étais pas engourdie … le seul problème était que je ne pouvais pas finir de me soigner … je devais d'abord reprendre des forces, c'est à dire manger, boire et dormir à nouveau pourquoi pas. Je regardais mon camarade profondément endormi, le souffle court, la bouche légèrement entre-ouverte. Je ne pouvais pas me résoudre à le réveiller … Tout doucement et suffisamment près de l'endroit ou nous avions dormi j'écrivis de nouveau nos deux noms, dans la terre, il n'y avait là dedans qu'une simple promesse, celle que nous nous reverrions ici, dans un ans. Une fois mon œuvre achevé, je vérifiais ne pas l'avoir réveillé et lui déposait un léger baiser sur la joue.

« Merci Wriir, pour tout. A dans un ans. »


Et je partis. Je m'étais fais un ami, et pas n'importe qui.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Et comme les sentiments, l'eau chute et s'écoule pour l'éternité (Cassiopée & Wriir / suite) [Terminé]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Reculer pour mieux sauter, ou pas ... [Lynn Dae & Wriir] [Terminé]
» Une éternité au fil de l'eau [Cassiopée & Wriir]
» Un mauvais tour de main [ PV Wriir ][Terminé]
» Retour parmi les siens [Rp Libre Terminé Mirra, Eärhyë & Wriir]
» Et j'avance en rebroussant chemin, ces démons qui me hantent ... (Hiveä & Wriir) [Terminé]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres d'émeraude-