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 A la rencontre du Destin (avec Lysis)

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Dim 25 Jan 2015, 22:50


"Un chemin de mille lieues commence toujours par un pas."
Lao Tseu

J'ouvris les yeux. Mon regard se plantait dès lors droit dans celui du Vieux. Nous étions assis, l'un en face de l'autre, reposant sur nos talons tandis que nos mains se joignaient entre elles, paumes en l'air. L'exercice respiratoire était terminé, et à présent je me préparai à écouter les leçons de Maître Scale. Mais je préférais de loin l'appeler le Vieux. Ca avait quelque penchant affectif, et je me sentais ainsi plus proche de lui. Il avait pourtant l'apparence bien conservée. Il avait dû payer sa dette à la nature assez tôt et je le situais dans la trentaine en apparence. A peine plus vieux que moi, en fait. Contrairement à bien des nôtres, le Vieux avait les cheveux bruns et courts et sa pilosité faciale était entretenue. Nous avions tout deux le même gabarit. Fins, élancés, grâcieux. Mais ce qui m'intriguait le plus chez lui, c'était son regard. On pouvait y lire tout et rien à la fois. Comme s'il éprouvait myriade de choses indéchiffrables. Peut-être que je manquais encore d'expérience pour m'en rendre compte ?

- Tu ne manques pas de courage ni de mordant. Il en faut pour assumer le statut d'Ange. Mon rôle est de te montrer la Voie, mais tu restes le seul maître de tes décisions. Ce que tu as appris en ma compagnie te permettra de survivre dans ce monde hostile. Mais n'oublie pas, toi qui veux jouer les héros. Un héros seul est un héros mort, et si jamais tu te détournes de ton engagement à protéger ton prochain, je te traquerai pour te tuer et ainsi laver mon honneur. Je n'ai plus rien à t'enseigner. Vole de tes propres ailes mais n'oublie pas de marcher droit.

Ce furent les dernières paroles du Vieux. Je quittai les lieux dans une discrétion infinie pour ne pas perturber le silence ambiant qui y régnait.

J'étais prêt à quitter la Citadelle Blanche. Mon but ? Répandre le bien autour de moi. Redonner espoir aux âmes déchues. Protéger le faible. Préempter les plus grandes menaces qui pèsent sur le monde. Honorer la mémoire de nos guides, Ariel, Shiroï, Adam, Nydelia qui, parmi les plus grands de notre race, ont fait ce que nous sommes. Rester fidèle aux sept vertus. Bannir sans sommation les sept pêchés de mon comportement. Le Vieux avait plutôt bien insisté là-dessus, d'ailleurs. Nobles quêtes sont-ce là, vous ne trouvez pas ?

Mais pour me permettre d'avancer et d'atteindre cette félicité, cet accomplissement personnel, j'avais besoin de... Revenir quelque instant sur mon passé. Et ça, je ne l'avais pas dit au Vieux. Mais je me devais de le faire.

---

Je foulais d'un pas lent et déterminé les rebords de la rivière Éternité. L'astre lunaire guidait ma lente cadence sous sa timide lumière argentée. Je m'arrêtai un instant pour redresser la tête et contempler le croissant de Lune qui surplombait majestueusement le ciel étoilé. Cela me rappelait que, où que je fusse, la Lune restait présente. Et l'esprit des miens tout autant. Je m'étais en effet éloigné du Sanctuaire et il m'était déjà arrivé de ressentir la solitude. Alors, pour me rappeler que les anges me soutenaient, je regardais les étoiles et la Lune en pleine nuit. Curieux rituel, mais qui pourtant réchauffait mon cœur au milieu de cette fraîche bise qui vint fouetter mon visage encapuchonné. Je revêtais en effet un vêtement ample et sombre. Je tenais à tout prix à dissimuler mon apparence véritable. Mes ailes étaient suffisamment rétractiles pour ne pas laisser en lambeaux ce manteau d'infortune dans lequel j'étais disgracieusement emmitouflé.

Mon cœur battait à la chamade alors que je progressais. Je me renfrognais à l'idée de ne plus reconnaître ce petit village qui fut le berceau et le tombeau de mon existence. C'était ça que j'étais venu faire ; retrouver mes véritables racines, faire le deuil pour me permettre d'avancer. J'avais eu la chance de pouvoir revenir sous la bénédiction des Anges, et il fallait à mon tour que j'honore la mémoire de ceux qui avaient trépassés lors des derniers évènements tragiques. Et ce que je vis n'avait en effet plus rien du petit bourg paisible dans lequel j'avais grandi paisiblement, dans lequel j'avais mené une existence sereine, sans heurt.

Hécatombes. Ruines. L'ambiance qui y régnait me glaça rapidement le sang. Et pour la première fois depuis mon adoubement chez les êtres ailés, je ressentais des émotions qui n'étaient rien de tout ce que j'avais pu ressentir à présent. Des sentiments forts. De la peine. De la souffrance. De la haine. Était-ce ça, ce qui m'attendait lors de mon épopée ? Cette nécropole qu'était devenue mon village me renseignait-il sur les enjeux de ma mission ? Vivrai-je d'autres instants tout aussi tristes et désolants que celui-ci ? Ni une, ni deux, je tombais à genoux, bouche bée, tandis que mon regard se perdait sur les multitudes de croix funéraires de fortunes qui avaient été plantées çà et là au travers de mon ancien bourg.

Était-ce possible de se faire sabrer aussi rapidement par le destin ? Je me sentais comme tiraillé de l'intérieur. Comme si l'on m'avait transpercé le cœur. Ma volonté était partie aussi vite qu'elle était venue. Je ne me sentais pas la force de faire quoi que ce soit. Alors je contemplais, d'un air horrifié, ces multitudes de tombes qui s'offraient à ma vue. J'avais du mal à respirer. Ma gorge se nouaient. J'avais beau avoir des ailes, être un Ange, mais je gardais mon extrême sensibilité et mes émotions d'antan. Et ce spectacle me paralysait d'horreur.

Et puis je me rappelais subitement des derniers instants qui furent miens. Et un visage s'imprimait de nouveau sur ma rétine. Un visage que je connaissais bien. C'était celui de Lysis, celle dont j'étais tombé éperdument amoureux. C'était aussi pour la retrouver que j'étais venu céans. Je reprenais ma respiration, je regagnais espoir et bientôt je pus me redresser, me tenant droit, pour ensuite reprendre la marche, déambulant au milieu des tombes pour essayer d'apercevoir le nom de chacune d'elles malgré l'obscurité. Passant au peigne-fin chacun des sépulcres, il en ressortit qu'un nom était absent. Lysis, étais-tu encore en vie ?

Je comprenais là l'importance de cette première mission. J'avais non seulement besoin de faire le deuil de mon ancien village, de mon ancienne tribu, de mon ancienne famille. Mais je devais aussi retrouver la trace de mon amie. Ainsi je continuais de fouiller les environs à la recherche de quelque indice qui me conduirait jusqu'à elle, à nouveau empreint d'une volonté sans faille et digne des sept vertus.
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Lun 26 Jan 2015, 19:05

Guidez par la mélodie du vent, je me retrouvai à nouveau dans l'endroit qui a été mon refuge pendant de nombreuses années maintenant, Aeden. Une ville unique en son genre et qui laissait place à la liberté d'expression. Chaque élémental avait le droit d'exercer leur art sans se sentir juger par les autres. Un endroit où il était possible de vivre en harmonie. Depuis mon retour en ce lieu, j'avais eu la visite d'Anwen, ma meilleure amie. Toujours aussi douce et réconfortante, l'eau était sa vraie nature malgré qu'elle représentait la glace au sein des Esprits élémentaires. Je me faisais de plus en plus à l'idée que ma vie n'était plus celle que j'aurais imaginé. À chaque fois que je m'imagine un avenir radieux et prometteur, ce dernier disparaissait sous un simple coup de vent. Perte par-dessus perte, mon avenir allait sûrement se conclure dans le silence d'un vent glacial où aucun être vivant ne peut naître. Je me rendis sur le bord d'un mur qui n'était simplement qu'une grande vitre. Je voyais la ville sous toutes les couleurs. Je pouvais voir des jeunes élémentals qui se pratiquaient dans l'arène en question. Ils étaient loin d'être encore assez habile pour maîtriser leurs éléments, alors j'étais amusé de voir les nombreuses petites erreurs qui pouvaient faire. Un léger sourire se dessina sur mon visage. Je ne pouvais peut-être pas venir à bout d'un avenir prospère pour ma personne, mais je pouvais toujours être utile envers ma race. Je décidai qu'il était tant de reprendre un peu plus sur ma vie. Par conséquent, je me vêtis de mon habit bleuté avec mes grands gants et de ma cape. On ne pouvait voir que mon doux visage avec ma chevelure d'un blanc pur. Je sortis de ma chambre en refermant à clé pour éviter de perdre mes biens. Je marchai calmement en me rendant vers la sortie du château. Rendu à l'extérieur, un doux courant d'air vint m'accueillir. Je n'avais rien de prévu aujourd'hui. Je décidai simplement d'aller donner un petit coup de main aux apprentis élémentals. Cependant, je ne réalisai pas à quel point il était tard. Le Soleil laissait place à la Lune sous un mouvement digne de grands danseurs, en douceur et en harmonie. J'avais aidé les petits à maîtriser un peu plus leurs éléments en maîtrisant leur pensée et leur émotion. Cependant, la noirceur donnait désormais désavantage pour l'apprenti élémental d'eau. Alors, ils décidèrent de retourner dans leur domaine en me remerciant. Je fis un délicat signe de tête et ceux-ci partir en ricanant et en se remémorant les bons coups que chacun avait fait lors de l'entraînement. De mon côté, je décidai de profiter de la noirceur et de la Lune. Sans faire aucun mouvement apparent, je m'envolais dans le ciel très lentement. Je me rendis à l'endroit le plus haut de la ville, c'est-à-dire le château pour regarder le ciel de plus près. Je m'assis en silence et profitai du temps calme. Cependant, mon repos fut de courte durée. Un courant d'air alarmant vint me voir. Il tournoyait autour de moi comme si un danger s'approchait. Cependant, ce courant d'air venait de loin. Il avait une douce odeur familière... Celui de la mort et de la solitude... Mon village?!?! Quelqu'un avait pénétré dans ce lieu sans mon consentement. Sans crier gare, je m'envolai sous un vent violent. Si l'individu en question avait des mauvaises intentions, il allait fortement le regretter. Sous les effets des émotions, l'air que je créais autour de moi était très puissant faisant envoler les chapeaux des derniers passant de la ville. Je passai au travers du portail sans que les dragons puissent m'identifier clairement. Un orage se préparait tranquillement en ma présence. Le ciel qui était dégagé quelque seconde auparavant d'un ciel orageux où on pouvait entendre gronder les cieux.

Cela me prit peu de temps avant d'arriver au niveau du mon village. Les nuages avaient pris de l'avance sur moi. Ne faisant plus qu'un avec le vent, j'étais invisible à l'oeil nu. Je ne voulais pas me faire immédiatement. S'il cherchait à mourir, il allait mourir sous la colère du vent et jamais il ne pourrait voir son tueur. À mon arrivée, je pus voir un homme encapuchonné qui cherchait quelque chose. Est-ce qu'il cherchait des biens précieux? Il n'y avait plus rien en ce lieu. Le peu que j'avais trouvé qui était encore dans un bel état avait été vendu, dans le passé, pour m'acheter un peu de bien pour survivre. Le vent se déferla autour de lui.

- Qui ose venir en ce lieu maudit?, dis-je d'une voix menaçante et spectrale.

Je restai bien haut dans le ciel en restant sous ma forme venteuse. Je voulais connaître l'identité de cet inconnu, celui qui risquait de perdre la vie comme les cinquante autres individus qui reposent à jamais dans ces lieux. Je pourrais forcer les choses en retirant son capuchon, mais je voulais qu'il le fasse par lui-même s'il avait le courage de me montrer son vrai visage.

- Dévoile-toi, étranger, si tu ne veux pas perdre la vie...

Je ne rigolais point et cela se sentait par l'orage qui grondait de plus en plus fort. Le lieu était presque sous la noirceur totale, mais je n'avais aucune difficulté à voir dans le noir. Ma patience était mince en ce moment. J'espérais pour lui qu'il ne voulait pas s'amuser avec moi, car il risquait de trouver ma réponse de mauvais goût.
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Lun 26 Jan 2015, 22:24

Quelques minutes me suffirent pour comprendre que je n'étais pas le bienvenu.

Je me rappelais encore de cet instant où les enseignements du Vieux furent mis à rude épreuve. Les fraiches bises qui me caressaient de temps à autre mes pommettes se dissipèrent pour laisser place à des vents bruyants et violents. Ma première réaction fut de me crisper un peu plus comme pour éviter quelque balayage incongru de la part d'une rafale indésirée. Mais j'étais proie facile à me tenir ainsi en déséquilibre ; ainsi repris-je rapidement mon souffle pour adopter une posture martiale. Adoptant un rythme respiratoire constant et régulier, fermant les yeux, je m'imaginais tel un roseau ; celui qui plie sous la pression d'une force extérieure, mais jamais ne se brise ; au contraire, il la repousse contre son opresseur. Fixant cette image mentale dans mon esprit, je regagnais peu à peu confiance en moi et ne fit qu'écouter les courants d'air autour de moi. Pour sûr j'étais cerné, mais il ne servait à rien de faire montre de panoque, cela ne ferait que renforcer la certitude que j'étais un imposteur. Or je me rappelais mon but, ma mission : répandre le bien autour de moi. Je venais en paix, mais il était hors de question de me laisser faire pour autant.

Grondements. Les choses commençaient à se gâter et la peur s'installait lentement en moi. C'était quelque chose de naturel mais je luttai pour ne pas me laisser décontenancer par ce spectacle intimidant. Je m'étais entraîné durement pour faire face aux pires dangers. J'essayais de percevoir le moindre indice, le moindre son qui pourrait m'inciter à me dégager de ma position pour tenter d'échapper à ces vents violents. J'étais visiblement pris au piège, et le mieux que je pusse faire, pour l'heure, c'est d'attendre un troisième élément, un troisième indice. Il n'attendit pas pour annoncer la couleur ; une voix froide - que dis-je, glaciale - et spectrale se fit entendre, me mandant de décliner mon identité. Quoi de plus normal. Je déglutis cependant lorsque qu'on adjoigna à ces paroles solennelles quelque menace de mort. Je n'avais pas peur de la Mort. Du moins c'est ce que le Vieux avait voulu me faire croire. Mais je n'étais pas encore prêt à succomber. Mourir ainsi sans connaître l'identité de mon ravisseur, sans avoir accompli ce pourquoi j'étais venu... Ne me ressemblait tout simplement pas.

Il fallait le dire : j'étais déjà acculé dans mes derniers retranchements. Et quand bien même ce ne fut pas le cas, j'aurais déjà joué la carte de l'honnêteté dès le début. Lentement, mais sûrement, je levais les bras en forme de cercle pour porter mes mains à mon capuchon que j'ôtais d'une lenteur solennelle. Qu'importe si l'on ne pouvait voir mon visage distinctement ; au moins pourrait-on apercevoir mon geste et l'apprécier, le qualifier de bienveillant. J'ouvris de nouveau les yeux, affichant un air neutre, un visage fermé. Je m'efforçais de penser au sept vertus. Je me demandais comment je pourrais apaiser mon interlocuteur si seulement je pouvais en être capable. Mais je me rappelai une chose fondamentale : il avait daigné communiqué et aurait pu me tuer sans sommation. C'était un gage de loyauté que je devais saluer par cette réponse.

- Je m'appelle Nathan Vendel, j'étais autrefois un habitant de ce village. J'ai reçu la bénédiction des anges et j'ai pu renaître sous telle forme. Je viens en paix.

Cela devait, je l'espérais, suffire pour le moment. Si cette voix s'avérait provenir d'un potentiel allié, alors sans doute serait-il possible de continuer le dialogue. Dans le cas contraire, si je devais perdre la vie comme elle me l'avait dit, alors je me battrai jusqu'au bout, mourrai la tête haute, l'allure droite et le sourire au lèvres. Ou peut-être viendrai-je à bout de cette menace ? En tout cas, j'avais respecté les sept vertus et je m'étais annoncé en toute sincérité et toute loyauté. C'était, selon moi, le plus important.
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Mar 27 Jan 2015, 02:33

Malgré le vent qui tourmentait le calme de ce lieu rempli de souvenirs tristes, je vis un homme, debout et dégageant une certaine confiance. Rares sont ceux qui pouvaient se tenir de la sorte face à mon vent destructeur sans avoir d'entrainement ou une grande agilité. Cet homme, malgré son apparence bien camouflée sous sa cape, me disait quelque chose. J'avais l'impression que ça venu en ce lieu était loin d'être anodin. À mon arrivée, un voleur aurait pris la fuite à la première occasion face à ma colère et m'aurait sûrement demandé d'éviter la mort. Cependant, ce dernier était calme et déterminé. En attendant qu'il réagisse à ma demande, je me demandais ce que cet individu d'apparence masculine avait derrière la tête. Sa vie était en danger et plus que jamais. Est-ce qu'il se croyait être assez puissant pour m'affronter? Est-ce qu'il avait la moindre idée de qui j'étais? Est-ce qu'il se doutait qu'il se trouvait face à un esprit élémentaire? J'avais l'impression que cette personne avait soit la tête enflée en s'imaginant être plus puissante que moi ou soit il était un simple insouciant ne connaissant pas le danger qu'il l'entourait présentement. Le vent était un meurtrier silencieux et sans qu'il ne puisse l'entendre sa vie pouvait disparaître à jamais.

Puis, après un long moment, il leva les bras d'une façon non menaçante. Malgré cela, j'étais prête à réagir à la première occasion. Il faisait un mauvais geste et il perdait ses membres supérieurs. Il les leva jusqu'à se rendre jusqu'à son capuchon pour ensuite le retirer délicatement. Ce que je vis me troubla profondément. Le vent se mit à réagir à mes sentiments. Il devint complètement instable. On pouvait facilement le sentir allant de gauche à droite, d'intensités différentes. Ce ne pouvait être possible... Ce ne pouvait être lui... Je devais le confondre avec quelqu'un d'autre. Il devait s'agir d'un homme qui lui ressemble simplement. J'essayais ainsi de me convaincre que ma mémoire me jouait des tours pour reprendre le contrôle sur mon élément.

Cependant, il ouvrit ses yeux et son regard me déstabilisa à nouveau. Malgré que son regard était encore plus pénétrant que dans mes souvenirs, il lui ressemblait énormément. Il semblait simplement plus mature. Il avait des traits d'homme plutôt que des traits d'enfant comme dans le temps. Je me secouais la tête. Je rêvais simplement. Ce ne pouvait pas être lui. Je l'ai enterré. Je l'ai tué! Ce qui m'acheva est sa présentation. Il avait le même nom que lui... Il avait le même prénom... Le vent tomba comme une feuille morte lorsque les grands froids arrivent à grands pas. J'étais trop concentré à essayer de me convaincre que ce n'était pas lui pour maintenir le vent aussi intensément. Il devait être un imposteur. Il avait sûrement une créature immonde qui avait pu chercher dans ma mémoire pour prendre son apparence et ainsi m'affaiblir. Je n'avais aucune autre réponse qui me venait à l'esprit... Nulle autre que dire simplement que c'est lui... Je ne pouvais me laisser avoir simplement.

Je descendis au niveau du sol tout en étant invisible sous ma forme d'air. Je n'étais qu'un simple courant d'air dans ce décor désolant. Je me rapprochai de lui. Je le regardai de près. Il lui ressemblait tellement... Je fis le tour de lui laissant ainsi un léger courant d'air lui caresser le visage. Après avoir fait un tour complet, je m'éloignai de lui en reculant pour garder mon regard sur lui. Je décidai de me cacher au travers de mon capuchon à mon tour avant de prendre une forme physique visible. J'avais pensé prendre une autre forme pour garder mon identité secrète plus longtemps, mais je n'avais pas le coeur à cela. Ensuite, je dégageai le ciel des nombreux nuages que j'ai créé pour que nos corps soient éclairés par la douceur des rayons de la Lune. La nuit était devenue aussi claire et douce qu'avant. Rien n'empêchait ce dernier de partir. Je ne le tenais pas prisonnier malgré que j'aurais dû le faire pour pouvoir le tuer s'il était un imposteur. Sous la lumière de la Lune, il pouvait désormais voir un corps moins grand que le sien et moins large. J'étais complètement caché par ma cape d'un bleu royal. La seule chose qui pouvait possiblement voir était ma mâchoire et ma bouche dont les lèvres sont légèrement pulpeuses. J'étais assez loin de lui pour qu'il ne puisse me toucher sans qu'il fasse une trentaine de pas et ainsi me permettre de réagir en cas de soucis.

- Le nom que vous prononcez est l'un des êtres qui reposent en paix ici. Comment savoir que vous n'êtes pas qu'un être malveillant voulant détruire ce lieu... Prouvez-moi que vous êtes bien l'homme que vous dites être?

Ma voix était beaucoup plus douce tout en gardant une certaine dureté. J'essayais de garder une attitude dominante, mais au fond de moi, je faiblissais. Mon coeur battait la chamade. Malgré que j'essayais de me convaincre que ce n'était pas lui, il lui ressemblait tant. Mon doux Nathan... Lui que j'ai creusé son lit de mort sous une pluie torrentielle... Lui que j'ai déposé son corps froid avec la plus grande délicatesse sur un sol légèrement recouvert de pailles... Lui que j'ai déposé un unique baiser après sa mort... Sous ma cape, mes mains tremblaient. S'il s'agissait bien de lui, qu'est-ce que j'allais faire? Je l'ai tué! Me faire pardonner me semble impossible... Tant de pensées se bousculaient dans ma tête en des millièmes de seconde. Je regardais son visage et ce dernier me troublait. Mon coeur ne savait plus sur quel rythme battre... Celui de la joie? Celui de la triste? Celui de l'angoisse? Je ne savais plus quoi faire. Pour l'instant, je devais imaginer qu'il n'était qu'un imposteur, mais cela était la réponse de ma tête et non de mon coeur... S'il était bien Nathan, il avait une forme plus mature... Bref, je restai là en souhaitant à la fois qu'il fût un imposteur qui allait périr sous ma main ou qu'il fût bien Nathan me faisant souffrir davantage. S'il s'agissait de mon défunt amour, je risquais d'être impuissante. Je crois que s'il voulait me poignarder pour se venger de sa mort, je le laisserais faire. Je ne pourrais le retenir de faire ce que j'ai essayé de faire à plusieurs occasions envers ma personne. Le temps me semblait si long soudainement. Jamais je n'aurais cru me trouver dans une telle situation...
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Mar 27 Jan 2015, 17:14

J'étais encore en vie.

Cette apparente force de la nature avait décidé de m'épargner pour l'heure. Mais le poids de mes mots lui pesait visiblement trop lourd pour ne pas rester indifférente. Je pouvais le sentir. Je l'avais perturbée. Décontenancée. Ce n'était pas l'effet recherché, certes, mais je me sentais un peu plus sûr de moi au fil des secondes. Un frisson me parcourut le long du dos lorsque je sentis cette brise fraîche m'effleurer le visage. Comme si elle cherchait à m'identifier, s'assurer que je valais peut-être la peine d'être laissé envie... Alors je laissais le courant d'air onduler le long de mon corps. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Et alors que les instants passaient, je vis apparaître en face de moi une silhouette. Un peu plus petite que moi, mais toute aussi élancée et sûre d'elle. Et malgré l'obscurité, je pouvais apercevoir au clair de Lune qu'il s'agissait d'une femme, compte tenu de ses formes, de ses rondeurs et du bas de son visage. Instinctivement, je m'épris d'empathie pour cette personne, désireux de savoir ce qu'elle ressentait...

Elle doutait. Elle se questionnait sans cesse sur mon être et sur la véracité de mes propos. Elle ne croyait pas un semblant de parole de ce que j'avais pu lui raconter et cela semblait légitime. Mais moi, j'étais fixé. Il s'agissait bien de Lysis, l'élue de mon coeur, celle dont je suis tombé amoureux et celle à qui j'ai pensé chaque jour depuis ma... "mort". Et je me rendis compte à l'instant que j'avais peut-être commis une erreur en revenant ici. Parce que je compris qu'elle seule avait bâti ce cimetière et qu'elle le protégeait au point d'intervenir lorsque les mauvais vents l'avertissaient d'une présence non désirée. Parce que je compris qu'elle avait fait son deuil et que le fait de me voir devait plus la troubler qu'autre chose. Elle ne voulait pas croire qu'il s'agissait bel et bien de moi, et c'était légitime.

J'avais semé le vent au risque d'en récolter la tempête, en quelques sortes. Je la sentais complètement désemparée. A vrai dire je ne m'attendais pas à le retrouver si rapidement. Mais c'était bien elle et j'en étais rassuré. Du moins, c'est ce que j'essayais de montrer malgré sa méfiance. Elle était gagnée par moult émotions. Je ne devais pas abandonner le dialogue en si bon chemin et devais continuer de faire montre d'assurance, remplir mon rôle jusqu'au bout. Si je ne pouvais pas lui apporter la preuve que j'étais bien celui que je prétendais être, je pouvais au moins confirmer d'autres informations. J'étais un ange revenu parmi les morts. Confiant dans l'idée que cela lui permettrait de prendre du recul, j'ôtais avec grande délicatesse mon ample manteau de fortune que je laissais flotter un instant au vent avant de le faire tomber d'un geste las au sol, puis je commençais à déployer lentement mes deux amples ailes blanches. Celles-ci, malgré l'obscurité, semblaient garder un éclat certain grâce à la lumière de la Lune.

- Tous reposent en paix, sauf un. Je me vois mal entreprendre la destruction d'un lieu qui a déjà subi des ravages irréversibles. Lysis, je suis très ému de te revoir. Quelque part je me rends compte que j'ai commis une erreur au point de te troubler. Autre part... J'en avais besoin. J'ai pensé à toi chaque jour, à chaque instant où je pouvais m'abandonner à mes songes, à mes rêves ; m'enfermer dans mon jardin secret. J'avais besoin de te revoir ne serait-ce qu'une dernière fois. C'est pour toi que je suis revenu. Parce que mes sentiments n'ont pas changé à ton égard. Mais... J'imagine que tu n'avais pas besoin d'entendre tout cela non plus. Tu as dû te faire une raison, prendre un autre tournant dans ta vie depuis...

Je fermai les yeux pour lui tourner le dos. Je ne pouvais pas m'ôter de la tête que j'avais commis une erreur quelque part. Parce que j'avais laissé mon coeur empiéter sur ma raison. Et le Vieux m'avait pourtant mis en garde à ce sujet : c'était comme ça que les plus grands avaient succombé à la déchéance...

- Lysis, dis-moi juste que tu es heureuse. Que tu vis des jours meilleurs. Que tu as réussi à tourner la page. Je dois m'en assurer avant de partir à la rencontre de mon Destin. Je te laisserai le temps qu'il faudra de réaliser que je suis de retour... Peut-être pas sous la forme que tu attendais, certes, mais je suis bien l'ami que tu as côtoyé depuis ta tendre enfance. Si tu ne me crois pas, la meilleure chose que tu puisses faire, c'est de mettre un terme à ma seconde existence.
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Mer 28 Jan 2015, 02:22

Music d'ambiance:

Son premier geste à ma réponse fut de retirer sa cape. Il agissait tout en douceur comme un homme bon et honnête le ferait. Ce que je vis me fit sursauter intérieurement. Il avait une magnifique paire d'ailes d'un blanc aussi pur que la douce neige fraîchement tombée le matin même. Seul un ange pourrait avoir des ailes d'une telle pureté... La seule réaction que j'eut et d'ouvrir légèrement la bouche et lever un peu plus la tête. J'étais encore invisible à ses yeux à mon avis, mais je pouvais me tromper. Il était donc revenu à la vie... J'avais l'impression que les Aetheri avaient pris pitié de moi et me donnaient une seconde chance en ces temps durs. Je m'efforçais pour rester forte, mais à chaque seconde qui passait me faisait que davantage souffrir.

Puis, d'une voix douce, mais à la fois grave, il répondit verbalement à ma demande. Par contre, sa réponse ne fut pas ce que j'imaginais. Il avait deviné qui j'étais! Avec un peu de recul, je dois avouer que ma façon de parler de ce lieu pouvait me trahir. J'étais l'une des seules personnes qui connaissaient l'emplacement de ce lieu. Une personne qui connaissait cet endroit se douterait bien que c'est la seule survivante de ce lieu qui prendrait soin d'un endroit qui est mort. Cette dernière réponse me convainquit de son identité. Il était bien mon amour du passé. Mes yeux se remplissaient de larmes. J'avais la gorge serrée. Je ne pouvais rien dire à ses premières paroles. Je serrais mes dents en essayant de retenir mes larmes. Celles-ci s'accumulaient troublant ainsi ma vision de la beauté de cet ange. Pendant tout ce temps, il avait pensé à moi. Il rêvait de moi comme moi, je rêvais de lui lorsqu'il était encore vivant. Chaque fois que je rêvais de lui, je me réveillais en larme. J'avais rencontré deux hommes suite à son décès, mais il avait toujours gardé une place spéciale dans mon coeur. Une place que ni Khan, ni Xiérel n’avaient réussi à déloger. Ses paroles me touchaient plus qu'il ne pouvait l'imaginer. Est-ce que je n'avais pas besoin d'entendre cela? Je l'ignore. Pour l'instant, j'avais l'impression d'être dans un rêve qui allait s'évanouir dans un avenir rapproché. Prendre un nouveau tournant de cette histoire qui n'a jamais vu réellement le jour aurait été normal, mais je suis loin d'être une femme normale.

Soudainement, il ferma les yeux et se retourna. Est-ce qu'il allait partir? J'eus le réflexe de lever la main, mais aucun mot ne sortait de ma bouche. Ma main qui était ouverte au départ se referma lentement en tremblant. J'avais l'impression que j'allais le perdre à nouveau. Un sentiment de terreur se fit sentir au plus profond de mon être. J'avais peur qu'il ne soit qu'une illusion et qu'il disparaisse aussi rapidement que dans le passé. Une larme s'échappa et commença à couler délicatement sur ma joue gauche. Ces dernières paroles me troubla encore plus faisant couler une seconde larme, mais du côté droit. Un sentiment de tristesse et de colère se mélangea en moi. Comment osait-il dire de mettre fin à sa vie... Il n'avait jamais mérité de mourir de la sorte d'une façon aussi cruelle et sanguinaire. Il était le garçon le plus gentil que je connaissais. Il était le seul à ne pas me voir d'un oeil différent suite à l'évènement de notre village. Je serrai des dents et mon poing se resserra davantage. Je pris un certain temps avant de réagir à sa demande. Ma conscience était tiraillée. Qu'est-ce que je devais faire... Je décidai de suivre mon instinct au lieu de ma tête pour une fois. Je décidai de me précipiter vers lui. À cause des émotions, j'ai été tout prêt de tomber à deux reprises, mais je réussissais à reprendre mon équilibre pour atteindre ma cible. J'attrapai de dos Nathan en déposant délicatement ma tête sur son dos entre ses deux ailes. Mon capuchon était tombé par lui-même laissant maintenant voir ma chevelure d'un blanc aussi pur que ces ailes. De nombreuses larmes coulaient sur mon visage et je ne pouvais les retenir. Toute la souffrance que j'avais gardée en moi depuis toutes ses années s'évacuait. En le touchant de la sorte, j'avais la certitude qui n'était pas un rêve. Mes mains gantées s'accrochèrent à son torse. Je ne voulais pas qu'il se retourne. J'avais beaucoup changé depuis la dernière fois que l'on sait vue. Ma chevelure ainsi que mes yeux avaient changé du bleu au blanc et mon visage était devenu un peu plus sévère par les années de dur labeur que j'avais eu. Je voulais qu'il s'imagine que j'étais encore celle qui a connu pour un moment. Une femme très naïve et aussi n'ayant aucun sens de l'orientation dans son propre village. D'une voix assez dure, mais qui venait d'un fond du coeur, je lui dis de façon un peu étouffée par les émotions.

- Idiot! Comment oses-tu me demander de te tuer une seconde fois... Je... Jamais je n'aurais voulu te perdre... Jamais tu ne méritais de partir de la sorte...

Je repris mon air et avalai un peu mes émotions pour pouvoir avoir une voix moins troublée par ces derniers.

- Si je suis heureuse... Non, je ne le suis plus depuis ce jour. Le jour où ton âme s'est séparée de ton corps de mortel ainsi que tous ceux qui vivaient en ce lieu. J'eus le plaisir de rencontrer des hommes qui ont eu de l'affection envers moi, mais jamais je n'ai pu me résigner à sortir réellement avec eux... Depuis le jour dramatique, je ne fais qu'errer dans ce monde à me chercher un but. Essayez d'oublier la peine qui me ravage d'avoir causé un tel drame. Vivre avec un tel fardeau ne fut pour moi que souffrance. Nathan... Comment peux-tu avoir des émotions pour une meurtrière? Comment peux-tu avoir des sentiments pour celle qui t'a enlevé la vie dans le passé?

Je pris une petite pause avant de dire d'un ton plus grave et avec aucun émotion.

- Celle qui devrait disparaître en ce moment... C'est moi...

Je m'arrêtai ainsi. Cela devenait trop dur de continuer à parler. Chacune de mes paroles provenait du coeur. Depuis la mort de mon village, j'étais morte à l'intérieur. Je n'étais plus qu'un être sans âme qui cherchait un moyen de se faire pardonner par les Aetheri. Mon âme était souillée par la mort de plus d'une soixantaine d'individus désormais. Je méritais la mort bien plus que lui. De plus, il mériterait tellement mieux que moi. Il méritait une femme aussi pure et douce que lui. Cependant, je gardai cette pensée pour moi. Je me doutais que mes paroles n'allaient servir à rien. Aussi, je ne pouvais l'imaginer entre les bras d'une autre femme. Mes bras se relâchèrent tranquillement. Ma tête me disait de fuir face à cette situation qui me rendait faible, mais mon corps ne répondait plus. Je restai là, muette, cachée dans le dos de l'homme qui avait pris mon coeur durant ma jeunesse.
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Mer 28 Jan 2015, 11:33

Le danger n'était plus.

Je n'étais plus en face d'une puissance de la nature que je devais craindre. C'était bel et bien Lysis, la seule femme que je n'ai jamais aimée. Je réalisais à quel point elle était devenu puissante depuis notre séparation. Et à quel point elle avait du mal à canaliser ses émotions. Il fallait dire que je ne l'aidais pas beaucoup. J'étais tiraillé. Quand bien même était-elle troublée de me revoir - je n'en ressentais pas moins la même chose - je la sentais réchauffée malgré le froid ambiant. Réchauffée au fond de son coeur. Pour la première fois je me sentais en harmonie avec une personne dans le besoin. C'était bon signe.

Je la laissais se reposer contre mon dos. D'intenses frissons me parcoururent le dos et le long de mes ailes qui se mirent à frétiller doucement. La sensation de ses gants de velours contre mon torse n'était pas moins désagréable. L'espace d'une fraction de seconde, je voulais que cette instant dure pour toujours. C'était la seule à qui je pouvais le tourner le dos sans craindre de me faire poignarder. C'était la seule en qui je plaçais une confiance aveugle et absolue. Je la sentais s'abandonner, laissant s'écraser au sol comme un fardeau trop lourd pour son corps frêle, malgré qu'elle fût endurcie depuis. Ses émotions étaient trop fortes et je gardai les yeux fermés, immobiles, pour me concentrer et ne pas me laisser emporter. Parce que dans un coin de ma tête, le Vieux était encore présent et me gardait de succomber aux sept pêchés.

Je me posais peut-être trop de questions. Aussi gardai-je une respiration lente, calme, stable, écoutant chacune des paroles de mon aimée, pesant chacun ses mots. Elle renforçait un peu plus chaque seconde l'image que j'avais d'elle : une âme en peine, tourmentée, noyée dans le chagrin et le regret. Je ne pouvais pas la laisser comme ça. J'étais responsable de son état et je me devais de la réconforter. Après tout, n'étais-je pas destiné à telle tâche ?

Elle relâcha lentement sa douce étreinte. Je sentais comme une partie de moi se détacher de mon corps. Comme si elle m'abandonnait à nouveau. Mais il me fallait rester calme, ne pas succomber à mes émotions. Comment pourrait-elle se sentir en sécurité, sinon ? Je pris soin de rétracter temporairement mes ailes tout en effectuant un demi-tour soigneux, puis je les recourbai lentement autour de Lysis, prenant soin de ne pas effectuer quelque geste trop brusque. Je voulais qu'elle se sente en sécurité. Au moment où je m’apprêtai à lui parler, je plantai mon regard dans le sien. Elle avait beaucoup changé au point que je marque un temps d'arrêt avant de prendre la parole. Ses cheveux avaient viré au blanc, son visage était devenu plus fermé, plus sévère. Mais son regard, lui, était toujours le même. Elle restait tout aussi charmante, et c'était bien ce petit trésor du monde dont j'étais tombé amoureux sans crier gare.

- Tu n'as rien d'une meurtrière. C'est cet abominable Mage Noir qui est responsable de notre mort. Mais, plus que tout, il est responsable de tes maux et te fait vivre dans le dénis. Lysis, je ne veux t'entendre dire que tu dois disparaître. Rien n'est irréparable. Tu dois continuer de vivre pour ton village. Tu dois honorer leur mort en te vengeant de ce fourbe individu si cela n'a déjà été fait. C'est ce que je voulais te dire par-dessus tout.

Au fond de moi, je ressentais cette petite fierté d'être fidèle aux sept vertus, de pouvoir retransmettre, d'une manière ou d'une autre, les enseignements du Vieux. Quand bien même la situation était aisée pour moi de le faire - après tout, je me sentais tellement rasséréné de voir l'élue de mon coeur en face de moi - je ne devais pas scier la branche sur laquelle j'étais assis. Je souris doucement, continuant de regarder Lysis dans les yeux, fixant ses belles prunelles, puis je lui pris la main, croisant mes doigts avec les siens.

- Nous n'avons pas été assez forts tous les deux pour venir à bout de cet ennemi. Tu m'as presque fait une frayeur plus tôt, j'ai bien cru que tu allais me vider les poumons ou... Quelque chose dans ce genre-là. Tu as progressé et il te faut maintenant insister sur ton mental et tes émotions. Je sais, c'est facile à dire venant d'un ange bien moins expérimenté que toi. De mon côté, j'ai tout autant besoin de progresser, de devenir plus fort. C'est à peine si ce plumage me sert à batifoler...

Je déployai de nouveau mes majestueuses ailes l'espace d'un instant, avant de les rétracter à nouveau derrière mon dos. J'aurais tant aimé emmitoufler Lysis dans celle-ci, pouvoir l'étreindre, mais je sentais au fond de moi que c'était trop tôt pour de telles retrouvailles. C'est à peine si je pensais qu'elle me sectionnerait la main d'un tranchant d'air pour avoir pris la sienne. Alors je continuais de la regarder. Et quand bien même elle avait changé, au fond elle restait toujours la femme que j'aimais et je restais toujours amoureux d'elle. Je ne trouvais plus mes mots et je sentais qu'il fallait que je marque un silence pour qu'elle puisse digérer mes paroles. Ce faisant, je rapprochai lentement mon visage de Lysis. J'avais été suffisamment raisonnable comme ça pour ne plus laisser agir mon coeur, et je savais que je ne pouvais pas lui annoncer la couleur autrement, sans ambages. Il fallait qu'elle le sache...
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Mer 28 Jan 2015, 15:17

Je ne savais plus quoi faire en ce temps de retrouvailles. J'étais tellement heureuse de le revoir en vie, mais je culpabilisais de mes gestes du passé. Collé contre lui, je put ressentir toute la chaleur que son corps qui se dégageait naturellement. Cette chaleur qui avait disparu lorsque je l'ai touché la dernière fois. Cette chaleur qui me manquait au plus profond de mon coeur sans que je le réalise réellement. J'avais l'impression que cette chaleur se rendait droit à mon coeur meurtri pour le réconforte et l'apaiser de sa souffrance. Mes larmes cessèrent de couler lentement grâce à ce pardon indirect de sa part. Je réalisai que, malgré mes efforts pour surmonter mon passé, j'étais toujours aussi blessé. Depuis toutes ses années pendant son absence, je restais aussi faible devant mes démons intérieurs que le premier jour de ma déchéance.

Quand je relâchai mon étreinte, Nathan décida de se retourner délicatement en rétractant ses ailes pour éviter de me heurter. Tous ses gestes démontraient de la finesse et de la douceur. Il était digne d'être un ange dans ce monde parfois dur. Pendant que je sentais l'air bouger autour de lui en signe de son déplacement pour venir face à moi, mon esprit revenait à me questionner sur mon apparence. J'avais peur de sa réaction. Avec les nombreux dangers que j'ai affrontés et à la maîtrise de mon  élément, il allait peut-être ne plus aimer ce qu'il allait voir... De toute évidence, même si je voudrais revenir comme avant, il n'était pas possible de le faire en si peu de temps. Je levai mes yeux pour pénétrer mon regard dans le sien. Ses yeux étaient encore plus magnifiques que dans mes souvenirs. Ils sont d'un bleu aussi clair et brillant que l'aquamarine, une pierre d'une très grande beauté. Un léger silence s'installa lorsqu'il vit mon visage. Il ne devait pas s'attendre à me voir aussi différente.

Puis, il prit parole. Tous ses mots avaient été choisis pour me réconforter. Je fis un petit sourire en coin lorsqu'il parlait de venger la mort de notre village en tuant le sorcier. Pour un homme pur, il savait l'importance de la justesse. J'avais, il y a quelque temps de cela, ramassé plusieurs informations sur lui, dont le fait qu'il était toujours en vie. Cependant, j'avais eu beaucoup d'autres préoccupations m'empêchant de réaliser ma quête jusqu'à ce jour. Ce sorcier était devenu très fort et encore plus corrompu selon les dires des habitants que j'ai rencontrés. Il détruisait tout sur son passage lorsqu'il décidait de sortir de sa demeure dont je ne connais pas l'emplacement jusqu'à ce jour.

Bref, mon esprit revint à la situation lorsqu'il prit ma main. Un long frisson parcourait mon corps. Depuis ma tendre enfance, je rêvais de le tenir de la sorte, mais jamais je n'avais osé. J'étais bien trop gêné pour le toucher de la sorte et aussi occuper par la tâche d'être apprentis de notre mage blanc. Malgré que je ressentais sa main dans la mienne, je n'osai dévier mon regard par peur qu'il prenne mon geste mal. Bien que sa présence me faisait encore étrange, je devenais de plus en plus calme. Il dégageait une énergie si réconfortante. Son sourire amena le mien. Un léger sourire qui avait pris l'habitude de voir après ma transformation. Ces dernières paroles me firent légèrement rigoler. Il avait toujours eu les mots pour me faire rire. C'est qu'à ce moment que je réalisai qu'il avait entouré ses ailes autour de moi. Ce geste était si réconfortant et intentionné à la fois. D'une voix douce, je lui dis d'une voix naturelle.

- Nous étions jeunes lorsque le magicien noir est venu dans notre village. Nous ne pouvons rien y faire. Nous étions que des témoins dans cette situation...

Je baissai lentement la tête pour éviter ce regard si pur que j'avais l'impression que je n'avais pas le droit de les regarder. Je repris parole en refermant ma main légèrement sur  celle à Nathan.

- Si j'avais eu l'intention de te tuer, cela aurait été plutôt simple. Et le fait de te vider tes poumons d'air est un choix bien judicieux...

Je rigolai un peu plus avant de reprendre la conversation.

- Pour ce qui est de voler, je n'ai pas d'ailes personnellement, mais je pourrai t'aider à te pratiquer sans que tu finisses le visage droit dans un arbre ou bien, face première au sol.

Je rigolai à nouveau. Je me rappelai la fois où j'avais fini comme un ornement dans un arbre. Les premières ne sont jamais totalement faciles.

Le temps passait et la peine disparaissait tranquillement pour laisser place à la joie de le revoir. Je relevai à nouveau mon visage pour laisser mon regard blanc s'aventurer dans le sien. À l'intérieur de mes yeux, on pouvait y voir un effet de vent comme si mon élément régnait en roi à l'intérieur de mon iris. Soudainement, mon coeur se mit à battre plus rapidement lorsque je réalisais à quel point j'étais proche de l'homme de mes rêves. Il y a plusieurs années maintenant, lors de mon 18e anniversaire, j'avais essayé de lui dire des paroles uniques et puissantes, mais qui ne vinrent jamais. Pendant un instant, mes pensées s'égaraient et un grand désir de retrouver sa chaleur sur ses lèvres se fit sentir. Cependant, je me retenais. Je ne connaissais très peu de chose sur les anges. J'ignorais si c'était un pêché ou non de faire un tel geste. Je décidai au lieu de me coller contre lui et lever mon bras libre pour m'accrocher à nouveau à lui en en serrant davantage sa main.

- Je suis si heureuse de te revoir... Tant de nuits, j'ai rêvé à toi. Tant de réveils qui m'étaient douloureux. Maintenant que tu es revenu, ses rêves douloureux deviendront des rêves joyeux. Merci d'être venu en ce lieu! Ta présence me ramène un peu plus à la vie...

Je fermai les yeux un instant pour ressentir davantage. C'étais si réconfortant être dans ces bras en ce moment. Puis, je réalisai que la nuit s'installait davantage. Une brise glacial se répandait dans ce lieu où repose de nombreux âmes possiblement en paix. Je n'avais pas de difficulté à résister au froid, mais il n'était peut-être pas le cas de Nathan.

- Nous devrions peut-être trouver refuge pour nous reposer avant que le jour se pointe. Nous avons le choix d'aller chez le village voisin qui a une petite auberge pour les voyageurs ou bien, le restant de cette maison que je peux récupérer après le désastre.

J'ouvris les yeux pour pointer l'endroit en question. La maison en question était faite en pierre et il y avait trois murs et demi. Il est parfait pour se cacher du vent, mais très peu de la pluie puisque le toit était tombé laissant une grande ouverture vers le ciel. Les fenêtres étaient aussi cassées par les fracas de ma tempête. Bref, il me représentait bien pendant les années suivantes le drame. On pouvait trouver à l'intérieur un lit de paille, une table, une chaise et une bougie pour éclairer les nuits sombres.

- Je sais bien qu'il ne s'agit pas d'un endroit de rêves, mais il fut mon refuge de la civilisation pendant plusieurs années.

Je fis un sourire et fermé à nouveau mes yeux pour écouter à nouveau la douce mélodie de son corps. J'avais l'impression que je retournais à mes 18 ans et que le plus beau des scénarios était en train de se produire.
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Mer 28 Jan 2015, 18:49

Comme un retour dans le passé.

Je dois avouer que je n'y croyais pas ou peu, au début. Mais j'avais visiblement acquis bien plus d'assurance au point d'avoir redonné le sourire à Lysis. Au fond de moi, je voulais crier victoire, exhaler ma joie. Mon coeur faisait quelques bons inespérés dans ma poitrine lorsque je la voyais sourire. Mieux, elle riait. Je me complaisais dans ce cercle vertueux et je l'écoutais, silencieux, d'autant plus souriant lorsqu'elle parlait déjà de projets futurs... En ma compagnie. Elle voulait m'apprendre à voler. Dans le fond, je doutais qu'on puisse y faire grand-chose elle et moi, mais l'intention était là et, qui sait, peut-être que grâce à elle je réussirais à dompter ces ailes prématurées. J'essayais de l'enlacer de bras protecteurs lorsqu'elle se colla contre moi. Je ne pus m'empêcher de frémir, à la fois à cause de cette brise glaciale qui vint m'agresser l'échine, mais aussi de plaisir que de ressentir la timide chaleur du petit corps de Lysis. Sans parler de son parfum qui m’enivrait. Sans vouloir faire quelque jeu de mot in-convenu : j'étais aux anges.

J'écoutais mon amie tout en laissant reposer mon cou sur sa petite tête. Elle revenait à la réalité en parlant de nous abriter et c'était bienvenu de sa part. Je réalisais une fois de plus qu'elle n'avait pas perdu le sens des priorités et je ne tenais pas à me momifier au dehors pour finir telle une statuette déchue au milieu de ces tombes. Mais elle semblait de nouveau s'abandonner à ses rêveries lorsqu'elle eut fini de parler. Sans doute une preuve qu'elle se sentait en sécurité avec moi, dans mes bras. Ah ! Que j'aimais la voir ainsi. Ne voulant pas gâcher ce moment, je la laissais reposer contre moi quelques temps, recroquevillant mes ailes à nouveau autour d'elle, comme pour créer une zone de confort. Je pouvais sentir que son coeur avait grand besoin de cicatriser, et quand bien même je savais que Lysis était une femme forte, on n'arrivait à rien en agissant seul. Elle avait besoin de moi et j'avais besoin d'elle. J'avais imaginé me séparer à nouveau d'elle au début ; lui dire que je devais arpenter le monde et aider l'âme en peine sur le chemin, pour devenir plus fort et ainsi me sentir digne de l'accompagner. Mais...

- Si tu m'as proposé de nous abriter quelque part et de m'aider lors de mon apprentissage du vol, je comprends par là que tu voudrais qu'on passe du temps ensemble. Et si moi je te disais que je ne voulais plus jamais me séparer de toi ?

Je la berçais un instant, puis désaérait légèrement l'étreinte qui nous liait pour la mener à son abri de fortune, enjambant les éventuels obstacles qui pouvaient se dresser en chemin, prenant évidemment grand soin de les repérer malgré l'obscurité. La Lune s'était en effet dressée davantage dans le ciel depuis ma venue en ces lieux. Je voulais encore profiter d'un moment d'intimité avec mon amour de jeunesse avant de regagner la civilisation. J'avais grand besoin de lui faire part de mes projets et d'entendre les siens. Pas d'inquiétude ni de compatibilité avec les sept pêchés capitaux. Lysis m'avait été retirée contre mon gré et je trouvais cela parfaitement normal que de passer un peu de temps avec elle, seule, que ce soit pour bavarder, rire ou pleurer ensemble. Parce que ce qu'il s'était passé m'avait donné une bonne leçon - et aussi à elle, sans doute. On ne savait pas de quoi demain était fait, et pour ma part je vivais au jour le jour comme si c'était le dernier. Pas question de me reposer sur ma prétendue immortalité.

- Tout s'est passé bizarrement après mon trépas. Je me suis réveillé je-ne-sais-où. On m'avait dit que tout mon village avait péri et que tu étais encore en vie. J'avais été affublé d'une paire d'ailes alors que la grande majorité des anges dits "stagiaires" n'en ont pas. Et puis j'ai passé quelques temps à la citadelle blanche auprès des séraphins. Ce sont des instructeurs qui t'apprennent à ne pas t'écarter de ce qu'ils appellent les sept vertus. J'ai même été placé sous l'aile - dans tous les sens du terme, Lysis - d'un instructeur. J'ai suivi l'enseignement et la Voie des Anges à la lettre dans l'espoir de te revoir, et voilà que j'ai été récompensé.

Je souris à nouveau, portant une main au visage de Lysis pour chasser délicatement une mèche de cheveux qui masquait une partie de son visage.

- Mais mon périple ne s'arrête pas là. J'ai des comptes à rendre à la Citadelle Blanche et j'ai pour objectif de protéger les gens. C'est un peu ce pourquoi je m'imaginais ne pas rester en ta présence trop longtemps mais, tout bien réfléchit, je pense ne pas avoir à me séparer de toi. Je pense même que je peux trouver un consensus, un compromis, appelle ça comme tu veux...

Je repris mon souffle, légèrement décontenancé. Ce que j'allais lui demander pouvait ressembler à une déclaration, comme ce que j'avais voulu lui dire le jour de son anniversaire. Décidément, j'aimais tellement Lysis que lui dire les choses les plus importantes du monde me semblait difficile. Évidemment que je redoutais sa réaction. Mais il me fallait bien commencer par quelque part. Je pris cette fois ses deux mains, les fermant pour les joindre, tout en les serrant. Je la regardai d'un air sérieux, déterminé plus que jamais.

- Lysis, il y a des anges qui choisissent de protéger une personne en particulier. On les appelle les anges gardiens, et ce quelque soit leur expérience. Je ne vais pas y aller par quatre chemin. Acceptes-tu que je sois ton ange gardien ?
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Jeu 29 Jan 2015, 05:07

Ses bras autour de moi étaient un vrai cadeau des cieux. Malgré que je sois surhabillé comme a mon habitude, je pouvais sentir ses bras contre moi. Chaque moment que je passais avec lui était si merveilleux. Cependant, je n'ai pu me retenir de voir l'image de Xiérel dans ma tête, le dernier homme qui avait eu des sentiments envers ma personne. Il avait quitté ma vie sans crier gare il y a quelque temps de cela maintenant. Cependant, je trouvais cela bien dommage que cette relation disparut dans le néant aussi rapidement... Une relation qui n'avait bien sûr jamais pris réellement naissance. J'évacuai cette image. Il n'était plus de ce monde, je devais me résigner à lui aussi. J'abandonnai mes pensées pour me concentrer sur le confort que je ressentais entre ses bras et de ses ailes.

J'ouvris les yeux à nouveau lorsqu'il prit parole. Il me semblait évident que je voulais prendre du temps avec lui. J'avais tellement perdu du temps précieux pour le connaître et profiter des bons moments avec lui. Il avait sûrement changé avec son séjour au paradis et je voulais le connaître autant qu'avant. Cependant, sa question me troublait un peu. J'ai peur qu'il fasse comme les autres. Les hommes qui voulaient faire partie de ma vie ont tous disparu sans laisser de trace. Est-ce qu'il allait faire comme les autres? Je ne pouvais l'imaginer de le perdre à nouveau... Je gardai le silence face à cette question. Je ne savais quoi lui dire.

Puis, il me fit bouger doucement et tendrement. Il me berçait en quelque sorte comme on réconforte un enfant lorsqu'il souffre trop. En ce moment, j'avoue que ce petit geste me semblait si réconfortant. Je fis un léger sourire, mais celui-ci disparut lorsqu'il s'éloigna de moi. Cependant, je compris rapidement qui s'éloignait pour mieux se rapprocher. Il m'amena vers l'abri de fortune que j'avais réalisé avec les débris d'une maison. Il enjamba les croix qui se trouvaient dans le chemin comme pour éviter de réveiller les morts. Pour ma part, je voyais très bien le chemin avec ma vision nocturne. Je contournais aisément les croix comme si nous étions en plein jour. Il poussa la vieille porte en bois pour rentrer dans cet endroit. La dernière fois que je suis venue, c'était pour contrôler le démon qui était en moi. Heureusement pour moi, j'ai appris à un peu plus le contrôler malgré que cela pouvait être difficile par moment. L'endroit n'avait pas changé depuis la dernière fois signe que mon petit sort de magie pour me prévenir d'éventuel envahisseur fonctionnait plutôt bien.

Rendu à l'intérieur, je profitai d'allumer la bougie qui se trouvait sur la table. Nous allions avoir un brin de lumière pour pouvoir nous voir. Je remarquai que ma plume, mon encrier et mon parchemin étaient toujours présents. Je fis un petit sourire en coin avant de rejoindre Nathan qui se trouvait désormais assis sur le lit. Je m'assis juste à côté de lui. Nathan profita du moment pour parler de son passage vers l'autre monde. Il semblait qu'il fut recueilli juste après sa mort. Il me confirma, en quelque sorte, qu'il fut le seul survivant. Je repensai aux enfants qui commençaient simplement à vivre. Les pauvres enfants n'avaient pas connu la vie qu'elle leur était déjà volée...  Puis, il expliqua l'apparition de ses ailes qui étaient présentes très tôt. Toutes ses informations me semblaient si intéressantes comme s'il me racontait une histoire. J'étais contente de savoir qu'il fut entre bonnes-mains dès son arrivée. Comparativement à moi, il avait été plutôt choyé . Lorsqu'il parlait de la récompense qui était moi, je ne pus que rougir tout en bougeant légèrement la tête sur le côté. Une mèche de mes cheveux vint se déposer, au passage, sur mon délicat visage. Mon ange eut l'amabilité de la retirer avec sa grande délicatesse. Je ne pus que le regarder, à nouveau, droit dans les yeux. Je me sentais toujours un peu rouge par les émotions. Sa douce voix continua son chemin. Il parla de son devoir d'ange. Ces paroles me firent frémir. Est-ce une déclaration? Je devins encore plus rouge. Il tenait mes deux mains et d'un air sérieux, il m'offrit la protection des anges. Je savais peu de choses sur les anges, mais je connaissais leur rôle auprès des humains. Il devait protéger un humain quitte à payer de sa propre vie pour protéger cet être qui jure fidélité. J'avais eu vent qu'il ne pouvait offrir que cela aux humains. Je me doutais qu'il connaissait bien le principe, alors je m'imaginais qu'il s'agissait d'une certaine métaphore. Il voulait peut-être m'offrir autre chose, mais comment le savoir autrement qu'en le demandant.

- Nathan... J'aimerais que tu sois mon ange gardien. Cependant, je crois que tu ne peux offrir cela qu'à un humain. Comme je ne fais plus partie de cette race désormais, je ne pourrai combler ce rôle qui m'aurait tant plus...

Je baissai un peu la tête par gêne, mais, en quelque sorte, un simple humain aurait plus besoin de son aide que moi. Par ailleurs, je risque d'être plutôt une source de danger pour lui. Je relevai la tête avec un sourire des plus honnête et tendre. Mon regard brillait en le voyant. Je lui répondis d'une voix douce en retirant délicatement ma main droite pour toucher sa joue droite avec une grande délicatesse.

- Nathan, je voudrais que tu sois l'ange gardien de mes rêves. L'ange qui saura me faire sourire lorsque je perdrai courage. L'ange qui saura me faire rire lorsque je serai en larme. L'ange qui me guérira de tous mes maux. L'ange de ma vie... Sois l'ange protecteur de mon coeur et je serai la femme la plus heureuse de ce monde...

J'avais beau me retenir, mais ma patience venait d'atteindre sa limite. Je me mordis légèrement la lèvre inférieure. Je me doutais ce que j'allais faire pouvait peut-être être malsain, mais j'espérais qu'il allait me pardonner.

- Nathan, je te protégerai contre toutes les tempêtes du monde si tu veux bien que notre histoire prenne vie en ce jour...

Je m'approchai délicatement de lui pour lui offrir un léger et doux baiser. Depuis ma tendre enfance, j'avais été obsédé à connaître le doux goût de ses lèvres. Un goût aussi pur et doux devait se savourer. Cependant, le baiser fut relativement court puisque je réalisai que j'avais peut-être été contre ses vertus, contre ses attentes, contre lui... Je rougis davantage pour devenir en air et ainsi être intouchable.

- Je suis désolée... Je n'aurais pas dû...

Je me retirai pour me rendre tout près de la fenêtre pour reprendre forme matérielle. Je regrettais mon geste. J'espérais qu'il n'allait pas m'en vouloir. S'il voulait partir, je n'allais pas le retenir. Qu'est-ce que j'avais fait... Mon sourire disparut. Je ne voulais pas être la cause de la déchéance d'un être aussi gentil et pur que lui... Que faire... Reculer dans le temps n'était pas une de mes capacités.
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Jeu 29 Jan 2015, 12:11

Une promesse impossible ?

Elle avait visé juste. Je me rappelai l'enseignement de mes prédecesseurs et ils parlaient bien d'être humains à protéger. J'avais oublié un instant que Lysis avait elle aussi pris un tournant dans sa vie au point d'avoir profondément changé. Elle n'était plus humaine, visiblement elle appartenait à une autre espèce, celle des élémentals. Je restai de marbre à cette idée. Les anges m'avaient intimé d'être précautionneux avec eux, et nos rapports diplomatiques n'étaient pas des plus détendus. Mais au fond, je m'en moquais bien. J'avais foi en Lysis et j'étais persuadé qu'elle et moi pourrions aboutir à une relation saine. Ce qu'elle proposa par la suite me fit presque rêver. Elle parlait d'être l'ange gardien de ses songes et de son bonheur. Comme un titre officieux. Un peu comme si un père élevait un fils adoptif, en quelques sortes. Ici, c'était pareil. Peut-être n'aurai-je pas le droit d'être véritablement son ange gardien, mais ça serait tout comme. Cette idée me plaisait, si bien que j'en perdis mon attention.

Je ne réagis qu'à l'instant où ses lèvres effleurèrent les miennes. J'étais littéralement désemparé et je m'attendais à tout sauf à ça. Je me sentais encore plus minable lorsque le baiser prit fin, bien trop court à mon goût. Et puis elle se dématérialisa, prenant la forme d'une brise affolée, pénaude, désolée. Une fois de plus je ressentais ses émotions vasciller et ça n'était pas bon. Allait-elle partir ? Allait-elle me fuir après avoir déclaré sa flamme de la sorte ? J'étais perdu. Bouche bée, mon regard divaguait aux quatre coins de la pièces, comme cherchant mon aimée du regard. Je ne voulais pas qu'elle parte. Pas après ça. La pression redescendit lorsqu'elle reprit son apparence humaine, postée au bord de la fenêtre. Je pris un instant pour imprimer sa belle silhouette sur ma rétine, ainsi que son visage. Elle était magnifique. Et courageuse. Que demander de plus...

Je fermai les yeux et sourit doucement, expirant de soulagement, puis les rouvrit pour me rapprocher d'elle, lentement, plantant à nouveau mon regard rassurant quoiqu'un peu moralisateur dans le sien.

- On aura mis du temps à se trouver. Je m'en voudrais presque de ne pas t'avoir déclaré ma flamme le jour de tes dix-huit ans... Mais mieux vaut tard que jamais, comme on dit. Je suppose que c'est à moi de faire le second pas ?

Je passais une main sur le visage de Lysis. Mon coeur battit à la chamade. J'essayais de contrôler ma respiration, mais tous mes sens étaient désemparés. Plus aucun doute possible. Il fallait que je me reprenne l'espace d'un instant, quelques secondes, pour lui annoncer la couleur, mon engagement, mes sentiments.

- Je t'aime, Lysis.

Puis, avec une assurance naturelle, sans réflexion aucune, poussé par l'instinct, je me rapprochai de son visage, déposant à mon tour mes lèvres sur les siennes, lui offrant un long et savoureux baiser comme si je voulais lui offrir tout ce qu'il y avait de mieux. J'étais amoureux de Lysis et ce n'était pas un interdit. Je voulais qu'elle le comprenne à travers ce geste symbolique et sentimental. Puis je la pris à nouveau dans mes bras, collant mon front au sien, la regardant d'un peu plus près et cette fois d'un regard plus neutre, plus sérieux, lui parlant d'un ton très calme, chuchotant presque.

- Mais pour que cet amour soit possible, je dois m'assurer que je ne transgresse aucune règle. On nous a mis en garde d'avoir ce genre de plaisir, de relation avec une personne pour qui nous ne ressentons rien. Ce qui n'est pas le cas ici. Je t'aime, Lysis, et je donnerai ma vie pour toi. Je serais bien plus vulnérable et sujet à déchéance si je me privais absolument de tout ; je suis immortel et je ne tiens pas à passer une existence morne, terne, si c'est pour sombrer dans la folie et succomber ainsi aux pêchers capitaux. Non. Au contraire, j'ai besoin de ton amour, aussi longtemps que tu seras à mes côtés. Avant ça, il va me falloir retourner à la Citadelle Blanche et demander conseil auprès des sages de ma race, savoir s'il est possible d'être ton ange gardien malgré ta transformation... Au moins, nous serons fixés sur nos véritables interdits. Dans tous les cas, sache que rien ne se dressera entre nous et que je te serai toujours fidèle. Après tout, ne nous sommes nous pas échangés quelque promesse de nous protéger l'un l'autre ? J'estime faire mon devoir d'ange.

Je la gratifiai d'un long baiser sur le front, humant son odeur enivrante, puis je repris, toujours aussi sérieux.

- Il va falloir que tu sois courageuse, plus que jamais. Notre rencontre va certainement apporter un nouveau tournant dans nos vies respectives. Je te le répète : je suis prêt à m'engager sur une nouvelle voie à tes côtés. Mais je dois m'assurer que c'est le cas pour toi.
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Ven 30 Jan 2015, 04:52

Il s'approcha de moi. Ce simple signe pouvait paraître anodin pour beaucoup d'individus de ce monde. Cependant, cela me touchait énormément. Il n'avait pas peur de moi et à cette simple pensée, cela me réconfortait. Il n'avait peut-être pas souffert suite à la catastrophe, mais moi, j'avais vu toute l'horreur de mon geste accidentel et cette image a été gravée à jamais dans mon esprit. J'avais tellement peur ne plus le revoir et maintenant, j'avais peur qu'il développe une peur envers ma personne. Cela ne semblait pas le cas pour le moment. Il ne semblait pas devinez à quel point j'étais devenue plus forte et que la tornade d'en le temps n'était qu'une bride de mon réel pouvoir. Par contre, ce n'était pas le moment de penser à cela. Je devais profiter de son retour.

Lorsque je sentis sa présence plus près de moi, je sentis mon cœur battre à un rythme effréné. Si je ne savais pas ce qui se passe en ce moment, j'aurais très bien pu m'inquiéter d'un certain danger imminent. Je le regardai droit dans les yeux pour m'y perdre à nouveau quand il prit parole. À ces simples mots, je compris rapidement où il voulait en venir. Mon regard se remplit d'eau. Je devais rêver en ce moment. Il me semblait impossible de voir ce jour venir. Si une voyante m'avait prédit ce jour, jamais je ne l'aurais cru. Et voilà qu'il me déclara la plus belle des choses: l'Amour. Une larme s'écoula à nouveau sur ma joue gauche, mais il s'agissait d'une larme de joie. Malgré que j'avais développé des sentiments pour Xiérel, Nathan avait gardé une place royale dans mon coeur même après sa mort. Un magnifique sourire se décrivit sur mon visage et je ne me retenais pas pour ne pas sauter à son cou. Ce n'était pas dans ma nature de me précipiter de la sorte.

Tendrement, il s'approcha de mon visage pour venir déposer ses lèvres sur les miennes. Que de bonheur de sentir sa douce chaleur sur mes lèvres à nouveau! Je me sentais si bien soudainement et je pourrais même dire que je me sentais revivre. L'air se mit naturellement et légèrement à danser autour de moi. Pour la première fois, il ne répondait plus. Ce ''il'' en question est cette source de méchanceté qui régnait en moi qui semblais avoir sa propre conscience. Toutes les fois que j'avais tuées avaient été causées par cette nature profonde qui m'avait été confiée lors de ma transformation. Je profitai chaque seconde comme s'il était le dernier. Je fermai les yeux pour profiter du moment au maximum et je levai ma main pour la déposer sur la sienne. J'aurais voulu continuer ainsi pendant des heures, mais il termina son baiser pour me reprendre dans ses bras. J'ouvris légèrement les yeux pour voir ce qui passait. Il colla son front contre le mien tout en me gardant dans ses bras. Sa chaleur et son regard m'enivraient de bonheur. Il me parlait d'une façon très intime. Il semblait plus sûr de lui malgré quelque questionnement. Cependant, une parole m'avait un peu troublé: son immortalité. Contrairement à lui, je ne l'étais pas. Le temps m'était compté. Heureusement, j'avais réussi à déjouer le jeu du temps sur ma personne il y a quelques années. Un technique qui semblait bien fonctionner, mais qui était très fragile. Je devais lui en parler, mais j'allais attendre le jour pour cela. À la noirceur de la nuit, cela risquait d'être plus difficile et plus à risque. Il me parla de retourner à la Citadelle blanche, mais la seule chose qui me venait à l'esprit en ce moment était qu'il reste à mes côtés encore un peu plus longtemps.

Un long baiser sur mon front me fit frissonner et un léger sourire se dessiner à nouveau. La suite des choses était beaucoup plus sérieuse. Il me parlait de courage et de tournant important. Je me suis mis à penser. Est-ce que j'étais prête à le mettre en danger? Je ne voulais pas le faire souffrir. Je le voulais heureux avant toute chose. De nombreuses questions passaient dans ma tête en ce moment. Je me disais que s'il se trouvait quelqu'un de plus normal et serein, il serait plus en sécurité et possiblement plus heureux. Une mèche rebelle s'extirpa du lot et je le déplaçai d'un simple geste tout en pensant. Je voulais mettre les choses au clair et celui qui devra faire un choix est lui avant tout. Avant de parler, je voulais que l'on s'installe confortablement. Je restai silencieuse et l'amena sur le lit qui offrait assez d'espace pour que l'on s'assît tous les deux. Je m'assis à côté de lui en prenant ses deux mains. Je les regardai tout en lui disant d'une voix naturelle et sérieuse à la fois.

- Nathan, avant d'arriver à parler d'avenir, je veux que tu saches qui je suis avant tout. Suite à la catastrophe, j'ai passé de nombreuses années à vivre ici. J'ai enterré le corps de chacun et je mourrais à l'intérieur de moi. J'ai essayé de contrôler mon élément par moi-même, mais il a fallu de nombreux voyages avant que je puisse maîtriser cette force qui s'est logée en moi...

Je levai la tête pour le regarder droit dans les yeux.

- ... J'ai fait la rencontre de plusieurs personnes dont nombreux ont péri lors d'événement de ce monde. Chaque jour, j'ai combattu contre de nombreux êtres de ce monde et même, contre moi. J'ai fait de nombreux morts dans le passé guidé par l'élément qui gouverne en moi...

Je levai une de ses mains pour la déposer sur mon corps.

- ...J'ai appris de mes erreurs et je suis devenue plus forte. J'ai monté dans la hiérarchie pour devenir un Esprit élémentaire. Il s'agit du plus haut niveau avant celui du roi et de la reine. Maintenant, je suis devenue professeure au sein de la ville Aeden qui est loin d'ici et qui appartient aux élémentals. Je sais que ta présence risque de ne pas plaire à ma race et la mienne aussi parmi les siens...

Je serai la main qui se trouvait près de mon coeur pour lui déposer un léger baiser dessus.

- ...Je suis prêt à tout abandonner même mon titre auprès de ma race si c'est pour rester près de toi. Cependant...

Je redescendis sa main pour la déposer sur ses jambes et mettre les mains par dessus des siens.

- ... Je suis très dangereux Nathan... J'ai fait souffrir beaucoup de personnes qui m'étaient chères. J'ai, à la fois, un démon qui peut me contrôler et tout abattre autour de lui... Par heureuse chance, il ne sait toujours pas présenté à toi...

Je pris un moment de silence avant de continuer avec un air plus sérieux.

- ... Tu as parlé d'affronter le sorcier et il s'agissait de mon projet à court terme. J'ai pris de nombreuses informations sur lui et je suis tout près d'avoir les informations essentielles pour le retrouver. Je dois aller l'affronter pour taire à jamais cet esprit malsain qui vit en moi. Cependant, je ne veux pas être accompagné même si tu m'y forçais. Je serai trop affaibli si quelque chose t'arrivait. Par contre, j'ignore si je vais revenir en vie ou tout simplement moi-même. Grâce à mes trouvailles, j'ai appris qu'il était devenu beaucoup plus puissant et que personne n’était revenu à la vie pour raconter l'ampleur de ses pouvoirs...

Je restai le dos droit pour être le plus formel possible.

- Nathan, je t'aime et plus que tu peux l'imaginer. Mais, je n'ai pas envie de te faire souffrir. Je n'ai pas envie de te voir malheureux. Je t'ai dévoilé qui j'étais et les risques qu'il encourait à vouloir faire ta vie avec moi. Je suis prête à tout donner pour toi, mais je suis aussi prête à te laisser ta vie pour vivre une vie plus normale et sereine.

Je repris un visage plus doux avec un léger sourire. Je levai la main pour caresser l'une de ses joues avec une grande délicatesse.

- Je t'aime assez pour te laisser libre de partir. J'accepterai ton choix, car je ne veux que ton bonheur.
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Ven 30 Jan 2015, 15:53

Je m'étais peut-être montré trop enthousiaste...

C'était tout de même là une bonne chose qu'elle parle sérieusement à son tour. Preuve que je l'avais rassurée et apaisé sa peine. Pour l'heure. Je l'écoutais sans dire mot, me sentant petit voire ridicule quand elle évoqua le fait qu'elle avait gagné en puissance et en maîtrise de ses dons, de ses pouvoirs d'élémental. Cela me rappelait que j'avais beaucoup à apprendre de mon côté. C'était tout de même intéressant d'avoir des retours sur son périple d'après l'attaque de notre village. Celui-ci avait l'air bien, bien moins paisible que le mien. Et puis elle commençait à aborder le coeur du problème : cet individu qui était responsable de ses maux et de facto de ma mort. Un sujet épineux, d'autant plus qu'elle m'intimait de rester en retrait lorsqu'elle se vengerait, sous prétexte qu'elle refuserait de me perdre. Je fermai mon visage à ces paroles, attendant qu'elle finisse de parler.

Elle avait peur. Peur au point de prendre des décisions qui n'étaient peut-être pas les meilleures. Je compris que ma capacité à la rassurer avait des limites, ce qui était compréhensible au vu de ma faible puissance comparé à la sienne. Mais j'étais animé de cette volonté nouvelle de lui montrer que je pourrai devenir plus fort au point de me montrer véritablement utile. Alors qu'elle eut finit son monologue en m'informant que je pourrais partir pour mener une existence normale, j'expirai lentement, quelque peu désorienté et désespéré qu'elle ne comprenne pas totalement ma situation. Je détournai le regard pour chercher les mots, tout en serrant légèrement ses mains comme pour l'empêcher de fuir - quand bien même savais-je qu'elle ne détalerait pas.

- Tu es déjà installée dans une routine où tu prêtes allégeance et sert ton peuple. Je le conçois et je n'ai rien à redire là-dessus. Mais je refuse d'admettre que tu es quelqu'un de dangereux. Je suis conscient des maux qui t'ont été infligés et je veux être là pour les... tempérer.

Tempérer. Un éclair me foudroyai l'esprit. C'était une des sept vertus. Je perdais mon regard sur son visage, détournant le regard, réfléchissant un instant à ce que je venais de dire. Il me fallait cependant reprendre mon discours pour tenter de la convaincre un peu plus.

- Pour cela, peut-être que j'ai besoin de gagner en puissance, de m'affirmer, d'embrasser un peu plus le chemin des sept vertus. Je ne te demanderai pour rien au monde d'abandonner ton titre et tes responsabilités auprès de ton peuple. C'est comme si tu me demandais d'abandonner le mien et de succomber à la déchéance. Ca n'a pas de sens...!

Je plantai mon regard dans le sien comme pour accentuer mes dernières paroles. J'avais besoin de la convaincre plus que jamais. Je caressai lentement ses mains, de façon instinctive tant son contact m'avait cruellement manqué.

- Tu as naturellement besoin de réfléchir à tout cela et il est visiblement trop tôt pour prendre une décision. Une chose est sûre : demain, au lever du jour, j'écrirai une missive à Nydelia, celle qui gouverne notre race. Sans doute sera-t-elle encline à me recevoir si je lui informe que mes interrogations sont cruciales et que je souhaite à tout prix rester dans le droit chemin.

Je ponctuai ma phrase d'un sourire pour tenter de rassurer mon aimée.

- Pendant mon absence, j'aimerais que tu étudies sérieusement la question de savoir s'il est possible que l'on continue de se fréquenter, que je continue d'être là pour toi. Et, s'il te plaît, ne m'encourage pas à vivre une vie plus normale et plus sereine. Les anges sont immortels. Éternels. Je t'ai dit que je ne voulais pas mener une existence terne, ennuyeuse et vide de sens. Je suis en quelques sortes condamné, un peu comme toi. Alors, si je peux soulager ce poids comme je peux le tien, rien ne me ferait plus plaisir que d'être avec toi, de t'accompagner dans les meilleurs moments comme dans les pires.

Je l'embrassai à nouveau, spontanément. Pas parce que je voulais la convaincre une énième fois, mais parce que je l'aimais et que l'idée de me séparer d'elle à nouveau était insupportable. Je nous fis basculer légèrement, de sorte à ce qu'elle repose contre moi. J'espérai qu'elle trouve quelque cousin de fortune confortable sur mon torse, tandis que je recourbai mes ailes pour la protéger du froid. Je passais une longue main dans ses cheveux, encore et encore. Je voulais qu'elle se sente à l'aise. Puis je commençais à chanter doucement l'air d'une comptine qui lui rappelait sa tendre enfance - ainsi qu'à la mienne - de sorte à pouvoir l'endormir. Je répétais ces gestes jusqu'à ce que le sommeil la gagne. Pourvu qu'elle daigne s'abandonner à moi. Pourvu qu'elle se sentit en sécurité...
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Lun 02 Fév 2015, 03:44

Lorsque je témoignai de mon désir qu'il reste à l'écart de la bataille que je comptais faire contre le sorcier, je vis son visage changer. Il me faisait soudainement rappeler la conversation que j'avais faite avec mon défunt ami Xiérel. Il avait fait le même visage. Malgré que je pouvais comprendre qu'il ne voulait pas me laisser seule devant l'épreuve, il devait comprendre qu'il n'était toujours pas à la hauteur pour affronter un sorcier de ce niveau. Je ne crois même pas être à la hauteur de celui-là. Après que mon discours fut terminé, il dévia son regard. Ce n'était pas bon signe. Je baissai le regard. Je n'avais pas honte de ce que j'avais dit puisqu'il ne s'agissait que de la vérité. Cependant, la vérité peut être cruelle et froide parfois. Je relevai la tête quand il prit parole. Il semblait me comprendre plus que les autres, mais sa nature d'être bon le rendait peut-être trop bon. Penser que je ne suis pas dangereuse est une erreur. Ma force dépassait de beaucoup la majorité des individus de ce monde. Puis, il détourna ses yeux de moi. Il semblait si sérieux et pensif à la fois. Je sentais qu'il désirait me réconforter et cette simple idée de le voir agir ainsi envers ma personne me rendait un peu plus heureuse. Il parlait de devenir plus fort et cette idée me plaisait beaucoup. En ce tenant avec moi, il risquait gros. Alors, de savoir qu'il allait faire des efforts pour venir à mon niveau me fit légèrement sourire. Le discours continua et à chacune de ses paroles m'ont esprits ainsi que mon coeur s'apaisait. J'aimais tellement sa façon de voir les choses. Il me laissait le temps de choisir. Cependant, je savais ce que je voulais, mais la raison essayait de convaincre mon coeur. J'ai rêvé d'être avec lui et d'élever une famille ensemble. Ce rêve ne s'est jamais réellement éteint. Je l'avais simplement caché pour cesser d'y penser. Je ne pensais jamais le revoir.

Un doux baisé qui me transportait vers le monde des sensations et du plaisir se fit sentir sur les miens. Je fermai les yeux instinctivement en me laissant transporter sur lui. Mon corps vint se reposer contre le sien. Je pouvais sentir sa chaleur autant que ses battements de coeur. Sans me rendre réellement compte, j'étais rendu couché sur lui. Le lit de paille était loin d'être aussi confortable que bien d'autres lits, mais moi j'avais le bonheur de me reposer sur son torse. Je fis un grand sourire . Un sourire que je n'avais pas refait depuis le jour de sa mort. Je l'aimais. Je ne pouvais le renier. Mon coeur battait au rythme de l'Amour et cela me faisait tant plaisir. Je sentis la contrainte de ses ailes sur moi qui me fit frissonner. Je pensais bien que j'étais décédé dans mon sommeil, car j'étais dans le monde idéal en ce moment.

Puis, il se mit à chanter une chanson qui était gravée dans mon être. Une chanson qui me fit rappeler des vieux souvenirs que j'avais voulu oublier. Les souvenirs de bonheur de vivre dans un petit bourg où tous s'entraidaient et se comprenaient. Avec ses douces mains, il caressait mes cheveux qui avaient perdu toute sa couleur. Il réussissait tranquillement à m'amener dans le monde où rien n’est impossible. D'une voix faible, mais douce, je lui dis lentement et avec un léger sourire.

- Nathan... Je suis si heureuse de te revoir... Dis-moi que tu n'es pas un rêve... Dis-moi que tu es là pour toujours... Car, je ne supporterai pas de te perdre à nouveau... Je ne veux plus te perdre... Je t'aime Nathan...

En disant cela, le sommeil m'emporta sous le réconfort de sa chaleur et du bonheur.

------------------------------------------------------------------------------

La froideur de la nuit s'est évanouie pour laisser place à la douce chaleur du matin. La lumière du jour vint réchauffer notre refuge tout en venant se déposer sur mes paupières. Je me réveillai lentement. Soudainement, une peur s'était réveillée en moi en quelques secondes. Et si c'était un rêve? Je tournai ma tête pour apercevoir son doux visage. Il n'était pas un rêve. Il était bien vrai. Un petit sourire d'enfant se dessina sur mon visage. Je le regardai dormir. Il semblait tellement paisible lorsqu'il dormait. Je restai là à le contempler et j'approchai mon visage de son corps pour humer la douce odeur qu'il dégageait. Cette odeur n'avait pas changé. Il sentait toujours aussi bon. Je passai ma main gantée sur son torse pour sentir son corps. Il était devenu beaucoup plus fort qu'avant. Il s'était sculpté un corps sur beau et séduisant. Je profitai du moment qu'il dormait pour incruster chaque forme de son corps dans ma tête. J'essayais de ne pas le réveiller, mais comme je voulais profiter chacun des moments avec lui, je ne pouvais le laisser dormir éternellement. Pour moi, il avait déjà trop dormi. J'avais beaucoup de temps à rattraper. Je levai ma tête pour m'approcher de la sienne. Je vins déposer mes douces lèvres sur les siennes pour le réveiller de la façon la plus douce que je connaissais jusqu'à ce jour. Je fis perdurer le baiser en offrant d'autres plus petits.

- Bon matin, mon chéri!

Je fis un beau sourire avant d'aller embrasser son cou de baiser plus sensuel les uns que les autres. Je voulais qui se réveille au bien et serein qu'au paradis. Je voulais qu'il continue de se rêver même si le jour s'était levé. Je profitai de passer une de mes mains dans ses longs cheveux de la couleur du jais. Je murmurai dans l'oreille de l'homme que j'aime.

- Est-ce que tu voudrais apprendre voler avec moi après ta missive? On pourrait être plus longtemps ensemble ainsi. Profitez un peu plus la présence de l'un de l'autre...

Je me redressai pour voir son doux visage de face. Ma chevelure de la couleur de la neige tomba sur le côté de mon visage pour nous faire un petit rideau dans cet endroit qui n’en avait point. Mon visage n'exprimait que le bonheur en ce moment. J'espérais que ce bonheur perdure ou du moins, aussi longtemps qu'il sera là.
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Lun 02 Fév 2015, 19:23

Une vision d'un futur serein ?

Non. Je m'en rendais compte petit à petit au fur et à mesure que j'émergeais du sommeil. J'avais simplement passé une nuit revigorante dans les bras de ma douce. Je ne réagis pas tout de suite lorsqu'elle m'enleva lentement de mon sommeil, mais je ressentais en moi une profonde fierté. Un sentiment nouveau se cultivait en moi. J'étais plus confiant et je me sentais plus fort. Je me sentais accompli. Existait-il seulement un mot digne de ce nom pour qualifier cet immense bien-être que je ressentais ? Non. Ce dont je pouvais témoigner, c'est que Lysis dégageait cette espèce d'aura de bonheur, comme si j'avais réussi, quelque part, à penser ses maux pour de vrais. Etait-ce là de quoi un ange était réellement capable ? Tant de questions fourmillaient dans ma tête et je trépignais d'impatience d'en connaître la réponse. Je me rappelai que j'avais une missive à rédiger à l'intention des miens, et ce à la seconde même où Lysis me le rappela. Comme si on était connecté. Comme si on ne faisait qu'un.

- Merveilleuse idée, mais ton amour m'a déjà donné d'autres ailes.

Je souris, fier de ma boutade, et je lui fit grâce de quelques bécots tout en me redressant, dégourdissant chacun de mes membres avant de poser pied sur le plancher abîmé. Je me redressai lentement, attendant d'être sur mes deux jambes pour m'étirer, déployant autant que possible mais ailes malgré le confinement de l'endroit. Je me dirigeai vers mes affaires que j'avais posées au coin du mur, farfouillant d'une main habile pour en extraire deux onigiris - mes mets favoris - précieusement conservés et enveloppés dans de la soie. Je déballais mes provisions pour tendre l'une des deux boulettes de riz à Lysis.

- Tiens, je n'ai que ça pour le moment. Si ça ne te suffit pas, on pourrait faire du chemin pourvu qu'on trouve un Queux dans les environs. Et un service d'acheminement du courrier, aussi. On battifolerait en amoureux sur la route, même si je ne te garantis pas de te faire monter au septième ciel pour l'instant... Je vais rédiger cette missive au plus vite, mange tranquillement pendant ce temps.

Je souris en coin, fort de constater que mon côté taquin ne m'avait pas quitté. Et si j'étais capable de retrouver cette humeur avec Lysis, c'est bien parce qu'elle m'avait elle aussi réconforté et fait tellement de bien. Je restai figé un instant à la regarder, toujours ce même sourire aux lèvres. Elle avait beau avoir changé extérieurement, elle n'en restait pas moins magnifique. Par chance je revins à la raison, détournant la tête pour fouiller à nouveau dans mes affaires, cette fois-ci à la rechercher d'un support papier, d'une plume et d'un encrier. Par chance, ce dernier gardait un fond noirâtre, visiblement encore aqueux pour que je puisse y tremper la pointe de mon crayon de fortune. Arrachant une bouchée à mon encas, je me mis à griffoner assez rapidement quelques mots enjoints de formules de politesses, comme j'avais appris à m'exprimer tout au long de ma formation d'ange stagiaire. J'adorais l'écriture au point que je ne négligeasse point mon orthographe et mon expression écrite. Mais j'adorais encore plus être avec Lysis et j'espérais malgré tout que ma lettre serait appréciée de mon destinataire : Nydelia.

Je finissais mon déjeuner en même temps que ma lettre, que je pliais d'une délicatesse infinie, puis je rejoignis Lysis. Au dehors, je déployai de nouveau mes ailes, hésitant. J'avais déjà essayé de décoller du sol, mais j'avais l'impression de donner des coups d'ailes lents et sans importance. Et quand je me jetais d'un arbre, est à peine si j'arrivais à amortir ma chute pour finir comme une crêpe au sol. Ainsi, j'essayais de donner des coups d'aile en direction de Lysis, par simple amusement. Je lui dis tout en adoptant un ton marqué d'humour et de sympathie.

- Par les pouvoirs ancestraux qui me sont conférés, je vous condamne à l'exil par ce courant d'air empreint d'une volonté purificatrice. Bon vent !

... Mais les actions ne suivirent pas. Mes ailes adoptèrent une gestuelle lente. Trop lente. Comme si je n'avais pas conscience de tous mes muscles. Je regardai ma moitié l'air gêné, confus, avec un petit sourire aux lèvres, tout ce qu'il fallait pour l'amuser comme j'aimais à le faire pendant le bon vieux temps...
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A la rencontre du Destin (avec Lysis)

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