Je regarde Mircella attraper Julia par les épaules sans rien dire, me contentant de sourire. Je n’ai pas besoin de réfléchir longuement pour savoir ce qu’elle va lui demander, tout comme je n’ai pas à réfléchir pour savoir la réaction que va avoir la gamine. Et en effet, c’est sans surprise que j’entends Mircella lui demander ce qu’elle ressent vraiment pour la jeune ange. Finalement, à peine eut-elle prononcée sa réponse qu’elle s’énerva, se dégageant des bras de mon amie pour aller bouder plus loin. Je ne peux retenir un petit rire en réponse à cette réaction alors que Mircella me fait une réflexion sur cet enfant grandissant en moi. « Elle en pourra pas être pire que Julia, je pense que cela est impossible. Quoi qu’il en soit, concernant son caractère, et bien il faudra attendre qu’elle grandisse pour le découvrir. » Mes mains viennent doucement caresser mon ventre, alors que je le regarde tendrement. Une humaine. C’est ce que ma dit l’Aether m’ayant transformée. A ce moment, je n’avais pas réussi à savoir si je dois me réjouir ou non de cette nouvelle. Cependant, aujourd’hui, j’ai une réponse pour cette question. Je ne dois pas ressentir de tristesse ou une honte quelconque à l’idée que cette enfant soit ce que j’ai jadis était. Elle est le reflet de ce passer que j’ai laissé derrière moi, et plus que ma fille, se rôle qu’elle devra supporter toute sa vie et de me servir de phare. De faire en sorte que je n’oublie pas ce que j’ai été, ce que j’ai du traverser pour en arriver la. Je passe le bras de Mircella autour de mes épaules afin de me coller à elle, les yeux fermés. Malgré ce que nous avons vécu, je sais qu’elle ne connaît presque rien sur mon passé, et je suis désolé de cela pourtant, je ne parviens pas à lui parler. Un jour viendras ou je serais prête, ou je serais en mesure de tout lui raconter, et surtout de lui expliquer ce qui ma poussée à tenter de mettre fin à mes jours. Mais pas maintenant, je ne suis pas encore prête.

Je reste quelques minutes collée à elle immobile, profitant de son contact et de celui de la forêt. Je suis interrompue dans ma méditation par un contact sur ma jambe, me chatouillant légèrement. Rouvrant les yeux, je regarde autour de moi avant de rigoler. Tout autour de nous, une multitude de fleur ont vue le jour. Nous sommes ainsi au milieu d’un cercle composé d’une multitude de petites fleurs, chacune ayant une couleur différente. Je reste quelques secondes à les regarder, me contentant de sourire, presque timidement. « Je pense que faire quelque chose pour que je parvienne à contrôler cette magie serait une bonne idée, tu ne pense pas ? » Rigolant, je m’abaisse, et concentrant mes effort, je fais sortir du sol quelques lianes que je tresse entre elles, plaçant au de part et d’autre de cela quelques fleurs. Chacune est d’une teinte de rouge différente, et une fois les plus éblouissantes placées au milieu de cette tiare improvisée, je me relève, la plaçant sur la tête de mon ami. Je la regarde en souriant avant de continuer « Voila au moins une utilité de trouvée à ces fleurs. Et une belle utilité ne trouve tu pas ? » Je rigole un instant avant de prendre une dernière fleur et la glissant dans mes cheveux, je me colle de nouveau à elle, jouant distraitement avec les siens.

Cependant, alors que je suis collée à elle, ce qu’elle ma dit un petit peu plus tôt me reviens en tête. Les pierres. Savoir ou elles sont n’est pas réellement dur elles ne sont pas vraiment cachée, non la difficulté tient sur un autre point. Être digne de la pierre. La pierre ne nous est accordé que si elle nous trouve digne de la posséder, et réussir cette épreuve est réellement quelque chose n’étant pas donné à tout le monde. Après tout, je ne savais pas moi-même par quel moyen j’avais réussis à mettre la main sur cette pierre. «  Dis Mimi, si tu aime autant ces pierres que dirais-tu d’aller t’en chercher une ? Après tout, on sait ou elles sont, cela ne nous coute rien d’essayer tu ne pense pas ? » Je la regarde, un sourire éclatant sur les lèvres. Excepté notre aventure dans le jardin animalier, nous n’avons pas eu depuis l’occasion de faire autre chose. Et puis, j’ai vraiment envie de partir à la chasse au trésor. Cela me permettra peut-être même d’apprendre à utiliser ma magie avec de la chance.

Je la regarde, une lueur chaleureuse au creux de ce dernier. Je suis tellement heureuse d'être là avec elle. Tellement heureuse de l'avoir rencontré elle et personne d'autre dans le jardin. Je lui doit tout. Tout ce que je suis aujourd'hui existe grâce à elle, et jamais je ne serais capable de lui payer ne serait-ce que la moitié de la dette que j'ai envers elle. Pouvons nous au moins dire que je dois lui payer quoi que ce soit, que je dois lui être redevable ?  Non. Bien sur que non. Comment pourrait-on dire que je dois quoi que ce soit à la personne que j'étais destinée à rencontrer. Nous sommes liée, et nous l'étions bien avant de nous rencontrer. Un sourire joyeux vient prendre place sur mon visage en réponse au sien. Prenant sa main, je me relève, quittant la chaleur du chêne auquel nous étions collé plus tôt pour venir l'enserrer dans mes bras. Je vis enfin. Pour la première fois depuis une éternité, peut-être même depuis toujours je vis. Je peux enfin profiter de cette vie qui m'a été donnée. D'autant plus que je suis désormais à ma place. Une elfe. Un statut que j'aurais toujours du avoir et pourtant, je ne l'ai découvert que récemment. Sans rien dire, je relâche mon étreinte afin de la suivre vers la maison que nous occupons. Nous allons partir à la recherche d'une pierre, c'est un fait dont je suis sûre et qui ne changeras pas. Néanmoins, la question restante est, quelle pierre allons nous chercher et ou va t-elle se trouver. Deux questions auquel je ne tenterais même pas de répondre. Tout d'abord car je suis totalement incapable de répondre à la première, les pierres sont trop nombreuses pour qu'on puisse prétendre connaître les facultés de chacune. Et ensuite, car le choix de la destination que nous allons choisir lui appartient. C'est moi qui ai proposé de partir à la chasse au trésor, mais ce trésor est pour elle. Il est donc naturel qu'elle choisisse ou nous rendre.

La marche pour retourner à notre habitation dure quelques minutes, quelques minutes ou aucun de nous ne parle, chacun perdue dans ses pensées ou occupée à s'ouvrir à la nature. Ce contact a beau être tout nouveau pour moi, j'ai l'impression qu'il a toujours été à mes côtés. J'ai l'impression que de tout temps, je l'ai ressentis au fond de moi mais j'étais incapable de comprendre ce qu'il signifiait. Je suis tirée de mes pensée par l'agitation du au retour dans la ville. Affermissant légèrement mon contact avec elle, je ferme légèrement les yeux jusqu'à arriver chez nous. Je suis toujours incapable de faire face à une foule aussi grande et si je ne veux pas m'écrouler par terre, impuissante, je n'ai pas de réel autre choix que de tenter d'oublier tout cela et de me laisser guider par elle. Un jour peut-être arriverais-je à faire face à tout cela. Néanmoins, ce jour n'est pas encore arrivé et il semble bien loin de l'être. Une poignée de seconde plus tard, nous sommes chez nous et alors que je dépose un nouveau baiser sur son front, je me glisse à l'intérieur de l'habitation, jouant négligemment avec la pierre dans ma poche. « Dis moi Mimi, dire que nous allons aller chercher une pierre est bien beau, mais as-tu une idée de ou nous rendre pour aller la chercher ? » Tout en parlant, je regarde souriante les nombreux livres peuplant notre demeure. Comme moi, ce n'est pas un amour qu'elle voue aux livres, mais une adoration. Et cela se voit aisément avec la multitude de ces derniers peuplant les nombreux recoins de la maison. Mon regard se pose sur l'un de ceux parlant des pierres, le prenant délicatement, je fais défiler les pages devant moi, m’arrêtant de temps à autres sur certaine. Finalement, je m’interromps sur le désert et la pyramide. Je ne suis pas retournée prés d'Utopia depuis ma transformation et bien que je ne puisse parler d'une réelle envie de me rendre la-bas, je ne peux nier l'attirance que je ressens.

Lâchant un petit rire, je me retourne devant elle, le livre collé contre moi, lui cachant ainsi la page et le lieu présent dessus. « Si jamais tu n'a pas d'idée concernant l'endroit ou nous rendre… Je pense en avoir trouvé une. » Je ponctue ma phrase d'un sourire avant de pencher la tête sur le côté, attendant de voir quel va être sa réaction.

La regardant silencieusement se glisser dans mon dos et poser sa tête sur mon épaule, je me colle à elle alors qu’elle regarde le livre, me faisant rapidement par de son expérience concernant le désert. Qu’a-t-elle pus vivre la bas pour tenir de tel propos ? Nous avons beau vivre ensemble, je suis forcée de me faire une nouvelle fois cette constatation que j’ai bien trop souvent réalisée. Je ne connais presque rien d’elle, tout comme elle ne connait rien de moi. Regardant le dessin sur la page face à moi je soupire. Il serait peut-être temps de lui en apprendre un peu plus sur moi. Au moins sur ce que j’ai pu vivre dans ce désert. Et plus particulièrement dans cette ville qui, quelques temps plus tôt était mienne. Tendant la main, je prends le fruit qu’elle me tend, l’écoutant parler. « Depuis le jour ou nous nous sommes rencontré j’ai décidé de te suivre. Et si j’ai pu… M’égarer à un moment, cela n’arrivera plus. » Le souvenir douloureux de cette nuit, de cette chute autant dans les ténèbres de mon existence que dans le vide me tire un petite grimace de contrariété. Je n’ai pas encore réussis à me pardonner de lui avoir fait vivre ça. Et je n’y parviendrais sans doute jamais. Gardant le fruit en main, je me colle à elle, posant ma tête dans le creux de son cou. « Pardonne-moi pour ça s’il te plait. Je ne te quitterais plus maintenant. Plus jamais. Et sois sûre que je te suivrais jusqu’au bout du monde et plus loin encore s’il le fallait. » Je reste ainsi immobile pendant plusieurs minutes, respirant calmement son parfum et jouant avec ses cheveux. Il a fallu que j’attende tout ce temps, qu’elle me pose cette question et que j’y réponde en tremblotant au souvenir de cette nuit pour que je réalise à quel point je tiens à elle. Je ne veux pas la perdre. L’idée même de m’éloigner d’elle m’est insupportable. Et celle qu’elle ait pu souffrir à cause de moi l’est encore plus.

Après une longue attente, je me sépare d’elle déposant un rapide baiser sur son front. Jetant un rapide coup d’œil vers le livre, je souris, le fermant et le posant sur une étagère proche. La prenant par la main, je l’emmène à ma suite dans le jardin. « Te dire que j’ai envie de me rendre dans le désert est une chose mais… Mais, avant qu’on ne se mette en route, tu dois savoir pourquoi je tiens tellement à y retourner. » Instinctivement ma main se pose sur mon ventre, le caressant tendrement. Cela fait plusieurs jours que je pense à lui. Bien que cela soit sans réelle surprise, je ne l’ai pas revue depuis cette fameuse nuit. « Avant de te rejoindre et de vivre ici, je vivais dans Utopia la ville des humains. En sois, je n’ai pas réellement d’attache avec cette ville et j’aurais pu accepter de ne pas la revoir tout de suite. Pourtant, il reste une chose que je ne peux pas oublier et qui me pousse à retourner là-bas au moins une fois. » Me retournant vers elle, je la regarde les yeux aux bords des larmes. Il doit savoir. Avant qu’il ne soit trop tard, il doit savoir qu’il va être père. Mais… mais peut-être est-il déjà trop tard. « C’est là-bas que j’ai eu la… relation avec le père de cette enfant. Et je voudrais y retourner une fois avant qu’elle ne naisse. Je ne sais pas réellement pourquoi, mais j’ai besoin d’y aller. Tout comme j’ai besoin de voir son père. Son temps lui est compté et je veux le lui dire qu’il va avoir un enfant. » Une première larme coule le long de ma joue. Larme que j’essuie rapidement d’un geste rageur. Je ne veux pas pleurer. Pas à côté d’elle. Je lui ai promis qu’elle n’aurait plus jamais à s’inquiéter pour moi. Mais je ne peux pas rester sans rien faire en souriant. Pas dans cette situation. « Ce n’est pas un humain, je sais donc qu’il ne sera pas à Utopia… Mais je ne veux laisser aucune piste. » Posant ma tête sur son épaule je laisse, impuissante, les larmes couler. « Cette enfant n’auras sûrement jamais de père à ses côtés pour grandir. Le simple fait de penser à cela me fait souffrir. Mais me dire qu’il pourrait mourir sans avoir appris cela me fait tout autant de mal. » L’enserrant de mes bras, je me laisse aller, pleurant sans chercher à me retenir. « Pourquoi Mimi ? Pourquoi tout ce que je fais est voué à échouer ? Pourquoi n’ais-je jamais de chance ? Les seuls moments où le bonheur semble enfin se montrer à moi sont uniquement la pour le détruire et me faire tomber dans une tristesse encore plus grande. Alors pourquoi ? Pourquoi moi ? »

Appuyée sur l'épaule de mon amie, je me laisse aller, pleurant sans chercher à me retenir. Cela ne sert à rien après tout, je me retiens déjà depuis bien trop longtemps. Cela fait bien trop longtemps que je cherche à me rassurer dans cette réalité éphémère que j'ai crée autour de moi. Alors certes, je suis heureuse d'être auprès d'elle, et pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs. Elle est celle qui ma permis de sortir des ténèbres, de voir le monde sous un jour nouveau, de le voir comme j'aurais toujours du le voir. Pourtant, je ne peux pas non plus oublier ce que j'ai vécu étant humaine. Et surtout, je ne peux les oublier eux. Eux qui m'ont aider et qui aujourd'hui ne sont plus la pour moi. Elle que j'ai tant aimé, pour qui j'étais près à faire tous les sacrifices, y compris la suivre sur une voie n'étant pas la mienne. Penser à elle m'arrache de nouveaux pleurs et me fait affermir ma prise sur son bras. Fermant les yeux, mes pensées se dirigent vers lui. Le père de cette enfant. Je sais de quelle maladie il est frappé, tout comme je sais que les portes de la mort sont dors et déjà ouverte pour lui. Mais je ne veux pas qu'il meurt. Je veux qu'il puisse voir sa fille au moins une fois. Et je veux qu'elle puisse voir son père. Cette décision est égoïste, je le sais, mais cela m'importe peut. Je ne veux pas être témoins d'une tragédie dont j'aurais été la principale actrice. Et pour l'instant, tout est en place pour que cela ce passe ainsi.

Me laissant guider par la main de Mircella, je rive mes yeux azuré dans son regard émeraude. Elle a raison, je ne regrette en aucun cas ce que nous sommes. Mais je ne veux plus avoir à m'écrouler à chaque fois que je me souviens de ce que j'ai vécu. Me lovant contre elle, je l'écoute me parler, me rassurer comme on rassure un enfant qui c'est perdu. Mais après tout, suis-je vraiment autre chose. Certes, mon age, mon corps fait de moi une femme adultes, mais dans la situation ou je suis, mon esprit est indéniablement celui d'une enfant. Et ce n'est peut-être pas plus mal. Je ne veux plus à avoir à subir une nouvelle fois la violence de ce monde. De nouveau je ferme les yeux, soupirant, respirant d'un souffle entrecoupé par les sanglots. Elle a raison, je ne peux pas effacer mon passé d'un simple revers de la main. Mon passé m'appartient, mais il ne doit pas devenir un poids m'empêchant d'avancer. Ce n'est pas ce qu'ils auraient voulu. Que ce soit elle ou lui, il n'auraient pas voulus être des chaînes m'entravant dans mon avancée. Quelle qu'elle soit. « Tu a raison, je… je ne dois plus me laisser abattre à cause de mon passé. C'est du moins ce que je devrais faire. » Un nouveau soupir alors que je me colle un peu plus à elle. « Mais je ne peux pas. Ils sont la, autour de moi et je ne peux les oublier. »

De longues secondes s'écoulent avant que je reprenne la parole. Elle doit savoir. Je dois lui dire. Elle ne peut pas comprendre les épreuves que j'ai du traverser si je ne me confesse pas. Et si je ne le fais pas aujourd'hui, alors jamais je ne le ferais. « Ce n'est pas le passé qui me hante, mais les fantômes de ceux que j'ai un jour aimé. » Me séparant à regret d'elle, je glisse devant la fenêtre, perdant mon regard dans le paysage me faisant face. Posant une main sur mon ventre, ma deuxième vient chercher la sienne et une fois celle-ci trouvé je glisse mes doigts entre les siens, joignant ainsi ma main à la sienne. « J'ai aimé deux personnes durant mon existence. Un homme, le père de ma fille, et une femme. Comme tu dois t'en douter, l'homme est le père le ma fille. Et c'est lui que je voudrais voir au moins une dernière fois. Bien que cela me soit probablement impossible. » Je cligne un instant des yeux avant d'essuyer mes larmes de ma main libre. « L'autre personne était une femme, une sorcière. Si j'ai pu céder mon corps l'espace d'une nuit à un homme, je ne peux pas non plus appeler amour ce que je ressentais pour lui. Mais, pour elle c'était différent. Je l'ai aimé comme je n'ai jamais aimé personne d'autre. Mais c'est finis maintenant. Mon cœur bat encore pour elle, mais mes sentiments ont commencé à perdre de leur éclat. » Je me tourne vers elle, la regardant de mes yeux larmoyants. « Ils ne sont plus la aujourd'hui Mimi. Ils m'ont laissé, ils m'ont abandonné. Peut-être même sont-ils morts et je ne le sais pas. Et je ne peux pas vivre en pensant à ça. Je ne peux pas vivre en pensant que ceux à qui j'ai offert mon cœur, mon être, m'ont laissée ainsi. » De nouveau je me colle à elle, plaçant ma tête dans le creux de son coup, enfouissant mon visage entre ses cheveux. « S'il te plaît, ne me laisse pas. Ne m'abandonne pas. Je… Je ne sais pas ce que je ferais si tout aussi tu venais à disparaître…. Je… Je crois que je ne m'en remettrais pas, jamais. Alors, s'il te plaît. S'il te plaît, ne me laisse pas. »

Je reste la, immobile blottie contre elle à écouter sa voix, à l'écouter me bercer et tenter de me consoler. J'ai peur de ce monde, j'ai peur de ce que j'ai pu vivre et de ce que je vais devoir vivre. Pourtant, malgré tout cela, malgré cette terreur que je ressent au plus profond de moi, je sais que je n'ai rien à craindre. Je n'ai rien à craindre car elle est la. Elle est la pour moi, pour m'aider à surmonter tout ça et elle le sera toujours. Relevant les yeux, je plonge dans son regard émeraude mes yeux larmoyant. Ce simple regard me suffit pour me sentir plus sereine et c'est avec une ombre de sourire sur les lèvres que je me blottit de nouveau à elle. Je reste ainsi, de longue seconde à l'étreindre, à profiter de son contact et de sa chaleur de son corps autant que celle de son âme. « Comment peux-tu juste envisager être un fardeau pour moi ? Tu est celle qui m'a sortie des ténèbres et permis de redécouvrir le monde. Jamais tu ne pourra être un fardeau. » j'affermis mon étreinte, me collant un peu plus à elle. « Si l'une de nous deux doit-être un fardeau alors il s'agit de moi. De moi qui te retiens, qui t’empêche d'avancer. Pardonne moi d'être aussi faible. De ne pas pouvoir vivre par moi-même et de dépendre de toi pour tout. » De nouveau des larmes perlent aux coins de mes yeux et enfouissant ma tête dans le creux de son épaule, je tente de les lui cacher, sachant pertinemment que cela ne servira à rien. Elle me connais mieux que personne. Je sais qu'elle est capable de ressentir le moindre soucis dans ma vie, la moindre douleur que je peux ressentir et ce quel que soit le moment.

Quittant son étreinte à regret je la suis dans la chambre avant de m'asseoir à ses côtés sur le lit. Écartant mes cheveux d'une main distraite je me couche sur le lit, posant ma tête sur ses genoux. « Je te promet qu'un jour je ne serais plus un poids pour toi et tu pourra marcher à mes côtés la tête haute. » Me retournant, je lève les yeux vers elle. A chaque jour qui passe elle en fait un petit peu plus pour moi et moi… Je me contente de me laisser vivre sans rien faire d'autre. Mais que pourrais-je faire après tout. Je ne suis plus rien. Jamais je ne pourrais regretter ce choix qui ma fait la suivre, qui ma fait embrasser une voix dont je n'aurais jamais pu ne serait-ce qu'imaginer l'existence. Et pourtant, malgré tout cela, malgré cette joie que je ressens d'être à ses côtés, je ne peux que me sentir indigne d'elle. Tout comme je l'étais pour eux. Ma main vient saisir une mèche de ses cheveux alors que je ne la quitte pas du regard. J'aimerais pouvoir lui en dire plus. J'aimerais pouvoir lui raconter tout ce qu'il c'est réellement passé. Elle mérite de savoir. Non, elle doit savoir. Elle doit savoir pourquoi j'ai tenté de sauter dans le vide, pourquoi j'ai décidé de tout abandonner, de tirer un trait sur mon passé pour commencer une nouvelle vie. Mais je n'y arrive pas. J'ai encore bien trop peur de tout cela. Je passe mes nuits à revivre en boucle les cauchemars de mon ancienne vie. Ce qu'il c'est passé, ce qui aurait pu avoir lieu. Tout cela n'est qu'une boucle dans laquelle je me perds sans rien pouvoir faire.

Un long soupir franchis mes lèvres alors que je ferme les yeux. Je reste ainsi, pendant de longue secondes, tentant de chasser, au moins pour un instant ces visions d'horreur. « Tu sais… j'aimerais pouvoir en parler. En parler vraiment. Ne pas être juste évasive sur ce que j'ai pu vivre. Mais pour l'instant, je n'y parviens pas. Quand je tente d'en parler, les mots restent bloqués dans ma gorge et mes pensées s'emplissent de ténèbres. » un nouveau soupir alors que je ré-ouvre les yeux. « je sais que je te l'ai déjà demandé, mais je vais le faire une nouvelle fois. Attend moi s'il te plaît. Un jour je serais capable de te raconter ce qu'il c'est réellement passé. » Une nouvelle larme coule sur ma joue alors que je colle à elle. « Je ferais tout ce que je peux pour que ce jour arrive au plus vite. Je te le promet. Il faut juste me laisser un petit peu de temps. Juste… un petit peu plus de temps. » Mes dernier mots ne sont qu'un murmure prononcé alors que fermant les yeux je me laisse aller au sommeil. Très vite, tout ce qui m'entoure n'est plus que ténèbres et je laisse Morphée m’emmener avec lui dans un sommeil sans rêve.

Collée à elle, je dors d'un sommeil léger pour la première fois depuis une éternité. Aucun rêve, aucun cauchemar ne vient perturber ma nuit et quand je me réveil le lendemain mes craintes de la veilles se sont envolées et mes yeux, bien que légèrement rougis pas les larmes ne portent pas d'autres séquelles des pleurs m'ayant fait trembler la veille. Quand j'ouvre les yeux, c'est pour plonger presque directement mon regard dans le sien. Je reste ainsi pendant plusieurs secondes gardant le silence avant de lui sourire au contact de sa main dans mes cheveux et de son baiser attentionné. Lorsqu'elle se lève afin de quitter le lit et se changer, je me tourne sur le dos, regardant fixement le plafond, repensant à ce que j'ai dit la veille. Je ne peux pas la faire attendre plus longtemps. Même si cela doit rouvrir les blessures de mon passé, je sais qu'une fois cela fait, une fois que les mots seront sortis de ma bouche et qu'elle saura ce que j'ai vécu alors je n'aurais plus à avoir peur. Je pourrais enfin relever la tête et me tenir dignement à ses côtés, sans craindre ce que j'ai vécu. Mes doigts viennent glisser sur mon ventre alors qu'elle revient dans la chambre. Cet enfant sera le seul vestige de mon passé, la seule chose pouvant me rappeler ce que j'ai vécu. Et à cause de cela, je devrais lui en vouloir cependant… je n'y parviens pas, et n'y parviendrais sans doute jamais. Même si mon passé est un fardeau, je ne peux pas les oublier eux. Et elle est la dernière chose qu'il ma laissé. Un bref soupir franchit mes lèvres alors que je me lève pour venir me placer à côté de Mircella. « Bien sur que j'accepte. Il faudrait que je sois vraiment dans un mauvais état pour que je refuse de t'accompagner. Et cela peut importe l'endroit ou tu te rend. »

Je lui souris avant de faire glisser ma main dans ses cheveux, puis me séparant d'elle, je me dirige de nouveau vers une fenêtre, faisant promener mon regard sur le spectacle naturel s'éveillant devant moi. Aller chercher quelques une des mes affaires… Depuis ma transformation, je n'ai pas pensé une seule fois à ce que j'ai laissé derrière moi, trop occupé à tenter de me reconstruire. Cependant, je ne peux pas nier qu'il reste la-bas certaines chose que j'aimerais retrouver. Et cela me permettra de lui expliquer aussi une partie de mon passé. Après tout, c'est chez moi, dans mon ancienne demeure que je me suis offerte à lui. « D'accord, si c'est toi qui propose de retourner sur Utopia alors j'accepte. Je n'avais pas beaucoup de chose à moi alors cela devrait aller vite mais... » Je me tais pour me retourner vers elle, un léger sourire sur les lèvres. « Quand nous serons la-bas, j'aurais une histoire à te raconter. Si tu veux bien l'entendre en tout cas. » Je soupir légèrement avant de croiser mes mains sur mon ventre. « Il s'agit de l'histoire d'une jeune humaine qui retrouve un ami qu'elle n'a pas vue depuis longtemps. ce n'est pas une histoire très recherchée pourtant, je pense que tu doit l'entendre au moins une fois. » je lui souris avant de me rapprocher d'elle, et déposant un baiser sur son front, je me dirige vers la chambre, prenant au passage une tunique et allant à mon tour me changer dans une pièce secondaire. Quelques minutes plus tard, je reviens à ses côtés, habillé d'une tunique légère en prévision de notre petite excursion dans le désert.

Venant me placer à ses côtés, je regarde d'un œil curieux le livre qu'elle ma montré la veille. La pierre serait donc aux alentours d'Utopia. Si nous nous reposons uniquement sur ça, les possibilités de cachette pour la pierre sont presque infinie. « Hum, tu n'aura pas des informations un petit peu plus précise pour trouver la pierre ? Si nous devons chercher une petite pierre parmi toute l'étendue du désert alors je nous souhaite bonne chance pour la trouver. » Je rigole avant de glisser derrière elle et poser la tête sur son épaule. « De toute façon, peut importe le temps que cela prendra, je resterais avec toi. » tournant la tête vers elle je lui offre un grand sourire. Cela ne concerne pas que la pierre. Jamais je ne la laisserait tomber. Elle est tout ce que j'ai après tout. M'écartant un petit d'elle, je la regarde avant de retourner de nouveau à ma contemplation de la forêt nous entourant. « Et en dehors de sa position sais-tu ce qu'elle fait ? » Lui tournant le dos, je tend la main et quelques secondes plus tard Sheva vient se poser dessus. Le caressant distraitement, j'écoute avec attention Mircella me dire ce qu'elle sait sur le fragment.