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 La foi comme seul salut [Quête//PV Eilam// FINI]

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Mer 08 Juil 2015, 16:29

Son aventure sur le continent mystérieux avait assez étonné le jeune homme, qui avait donc décidé brusquement de retourner chez les siens et d'enfin prendre contact avec d'autres magiciens plus sages qui sauraient lui expliquer. Seulement, Eilam, ne possédant aucune connaissance géographique, ne savait pas comment rentrer chez les siens.
C'est ainsi que, un beau jour, il se trouva sur un tapis d'or qui s'étalait à l'infini, aussi vaste et aussi impressionnant que le champ de coquelicots qu'il revoyait parfois, en rêves. Cette infinité dorée était constituée d'une infinité de grains d'un sable fin et pur, parfois secoué par des vagues d'une onde limpide, qui laissaient sur les sables d'harmonieux dessins en forme de vaguelettes sinueuses. Le son que rendait l'eau en heurtant les minuscules éclats de pierre témoignait de sa pureté, comme le faisait sa couleur d'un bleu limpide approchant la transparence, qui contrastait agréablement avec le blanc immaculé de ses franges d'écume. Une autre sorte de paix envahissait l'esprit du magicien qui s'arrêta un instant de marcher, pour profiter de l'harmonie de ce lieu, harmonie qu'il avait déjà pu connaître dans de nombreux autres endroits. Le monde devait être fondamentalement bon, toute la douceur et la sérénité qu'il avait pu constater lui permettait de pardonner la sécheresse et la douleur des terres arides. Tout était prévu pour le Bien.

En dessous d'un soleil étrangement immobile, inondant toujours le sable de la même lumière chaleureuse et apaisante, de hauts palmiers balançaient leurs ramures verdoyantes au-dessus de cabanes sobres mais élégantes, laissées à la disposition des voyageurs qui le souhaiteraient.
Galamment, le magicien demanda à son amie si celle-ci souhaitait prendre un peu de repos dans ce petit paradis, mais la Tiregan refusa, expliquant qu'elle souhaitait savoir ce que les autres magiciens diraient du crime d'Eilam, car, pour elle, l'attente devenait difficilement supportable.
Accompagné d'une brise marine rafraîchissante, un marin humain et borgne, fumant la pipe, avisa les deux pérégrins. Goguenard, il leur demanda ce qu'un tel couple venait faire par ici, et se présenta comme un chercheur de pierre. Aussitôt, Eilam lui répondit poliment qu'il cherchait à progresser dans la joaillerie. Avec un rire aviné, le marin lui céda une petite pochette contenant un assortiment de lapis-lazuli et de jade, et dit qu'il en trouverait bien d'autres sur le rivage. En partant, cet étrange personnage proposa à Almagor de chercher lui aussi d'autres pierres.
Le jeune homme médita quelques instants cette proposition, mais préférait travailler des pierres qu'il avaient acheter, et non tout miser sur la chance.
Les deux voyageurs se remirent donc en route.

D'autres voyageurs furent croisés et salués avec politesse. L'un d'eux apprit à Eilam que non oin de là se trouverait une ville du nom de Cael, appartenant aux magiciens. Etonné de se trouver à nouveau si près des siens, le jeune homme demanda à son interlocuteur comme il pourrait s'y rendre. Celui-ci lui répondit aussitôt que le seul moyen de passer les murs de cette ville serait de prendre un bateau.
Almagor remercia son informateur et le salua, avant de se diriger vers un gracieux ponton où étaient amarrés de nombreux navires.
Là, après avoir discuté quelques temps avec des marins, le magicien trouva un pêcheur qui possédait une barque et acceptait de l'emmener jusqu'à Cael, moyennant un payement constitué de trois pierres précieuses. Le marché fut donc conclu.

Après un voyage assez court sur des flots aussi calme que limpides, laissant entrevoir un fond marin aux richesses naturelles inépuisables, les voyageurs arrivèrent en vue d'un premier mur, que le pêcheur contourna avec habileté.
Après ce premier mur, de nombreux autres se dressèrent sur le chemin des pérégrins, leur laissant un passage de plus en plus resserré. A chaque obstacle, le marin louvoyait, afin de pouvoir atteindre la ville.
Une fois ces nombreuses fortifications passées, le jeune homme vit six statues qui le surplombaient, représentait des êtres divins ou mortels qu'il ne pouvait encore identifier, à cause du fait qu'il n'avait jamais vraiment brisé son vagabondage ascétique.

En effectuant ses premiers pas dans cette ville, le magicien fut frappé par la douceur de la couleur dominante, le rose, qui avait teint la plupart des éléments de Cael, laissant une empreinte calme et apaisé, forçant les visiteurs à ressentir une même paix.
Eilam se demanda où il devait se rendre, s'il devait se présenter à une quelconque instance, enfin bref, quelles étaient les formalités pour exister.
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Jeu 09 Juil 2015, 11:55

C'était la seconde fois que le jeune homme avait la chance de pouvoir parcourir une vraie ville, son seul point de comparaison était Mégido, visitée... Il ne savait pas combien de temps auparavant. Ici, une foule tout aussi compacte et cosmopolite allait et venait, souvent pressée, présentant une multitudes de marchandises venant de nombreuses contrées très éloignées. Eilam constata que beaucoup d'êtres non magiciens parcouraient ces rues, il se demanda s'il pouvait en augurer quelque chose de bon par rapport à ceux qui tenaient cette ville, une ouverture d'esprit...
Cependant Almagor avait remarqué les quelques sporadiques sentinelles qui promenaient sur la foule un regard d'apparence distraite, mais précis et inquisiteur, surveillant les populations et prêts à intervenir en cas d'incident grave.
Soudain, un bruissement d'aile se fit entendre, forçant les deux voyageurs à lever leurs regards vers le ciel. Tous deux virent alors un imposant dragon, dans les tons orangés du coucher du soleil, planer au-dessus de la ville, tourner légèrement, comme fatigué par de longues heures de vol, puis enfin se poser sur le toit d'un imposant bâtiment, dont les tours se dressaient plus hautes que celles des autres bâtiments imposants qu'il l'environnaient.

La marche du magicien fut interrompue par le fait qu'un inconnu le retenait par la manche. Intrigué, le jeune homme se retourna.
Il s'agissait en fait d'une inconnue, une humaine de taille assez petite et qui semblait assez jeune. Eilam ne lui donna pas plus de dix-huit ans.
Une ample chevelure d'un blond pâle enveloppait la demoiselle, mettant en valeur son teint pâle et presque maladif. Dans ses yeux d'un vert gris semblable à la couleur de l'herbe par un soir d'orage, quelques larmes perlaient. L'une d'elle se détacha et, pure, roula le long de la joue de la dame.
Frappé et interpellé par une telle apparition, le jeune homme se retourna complètement et demanda, d'une voix qu'il tâcha de rendre la plus douce et la plus consolatrice possible:

Que se passe-t-il, Madame? Puis-je vous rendre service de quelque manière que ce soit?

Trois autres larmes se détachèrent et roulèrent, comme autant de diamant, le long des joues blanches de l'inconnue, qui peinait à faire sortir le moindre mot des ses lèvres tenues closes par l'inquiétude.
Enfin, la demoiselle parla, sans réussir à mettre un peu d'ordre dans ses propos:

Monsieur... Je suis une étrangère en cette terre, simple d'esprit de surcroît, alors je ne connais pas grand chose de votre ville... Cependant mon enfant, mon soleil, mon trésor, a fui alors que nous nous trouvions par là, est montée dans un bateau avant que je ne puisse la retenir... Et...

L'inconnue, dans un vague et ample geste de main, avait désigné l'Ouest. Une nouvelle crise de larmes submergea la demoiselle, interrompant momentanément ses propos.

Et... Le bâteau a largué les amarres, lentement il s'est éloigné du bord... Avec ma fille avec lui!! C'est affreux Monsieur, comment pourrais-je espérer un jour la revoir? Depuis que le bâteau a quitté cette ville, je n'ai pas compris pourquoi, mais le bateau n'est pas revenu... Je vous en supplie Monsieur... Retrouvez ma fille! Je veux la revoir! J'ai peur pour elle... Je vous en supplie! Je vous récompenserai en conséquent... Enfin...

L'inconnue baissa la tête et détacha le médaillon qu'elle portait au cou, une petite améthyste accrochée à un fil de laine.

Je n'ai pas grand chose à vous proposer... Me ferez-vous le plaisir d'accepter ceci?

Eilam était resté ébahi pendant le discours enflammé de la jeune femme. Doucement, le magicien repoussa la main de son interlocutrice, qui lui tendait le pendentif, et la força à garder son bien.
Almagor ne voyait pas pourquoi il refuserait d'accéder à la requête de la jeune femme, car sauver une vie lui semblait être un devoir impératif. Donc il n'accepterai aucune rémunération.
D'une voix qu'il tâcha de rendre telle que l'inconnue lui ferai confiance, le voyageur répondit:

J'irai chercher votre enfant, et je ne repartirai pas tant que je ne l'aurai pas retrouvée. Cependant, garder votre collier. Je suis certain qu'il vous est précieux. Si vous tenez à me récompenser, dites-vous que l'honneur qui m'est donné de pouvoir aider votre enfant me suffit amplement.

L'inconnue sourit, tandis qu'une larme d'espoir coula le long de sa joue maigre.

Je vous en remercie, Monsieur! Revenez-moi vite sain et sauf, avec mon enfant.

Eilam sourit et garantit son retour. Sans plus attendre, il se mit en route.

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Jeu 09 Juil 2015, 12:35

Ludmila considérait qu'Eilam prenait des risques de manière inconsidérées même si, elle aussi, pensait qu'il était prioritaire de sauver la vie de cette enfant. Elle sermonna donc le magicien et le supplia de prendre garde à lui.
Tous deux se mirent donc en route vers l'Ouest. Almagor, en plus d'être poussé par le devoir et par la volonté de secourir une enfant innocente de dangers que lui-même ignorait pour épancher les pleurs d'une mère inconnue, le jeune homme sentait croître en lui une curiosité semblable à celle qu'il avait connue avant d'entrer dans le Temple du Phoenix.
Cette sensation d'insatiable curiosité poussa alors le magicien à se renseigner sur sa destination. Avec politesse, il arrêta quelques passants, qu'il interrogea. Certains, bourrus et pressés, refusèrent de lui répondre; d'autres, les flâneurs sans doute, acceptaient de lui donner une ou deux informations.
Grâce à cette pêche ardues aux données, le jeune homme finit enfin par comprendre de quoi il retournait. L'île sur laquelle il se trouvait venait de quitter l'océan pour s'élever vers le ciel. Le fait qu'un tel miracle pût exister émerveilla le jeune homme, qui comprit que cela devait être dû à la puissance infinie des magiciens qui avaient créé cette ville.

Cependant l'enfant qu'il recherchait se serait embarquée dans un navire faisant voile vers l'un des temples, le temple d'Ilios, le dieu de la Connaissance, pour être exact. Cependant les temples n'étaient pas accessibles lorsque l'île se trouvait dans les cieux...
Eilam comprit l'inquiétude de l'humaine: son enfant ne pouvait pas revenir, elle risquait de s'être perdue, de périr de faim, de froid, de soif... Il devenait donc impératif de retrouver cette enfant imprudente.
Seulement, comme l'avaient fait comprendre les quelques passants effrayés ou goguenards qui avaient accepté avec condescendance de donner des informations au petit magicien ignorant, il était impossible de rejoindre les temples pour l'instant, il faudrait attendre la fin du cycle. Sauf que d'ici là l'enfant risquait de trépasser.
Il était hors de question pour Almagor d'attendre autant. Il allait donc prendre ces risques qui semblaient insurmontables aux yeux de la population, et chercher à atteindre le temple d'Ilios dès maintenant.
Par ailleurs, la curiosité qui grandissait dans l'esprit du jeune homme s'était muée en certitude: quelle hasard avait poussé la jeune mère à s'adresser à lui spécialement? Quelle idée folle avait poussé l'enfant à fuir dans un bateau qui faisait voile vers l'un des temples? Pourquoi spécialement le temple dédié à la Connaissance? Ne s'agissait-il pas là d'un signe? Mais pourquoi une divinité perdrait-elle son temps à faire des signes à un simple petit vagabond?

Pour Eilam, que ce signe fût volontaire ou non de la part du Dieu, il refusait d'y voir un simple hasard. La Connaissance était quelque chose que le jeune homme avait toujours vénérée et considérée comme primordiale... Se rendre au temple d'Ilios lui permettrait peut-être de comprendre quelque chose de crucial, peut-être pourrait-il entrer au service de cette divinité qu'il avait vénérée inconsciemment depuis le fond de son âme...
Le magicien fit part de ses questions et de ses conclusions à son ami. La Tiregan y répondit par un sourire amer:

Si une divinité t'avait voulu à son service, elle te l'aurait fait savoir bien plus tôt, il t'aurait libéré du démon qui nous a enfermés tous les deux.

Almagor secoua négativement la tête et soupira:

Je t'ai déjà dit de nombreuses fois que, pour moi, je ne gardais aucune rancune envers le démon. C'est grâce à lui que j'ai pu survivre, et c'est grâce à lui que je suis tel que je suis aujourd'hui. Peut-être justement que c'est tel que je suis maintenant que Ilios veut me voir, qu'il a attendu que le démon m'apprenne ce que je sais pour ensuite me mener jusqu'à lui.

La jeune fille, en marchant, eut un rire ironique:

Je ne te remets pas en question, j'ai beaucoup d'estime pour toi, mais pourquoi est-ce qu'un dieu de l'envergure d'Ilios s'intéresserait à toi, un magicien parmi d'autres? Tu ne t'es distingué en rien de tes semblables.

Le pessimisme de son amie attristait le magicien, qui pourtant n'arrêta pas sa marche:

Allons voir, Ludmila, allons voir... De toutes façons nous devons sauver l'enfant. On verra bien après s'il y a une autre raison à ma venue au temple d'Ilios...

La tristesse de la jeune fille ne l'arrêterait pas, sa curiosité était plus forte que le doute.


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Jeu 09 Juil 2015, 13:05

Les deux voyageurs avaient donc marché vers l'Ouest, dans un silence gêné et quelque peu attristé par leurs différends. Le magicien était conscient que son amie n'allait pas bien et ne s'était pas encore remise de la maltraitance et de l'esclavage qu'elle avait subies dans les terres arides. Il faudrait y remédier, quand le jeune homme saurait comment. La Tiregan se forçait à apparaître forte, afin d'aider et de seconder le magicien quand lui-même succombait à ses doutes.
Soudain, alors que les deux pérégrins arrivaient en bordure de cette ville aux nombreuses teintes différentes de rose, la voix de Shumeï, sortie enfin de sa bouderie, se fit entendre. Apparemment, la décédée avait écouté en silence toutes les conversations qui avaient précédé, car elle s'était forgée sa propre opinion.

Je ne sais pas si Ilios t'a sciemment fait venir à lui avec un but précis mais, quoi qu'il en soit, tu te rends dans son temple suite à des événements qu'aucun simple mortel n'aurait pu prévoir et planifier. A présent, libre à toi de t'imaginer qu'il s'agit là de la volonté du dieu de la Connaissance. Mais de toutes façons, une fois l'enfant retrouvée, rien ne t'interdis de te rendre dans le temple et de chercher à savoir.

La cadette s'était résignée au fait que, bientôt, son mensonge serait révélé. A présent, elle était prête à en subir les conséquences, toute sa jalousie quant à la survie de son frère avait disparu. Peut-être que ces révélations auraient lieu au sein même su temple d'Ilios...
Les propos de Shumeï firent réfléchir le magicien, qui comprit que, de manière prosaïque, l'enchaînement des faits en lui-même pourrait s'avérer être un obstacle.
Eilam opposa:

Supposons que nous trouvons l'enfant loin du temple... Et que, là, elle soit gravement blessée et nécessite immédiatement des soins qui requièrent que nous la ramenions à Cael... Dans ce cas, je refuse de m'aventurer avec elle dans le temple d'Ilios et rejoindrai au plus vite la ville pour la soigner. Alors au pire je pourrais tenter à nouveau le voyage après coup...

La Tiregan s'arrêta brusquement de marcher et croisa les bras. Pour elle, la vie était quelque chose qui nous appartenait , que l'on pouvait jeter aux orties si cela nous amusait, mais en aucun cas sacrifier pour prendre des risques inconsidérés pour rentrer au service d'un dieu pour qui on n'était rien qu'un vermisseau parmi tant d'autres. Ainsi donc, la perspective d'un second voyage en direction du temple de la Connaissance, alors même que le premier inquiétait la jeune fille, énervait cette dernière à un plus haut point.

Je t'interdis de faire un second voyage vers ce temple. C'est trop dangereux et je tiens à toi. De plus, si tu meurs tu tues ta soeur, je te rappelle.

Almagor baissa la tête, confus. Malgré tout, au fond de son coeur, il sentait qu'il devait se rendre en ce temple, des interrogations qu'il ne parvenait pas encore à formuler naissaient dans son esprit, et le jeune homme savait que la réponse à toutes ces questions se trouvait dans le temple d'Ilios.
Eilam répliqua:

Je te promets que je ferai attention. J'y tiens beaucoup, je veux visiter ce temple... Si l'on m'y autorise, bien sûr.

La Tiregan entrevit un instant l'importance que son ami accordait au temple d'Ilios. La jeune fille elle ne vouait que de la méfiance aux dieux, tous, car aucun ne l'avait sauvée quand elle souffrait. Mais elle respectait les choix du magicien et , comme d'hbaitude, ferait de son mieux pour l'aider.
Ludmila céda:

Soit. Dès que nous trouverons l'enfant, je m'occuperai d'elle. Je la ramènerai saine et sauve à sa mère, puis je t'attendrai. Nous nous retrouverons près du port, là où nous avons accosté.

Ce choix étonna un instant Eilam, puis celui-ci remercia son amie avec effusion. Cependant, le trajet restait dangereux. Le jeune homme s'inquiéta:

Es-tu sûre que tu pourras faire seule le chemin du retour seule? Moi non plus je ne veux pas qu'il t'arrive de malheur. De plus, l'enfant sera à ta charge.

La jeune fille s'offusqua un instant puis rit de bon coeur:

Pour qui tu me prends? Bien sûr que je saurai me débrouiller seule!

Ce point étant réglé, les deux pérégrins purent donc reprendre la route et, bien vite, atteignirent les limites de la ville qui flottait parmi une armée de nuages d'un blanc laiteux.

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Jeu 09 Juil 2015, 13:50

Après une longue marche, environnés par les couleurs chatoyantes dont se parent les nuages lors du crépuscule, les deux voyageurs sortirent enfin de Cael.
Face à eux le sol s'ouvrit soudainement en un gouffre profond et sombre, dont il était impossible de distinguer le fond, caché par des nuages bas et noirs. Le jeune homme tendit son bras sur le côté pour empêcher son amie d'avancer plus loin et de tomber.
Les deux pérégrins marquèrent une pause. Avec prudence, Eilam ramassa un gros cailloux qu'il jeta au fond du gouffre.
Après une très longue attente, le bruit d'un choc le parvint, atténue par la distance et déformé par les parois rocheuses.
La Tiregan haussa les épaules:

Apparemment ce fossé ne s'ouvre pas au-dessus du vide. De manière très originale, je propose que nous traversions. De toutes façons, il n'y a pas d'autre solution.

Le magicien approuva les dires de son amie. Alors Shumeï proposa que les deux voyageurs prissent un peu de repos pour dormir avant de partir à l'attaque de ce gouffre. Cependant son aîné lui répondit catégoriquement par la négative: l'enfant qu'ils devaient secourir était peut-être en danger de mort, le moindre retard serait criminel de leur part. Il faudrait donc se mettre en route dès maintenant.
Avant que le premier pas en direction du fossé mortel ne fût effectué, Ludmila demanda à son ami:

De toutes façons nous devrons nous séparer lorsque nous aurons retrouvé la fillette humaine. Préfères-tu que nous nous séparions dès maintenant afin que tu puisses te rendre dès maintenant au temple d'Ilios?

Le magicien médita quelques instants la proposition de la Tiregan puis, son opinion forgée, il rétorqua:

Je préfère que nous effectuions une première fois ensemble cette traversée périlleuse. Ainsi, si l'un de nous court un risque, nous pourrons nous entraider et nous secourir. De plus, c'est à moi qu'il a été demandé de sauver cette enfant, j'ai promis de le faire, je ne veux pas fuir... Je te remercie à nouveau pour ta proposition qui me permettra de me rendre au temple de la Connaissance!

La jeune fille hocha la tête, distraite:

En route, alors.

Tout d'abord, les deux pérégrins durent escalader ce premier versant du gouffre. Abrupte et verticale, la roche sombre n'offrait que très peut de prises pour la descente, et les quelques herbes maladives qui avaient poussé, ci et là, ne permettaient pas que l'on s'y accrochât pour résister à la pesanteur bien plus puissante que d'ordinaire, qui tirait avec violence les deux voyageurs vers le fond du gouffre.
Après cinq minutes d'une descente silencieuse et angoissante, le pied de la Tiregan manqua sa prise et glissa. La jeune fille, entraînée par son poids, commença à chuter vers le vide. Inquiète mais étrangement résignée, elle n'émit aucun cri, tendant simplement sa main vers Eilam, attendant qu'il ne la sauve.
Aussitôt, une angoisse atroce étreignit le magicien. Réagissant dans la même seconde, il prit dans ses mains le fourreau de son katana, qu'il tendit à son amie. Celle-ci s'en empara.
Toutefois, la pesanteur continuait d’œuvrer, les jointures des doigts de la jeune fille blanchirent et elle ne put tenir encore longtemps le fourreau.
A nouveau, Ludmila glissa.

Alors Almagor lâcha la paroi du gouffre et se jeta à la suite de la Tiregan, dans l'espoir de pouvoir la rattraper et se raccrocher ensuite à la roche, avant que la jeune fille ne s'écrasât contre le sol, dans de nombreuses dizaines de minutes.
Le jeune homme put rattraper son amie mais en aucun cas il ne réussit à reprendre prise sur la paroi rocheuse lisse comme de la glace. Après quelques instants d'une chute où l'inquiétude de la mort et a honte de leur échec si tôt les tenaillaient, les deux pérégrins finirent par atterrir, très violemment, sur un éperon rocheux qui saillait par rapport à la paroi.
La réception fut dure, et chacun des deux voyageurs s'était brisé plusieurs os. Eilam banda ses blessures comme il le put, puis se tourna vers Ludmila. Avec patience et application, il utilisa le maigre contrôle qu'il avait sur la magie blanche afin de ressouder ses os.
Cette tâche avait pris beaucoup de temps, et à présent le magicien était épuisé. Malgré tout, le fait d'avoir pu guérir son amie le remplissait d'une sorte de joie qui camouflait un peu sa grande fatigue.
La Tiregan s'était évanouie pendant la chute mais, quelques minutes après sa guérison, elle recouvrit ses esprits.

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Ven 10 Juil 2015, 15:59

Aussitôt, la jeune fille proposa au magicien de prendre quelques heures de repos: ses blessures, alliées à l'énergie qu'il avait dû dépenser pour la soigner, rendait bien plus dangereuse pour lui la suite de la traversée du gouffre.
A nouveau, Eilam refusa de retarder plus le sauvetage de la fillette humaine. Il consentit cependant à faire une pause de quelques minutes.
Entouré des mêmes nuages qui camouflaient le fond du gouffre, le jeune homme sortit des feuilles arbres fruitiers qu'il roula. A l'aide d'un petit briquet acheté à la sauvette, il alluma cette cigarette qu'il fuma pour se détendre. Chaque bouffée qu'il tirait, artificiellement, faisait disparaître son épuisement.
Lorsqu'il ne resta plus qu'un demi-centimètre de feuilles carbonisées, le magicien broya entre ses doigts ces feuilles qui s'effritèrent en cendres et s'envolèrent, emportées par le vent.
Puis, fâché d'avoir perdu un peu de temps, Eilal soupira:

Reprenons la route, à présent.

Puis le regard du magicien tomba sur son amie, encore à terre. La compassion entra dans son esprit et il demanda, adouci:

Ludmila... Tu peux marcher? Au pire, rentre, à présent, je continuerai la route seule.

La jeune fille se remit debout péniblement et, une fois assurée qu'elle tenait bien sur ses deux jambes sans vaciller, elle rétorqua, d'une voix lasse ou triste:

Je peux marcher et je te rappelle que je ne te laisserai jamais tomber. Enfin, je te rappelle que tu m'as soigné et que donc, à présent, c'est toi qui est blessé, et non pas moi. Il est hors de question que je te laisse continuer seul dans cette situation.

Almagor secoua la tête négativement, acceptant ainsi de clore la discussion, et les deux pérégrins reprirent leur route contre cette paroi abrupte et lisse qui ne leur offrait toujours que de rares prises toutes les dix minutes. Il fallait se laisser glisser avec prudence, une angoisse silencieuse rampait autour des deux voyageurs.
Enfin, après plusieurs heures ou chaque seconde pouvait apporter la mort au magicien ou au Tiregan, s'ils laissaient l'inattention qui rôdait autour d'eux entrer dans leur esprit un seul instant, les deux pérégrins parvinrent presque au fond du ravin, dont ils purent distinguer les nombreux rochers effilés qui se dressaient, menaçants, éparpillés çà et là, sans logique, au fond du ravin.
Le jeune homme accepta qu'ils fissent une pause de dix minutes, pour que les deux pérégrins pussent manger. Chacun sortit de son sac les quelques fruits et le poisson fumé qu'ils avaient acheté dans la matinée avec les quelques pièces qu'Eilam avaient gagnées en exerçant son nouveau métier. Sil voulait gagner plus pour pouvoir améliorer leurs conditions de vie à tous les deux, il lui faudrait encore s'améliorer.
Dès que fut finie et expédiée cette rapide collation, les deux voyageurs descendirent encore, plus calmes et plus sereins, jusqu'au fond du gouffre.
Ils se demandèrent alors combien de temps il leur faudrait pour traverser celui-ci  et s'ils arriveraient à temps pour secourir l'enfant de l'humaine inconnue qui les avait abordés.

Lorsqu'ils posèrent pieds sur la roche grise, ils se rendirent compte qu'un immense marécage sombre, à la surface duquel surnageaient des bulles géantes, s'étalait à perte de vue. L'hésitation s'empara de l'esprit des deux voyageurs, qui ne savaient pas exactement comme poursuivre leur route.
Eilam le premier brisa le silence qui se figeait autour d'eux:

Bah... Tant pis. Contournons, nous allons remonter sur la paroi en tâchant de ne pas choir en chemin. Lorsque nous verrons qu'un passage à pied sec est possible, nous repartirons.

Une fois le moment de stupéfaction passé, les deux voyageurs agrippèrent à nouveau l'abrupte paroi de roche qui les surplombait avec son regard à moitié goguenard et à moitié impassible.
De toutes façons les deux pérégrins n'avaient pas d'autres choix. Avec tout de même un infime brin d'inquiétude au coeur, ils poursuivirent leur escalade en longeant les rivages du marécage qui semblait ne jamais vouloir finir.
Après encore plusieurs heures d'une avancée difficile et mortelle, le magicien et la Tiregan virent que le passage était dégagé. Devant eux, un gracile ponton de pierre s'avançait au-dessus du vide, vers une terre sans doute plus abordable, cachée par une brume d'un gris sombre.


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Ven 10 Juil 2015, 16:33

Cependant qu'ils avançaient, les deux pérégrins entendirent un bruit diffus et déformé par les parois déchiquetées du gouffre. Etonnés, ils s'avancèrent en pressant le pas, veillant toutefois à ne pas tomber vers le bas, ce qui risquerait de les faire empaler par l'un des rochers effilés qui tendaient leurs pointes vers le ciel.
Après une marche prudente rythmée par le bruit qui se précisait, le magicien et la Tiregan parvinrent enfin de l'autre côté du sentier de pierre, don la fin de la traversée s'était avérée encore plus ardue que le reste: aveuglés par la brume dense et sombre, les deux voyageurs avançaient à tâtons, incertains de l'endroit le plus sûr pour poser leurs pieds, craignant de tomber et de périr à chaque pas, sans avoir pu accomplir la mission qui leur avait été confiée par l'humaine.
Arrivant à la fin du chemin suspendu au-dessus du vide, un doute vint pointer le bout de son nez dans l'esprit du jeune homme. La femme qu'il avait vue ne devait pas être âgée de plus de dix-huit ans... Comment pouvait-elle déjà être la mère d'une enfant de l'âge de fuir sur un bateau seule, et sans doute survivre seule... Donc âgée d'au moins dix ans...
Almagor soupçonna qu'il y avait derrière cela plus qu'une simple fugue, et que sa mystérieuse interlocutrice lui avait caché quelques détails.

Enfin, le bruit se précisa. Il s'agissait d'une respiration accompagnée du son émit par quelqu'un en train d'avaler une boisson, goulument. A présent, les deux pérégrins se trouvaient assez proches de la source de ce bruit pour pouvoir le localiser avec exactitudes.
Enfin parvenus sur un sol relativement stable et sûr, ils avisèrent une roche imposante, d'un gris tirant sur la teinte orangée du souffre, derrière laquelle semblait provenir ce bruit. Certains de toucher au but, Ludmila et Eilam contournèrent ce rocher.

Derrière la roche se trouvait allongé un être à torse humain, frêle et secoué se soubresauts, enveloppés dans une soyeuse chevelure bouclée d'un vert sombre et au visage sévère éclairé par deux yeux dont l'orangé devait être tiré des derniers rayons du soleil. Cependant cet être possédait une queue de serpent, émeraude striée de raies noires, pendant dans le vide qui s'étendait à nouveau de l'autre côté. L'enfant portait une robe blanche et simple ainsi qu'un pendentif rudimentaire, la même améthyste, accrochée par un gracile fil d'argent qui noircissait par endroits.
Ludmila lâcha un cri de surprise:

Une Bélua...

L'enfant leva un instant les yeux vers les deux nouveaux arrivants puis, bien vite, retourna à son occupation.
A côté de l'enfant reposait un cailloux tranchant souillé de sang. La fillette s'était apparemment blessée au coude et buvait avec avidité le sang qui coulait de sa blessure.
Le magicien s'agenouilla à côté de l'enfant et murmura, sans aucune trace d'animosité ou de méfiance dans la voix, pour montrer à la Bélua que celle-ci pouvait lui faire confiance.

Une dame en pleurs m'a dit de chercher son enfant qui a fui par ici. Elle portait un pendentif semblable au tien. Est-ce toi?

Dans tous les cas, il était impératif pour Eilam de savoir si cette enfant parvenait à survivre, même s'il ne s'agissait pas de celle qu'il recherchait, il la sauverait s'il le fallait.
La Bélua darda sur le jeune homme un regard teinté de lassitude et de fatigue:

C'est bien moi.

Sans un mot, le magicien prit dans son sac ce qu'il lui restait de nourriture, et le tendit à l'enfant qui était réduite à se nourrir de son propre sang pour survire.
Mais la fillette refusa cette manne d'un geste de main brusque. Almagor la sermonna:

Tu dois te sustenter. Si tu continues de boire ton propre sang, tu vas finir par périr. Viens, tu vas rentrer chez toi à présent.

Semblant bien trop fatiguée pour protester plus longtemps, la fillette tendit sa main en un geste las et mangea les fruits à contrecœur, tentant de camoufler la faim qui la dévorait. Sous le regard bienveillant d'Eilam, Ludmila prit l'enfant dans ses bras, et la tête de celle-ci retomba sur l'épaule de la Tiregan.
La Bélua s'était endormie...


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Ven 10 Juil 2015, 16:53

Le magicien regarda son amie s'éloigner, portant dans ses bras la Bélua endormie.
La Tiregan marcha avec lenteur et prudence, à présent qu'elle était sûre que la fillette ne risquait pas de mourir dans les minutes qui suivent, la jeune fille ne voulait pas risquer de perdre leurs vies à toutes deux à cause d'un inutile empressement.
Le poids de l'enfant, sur son épaule, déséquilibrait la funambule qui progressait toujours, à l'aveugle, à travers la brume.
Après un pas effectué avec un peu plus d'empressement lors d'un moment de fatigue ou d'inattention, le pieds de Ludmila glissa et celle-ci dérapa. La jeune fille parvint à se retenir au chemin de roche afin de ne pas choir et finir empaillée et, d'une main, elle tenta de retenir l'enfant, sans succès.
Cette dernière se rattrapa toute seule, au dernier moment, et se rétablit agilement face à la Tiregan qui se releva en cherchant ses bleus.
La Bélua refusa de bouger d'un pouce et croisa ses bras, fixant Ludmila d'un regard dur.

Je ne veux pas rentrer chez moi.

La jeune fille regarda la fillette avec stupéfaction, comprenant que cette fugue avait été préméditée depuis longtemps. Mais Ludmila ne pouvait pas, ne devait pas chercher à comprendre les motifs qui avaient poussé l'enfant à fuir, car elle aussi avait promis que la mère humaine reverrait cette enfant saine et sauve dans les plus brefs délais.
La Tiregan répondit avec une voix qu'elle tenta de rendre douce, mais ferme:

Pourquoi donc? Ta mère était désespérée de ne plus te voir à ses côtés. Tu dois retourner la voir. Par ailleurs, ici, seule, tu vas mourir.

La jeune fille prit la main de l'enfant et tenta de l'emmener vers la fin du sentier au-dessus du vide, mais la Bélua se dégagea prestement et s'assit à même le sol, en équilibre précaire.
D'une voix butée, la fillette répondit:

Je ne veux pas, ce n'est pas ma mère. Je ne veux plus la voir.

Ludmila commençait à désespérer de pouvoir ramener un jour cette enfant à bon port:

Pourquoi donc? Ta Maman est méchante avec toi? Vue l'ardeur avec laquelle elle souhaitait ton retour, je pense qu'elle ne souhaite que ton bien et veille sur toi mieux que n'importe quel enfant n'aurait pu l'espérer.

Alors qu'elle prononçait ces mots, un poignard acéré transperça les flancs de la Tiregan: personne n'avait veillé sur elle. Aussi loin qu'elle pouvait se souvenir, la jeune fille avait toujours été réduite en esclavage et martyrisée, elle n'avait jamais conu la douceur d'un sourire maternel.
Mais ce n'était pas le moment pour Ludmila de s'apitoyer sur son propre sort. Elle devait avant tout veiller à la survie de la Bélua, qui continuait à la fixer avec entêtement, avant de répondre:

Elle a toujours été très gentille avec moi, je ne peux pas dire le contraire. Cependant...

De la colère commençait à naître dans les yeux de l'enfant.

Ce n'est pas ma mère!! Je veux savoir pourquoi je ne suis pas avec les miens!!

Cette réponse catégorique désarçonna la jeune fille, qui ne sut pas quoi répondre et changea d'argumentaire:

Si tu restes ici, tu ne pourras pas survivre bien longtemps.

Dans le regard de l'enfant, la colère se changea en mépris:

Je me moque bien de périr. Je n'aime pas la vie, de toutes façons.

Ludmila ne pouvait pas contredire la Bélua sur ce point, elle tenta donc de revenir sur son argumentation précédente:

Je vois bien qu'un différend de taille te sépare de ta mère adoptive. Cependant tu ne peux pas la détruire et la faire souffrir en fuguant. Par ailleurs, si tu souhaites savoir ce qu'est devenue ta famille biologique, la seule solution est de retourner voir cette humaine qui tient fortement à toi et veillera sur toi comme une vraie famille.

L'argument de la curiosité semblait avoir atteint son but plus que les autres. La Bélua émit un grognement montrant qu'elle ne savait plus quoi répondre, s'avança vers la Tiregan et tendit les bras vers elle, montrant par là qu'elle voulait que Ludmila la porte jusqu'à la fin du chemin.

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Ven 10 Juil 2015, 22:23

L'enfant Bélua s'était rendormie sur l'épaule de Ludmila et, dans son sommeil, un demi-sourire mélancolique s'était dessiné sur son visage, découvrant légèrement des crocs de serpents. Attendrie par celle qui aurait peut-être pu, dans des circonstances absolument différentes, être sa petite soeur, la Tiregan lui caressa ses cheveux smaragdins et soyeux.
Ce poids gênait la jeune fille pour avancer cependant, au fond de son coeur, elle sentait qu'elle était proche du but, qu'elles deux arriveraient saines et sauves à nouveau à Cael. Enfin, Ludmila, malgré sa méfiance envers les dieux, était heureuse de permettre à son ami de visiter le temple d'Ilios et de comprendre ce qui l'attirait du côté de la connaissance, si après tout toute cette aventure avait finalement été le fruit d'une volonté supérieure et non d'un hasard quelconque.

Les deux jeunes filles parvinrent sans encombre au pieds de la muraille de pierre verticale qui les séparait de la ville rose des magiciens. Toutes deux affaiblies et éreintées, elles décidèrent de s'endormir, entre trois dangers: le gouffre, les marécages pestilentiels, et la muraille dont pouvaient tomber, à n'importe quelle heure, des morceaux de roche détachés par le vent.
Leur sommeil fut paisible, presque doux, mais sans rêve cependant et elles s'en réveillèrent avec quelques courbatures.
Ce qui les avait tirées de leur sommeil avait été un vent violent, froid et mordant, qui transportait avec lui un grondement menaçant.
La Bélua se réveilla, s'étira puis, fermant à moitié ses paupières, siffla:

On dit que de nombreux monstres créés par magie rôdent dans les environs... A quoi il ressemble, à ton avis? Moi, je pense... C'est une armée de manticores dorés qui sont venus pour nous tuer et nous châtier d'avoir osé souillé le sol de ce lieu sacré par notre présence impure.

La Tiregan resta dubitative, mais elle préférait prendre tout de même des précautions, au cas où on monstre les attaquerait pour de bon.
La jeune fille se connecta à la dimension dont elle tirait ses armes, fit apparaître pour elle un arc de bois solide avec une forte corde, accompagné d'une trentaine de flèches empoisonnées. Ludmila installa le tout sur son dos. Quant à ce qu'elle donnerait à la Bélua, la jeune fille hésita: cette dernière pourrait utiliser l'arme contre elle-même avant leur arrivée...
Après réflexion, la Tiregan installa sur le dos de sa protégée une large épée à double tranchant, simple et peu ouvragée mais au fil bien effilé.

Voilà, si on nous attaque, nous nous défendrons. Je t'interdis de te laisser mourir ou de te tuer avec cette épée. Sinon...

Ludmila ne savait plus comment terminer sa menace. Mais l'enfant la sauva de cette page blanche, secouant négativement la tête:

Laisse tomber, je ne vais pas mourir. Je veux à présent savoir ce qui est arrivé à ma famille, dont revoir ma mère. Et puis je crois qu'au fond je l'aime bien.

Ainsi encombrées, les deux jeunes filles entreprirent d'escalader la paroi glissante et abrupte. Ludmila avait obtenu de sa protégée que celle-ci ne résidât pas sur son dos, ce qui facilita l'escalade.
La montée s'avéra encore plus ardue que la descente, car les deux voyageuses ne pouvaient se laisser tomber, mais devaient se hisser à la seule force de leurs poignets.
Toutefois et heureusement, aucun événement notable ou regrettable n'eut lieu pendant cette pénultième partie de leur périple. Ainsi, les deux jeunes filles arrivèrent, saines et sauves mais épuisées, à nouveau en vue de Cael.

Il leur fallut encore marcher un peu. Lorsque les deux jeunes filles purent enfin contempler, autour d'elles, les murs dont le rose les réconforta, Ludmila ne savait plus combien de temps s'était écoulé.
Après avoir erré à travers plusieurs rues, les deux voyageuses retrouvèrent l'inconnue qui les avait interpellées plus tôt. Celle-ci les remercia avec chaleur, le regard inondé par de nombreuses larmes de bonheur. En remerciement, elle força la Tiregan à résider chez elle quelques heures, le temps de reprendre du repos et de la nourriture, et de finir la guérison de ses blessures dont Eilam avait débuté la cicatrisation. En effet, la jeune fille ne pouvait en aucun cas cacher son épuisement à l'humaine, refuser son hospitalité aurait été idiot.
Après ce la, la Tiregan rousse se rendit près du port sur lequel elle et son ami avaient accosté, quelques jours plus tôt, s'assit en tailleur par terre et attendit avec foi et patience le retour du magicien.

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Sam 11 Juil 2015, 22:48

Eilam avait vu la Tiregan s'éloigner dans la brume. Lorsque sa silhouette malingre eut disparut à l'intérieur du brouillard, le jeune magicien reprit son chemin.
Une nouvelle zone marécageuse s'ouvrait devant lui, et Almagor ne savait comme la contourner.
Il resta donc quelques minutes, indécis, cherchant une solution à cette impasse.
Après ces quelques minutes d'immobilité, le jeune homme décida de contourner le marécage par en bas.
L'escalade se présentait toujours de la même manière: ardue. La paroi présentait encore moins de prise que celle de la fois précédente, et semblait mouillée par une eau avec laquelle elle aurait été en contact auparavant, pluie ou océan... Eilam ne pouvait déterminer.
Plus rien ne pressait puisque l'enfant avait été sauvée, du moins le magicien ressentait avec certitude que son amie saurait ramener la Bélua à bon port. A présent, la seule motivation d'Almagor était de comprendre ce qui l'attirait tant dans le temple d'Ilios car, plus le magicien avançait, plus la curiosité et l'attendte de quelque chose d'important crissaient dans son esprit.
Toutefois la visite du temple de la Connaissance pouvait être retardée d'une heure ou deux, rien ne pressait, l'important étant que le jeune homme devait y arriver en un seul morceau.

Eilam restait donc parfois de longues minutes immobile, calculant avec précision le mouvement suivant afin de ne pas rater l'endroit où il souhaitait arriver, afin de ne pas risquer de mourir. Almagor ne regardait pas en bas, certainement pas par peur, mais parce qu'il n'avait pas besoin de ses yeux pour savoir que le gouffre se trouvait là, béant, n'attendant que de l'avaler, et que la paroi qu'il devait contourner occupait tout son champ de vision et toute son attention.
De temps à autres, le magicien remontait vers la plateforme de pierre pour savoir si le second marécage s'étendait toujours au-dessus de lui. A la sixième remontée, le jeune homme constata que son but était atteint et qu'il pourrait avancer quelques temps sur la terre ferme.
Avec hâte et avec joie, sans toutefois oublier la prudence salutaire, Eilam remonta sur le terre plein, de l'autre côté du marécage, et commença à progresser vers la paroi qui, au loin, lui faisait face, sans doute la paroi qui constituait le dernier obstacle entre Almagor et le temple qu'il souhaitait rejoindre.
Cependant, après quelques pas, il sembla au jeune homme qu'il entendait une vibration de l'air étrangère, il se propageait jusqu'à lui comme des coups sourds, que le magicien hésita à identifier à un battement de tambour, à des pierres qui chutaient ou au pas d'une armée en marche.
Plus grave encore, ces battements inquiétants semblaient se rapprocher d'Eilam sans la moindre intention de le contourner, comme si la chose souhaitait l'écraser.

Puis, accompagnement le battement inconnue, Almagor entendit un son nouveau qui se répercutait entre les falaises: le bruit d'une respiration rauque et sourde, ressemblant au murmure d'une voix d'outre-tombe. Le jeune homme se posa des questions, afin de déterminer ce qui pouvait causer un tel bruit. Avant même de se donner des réponses, le magicien sentait comme un réflexe de peur monter en lui, comme si sa survie avait soudainement été mise en danger.
Après quelques instants d'une intense concentration, Eilam parvint enfin à identifier l'origine du bruit qui commençait à lui causer de l'inquiétude; le battement des ailes d'une bête immense.
Toutefois quelque chose semblait ne pas être cohérent. Une pesanteur violente attirait le jeune homme, pourtant pas trop lourd, vers le fond du gouffre. Pourquoi un animal d'une envergure assez grande pour produire un tel bruit, donc d'un volume immense, ne s'écrasait-il pas au fond? Alors l'animal en question était-il naturel?
Almagor en déduit que ces lieux étaient sans doute gardés. Si le magicien souhaitait poser les pieds dans le temple d'Ilios, il devrait donc s'en montrer digne et survivre face à la chose qui s'approchait inexorablement de lui..
Avec calme et sans plus aucune trace de peur, le jeune homme dégaina son katana et s'assura que l'arme splendide qu'il avait obtenue au temple du Phoenix, bien qu'il ne sache pas encore bien s'en servir, se trouverait facilement accessible si le besoin s'en ressentait.
Puis la bête fit son apparition, bien plus laide, bien plus effrayante que tout ce que la magicien avait pu imaginer, bien plus féroce que celle qu'Eilam avait combattue dans les Terres Arides selon les conseils de Ludmila.
Almagor se mit en garde, prêt à débuter l'affrontement, malgré sa fatigue et ses anciennes blessures.

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Jeu 13 Aoû 2015, 10:10

La bête se présentait, d'un premier abord, sous l'aspect d'un long serpent verdâtre et écailleux, d'un diamètre approchant celui d'un tronc de chaîne. Au milieu de ce corps ce dressaient deux ailes noirs et effilées, à l'ossature marquées terminée par des griffes aussi effilées que des couteaux.
Eilam dégaina son katana, lorsque la bête tourna vers lui sa tête de cerf dotée de trois yeux d'un jaune bileux et ouvrit grand sa gueule ornée de crocs en forme de dagues.
Les reflets bleutés que renvoyait la lame du magicien semblait incommoder le monstre, car celui-ci s'éloigna de quelques mètres. Le jeune homme eu profita pour assurer son équilibre sur la roche et pour se tenir prêt pour le premier assaut, qui ne tarda pas à venir.
La bête ouvrit sa gueule comme un serpent qui tente d'avaler une proie de grande taille, et projeta sur l'intrus une tempête de feu, ce qui prit Almagor au dépourvu. En effet, le magicien ne possédait rien pour se protéger du déluge de flammes, et il ne pouvait l'esquiver sous peine d'aller se fracasser les os bien plus bas. Dans les quelques secondes qui lui restaient avant d'être calciné, Eilam devait prendre une décision.

Ce feu lui rappelait celui qu'il avait connu dans le temple de Phoenix, à la différence près que ce feu là semblait bien plus agressif, presque maléfique. Cependant...
Shumeï aussi réfléchissait. La jeune défunte ne voulait pas perdre son frère. Ce n'était pas seulement parce que s'il mourait, elle aussi trépassait, mais parce qu'à présent elle ne lui en voulait plus d'avoir survécu, ce serait du gâchis qu'il meure à son tour.
La défunte elle aussi songeait à l'arme du temple. Si celle-ci avait un rapport avec le feu... Rien ne coûtait d'essayer, s'il y avait une chose dont Shumeï était sûre, c'est que ce jo n'était pas une arme normale. Il était presque certain que, au moins, l'arme du temple ne serait pas détruite par les flammes du monstre qui voulait les empêcher de passer.
Eilam comprit les pensées de sa sœur. Quelques dixièmes de secondes avant que les flammes ne le calcine, il saisit le jo dans ses deux mains et repensa à l'épreuve qu'il avait surmontée dans le temple du Phoenix. Puis le magicien adressa une prière à Ilios, lui demandant humblement de lui permettre d'atteindre son temple.

Une lumière verte nimba alors le jo, avant de s'étendre comme un bouclier tout autour d'Almagor. Lorsque l'aura verte entra en contact avec les flammes, celles-ci crépitèrent, émettant une fumée âcre et noire, puis ces flammes déstructrices prirent la forme d'une boule de feu de la taille d'un melon, avant d'aller rebondir plus loin sur la paroi rocheuse.
Là où le feu avait percuté la pierre, un impact immense s'était creusé.
Face à cet échec, le monstre poussa un feulement d'indignation, avant de repartir à l'assaut de plus belle.

A présent, le jeune magicien était immunisé contre les flammes. L'arme du temple le protégeait, déployant le bouclier vert pâle à chaque fois que les tempêtes de feu se déchainaient. Eilam avait un instant songé à tenir le jo d'une main et son katana de l'autre, toutefois il réalisa bien vite que cela lui serait impossible, il devait choisir. A regrets, Almagor rengaina le katana dans son fourreau: il connaissait cette arme et il la maniait bien, tandis qu'il ne se battait que maladroitement avec l'arme du temple.
Mais il n'y avait pas d'autre solution pour le jeune home, si celui-ci ne voulait pas terminer à l'état de grillade. Et s'il voulait s'habituer au jo qui lui avait été offert au temple du Phoenix, le magicien devait bien s'entraîner avec, cette occasion n'était pas à dédaigner.

Les premiers coups qu'Eilam portait au dragon rataient leur cible. Aidé par sa cadette qui l'avertissait des coups de griffes et des coups de dents du monstre, le magicien fit mouche une première fois, ne blessant cependant pas son ennemi. Mais Almagor s'habituait à son arme, à sa taille, à son poids, et la maniant avec une agilité croissante.
Cependant l'équilibre du magicien n'était que précaire, il faudrait en finir au plus vite de ce combat. Le gardien des lieu semblait aussi fatigué que son ennemi, qui comprit alors une chose: si la bête résistait à la pesanteur, c'était parce qu'il s'agissait d'un monstre constitué de magie.
Alors, à la dernière estocade de la bête, le bouclier smaragdin se déploya une dernière fois, renvoyant l'ennemi au loin, où il se volatilisa.
Eilam était libre de poursuivre sa route.
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Jeu 13 Aoû 2015, 12:06

La fin de la traversée du gouffre fut tout aussi difficile que le reste, toutefois le jeune homme n'eut pas à affronter de nouvel ennemi constitué de magie. Après plusieurs heures encore où Eilam dut se battre contre la pesanteur écrasante et la roche lisse, il arriva enfin de l'autre côté.
Il vit alors devant lui un long pont de pierre sombre, une teinte proche du marron et du gris, construit come un aqueduc, qui se déroulait devant lui à l'infini. Le magicien ne voyait pas encore ce à quoi le reliait ce pont, ais il avait d'ores et déjà comprit que Ilios lui avait permis de rejoindre son temple.
Le cœur empli de joie et de confiance Almagor s'engagea sur ce pont et entama une longue marche qui dura plusieurs heures encore.
Il faut aussi avouer que le jeune homme ne se pressait pas. Il appréciait ce lieu, il tenait à y rester le plus longtemps possible.
De chaque côté du pont, Almagor distinguait de nouveaux gouffres, tout aussi cruels et dangereux que celui qu'il avait affronté pour rejoindre le temple du dieu de la Connaissance. Il était facile de devnier que ces gouffres abritaient l'eau, lorsque l'île ne se trouvait pas dans les airs.
Après une longue marche qui ne fut nullement interrompue par le vertige, Eilam vit se dresser devant lui le plus bel édifice qu'il n'avait jamais vu.
Il s'agissait d'un bâtiment de pierre noire, à la façade ronde percée de très larges fenêtres en ogive et dotées de vitraux extrêmement précis et colorés qui représentaient des scènes que le jeune home ne pouvait pas encore identifier. Chaque fenêtre était surmontée d'une rosace au vitrail d'une couleur différente, et encadrée par deux contreforts qui s'élevaient vers le ciel, sculptés de rameaux, de fleurs et de dragons.
Au-dessus de ce premier étage, des tours s'élevaient vers le ciel, reliées entre elles par des ponts de dentelles de pierre. Les vitraux des fenêtres se situaient au-dessus de gargouilles qu'Eilam ne pouvait pas bien distinguer, à cause de leur hauteur.
Toutefois le jeune homme pouvait distinguer la tour centrale avec la précision merveilleuse de ces sculpture, de la pierre taillée avec habileté, de la profusion de statues qui l'ornaient, la luminosité extraordinaire ces vitraux qui brillaient n'étant nullement éclairés, représentant des scènes qui semblaient presque réelles.

Ebloui par le temple, le magicien s'avança de la porte, aussi majestueuse que le reste de l'édifice. Les deux battants d'ébène étaient encadrés de plusieurs rangées de personnages et de créatures fantastiques, la pierre semblait être des morceaux de nuages d'orage rassemblés ici par magie.
Sans qu'il ne le remarquât de prime abord, la main d'Eilam s'était refermée sur un heurtoir d'argent représentant une tête de dragon. Envahi tout d'un coup par la crainte d'un lieu sacré et d'un dieu puissant, le magicien ferma les yeux et remercia encore une fois Ilios de l'avoir mené jusqu'à lui. Puis Almagor frappa le heurtoir contre les battants de la porte.
Aucun bruit ne se fit entendre. Le jeune homme craignit un instant d'être face à un lieu vide, mais, aussitôt, les deux battants s'ouvrirent, dans un silence mystérieux.
Directement dans l'esprit d'Eilam, une musique résonna. Il s'agissait d'une mélodie jouée à la lyre, accompagnée par des voix graves. Ce chant soufflait au cœur du visiteur un apaisement et beaucoup, beaucoup de confiance.

Almagor se trouvait dans un couloir sombre. Le plafond se trouvait à des hauteurs surdimensionnées, il était impossible de voir les clefs de voutes. Les murs étaient ornées des mêmes colonnes admirablement sculptées, et les vitraux semblaient luire d'une lueur qui leur serait propre.
Le jeune homme avançait le long d'un tapis d'un rouge sombre, qui tranchait sur les dalles noires et s'enfonçait vers des ténèbres que les yeux du magicien ne pouvaient percer. De loin en loin, sur un long lampadaire de bronze noir sculpté de motifs végétaux, des bougies de cire noire brisaient l'obscurité par la clarté violente de leurs flammes qui se tenaient droites et immobiles, comme si elles avaient été plombées.
Shumeï s'était rendormie. Cette quête était celle de son frère, elle n'avait pas à interférer. Certes ce lieu lui semblait sombre, toutefois elle aussi faisait confiance à ce dieu qui fascinait son aîné.
Dans l'esprit du jeune homme, la musique se faisait de plus en plus omniprésente. Elle semblait ancienne et mystérieuse. Et elle guidait Eilam vers le but qu'il recherchait, elle le menait à travers le temple.
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Jeu 13 Aoû 2015, 13:23

La mélodie sacrée guidait toujours les pas du jeune homme à travers le temple du dieu de la Connaissance. Eilam avançait, émerveillé par les lieux dans lesquels il se trouvait, et qui ne l'effrayaient nullement, et stupéfié par la beauté de la voix qui lui montrait le chemin. Le magicien se laissait guider, confiant, à travers ces lieux qui lui étaient entièrement inconnus. La destination vers laquelle il se dirigeait était forcément la bonne, celle qui le conduiraient aux serviteurs d'Ilios.
Almagor tenta de regarder sa conscience avec lucidité: pourquoi voulait-il à son tour devenir l'un des Census? Certes, la connaissance, l'apprentissage, la réflexion, étaient des choses que le jeune homme considérait comme primordiales pour un bon équilibre entre les vivants. Mais peut-être aussi... Peut-être aussi pensait-il que la connaissance englobait aussi les souvenirs qu'il avait perdu. Tout au fond de lui-même, Almagor espérait qu'il pourrait alors découvrir tout ce qu'était sa vie avant qu'il ne devînt amnésique, à quoi ressemblait sa famille, et comment il l'aurait tuer. Et peut-être même alors qu'il connaîtrait le yen de se faire pardonner les crimes dont il s'accusait à tort. Peut-être donc que le petit magicien cherchait la rédemption. Ou peut-être que la première réponse était la vraie. Ou peut-être qu'il n'y avait en fait pas de raison concrète... Si lui-même ne parvenait pas à mettre de l'ordre dans ses pensées, qui le saurait?
Après un long chemin dans des dédales de couloirs splendides et ouvragées, le jeune home se retrouva face à une porte d'ébène sculpté. Le magicien, émerveillé par ces sculpture, qui dépassaient en précision et en beauté toutes les autres, resta immobile quelques instants.

Aussi subitement qu'elle y était apparue, la mélodie disparut de la tête d'Eilam, laissa place à un profond silence. Almagor s'avança de quelques pas et, avec un glissement discret, la porte ne disposant ni de heurtoir ni de poignée pour l'ouvrir se referma.
Le jeune homme se retrouva alors plongé dans l'obscurité la plus complète. Il n'avait plus aucun moyen de se repérer, si les choses restaient comme telles le magicien mourrait en ces lieux.
Brusquement, une lumière se fit, quelque part au-dessus de la tête du visiteur. Il s'agissait d'un vaste lustre en argent, où plusieurs centaines de bougies étaient réparties sur plusieurs étages, supportées par de petites statuettes et formant une couronne de lumière extraordinairement blanche. Les flammes avaient pris brusquement, sans rien pour les déclencher.
Trois autres lustres identiques à celui-ci, mais répandant des lumières bleues, vertes et dorées, s'allumèrent aussi brusquement que le premier, formant un triangle équilatéral autour de lui.
Eilam découvrit alors qu'il se trouvait dans une rotonde, dans la tour centrale. Sans qu'il ne pût réellement le savoir, Almagor devina qu'il se trouvait à des centaines de mètres au-dessus du pont. Et la première chose que le jeune homme remarqua fut la beauté des vitraux de cette pièce.

Le premier représentait une bibliothèque infinie, où des êtres appartenant à des races multiples étudiaient, penchés sur des livres rédigés en un langage inconnu. Le second était presque identique au premier, toutefois des êtres plus jeunes étaient assis face à ceux qui avant étudiaient, et à présent semblaient parler. Sur le visage des plus jeunes étaient gravées une grande attention et de la concentration pour les paroles qui étaient prononcées.
Sur le troisième panneau, les bibliothèque avait été saccagée, les feuilles des livres gisaient, éparses, et les meubles de bois étaient ravagés par un incendie immense.
Sur l'avant dernier panneau, Eilam distingua une mêlée de combat, une guerre sanglante apportant des morts atroces. Cependant, tout autour de ce carnage, des voyageurs tentaient à nouveau d'apprendre ce qu'ils avaient oublié, de la nature, des dieux...
Sur le dernier panneau, ont voyait une armée de maçons reconstruisant la bibliothèque et des êtres vivants, en file, qui attendaient pour, chacun, la remplir avec le livre qui contenait tout ce qu'ils savaient.

Surpris, Almagor se demanda ce que signifiaient exactement ces vitraux, lorsque la vision qu'il en avait s'effaça.
Le silence reprit ses droits, quelques minutes, puis une voix grave et calme le brisa:

Voilà donc ta définition de la connaissance, petit visiteur?
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Sam 15 Aoû 2015, 19:31

La personne qui avait parlé apparut soudainement sous le lustre qui diffusait une lumière blanche .Aussitôt, Eilam tourna son regard vers lui, qui était nimbé par un faisceau de lumière lunaire. Il s'agissait d'un magicien dont Almagor ne put pas déterminer l'âge. Ses cheveux, argentés, étaient ramenés sur son épaule droite par une longue tresse que nouait un anneau de jade. Les yeux de cette personne, d'un vert d'émeraude, dégageaient une légère lueur dorée.
Le magicien portait un simple vêtement tissé d'une soie blanche immaculée, retenu à la taille par une ceinture de fils d'or tressés. De toute sa personne, il émanait une aura d.autorité et de grandeur.

Cette personne qui, vraisemblablement, était chargée d'accueillir le jeune visiteur dans le temple d'Ilios, laissa planer encore un instant le silence, qui prenait un ce lieu majestueux un aspect mystique.
Enfin, l'ecclésiaste prit la parole:

Si j'ai bien comprit ce que les vitraux m'ont montré de toi, tu penses que ma notion de connaissance se définit d'abord et avant tout par sa conservation et par sa transmission faites par les vivants. Tu n'as pas entièrement tort, c'est là l'aspect de la connaissance qui est le plus visible par le commun des mortels.

L'étrange personnage laissa sa phrase en suspens. Il semblait à Eilam que le son de sa voix se modifiait, tout comme les images que lui avaient montrées les vitraux.
Une question se faufila dans l'esprit d'Almagor: la personne qui se trouvait en face de lui se tenait-il là en chair et en os, ou s'agissait-il d'une illusion? Le jeune homme n'en avait aucune idée.
De plus, le néophyte n'avait aucune idée de la manière dont il devait se comporter face à ce prêtre d'Ilios. Eilam fit un instant part de ses doutes à sa cadette, toutefois celle-ci refusa de répondre, comme à chaque fois que son aîné avait prit une décision qu'elle ne ratifiait pas entièrement, et que la jeune défunte choisissait de s'en laver les mains.
Dans le doute, le néophyte ne bougea pas, étant donné que l'arrivé du Census l'avait surpris et qu'il était resté immobile au début de la rencontre. Le jeune homme se contenta donc de baisser la tête, espérant qu'il ne pêchait pas là par impolitesse et ou par orgueil.
Celui qui avait tenu des propos encore un peu confus pour Eilam ne fit cependant pas mention des questions d'étiquette, et reprit, d'une voix plus lointaine:

Tu n'oublies qu'un seul aspect de la réalité: lorsque les êtres vivants connaissent quelque chose, cette chose existe indépendamment de la connaissance que quiconque a d'elle. Ainsi, même si la chaîne de la transmission se brise, si une connaissance semble avoir été perdue par l'ensemble des mortels, il ne s'agit d'une illusion.
Toute connaissance existe par elle-même dans l'absolu, et peut être découverte à n'importe quel instant.
A ton niveau, je pense que tu n'as pas besoin d'en apprendre plus sur la Connaissance, tu sauras ce que tu auras besoin de savoir en temps voulu. M'as-tu compris?

Eilam acquiesça, l'esprit trop occupé à méditer les paroles qu'il venait d'entendre pour pouvoir répondre.
L'interlocuteur du néophyte acheva, d'une voix toute autre:

Le dieu Ilios t'accepte parmi ses Census, jeune magicien. Tu t'es distingué à la fois par ta persévérance et par l'importance que tu accordes à l'apprentissage et à la sagesse. De plus, il y a quelque chose que tu dois apprendre sur toi-même, il serait intéressant que tu le découvres en tant que Census. Enfin, avec ta perception du monde et de la vie, nous pensons que tu pourras parfaitement faire partager la parole du dieu de la Connaissance.

Une joie sans borne inondait le cœur du jeune homme. Il avait atteint ce but dont il rêvait, il pourrait sans doute enfin trouver sa rédemption.
Bien que la salle fût toujours aussi sombre, il semblait à Eilam qu'un nouveau soleil l'éclairait.
Le magicien à la tresse argentée reprit la parole:

Un Census d'Ilios n'est pas un être semblable aux autres. Ainsi, tu ne ressortiras pas tel que tu es entré. Mais ne t'attends pas à n'avoir que des cadeaux!
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Dim 16 Aoû 2015, 18:56

Ces étranges mises en garde étonnèrent Eilam, qui n'eut toutefois pas le loisir de se poser plus de questions à ce sujet.
Face au petit néophyte apparut une bête semblable, identique même, à celle qui l'avait attaqué quelques temps plus tôt.
Le jeune magicien était à nouveau certain qu'il s'agissait d'une créature créée par magie, cependant il savait aussi que cette bête était là pour lui et qu'il ne s'en débarrasserait pas aussi facilement que lorsqu'il se trouvait suspendu à la paroi de roche.
Pourtant, une grande confiance animait à présent Almagor. Celui-ci demanda, d'une voix qu'il trouva étonnement assurée:

Vais-je devoir me battre contre ce monstre que vous venez de faire apparaître pour me défendre et me montrer digne de devenir un Census?

Mais la question sonna d manière un peu trop naïve. Un sourire amusé éclairait le visage du magicien à la chevelure argentée, qui répondit:

En effet, tu dois être fort, car les Census sont forts. Tu devras te défendre, toutefois tu ne sais pas encore contre quoi toi, personnellement, tu dois tu battre pour devenir plus fort, pour cesser de douter de toi, pour enfin trouver ta rédemption. C'est pour cette raison que ceci t'es offert, ce serpent qui représente toute l'hypocrisie et la fausseté contenues dans l'histoire de la mort de tes parents, restera pour toujours avec toi

Eilam comprit de ces paroles que le reste des magiciens le considéraient comme un fourbe, puisqu'il avait eu la cruauté de  massacrer de sang froid ses parents et sa puînée. Alors il serait condamné à rester avec ce dragon, son bourreau.
Le jeune homme se demanda quand commencerait son supplice, et ce à quoi il ressemblerait exactement.

Toutes les lumières, brusquement, s'éteignirent. Seule la bête était visible, luisant d'une lumière grise qui semblait lui être propre.
Aussitôt, par un réflexe de défense, le jeune homme posa sa main sur la garde deson katana et rassembla autour de lui toute l'ombre de la pièce, espérant la modeler pour en faire un bouclier.
Toutefois, la bête qui lui faisait face ne semblait pas disposée au combat, mais simplement tranquille, presque somnolente.
Puis un éclair argenté frappa le dragon de plein fouet. Alors, le monstre commença à s'enrouler autour de lui-même, et surtout à rapetisser, jusqu'à perdre plus des trois quarts de sa taille.
La lumière se fit à nouveau dans la salle, toutefois il s'agissait à présent d'une lumière froide et intemporelle. Les vitraux et tous les ornements de cette salle avaient disparu, à l'exception d'un haut autel de pierre noire, au centre exact de la rotonde.
Le jeune néophyte ressentit un poids entre ses mains, dont les deux paumes ouvertes étaient tendues vers le plafond. Eilam lbaissa le regard vers ce qu'il tenait en main.

Il s'agissait d'un kéris en argent, dont la main travaillée représentait le corps et la queue d'un serpent. Le reste du corps et le cou s'enroulaient autour de la garde d'ébène, qui représentait les ailes du dragon qui, par de fois, s'était tenu face à Almagor. La tête de la bête se dressait au-dessus de la garde et, de sa gueule grande ouverte ornée de quatre crocs acérés, crachait une gerbe de flammes d'argent moulées à la main d'Eilam.
Celui-ci admira l'arme qu'Ilios lui avait offerte, puis reporta son attention vers l'autel de pierre qui se dressait juste devant lui, aussi haut qu'Eilam.
Au sommet de cet autel reposait un simple cahier relié de cuir épais. Sur la couverture de ce cahier, quatre pierres précieuses représentaient le même symbole que celui formé par les lampes qui éclairaient la pièce, lors de l'arrivée d'Almagor.
Le jeune néophyte voulut tendre sa main vers le carnet. Cependant, il sentit aussitôt que tout ce qui l'entourait se modifiait à nouveau.
Il s'agissait bien d'une illusion, cela le jeune magicien en était sûr. Pourtant, sans qu'il ne sût pourquoi, Eilam ne pouvait pas se défendre contre ce sort mental, mamgré qu'il le pût. Alors il faudrait se défendre au sein même de cette illusion.
Cependant, une autre surprise l'attendait:son jo et son katana avaient disparu. Seul lui restait le keris.
Cela était logique, au fond...
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La foi comme seul salut [Quête//PV Eilam// FINI]

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