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 Vivre selon ses lois [PV Lysis]

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Sam 21 Mar 2015, 20:23



    De minces rayons de lumière trouvèrent leur chemin à travers les épais rideaux accrochés à la fenêtre de la petite habitation, frappant mes paupières closes, soudain agitées par l’éclat aveuglant qui s’était déposé sur elles. Mon souffle, au départ lent et régulier, fut bouleversé par le réveil non-désiré qui, pas à pas, m’extirpait lentement des méandres des rêves pour me lancer violement dans la réalité, un monde beaucoup plus sombre et douloureux que les songes apaisants. Cependant, je ne voulais pas échapper aux illusions des rêves. Je voulais demeurer en leur sein encore pour bien longtemps, mon corps et mon esprit étant épuisé suite à la traversée que j’avais accomplie sur les Terres Aride, lieu inhospitalier et sauvage pour sauver un Magicien des griffes d’un homme possédé par l’avarice, qui, tous deux, trouvèrent la mort à la fin de notre périple. Un frisson parcourut l’ensemble de mon dos, orchestré par la soudaine apparition d’images troublantes que je préférais oublier, mais que je ne parvenais pas à retirer de ma tête. Avant ce jour, je n’avais jamais vu une telle quantité de sang. Avant ce jour, je n’avais jamais été témoin d’autant de violence et d’un si bel exemple des cruautés que les hommes pouvaient commettre simplement dans le but de satisfaire leurs désirs tordus et égoïste. Je secouai vivement de la tête, tourmenté par les pensées qui me traversait. Pourquoi repensais-je encore à ces Magiciens? Pourquoi leur histoire avait eu un si grand impact sur ma conscience, alors que je détestais, non, que j’haïssais leur semblable? Je ne me comprenais plus. J’avais de la difficulté à me cerner, à connaître ce qui se produisait réellement en moi. Mais je préférai ignorer mes propres tourments, la tête couchée contre les coussins du lit. Au cours du sauvetage d’hier, j’avais eu une chance immense de m’en sortir indemne – ou presque – et de ne rien avoir perdu sur mon sillage. La souffrance que le Magicien avait ressentie ne m’avait guère fait plaisir : contre toutes attentes, elle m’avait dégoûté. Je ne souhaitais à personne de vivre ce qu’il avait vécu, ce qu’il avait traversé mais peu importait mes sentiments personnels à ce moment-là, j’avais été incapable de ressentir la moindre compassion pour lui. Je lui avais jeté des faux sourires et une fausse pitié pour lui permettre de faire un pas vers l’avant, de passer à autre chose. J’étais venu en aide à un Magicien. Un membre d’une race que je détestais et pourtant, en dépit de la noblesse que mes conseils avaient bien pu afficher, j’étais incapable de les appliquer dans mon propre cas. Depuis tout ce temps, je n’avais pas été capable d’oublier mon passé, de mettre un terme à ses impacts sur mon présent et au lieu de tenter de m’en extirper, je m’obstinais à demeurer dans ces ténèbres, reclus sur moi-même, refusant toute possibilité de me créer un nouvel objectif, comme si je craignais de passer à autre histoire. Mais qu’importait les efforts que j’essayais de déployer pour la cause : je ne faisais que rencontrer de nombreux échecs, chacun plus durs que le suivant. Repousser l’un de mes souvenirs ne faisait qu’augmenter la puissance du prochain et ça me faisait peur. Beaucoup plus peur que je voulais l’avouer. « Scott! Bon matin. As-tu bien dormi? » Je levai les yeux, surpris d’entendre la voix délicate de l’Ange au creux de mes oreilles si tôt dans la journée, et rencontrai immédiatement les iris noisettes de la concernée ainsi que son immense sourire joyeux, accompagné par sa petite touche de malice, détail que je manquai  de plein fouet, la fatigue m’empêchant de me focaliser sur quoi que ce soit. Je m’étirai de tout mon long en poussant un court bâillement avant de tendre la main vers la gourde déposé sur le meuble de bois à côté de moi et de boire une gorgée d’eau. « On peut dire ça comme ça. » Ce n’était ni un oui, ni un non, mais pour la jeune fille, ça ne faisait aucune différence. À vrai dire, elle ne s’en souciait que très peu, son attention étant rivé sur quelque chose de bien différent à l’instar de se préoccuper de mon sommeil. Elle s’installa sans gêne sur le bord du matelas, les yeux brillants, avant de se lancer. « Tu as bien intérêt car aujourd’hui, tu vas à l’École Élémentaire d’Aeden, n’est-ce pas? » Je manquai de recracher l’eau que je venais d’avaler. Je m’essuyai le coin de mes lèvres, la surprise passée, avant d’afficher un faciès désintéressé par la proposition de l’être céleste. Ma réponse fut sans appel. « Certainement pas. » Brethil fut choqué, mais avant qu’elle ne réplique, j’ajoutai à toute vitesse : « Je n’y vais jamais de toute façon, ça ne m’intéresse pas et ça ne me concerne pas. » Une moue désapprobatrice se dessina sur le visage de Brethil, qui croisa les bras au niveau de sa poitrine, déçue par cette attitude désinvolte. Je voyais déjà la jeune femme en train de préparer une morale et je soupirai. Je n’avais pas envie d’entendre l’Ange me reprocher de ne pas aller m’instruire à l’école de la ville, surtout de si bon matin, mais je savais aussi que je ne pourrais sans doute pas l’empêcher de le faire, ce qui fit monter en moi une frustration contrôlée. Je pouvais presque prévoir en avance ce qu’elle souhaitait me dire. Oui, je transgressais une loi établie par l’ancienne Impératrice en personne. Oui, ce que je faisais était illégal. Cependant, je vivais ici depuis plusieurs mois déjà et personne n’était venu jusqu’à moi pour me le reprocher. À croire qu’ils ne semblaient même pas au courant. De plus, j’étais âgé de quinze et, dans un an à peine, je ne serais plus obligé de m’y rendre, même si je n’avais pas posé le pied dans cet établissement. Je trouvais ça inutile d’essayer de rattraper le temps perdu si ce n’ait, au final, que pour partir cinq mois plus tard? « Tu connais les lois d’Aeden? Bravo. Seulement, sais-tu que l’enseignement est obligatoire pour les enfants âgés de moins de seize ans? » La jeune fille fronça les sourcils, loin d’être dupe. « N’essaie pas de me prendre pour une imbécile. Avoue-le maintenant : Tu n’as même pas seize ans en dépit des apparences. Ce que tu fais reste illégal. » Je souris moqueusement, incapable de stopper mes envies de la taquiner. Je me versai de l’eau au visage pour mieux me réveiller et passai une main dans mes cheveux pour les remettre un peu en place avant de porter mon attention sur Brethil, qui n’en avait visiblement pas fini. « Je te conseille fortement de ne pas sécher les cours. Imagine si tu te fais prendre! Que je ne te vois pas déambuler dans les rues aujourd’hui. » Je mis un chandail sur moi puis rétorquai : « Pourquoi pas? » Avant de me vêtir aussi d’un pantalon et d’une veste légère, que je me passai sur les épaules. L’Ange ne trouva rien d’autre à répliquer. Elle m’observa manger quelques fruits, refusant elle-même de manger, avant de me suivre lorsque je quittai le petit appartement, toujours obsédée par son intention de me convaincre d’aller suivre des cours qui ne m’intéressaient pas. Et pour cause! J’étais peut-être un Elémental, mais cela ne signifiait pas pour autant que je me sentais attaché à cette race. Pour moi, mon propre peuple était un étranger, mes propres coutumes m’étaient inconnues. Simplement parce que j’avais vécu mon enfance en tant que Magicien et rien d’autre. Aujourd’hui, je détestais cette race mais je demeurais incapable de me détacher de ces us et coutumes, alors que je ne les suivais même plus. À quoi bon me soucier des traditions d’un peuple que je n’aimais pas et dont je ne faisais même pas parti? C’était la même paire de manche pour les Elémentals. J’en étais un, c’était irréfutable, mais je n’avais jamais souhaité le devenir ni même n’en intéresser. Je ne commencerais pas maintenant, surtout si ce n’était que pour satisfaire la demande de l’Ange. Je m’engageai dans les rues de la ville, sans même jeter un coup d’œil en arrière de moi pour m’assurer que Brethil arrivait à me suivre et m’installai finalement sur un banc, la tête dans les nuages. Acte illégal ou non, je m’en fichais éperdument.
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Sam 21 Mar 2015, 22:07

L'astre solaire se levait tranquillement sur la ville d'Aeden. Cette grande ville où l'harmonie du moment présent se ressentait au sein de sa population. Lentement, la vie revenait dans cette ville qui s'était éteinte lorsque la nuit régnait comme un roi. On pouvait voir monter la boucane des cheminées s'élever tranquillement dans le ciel. Les petits commerçants qui devaient se lever tôt commençaient tranquillement à créer leur produit. Le boulanger travaillait la pâte pour faire des pains d'une grande finesse et l'aubergiste préparait les petits déjeuners pour ses clients qui dormaient encore profondément. Une autre personne était debout en cette heure matinale. Un être qui n'avait pas tendance à se lever aussi tôt le matin. Il s'agissait de moi. Il n'était pas dans mes habitudes de me lever aussi tôt, mais je n'avais pu résister à l'appel de la nature. Bien que j'étais près de mon domicile, j'avais décidé de dormir à la belle étoile. La nuit qui venait de passé était d'une grande beauté avec ses milliards d'étoiles qui éclairaient les toits de la ville. Le décor qui m'était offert m'était presque exclusif. Peu de personnes osaient monter sur le toit du château de l'ancienne Impératrice du tout. Ayant laissé un mot à mon dragon Callipso de mon emplacement, je m'étais endormi en admirant le ciel féérique. Cependant, le premier rayon du Soleil avait pris plaisir de venir me taquiner en cette belle journée qui commençait. Bien que tout semblait si beau autour de moi, je gardais encore un sentiment de tristesse de la perte d'un être qui m'était cher. Cela faisait déjà un moment que le Réprouvé de ma vie n'avait pas fait signe de vie, je devais me résoudre à ne plus jamais le revoir, mais cette idée me semblait encore si  dure à assimiler. Réveillée, mais toujours couchée, je décidai de me lever pour faire un tour d'horizon du regard. Je fis le tour du petit toit sur lequel j'étais perché pour essayer de percevoir le moindre danger, mais tout semblait calme pour le moment. Je décidai de faire un brin de méditation avant de retourner à mes occupations. J'espérais ainsi me vider un peu les idées de cet être qui me hantait. Cependant, malgré ma concentration sur ma tâche, mon esprit partait toujours en direction de celui qui m'avait accompagné une partie de ma vie. À chaque moment où je voyais mon esprit s'enfuir, j'essayais de reprendre le contrôle, mais rien à faire. Cet événement était encore trop récent pour que j'aille l'esprit tranquille. Je laissai tomber la méditation après un court moment et décidai de retourner à mon département. Je n'avais pas cours aujourd'hui, mais j'avais quelques petites tâches administratives à faire. Je marchai tranquillement en direction du vide, mais je continuai simplement à marcher dans le vide. L'air sous mes pieds devint comme des marches qui se dirigeaient tranquillement vers mon département. La fenêtre étant déverrouillée, je l'ouvris pour pénétrer chez moi. Callipso était sous sa forme humain et il semblait m'attendre. Il avait les bras croisés et regardait certains documents qui m'étaient destinés qui venaient tout juste d'arriver.

- Vous avez passé une bonne nuit de sommeil?

Il ne m'avait même pas regardé qu'il savait que c'était moi. À vrai dire, personne d'autre n’avait osé entrer dans mes départements de la sorte. D'une voix grave, Callipso avait toujours cette apparence dure malgré que je savais qu'il était simplement un jeune dragon dans un corps d'homme adulte. Je fis un léger sourire en coin prenant les documents qu'il avait entre ses mains et le café qu'il avait délicatement mis sur mon bureau.

-Disons qu'elle a été mémorable par le décor enchanteur...

Je me dirigeai vers mon bureau pour déposer lesdits documents et m'asseoir sur ma chaise. Je pris une délicate gorgée de ce breuvage brulant. Je fis un simple souffle dessus pour le rendre plus frais comme je l'aimais. Je repris une autre gorgée par la suite en jetant un coup d'oeil sur les documents.

- Nous avons été rapporté qu'un jeune homme de 15 ans ne venait pas à ses cours depuis un certain temps. Comme vous êtes sans cours aujourd'hui, ils vous ont donné la tâche d'aller informer le jeune homme des conséquences de son absentéisme.

Pendant qu'il me disait cela, je regardais le dossier du jeune homme. Il s'agirait d'un élémental de feu. Je ne fus aucunement étonnée de cela. Il s'agissait des élèves les plus rebelles parmi tous les autres éléments. Je continuai de regarder son dossier. Il avait plusieurs jours d'absences. Bien que je comprenais la raison de l'instauration de la règle sur la présence en classe, il me semblait un peu trop strict comme règlement. Si un élève ne désirait pas venir, nous devrions prendre du temps pour prendre en considération ses valeurs et les raisons au fait de ne pas vouloir venir en classe. Je regardai les autres documents rapidement, mais il semblerait que ma principale préoccupation aujourd'hui était ce jeune homme au nom de Scott D. Adams. Je finis mon café rapidement et déposai ma tasse sur le bureau avant de me relever.

- Je vais aller à la rencontre de ce jeune homme. S'il y a quoi que se soit, envoie-moi une missive par Phoebus.

Étant simplement vêtu de ma robe, de mes gants et de mes petits souliers de voyage, je me dirigeai vers ma patère pour prendre ma cape d'un bleu très foncé. Je n'avais jamais tendance à sortir sans elle. J'ouvris délicatement la porte et fit une salutation à Callipso avant de marcher au travers du château pour aller vers la sortie. À chaque personne qui passait, j'avais droit à une salutation, pour répondre à leur geste, je faisais un simple signe de la tête. Je n'avais jamais été une femme très bavarde et tous ceux qui travaillaient dans ce lieu le savaient. J'ouvris les grandes portes du château et un léger courant d'air vint me saluer au passage. Je regardai de gauche à droite, Aeden semblait être encore en train de dormir. Je commençai à marcher tranquillement en direction de l'appartement du jeune homme. Je savais ces informations grâce à son dossier scolaire. Il n'y avait pas grand-chose qui pouvait nous être caché. Je marchai d'un pas lent, mais assuré en direction de l'appartement du jeune homme. Le temps était bon et il était si agréable en ce jour de marcher au travers de mes semblables. Ceux que je considérais désormais faisant partie de ma famille élargie. Nous étions tous différents, mais nous étions tous réunis par nos histoires souvent remplies d'embuches. Avant même que je sois à mi-route du logis du jeune homme, je sentis un élémental de feu non loin. Pourquoi je l'avais ressenti lui plus qu'un autre? C'est par le type d'énergie qu'il dégageait. Une énergie très jeune, mais très puissante à la fois. Un élémental qui avait possiblement un grand avenir devant lui. J'ignorais de qui il s'agissait, mais mon message pouvait bien attendre. Je devais connaître la source de cette énergie. Pour éviter de me faire sentir, je neutralisais ma magie pour que personne ne puisse détecter ma nature. Je levai même mon capuchon pour cacher mon visage. Je voulais passer complètement inaperçu. Je me dirigeai tranquillement et subtilement vers la source d'énergie. Me cachant dans la noirceur d'une ruelle, je vis un jeune homme de profil. Il s'agissait du jeune homme que je recherchais. Heureusement pour moi, j'avais réussi à faire une pierre deux coups. Je fis un petit sourire en coin et je commençai à marcher tranquillement vers le banc du jeune homme et me plaçai tout près de lui.

- Puis-je m'asseoir?, dis-je d'une voix calme et sereine.

J'attendis un simple signe de sa part pour prendre place à côté de lui. Bien camoufler dans ma cape, je comptais faire une discussion des plus banale avec lui.

- Qu'il fait bon aujourd'hui, vous ne trouvez pas?

Je tournai la tête vers lui, mais il ne pouvait voir que le bas de ma mâchoire ainsi que mon léger sourire.

- Vous me semblez bien jeune. Vous ne devriez pas aller à vos cours? Vous ne risquez pas gros en vous promenant en ville en ce jour de classe?

Je savais les conséquences qui risquaient, mais je voulais simplement un peu m'amuser avec lui. Nous étions jeunes qu'une seule fois et cette jeunesse je l'avais perdu il y a fort longtemps maintenant lors de ma transformation. Je restai le visage tourner vers lui pour voir sa réaction et ses réponses.

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Dim 22 Mar 2015, 20:58

    « J’insiste à te dire que ce n’est pas une bonne idée. » Une brise matinale s’infiltra entre les pans de mes vêtements, douce et glaciale à la fois, mais qui n’engendra aucun frisson sur ma peau ainsi attaquée par l’air froid. Les yeux fixés sur les stands marchands, je portai peu d’attention à l’Ange, restée debout à l’instar de s’assoir à mes côtés. J’accueillais le réveil de la cité, les bras croisés, sans prononcer le moindre mot sous le regard noisette de la jeune femme ailée qui, de son côté, essayait de comprendre les rouages de mes pensées et les méthodes que j’utilisais pour fonctionner. Elle tentait de se faire une idée, de se créer une explication qui l’aiguillerait sur mon passé, sur mon histoire. Pourquoi un jeune Elémental se souciait-il si peu de son peuple? Au point d’en venir à transgresser ses lois, rejeter sa culture, tout ça, avec le sourire aux lèvres. Ne craignait-il pas les représailles de ses actes, ne se sentait-il pas touché par les conséquences de ces gestes? Pourquoi tant d’indifférence? Pourquoi? J’étais capable de lire chacune de ses questions simplement en la fixant dans les yeux et, pour être franc, ça m’amusait. Je m’amusais à imaginer tous les scénarios qui parcouraient sa tête, toutes les histoires invraisemblables auquel elle songeait. Alors que la réponse à ses interrogations était pourtant si simple, si évidente. Mais l’Ange ne parvenait toujours pas à mettre le doigt dessus. Comment faisait-elle pour ne pas comprendre que je n’étais pas un Elémental de naissance? Que l’histoire de ce peuple ne m’intéressait guère? À mon désarroi, je ne détenais pas encore la réponse. Pourtant, elle devait savoir qu’il existait un moyen de se transformer en Elémental mais, pour une mystérieuse raison, la jeune femme n’invoqua même pas cette possibilité. Allez savoir pourquoi.

    « Ce n’est pas mon problème, je n’irai pas, peu importe ce que tu diras. » Les raisons qui me poussaient à refuser son offre ne la regardait pas. Je ne l’embêterais pas avec mes ennuis, ni aujourd’hui, ni un jour d’ailleurs. C’était mes problèmes, c’était mon histoire. Et c’était à moi et à moi seul de les régler comme je l’entendais, mais l’Ange ne semblait pas prêt à lâcher le morceau. Elle poursuivrait sur cette voie, encore et encore, jusqu’à ce que je finisse par flancher et écouter les conseils qu’elle me divulguait. Nous étions deux esprits entêtés et peu importait les paroles de notre second, la détermination que nous possédions ne s’en verrait pas réduite d’une quelconque façon. Brethil se prépara à rétorquer. Je l’interrompis avant qu’elle ne dise un seul mot. « Je sais ce que tu vas me dire. Mon attitude ne te plait pas. À tes yeux, je prends les mauvaises décisions, je fais des mauvais choix. Tu as peut-être raison mais rien de ce que tu diras ne me fera changer d’avis. » La jeune fille n’était pas en colère contre moi, elle était simplement dérouté. Car elle ne comprenait pas la source de mon obstinément, elle ne comprenait rien du tout d’ailleurs. D’un autre côté, ça l’énervait légèrement mais était-ce une bonne raison pour se laisser avoir par le péché de la colère? Non. Elle était là pour l’aider dans ces choix, dans ces gestes. Elle n’était pas sa mère, elle n’avait pas le droit de lui donner des ordres, mais par la grâce des Aetheri, elle souhaitait vraiment qu’il l’écoute et essaie de peser le contre et le pour de ces actes. De mon côté, je ne m’intéressais pas à ces arguments. Je n’avais jamais voulu devenir un Elémental pour commencer et, de ce fait, je ne voyais pas l’utilité d’apprendre leur fête et leur tradition et encore moins d’y participer. Je ne me sentais pas à ma place parmi eux, j’avais l’impression d’être un étranger qui profitait de sa condition pour s’installer dans leur ville. Sans s’y en intéresser pour commencer. « Tu reconnais au moins que tes décisions ne sont pas les meilleures, je me trompe? Mais je tiens à te poser une question. Que feras-tu quand tu seras pris en flagrant délit? J’aimerais beaucoup connaître ta réponse. »

    Je lâchai un profond soupir. Avait-elle oublié que je vivais ici depuis plusieurs mois et que, durant toutes ses journées écoulées, je ne m’étais jamais rendu à cette fameuse École et ce, sans me faire prendre? Cela signifiait que, peut-être, ils ne se souciaient pas réellement des élèves absentéistes. Alors pourquoi devais-je m’en inquiété maintenant? « Ça n’arrivera pas, je te dis. Sinon, pourquoi attendraient-ils si longtemps pour me donner un avertissement? » L’Ange croisa les bras, le faciès désolé par ce désinvolte qui, à ses yeux, se rapprochait davantage de la naïveté que de la confiance. « Je ne suis pas là pour te donner des ordres ou dicter ta conduite, mais je te conseille de faire attention à toi. » Pourtant, ça y ressemble, et de proche surtout. « L’orgueil ne mène jamais à un bon résultat. » Elle avait sans doute raison sur le dernier point mais par fierté ou par rejet, – j’ignorais encore sur quel pied danser – je préférai ne rien dire pour éviter de lui offrir un point de plus. Puis, en remarquant que Brethil attendait une réponse de ma part, je rétorquai, le ton las et fatigué : « Ça fait plusieurs mois que je vis dans cette ville et personne n’est venu me voir pour se plaindre ou de coller un avertissement. Pourquoi irai-je dans une école pour me forcer à apprendre une histoire qui ne m’intéresse pas, des coutumes que je ne suivrais pas ou une maîtrise élémentaire que je contrôle déjà? À rien. C’est la dernière fois que je te le dis : Je n’irai pas à l’ÉEA. »

    Le regard de l’Ange se noya dans l’incompréhension, mêlé par une touche d’inquiétude que je lui reconnaissais bien. Elle était toujours là, à dramatiser avec tout et rien, croyant que chaque individu vivait dans une misère que seule sa personne était capable de comprendre. C’était une attitude si naïve et charmante à la fois, mais, par-dessus tout, inutile. « Comment peux-tu dire ça? Il s’agit de ton histoire, de ton peuple. Tu ne peux pas les…» Je la coupai brusquement dans ses paroles. « Qu’est-ce qui ne pousse à croire que les Elémentals font partis intégrante de ma vie? J’appartiens peut-être à leur peuple, mais ils n’ont pas leur place dans mon histoire. » La femme ailée se questionnait sur plusieurs points, sur plusieurs éléments. Mais avant qu’elle ait pu se servir de cette occasion pour me sortir les mots de la bouche, une femme encapuchonnée la devança dans son élan en me demandant si elle pouvait venir s’assoir sur le banc. Je m’empressai d’accepter sa demande pour empêcher Brethil de parler et commençai à dévisager cette inconnue. J’étais incapable de voir son visage : son capuchon lui couvrait presque l’intégralité de la figure et, de ce fait, je ne voyais que son menton et son sourire. Je ne ressentais rien aucune puissance magique considérable émané de son corps, mais je ne pouvais simplement pas me détacher du malaise qui grandissait en moi lorsque je la regardais. Elle fit un commentaire sur le beau temps, l’air de rien et parfaitement détendue, comme toute personne normale l’aurait fait, mais je ne savais pas… Il y avait quelque chose, un détail étrange qui me dérangeait. Mais sans être en mesure de mettre le doigt dessus, je ne sentis pas le besoin de me méfier de sa présence. Au contraire, Brethil semblait plutôt ravie de pouvoir discuter avec cette étrangère, répondant immédiatement à ses mots. « Vous trouvez aussi? C’est une journée parfaite pour sortir dehors et profiter un peu de la Nature. Ça procure un immense bien être changer d’air parfois. » Elle me lança un coup d’œil qui sous entendait beaucoup de chose, mais je préférai l’ignorer plutôt que de m’énerver contre elle.

    Puis, l’inconnue finit par mentionner ce que je ne voulais pas entendre. Pourquoi n’étais-je pas à l’école en cette journée de cours, malgré les conséquences que mon geste apporterait? Ça ne la regardait pas. C’était mon problème, pas le sien et ce n’était sans doute pas une inconnue qui me ferait changer d’avis. Cependant, la jeune Ange trouva en ces mots l’occasion idéale pour ajouter son grain de sel, parfaitement à l’aise avec cette mystérieuse personne. « C’est exactement ce que j’essaie de lui faire comprendre, Madame. Mais il est si têtu qu’il continue à s’obstiner de ne pas vouloir y mettre les pieds, malgré mes conseils. » Soudain, la jeune fille prit conscience de l’ampleur de ces paroles et son visage rougit, gêné. Elle me lança un bref coup d’œil et s’empressa d’ajouter : « … Mais ne vous inquiétez pas, il va finir par y aller, je peux vous le promettre! Je sais que ma demande va vous semblera abusive mais je vous en prie… ne dites rien. S’il vous plait. » Les supplications de l’Ange réussirait-il à convaincre cette inconnue de garder le silence? J’en doutais fortement. Elle ne nous connaissait pas, c’était la première fois qu’elle parlait avec nous. Pourquoi diable se tiendrait-elle la langue pour satisfaire la demande d’une jeune Ange? À ce stade, je ne pouvais plus cacher les actes illégaux que je commettais. « Dis ce que tu veux Brethil, mais je ne changerai pas d’avis. Je n’irais pas, fin de la discussion. » Puis, je reportai mon attention sur la femme assise à mes côtés. « Je suis désolé Madame. Mon amie n’avait pas l’intention de vous embêtez. Ce problème me concerne. Ne vous vous sentez pas obligé de me protéger contre les conséquences de mes actes. Je suis parfaitement conscient des représailles et je suis prêt à les subir sans pleurnicher. Il est inutile de trop vous en préoccupez. » Je mentais. Mes paroles n’étaient qu’une pure mascarade. Car contrairement à ce que j’affichais sur mon visage, je craignais les conséquences au même titre que Brethil. La seule différence, c’était que je la cachais. Je cachais ma peur sous un faciès et une attitude confiante. Pourquoi devrais-je montrer ma faiblesse? Ça ne ferait que donner une raison de plus à la jeune Ange et d’un avis personnel, ça me posait problème. Car, après tout, je ne souhaitais pas perdre du terrain en face d’elle.

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Lun 23 Mar 2015, 14:47

Pendant mon observation du jeune homme, je pris un certain temps avant d'apercevoir une dame à ses côtés. Une jeune femme à vrai dire qui a des allures d'ange. Bien que j'avais fort probablement trouvé la personne que je devais chercher, je décidai de les écouter au loin. Je ne suis pas de nature voyeuse, mais j'aimais avoir une certitude qu'il est bien le jeune homme que je recherchais. Il s'agissait peut-être juste un prétexte pour l'observer, mais personne ne viendrait me juger de m'assurer de l'identité du jeune homme. Comme l'endroit était encore en éveille, le lieu était relativement calme. On pouvait entendre le chant des oiseaux, quelques pas au loin d'un Élémental qui marchaient ainsi que la conversation entre les deux jeunes personnes qui se trouvaient à proximité. Grâce à cet environ calme, je n'avais pas besoin de sens surdévelopper pour les entendre ce qui fut plutôt agréable. Il ''discutait'' au sujet du caractère du jeune homme ainsi que de ces choix décisionnels. Par son ton et son langage corporel, la demoiselle semblait se sentir concerner par l'avenir du jeune homme qui, quant à lui, ne semblait pas trop ce soucier.

Malgré que je n'avais jamais vu ce jeune homme auparavant, j'avais déjà rencontré beaucoup de jeune élémental qui cherchaient leur identité. Autrefois, ils se définissaient à une race donnée par leurs parents. Désormais, il devait subir une transformation majoritairement non voulue avec une race qui ne désirait peut-être pas par la même occasion. J'avais déjà rencontré des jeunes qui avaient préféré ne s’identifier à rien pour vivre selon leurs règles et leurs lois. Cependant, rares sont ceux qui restent dans cette voix bien longtemps. En regardant son attitude envers son amie et son comportement, le jeune élémental ne semblait toujours pas avoir compris le sens de la vie ou plutôt, le sens de la vie en tant qu'élémental.

Bien que j'avais vu beaucoup d'étudiants être dans la phase du jeune homme, je ne pouvais le juger, car je fus moi aussi dans une période où le titre d'élémental ne m'importait peu. Nous étions souvent que le produit d'une expérience qui avait tourné en horreur pour la victime au final. J'écoutai attentivement leur discussion et un point de leur conversation me fit un petit sourire au coin: le taux d'avertissement et de punition chez les jeunes absentéismes. Il est vrai que nous manquions un peu de rigueur dans l'école pour cela. La personne qui s'occupait d'avertir les plus jeunes ne semblait pas avoir les compétences pour réaliser la tâche, puisque c'est moi qui devais faire le travail en profiter de l'un de mes jours de vacances pour venir à sa rencontre.

Bref, bien que leur conversation me semblait des plus intéressant et informateur sur le jeune homme, j'ai décidé de partir à sa rencontre. D'un pas calme et sûr, j'avais réussi à atteindre ma cible avec une certaine assurance. Le jeune homme semblait assez déstabilisé de voir quelqu'un s'approcher de si près sans avoir de motif à la base. Je gardai un léger sourire tout au long de la conversation. Je voulais garder ce sentiment d'une simple conversation banal entre deux individus qui ne se connaissaient guère. La conversation de la météo était tellement un sujet universel et banal. Cependant, il s'agissait d'un sujet qui me tenait à cœur étant reconnu comme la météorologue de prédilection. Je connaissais les moindres secrets de cette magie si mystérieux de ce monde. Une magie qui dépassait tous les autres à mon avis par son aspect si incompréhensible. Je fus légèrement surprise de voir que ce fut la jeune femme qui me répondit. Je levai la tête vers la demoiselle avec un petit sourire aux lèvres. De plus près, je pouvais constater que sa nature n'était pas celui des élémental, mais des anges. Ils étaient toujours aussi doux malgré l'effort qu'ils prenaient toujours pour paraître menaçants. Le jeune homme semblait être plus refermé à la conversation, mais je me doutais que la suite de mon discours ne le laisserait pas de glace et surtout pas avec sa nature enflammée.

Mon commentaire sur l'absentéisme du jeune homme sembla affecter la demoiselle en premier lieu. Par sa réactivité, je crus comprendre que j'avais atteint un point sensible. Elle avait réagi rapidement. Si je n'avais pas pris connaissance de son opinion il y a quelques secondes, j'aurais été plutôt surprise. Comme seule réaction que j'eus était de sourire davantage. Elle ne cachait pas son opinion sur le sujet même avec une étrangère, ce qui était plutôt amusant et peut-être un peu naïf dans ce monde où le bien et le mal ne cessent de se battre. En voyant la réaction de l'ange suite à son commentaire, je compris rapidement qu'elle semblait désormais regretter son geste. Je restai muette malgré tout. Je voulais voir ce qui allait se produire par la suite et comment le jeune homme allait réagir.

La première réaction fut que l'ange me suppliait de garder le secret. Malheureusement, il ne s'agissait pas vraiment d'un secret. L'école avait souvent à l'oeil les nouveaux élémentals. Par contre, les sévices se faisaient plutôt rares. Il fallait que le cas soit grave pour envoyer un professeur et encore plus, un maître élémental à sa rencontre. Ce fut le tour du jeune homme à prendre la parole. Je tournai ma tête instinctivement vers ce dernier. Il gardait une attitude assurant et confiant à propos de son geste. Il était prêt à surmonter les conséquences de ses gestes. Est-ce réellement le cas?. Malgré son attitude, je pouvais sentir son énergie fluctuer instinctivement même si minime soit-il. La peur et le stress pouvaient facilement faire réagir l'élément qui se cachait à l'intérieur de chaque élémental. Quant à lui, je compris qu'il n'était pas si indifférent face aux conséquences de ses gestes. Je me questionnai pendant un bref moment sur comment j'allais pouvoir lui faire davantage peur... davantage le convaincre de venir à l'école, pardon. Je décidai de monter ma main vers mon menton pour le frotter légèrement avec un doigt. Je pris un air pensif avec un visage plus neutre.

- Je vois...

Après ses deux mots, je décidai de me lever en regardant vers les marchants. Il y avait de plus en plus de vie dans l'endroit. Je regardai quelques élémentals passer en restant dos et à quelques pas de la dyade. Puis, j'eus une idée. Si l'école ne pouvait l'amener à lui, l'école viendrait à lui. Je voulais apprendre sur lui. Je me retournai en laissant ma cape légèrement s'élever dans l'air.

- Jeune homme, je suis prête à ne rien dire sur votre situation envers l'ÉEA et même, de vous offrir davantage. Cependant, je voudrais avoir quelques choses en échange. Est-ce que vous seriez prêt à prendre une marche avec moi?

Ma demande semble banale, mais cette simple décision allait possiblement changer un court moment de sa vie et peut-être plus. Je voulais l'aider à connaître sa race en travaillant directement avec lui pour une journée. Si je voyais que notre race ne l'intéressait guère, j'étais prête à faire une demande à l'ÉEA pour modifier certaines données pour qu'il ne soit plus sur la liste des étudiants de l'école. Si c'est le contraire, je pourrais devenir son tuteur ou simplement, une conseillère en cas de besoin. Cependant, il était le seul maître de sa vie. Je ne voulais pas le forcer à faire des choix qui ne l'intéressaient pas. Ce n'était pas dans ma devise. Il devait être libre de faire ce qu'il voulait tout en gardant en tête ses responsabilités. Bref, je restai là, avec le vent dans ma cape, en attendant la réponse du couple.
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Mer 25 Mar 2015, 00:22

    Une contrepartie à son silence… Je mentirais, à vrai dire, si j’affirmais que je n’avais pas vu ce coup venir. Nous vivions dans un monde, un Univers cruel où chaque noble et bonne action demandait quelque chose en échange, une dette en somme, que nous étions forcés à combler et ce, le plus rapidement que nous pouvions avant que cela devienne un poids, avant que ça se transforme en chaînes, en lourdes entraves. Car qui accumulait les dettes dégringolait bien vite dans les ténèbres sous ses pieds, sans possibilité d’émerger à nouveau vers la lumière, du moins, pas avant le décès du maître, celui responsable de la création de ses chaînes et, à quelques rares reprises, de sa descendance elle-même, de tous les enfants qui naitront après lui. Prenez l’exemple des Génies, une race maîtresse de la comédie, des mensonges et de la tromperie. Un seul faux mouvement, une unique erreur. C’était tout ce que demandait cette race et aisément, l’idiot qui s’était fait piéger par cette créature se retrouvait rapidement à la place du créateur de vœux, prisonnier dans son habitacle. Jusqu’à ce qu’il rencontre une autre personne à réduire dans l’erreur et ainsi de suite, telle une boucle maudite impossible à briser. La situation actuelle n’avait peut-être rien à voir avec le l’implication d’un quelconque Génie mais, à mon regard qui avait évolué dans les mensonges et les faux sourires, cela découlait d’une source identique, de l’essence même de l’arnaque et de la tromperie. Que souhaitait obtenir cette inconnue en me proposant un tel marché? Une somme de pièces d’or et d’argent conséquente, un service risqué qu’elle n’ait pas les moyens idéaux pour réaliser de ses mains qu’elle avait l’habitude de garder propres? J’étais prêt à parer n’importe quelle éventualité sans sourciller, … mis à part une seule. Tuer.

    J’avais commis un acte semblable il y avait longtemps – involontairement certes - et pour être franc, peu importait à quel niveau ma haine avait été grande envers cet homme, la victime de ce massacre, je n’avais jamais été capable d’oublier les souvenirs des flammes grondantes qui s’étaient précipitées sur lui, incontrôlables, déchaînées, de l’odeur de la chair calciné, de ses cris de souffrances terribles qui avaient résonné dans toute la demeure. Avant de s’éteindre par eux même car la mort l’avait finalement rejoint. Il avait été brûlé vif, sans la moindre chance de se défendre contre son ennemi de feu, incapable de tenter quoi que ce soit contre ces flammes, contre la douleur elle-même. Il n’avait fait que crier, hurler et, à la fin de ce périple, mourir. Sans aucune trace de son corps, mis de côté le tas de cendres noires obsidiennes qui avaient trôné là où il s’était tenu, debout, et le parfum de la mort qui flottait dans l’air noirci de la maison, assombrie par la fumée funeste qui s’était élevé des dernières flammes mourantes. Je frissonnai. Un malaise monta en moi tandis que mon esprit, agité par les images qui avaient soudainement déferlées dans ma tête, essayait de les réduire à néant, de les pousser dans un coin sombre sans qu’elles puissent revenir. Pour m’aider dans la tâche ardue du rejet, de l’oubli, je décidai de mon plein gré de reporter toute mon attention sur la femme et ses paroles le plus calme possible, sans piper un mot. Jusqu’à ce qu’elle finisse par mentionner l’idée d’une marche à ses côtés dans les rues d’Aeden. J’étais surpris. Non seulement cela mais aussi… soulagé, apaisé de par la banalité de sa requête. Je m’étais imaginé un spectacle morbide pour trois fois rien. Ce n’était qu’une simple ballade qu’elle souhaitait obtenir de moi. Il n’y avait aucune mention d’un quelconque contrat d’assassinat et voire pire encore. Je ne m’étais fait que des idées stupides et infondées. Je ne pus empêcher un profond soupir de quitter la commissure de mes lèvres tant sa proposition différait de ce que j’avais pensé aux premières impressions.

    Je pouvais désormais respirer avec plus de facilité – j’étais soudainement conscient que j’avais retenu, depuis tout ce temps, mon souffle dans mes poumons, sans lui offrir l’occasion de s’échapper de ces organes, à l'attente des conditions de l’étrangère. Si ce n’était que cela le pris en échange de son silence, alors j’étais prêt à prendre sur moi et accepter son offre. Entre une marche dans les ruelles de la cité ou l’emprisonnement volontaire – ou presque – entre quatre murs au sein d’une école que je m’imaginais lassante et inintéressante, j’optais facilement pour le premier choix sans rechigner. De plus, je n’avais pas envie de subir les conséquences de mon acte alors que je pouvais y échapper en ne prononçant qu’un simple « oui » inoffensif. Toutes les chances étaient de mon côté. « Si vous le voulez. J’accepte. » Brethil affichait toute une tête, incrédule. Comment était-ce possible que j’acceptais, sans la mention d’une seule plainte, d’accompagner cette inconnue dans une promenade alors qu’il y avait quelques instants seulement, elle livrait une bataille acharnée contre moi pour me convaincre de déposer le pied dans l’établissement scolaire de la ville, se demandait-elle certainement. La situation avait de quoi la laisser sans voix et, par-dessus le mutisme qui la rongeait tout à coup, très surprise. Cependant, la jeune Ange, elle l’avouait sans aucune crainte, commençait peu à peu à se faire une admiration sans pareille à l’égard de la mystérieuse femme, de par ses incroyables talents de persuasion qui dépassait de loin les siens, qui était parvenue à forcer le jeune Elémental obstiné que j’étais à craquer, alors que Brethil n’avait fait que chou blanc depuis ce matin. L’Ange était heureux de constater par elle-même que la proposition de l’étrangère m’arrangeait et, de plus, elle pouvait profiter de cette occasion pour visiter et voir de ses propres yeux la cité qu’elle n’avait jamais eu l’opportunité de s’y plonger davantage. Confuse, la jeune femme balbutia des paroles pauvres de sens alors qu’indirectement, ça ne la touchait réellement pas. « Une simple marche, vraiment? J-Je ne sais pas quoi dire pour montrer à quel point je vous suis reconnaissante. » Grâce à elle, la jeune Ange avait un poids de moins à porter sur les épaules et par ce fait, elle en profitait pour flotter sur son petit nuage.

    Son énervement, mêlé à une touche généreuse de curiosité, transforma du tout au tout la jeune fille aux cheveux de blé qui, de petite Ange patiente et calme en apparence, passa au niveau d’une véritable bombe d’impatience, prête à se lancer immédiatement dans cette promenade sans plus se préoccuper de son objectif principal. « Alors par où allons-nous commencer? Il y a tellement d’endroit que j’aimerais visiter à Aeden… Que nous conseillez-vous? » Vous savez ce qui était le plus ironique dans la situation? C’était que je nourrissais l’impression – ou plutôt la certitude – qu’elle avait oublié que cette offre m’était, avant toute chose, destinée à moi et moi uniquement. Non pas à la jeune Ange. Ce n’était pas elle qui risquait gros en s’absentant de l’ÉEA sans motivation valable mais qu’importait réellement l’oubli de ce léger détail? Elle pouvait très bien décider par elle-même de notre destination, je ne m’opposerais pas à son choix, mais il y avait quelque chose que je souhaitais découvrir avant de partir et ce, en dépit de l’impatience grandissante de la jeune fille, que je jugeais plus important que de simples petits caprices passagers. Ça me titillait l’esprit depuis plusieurs minutes déjà mais cette inconnue… qui était-elle réellement? Plus je passai du temps à ses côtés, plus la sensation de malaise s’accentuait autour de moi et pour être franc, je n’appréciai ça que très moyennement. J’avais la désagréable impression que je la connaissais – ou du moins, que je devais la connaître mais en tant que symbole, une figure dans la société, mais j’étais incapable de poser le doigt sur ce qui clochait véritablement chez elle.

    Peut-être me créais-je trop d’idées farfelues et infondées? Cependant, il s’agissait d’une mystérieuse femme encapuchonnée qui errait dans les rues d’Aeden en masquant intentionnellement son visage. Elle voulait se faire discrète, c’était évident, mais pour quelles raisons? Qui se sentait forcé de se dissimuler derrière un capuchon pour échapper aux regards indiscrets des habitants? À moins que ce soit moi à qui elle souhaitait se cacher? Mais dans quels motifs? Quel pouvait bien être son objectif en agissant de la sorte? Je commençai à la fixer là où ses yeux étaient supposés se situer en dessous du tissu noir qui recouvrait son visage et lui demandai – avec une spontanéité proche de l’impolitesse même : « Qui êtes-vous? Qu’est-ce qui se cache sur votre visage au point que vous vous sentiez obligé de le dissimuler? » L’Ange m’envoya un regard où se noyait plusieurs avertissement mais je ne fis que l’ignorer. Je n’avais rien à faire des politesses d’usage pour le moment. Je voulais savoir, connaître ce que j’ignorais. Si la brusquerie était capable d’avancer les événements rapidement, alors je l’emploierai sans scrupule, peu importait les conséquences que mes actes pourraient entraîner ultérieurement. « Je ne vous accompagnerai nulle part. Pas avant de m’avoir montré votre visage. C’est l’unique condition que j’impose et n’essayer pas de jouer avec moi. » Il existait en ce monde une diversité monstrueuse de pouvoirs magiques aux propriétés différentes et l’une d’entre elle était capable de modifier l’apparence de quiconque le voulait réellement. Cette femme pouvait très bien user de ce stratagème contre moi et, de ce fait, mieux me piéger si cela faisait partie de ses intentions. Avec la fourberie et la vitesse de réaction d’un serpent. Au fil du temps, j’avais appris à ne pas faire confiance aux gens que je croisais sur ma route en dépit des beaux sourires qu’ils adoraient affichés. La femme n’échappait pas à cette règle, à ma loi. Son offre était certes généreuse mais ne l’était pas-t-elle un peu trop? Je ne me laisserais pas tomber dans un piège. Surtout pas si je pouvais l’éviter facilement. Je ne devais pas oublier ce que j’avais dit plutôt : Au cœur de toutes offres généreuses se cachait régulièrement une contrepartie. Dans ce cas, une simple marche était réellement tout ce qu’elle voulait obtenir? Désormais, j’en doutais légèrement.

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Mer 25 Mar 2015, 04:17

Pendant que je parlais de ma proposition, je remarquai quelque chose d'étrange. Je ne pouvais plus sentir l'air sortir de son corps. Il avait cessé de respirer suite à ma demande. Sur le coup, je fus surprise. Est-ce que j'avais dit quelque chose qui sortait de l'ordinaire? Est-ce que j'avais utilisé un sort magique sans m'en rendre compte? Est-ce qu'il était sous l'influence d'une magie autre que la mienne d'un être qui lui voulait du mal ou désirant me déstabiliser? Est-ce qu'il était en train de faire une crise cardiaque devant moi malgré son bas âge? Toutes ses réponses étaient presque sans réponse. La seule que j'avais une réponse était celui de mes pouvoirs magiques. Autrefois, lorsque je ne savais aucunement maîtriser cette magie qui habitait en moi, j'avais réussi à faire des sorts par erreur. Cependant, j'avais beaucoup appris et j'étais rendue la ''meilleure'' parmi ceux de mon élément. Je dis meilleure, mais j'ai toujours des doutes. Il doit avoir sûrement d'autres individus qui sont plus puissants que moi, mais ils ne se sont jamais manifestés. Mon sourire descendit un instant. Par contre, lorsque je le revis respirer, j'en fis de même. Même si je n'avais jamais cessé de respirer, ma respiration avait repris un rythme plus normal. Un léger sourire revint naturellement sur mon visage. Ce petit me réservait bien des surprises à mon avis. Mon invitation fut acceptée. Je fis un signe de la tête avec un sourire un peu plus voyant et grandissant.

- Bien, je vois que mon idée semble vous plaire!

La jeune ange qui était resté muette revint à la charge. Sa réponse me donnait l'impression qu'elle était le jeune homme. Elle semblait intéressée davantage à marcher que le jeune homme. Je fis un sourire en coin avec un léger ricanement étouffé pour répondre à la jeune demoiselle. Sa seconde réaction me fit penser à un enfant soudainement. Un enfant qu'on venait de lui proposer un voyage merveilleux et rempli d'émotion. Une aventure qui risque d'être mémorable pour plusieurs années. Je ne pus que ricaner en la voyant si heureuse.

- Je n'ai pas de destination claire. On va se laisser porter par les émotions. J'espère que mon itinéraire vous plaira.

Je regardai l'ange et ensuite l'élémental. Ce dernier commençait à réagir un peu étrangement. Je me doutais bien ce qu'il essayait de faire. Il essayait de percer le secret de mon identité. Il voulait connaître l'identité de celle qui lui offrait plus qu'un simple silence. Je décidai de commencer à marcher pour aller en direction d'un chemin très passant. Cependant, je fus interrompu par une parole du jeune homme. Je restai dos à lui. Sur mon visage, on pouvait voir un grand sourire. On pourrait considérer la curiosité comme un défaut, mais je comprenais qu'il désirait simplement s'assurer de sa survie. Il ne voulait même pas bouger de son point initial tellement que le mystère de mon identité le troublait. Je ne pouvais lui en vouloir, j'aurais fait la même chose à sa place. Par ailleurs, la patience n'était pas très innée pour les élémentals de feu. Je tournai la tête pour qu'il ne me voie que mon visage de profil.

- Dis-moi, qui désires-tu que je sois? Ou plutôt, dis-moi qui tu ne voudrais pas que je sois? En ce jour où ta liberté et ton honneur sont en danger, est-ce que mon identité est si importante? Si je te disais que je sois à la fois ton pire cauchemar et ton plus beau rêve, comment réagirais-tu?

Je me retournai pour me mettre complètement face à eux. J'étais beaucoup plus loin d'eux et c'était mieux ainsi. Je m'assurai d'éviter de me faire attaquer par surprise. Je commençais à bien connaître les élémentals de feu. Ils sont souvent imprévisibles et impulsifs. J'ai vécu plus d'une attaque-surprise par ces élémentals. Je gardai un léger sourire aux lèvres. Je décidai de les faire patienter en laissant un silence s'installer entre nous. Cependant, je comptais lui laisser une petite indice. Je dissipai tranquillement mon camouflage magique à propos de mes pouvoirs. Tranquillement, on pouvait sentir l'air devenir lourd et une forte force magique se dégager de mon corps. Derrière moi, un ombre plus menaçant se dégageait, mais il s'agissait du Titan de l'air qui venait faire une salutation de son genre. Cette ombre était indescriptible et méconnaissable. L'ombre de dissipa tranquillement pour revenir qu'un ombre banal attaché à mes pieds. Ma cape se mit naturellement à s'élever sous l'effet de la magie libérée avant de redescendre lorsque toute ma magie fut libérée. Je fis un grand sourire tout en levant les mains vers mon capuchon. Je retirai tranquillement mon capuchon tout en lui disant d'une voix naturelle et calme:

- Je crois qu'il est tant de se présenter. Je me nomme Lysis Ventus, Maître élémental de l'air ainsi que professeure au sein de l'ÉEA. Ravis de faire votre connaissance, Scott ainsi qu'à votre amie.

Mes cheveux et mes yeux pouvaient parfois impressionner plus d'un. Autrefois bleus, ils ont pris le teint de l'air. Un blanc similaire au nuage que l'on retrouve très haut dans le ciel. Je me rapprochai d'eux tout en observant leur réaction.

- Maintenant que vous connaissez mon identité, vous savez que vous n'avez que deux possibilités devant vous: soit que je vous dénonce à l'école tout en vous amenant de force ou vous prenez mon offre de venir prendre une marche à mes côtés.

Mes pouvoirs libérés, les passants me saluèrent d'une petite salutation. Bien que je n'étais pas très fanatique des formalités, depuis que j'étais rendu au conseil, je devais les accepter. Je les saluai d'un simple geste de la tête à mon tour. Pour l'instant, je m'occupais d'une situation bien plus importante. Rendu tout prêt du jeune homme, je déposai naturellement une main sur son épaule pour le rassurer avec un joli sourire.

- Je ne suis pas venue pour te faire du mal ou te punir, je peux t'en rassurer. Je veux que ton bien en ce jour pouvant paraître si banal pour la majorité de la civilisation.

Je retirai délicatement ma main. Je me retournai à nouveau pour me remettre à marcher en direction du chemin passant que je comptais prendre plus tôt. J'arrêtai de marcher au même niveau que précédemment et me virer à nouveau la tête pour voir s'il me suivait.

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Ven 27 Mar 2015, 23:14

    Dans son ensemble, cette femme respirait le mystère. Je voyais qu’un détail n’était pas à sa place sur elle ou plutôt, je ne parvenais pas à ressentir quelque chose, une sorte de pression, émaner de son corps caché par sa longue cape noire mais la frustration que je sentais n’avait aucun lien direct avec cette touche manquante. Ce qui m’énervait davantage était l’ignorance. Le simple fait d’être incapable de mettre le doigt sur ce petit quelque chose était si désagréable que je ne parvenais plus à reporter mon attention autre part. Je voulais connaître cette anomalie, je souhaitais apercevoir rien qu’une fois son véritable visage pour me créer une idée sur sa personne. Quand elle arrêta enfin de bouger, mon souffle devint court et saccadé. Elle laissa un silence volontaire planer au-dessus de nos têtes, tentant probablement de réfléchir à la question – qui avait plusieurs similitudes avec un ordre – avant d’ouvrir la bouche, prête à se lancer. Du moins, ce fut l’image que je croyais qu’elle produirait. À l’inverse de mes attentes principales, l’étrangère préféra se jeter dans un flot de paroles qui manquaient clairement de sens à mes yeux, mais que pourtant, j’écoutai d’une oreille attentive pour bien mémoriser chacun de ses mots et essayer d’en déchiffrer le véritable sens. Quel type de personne était capable de devenir à la fois mon ennemi et mon allié? Je me creusai la tête mais je n’y trouvai rien qui puisse réellement m’aiguiller, car les seules réponses sur lesquelles je parvins à tomber fut un Génie, créature capable d’apporter un tant soit peu d’aide lorsque nous savions comment nous y prendre correctement avec eux et un inconnu.

    Pourquoi un étranger tout particulièrement? C’était très simple lorsque je m’efforçais d’y réfléchir adéquatement. C’était quelqu’un que nous ne connaissions pas et dont nous ignorions tout de sa personnalité, de ses principes et de ses rêves. Alors lorsque nous en rencontrions un, celle-ci pouvait rapidement devenir un allié ou un ennemi aux dépends de la compatibilité qu’il se créait entre nous. Dans ce cas, si c’était bien la réponse auquel cette femme attendait que j’atteigne, je ne réussissais pas vraiment à y déceler une grande importance ou un quelconque sens. Essayait-elle de jouer avec moi? De me tester contre mon gré? Mes sourcils se froncèrent sous l’incompréhension tandis que je commençais à remettre en cause la conclusion sur laquelle je m’étais arrêté. D’ailleurs, depuis qu’elle était venue s’installer sur le banc à mes côtés, j’avais été contraint de remédier à plusieurs de mes plans, à commencer par mes envies de sortir un peu de la ville, – sans quoi je subirais des conséquences auxquelles je voulais à tout prix éviter de me frotter – et comble de cette vague d’imprévus qui s’enchaînaient l’un à la suite de l’autre, le jour était loin d’être terminé. Je pouvais toujours essayer de fuir le délire dans lequel j’étais désormais entièrement plongé, sans tenir compte de l’offre de cette étrangère, mais je n’avais aucun doute sur les hautes probabilités que la jeune Ange m’empêcherait de commettre un tel acte. Peut-être aussi cette femme.

    Il n’y avait pas grand-chose à faire pour le moment : j’étais prisonnier sur presque tous les fronts. Quoi qu’il en soit, la femme, au terme de son mutisme interminable (selon mes propres perceptions), finit par laisser tomber les barrières qu’elle érigeait autour d’elle depuis le début de notre rencontre, laissant libre cours à son écrasante puissance magique de se répandre là où elle le désirait, délivrée de ses entraves. Mes yeux s’écarquillèrent par la surprise, mêlés à leur soupçon de crainte, tandis que le vent se levait avec brusquerie, gonflant les cheveux, aussi blancs et limpides qu’un voile léger, désormais à découvert de la femme, en grondant autour de son être qui irradiait la force de l’air, la sauvagerie des tempêtes et la douceur d’une brise de printemps tous à la fois. Les effets avaient tout de stupéfiant et hors de l’ordinaire, en équilibre parfait avec ses yeux blancs aux frontières de la transparences qui ressortaient de manière inhabituelle sur son visage. Mon cœur manqua plusieurs battements à la vue de la toute nouvelle personne qui se dressait devant moi, à des lieues de la femme au large capuchon d’il y avait quelques minutes à peine. Maintenant, je comprenais. Je voyais enfin ce qui m’avait interpellé et mit si mal à l’aise lorsque je me trouvais à ses côtés. C’était la magie. Toutes créatures sur ces Terres dégageaient une aura magique autour de leur corps, faible ou puissante selon leurs capacités personnelles. Cependant, lorsque cette femme était venue sur ce banc, je n’avais rien senti de tel qui ressortait de sa personne, comme si elle n’était… qu’une simple Humaine, un être entièrement dépourvu de magie et ayant même la capacité de l’éteindre par leur seule présence.

    La femme n’avait jamais dégagé une quelconque anti-magie, perte qui aurait dû m’être désagréable et profondément agaçante, mais je n’avais rien vu de ça. Je jurai en silence face à mon incapacité de ne l’avoir que compris trop tard, me sentant soudainement stupide et idiot avant que la forte puissance de mon interlocutrice me ramène violement dans la réalité. Maintenant que je savais à qui j’étais en train de me frotter, la seule idée de fuir venait tout bonnement et simplement de s’effacer sans qu’il n’y en reste une trace. Lysis Ventus, Esprit Elémentaire. Je n’aurais même pas eu besoin qu’elle se présente ainsi à moi pour deviner son identité. Je n’avais qu’à me reporter sur la soudaine agitation de l’air autour d’elle, de l’ombre gigantesque du Titan de vent, oppressante et menaçante, qui était apparue à ses pieds et de son visage que je reconnaissais après avoir entendu plusieurs habitants en parler dans les rues. Étrangement, la seule pensée qui parvint à atteindre les méandres de mon esprit fut : les hautes sphères d’Aeden se sentaient-elles si concernées par mon problème d’absentéisme qu’elles ressentaient le pressant besoin de faire appel à un Esprit Elémentaire en personne pour qu’il puisse me ramener, de gré ou de force, à l’ÉEA? Je souris narquoisement, mais mon étonnement avait atteint un tel niveau que je n’osais même pas piper le moindre mot, soudain plus compréhensif à l’égard des représailles qui attendaient tous ceux qui controversaient les règles de la cité. La femme aux cheveux blancs, l’identité ainsi révélée, nous appris – enfin, je m’en doutais déjà pour ma part – que nos possibilités d’action étaient plus que restreintes, nous laissant simplement le choix de la suivre ou de se rendre de ce pas en cours, sans qu’elle ne fasse mention d’un milieu entre les deux options.

    Elle s’avança vers moi et déposa une main amicale sur mon épaule pour me mettre en confiance. Elle poursuivit, accentuant cette fois-ci ses mots sur son rôle, qui n’avait rien à voir avec celui des juges, mais qui se rapprochaient davantage de la conseillère que du bourreau. Puis, elle se détourna doucement de moi, reprenant place à la position initiale qu’elle avait occupé. Je lançai un bref regard à la jeune Ange, aussi malaisée et perturbée que moi en ce moment même, qui, en croisant mes pupilles rouges, tenta d’apaiser la lourde atmosphère qui régnait entre nous en affichant un de ces larges sourires que elle seule avait le secret. « Alors qu’attendons-nous pour la rejoindre? Tu n’as pas vraiment le choix de toute manière Scott. C’est à prendre ou à laisser avant qu’elle ne change d’avis. Tu vas bien te plaire, je peux te le promettre. » Selon moi, le point sur l’amusement et le plaisir restait encore à voir mais, pour le reste, Brethil avait raison. Nous nous avançâmes vers l’Esprit Elémentaire après que l’Ange et moi nous nous soyons consultés du regard, silencieux, avant de commencer cette fameuse promenade dans un mutisme dérangeant qui eut vite fait de peser sur chacun d’entre nous, avant que la jeune fille décide de le briser. « Je vous remercie encore une fois pour votre offre si généreuse. Mais, si vous me le permettez, j’aimerais comprendre une chose. Pourquoi vous faire tant de mal pour Scott? » L’Ange avait mis en évidence une question similaire à celle qui trottait dans ma tête mais au lieu d’intervenir sur ses paroles, je préférai la laisser aller jusqu’au bout par ses propres moyens. « Ce que je veux dire, c’est qu’il n’aurait pas été plus simple de le forcer directement à aller à l’ÉEA? Je sais parfaitement que vous en êtes capable, alors à quoi rime cette promenade exactement? Pas que je n’apprécie pas tout ce que vous avez fait pour nous jusqu’à présent, loin de là mais… Je suis curieuse, c’est tout. »

    Elle s’interrompit par elle-même, perdue dans ses propres dialogues. L’Ange n’avait pas l’impression de bien s’exprimer devant Lysis. À vrai dire, la forte puissance qui émanait de cette femme la dérangeait à un tel point que Brehtil ne savait plus vraiment où elle en était, incapable de reporter son attention sur quelque chose de différent. Ce fut pour cette raison, entre autre, qu’elle décida de ne plus rien ajouter, la tête baissée. Je crus bon, à ce point-ci, de prendre le relais et poursuivre à sa place. « J’aimerais beaucoup connaître ce que vous avez en tête en ce moment, mais j’ai beau essayé, je n’y parviens pas. Et ça devient de plus en plus frustrant pour moi et ma patience. » J’y allais très franchement avec elle, sans m’encombrer de détours inutiles. Je pouvais paraître bien malpoli, mais, à cet instant, c’était bien le dernier de mes soucis. « J’ignore vos raisons qui vous pousse à agir comme tel au lieu de remplir comme il se doit vos tâches, mais si vous ne parvenez pas à réaliser ce que vous voulez, que comptez-vous faire? » Appliquer les conséquences sans doute. Peut-être fermé simplement les yeux sur cette transgression des lois, mais j’étais curieux de connaître la réponse qui sortirait de sa bouche à l’instar de me fonder sur de simples hypothèses qui n’égaleront en rien ses mots. Comme ça, au moins, je saurais à peu près comment me comporter et réagir pour être à la hauteur de ses attentes, utilisant mes talents dans l’art de la manipulation et des mensonges pour parvenir à mes fins. … Si elle ne décelait pas l’escroquerie en avance, bien entendu.

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Mer 13 Mai 2015, 03:33

La première chose que je vis dans le visage du jeune homme lorsque je sortis de l'anonymat était sa stupéfaction. Bien que j'aimais bien cacher mon identité pour éviter de me faire étiqueter comme étant un Esprit élémentaire, il était approprié de me dévoiler en ce jour. Le jeune homme avait des traits d'un être désireux de l'anarchie en ne suivant guère les règles établies. Lorsque je lui parlai que j'étais sa pire ennemie et son meilleur alliés n'était pas de simple parole. Je pouvais être le pire de ses cauchemars en dénonçant sa situation à mes confrères et consœurs du Conseil et des représailles allaient être mises en place. Cependant, je pouvais être sa meilleure alliée puisque je pouvais changer les documents que j'avais en ma possession tout en lui offrant de mon aide pour progresser dans la voie qu'il désire prendre.

Après mon geste réconfortant et le retour à ma position, l'ange fut la première à prendre la parole. Un grand sourire aux lèvres, elle réconfortait son confrère de route. Je percevais très bien sa nature douce et de pures gentillesses qu'elle dégageait. Elle représentait bien sa race après tout. Elle semblait avoir réussi à convaincre le jeune homme à me suivre quand les deux s'approchèrent de moi. Avec un léger sourire, je me retournai pour commencer à marcher à travers l'allée marchande. Bien que le silence n'était pas au rendez-vous par les gens qui discutaient dans cette rue plutôt passante, j'aimais bien apprécier le silence à sa juste valeur. Sous le silence, on peut ressentir soit du malaise ou du réconfort. J'avais appris à reconnaître chacun des signes que le silence pouvait nous livrer en ce moment. Bien qu'il était plutôt réconfortant pour ma part, je pouvais sentir l'énergie de Scott être légèrement variable signe de son irritation face à cette absence de son.

La jeune ange prit finalement la parole. Je tournai lentement ma tête vers ladite demoiselle angélique. La question qu'elle me posait était remplie de pertinence. Cependant, je sentais un malaise chez cette jeune femme. Lorsque mon regard croisa le sien, j'ai eu l'impression que je l'avais déstabilisé. Je pouvais comprendre que je paraissais bien imposante en ce jour. Il s'agissait bien d'une raison que j'avais appris à cacher mon énergie pour éviter des situations semblables. Je n'étais pas prétentieuse et le fais d'être plus puissante que bien du monde dans ce monde pouvait être parfois plutôt dérangeant. Je vis que la réaction de la jeune demoiselle fut de cesser de parler et je ne pouvais qu'être empathique face à cette situation qui la dépassait en ce moment.

Cependant, lorsque Scott compléta les paroles de son ami, je reconnus en lui le feu rageant. Un feu qui demandait que la vérité dans l'immédiat. Sa réaction ne me fit qu'augmenter mon sourire. Certains pourraient imaginer qu'il est mal poli envers ma personne, mais le feu a toujours été une nature très directe et que les beaux mots n'étaient pas de son élément. Quoiqu'il était plus poli que bien des élémentals de feu que j'avais rencontré lors de mes voyages ou à l'école.

Grâce à la marche silencieuse et à la discussion, nous étions sortis de la ville pour nous rendre dans les terres plus agricoles. On pouvait sentir la douce sensation du vent qui passait sur ma peau. Bien que j'avais laissé encore un léger silence s'installer entre nous, je trouvais que cela était approprié. Bien qu'il était pressé, rien n'arrivait comme nous le désirions dans la vie. Lorsque nous fume plus loin de l'entrée de la vie. Je cessai de marcher pour ensuite me tourner vers eux. Mon regard blanc pouvait laissé entrevoir le vent se promener comme le vent qui levait la neige par une belle journée venteuse. Je regardai en premier lieu le jeune ange qui n'exprimait que la douceur:

- Il est vrai que je fais partie de la haute sphère des élémentals. Cependant, je suis une femme qui apprécie le contact humain à humain. Le fait que je sois rendue où je suis rendue ne m'a permis que d'apprécier chaque chose à sa juste valeur. Je considère que chaque humain a autant de valeurs que les autres. Alors, que j'intervienne en ce moment me semble que des plus convenable. Je n'ai pas cette nature de m'estimer supérieur aux autres ce qui explique souvent mon approche subtile pour éviter de me faire voir plus grand que je le voudrais l'être. Par ailleurs, sachez que c'est l'un de mes devoirs de venir à la rencontre des élémentals rebelles puisque je suis aussi enseignante au sein de l'ÉEA.

Je tournai mon regard venteux vers le jeune sans laisser entrevoir de changement. J'étais très neutre en ce moment, puisque je connaissais assez les élémentals de feu pour connaître chacun de ses comportements.

- Tout d'abord, la patience est une vertu que vous semblez avoir oubliée en tant qu'élémental très cher. En ce moment, vous n'êtes pas disposé à juger de ce que je dois faire en tant que professeure et de connaître mes attentes ainsi que les sentences possibles de votre absence au sein de l'ÉEA. Sachez que je m'attends simplement à ce que vous coopérer en ce jour. L'école n'a plus de nouvelles de vous depuis un bon moment déjà comme nombreux autres élémentals de votre niveau. Bien que nous ne sommes pas en temps de guerre, je sais que certains ont perdu la vie contre d'autres races par affronts ou simplement, par erreur. Alors, sachez que j'ai à coeur le bien-être de ma race et que je ne désire point que votre destinée se termine plus tôt que prévu.

Je fis un léger sourire avant de reprendre parole tout en marchant calmement.

- Maintenant que les choses sont au clair, j'aimerais mieux vous connaître. J'aimerais connaître votre histoire. Comment être vous devenu élémental? Comment vous considérez votre vie désormais que vous êtes devenu élémental? Est-ce que vous avez des ambitions dans la vie?

J'avais lancé beaucoup de questions, mais je voulais tout connaître de lui pour mieux l'analyser et ainsi, mieux intervenir avec lui. Comme je voulais que nous soyons seuls, j'avais fait en sorte de nous éloignée de la ville pour être libre de dire tout ce que nous désirions sans être juger de quoi que se soit.

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Jeu 21 Mai 2015, 01:58

« Mon histoire? Elle ressemble sans doute à toutes celles que tu as déjà entendues. » Souffrances, douleurs, peines et abandons. Chacune de ces émotions amplifiées, plus fortes, plus puissantes qu’elle n’y accompagnaient qu’une profonde solitude. Une solitude si… approfondie. Lorsque le désastre prenait cœur dans une famille aux compositions improbables que la mienne, celle qui m’avait toujours accompagné, soutenu au cours de mon enfance. Pour un seul membre d’entre eux. Je ne voulais pas me souvenir, je ne souhaitais pas me rappeler de toutes les épreuves, tous les obstacles que j’avais eu à surmonter durant cette période noire et sombre. Encore moins en parler. À elle, une simple professeure de l’ÉEA, un Esprit Élémentaire qui symbolisait le respect et la puissance parmi l’ensemble d’un peuple. Que je ne voyais pas encore comme étant le mien : je ne m’affirmais pas sous le nom d’ « Elémental. » Lors de la célébration funèbre qui avait eu lieu, je ne m’étais même pas daigné m’y présenter ou, au minimum, y faire un simple tour rapide. Pourquoi? Car je n’avais rien à me remémorer sur des fiers guerriers ayant perdu vie sur le champ de bataille. Parce que je ne nourrissais qu’un profond désintérêt pour ces traditions et ces cultures qui m’étaient étrangères, car je n’avais personne à qui je pouvais librement faire parvenir mes prières, verser des larmes, pleurer cette perte qu’il y avait dans mon cœur. Sentir le poids de la solitude laissé dans son sillage, dans son départ vers l’autre-monde. Je vivais parmi ce peuple mais, je n’y ressentais aucun attachement, aucune fierté à appartenir à leurs rangs. Je profitais de leur toit, de leur bonté. Alors que je ne leur offrais rien en retour, en échange. C’était si égoïste. Pitoyable, pathétique. Plusieurs mots possédaient la force de traduire ces actes dans leur pire facette mais, le plus malheureux, demeurait que j’étais conscient, conscient de la lâcheté de mes gestes. De mon hypocrisie, de mon égoïsme. Mais je ne tentais rien pour essayer de changer, pour percevoir cette race autre qu’une communauté d’expériences ratées.

…Dont je faisais désormais parti dans son état le plus pur, le plus concret. Quelques soit le dégoût et la haine ressenties lorsque ma vie avait été plongé dans celle d’un Magicien, tiré entre les deux frontières du noir et du blanc. Quelques soit mon manque de connaissance sur les habitants que je côtoyais depuis presque deux ans, quelques soit la colère que je déployais contre eux, contre ma vie, mon existence. Contre moi-même. Haïssant ce que j’étais devenu, méprisant ce que j’aurais voulu être, détestant les rêves d’un futur que je n’obtiendrais jamais. La totalité de ma vie avait été bercé par les erreurs, les lacunes commises par les autres, autour de ce pauvre corps chétif. J’encaissais, j’encaissais toutes les souffrances qu’ils me faisaient vivre, qu’ils me jetaient si dérisoirement au visage. J’en avais assez. Marre de la vie que je menais, marre de tout ce qui m’entourait. La rage monta si vite en moi que j’en peinai à contrôler les flammes, leurs lumières rouges sang miroitant sous les rayons de soleil. Féroces, folles. Elles grésillaient sur mes cheveux, dansaient sur les pans de mes vêtements. Je ne nourrissais plus qu’un seul et unique désir : Laisser exprimer ma colère, extirper le ressentiment qui avait pris possession de mon corps, déchaîné les reflets d’une fureur intérieure. Brûler, encore brûler. Jusqu’à tout réduire à l’état de cendres, à l’état de pauvres poussières noires et fumantes. « Scott… » La voix de l’Ange résonna comme un écho lointain, perdu dans la bulle que j’avais érigé autour de moi. Pourtant, je distinguais ses yeux, ses deux pupilles noisettes qui brillaient par l’inquiétude, par une douleur qu’elle seule semblait être en mesure de ressentir. Comme si elle partageait réellement mes souffrances, mes peines. Ce fut un contact visuel perturbant, troublant.

Elle n’osa pas braver les flammes pour déposer sa main contre mon épaule. Elle poursuivit le cours de ses mots. Sa voix n’était plus que le murmure de ce qu’elle était auparavant. « Si tu ne t’en sens pas encore capable, ne te force pas. Si tu ne désires pas que ton histoire soit connue, dis-le nous. Mais sache qu’ici, personne n’essayera de te juger. » Elle marqua une courte pause. « Peu importe ce que tu as été. L’important, c’est ce que tu es maintenant. » La jeune fille esquissa un sourire, si peu confiante. Ses iris bruns n’auront jamais été aussi étincelants. « Tu me fais confiance pas vrai? » Je pris une grande inspiration, calmai le feu qui hurlait contre mon corps. Soudainement, je ressentis une immense fatigue, un épuisement de devoir toujours jouer à ce jeu avec elle. Je me fatiguai seul à créer des barrières que je n’avais nullement besoin. Je me refermais sur des sujets que j’aurais pu laisser ouvert. Je lâchai un rire bref, méprisant, sans joie. Depuis si longtemps que j’avais surpassé le seuil du pathétique... J’avais l’impression de devenir, peu à peu, comme …lui… Il était peut-être temps que je me reprenne, gagne la confiance que j’avais perdue. « Ça va, ça va. », murmurai-je, les dents serrées. Je plantai mes iris rouge dans les gris orageux de Lysis. Je pouvais distinguer le vent soufflé aux creux de ses pupilles, aussi calme et paisible qu’une brise de printemps. Je me sentis, progressivement, apaisé par la lenteur de ce souffle. « Y’a pas grand-chose à dire sur ma famille. Elle n’était ni importe, ni influente. Plutôt pauvre, du genre qui vit dans des bas-quartiers. »

Je marquai une légère pause, hésitant. Les situations de ma famille ne devaient en aucun cas l’intéresser. Pourquoi perdais-je mon temps avec ces détails, contournant inlassablement le plus important, les mots que l’Esprit Élémentaire voulait sans doute entendre? Mais comment pouvais-je faire? Comment pouvais-je lui avouer que j’avais été un Magicien, que j’avais grandi entourer par un Sorcier et une Mage blanche dont les visions pour mon avenir se contrastait comme le jour et la nuit? Que l’un me détestait, que l’autre m’avait aimé avant… l’accident? J’avais appartenu à une race si détestée par les Elémentals, haïe, méprisée. Comment réagirait-elle en apprenant la vérité sur que j’étais que j’en étais venu à moi-même détesté? Mais, avec les difficultés qui s’opposaient devant moi quant à mes tentatives pour essayer de la cerner, comment pouvais-je prévoir réellement ses réactions? Pourtant, je n’avais plus rien à perdre, plus rien à regretter. Depuis si longtemps, trop longtemps. « Mes parents s’aimaient je suppose. Mais ils se disputaient si souvent à cause de moi, c’était insupportable. » J’haussai les épaules, comme pour me convaincre que ce n’était pas une si grande tragédie, que les problèmes ne m’atteignaient plus. Mes yeux vinrent se perdre à l’horizon.  « J’sais toujours pas pourquoi mon père s’amusait à me faire souffrir et qu’il me détestant autant, mais, un jour, j’en ai eu marre de lui et j’ai craqué. » Je revoyais tout. Les flammes, ma mère qui criait, hurlait à plein poumons d’arrêter cette folie avant qu’il ne soit trop tard. Nous ne l’avions même pas écouté. Mon sourire sans joie s’élargit, plus triste, désespéré. « Ça c’est mal terminé.  Il m’a lancé sa magie noire et je suis tombé dans l’incendie de notre baraque. » Je baissai les yeux, avant de les relever dans ceux de l’Esprit Élémentaire qui n’avait toujours pas dit un mot. « …Vous connaissez la suite j’suppose. » Évidemment. Toutes ces sensations que notre corps se déchire, brûle, se réduit en cendres dans mon cas. Que la mort s’avance si près de nous, trop près. Qu’elle nous guette dans un coin sombre sans toutefois faucher notre âme. Puis, il y avait la perte de contrôle, ce manque de maîtrise de ces nouveaux pouvoirs qui hurlent, se libèrent pour tout détruire alors que nous gisions contre le sol, inconscient.

Un frisson descendit la courbe de mon dos. « Après ça, ma mère, en bien bonne Mage, a décidé de m’abandonner. Elle a préféré courir après le fantôme de mon père, après ce fichu Sorcier. Tout d’un coup, je n’avais plus d’importance à ses yeux. Je n’valais pas plus qu’un tas de m*rde. » L’Ange s’approcha, ouvrit la bouche pour parler. Mais je l’interrompis avant qu’elle puisse enchaîner quoi que ce soit. « Maintenant, je n’ai qu’une ambition : la vengeance. » Je ne lui avais pas tout fourni dans les moindres détails mais, c’était amplement suffisant. « Assez prévisible non? » Mes iris brillaient d’une lueur indescriptible. « Si j’vais pas à l’ÉEA, c’est parce que je n’en ai pas besoin pour accomplir mon objectif. » - « Mais que feras-tu une fois cette vengeance accomplie? » C’était bien là le problème. « Je ne savais pas que tu m’encouragerais sur cette voie. » J’haussai les épaules. « Mais je n’en sais rien. » - « Je ne t’encourage pas à recourir à ces méthodes. », se justifia-t-elle en fronçant les sourcils. « Ce n’était qu’une simple question pour connaître tes futures intentions. » - « Désolé de te décevoir. » Je ne souhaitais pas retourner à ma vie de Magicien. Trop d’événements, trop de changements s’étaient produits depuis. Je ne me sentais simplement pas capable d’accomplir une telle prouesse sans continuellement ressentir une pointe de ressentiment envers mes semblables. J’avais atteint une pente de non-retour mais, que ferais-je une fois que le chemin se séparerait en deux? Je n’en savais toujours rien, je l’ignorais. Mais je refusais de regarder tout ce qui se tendait devant mes yeux, marchant comme un pauvre aveugle sur une route escarpée.

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