De retour du temple d'Ilios, Eilam avait aussitôt fait comprendre autour de lui qu'il souhaitait se rendre utile tout autour de lui, que voyager ne le déranger aucunement tant que son aide serait utile.
C'est ainsi que, un beau matin, un jeune garçon aux sourire malicieux remis au magicien une étrange enveloppe gris au coin de la quelle traînait une toile d'araignée. Recevant son pourboire, l'enfant repartit.
Alors, Almagor retourna l'enveloppe pour voir qui en était l'expéditeur. Au dos de l'enveloppe, un simple nom était marqué, avec une encre rouge sombre: Igor.
Qui était cet Igor? L'amnésique, tout comme sa soeur et son amie, l'ignoraient.

Se méfiant légèrement de l'aura lugubre que dégageait ce simple morceau de papier, le magicien replaça machinalement ses lunettes et ouvrit l'enveloppe en question. La douce chaleur crépusculaire l'enveloppait, tandis que le jeune homme se tenait sur la plage, en train de fumer.
La lettre était brève et lapidaire. Eilam la relut plusieurs fois avant de passer la feuille à la Tiregan, afin d'être sûrs qu'il n'y a avait pas d'erreur de destinataire, ou de compréhension de la lettre. Non, il n'y avait aucune erreur. "Monsieur Koryû, fraîchement arrivé chez les magiciens." C'était bien lui.
Après s'être rapidement concertés, avec Ludmila et Shumeï, tous trois décidèrent de se mettre en route vers le cimetière, sans perdre plus de temps.
La mission pour laquelle le jeune homme était quémandé était simple: le dénommé Igor se plaignait de la présence d'un ectoplasme non désiré non loin de la nécropole du cimetière. Il exigeait qu'Almagor vînt et le débarrassât de cette intruse.

Pour le voyage, les pérégrins emmenèrent avec eux l'oeuf que la mère éplorée avait offert à Eilam, dans la ville rose. Ils voulaient continuer à lui porter de l'attention, de l'affection, et il craignaient que l'oeuf n'éclose en leur présence.
Cependant une appréhension tenaillait le frère et la soeur. L'amnésique se souvenait parfaitement de sa première rencontre avec sa soeur, sous forme de fantôme justement. Cette rencontre avait failli se finir par son suicide, si Ludmila n'était pas intervenue. Cette rencontre lui avait révélé son crime.
Il était donc tout à fait logique que le jeune homme n'ait pas franchement envide de voir un autre fantôme.
La défunte, quant à elle, craignait ce lieu. Elle redoutait la proximité des autres trépassés qui la jalouseraient pour sa semi survie, comme elle avait jalousé son frère, elle redoutait la proximité des ombres, qui chercheraient à la ramener là où elle devrait se trouver... Le premier réflexe de Shumeï fut de se rendormir, pour disparaître, avec l'espoir naïf qu'on l'oublierait. Puis la puînée se raisonna et choisit de rester éveillée et lucide, afin de seconder son grand frère dans cette quête qui leur apporterait très certainement quelque chose.
Quant à la Ludmila, elle ne craignait pas la moindre chose de la part du cimetière, bien au contraire. La perspective de se rendre dans un lieu lugubre l'amusait, et l'idée de pouvoir y jouer à sa guise l'émoustillait.

Les voyageurs avaient choisi de marcher vite, afin de ne pas laisser trop longtemps le pauvre Igor seul avec ses problèmes. D'ailleurs, Eilam était parti du principe que son mystérieux interlocuteur n'était qu'un simple humain affecté à la garde et à la maintenance du cimetière. Sinon... Pourquoi aurait-il demandé l'aide de "Monsieur Koryû"? S'il n'était pas humain, il aurait très bien pu se débrouiller tout seul comme un grand.
Au fur et à mesure que les deux pérégrins se rapprochaient de leur destination, les rumeurs des passants, ou bien celles des villageois rencontrés dans le auberges, se faisaient plus sombres, plus inquiétantes. Certains d'entre eux confirmèrent le fait qu'Igor était humain. D'autres ne répondirent pas, se contentant d'observer le frère et la soeur avec un léger sourire ironique. Mais le plus inquiétant était ce que l'on racontait à son sujet: certains parlaient d'une utilisation peu catholique des cadavres, qui sraient utilisés à des fins de nécromancie; d'autres prétendirent avoir vu des morts ramenés à la vie et contrôlés par ce même Igor. D'autres enfin affirmèrent que certains vivants, allés pleurer leurs proches et leurs amis dans ce cimetière n'étaient jmais revenues et auraient été tués par Igor.
C'est forts de ces rumeurs peu rassurantes que les voyageurs rejoignirent le cimetière.

mots:

Le ciel bas et sombre comme un linceul était uniquement troué par un croissant de lune blafard, répandant une lumière d'une blancheur inhumaine. Un vent paresseux et glacé, transportant des odeurs de terre humide et de cadavres en décomposition, promenait un troupeau de nuages fins et blancs qui voilaient partiellement le ciel.
Eilam s'avança fers un haut portail noir en fer forgé, constitué de barres verticales dont le sommet se terminait par des points acérées. Toutefois le jeune homme remarqua assez vite que l'un des battants était entr'ouvert. Faisait signe à son amie de rester près de lui, il poussa une moitié du portail, suffisamment pour que lui même et la Tiregan pussent passer, puis referma le battant.

Dès que le portail fut fermé, une brume blanchâtre s'éleva du sol, ténu mais pourtant persistante. Cette brume donnait un aspect fantasmagorique aux tombes de pierres d'un blanc grisé, ou bien noircies par la crasse et l'abandon, camouflait les herbes folles qui se balançaient avec tristesse, dissimulait les ornements des mausolées, les inscriptions tombales...
De la brume, un murmure plaintif s'éleva, bientôt suivi par de nombreux autres. De stupeur, les voyageurs s'arrêtèrent. Shumeï reconnut les voix, les pleurs et les cris de ses semblables, qui l'appelaient à eux, la suppliait de leur tenir compagnie, de les rejoindre dans les limbes de la mort. La jeune défunte laissa échapper un cri de peur, suppliant son grand frère de la protéger, de ne pas la laisser repartir.
Eilam, lui entendait les murmures, mais ne les comprenait pas. Certes, il pouvait en comprendre le désespoir, il percevait la douleur qu'exprimait les âmes mortes. Cependant sa réaction n'était ni la peur ni un accès soudain de désespoir. Il ressentait de la compassion pour ces mânes, et n'aspirait qu'à faire en sorte que leur repos s'apaise.
Mais la personne pour qui le cas fut le plus tragique fut pour Ludmila. Les murmures des trépassés s'étaient insufflés dans l'esprit de la jeune fille, pour le perturber et le désespérer. Son esprit et sa sensibilité perçurent alors, de manière trop exacerbée, la funeste harmonie de ce lieu. Les moments passés avec le magicien venaient de s'échapper, Ludmila ne se souvenait plus que de ses longues années d'esclavage, de souffrance, dans les terres arides. Alors, sans réfléchir, la Tiregan fit apparaître entre ses mains la hache avec laquelle elle avait blessé le démon, et en caressa doucement le tranchant de sa paume.

Soudainement inquiet, Eilam se retourna.

Ludmila?

Ses yeux s'agrandirent d'effroi lorsqu'il vit l'arme entre les mains de son amie.

Tu es en train de faire quoi???

Le visage de la jeune fille ne présentait ni peur, ni angoisse, seulement quelques traces éparses d'un désespoir calmé.

Je vais les rejoindre. N'entends pas leurs pleurs? Ils souffrent. Ils sont seuls, les vivants à qui ils tenaient les ont oubliés... Ils ont besoin de quelqu'un qui tienne à eux. Moi, ici, je ne sers qu'à être l'armurerie de quelqu'un. Alors je serais aussi bien avec eux...

Sans plus attendre, Almagor rassembla l'ombre qui régnait autour de lui pour la concentrer autour des poignets de la jeune fille, l'empêchant de bouger ses bras.

Reprends-toi, Ludmila! On a un fantôme à chasser. Après, promis, tu pourras te reposer parce que je nous chercherai une maison. Et tu n'es certainement pas qu'une armurerie! Alors repose cette hache.

Au loin, la silhouette menue d'une demoiselle endeuillée passa, brisant un instant les murmures lancinants de son bruissement triste. Plus loin, une prière mêlée de mots d'amour et de regret se fit entendre, à mi-voix.
Ainsi menottée, la Tiregan ne pouvait que serrer plus fort le manche de son arme. Les paroles du magicien, à leur tour, se firent leur chemin à travers l'esprit de la jeune fille. Ces propos l'aidèrent à reprendre un pied dans la réalité, à retourner à moitié dans la maison.
Toutefois, les murmures des défunts ne s'étaient pas tus, déchirant la raison de Ludmila, qui hésitant entre agir et ne pas agir.

Alors que la situation paraissait mal tourner, s'engager dans une impasse, un craquement étrange se fit entendre dans la poche de la veste d'Eilam. Au même moment, une tache rouge fit son apparition derrière la Tiregan.

mots:

L'oeuf qui avait été offert au magicien par la mère au Caelum se trouvait sur le point d'éclore. Sa coquille d'un gris de cendre commençait à se fissurer, laissant apparaître des filaments de magma rougeoyant.
Ne sachant que faire de celle sur le point de mourir et de ce qui était sur le point de naître, Eilam fit disparaître l'obscurité qui entravait les poignets de la Tiregan, avant de lui mettre l'oeuf entre les mains, de force.
Des morceaux de coquilles churent au sol tandis que l'être venait au monde, en ce lieu de mort.
Une petite tête recouverte de cheveux blonds épars se fraya un chemin à travers les débris de coquille. La petite tête se secoua de droite à gauche avant d'ouvrir des yeux aux pupilles d'un vert pâle et de pousser un petit cri. Puis son regard se leva vers Ludmila

Maman?

Surprise, Ludmila observa le petit être se dégager se la coquille qui l'emprisonnait, jetant le débris hors de la main de la Tiregan. Enfin, la nouvelle née étira ses bras et ses jambes qui, contrairement au reste de son corps humanoïde, étaient couvertes de plumes dorées et se terminaient par des serres d'oiseaux, et déploya ses ailes, de la même couleur que ses plumes.
Elle s'adressa de nouveau à Ludmila, tenta de frotter sa joue contre le bras de la Tiregan:

Maman!!

La jeune fille n'eut pas d'autre solution que de faire disparaître sa hache, puis posa délicatement deux doigts sur la tête de la bébé-harpie, avant de tenter de lui donner un nom:

Hina...

Un rire franc et cristallin résonna derrière Ludmila, là où se trouvait l'ombre rouge, qui se rapprocha des deux voyageurs. Ceux-ci se rapprochèrent l'un de l'autre, sur la défensive.

Comme elle est mignonne... C'est bien la première fois que je vois quelqu'un naître dans ce cimetière...

Aussitôt, Eilam se plaça entre la voix et la Tiregan, dans le but de protéger son amie. Elle venait d'échapper à la mort, il ne voulait pas l'exposer plus. Avec prudence, il posa sa main sur la garde de son katana, avant de demander, laissant percevoir sa méfiance.

Qui êtes-vous mademoiselle?

Un brin de tristesse voilà le visage de la jeune fille, à moitié camouflé par une frange noire et une capuche rouge. Elle sautillait, d'un pieds sur l'autre, avant de répondre:

Je m'appelle Azura. Vous faisiez tellement de bruit que je suis venue voir ce qui se passait.

Le sourire réapparut sur le visage d'Azura:

En tout cas je suis bien bien contente qu'elle ne soit pas morte.

Ludmila grommela quelque chose, reportant son attention sur Hina.

Je suis contente de voir que nous sommes une attraction amusante. Plus concrètement, vous ne pourriez pas nous aider un peu?

Si l'inconnue avait été quelque peu déroutée par le début de la phrase de la Tiregan, lorsque celle-ci eut fini de parler, Azura fit à nouveau résonner son rire.

Mais je suis là pour ça! Pourquoi êtes-vous venus ici, c'est pas commun comme destination touristique...

Eilam toisa à nouveau l'inconnue du regard, une dernière fois. Tout dans son attitude, sa naïveté, ses rires, tout lui semblait naturel et l'incitait à faire confiance à cette inconnue. Il choisit alors de tout lui raconter.

Nous avons reçu une lettre d'Igor, le gérant de ce cimetière, nous demandant de venir... Exorciser les lieux. Apparemment le fantôme d'une demoiselle, un invité non désiré, fait des siennes par ici. Pourriez-vous nous dire où elle se trouve?

Au lieu de se mettre en route, comme si attendait le magicien, Azura se contenta de pencher la tête sur le côté, reprenant la parole, de sa voix chantante.

Vous parlez du fantôme qui hante le mausolée? Celui qui inquiète Igor car il est le seul à avoir les clefs et il ne comprends pas par où le fantôme est entré?

Ludmila releva les yeux:

Les fantômes ne passent pas à travers les murs? Il me semblait, pourtant...

A ces mots, Azura rit à nouveau, ce qui eut le don d'énerver la Tiregan. Tentant de couper court à cette discussion qui menaçait de s'éterniser, Eilam acquiesça:

Il s'agit bien de ce fantôme là. Pouvez-vous nous mener à elle?

L'inconnue hocha la tête, un sourire malicieux sur les lèvres.

mots et harpie:

Quant aux RPs où on est censés parler à l'oeuf... Et bien ils seront faits plus tard, hein, au bout d'un moment ça devient soulant de rp tout seul ><

Azura avait prit dans sa main la main d'Eilam, et à présent tous trois avançaient entre les rangées de tombes. A leurs passages, les murmures se faisaient de plus en plus insistants. Ludmila avait concentré tout son attention sur la nouvelle née, tandis que les esprits du frère et de la soeur s'entraidaient pour ne pas sombrer dans les désespoir avec lequel les défunts tentaient de les attirer. Dans cette disposition, normalement, le risque de suicide était presque nul.
La magicien sentit soudainement que l'inconnue, à ses côtés, plongeait vers le sol, alors que vraisemblablement aucun danger ne les menaçait. Aussitôt, il la retint pour qu'elle ne tombât pas. Azura l'en remercia alors par un autre de ses grands sourires, avant de s'agenouiller à terre, sur laquelle elle passait sa paume avec attention.
Après quelques instants, l'inconnue désigna du doigt une vieille racine racornie, sur laquelle elle venait sûrement de trébucher.

Vous voyez? C'est à cause d'elle que je suis tombée. J'aurais vraiment dû me montrer plus attentive....

Ludmila hocha la tête de manière plus qu'ironique, montrant par là qu'elle préfèrerait qu'on se dirige vers le mausolée plutôt que perdre du temps à faire de la botanique. Après cet interlude comique, le petit groupe de pérégrins se remit en route.
Enfin, alors que la lune venait de se cacher derrière un épis nuage noir, le petit groupe arriva face au mausolée en question.
Le bâtiment, en pierres noires, se présentait sous une forme ronde. Aux quatre coins cardinaux, quatre escaliers qui s'évasaient sur les premières marches, pour se resserrer sur la fin, menaient à un déambulatoire entouré de colonnes ioniques, surmontées de chapiteaux représentant des rinceaux de plantes empoisonnées et des gargouilles.
L'inconnue fit comprendre que, à présent, elle s'éclipserait. Et, en effet, après trois secondes, elle s'était fondue dans la brume et dans l'obscurité.

Après le départ de l'inconnue, la Tiregan et le magicien montèrent ces escaliers, et se promenèrent à travers le déambulatoire, jusqu'à arriver face à une épaisse porte de fer noire, entièrement ornée de motifs mythologiques et épiques. Un instant, une inquiétude mêlée de stress s'infiltra dans les esprits conjoints d'Eilam et de Ludmila: ni l'un ni l'autre ne possédait les clefs de ce mausolée...
La jeune fille poussa un cri: déployant ses ailes, la harpie venait de prendre son envol, et avait disparu.
Une rapide perquisition fournit la réponse de cet inquiétant problème: comme Igor l'avait indiqué en post post scriptum, la porte du mausolée avait été laissée ouverte spécialement pour les deux invités, et c'est pas là qu'Hina avait disparu.

Avec toujours la même prudence, Eilam poussa le battant entr'ouvert.
Les deux perquisiteurs se trouvèrent alors dans une obscurité complète, tandis que la porte se refermait avec un grincement lugubre ponctué par un claquement sec. Quelque part dans les hauteurs du plafond, la bébé harpie gazouillait joyeusement.
Brisant le silence qui s'était installé lorsque Hina s'était tue, oppressant, une voix criarde et habituée à hurler et à pleurer se fit entendre, forçant les vivants à se boucher les oreilles, alors que la harpie avait recommencer à chanter.

Faites taire cet horrible bruit!!

Tous purent alors entendre le bruit d'un souffle de vent qui se dirigeait vers eux, tournoyaient autour d'eux, resserrant le cercle de ses mouvements.
La Tiregan murmura:

Le fantôme?

Eilam hocha la tête; nullement impressionné ou apeuré.

On dirait bien, oui.

La jeune fille tendit la main, espérant que celle qui la prenait pour sa mère aurait la présence d'esprit de venir s'y cacher.
Et, en effet, la harpie, après quelques hésitations et quelques battements d'aile, celle-ci vint se réfugier dans la chevelure de la Tiregan, lui tirant quelque peu les cheveux.
Après ce nouvel interlude comique, Ludmila demanda:

On fait quoi?

L'amnésique fit comprendre à son amie qu'il aimerait que celle-ci garde le silence jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée.
Dans une telle obscurité, il était impossible de voir quoi que ce soit, ce qui donnais un avantage bien trop important à l'ectoplasme.
Ludmila choisit alors de se transformer à nouveau en armurerie. S'il n'était pas très prudent de faire apparaître un lance-flamme, elle pourrait toujours tenter d'offrir un briquet à son ami et de s'en garder un pour elle...

mots:

Un briquet n'est pas une arme à proprement parler. Après plusieurs essais infructueux, Ludmila ne put rien faire apparaître, étant donné qu'elle avait préféré écarter les possibilités du lance-flammes et du bûcher.
Tous trois se trouvèrent donc toujours plongés dans l'obscurité la plus totale, enfermés avec un fantôme qui tournoyait autour d'eux en sifflant. Un instant, un éclat de rire, lugubre, éclata, et se répercuta sur d'hypothétiques colonnes, avant de s'éteindre.
Dans la chevelure de la Tiregan, la bébé-harpie ne cessait de bouger. Enfin, la jeune fille lui intima de cesser ce remue-ménage. Aussitôt, Hina s'envola, laissant Ludmila surprise et inquiète.

Au début, la lumière qui auréolait la nouvelle née était pâle, tremblotante et faible. Toutefois elle s'affermissait, et permit à tous de discerner les lieux dans lesquels ils se trouvaient.
Les chasseurs de fantômes se tenaient sous une immense coupole de pierres noires, soutenue par une vingtaine de colonnes recouvertes de lierre. Entre chaque colonne se trouvait une statue de marbre noir, ornée de rubis, à l'effigie de démons menaçants.
Eilam baissa les yeux vers le sol. Il vit alors une mosaïque représentant un paysage cauchemardesque et infernal. Parfois, la mosaïque était interrompue par une large dalle noire sur laquelle étaient simplement inscrits des dates et un nom, dans des dialectes parfois impossibles à déchiffrer.
A l'intérieur du mausolée tournoyait toujours le fantôme, que les voyageurs purent enfin distinguer. Il s'agissait d'une grossière contrefaçon de cadavre, macabrement mutilé, luisant d'une étrange lumière vert pâle.

Au vu de la tournure que prenaient les événements, Shumeï préféra intervenir. Elle le savait amnésique, et ne le pensait pas ignorant. A moins évidemment que ni le démon qui l'avait adopté ni personne ne lui expliqué ce qui advenait après la mort. En fait, la jeune défunte aurait été la mieux placée pour un tel exposé. Effectivement... Elle aurait peut-être dû discuter un peu avec son aîné, au lieu de lui mentir ou de bouder.
De toutes façons, à présent, il lui faudrait parler.

Grand frère... Ce que tu vois n'est pas un fantôme. C'est une illusion! Seuls les chamans et les ombres peuvent voir les âmes et les esprits. Tu ne le savais pas?

Ignorant la dernière remarque de sa puînée, le magicien la remercia et en avertit aussitôt Ludmila.
Pendant ce temps, la nouvelle-née fatiguait. Lorsque la Tiregan tourna à nouveau la tête vers elle, la bébé harpie se trouvait presque à ras du sol; la lumière qu'elle émettait n'ayant tout de même pas faibli.
La jeune fille souleva délicatement la nouvelle née et la garda dans ses bras, lui permettant de se reposer tout en jouant son rôle de luciole.
Ignorant à présent le prétendu fantôme, Almagor promena avec attention son regard tout autour de lui, avant d'annoncer, d'une voix calme et forte:

Nous savons que vous êtes là! Montrez vous!

A ces mots, le faux ectoplasme s'immobilisa un instant, puis un fin sourire se dessina sur ses lèvres.

En effet, je suis là...

Tenant toujours Hina sur un bras, Ludmila fit réapparaître une hache. Eilam réfléchit un instant. Il avait commencé à apprendre à se défendre contre les sorts mentaux... En effet, à son esprit, l'ectoplasme disparaissait de temps à autres. Cependant Ludmila, elle, n'était pas immunisée contre les sorts mentaux... Peut-être était-ce pour cela que l'illusion ne disparaissait pas.
Après un dernier effort, le magicien parvint à faire entièrement disparaître l'illusion de son esprit. Il prononça à nouveau:

Je sais qu'il n'y a pas de fantôme ici. Montrez-vous!

Un rire fusa à nouveau, bien loin du rire qui résonnait lorsque l'illusion jouait. Il s'agissait cette fois-ci d'une voix grave, presque caverneuse, accentuée par l'écho. Le jeune homme se dit que son amie avait eu raison de s'armer. L'inconnu pouvait attaquer de n'importe où, à l'improviste. Eilam prit donc en main le jo qu'il avait obtenu au temple du Phoenix, prêt à parer la première attaqua.
Cependant, lorsque le rire s'éteint, ce fut d'autres paroles qui retentirent, alors que l'esprit de la Tiregan vit lui aussi disparaître l'illusion.

En effet, ce n'est pas un fantôme... Si vous voulez me voir... Trouvez-moi!!

Ludmila et Eilam se regardèrent. Ils n'avaient pas d'autre choix que de partir à la poursuite de cet inconnu.

mots: