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 On n'est pas sortis du bois - Quête Lûth [solo]

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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 838
◈ YinYanisé(e) le : 27/08/2014
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◈ Activité : Stratège
Ezechyel
Jeu 05 Mar 2015, 19:11

    « Vous savez la nouvelle? Y a des forains qui viennent faire un tour. » D’un unique mouvement, les hommes déposèrent leur chope gorgées d’hydromel sur la table, en parfaite synchronisation. Le silence s’installa rapidement sur le groupe, dont l’attention fut attirée par les paroles de leur camarade. Celui-ci éclata de rire, quelques secondes après qu’il eut dévisagé les expressions sombres et ahuries de ses amis. Quelle réaction immédiate! Amusante même, de son point de vue. La synchronisation de leurs gestes semblaient s’avoir été pratiqués des années durant, comme une habitude que ces villageois avaient adoptés à chaque mention du mot « forain » qu’ils entendaient. Leur réputation les avaient bien précéder. Personne de les aimait dans le coin. « Encore eux? Quels genres de conneries commettront-ils cette fois? » C’était le premier homme qui exprimait librement son opinion quant à la venue de ses fêtards, semeur de bordel lors de leur passage dans la région. Quoi qu’il en soit, l’aveu de cet amateur d’alcool convainquit l’un de ses potes à râler, lui aussi, à son tour. « Qui sait? Ils n’en sont pas encore à leur meilleur succès. Peut-être parviendront-ils à atteindre un record cette année? » Son commentaire engendra un fou rire parmi la tablée. Des dizaines de verres se levèrent en l’honneur de cette plaisanterie. Qui n’en était pas vraiment une aux yeux de tous. Particulièrement de ce gars… Oui, ce type haut comme trois pommes aux yeux émeraude là. Quoi qu’il en soit, cette réaction à son commentaire ne fut pas, d’ailleurs, étrangère à ce petit sourire qui s’étirait sur les lèvres de ce grand et admirable – notez un peu le sarcasme je vous prie – comique.

    « Se mettre à dos les Alfars de Drosera? », tenta l’un des hommes. « Ou des bêtes sauvages? », renchérit un second. « Peut-être qu’ils attireront la colère des fantômes de la Forêt des Murmures? » plaisanta notre humoriste, toujours prisonnier de sa fierté d’être parvenu à amuser le groupe. Un rire gras quitta la gorge de l’un des hommes, un barbu grisonnant aux allures de vieux clochard avec une haleine des plus… Pouah! Ajouter à ça l’odeur de l’alcool et vous déteniez une recette parfaite pour vomir, dans la ferme intention de se foutre de la tronche de son pote. « Tu crois encore aux histoire de fantôme p’tit gars? Ridicule. » Le reste de la bande l’accompagna dans son délire. La mine du comique s’assombrit légèrement, vexé par la réplique de son camarade au sourire jauni – un spectacle magnifique quoi – jusqu’à l’interruption d’un autre homme, dont le fou rire occasionna des petits… postillons dans la figure du type, qui n’eut pas l’air de s’en rendre compte. « Bah, on sait jamais! Ça pourrait être suffisant à stupides forains pour courir jusqu’aux jupons de leur mère en pleurant. Ça leur donnerait une raison de plus pour ne plus jamais revenir. » À regarder la tête de ces gars, ils étaient tous en accord avec lui. Le clochard du groupe – ouais, je sais bien qu’un homme pouilleux avec des vêtements crasseux qui puait n’était pas forcément un clochard… non, laissez. Je rigole. Ce surnom lui allait à merveille! J’ai rien dit – proposa une autre (stupide) hypothèse sur le genre de con*erie que ces forains pouvaient bien commettre. « Avec un peu de chance, ils réussiront sans doute à flamber cette maudite forêt pour de bon! »

    Des éclats de rire gras accompagnèrent sa réplique, ainsi qu’un petit sourire suffisant tout à fait horrible à voir au travers de cette barbe hirsute sur le visage de cet homme. Répugnant. Totalement dégueulasse. D’ailleurs, tout ce groupe d’imbécile alcoolique était pathétique à voir. Je voulais dire, allez quand même! Je méritais que mes yeux se posent sur quelque chose de plus beau, de plus magnifique, de plus séduisant, de plus attirant et de plus… féminin. Mes yeux s’écarquillèrent lorsque mon regard croisa celui – euh… on va dire son masque. C’était un terme plus approprié que « regard », je devais le dire – d’une petite femme assez bien roulée, installée sur la table voisine. En quelques secondes, elle venait de capter toute mon attention. « Ah! Ça serait génial, en effet. Pour une fois que ces maudits forains auraient l’occasion de faire quelque chose de bien. Ça ferait changement! » Ces hommes n’avaient pas finis avec ces rires de… de gorille en train de se faire noyer par de jolies Sirènes? La jeune femme pivota légèrement la tête. Ses cheveux bleus bougèrent à un rythme… délectant. Trois secondes plus tard, j’avais oublié toutes mes plaintes à propos du groupe bruyant et ennuyeux. Après tout, quand il y avait une femme sur laquelle mes yeux pouvaient se poser toute la journée, en comparaison à ces ivrognes mal famés, pourquoi irais-je me plaindre?

    C’était la créature la plus belle d’entre toutes – ouais bon, d’un autre côté, c’était l’unique cliente féminine dans le coin (mis à part la propriétaire) mais elle, je ne pouvais simplement pas la comparer à cette espèce de… d’armoire à glace sans la moindre grâce, bourrue et sauvage. « Ça te plaît le monde des rêves le p’tit? » Un visage hirsute à la barbe mêlée et couverte de saletés, accompagné d’un répugnant sourire jaune, s’interposa soudainement à la douce vision de la charmante demoiselle aux oreilles pointues ainsi qu’à la peau de bronze. Je poussai un cri, horrifié par l’image sortie tout droit d’un de mes pires cauchemars – au secours, que quelqu’un me vienne en aide! - et tombai à la renverse, piles sur le dos. Aïe… ça faisait un mal de chien. Des forts éclats de rire suivirent rapidement ma chute, orchestré par cette bande de con*ard sans le moindre honneur – je vous l’avais dit que ça faisait sacrément mal? Mais put*i*, j’ai mal au cul maintenant! – jusqu’à l’arrivée céleste de la jolie jeune femme, tel un magnifique Ange descendu gracieusement de la pureté et de la magnificence des nuages blanc du Paradis. Aussi divine que son apparence, elle accourait vers ma carcasse à moitié assommée, son masque miroitant sous les lumières angéliques de l’inquiétude. Je pense que j’étais en train de déconner un peu là. Mais à bien y réfléchir, ce n’était pas très grave. Alors qu’elle me demandait de lui décrire mon état, je lui répondis : « Avai bean ouah…» Sa beauté divine m’empêchait de parler correctement. Croyant certainement avoir à faire aux conséquences de ma chute, – Ah! Au moins, elle ne me prenait pas pour un déséquilibré mental. J’avais peut-être encore une chance de conquérir son cœur, non! Son âme! – la jeune femme s’en prit aussitôt à la bande d’ivrognes.

    « N’avez-vous pas honte de vos actes débiles et irréfléchis? Regardez-le, le pauvre! Il n’est même plus en mesure de parler. » Face à un minois aussi joli et une voix si douce, ces hommes n’eurent pas le courage de la défier. Ils baissèrent immédiatement les yeux, honteux, malgré toutes les quantités d’hydromel ingurgités qui auraient pu les faire déconner. HAHA! Qui est le meilleur hein? QUI EST LE MEILLEUR!? À cause de votre stupidité, c’est à moi que revient la jolie fille. À MOI, songeais-je alors que celle-ci me demandait si j’étais capable de me lever. J’hochai distraitement de la tête, avant de me redresser sur mes jambes, le corps titubant. « Mademoiselle… Êtes-vous un Ange? », posais-je soudainement, la tête tout à fait sérieuse. Elle me fixa en silence, alors que les hommes de la tablée se retenaient visiblement d’éclater de rire. Bah, qu’ils le fassent. Ils sont juste jaloux après tout. C’est moi qui a la meuf. PAS EUX! BANDE DE JALOUX. En gros, c’était aussi une autre manière de dire que je m’en foutais. J’étais trop occupé à déchiffrer, au travers de son masque, l’expression de la femme. De la surprise? De l’ahurissement? Me prenait-elle pour un con? Étrangement, je pencherais plutôt sur la troisième option mais qu’importait ce qu’elle pouvait bien en penser. J’avais toujours la possibilité de rejeter mon commentaire débile sur la faute de ma chute. « Euh… Non. » C’était tout?

    J’étais déçu. Je m’attendais à un peu plus de sa part. Ouais, comme son nom ou sa race, juste histoire de trouver une technique i-n-f-a-i-l-l-i-b-l-e pour la séduire. Peut-être aussi la convaincre de se laisser guider dans une petite auberge pour que nous puissions se louer une chambre, seul, juste tous les deux et… Un sourire idiot s’esquissa sur mes lèvres, simplement en imaginant toutes sortes de scénarios improbables. Mieux vaut croire que pouvoir! Je savais, c’était une citation de m*rde, mais que voulez-vous? J’étais comme ça, j’y pouvais rien. « Ah oui? Pourtant, votre beauté ressemble fortement à celle de ces êtres célestes. Je ne serais guère étonné d’apercevoir de magnifiques ailes blanches dans votre dos. » Pendant que je mettais en application mes techniques de séducteur, de maître séducteur pour être plus exact, sans vouloir me vanter bien entendu, je m’approchai si près de la femme que je pus lui passer un bras autour de ses frêles épaules angéliques, le sourire aux lèvres. Le rouge monta aux joues de la belle femme aux oreilles pointues – ce qu’elle était mignonne et adorable – alors qu’elle me répondait, d’une voix hésitante et bégayante : « Mer… merci. Je suppose. » Elle me repoussa timidement en détournant le regard, accompagnée par quelques éclats de rire de la part de certains de ces ivrognes. « Je… je suis désolée pour… pour vous avoir déranger. Je m’en vais de ce pas. » Elle se précipita, pour ne pas dire courir à toute vitesse comme si l’Empereur des Sorciers était à ses trousses - jusqu’à la sortie, avant de se jeter carrément dehors. « Hé ben p’tit gars. Sacrée démonstration de séducteur. »

    Je ne décelai même pas la part de sarcasme dans sa voix. Après tout, le visage de cette fille était la seule chose à laquelle je pouvais songer. Miracle, ça me permettait presque d’oublier la douleur de mon derrière. « Je sais », lui répondis-je comme si de rien était. Puis, sans la moindre hésitation, je me lançai sur le sillage de la demoiselle, désireux d’atteindre son joli petit cœur. Une beauté pareille, ça ne se jette pas comme un vulgaire déchet. Après tout, sa beauté n’a rien à envier à ce mastodonte qui gère la taverne. Tiens, en parlant de ce gorille féminin. Celle-ci était occupée à faire reluire les comptoirs de son bar, vêtue d’un tablier rose si ridicule qui parvenait presque à lui donner un air mignon. Mais lorsque ses yeux se levèrent soudainement pour me fixer, je rectifiai mes pensées. Avec une tronche pareille, elle n’avait rien d’adorable – même avec ce tablier rose brodé de petits cœurs tout mignon. Je détournai rapidement le regard, il n’y avait rien de plaisant à s’attarder sur ce monstre musclé, et quitta la taverne, le cœur battant.

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Ezechyel
Jeu 05 Mar 2015, 19:23

    Je manquai de trébucher sur un con*ard, qui avait sans doute cru que c’était une bonne idée de s’assoir sur le perron, histoire que tous ceux qui sortiraient de cette taverne sale et graisseuse puissent bien se GAMELER et manger une bonne tonne de poussière et de saletés, dès que je mis le pied à l’extérieur. « Mais ça va pas la tête? T’es débile ou tu le fais exprès? Pousses-toi de là con*ard! Tu bloques le chemin imbécile! » Je m’interrompis soudainement. Je venais tout juste de remarquer que cet imbécile, et bien… c’était la fille que j’essayais de draguer. LA HONTE! « Err… Veuillez pardonner mon impolitesse. Nul n’était dans mes intentions d’être si rude envers vous mademoiselle. » La jeune femme leva les yeux, avant de les rebaisser aussitôt. « Non… vous ne me devez aucune excuse. C’est… c’est entièrement de ma faute si vous avez failli trébucher. » Elle se releva en époussetant ses vêtements noirs. Gentille qui plus est. Avec une fille pareille, j’ai toutes mes chances de mon côté. Sans compter aussi mes talents de séducteur et mon charisme naturel bien entendu. … … … Quoi? Qu’est-ce qu’il y avait? Ouais, je savais, je savais. J’embellissais sans doute un peu trop la réalité mais c’était croire en ses rêves, c’était bien aussi non? Alors, vous pouviez vous gardez vos commentaires désagréables pour vous, merci. Ou vous les foutre là où je le pensais, mais ça restait à votre discrétion. « … Lûth. » Étourdi par le flot de mes pensées, je ne m’étais même pas rendu compte que cette création divine aux oreilles sylvestres m’adressait la parole. Honte à moi, pour la deuxième fois. Cependant, il n’était jamais trop tard pour réparer mes erreurs. Si, si, je vous le jurais. Je la détenais entre mes mains, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’elle décide de se jeter dans mes bras pour m’offrir un baiser plus torride que la chaleur du Volcan Ardent lui-même. Parole de l’expert, vous pouviez me croire!

    « Je suis profondément désolé, mais je crains ne pas avoir été en mesure de saisir l’entièreté de vos douces et agréables paroles. » Peut-être me considérait-elle comme un impoli. Peut-être songeait-elle que j’étais un homme stupide et débile qui lui faisait perdre son temps, mais qu’avais-je réellement à foutre de ça? C’était un Ange, mon Ange. Nous étions destinés à finir nos jours ensemble. Nos cœurs étaient liés l’un à l’autre, attaché par un amour profond, mystérieux, torride… réel! Qu’importait les erreurs du présent. Elle me les pardonnerait. Notre amour nous offrait la possibilité d’oublier les lacunes de notre prochain et de vivre une relation passionnée qui dépassait même la compréhension des... « J’ai dit : Vous pouvez cesser de m’appeler mademoiselle. Je m’appelle Lûth. Cela me satisfait pleinement. » J’haussai un sourcil, étonné. Comme ça, cette charmante demoisel… err, Lûth, souhaitait que je l’appelle par son prénom? Que c’est mignon! Elle me facilite assez bien la tâche. Je lui tendis la main, tout en affichant mon sourire le plus charmant. Il marchait bien avec des petites famines, alors pourquoi pas avec elle? Je lui dis alors, de ma voix mielleuse : « Quel rustre personnage suis-je donc : Oublier de me présenter à une femme aussi ravissante que vous témoigne de l’attraction de votre beauté. Elle surpasse même mes bonnes manières! » OK, je l’avouais. Ma voix n’était pas du tout mielleuse mais quand même. C’était comme ça que je l’imaginais et c’était tout ce qui m’importait. « Je me nomme Chayns. Ravi de vous rencontrer, ma très chère Lûth. »

    Je fis une légère révérence devant elle, durant laquelle j’en profitai pour lui déposer un baiser sur le dessus de sa main. « Comme les chaînes de l’amour éternel qui nous lient l’un à l’autre, chère âme-sœur, je vous promets de mettre à disposition tous mes talents pour vous protéger des dangers de ces lieux. » J’abusais là. Carrément. Un peu trop même. La jeune femme me repoussa, déconcerté par mes paroles. « Que… que dites-vous? Cessez immédiatement de profaner ce type de discours en ma présence. » Elle rougissait. Mais elle rougissait à fond! Donc, dans un sens, ça ne lui avait pas complètement déplu. HAHA! J’avais raison. Totalement raison. Nous étions faits l’un pour l’autre. Mon instinct de professionnel amoureux ne se trompait jamais. « Ne soyez pas timide. Il est inutile de cacher ses sentiments puisque je sais que vous les ressentez. Embrassez-moi et tous vos doutes s’envoleront. » Une seconde. Deux secondes. Trois secondes et elle ne m’avait toujours pas giflé. Génial. C’était dans la poche. Un vrai jeu d’enfant. Qui l’aurait cru? Qui aurait pu deviner qu’une simple chute d’un banc à l’intérieur d’une taverne mal foutue aurait orchestré une pareille rencontre du Destin? Je flottais sur un nuage de sérénité, bien trop heureux pour parvenir à brimer ce sourire con de mon visage. Après tout, dans l’art de la séduction, le sourire était trèèès important, mais dans le cas où je me trouvais devant mon âme-sœur, ça importait peu. « Mais tu n’as pas honte de demander une telle chose à une femme que tu connais à peine? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez-toi? Qu’est-ce qui te fait croire que je t’aime? Le coup que tu t’es pris à la taverne t’as monté à la tête? »

    Alors, elle décidait de passer du vouvoiement au tutoiement? Quelle évolution! Notre relation avançait plus rapidement que mes prédictions. Mon stupide sourire s’élargit davantage. J’étais devenu sourd à la dureté de ses paroles et aveugle à la froideur de son visage. Je nageais en plein bonheur. Bonheur stupide et imbécile, certes, mais qui demeurait quand même de la joie. C’était ça le plus important non? « Vous souhaitez déjà me tutoyer malgré la fraîcheur de notre rencontre? Alors soit. Si je peux me le permettre, j’emploierai désormais le « tu » en votre noble présence. » Ma douce moitié crispa la mâchoire. « Tu es…» Telle une horrible tâche noire sur une peinture d’argent, elle se fit interrompre par l’arrivée inattendue d’un drôle de bonhomme au visage rouge et enduit d’une bonne couche de sueur qui faisait reluire son crâne dégarni. Avec ces accoutrements extravagants et colorés ainsi que son ventre bedonnant, il ressemblait fortement à un personnage tout droit sorti d’un livre de fantaisie, hors contexte parmi le décor, les habitants du coin et… Mais à quoi étais-je en train de penser? On s’en foutait bien qu’il soit un étranger! Ne remarquait-il pas que nous étions au cœur de notre romance, Lûth et moi? Mon vissage s’assombrit, dégoûté. « Huff… huff… Besoin, huff… d’aide… huff… huff…» Pauvre petit monsieur! Il était si essoufflé qu’il peinait à parler! Pauvre chou!

    … Bon, trêve sarcasme pour aujourd’hui. Je ne le laisserais jamais s’interposer entre moi et une femme. Ou plutôt, moi et mon amour inconditionné pour cette demoiselle masquée. « Reprenez votre souffle. Il est inutile de vous forcer ainsi. » Décidément, la gentillesse de ma petite Lûth réduisait mon cœur en million de petits colibris. C’était trop adorable. « Lorsque nous aurons des enfants, je compte sur toi pour leur inculquer ce brave et généreux esprit que tu possèdes. » Elle ne prit pas la peine de répondre à ma réplique. Alors, je préférai considérer son silence comme un oui. Quoi qu’il en soit, au bout de plusieurs minutes à haleter comme un cabot déshydraté, M. Grosse-bedaine – j’adorais ce surnom. J’étais capable de m’impressionner moi-même - finit par réussir à construire des phrases compréhensives pour tous, en essuyant son visage couvert de sueur avec un joli mouchoir mauve, sorti de ces poches. « Je vous en supplie, non, je vous en conjure. Aidez-moi! » Il marqua une toute petite pause, avant de s’embarquer dans un discours à débit rapide, aussi aigu que les cris d’une pauvre souris. C’est presque amusant. Mais ça fait un peu honte aux souris quand même. « Ma précieuse femme à barbe, mon lion royal, ma féroce harpie et mon puissant homme-baleine. Tous! Ils ont tous disparus! Je ne parviens pas à les retrouver. Cette maudite bête a terrorisé mes pauvres enfants. Malédiction! Ils se sont dispersés dans la Forêt des Murmures et... et... J’ai tenté de leur demander de l’aide, mais ces ingrats villageois m’ont ignoré! N’ont-ils donc aucune pitié pour un homme comme moi? Déplorable. Leur attitude est peu digne de toutes les valeurs humaines! Sales mécréants. Passer leur vie dans un village au bord de l’abandon les rendus sourds et aveugles aux politesses d’usage! »

    Décidément, nous avions à faire à un énorme moulin à paroles sur patte qui en avait gros sur le cœur. Quoi qu’il soi, c’était assez bizarre non? Comment c’était-il entrepris pour enfanter une femme à barbe? Et un lion? Puis une harpie? Pour l’homme baleine je pouvais comprendre – j’étais qu’un gros méchant malpoli, je savais, je savais. Mais regardez son ventre. Ne me dites pas que vous n’y aviez pas pensé quand même. Bon, peut-être que ce n’était qu’une… qu’une appellation intime pour désigner ses enfants, des surnoms quoi, mais restait que ça demeurait assez étrange. Je n’avais pas d’explication sur la femme à barbe – peut-être que sa fille en possédait réellement une, qui sait? – mais pour le lion et la harpie, ces surnoms n’étaient sans doute pas étrangers aux personnalités respectives de ses deux gamins. Hum… « Donc, il ne reste que vous. Vous êtes mes derniers espoirs. Je… je vous en prie. Aidez-moi à les retrouver Je… j’ignore ce que je ferais sans eux. » Il avait peut-être foutu en l’air mon moment entre amoureux, mais ce n’était pas vraiment mon genre de refuser d’aider ceux qui en avait besoin. Après tout, il nous avait quand même SUPPLIÉS de lui prêter main-forte. Dans ces conditions, je me voyais très mal décliner son offre. « Tu peux compter sur moi! » s’exclamâmes ma douce Alfar bronzée – je n’avais fichtrement aucune idée sur sa race, mais allez. Les oreilles pointues, le teint foncé? Pour moi, c’était une Alfar – et moi-même en chœur.

    Nos regards se croisèrent, aussi surpris l’un que l’autre sur le manque total d’hésitation dans la voix de notre prochain. Mais nos âmes sont liées après tout. C’est normal de partager certains traits communs avec elle. Comme la jeune femme conservait le silence d’ailleurs, je me permis de parler en nos deux noms. « Laissez-nous faire! Nous ramènerons vos enfants en moins de deux. » Je m’interrompis avant de jeter un regard en biais sur M. Grosse-bedaine. J’étais incapable de garder ce commentaire pour moi plus longtemps. « Alors, votre fille… elle en a vraiment une? Une barbe je veux dire. » Lûth m’envoya un coup de coude dans les côtés pour que je puisse me la fermer. Cependant, il était trop tard. Je l’avais déjà envoyé. « Ma fille? Une barbe? Quelles sont ces sornettes? Je n’ai pas de fille, encore moins des enfants. Je vous demande simplement de retrouver mes compagnons de cirque pour poursuivre mes spectacles avec ma troupe. » C’était donc ça! Il n’avait jamais fait mention de ces enfants tout au long de son papotage. Oups… Encore une fois, j’avais complètement gaffé.

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Ezechyel
Jeu 05 Mar 2015, 19:35

    « Mais quel idiot! Ne me dit pas que tu as cru que le lion, la harpie et l’homme-baleine étaient aussi de simples surnoms pour enfants? », me chuchota Lûth à l’oreille. « Non, bien sûr que non. Pourquoi aurais-je pensé ainsi? C’était tellement évident. » Je me sentais tout petit, et ce n’était pas une impression, croyez-moi. J’étais déjà assez minuscule comme ça – et incroyablement stupide. À vrai dire, les raisonnements logiques n’étaient pas vraiment mon fort donc… « Veuillez nous excuser pour ce malentendu. Ce n’était pas dans nos intentions de vous offensez. Nous nous mettrons en route à l’instant même où vous nous donnerez davantage de détails sur votre problème. » M. Grosse-bedaine soupira et, lorsque ses yeux sombres se levèrent sur nous, je crus y apercevoir une certaine gêne en leur centre. « À vrai dire… J’ai oublié de vous préciser que mes compagnons ne sont pas très obéissants. Ils risqueraient fortement de vous causer quelques soucis majeurs pour les ramener. » Ah oui? C’était vrai? « Ne craignez rien M. Grosse-beda… err, M. le forain. Nous trouverons un moyen de ramener leurs fesses jusqu’à vous! » Un semblant de sourire s’afficha sur les lèvres de l’extravagant personnage. « Veuillez m’appelez M. Loyal. » Visiblement, il n’avait pas noté mon erreur. Ouf! Ça m’éviterait un second coup de la part de ma bien-aimée. « Cependant, je connais une méthode plus rapide et simple pour les guider en dehors de ces bois maudits. » Ce fut au tour de la charmante femme de prendre la parole. « Ah oui, lequel? » Il eut une courte période de silence durant laquelle nous nous toisâmes à tour de rôle. « Amenez-moi avec vous. » … … Quoi? « C’est une plaisanterie? Parce que si c’est le cas, elle n’est pas drôle. » Mais la tête de cet homme était tout ce qu’il y avait de plus sérieux.

    Attendez, il ne rigolait pas? Il comptait vraiment venir avec nous? « Je suis le seul qu’ils écouteront sans causer le moindre ennui. Au départ, j’avais pour intention d’y aller seul mais… c’est de la Forêt des Murmures dont il est question. » Ah, donc, il savait pour la Forêt… et il voulait nous accompagner malgré ça? Avec cette énorme bedaine? Je le jugeais souvent par sa grosseur et son surpoids évident, je le savais. Cependant, peut-être que je me trompais. Peut-être que, derrière cette grande couche de graisse se cachait un homme agile doté d’une agilité insoupçonnée, semblable à la grâce hypnotique des Elfes et… Non, sérieusement? Même avec ces grands mots de poète, je n’arrivais pas à me faire à cette idée. C’était trop… Non, juste non. « Vous vous croyez sérieusement capable de survivre dans un environnement pareil avec… votre gros ventre? » Cette fois-ci, j’étais entièrement préparé. J’esquivai le coup de coude de Lûth – désolé ma belle, une autre fois peut-être – et ajoutai rapidement : « Sans vouloir vous vexez hein. » L’homme des forains me lança un regard noir de sens. Celui-là, je le méritais un peu. Je l’avais ouvertement traité de gros, il gagnait le point. Par la suite, l’homme rétorqua : « Qu’importe les arguments que vous disposez, jeune homme, je ne reviens jamais sur ma parole. » Nous avions à faire à un petit têtu – chauve qui plus est, mais ça, on s’en foutait – bien déterminé à ne pas lâcher son gros os. Tant pis, nous allions devoir négocier avec. Je ne voulais pas perdre une minute de plus, surtout en sachant que j’avais hâte à mon rendez-vous avec ma copine mais, ça aussi, on s’en foutait. « … C’est d’accord. À quelques conditions près. » Et, par la grâce des Aether, il avait intérêt à les respecter. « Un : Ne vous éloigner en aucun cas de nous… mais ne restez pas trop proche aussi hein. Deux : Lorsque vous apercevrez une bestiole de n’importe quel genre, prévenez-nous. Et trois : Évitez de foutre n’importe quoi, OK? Rien de stupide. »

    Ce conseil pouvait tout aussi bien s’appliquer à moi – la stupidité et moi ne faisions qu’un – mais il était inutile qu’il le sache. Je jetai un coup d’œil à Lûth, pour être sûr qu’elle approuvait mes conditions – j’avais besoin de l’avis d’un petit malin, histoire de ne rien foutre en l’air. Celle-ci hocha de la tête, tandis que M. Grosse-bedaine acceptait mécaniquement les ordres. Sur ce, nous nous barrâmes tous les trois dans la Forêt des Murmures. La chasse aux bêtes de foire – en amoureux qui plus est! Avec sa petite tâche sur le tableau, mais on s’en foutait! – venait officiellement de commencer.
    « Huff… huff… Prenons donc une petite pause, je suis fatigué. » Encore? Mais il en n’avait pas marre à la fin? Depuis le commencement de notre excursion, qui avait débuté y a genre… à peine une demi-heure?!, M. Grosse-bedaine avait déjà demandé trois arrêts. Pas un, pas deux mais bel et bien trois. TROIS BORDEL! En à peine trente put*i* de minutes! J’avais senti que cet homme ne ferait que nous retarder, – bouger son gros ventre devait à lui seul gruger la moitié de son énergie – qu’il ne serait qu’un sale poids encombrant que nous serions obligés de se coltiner pendant encore DEUX bons jours s’il ne décidait pas de mettre un peu du sien ainsi que d’éviter de demander une quinzaine de pauses à chaque deux ou une minutes. Je poussai un soupir. Comment ma bien-aimée parvenait-elle à conserver un tel sang-froid? Je l’enviais drôlement. Pour elle, ce voyage représentait sans doute qu’une petite quête inoffensive et toute mignonne – presque comme une ballade dans les bois – mais, de mon point de vue, c’était un foutu cauchemar.

    Le genre de rêve dans lequel tu souhaites te réveiller, mais dont il est impossible à sortir parce que… et bien, c’était la réalité quoi! Mais pas toi Lûth. Tu es une magnifique femme à séduire tirée du rêve le plus doux et le plus merveilleux qui soit. « Je crains que, cette fois-ci, je dois refuser votre proposition. Nous perdons trop de temps. Les chances de retrouver vos camarades de cirque s’amoindrissent à chaque seconde. Dois-je vous rappeler qu’il s’agit de la Forêt des Murmures? » L’homme d’âge mûr semblait sur le point de répliquer, mais il finit par se taire et poursuivre son chemin, malgré la rougeur de son visage, témoin de son épuisement causé par ses efforts. Wow… incroyable. Ma précieuse petite Alfar était parvenue à convaincre ce borné de continuer? Intéressant. Juste avec ça, elle méritait mon respect total. Je ne m’en attendais pas moins de la part de ma future épouse. « C’était… incroyable. Tu gères la fougère! Bien joué. » Elle poussa un soupir las. « Mais nous ne sommes pas encore sortis d’affaire. Ce n’est que le début, tu vas voir. » Nous continuâmes à marcher, écartant les branches qui se dressaient sur notre route, en suivant les chemins tracés sur le sol. Selon Lûth, les suivre ne nous mènerait pas à grand-chose, mais qu’il n’était pas totalement stupide d’emprunter. « Juste au cas où. », nous avait-elle répondu de sa voix mélodieuse. Quoi qu’il en soit, nous nous promenions, tranquille-tranquille, dans la Forêt des Murmures sans que rien ne se produise jusqu’à ce que nous tombions sur… ça. « Pff… Bois maudits mon cul! » J’avais besoin de m’exprimer, c’était tout. Inutile de me juger. « C’est complètement désert depuis que nous sommes…»

    Ma phrase se fit coupé par le retentissement soudain d’un rugissement, mêlé à des bruits trop… bizarres pour être décrit, qui ressemblait à des « Pssis » qui ne voulaient rien dire et les hurlements d’une femme. Mais qu’est-ce que c’était que ce bordel? M. Grosse-bedaine s’avança sans crier gare à la tête du groupe, les yeux perlant larmes, qu’il tentait d’essuyer – sans grand succès cependant. « Ce… ce sont eux… Oui, c’est bien eux. » Qu’est-ce qu’il nous racontait ce débile? Et puis, pourquoi était-il en train de chialer? J’imagine que ce ne sont pas les hormones quand même… « Qui sont-ils? Vous reconnaissez ces cris? », lui demanda poliment Lûth, un mince sourire sur le visage. L’homme aux formes arrondis la ramassa par les épaules – Hé! Pas touche, elle était à moi. Attends ton tour, sale obsédé! – et commença à la secouer avec ce sourire… Je ne savais pas trop comment je devais le surnommer maintenant, mais ça me foutait les jetons. « Ils… ils sont là! Mes… mes enfants! » Il relâcha brusquement ma divine Alfar, qui manqua d’écraser sur le sol. Sans mes instincts rapides et agiles, – et ma galanterie digne du plus grand homme qui sauvait sa bien-aimée des griffes de l’infâme forain prit soudainement de folie – sa tête se serait fracassé contre les tranchantes pierres de la terre. « Ne t’inquiètes point, ma très chère Lûth. Ton plus dévoué serviteur Chayns est toujours là pour t’aider. » Je lui offris une nouvelle fois mon sourire de tombeur de femme, alors que la jeune Alfar se remettait peu à peu sur ses pieds. Sa tête pivota dans ma direction. « Merci pour ton aide… en dépit tes paroles mal placées. » Mal placées? Mes mots étaient loin d’être mal placés! « Ce n’est que le reflet de notre amour! Elles ne sont pas mal placées! »

    La femme ignora mon second commentaire pour reporter son attention sur M. Grosse-bedaine. Je fis la moue, les bras croisés. C’est ça, ignore-moi! Tente de rendre fou ta pauvre âme-sœur en s’intéressant à un autre homme. Détrompez-vous immédiatement! Je ne considérais pas cet homme obèse comme un quelconque adversaire amoureux! Il n’avait aucune chance de gagner contre ma beauté naturelle, mon charme que même les Orines enviaient et… Bon, Ok, je m’éloignais un peu trop là. BREF! Ma future épouse commença à sermonner le forain. « Qu’est-ce qui vous a pris tout d’un coup? Je…» M. Grosse-bedaine se rua dans les broussailles en hurlant comme un débile : « Mes enfants! Mes enfants! Votre père est revenu! », manquant à plusieurs reprises de se tomber tête première par terre. C’était très amusant. Non, hilarant. Je me retenais pour éviter d’éclater de rire et attendez une petite seconde. Ce con*ard était parti. Il était vraiment parti, il n’était plus là. Il avait foutu le camp, comme ça, sans nous avertir. IL VENAIT DE BRISER L’UNE DE MES RÈGLES LE CHIEN! « REVENEZ ICI TOUT DE SUITE! » Je me précipitai sur son sillage, la rage aux yeux – oui, je disais bien la rage aux yeux. Ce qu’il pouvait être chiant le forain! – et défonçai la barrière de fougère qui eut le malheur de se trouver sur mon chemin. Puis, je terminai ma course folle devant… une araignée. Je vous arrête tout de suite. Premièrement, ce n’était pas une petite bestiole inoffensive qui tisse ses toiles dans un coin paumé de votre maison, à rien foutre de ses journées. Il s’agissait là d’une ÉNORME araignée. Avec une dizaine d’yeux qui me fixaient et des pattes poilues. UN CORPS TOUT POILU ET UNE ARAIGNÉE GÉANTE put*i*! « m*rde! Qu’est-ce que c’est que ce truc! » En totale panique, je perdis le contrôle. Mon pouvoir s’annula par lui-même, sans crier gare, et je repris mon apparence de petite Fae au visage défiguré par un dégoût et une terreur profonde, qui voltigeait n’importe où, comme une petite luciole débile, devant le masque de ma douce moitié. « Tu… tu es une Fée? » Pourquoi était-elle si surprise? On n’en avait rien à foutre. BORDEL! Il y avait une grosse araignée géante qui me fixait comme son prochain repas. JE NE VOULAIS PAS CREVER! Sans même me marier avec la femme que j’aimais, qui plus est. Pourquoi le Destin s’amusait-il à s’acharner sur moi?

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Ezechyel
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Ezechyel
Sam 14 Mar 2015, 17:17

    Comment m’étais-je retrouvée ici déjà? Pourquoi étais-je soudainement impliquer dans une situation sans dessus ni dessous qui, au fil des secondes, arrêtait de suivre le moindre raisonnement logique et simple, à l’inverse de la mission qui nous avait été offerte avant notre arrivée à la Forêt des Murmures? Sérieusement, je n’en avais aucune idée. Il y avait un instant, notre expédition se passait bien, sans que rien ne vienne troubler l’innocence de notre recherche, mis à part les commentaires inappropriés du jeune homme aux pupilles émeraude, dans une paix presque étrange si je considérais les dangers que ces bois recelaient pour chaque visiteur qui s’abritait sous son couvert. Sans compter, aussi, les créatures qui avaient élues domiciles sur les lieux et les murmures déconcertants que nous pouvions percevoir parmi les brises glaciales qui atteignaient les pointes de nos oreilles. Quand la voie était dégagée de tous obstacles dérangeants, aux limites des dangers de la mort orchestré par les bêtes sauvages, il y avait, désormais, toutes les raisons de se méfier à chacun de nos pas. La tranquillité demeurait toujours de courte durée et seuls les fous ainsi que leurs compères idiots détenaient la moindre chance de s’y laisser piéger. Je n’étais pas totalement stupide, certes aveugle, je l’admettais sans gêne, mais j’étais en parfaite mesure de surpasser ce handicap majeur, mais mon esprit, depuis que nous avions mis les pieds dans la forêt, avait constamment été à l’affut des ennuis que nous aurions pu croiser à notre passage.

    Pour être née et avoir grandi en ces lieux, j’étais celle qui était la mieux placée pour guider ces gens et mes connaissances, si grandes, que je pouvais, à quelques reprises même si j’aurais souhaité à la majorité des occasions, d’éviter les pièges sournois ou plausible de mort. Quoi qu’il en soit, ma prudence de jeune aventurière avait oublié de prendre dans ces calculs que je serais forcée d’accompagner un forain excentrique au costume de fête qui manquait définitivement d’endurance physique et un jeune homme, d’environ mon âge si je me fiais à la jeunesse de ses traits, au caractère déconcertant qui ne ratait jamais une occasion de me rabattre les oreilles avec son « amour d’âme sœur éternel. » Sérieusement, j’étais incapable d’affirmer, sans un seul doute, lequel de ces deux hommes était le plus étrange. À force d’entendre les bêtises de l’un, j’avais appris à ignorer ces commentaires hors contexte et agir comme si je ne les avais jamais entendus. La journée promettait d’être longue. Je soupirai, las de cette réunion d’imbéciles, songeant soudainement à l’objectif principal qui m’avait guidé dans la région de la Forêt des Murmures en premier temps. Mon frère. Bien décidée à le retrouver, j’avais cru bon de revenir là où il avait grandi. Qui l’eut pensé que je terminerais mon parcours en compagnie de ces deux personnages hors de l’ordinaire? Jamais. Je lâchai un second soupir, plus profond que le précédent, avant de revenir au problème actuel.

    Les araignées surdimensionnées. En sortant du bosquet de fougère, un élan de panique s’était emparé de mon esprit, qui eut bien vite fait de s’envoler au vent, déconcerté par les cris du jeune homme terrorisé. Celui-ci, sous l’influence d’une peur sans précédent, s’agitait dans tous les sens, incontrôlable. « Essaie de te calmer, veux-tu?», lui conseillais-je, la mâchoire serrée. Mais, comme une brise qui traverse une oreille pour sortir par la seconde, mes paroles frappèrent rapidement un mur. Puis, soudainement, une lumière vive auréola son corps tout entier, pour ensuite disparaître aussi vite qu’elle était apparue, abandonnant sur son sillage la silhouette… d’une Fée. J’écarquillai les yeux, surprise. Que… que venait-il de se produire? Où avait disparu l’excentrique Chayns? Il y avait à peine quelques instants, il était là, devant mes yeux, avec l’araignée géante en arrière-plan puis, pouf! Il n’était plus là. La minuscule créature voltigeait aléatoirement, un peu trop près des mandibules du monstre à huit pattes, sans cesser de hurler et de crier, en panique. Ce fut à ce moment-là que je compris. Le jeune homme aux flamboyants cheveux bleus n’avait guère disparu, il avait simplement changé de taille et d’apparence pour se revêtir de son vrai visage : une Fée. Mais les Fées n’étaient-elles pas toutes supposées êtres des créatures féminines? « Tu… tu es une Fée? », bégayais-je, étonnée. Comment était-ce possible? Comment un homme aux manières douteuses pouvait-il se révéler être un amant des fleurs? Ça me paraissait trop… improbable. À la frontière de l’impossible si je pouvais employer des meilleurs termes.

    « Arrête de rêvasser ma douce petite fleur! Je crois que l’araignée, oui, oui, celle-là devant toi, imagine une jolie méthode pour te cuisiner. Ne reste surtout pas plantée comme un arbre à rien foutre. BOUGE! » Je sursautai brusquement à l’entente de sa voix. Mon esprit retourna à la réalité, beaucoup plus conscient de son environnement maintenant, concentré à rechercher une quelconque faiblesse dans la défense de la créature. Celle-ci demeurait obstinément immobile, ses paires d’yeux voyageant sans cesse entre moi et la… le Fée, aussi calme que le vent avant la tempête. Je n’aimais pas vraiment la situation. Allez, pense Lûth! Réfléchis à ce que tu peux faire. Je ne possédais pas d’armes. Je pouvais déjà éliminer toutes les stratégies qui impliquaient une confrontation au corps à corps. Ensuite, il y avait mes pouvoirs mais ceux-ci, n’étant guère une magie de type offensif, ne me servirais pas à grand-chose. Je pouvais rejeter ça aussi. Mes options se limitaient donc aux capacités inconnues de Chayns et d’une aide extérieur provenant de M. Loyal et de ses compagnons de foires. Cependant, je ne le voyais pas. Il n’était plus dans mon champ de vision. Où avait-il bien pu disparaître comme ça? « Attention ma chère Lûth! Cette ignoble créature se prépare à charger sur toi! » Je levai brusquement la tête, mais il était trop tard. L’immonde créature me happa à l’aide de ses énormes mandibules.

    Immédiatement, je sentis son entreprise se resserrer. L’araignée comptait me tuer dans les instants qui allaient suivre. Les dents serrées les unes contre les autres pour m’empêcher d’hurler, je m’adressai à Chayns, la peur me déformant les entrailles : « Essaie de l’aveugler! Utilise ta lumière! » Il eut un moment de silence durant lequel mon corps souffrait le martyr. M’avait-il entendu au moins? « Est-ce que tu m’as compris? Dépêches-toi d’agir! » Cette fois-ci, il finit par répondre. « Ma très chère Lûth. Je sais que mes charmes t’ont séduite à la seconde où tes yeux se sont posés sur moi, mais je doute que ma beauté de joli Fae puisse parvenir à fonctionner sur une araignée. » Est-ce qu’il était fou? Ne pouvait-il pas conserver un peu de sérieux, rien que cette fois? Je tentai d’apaiser la montée de la colère qui bouillonnait en moi. Je devais demeurer calme et réfléchir le plus rapidement possible pour trouver un plan digne d’intérêt avant le bris de mon corps par cette énorme araignée. Chayns ne m’écouterait jamais si je continuais à m’adresser à lui de cette manière. Alors, il n’y avait qu’une seule solution qui puisse le forcer à agir et, je l’espérais sincèrement, intelligemment. Je n’appréciais pas vraiment cette idée mais tant pis. J’aurais suffisamment le loisir de m’en plaindre plus tard, lorsque je me serais écartée de cette délicate posture. « Au secours Chayns! Mon héros! Viens me délivrer de l’emprise de cette horrible araignée! » J’avais essayé de paraître sincère dans mes mots, mais je craignais de ne pas y être parvenue pour le convaincre entièrement. Malgré tous les efforts que j’avais déployés pour adopter un air suppliant, ça n’avait pas terriblement marché. Cependant, à ma grande surprise, le petit Fé réagit au quart de tour, touché par mes fausses paroles de jeune fille en danger. En faut-il si peu pour le forcer à agir? Impressionnant. « C… C’est trop d’honneur que tu me fais là! Je ne peux pas tout endurer. J’arrive immédiatement ma précieuse âme-sœur! » Ce garçon s’imaginait beaucoup plus de chose qu’il était supposé, mais, présentement, alors que le petit Fé se daignait enfin à bouger, je ne serais pas la première à m’en plaindre. Telle une minuscule lueur dans l’obscurité, le jeune homme chargea sur l’araignée qui, au début, ne fit que l’ignorer. Elle était d’ailleurs trop occupée par la fin de mes jours pour s’intéresser davantage à une créature aussi grosse qu’un insecte.

    Cependant, l’opinion du montre changea rapidement lorsque Chayns eut la brillante idée – ou une envie folle de se la péter – de reprendre son apparence de taille humaine, devant les dis yeux ahuris de la bête, qui me relâcha aussitôt, étonnée. J’en profitai immédiatement pour m’éloigner, de plusieurs mètres, en courant, le corps endolori par la pression que les mandibules avaient exercée sur mon corps. Sur certaines zones, mes vêtements s’étaient aussi déchirés, réduits en lambeaux par la force de l’animal. Quoi qu’il en soit, lorsque mes yeux se levèrent sur le monstre, des images inattendues s’imposèrent devant mes yeux. Chayns sur le dos de l’araignée géante en colère. Chayns qui rigolait comme un imbécile, mains solidement agrippées sur les poils de la créature, alors que celle-ci essayait de le tuer. Chayns qui croisa mon masque et qui m’envoya un sourire idiot. Chayns qui manqua de tomber à la renverse en poussant des jurons. Chayns qui… Je secouai la tête, incrédule. À quoi cet idiot jouait-il? Chevaucher une araignée géante, sauvage et dangereuse qui plus est, avait strictement rien d’amusant. « Hé Lûth, regarde! Je suis sur l’araignée géante! Génial non? WHAOU! » J’avais presque honte de le connaître… « Arrête de faire l’imbécile. Il faut retrouver M. Loyal avant qu’il…» Je me fis interrompre par un cri strident, désagréable à mes oreilles. Je pivotai d’un bloc, curieuse d’apercevoir ce qui en découlait et tombai en face d’une toile d’araignée gigantesque couleur neige, tissée entre deux immenses troncs d’arbres, que je m’étonnai de ne pas avoir vue avant. Prisonniers entre les mailles du filet se trouvaient M. Loyal – je le reconnaissais facilement grâce à ses formes larges et arrondies – ainsi qu’un lion à la fourrure dorée, cachée en partie à cause des toiles, dont la mâchoire était scellée à l’aide d’une bonne couche de fils blancs, une… harpie, je supposai, qui se trouvait dans la même condition que son ami félin et une femme à la longue barbe blonde, qui poussait des cris aigus et agressants, une motte de toile d’araignée à la main. Nous venions de retrouver les camarades de cirque de M. Loyal – enfin, presque tous.

    Il n’y avait aucune trace de ce fameux homme-baleine mais dans l’empressement du moment, je n’y portai pas plus attention. Une bonne chose de faite, pensais-je avec un sourire sur le bord de mes lèvres. Puis, mon attention fut de nouveau portée sur Chayns, qui s’amusait à faire son rodée avec sa nouvelle « amie » l’araignée. Celui-ci souriait à pleine dents, trop joyeux pour observer cette immense toile qui se trouvait justement derrière lui. « À notre première lune de miel, je te promets de t’emmener dans les contrées les plus belles et les plus éloignées sur le dos de cette fière monture. » C’était drôle, parce que, j’avais beau essayer de visualiser cette scène aussi belle que possible, m’imaginer en train de faire ma lune de miel sur le dos de cette horreur ne m’enchantait pas trop. Si tant lui et moi aurons un jour une lune de miel. Trêve de plaisanteries. Les actes débiles de Chayns permettaient, au minimum c’était déjà ça, de distraire l’animal en furie, m’offrant ainsi tout le temps dont j’avais besoin pour délivrer M. Loyal et sa clique de compagnon originale. Je ramassai un morceau de bois – n’ayant pas d’armes, c’était le seul objet propice à me défendre au cas où Chayns serait incapable de retenir l’araignée ou, à l’inverse, me permettre d’aider l’homme au ventre arrondi à sortir de ce piège. En me fiant au conseil donné par ce personnage, je décidai donc de me charger de sa libération en premier. Avec un peu de chance, il serait peut-être capable de nous aider contre la bête à huit pattes, qui sait?

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Ezechyel
Sam 14 Mar 2015, 17:21

    À l’aide de mes ongles, j’arrachai le ballot de toile qui recouvrait la bouche du forain, avant de la jeter – difficilement à cause de sa texture collante et visqueuse – sur le sol, à côté de moi. Puis, je lui murmurai : « Une fois que je vous aurais détaché, je veux que vous nous aidiez à combattre contre l’araignée. » Je marquai une petite pause avant de poursuivre. « Quand cela sera fait, nous nous occuperons de libérer vos camarades. » L’idée de laisser ses amis attachées encore quelques temps ne semblait pas vraiment plaire à M. Loyal, mais celui-ci fut forcé d’accepter les conditions, comprenant parfaitement l’enjeu. « D’accord, je vous le promets. » Il se tut quelques secondes. « Désolé pour mon comportement de tout à l’heure. Mon esprit n’était plus ce qu’il était supposé être. » J’acceptai distraitement ses excuses en hochant légèrement de la tête, avant de m’attaquer directement à ses liens, armée de mon pauvre bout de bois et de mes ongles pointus. J’arrachai la toile par gros morceaux, déchaînée par une soudaine vague d’énergie mêlée à l’envie folle d’en découdre rapidement avec le problème, la blancheur de ces fils étant presque la seule chose qui ressortait vraiment parmi la noirceur de la Forêt des Murmures, sourde aux cris et aux exclamations de joie que le jeune Fé poussait à intervalle régulière. L’araignée, concentrée à se débarrasser de l’homme installé sans son accord sur son dos jetait à peine un regard – ou des regards si je me fiais aux nombres d’yeux qu’elle possédait sur son visage – sur ses potentielles futures proies et ma silhouette occupée avec acharnement au sauvetage de M. Loyal en coupant ses fils de soie. Coupure qui, je l’avouais à mon plus grand désarroi et à la touche de frustration ainsi que de peur primitive était beaucoup plus complexe et difficiles que ce que mes calculs avaient compté.

    Gluants et par-dessus la texture répugnante, collants, les fils s’obstinaient à demeurer sur mes mains recouvertes à présent de ces fils couleur neige ou sur l’homme d’âge avancé plus solide qu’à première vue. Ça, c’était sans inclure les couches interminables et épaisses de toile que ce monstre à huit pattes s’était amusé à tisser à mon plus grand malheur. Génial. Tout à fait génial. Mon morceau de bois ne m’était pas d’une quelconque utilité. À vrai dire il ne servait strictement à rien. La peur au ventre, mes mains ne cessaient de trembler et par conséquent, je passai la majeure part de mon temps à m’agenouiller pour le ramasser, geste dont l’efficacité se ramoindrissait par le déclin lent mais certain de mon flux magique. Bientôt, très bientôt, je serais incapable de me servir davantage de la vision sensorielle première cause de la faiblesse de ma magie qui me frappait soudainement mais je refusais de céder maintenant, pas avant d’assurer la libération de M. Loyal qui avançait à petit feu. La vision désormais trouble, la fatigue étant plus présente et plus forte dans mon corps au même niveau que mon esprit, je continuais d’arracher la toile avec une énergie tirée du désespoir sans plus regarder une seule fois les silhouettes respectives de l’araignée et du jeune garçon. Le bruit que causait leur débat était l’unique élément qui me permettait de comprendre que leur affrontement était loin de se rapprocher de sa fin. « Vos bras… ne sont plus attachés. A-aidez-moi. », dis-je au forain, la voix haletante et à bout de souffle.

    L’homme écarquilla les yeux surpris par la soudaine mobilité de ses membres supérieurs. Son esprit vaquant prioritairement à la sauvegarde de ses camarades, il avait à peine vu les progrès que j’avais entrepris jusqu’à présent. Déconcerté, il commença maladroitement à se mettre à la tâche en balbutiant des excuses pauvres de sens et inutiles à mes oreilles. « Je suis désolé. Je vous aide immédiatement. » Deux bras de plus ne pouvait pas commettre le moindre mal. Les morceaux de la toile d’araignée s’enlevaient à une vitesse supérieure, conséquence de notre coopération et en quelques minutes à peine, nous parvînmes à toutes les retirer. Un tas de fils blancs juchaient sur la terre à nos côtés. Évidemment, une fois que les liens de M. Loyal ne lui posèrent plus une seule contraire, le forain s’échoua pathétiquement sur le sol avant de quémander mon aide pour l’aider à se remettre sur pied. Je lâchai un soupir las et énervé à la fois causé entre autre par les incapacités du forain à réaliser l’exploit de l’année qui n’était nulle autre que de se lever par ses propres moyens. Je pouvais désormais mieux comprendre la haine viscérale des villageois envers ces forains plus que maladroits mais, dans un élan de générosité sans doute, je lui tendis la main sans un mot. Son poids manqua de me faire chuter mais je parvins à tenir bon jusqu’au bout, la mâchoire crispée par les efforts de mon rôle de soutien humain. « Merci pour votre aide. Aidons mes compagnons voulez-vous bien? » En plus de son manque découragent d’agilité de base, sa mémoire lui faisait-elle défaut? Il y avait quelque chose de plus urgent à régler que la sauvegarde de ses amis entravés.

    À quoi cela servirait-il de les libérer si c’est pour se faire rattraper par la suite? J’avais peut-être une certaine… sorte de confiance en Chayns pour maintenir la bête et la garde prisonnière dans son jeu enfantin et ridicule mais je doutais que le jeune homme aux pupilles verte soit capable de tenir le rythme sur le dos de l’araignée géante bien longtemps. Il finirait par lâcher prise et tomber. C’était une conclusion des plus certaines. Je souris face à l’ironie de la situation. Qui aurait pu croire que je m’inquiéterais à ce point du sort de ce Fé excentrique qui passait son temps à tenter de me séduire sans rencontrer le moindre succès cependant? Peut-être était-ce une preuve de mon manque de cruauté qui m’empêchait d’être l’auteur indirecte du décès de qui que ce soit. Certainement pas après ce qui s’est passé aveclui. Quoi qu’il en soit, je resserrai ma main autour du bras du forain devenu plus flou que précédent et lui rétorquai durement : « Pas question. Nous nous occupons de l’araignée avant. Nous nous le sommes promis. » M. Loyal soupira. Il aurait essayé au moins. Il apporta son attention sur le jeune homme (celui-ci s’amusait comme un vrai dément. Peut-être serait-il plus sage de ne pas intervenir et gâcher tout son plaisir?) et blêmit légèrement à la vue de la bête sans démontrer une crainte plus forte que ça.

    La jeune femme en dépit de son empressement avait eu raison sur un point : les aider était réellement dans ses capacités. Car voyez-vous, M. Loyal détenait un certain pouvoir qui, malgré sa faiblesse sur les gens, avait tendance à bien fonctionné sur les animaux. Sinon, comment un homme tel que lui si maladroit et malhabile se s’aurait-il pris pour dresser un lion sauvage et une dangereuse harpie? «… Vous avez raison. Je peux peut-être accomplir quelque chose. » Malgré ses apparences de gros homme, il n’en restait pas moins un Magicien, sans vouloir vanter ses mérites, de certain talent. Il ferma les yeux, concentré sur sa tâche avant d’envelopper l’animal d’une aura de sérénité qui ne tarda pas à surpasser la colère et la haine de l’animal. Le monstre cessa soudain de bouger, complètement immobile, envoyant valser par en avant le pauvre Chayns qui n’avait, à son désarroi, rien vu venir. Il vint s’écraser sans douceur par terre, la tête par en avant. Il ne s’écoula qu’un mince laps de temps avant que nous l’entendîmes tous hurler en protestant. « Mais ça va pas la tête sale bestiole? Qu’est-ce qui t’as pris? Je pensais qu’on était amis. » Ça alors. Le Fé s’adressait vraiment à une araignée qui ne pouvait visiblement pas le comprendre? Quoi qu’il en soit, ses hurlements faillirent causer la perte de l’emprise magique de M. Loyal sur la créature mais celui-ci parvint à reprendre le contrôle assez rapidement. L’araignée se calma aussitôt. « Chut. Ça va aller, n’ait pas peur. » Le forain commençait à avancer doucement vers elle à pas lent avant de trébucher maladroitement sur le tas de toile d’araignée et rouler jusqu’aux pieds de la bête qui le toisa de ses dix yeux. Chayns ricana. « Si c’était pour le style mon gars, t’as raté ton coup. »

    M. Loyal ignora son commentaire et approcha timidement sa main de l’araignée qui ne fit que claquer ses mandibules une fois avant de rester tranquille. Elle se laissa toucher par la caresse de cet homme, ne présentant aucun danger émanant de lui. La femme à barbe avait cessé de crier, plongeant l’atmosphère de la Forêt des Murmures dans un calme presque apaisant. Le lion ainsi que la harpie arrêtèrent de se débattre, les yeux rivés sur la scène qui se déroulait sous leurs yeux. L’araignée finit par se laisser bercer dans la douceur de cet homme et de ses pouvoirs magiques soudainement docile et amicale. « Finalement, le p’tit forain a été utile. Pour une fois. », commenta Chayns en se rapprochant à mes côtés. Je ne le voyais pas. Je l’entendais tout simplement. Ma vision sensorielle avait fini par se couper. « Ne l’appelle pas comme ça. Ce n’est pas très poli. » Aveugle ou non, je l’imaginais en train de sourire. Stupidement ou moqueusement, je n’avais aucune idée de l’apparence réelle de sa mimique. Je rencontrais encore des difficultés à le cerner. Toute sa personnalité m’échappait entre les doigts, comme de l’eau qui s’écoule à travers les craques de la roche. Je pensais le connaître mais en même temps, je ne connaissais rien de lui. « La politesse n’est pas vraiment mon fort mais je peux faire des efforts rien que pour toi ma chérie. » Il continuait sur cette lancée? Décidément, il y avait certaines choses qui demeuraient inchangées. La voix de M. Loyal s’éleva soudain dans les airs. Je sursautai, surprise. « J’ai les choses en main à présent. Je peux m’occuper du reste seul. Je ne vous forcerais pas, vous pouvez partir. » Ah oui? « En êtes-vous sûr? Vous voulez vraiment quitter la Forêt des Murmures par vos propres moyens? », lui répondis-je sceptique.

    «… Bien sûr. J’insiste même. Avec ma nouvelle camarade je peux aisément partir sans encombre. » Sa nouvelle camarade..? Il considérait réellement l’araignée tueuse comme tel? « Et l’homme-baleine vous en faites quoi? Vous ne pouvez pas l’abandonner comme ça! » Une nouvelle voix que je ne reconnus pas m’interrompit soudain. « Je crains que vos recherches se soldent par un échec. Je dirais même que les dangers de ces bois l’aient rapidement attrapé. Partez rapidement, mes chers aventuriers. Vous vous en porterez gagnant. » C’était la voix d’une femme sans le moindre doute. La femme à barbe peut-être? Ça ne pouvait qu’être elle puisque je n’avais pas prononcer un seul mot. De plus, je ne m’exprimais jamais en rime comme elle le faisait… « Puisque vous insistez, on s’en va. » C’était au tour à Chayns d’intervenir. « Seuls. Entre amoureux du Destin. Nous avons un rendez-vous ensemble et je voudrais bien le passer sans araignée, merci. » Puis, s’adressant à la femme à barbe, il rajouta : « Il aurait pu se passer quelque chose entre nous deux, je le sens. Mais les barbes, ce n’est pas fait pour moi. Et puis, j’ai la magnifique Lûth à mes côtés. » Sans me laisser l’opportunité de rétorquer quoi que ce soit, Chayns m’entraîna sur son sillage avec les « Merci » du forain et des « Qui crois-tu être pour me parler ainsi? Je n’ai jamais souhaité devenir ta petite amie. » de la femme à barbe sur un chemin que je ne voyais pas.

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Ezechyel
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Ezechyel
Mar 17 Mar 2015, 23:20

    «… Que comptes-tu faire une fois que nous sortirons de la forêt? » Je brisai le silence qui régnait entre nous deux tandis que nous marchions au cœur des bois à la recherche d’une quelconque sortie car, même si nous avions emprunté un chemin pour parvenir jusqu’ici, cela ne signifiait pas forcément que ce même passage nous guiderait vers une sortie le moment venu. Il était toujours plus aisé de pénétrer dans la Forêt des Murmures que d’en échapper avec simplicité. Le jeune homme conserva le silence durant plusieurs secondes avant de se lancer vers le choix de sa réponse. « T’épouser. Par la suite, peut-être parviendrais-je à te convaincre de fonder une famille et avoir nos propres enfants. » À l’instar d’être capable d’apercevoir son visage, je me le visualisais cependant avec précision, imaginant sans peine le sourire idiot qui s’esquissait sur ses lèvres. Sérieusement? Il souhaitait encore m’épouser? J’ignorais quel était le but de son jeu, mais en dépit de la patience que j’avais à son égard, cela commençait à m’agacer légèrement. « Évite de te moquer de moi. »

    Je l’avais entendu. Ou, plus justement, senti quelque chose… un détail dans le timbre de sa voix qui avait changé et qui, pour ces raisons, causa la montée d’une vague d’inquiétude mineure qui termina de me convaincre d’essayer d’extirper des informations sur lui. Son objectif, ce qui l’avait poussé à s’aventurer sur ses lieux. Tout. Je souhaitais en apprendre plus sur cet excentrique personnage qui clamait être mon « petit ami. » Et je détenais ici-même le moment parfait pour lui tirer les vers du nez et dissiper une bonne fois pour tout mon malaise grandissant. « Il y a quelque chose que j’ai toujours voulu te demander… » Sa voix s’éleva soudain, interrompant par ce fait ce que j’étais sur le point de lui annoncer. « Sortir avec moi? » « … mais je n’ai jamais eu l’occasion ou le temps de le faire. » complétai-je sans prêter plus d’attention à son commentaire. Je m’arrêtai au centre de la route sans tenter de prévenir, au préalable, Chayns qui suivit mon mouvement en ralentissant le pas, d’après ce que je conclus au son de ses pas. Il était prêt à écouter ce que j’insistai qu’il entende, m’offrant ainsi la chance de lui donner l’occasion de s’expliquer et ce, sans esquiver les questions que je lui poserais. Il en avait intérêt du moins.

    « Tu es un Fae… » Il me coupa pour la seconde fois. « Je pense que je suis au courant ma belle. Excellente déduction quand même. » Je roulai les yeux, exaspérée par son sarcasme. « Peu importe, laisse-moi terminer ce que je veux dire. » Comme aucune protestation n’accompagna ma réplique, je poursuivis : « Comme je le disais, tu es un Fae mais n’as-tu donc pas de jardin qui requiert ton soutien? Je doute que ce jardin se trouve ici, aux frontières de la Forêt des Murmures, mais dans ce cas, qu’est-ce qui t’as amené ici en premier lieu? Et ne me réponds pas que tu souhaitais profiter des merveilles de la Nature du coin, car je saurais immédiatement que tu me mens. » Dès que j’eus terminé de dire ce que je voulais, un silence s’installa bien rapidement entre nous, durant lequel Chayns ne pipa pas un seul mot. Il ne disait rien, il ne bougeait point. Tout ce que je pouvais entendre était les cris lointains de la troupe du forain qui résonnait un peu plus bas. Ce n’était pas dans la personnalité du jeune homme de conserver le silence comme ça, en particulier lorsqu’il était aussi calme. Avais-je touché un point sensible? Je l’ignorais. Je l’ignorais tant et aussi longtemps qu’il ne se daignait pas à répondre à mes interrogations.

    Cependant, il finit par ouvrir la bouche, soudainement plus sérieux qu’il y avait quelques minutes plus tôt. « Ça fait beaucoup de questions tu ne trouves pas Lûth? Je pourrais en dire autant de toi. » Son ton avait brusquement changé, sans que je puisse y trouver de raison apparente. Que lui arrivait-il? Le jeune homme était devenu beaucoup plus sombre et glacial. Presque… menaçant. De plus, il avait abandonné tous ses petits surnoms, se contentant désormais de m’appeler Lûth. Sans de « chère » ou de « ma belle » avant. Je me demandais à quoi pouvait bien ressembler son faciès. Un frisson parcouru le bas de mon dos, incontrôlable. «…Contente-toi de répondre. En échange, je pourrais t’éclairer sur ce qui m’a poussé à venir jusqu’ici. » Il éclata de rire, mais celui-ci n’avait plus rien de joyeux ou de plaisantin. Il était froid et sec, sans une once de joie à son sein. Debout devant moi se dressait présentement un homme à l’opposé du jeune Fae que je connaissais. Ça commençait presque à me faire peur, mais j’étais trop têtue pour renoncer à cet interrogatoire. Cependant, pour un minimum de prudence, je décidai de reculer d’un pas, timide et légèrement effrayée. J’espérais sincèrement qu’il n’ait rien remarqué, mais étant incapable de le voir, je n’avais pas la possibilité d’en être totalement sûre.

    « Tu t’intéresses à ce point à la vérité? Quel honneur, j’en suis presque touché. » Sa voix s’était adoucie si violement que je manquai de sursauter. Cela commençait à devenir flippant. Je n’appréciais pas la tournure des événements. J’aurais presque pu croire que Chayns était redevenu comme avant, gentil et stupide sur les bords, mais ce soupçon de démence aux tonalités dangereuses que j’éprouvais au son de sa voix me prouva que ce n’était pas vraiment le cas. « Mais puisque c’est toi Lûth, je peux bien t’en parler. » Il fut prisonnier d’une seconde vague d’éclat de rire qui s’interrompit brutalement à sa voix vénéneuse lorsqu’il poursuivit. « Laisse-moi te poser une question Lûth : De quel jardin tu parles? Ça fait un certain temps que j’en ai plus. » Je déglutis, très mal à l’aise. « Tu sais ce que ça veut dire Lûth? Tu le sais? Il a été détruit. DÉTRUIT! Il n’en reste plus un seul morceau. Tout ça à cause de quoi d’après toi hein? » J’hésitai longuement avant de répondre : « Un Démon? » « Exactement. Il a été démoli par un sale Démon qui, depuis ce jour, je recherche avidement pour ramener sa tête et m’en servir de décoration pour mon prochain jardin. Et… je ne sais pas pourquoi, il me fait un peu penser à toi. Comme… un air de famille. »

    Je sentais le poids de ses yeux rivés sur moi. Il me toisait de ses yeux émeraude perçant et je n’avais aucun mal à deviner la froideur de ses traits et la folie animant l’éclat vert de ses pupilles. Je l’entendis faire un pas vers l’avant. Je dus prendre sur moi-même pour m’empêcher de reculer. Malgré sa petite taille, il m’intimidait. Je ne lui avouerais jamais, mais, en ce moment précis, il me faisait peur. « Peut-être que c’est réellement toi. Peut-être que c’est toi la responsable. » D’accord, il devenait fou, complètement cinglé. Je ne pouvais pas le laisser continuer à fonder des doutes sur ma personne alors que son accusation était infondée. « A-arrête avec tes bêtises. Je ne suis pas u-une Démone. Je ne m’amuse pas à détruire les biens des autres pour mon propre plaisir. » Je lâchai un rire nerveux, essayant de m’exprimer avec confiance, alors que j’avais visiblement perdu tout courage. J’entendis Chayns soupirer et, quelques secondes plus tard, je sentis une main se poser sur mon épaule avant de s’installer sur ma chevelure et de la secouer dans tous les sens. Je restai immobile, estomaquée. « Mais ne t’inquiète pas, je le sais. Après tout, ce Démon est un homme. » Mon souffle se coupa alors que le rythme cardiaque de mon cœur ralentissait, soulagé.

    Pourquoi m’avait-il foutu une peur pareille tandis qu’il savait éperdument que la personne qu’il recherchait était un homme? Pendant deux secondes, j’eus envie de lui coller une gifle au visage, histoire de me venger sur lui, mais je parvins à me retenir au dernier instant. Le jeune homme finit par lâcher mes cheveux puis ajouta : « Mais n’empêche, il y a quelque… chose en toi qui n’arrête pas de me faire penser à lui mais je ne parviens pas à mettre le doigt dessus. » Je ricanai, laissant tomber les dernières effluves d’inquiétude en moi avant de répondre sèchement : « Si tu penses à des proches de ma famille, je suis désolée. Je n’entretiens plus de lien avec eux. Je ne sais même pas où ils se trouvent. De toute façon, leur sort de m’inquiète peu. » Mis à part mon frère. Mais je préférai garder cette part information pour moi, ayant soudain un mauvais pressentiment que je me dépêchai de lui cacher. « Une famille difficile hein? » Je ne souhaitais pas en parler. Cela ne faisait que remonter des souvenirs douloureux en moi… et me rendre d’assez mauvaise humeur.

    « Bah, tant pis. Ça aurait été dommage d’avoir été obligé de tuer ma future épouse. » Nous y revoilà donc avec ses délires. Avant, cela m’aurait davantage irritée mais présentement, j’étais soulagée. Il recommençait à devenir le Chayns que j’avais connu. Sans le vouloir réellement, j’esquissai un maigre sourire. « As-tu commencé à réfléchir sur notre mariage? M’en voilà heureux. » Quel imbécile. S’il décidait de continuer sur cette voie, le soulagement qui montait en moi finirait par se transformer en irritation. Comme autrefois. Cependant, je devais me l’avouer : Chayns n’était peut-être pas le plus bel homme que j’avais vu, mais il n’était pas désagréable à regarder. C’était vrai, il possédait tout de même un certain… charme. Mais détrompez-vous. Je ne ressentais aucun sentiment amoureux à son égard. À la limite, je pouvais le considérer comme… un ami. Bien plus qu’un simple compagnon de voyage en tout cas. « Tu n’as pas encore fini avec ça? Arrête un peu avec tes bêtises. Ça commence à devenir lassant. » Je me visualisais sans mal le petit sourire en coin au bord des lèvres du jeune homme. « Mais je ne souhaite qu’en apprendre un peu plus sur ma merveilleuse petite amie! Je t’ai raconté mon histoire, à ton tour de conter la tienne. » Je fus surprise qu’il me souvienne de la promesse que je lui avais fait en échange de ses aveux, mais en dépit de mes réticences à lui en faire part, une promesse demeurait une promesse.

    lui dire ce qu’il avait besoin de savoir et ce, en toute sincérité. Mais je ferais attention d’éviter de mentionner les parties… houleuses de ma vie. En comparaison à la destruction du jardin de Chayns, mon histoire me paraissait bien dérisoire, mais tant pis. Je me lançai presque aussitôt. « Je suis à la recherche d’une certaine personne, un ami d’enfance, que j’ai perdu de vue, il y a longtemps. Selon les informations que j’ai possédées, j’avais cru pouvoir le retrouver ici mais, visiblement, je me suis trompée. » Je marquai un silence, prête à répondre aux questions de Chayns à propos des parts floues de mes paroles, mais à ma grande surprise, rien ne vint. Je ne m’y attendais pas du tout. [color:528d=#darkblue]« Tu n’as pas l’intention de me dire qui est cette personne, je me trompe? » me demanda-t-il simplement. J’hochai de la tête, gênée. Il prit une grande inspiration avant de la relâcher. « … Ce n’est pas plus grave que ça après tout. Tu as le droit à tes petits secrets ma chérie. » Sa main se déposa sur mon épaule. « Mais je te déconseille, à l’avenir, de continuer sur cette voie. Je ne veux pas d’infidélité, me comprends-tu? »…C’était tout? Il n’essayait pas de répliquer, de rétorquer ou de bouder pour me forcer à avouer? Il ne cessait jamais de m’étonner. Un sourire s’esquissa sur mes lèvres, moqueur, avant de le repousser en le frappant amicalement. Je commençai à rire, soudainement plus joyeuse. « C’est ça… Dans tes rêves mon petit Fae. »

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On n'est pas sortis du bois - Quête Lûth [solo]

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