Kohei était vraisemblablement sur la défensive, un peu comme s’il n’était pas responsable de ses faits et gestes, pas capable de résister à tout ce qui lui passait par la tête. Le problème était pourtant ailleurs, car l’Alfar ne savait pas se retenir, vraiment pas même… après tout, il avait beau tout détourné pour arriver à son but, c’était exactement la même chose… il arrivait à avoir ce qu’il désirait… par caprice, par manipulation peu importait.  Je me méfiais nécessairement de lui, je n’oubliais pas qu’il était comme moi.

Mon regard restait fixé sur le sien, j’attendais de pied ferme des explications, et je ne me laissais pas distraire par l’affaire qui nous avait conduits ici : « Qu’il soit parti ou pas ne change rien, il croit dur comme fer qu’il a tué l’agresseur de sa femme… C’est la seule chose qui importe maintenant, il ne reviendra plus. » La vengeance de cette femme faite, il n’avait plus aucune raison de rester dans les environs, sans doute se tuerait il lui-même d’ailleurs.

Je pensais un instant à Léto. Sans doute l’aurais-je vengé aussi, mais après ? Qu’aurais je fais ? D’ailleurs, que faisais-je avec Kohei à présent ? Nous avions toujours prôné la liberté, mais est-ce qu’avoir une autre aventure qu’elle en faisait partie ? Étais-je libre d’être attiré par quelqu’un d’autre, pire, avais-je le droit d’aller aussi loin qu’avec elle ? Revenant à la réalité, laissant mes réflexions au vent, je me reconcentrai sur l’Alfar.

La suite de sa phrase me fit lever les yeux au ciel, exaspéré par son attitude. Si ses caprices étaient le résultat d’une indigestion, mon cannibalisme aussi, et on pouvait y rajouter tous mes méfaits ! « Kohei… s’il te plait… » Fis-je en passant la main sur mon visage, continuant de souffler. Je n’étais pourtant pas au bout de mes peines, car son autre prit la parole pour revenir sur ses dires, pour pouvoir les compléter, mieux expliciter… J’avais déjà compris en réalité, et c’est avec une certaine résistance que j’accueillis ses gestes.

En réalité, je ne le nier pas, j’acceptai l’amour facilement… trop facilement même, et je n’arrivais pas à repousser les marques d’affection quand celle-ci était réciproque. J’espérai au fond de moi qu’il me rejette, car je ne le pouvais simplement pas. Un manque grandissant, créant aujourd’hui un homme plein de failles. « Non, je ne sais pas vraiment ce que ça implique… » Vraiment pas même, il y avait une attirance mutuelle, et la seule chose que cela impliquait c’était qu’il fallait maintenant briser la gêne qui s’était installée… car visiblement Kohei ne comptait pas s’arrêter là, et moi je pensais à ma relation avec Léto, qui impliquait sans doute qu’au moins une des deux parties sache la vérité. Un bref instant, je me demandais de quels écarts il faisait allusion, ceci ou les autres, peut être les deux. Sa main se posa sur ma hanche, et au vu de la tendresse dont il ne faisait pas preuve, je m’apprêtai à souffrir une nouvelle fois au niveau de mes côtes. Pourtant, je me laissais faire, et mon visage ne reflétait que vaguement une gêne passagère, qui s’envolait à la minute même où mon dos toucha le tronc d’un arbre.

Malheureusement, Kohei était un homme adepte de la fuite. A courir dans cette forêt, l’homme avait naturellement détalé vers la tombe de sa femme, nous rappelant pourquoi nous étions ici. « Mmmh » fis-je simplement en l’écoutant. Pour moi, l’histoire était close, mais s’en cesse nous retombions dessus, comme si rien n’avait de fin. L’homme était partie vengé, tuant e meurtrier, ou du moins il y croyait et c’est la seule chose qui comptait. Il n’avait aucune raison de revenir, ou même d’en tuer d’autre. Prenant alors le contrôle de la situation, frustrer de ne voir rien se conclure, je ramenais Kohei à toi : « Tu comptes t’arrêter même quand il n’y a plus rien ? » Donnant un coup de talon sur la pierre, je continuais : « Elle est morte, je suis bien vivant moi en revanche. » Mes lèvres happèrent son cou avant que son dos ne se cogne à un tronc. Mes yeux plongèrent dans les siens, des yeux sombres, cherchant en lui quelques choses qui me diraient qu’il n’est pas d’accord, pas prêt. D’un souffle, frôlant ses lèvres, je murmurais : « Vivant, et déjà avec quelqu’un d’autre. » Mes lèvres sur les siennes fut comme une délivrance, tant de frustration depuis le début fit resurgir la bête, que je t’entais de contrôler. Il ne fallait pas que je le morde, ou pire, que je le dévore. Ce n’était pas le moment, pas encore du moins. Pour le moment, je tentais de me contrôler, tant le monstre avait d’emprise sur moi. Mes doigts c’étaient sérés autours de son col à ne plus pouvoir les enlever, et je commencer déjà à mordre le peu de peau qu’il m’offrait. Avant même que je me perde moi-même, je décidai de me décoller doucement de lui : « Nous n’avons plus rien à faire dans cette forêt… rentrons à Drosera. » Je tentais d’apaiser ma respiration, mais celle-ci se refusa à redevenir calme. Aujourd’hui, tout avait été mouvementé.

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