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 Une nouvelle Ombre monte les marches [PV Milady]

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Lun 6 Oct 2014 - 21:39


~ Seule, le regard tendu vers l'horizon, Shiro admirait les immenses cascades qui tombaient dans une trompe aquatique. Gigantesques, elles se mourraient progressivement dans une pluie fine et brumeuse et dominaient le fin fond du Jardin Eternel. Le bord du balcon verdoyant, tel le bout du monde, s'ouvrait vers elles, vers une sorte d'infini. Face à ces eaux, on ne pouvait être qu'un petit humain confronté à la taille ahurissante de ces mâchoires rocheuses. Mais, pour parvenir à cette zone envoûtante et camouflée du jardin, il fallait d'abord traverser tout celui. Fouler ses tapis d'herbe bien taillés ; ses petites forêts qui, une fois plongé dans ses branchages, emportaient ses explorateurs dans une jungle qui paraissait ne jamais finir ; ses places agrémentés de fontaines et de bancs agencés en rond très classiques ; ses bassins d'où jaillissait une eau au son d'un autre monde ; des parterres de fleurs odorantes ; tout cela sous le regard des animaux du lieu, semblables à des espions mystérieux et invisibles si aucune attention ne leur était portée. Une fois ces facettes passaient, on débouchait, un peu par hasard, sur une allée où le silence y était singulier. Lentement apparaissait le grondement sourd et mystique des cascades. Enfin, au seuil, l'immensité du lieu frappait quiconque ne les a jamais vu. Si terrifiant et si fascinant.

Mais pour les Ombres, ces trompes d'eau n'étaient que le symbole de la mort face aux Hommes, le symbole des deux rivières qui menaient, soit à l'Enfer, soit au Paradis. Un lourd choix qu'Elles seules pouvaient décider. La difficulté était là : juger. Néanmoins, c'étaient parce qu'elles étaient Ombres que ce devoir leur était ordonné. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ; voilà ce qui résumait le leur. Cependant, seulement certaines Ombres pouvaient effectuer ce transport des âmes. C'était la raison pour laquelle Shiro se trouvait, en ce moment même, face à ces cascades. La Reine attendait patiemment la venue d'une membre de son peuple. Elle avait ouïe qu'une nouvelle Ombre avait atteint un niveau élevé et réussi les épreuves du Passeur. Ainsi, elle l'avait contacté par la biais d'une missive, rédigée et signée de sa main, afin de lui demander de se rendre jusqu'au Royaume des Abîmes et jusqu'au Château des Ombres. De simples mots pour un face à face que Shiro attendait toujours avec impatience. Un sourire s'étira sur son visage enfantin, ses longs cheveux noirs claquant au vent. Elle aimait rencontrer d'autres de ses semblables et à nouveau, aujourd'hui, elle allait offrir à une Ombre une place dans les rangs des Passeurs. L'Esprit de la Mort commençait à sa familiariser avec les passages de rang et c'était toujours pour elle un moment solennel, mais aussi de joie et de satisfaction. Pour elle, cela montrait clairement que les Ombres avançaient dans leur existence singulière.

Elle lévita un instant pour parcourir de long en large l'immense bord en marbre du balcon. Et les cascades continuaient de s'écouler, sempiternelles. Toujours dans les instants précédents la rencontre, elle se remémorait son propre parcours. Neith, l'ancien Esprit de la Mort, qui fut sa plus grande meilleure amie et son modèle en tant qu'Ombre. Takias ou bien Sora, qui comptaient parmi ses plus anciennes connaissances. Son chemin qui avait croisé celui de tant d'autres. Le chaos d'Orion et du Cristal Maître. Mais, quand était-il de cette Ombre, Milady ? Quelles personnes avait-elle rencontré ? Avait-elle des ennemis, des amis, des objectifs ou même des passions ? Comment avait-elle vécu le chaos tout juste terminé ? Elle espérait seulement qu'il ne fut pas trop éprouvant pour elle... En tout cas, la couronnée savait que Milady avait passé les trois piliers du Passeur et était venue prêter main forte au Château. L'ancienne Elfe s'arrêta pile au milieu de ses allés et venus. Décidément, elle avait hâte de la rencontrer ! Silencieuse et pensive, elle joignit de nouveau ses mains et reprit sa contemplation des cascades. Elle avait bien demandé à Kuro, Eyji et aux Gardiens de ne pas venir pour cet événement, car l'Ombre aimait d'abord se retrouver seule avec ses semblables, afin de les écouter et, tout simplement, de leur consacrer du temps. Là était l'un des devoirs d'une souveraine. Un instant, elle frissonna, s'interrogeant sur ce que pouvait bien penser Milady d'elle. Qu'importait, chacun avait le droit à sa pensée et son opinion. Ainsi, essayant d'apaiser son esprit légèrement troublé, elle se questionna sur, peut-être, la future présence de Milady parmi les Gardiens du sceaux. Au fond, l'Ombre affectionnait chacun d'eux, mais il était vrai qu'un jour ou l'autre, les places devaient se succéder.

Ainsi va la vie.
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Mar 7 Oct 2014 - 12:44

Alors que je marchais en direction du Royaume des Abimes, afin de m’en retourner retrouver mes familiers, beaucoup de questions se succédaient dans mon esprit d’Ombre. Je venais de réussir l’épreuve des trois Piliers du Passeur, après avoir appris auprès d’une Passeuse les rudiments de son devoir. Il m’avait fallut conduire bon nombre d’âme sur le chemin de l’Enfer ou du Paradis… Décider de leur sort n’avait pas toujours été facile et le simple fait de faire un choix ne m’était pas des plus familier. Toute ma vie de vivante, mes parents l’avait guidé et dirigé d’une main de fer. Ma personnalité, mon éducation, ma famille… Je n’avais eu qu’à suivre le temps, telle une simple marionnette qui ne désirais même pas tirer ses propres ficelles… Mais depuis ma renaissance, il m’avait fallut prendre bon nombre de décision, accepter ma mission d’Ombre, puis de Grande Faucheuse, et me plier aux exigences de ma race. J’avais appris tout simplement à réfléchir par moi-même, - et peut-être réfléchissais-je trop désormais -. Mais maintenant que le rôle de Passeuse allait devenir bientôt officiellement le mien, c’est un tout nouveau tournant que prenait mon existence. Il ne me fallait plus décider pour moi, mais pour les autres, et un choix des plus capital qui plus est. Fort heureusement, j’avais été familiarisé avec les procédés de justice en vivant avec mon mari, qui lui avait tout comme moi – mais d’une façon différente – le pouvoir d’influencer sur la vie et la mort de femmes et d’hommes de tout âge, et de toutes espèces.

C’était une responsabilité énorme que l’on me mettait dans les mains, et je ne cessais de me demander ce que cela allait réellement changer dans mon quotidien… Devais-je parcourir le monde inlassablement à la recherche de toutes les âmes ? Où bien garderais-je ma liberté d’aller où je le souhaite et quand je le souhaite, ne devant qu’exercer mon devoir que dans les cas où je croiserais « par hasard » une âme ? Ce n’était en soit que des questions techniques, mais tout de même importantes… C’était là tout un nouvel univers qui s’offrait à moi ! Devrais-je également cesser d’agir comme une Grande-Faucheuse ? Alors que j’étais enfin parvenue à un certain équilibre en me découvrant un certain… goût pour les mises en scènes onirique ? Si tel était le cas, je regretterais tout de même de ne plus donner naissance à mes sœurs au cœur des songes… Mais tout ceci ne venait que s’ajouter à la longue liste de questions sans réponses qui se créait dans mon esprit. Et alors que je marchais au centre du brouillard qui entourait l’entrée de notre territoire le plus secret, l’occasion de pouvoir répondre à tout cela se présenta à moi. Comme la vie est bien faite, même du côté de la mort… Un corbeau s’approcha de moi, planant de ses ailes au plumage sombre. Il vint se poser sur mon épaule et me tendit une missive, qu’il lâcha lorsque je la saisis, avant de repartir en un battement puissant. Cette lettre m’était adressée par notre Reine en personne…

Durant quelques instants, je me demandais ce qu’une telle invitation à me rendre au Château pouvait bien signifier, avant de me rappeler subitement qu’un passage à un grade supérieur ne devait probablement pas se faire sans cérémonie quelconque… Si j’avais un cœur, celui-ci se serait probablement mit à battre plus fort ! Une missive officielle, pour une rencontre officielle... La Reine… avait toujours œuvré afin d’améliorer nos conditions d’existence. Du moins étais-ce ce que j’avais appris d’elle en écoutant les conversations que se tenaient parfois mes sœurs. Elle aussi devait avoir traversé les échelons de notre communauté avant de devenir l’Esprit de la Mort... Peut-être aurais-je ainsi l’occasion d’obtenir la lumière sur toutes ces interrogations qui brouillaient ma tête… Du moins l’espérais-je. Je me demandais alors ce qui allait ce passer, tandis que je reprenais une apparence de fumée sombre afin de me rendre plus rapidement jusque chez moi. Serions-nous seuls ? Devrais-je prononcer un quelconque vœux d’allégeance à notre Souveraine ? Allait-elle m’opposer à nouveau à quelques tests afin de juger par elle-même de ma capacité à endosser la responsabilité de Passeuse ? Une forme d’angoisse prit possession de moi, qui était pourtant habituée aux rencontres officielles… à la différence que cette fois-ci, j’allais être celle qui sera mise sur le devant de la scène... Il me fallait adopter dans un premier temps une tenue convenable !

J’étais arrivée dans ma demeure, et me précipitais afin de revêtir une longue robe de satin bleue-roi, puis d’arranger ma longue chevelure d’ébène. Sweety et Saïko sentirent mon état d’activité qui n’était pas habituel, et vinrent m’entourer de leurs yeux interrogatifs. Mais je n’avais pas le temps de les rassurer maintenant et décidais de les emmener avec moi. Le puma ailé posté sur mon épaule gauche, le dragon peluche sur celle de droite, je sortis de ma maison aux formes tortueuses et me dirigeais vivement vers le Château, qui dominaient notre royaume de toute sa splendeur. Et alors que je gravissais les marches du perron, un homme que je ne connaissais point m’arrêta. « Miss Madley je présume ? Vous êtes attendue sur le balcon qui donne sur le jardin. » Je le saluais en opinant du chef et poursuivit ma route, pénétrant dans ce lieu qui respirait la sagesse. Et alors que j’entrais dans une des pièces, je la vis. Enfant qui n’en était plus une, la Reine faisait les quatre cents pas. Étais-je en retard ? Cette perspective aurait pu me faire rougir de honte ! Mais il était hors de questions que je perde mes moyens en ce jour de renouveau. Lentement, fidèle à mon éducation, je me courbais en une solennelle révérence, prenant soin toutefois de permettre à mes compagnon d'équilibrer leur position. Ils étaient restés sages jusqu'ici, et j'espérais que cela continuerais. « Ma Reine… » Je me redressais ensuite, gardant toute fois la tête basse, comme j’avais appris à le faire face à une personnalité importante. « C’est un honneur de vous rencontrer. » Peut-être étais-je trop révérencieuse, mais dans une telle situation, j’avais choisis de me fier à ce que j’avais appris… Et mon éducation m’avait toujours servi. J’attendais alors, patiente et à la fois impatiente de découvrir ce que l’avenir me réservais !

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Mar 14 Oct 2014 - 20:23

~ Alors que la Reine fixait l'horizon, une présence la fit se retourner. Un léger sourire aux lèvres, elle reconnut la personne qu'elle attendait, la dénommée Milady Madley. La future Passeuse portait un beau vêtement et ses deux compagnons se tenaient un peu en retrait. Quant à la fillette, elle était vêtue d'un simple kimono blanc orné d'un motif de dragon légendaire noir. Ses cheveux, lâches, formaient la même rivière ébène que la chevelure de l'invitée. Silencieuse, la souveraine observa la jeune femme effectuer sa révérence et la saluer. La couronnée n'était pas très habituée à cela, bien qu'elle y était souvent confrontée à cause de son statue. Elle se demanda si Milady ne venait pas, tout comme elle, d'une famille aisée où tout, de A à Z, se retrouvait dicté par les bons vouloir des codes de la haute-société. L'Esprit de la Mort se remémora ses cours de bonne conduite, ses leçons de piano, de courtoisie, de danse ou de diverses activités comme la couture ou la lecture. C'était tout simplement l'Etiquette, les codes de la société noble et mondaine ; des gestes et des mots usuels à réutiliser bêtement. Aujourd'hui, la jeune fille s'en souvenait encore, mais combien de fois avait-elle appliqué tout ce savoir ? Pas très souvent d'après sa mémoire. Finalement, Shiro laissa Milady se relever et, toujours avec son chaleureux sourire, prit la parole : « Bien le bonjour Milady, je suis ravie de te rencontrer moi aussi. Allons, allons, avec moi, les révérences et salutations bien formulées sont optionnelles. On est entre Ombres, autant se tutoyer. » Elle élargit davantage son sourire qu'elle voulait amical et rassurant. Elle aimait que les siens se sentent à l'aise et détendus en sa présence, comme s'ils fussent en face d'une amie, voire d'une sœur.

Shiro ne put s'empêcher de penser à toutes les questions qui devaient trottiner dans la tête de la nouvelle Passeuse. Au fond, elle aussi s'en était beaucoup posée, bien que son passage en tant que Passeuse se fusse déroulé auprès de Kyrie, la Gardienne du rêve. La puissante Ombre des Songes avait su lui répondre sans problème. La souveraine poursuivit :
« Oh, je n'avais pas vu tes amis. Bienvenu à vous aussi ! Mais venez, approchons-nous des cascades. Je tenais à te les montrer Milady, car elles symbolisent pas mal de chose je trouve. Enfer, Paradis... Toujours un dur choix. » Faisant quelques pas pour rejoindre la grande barrière du vaste balcon en marbre, elle contempla un court instant le grondement des monstres aquatiques. Ils plongeaient, rectilignes, dans un vide ahurissant pour se métamorphoser en fleuve sinueux, mais aussi sublime que ces jets d'eau. Un petit silence circula, avant que la Reine des Ombres ne posent ses yeux écarlates sur Milady : « J'aime bien le Jardin Eternel, c'est reposant comme lieu. Enfin, je sais pourquoi tu es là. J'ai appris ta réussite de l'épreuve des trois Piliers et ta rencontre une Ombre-Passeuse. Tu as donc accompli quasiment tout le chemin pour devenir une véritable Passeuse, félicitations ! » Elle attendit de bien croiser le regard de l'apprentie, une lueur amicale, mais aussi sage, dans ses iris. « Moi aussi je suis passée par-là, je sais ce que c'est. Un long parcours d'achever, pourtant un autre encore t'attend. Mais, profitons de l'instant présent avant de songer à la suite, c'est le plus important. Qu'est-ce que ce nouveau rôle t'inspire ? Heureuse, mais inquiète ? »

Elle attendit patiemment sa réponse, les cascades continuant de hurler. Shiro savait la sensation qui, sûrement, habitait Milady. Dans la vie, c'était toujours quelque chose de voir les autres vivre les mêmes temps forts que soit ; ces gens-là qui, à leur tour, ressentiraient la même impression que la Reine, telle une sorte de cycle. L'Esprit de la Mort ne savait pas trop quoi dire d'autre. A la fois, l'Ombre aussi avait plusieurs interrogations en tête, mais elle voulait laisser pleinement l'occasion à sa semblable de la questionner, lui confier ses doutes et son ressenti. La parole était à Milady. Ainsi, après sa question, elle déclara : « Bien. Je suppose que tu dois avoir plein de questions, c'est toujours ça, pour tout le monde. Donc, je te laisse les poser. Commence pas ce que tu veux. Si tu préfères me parler de ce que tu ressens ou si tu as des choses à me dire, concernant ma politique ou bien tout autre chose, tu peux. Je suis là pour toi et pour t'écouter. » Effectivement, une Reine devait être attentive et capable de se mettre au service de ses camarades. Telle était la philosophie de la souveraine souriante.
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Jeu 16 Oct 2014 - 14:21

Et effectivement, mes manières semblaient bien trop officielles pour l’occasion, ce qui curieusement ne me détendit pas le moins du monde… J’étais terriblement accrochée à mon éducation et m’en était toujours servie afin de surmonter le mieux possibles toutes les épreuves que la vie me réservait. Mais ici, ma Reine me demandait d’en faire abstraction, ce qui signifiait qu’il me fallait me comporter plus… familièrement… Un choix s’offrait alors à moi. Agir de la même manière qu’avec Melody ou bien Romulus. Mon esprit réfléchissait intensément à cette question tandis que je me relevais lentement… Et c’est alors que je fixais l’enfant qu’étais l’Esprit de la Mort que la réponse me vint tout naturellement et me fit l’effet d’une gifle. Je me posais beaucoup trop de question ! Actuellement, je me trouvais au Royaume, en compagnie de ma supérieure, qui venait de me proposer d’ignorer les formules de politesse, afin de suivre une conversation agréable, « entre Ombres »…

Pourquoi alors ne pas simplement accéder à sa demande et me comporter comme je le ferais avec n’importe qui ? Et là encore, les questions inutiles s’enchainaient dans mon esprit, et je finis par les chasser d’un revers de la main, peut-être aidée par le ravisant sourire que m’offrait la jeune fille. Il suffisait ainsi de se laisser distraire par ces pensées parasites. « Merci. Je n’ai pas l’habitude de tutoyer ainsi une personne d’un plus haut rang que le mien, mais il n’y a que les idiots qui ne changent pas. » Saïko bondit alors de mon épaule et reprit à ma grande surprise sa taille normale, sans même me demander l’autorisation. Je le regardais un instant, alors qu’il se dirigeait de lui même et posais ses deux lourdes pates sur le rebord du balcon, humant l’air frais qui provenait des cascades. Je lui lançais un regard inquiet, mais il ne semblait pas avoir envie de s’envoler d’ici. Son attitude était d’autant plus curieuse que je me trouvais en présence d’une personne qu’il ne connaissait pas… et qu’en temps normal le puma n’aurait pas quitter mon épaule un seul instant… Peut-être jugeait-il que je ne pouvais être plus en sécurité qu’en ce moment… Ce qui me fit me détendre quelque peu. Tout allait bien, c’est ce que je devais me répéter.

Mais pourquoi tenait-elle tant à me montrer ces cascades ? Pour moi, elles avaient toujours symbolisé la renaissance… Cette eau qui tombe en un fracas ahurissant, aussi brutal que la mort qui vient vous cueillir, dans d’immenses gerbes d’eaux, puis se débats contre les rochers tout comme le fait le nourrisson aux premiers instants de sa vie, se débattant afin de faire entrer l’air dans ses poumons, avant de repartir en une calme rivière ou dans un bassin, de commencer une nouvelle vie… « Il semble que mon familier nous ouvre la voie… Que symbolisent pour toi ces cascades ? Pour moi, elles représentent la fin d’une vie et le commencement d’une autre… » Oui, difficile choix qu’était celui de devoir décider de l’avenir d’une âme… Juger n’était pas simple, et il fallait parfait parvenir à faire abstraction de ses propres opinions… Et je me mis à penser que la raison pour laquelle nous ne pouvions ressentir de sentiments était celle-là… Car auprès de mon mari, j’avais appris qu’ils pouvaient être responsables d’une mauvaise décision et qu’il fallait savoir en faire abstraction… La nature d’Ombre, avec son rôle des plus difficile, nous a peut-être ainsi facilité quelque peu la tâche. C’était un nouveau point de vue qu’il me faudrait assurément creuser un peu plus tard ! Mais passons, nous étions désormais sur le balcon de marbre, à contempler le Jardin Éternel, que je voyais pour la première fois, me semblait-il. Sweety, à son habitude, semblait fort intéressé par l’endroit et venait de grimper dans mes cheveux afin d’avoir un meilleur point de vue. Tant que l’envie de sauter ne lui prenait pas, je n’avais pas à m’en faire.

« Merci beaucoup ! Mais ce serait mentir que de dire qu’il m’a été difficile de les réussir, puisque je ne me suis rendue compte qu’après coup que je venais de vivre ces trois épreuves… » Est-ce que cela enlevait pour autant au mérite qui était le mien ? Non, assurément… Et il m’était même plutôt rassurant que de me dire que j’étais parvenue à au bout des trois Piliers du Passeurs instinctivement, sans penser un seul instant que j’étais entrain de remplir mon devoir de Passeuse. Un détail dans ses paroles m’intrigua… Se pourrait-il qu’elle se doute de mes dessins et de ma volonté de devenir l’une des Gardiennes ? Hum… Je ne préférais pas m’avancer sur la question pour le moment, puisqu’elle m’invitait à me concentrer sur l’instant présent. Chaque chose en son temps.

« J’imagine que ce sera tout mon quotidien qui s’en trouvera bouleversé, mais les épreuves que j’ai traversés m’ont permises de me rendre compte que, bien que ce rôle est loin d’être évident, j’ai les capacités afin d’en assumer toute la responsabilité. » Oui, curieusement, bien que je ne sache pas de quoi est fait précisément mon lendemain, je me sentais plutôt confiante quand à ma réussite en tant que Passeuse. J’osais m’avouer que ce rôle me plaisait, bien que je ne pourrais oublier ces années que j’ai passé en tant que Grande Faucheuse, et tout ce que j’ai accomplis auparavant… Vint alors le temps que j’attendais tant, celui de poser toutes mes interrogations… Mais j’optais pour les plus simples, dans un premier temps, celles qui concernaient directement mon lendemain. « Effectivement, j’ai une question, purement pratique pour commencer. En tant que Passeuse, mon rôle est de conduire les âmes vers leur destin… mais dois-je parcourir le monde à leur recherche ou simplement remplir mon rôle lorsque j’en trouve une, par hasard ? Dois-je consacrer chaque instant de mon existence à ma mission ? » C’était peut-être relativement simple comme interrogation, mais de la réponse dépendra mon futur… Pourrais-je toujours tenir ma promesse envers ma sœur tout en remplissant mon rôle de Passeuse ? Concilier famille et travaille, voilà une chose bien compliquée…
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Dim 19 Oct 2014 - 9:20

~ Shiro but les paroles de sa semblable, un léger sourire qui ne voulait pas partir aux lèvres. Etre en présence d'une autre Ombre lui rappelait toujours la fraternité et l'unité particulière qui unissaient les siens. A maintes reprises l'Esprit de la Mort avait été heureux d'être la souveraine de ce peuple, au-delà des difficultés et des choix aux conséquences irréversibles que cela imposait. Elle vit le familier de la nouvelle Passeuse s'approcher des cascades, apparemment intéressé. La Reine posa son regard écarlate sur la jeune femme et écouta attentivement ses questions. Comme toujours, il lui fallait répondre juste et avec le maximum de clarté. Ce qui n'était pas tout le temps choses aisée. Il ne s'agissait tout de même pas d'expliquer l'inexplicable, mais presque. Ses premières questions furent fort intéressantes et la jeune fille se permit un petit instant de réflexion afin de trouver les tournures les plus justes. Elle prit une inspiration : « Les Passeurs récoltent les âmes qu'ils rencontrent sur leur chemin, néanmoins, jamais tu ne dois consacrer chaque minute de ton existence à chercher des âmes errantes. Non. En revanche, dès que ton chemin croise l'une d'elle, tu dois tout de suite l'emmener en Enfer ou au Paradis. Tu connais la suite : la déposer dans le fleuve de notre Royaume soit pour l'Enfer, soit pour le Paradis. En conclusion, c'est un peu par hasard que tu dois trouver des âmes. Il n'y a pas de quota minimum ou maximum. C'est aussi simple que cela. » Elle agrandit son sourire. Shiro voulut souligner un détail qui, sûrement, tracassait la nouvelle Passeuse. Ainsi, la couronnée poursuivit :

« Par rapport à ton ancien devoir de pousser les mortels au suicide, désormais, ce n'est plus ton but principal, puisque tu transportes les âmes. En revanche, tu as tout à fait le droit de le faire afin de faire naître de nouvelles sœurs. Ce n'est plus une obligation, mais plus un "privilège", une possibilité qui est tienne. » Elle marqua une pause, laissant le temps à Milady de réfléchir, avant de reprendre : « Etre un Passeur, c'est davantage effacer ses souffrances passés, obtenir plus de force, avoir dorénavant le droit de conduire des Grands Faucheurs et inférieurs. Tu fais partie des Ombres les plus puissantes aujourd'hui, la haute-sphère à qui on donne les missions qui réclament le plus de confiance et d'expérience. A noter qu'en tant que tel, tu te dois aussi d'aiguillier les Fantômes, les jeunes Ombres et les Grands Faucheurs. Tu es un peu une "grande-sœur" maintenant. » Comme souvent, la jeune fille parlait beaucoup pour compléter les réponses aux questions. Après tout, plus elle donnerait de détails, plus les nouveaux Passeurs seraient quoi faire et quelles sont toutes les facettes de leur rôle. Alors que son sourire s'effaçait légèrement, sans pour autant causer la disparation de l'expression lumineuse et amicale de la Reine des Ombres, cette dernière médita sur une de ses phrases préférées ; ses quelques mots résumaient avec justesse et efficacité le devoir de toute Ombre.

Finalement, elle se tourna vers les cascades et déclara :
« Mais je crois qu'il n'existe qu'un propos concis définissant notre rôle d'Ombre. "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités". Nous avons entre nos mains la vie de tous les vivants, ce n'est pas anodin. Si on nous a conféré ce devoir et ce pouvoir de décider de la lueur du renouveau ou du crépuscule de la fin, il nous faut nous comporter comme tels et y faire honneur. Cela pèse lourd, mais chacun en ces terres à son rôle à jouer. Le nôtre est la vie et la mort. Pour moi ce n'est pas se soumettre à un bon vouloir, c'est faire preuve de lucidité. » L'Ombre Blanche reporta ses iris rougeoyantes sur sa semblable. Peut-être paraissait-elle trop spectaculaire ou moralisatrice, mais on ne pouvait nier l'exactitude de ses mots. Elle interrogea Milady, lui laissant à nouveau la parole : « Qu'en penses-tu Milady ? Es-tu prête à remplir ton devoir de Passeuse ? » Bien entendu, Shiro s'attendait à de nouvelles questions de la part de sa camarade, mais elle désirait tout de même son point de vue. C'était aussi un moyen de mieux la connaître. Les interrogations comme "d'où viens-tu" ou "qui étais-tu avant d'être une Ombre" ne se révélaient pas être les meilleures, en dépit d'éveiller la curiosité de la souveraine. En effet, un point commun regroupait les Ombres : le suicide. Ainsi, souvent, l'ancienne vie n'était pas un sujet facile et beaucoup tentaient de l'oublier. D'autres, similairement à Shiro, la regardaient droit dans les yeux pour en tirer des leçons.
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Dim 26 Oct 2014 - 16:09

J’écoutais attentivement ma Reine, qui avait la patience de répondre à toutes mes questions. Parfois, je me demandais si cela n’était pas quelque peu égoïste de ma part d’accaparer ainsi son temps alors qu’elle devait probablement avoir des affaires bien plus urgentes à régler depuis le retour de Sympan… Et pourtant, à l’entendre, je sentais bien que cela comptait beaucoup pour elle, de guider la nouvelle Passeuse que j’étais afin que je remplisse au mieux ma nouvelle fonction. C’était assez étrange de la voir aussi souriante, aussi… différente de mes autres sœurs… et cela devait probablement être dû à son expérience et son grand âge, que je soupçonnais derrière ce visage juvénile. Et je me mis secrètement à espérer être moi aussi un jour en mesure de me débarrasser de mes démons, et de trouver un certain équilibre psychique dans mon existence d’Ombre. Mais pour cela, il me fallait gagner en expérience, mais surtout du temps… et donc prendre mon mal en patience… « Je comprends mieux, merci de cet éclaircissement. Pour ne rien te cacher, j’ai une sœur envers qui j’ai une dette très importante… Et pour cela je dois être libre de mes déplacements… Je n’arriverais pas à trouver la paix tant que ma mission ne sera pas remplie. » Toujours la même chose, comme un cycle éternel… Me retrouver avec Melody, me rappeler que je dois retrouver sa tête, puis partir à sa recherche et oublier… avant de la revoir à nouveau et ainsi de suite. Pourquoi finissais-je toujours par dévier de ma mission ? Melody ne devait-elle pas pourtant être au centre de mes préoccupations, peut importe ce qui pouvait bien m’arriver ? Et pourtant… Je ne cessais de revenir vers mon devoir d’Ombre. Ma sœur ou ma race… Le choix était presque impossible à faire, et pourtant, si je ne parvenais pas rapidement à m’acquitter de ma dette, j’allais devoir me décider, car je ne pourrais pas exister indéfiniment sous sa menace…

Les ténèbres assombrirent quelques instants mon regard, alors que je me perdais une fois encore dans mes pensées… Plus les mois passaient, et plus je ressentais comme une sorte d’échéance approcher, de plus en plus rapidement, et ceux d’autant plus que j’allais devenir une Passeuse… Jamais je n’aurais pensé le jour de ma renaissance que ma mort aurait pût être aussi... vivante et compliquée. Reprenant peu à peu le cours de la discussion, j’accueillis la nouvelle concernant mon droit d’exercer également le rôle de Grande Faucheuse avec une certaine forme de… joie ? Non, plutôt de satisfaction. Et l’emploie du mot « privilège » par Shiro me fit sourire. Donner naissance à mes sœurs… était effectivement une chance plutôt qu’une triste obligation, mais il m’avait fallut du temps pour le comprendre. En revanche, je ne voyais pas encore en quoi devenir Passeur allait m’aider à dominer mes démons… Mais assurément que tout comme mon rôle, cela finira bien par me venir naturellement. Et certes, je devenais puissante, mais cela n’avait jamais été ma motivation première. Bien entendue, je savais diriger, comme je l’avais constaté durant ces derniers mois de chaos, mais je ne me sentais pourtant pas l’âme d’une guide. Comment le pouvais-je alors que je peinais déjà à me décider sur le sens que devait prendre mon existence ? Encore une fois, il me semblait que je me compliquais beaucoup trop les idées. Ma reine était aussi passée par là, et je me devais donc de lui faire confiance. Elle avait la connaissance et la sagesse pour me guider. « Je ne saisis pas encore dans sa totalité ce que ce nouveau rôle vas changer dans ma vie, mais je penses que c’est un apprentissage qui doit se faire au fil du temps. Dans tous les cas, savoir que je peux toujours donner naissance à mes sœurs ainsi que de pouvoir les aider à évoluer me plait. Je regrette amèrement de ne pas avoir pu être la grande-sœur que j’aurais du être de mon vivant, et peut-être que j’ai ici l’occasion de réparer mes erreurs passées. » Cette fois-ci, mes yeux prirent un reflet tout nouveau, celui de l’espoir. Et je pouvais regarder droit dans les yeux l’enfant qui se trouvait devant moi, lui montrant cette petite graine naissante de fierté que je ressentais à être celle que je devenais.

Quand à l’adage que venait de prononcer ma reine, je le trouvais tout à fait approprié. Nous avions le pouvoir de vie et de mort, un pouvoir qui, si jamais ce dernier tombait entre de mauvaises mains, pouvait très bien bousculer l’équilibre entier de tout un univers. Ses paroles m’apportaient un regard nouveau. Je ne devais plus souffrir d’être une Ombre, mais accepter ce grand rôle qui était le mien et en faire ma force, même si je ne l’avais pas choisis. Après tout, j’ai toujours crus que les Aetheri prévoyaient pour chacun de nous une destinée bien précise, que tout avait lieu d’être. Et même si je m’étais naturellement sentis abattue par ce sort que je pensais terriblement cruel, les donnes avaient changés depuis. Si je me sentais prête à remplir mon devoir d’ombre ? Oh oui, plus que jamais. Ma curiosité n’était toujours pas assouvie et je sentais que j’avais tellement de choses à accomplir en tant qu’Ombre ! Je n’avais jamais particulièrement rêvé de devenir Passeuse, et cela était probablement dû au fait que j’ignorais quasiment tout de leur rôle… Mais maintenant que j’avais la connaissance, j’étais tel la petite fille de mon enfance, qui attendait avec une patience mal contenue de se rendre en cours et de s’instruire sur le monde. Alors avec une lueur étrange dans le regard, je lui répondis. « Je me sens prête, et je comprends toutes les responsabilités qui vont être désormais miennes. » Mais il y avait quelques questions que je me posais… notamment concernant un récent événement que j’avais remarqué, mais je souhaitais entendre la réponse de sa bouche afin d’en être certaine. « J’ai une petite question… Récemment, en parlant avec ma sœur et mon frère, je me suis rendue compte qu’ils ont totalement oublié à quelle race j’appartenais… Comment cela se fait-il ? » Je me doutais que les récents évènements n’y étaient pas pour rien, mais une fois encore, je voulais comprendre.
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Lun 27 Oct 2014 - 17:20

~ Shiro sourit à la lueur d'espoir qui naissait doucement dans les yeux de sa sœur. L'espoir... Elle y croyait toujours, tout le temps, même quand, au loin, la vague s'annonçait terriblement sombre. Chaque yinois venaient de vivre un chaos, mais la couronnée en avait déjà vécu deux autres auparavant. Etrangement, la Reine commençait à comprendre qu'elle rentrait dans la catégorie des gens sages, des gens qui savent et qui sont là pour transmettre. Certes, toute sa vie, on restait un éternel apprenti, mais c'était la première fois que cette idée germait dans l'esprit de la souveraine. Etait-elle, par moments, une sorte de maître ? De voix ? C'était comme une réponse qu'elle avait longtemps cherchée, bien sa récente évidence. Elle regarda Milady et la remercia. Grâce à elle, l'Ombre venait d'obtenir une lumière. Comme quoi, chacun apportait à l'autre quelque chose. C'était un échange mutuel que la demoiselle appréciait par-dessus tout. L'Esprit de la Mort écouta attentivement les mots de la nouvelle Passeuse, qui lui affirmait ne pas encore tout saisir de ce nouveau rôle, ce qui était normal. Néanmoins, la jeune femme fit aussi une comparaison entre sa vie passée et sa vie actuelle. Shiro déclara : « Il faut prendre sa renaissance en tant qu'Ombre aussi comme une seconde chance. A chacun de la prendre comme il lui convient. Surtout Milady, écoute ton cœur et ta raison, pèse le pour et le contre. L'un et l'autre sont aussi importants que l'existence du Mal et du Bien. C'est un équilibre à ne pas briser. » Elle fixa intensément l'ancienne Faucheuse, certaine qu'elle comprenait ses mots.

La Reine était contente d'accueillir une nouvelle âme vive et fine d'esprit au sein de la haute sphère des Ombres. Milady avait juste besoin d'un peu de temps pour pleinement intégrer ses fonctions de Passeuse et ses nouvelles libertés. Cela avait été pareil pour elle. La souveraine étira un large sourire à la déclaration de la jeune femme, qui se sentait fin prête pour cette tâche difficile, mais exceptionnelle ! Shiro, aux traits enfantins illuminés, ouït avec attention la deuxième question que lui posa sa semblable. La fillette fit une légère moue : là, Milady lui posait un peu une colle, il fallait le reconnaître. Elle n'avait jamais vécu cela, mais la dirigeante lui répondit avec franchise :
« J'avoue ne pas avoir de réponse précise à te donner, Milady. S'ils ont oublié la race à laquelle tu appartenais avant ton suicide, peut-être est-ce dû à un choc ou bien peut-être cela vient-il du suicide lui même ou de ta nature d'Ombre. En tout cas, la situation avant le retour de Sympan joue peut-être un rôle elle aussi. » L'ex-Passeuse posa son index sur son menton et fronça les sourcils, marques qui montraient une utilisation active de ses cellules grises. Pourquoi cet oubli ? C'était une excellente question à laquelle aucune réponse n'apparaissait dans sa mémoire performante. La souveraine soupira, car elle n'aimait pas ne pas pouvoir apporter des éclaircissements précis aux siens. La puissance Ombre reporta ses iris écarlates sur la concernée : « Navrée Milady, je crois que je n'aurais aucune réponse certaine à t'apporter. Je n'ai que des hypothèses à te soumettre, en fonction de ce qui me paraît le plus plausible. » Elle étira tout de même un discret sourire, bien une lueur de déception un court instant lisible dans ses yeux.

« Néanmoins, tout mystère est là pour être résolu. La bibliothèque du Château nous apportera peut-être des lumières, ou bien une enquête sur le terrain. Ou alors, il est possible que ta question n'ait qu'une réponse personnelle que je ne peux connaître. » Shiro en avait vu des zones d'ombres à éclaircir et, comme toujours, celle-ci venait éveiller son côté curieux et aventurier. Elle était une fille d'action. Il était vital pour l'Ombre de voyager, d'apprendre toujours plus ou encore, d'avoir un but dans sa vie. C'était sans problème qu'elle aiderait Milady, si la Passeuse le souhaitait, à résoudre cette mystérieuse énigme. Espérant ne pas avoir déçue sa sœur, elle poursuivit la discussion : « Ainsi, de ce que je comprends, tu as encore des membres de ta famille à tes côtés... Je me demande ce que ça fait. » Elle contempla un instant le vide et songea à sa vengeance, ou plutôt ses vengeances. De son côté, Shiro avait éliminé toute sa famille, excepté ses cousins ou cousines qu'elle n'avait jamais vu, ou bien trop brièvement pour s'en souvenir. Puis, une fois Reine, elle s'était vengée de celui qui l'avait "scellé" à Kuro, son frère adoptif démoniaque. Une rage immense, une rage terrible, un courroux surpuissant, une haine aveugle... Voilà ce qui l'avait habité dans ces moments-là, les seuls moments où l'ancienne Elfe devenait un être terrifiant, qui ne voulait voir couler que sang et satisfaction. Et, ses amis proches savaient ô combien il était rare de voir l'Esprit de la Mort éprit d'une colère dévorante et rougeoyante. Non, habituellement, ses yeux brillaient d'un éclat amical et mystérieux. Là, il n'avait plus rien. Shiro revint sur la Passeuse : « Dis moi, tu t'es déjà vengée de quelqu'un ou de quelque chose Milady ? Ou du moins, as-tu déjà porté un lourd fardeau sur les épaules duquel tu as voulu te débarrasser? Moi, je me souviens de vengeances. D'effroyables vengeances... » Etre Reine, c'était aussi faire part de son vécu. Bien entendu, la fillette laissait la parole à Milady, même si l'ex-Faucheuse ne souhaitait pas répondre à ses questions et plutôt en poser d'autres.
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Jeu 27 Nov 2014 - 12:18

Ma renaissance en tant qu’Ombre, une seconde chance ? Il est vrai que plus le temps passait, plus cela me semblait être le meilleur moyen de concevoir ce grand changement au cœur de mon histoire. Au début, comme toute jeune ombre, je n’avais conçus ce que j’étais que comme une sorte de malédiction divine, pour avoir osé m’ôter ce que seul les dieux sont en droit de faire : ma vie. Mais en découvrant mon rôle de Grande Faucheuse, puis tout récemment celui de Passeuse, mon point de vue sur la question avait radicalement évolué. J’avais ici la chance de réparer mes erreurs passées, ainsi que de jouer un véritable rôle dans le Grand Cycle de la Vie. Les paroles de ma Reine me rassurèrent quelques peu, bien que je doutais encore qu’il me suffirait d’écouter cette petite voix en mon fort intérieur pour parvenir à régler tous mes problèmes, surtout en ce qui concernait ma sœur. Et je me demandais là, par la même occasion, si j’étais réellement capable de l’aider… Lorsque Shiro me parla de l’équilibre entre le Bien et le Mal, une révélation s’imposa brutalement à moi. Melody répétait toujours que « tout est une question de point de vue »… et je gardais en réserve une importante question que je poserais par la suite, me contentant pour le moment d’écouter les réponses que pouvait m’apporter l’Esprit de la Mort.

Apprendre qu’elle même n’était pas en mesure de m’expliquer pour quelles raisons mes proches ne se souvenaient plus de l’existence des Ombres me déçus quelque peu, et je ne pris pas la peine de le cacher, affichant une petite moue contrit. Mais par chance, ma Reine m’apporta quelques hypothèses fortes intéressantes, bien que je ne parvenais à les comprendre dans leur intégralité. Il me faudra me pencher sur la question incessamment sous peu, car je ne pouvais décemment pas garder le même comportement vis à vis de Melody et Romulus, si jamais le fait même que les Ombres existent soit devenue secret… Peut-être devrais-je dors et déjà songer à me faire passer pour ce que je ne suis pas, pour une vivante, auprès des êtres de chair et de sang. Et compte tenu de mes véritables origines, la race des sorciers sera surement celle vers laquelle je pourrais le plus aisément me tourner, non sans l’aide de mon grand frère. De toutes les manières, j’avais à ma disposition tout le temps que je souhaitais afin de résoudre se problème existentiel mineur.

En entendant parler de la bibliothèque du Château, mes yeux s’illuminèrent un instant, chassant aussi sec ma déception précédente. J’aimais les livres, et leur vouaient une sorte de culte personnel. Tant de connaissances y étaient inscrites ! Tant de mystères pouvaient être résolus grâce à eux ! Tant de traces du passés qui ne demandaient qu’à être dépoussiérés ! Oh oui, avoir accès à cet endroit merveilleux, qui plus est, accompagné de ma souveraine, était une idée qui me plut énormément. « Merci beaucoup de tes propositions ! C’est un problème dont j’aimerais parvenir à trouver la réponse, et j’aimerais beaucoup me rendre à la bibliothèque en ta compagnie. Si cela ne te prendra pas trop de temps, bien entendue. » Lorsque Shiro insista sur le fait que j’avais toujours de la famille auprès de moi, je sentis une pointe de… tristesse ? Mélancolie ? Cela piqua ma curiosité à vif, et je me demandais bien quels étaient ces douloureux souvenirs que devaient se remémorer la jeune fille aux cheveux noirs. « Effectivement, j’ai ma petite sœur, Melody, qui est une Dullahan. Et tout récemment, grâce au professeur Dinguo, j’ai appris l’existence de notre grand frère, Romulus, un sorcier. Mais mes rapports avec eux sont assez particuliers, si je puis dire… »

En sachant que l’une désirait ardemment me faire payer une faute que je ne savais être réelle que par ses dires et des écrits, tandis que j’étais incapable de définir mes relations avec l’autre, qui restaient toutes fois courtoises… Oui, on ne pouvait que difficilement décrire ma « famille » comme tel. Mais au moins, je n’étais pas seule au monde et je savais vers qui me tourner si jamais la vie m’opposait à nouveau des épreuves comme ces derniers mois. J’allais à nouveau me perdre dans mes souvenirs, ce qui me semblait devenir une habitude ces derniers temps, lorsque Shiro me posa une question qui aurait pu me faire froid dans le dos. La vengeance… Ce mot terrible et si puissant qu’employait Melody à tord et à travers… Oui, je voyais là ici une occasion de parler un peu plus de ma sœur, ainsi que de poser cette question que je gardais au chaud depuis tout à l’heure. « La vengeance dis-tu… Oui, je la connais plutôt bien, mais en tant que victime. Ma sœur me tiens responsable de sa mort, et durant mes premiers mois de renaissance, s’amusait à me torturer avec mes actes manqués, dont je ne parviens même pas à me souvenir. Aujourd’hui, je me retrouve forcé par elle à retrouver sa tête. Je comprends ce qu’est la vengeance pour la subir, mais aussi pour observer ma sœur à l’œuvre. » Je fis une pause quelques instants, me demandant si j’étais là assez claire dans mes propos. Il fallait alors que je lui demande, si ce que je craignais était bel et bien réel ou non, si la voie vers laquelle se tendait Melody était dangereuse ou non…

Je pris une profonde inspiration, plus par réflexe que par nécessité, et me lançait. « D’ailleurs, en reparlant de l’équilibre du Bien et du Mal, elle en a une vision bien particulière… Pour elle, « tout n’est qu’une question de point de vue » et ôter la vie à un être vivant n’est pas obligatoirement « une mauvaise chose »… J’en viens à me demander si… cela n’est pas dangereux… Si en agissant selon cette pensée, son âme ne serait pas déjà condamnée, et si… elle ne risquait pas en devenant puissant de compromettre l’Équilibre… Melody est ambitieuse… et prête à tout pour atteindre son but, quel qu’il soit… » Peur ? Oui, j’avais peur d’être un jour confrontée au choix douloureux de devoir la conduire en Enfer ou au Paradis… J’avais peur de ce qu’elle pouvait très bien devenir, au fil des années, des changements qui s’opéraient déjà en elle… J’avais peur d’elle.
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Dim 30 Nov 2014 - 14:25


~ Shiro était heureuse que ses mots et sa proposition de la bibliothèque plaisent à la nouvelle Passeuse. Elle esquissa par la suite un petit sourire amusé quand sa camarade mentionna Dinguo. Néanmoins, elle fut légèrement surprise d'apprendre que Romulus était un membre de la famille de Milady. Après tout, la Reine l'avait croisé à plusieurs reprises, échangé avec lui sur le thème des animaux et même discuté de potentielles études ensemble. Shiro médita sur ces réponses et comprit que la famille de sa semblable était très particulière. La souveraine passa une main dans ses sombres cheveux et ouvrit grand ses oreilles quand Milady entama sa réponse sur sa question. L'ancienne Elfe arrêta de bouger, statut captivée tout entière par les mots qui allaient suivre. La vengeance était un sujet sur lequel elle aimait débattre. La Reine prit un air inspiré et étudia chaque phrase de la Passeuse. Les deux dames possédaient donc deux expériences différentes sur ce thème : Milady avait été victime, Shiro avait été vengeresse. Cependant, de mot en mot, Shiro saisissait la situation délicate dans laquelle se trouvait la Passeuse. La Dullahan semblait spéciale et influente, mais la couronnée ne pouvait qu'approuver une partie de son opinion. Les sourcils de la dirigeante se froncèrent progressivement au fur et à mesure des paroles, signe d'une intense réflexion. Shiro laissa s'écouler un silence après la fin des explications. Le son des cascades remplit un instant l'espace. Cruelle, subjective et subversive, voilà comment Shiro voyait Mélody. Elle fit quelques pas, concentrée. Puis, elle s'arrêta, releva la tête et inspira. L'Esprit de la Mort se tourna vers la Passeuse :

« Je vois, nous avons toutes deux deux visions différentes de la vengeance. Tu as subi, moi j'ai fait subir, mais... Je ne regrette pas. Je t'avoue ne pas avoir de remords. Ma vengeance était ma justice. Pour moi, elle était juste et elle l'est encore. » L'Ombre fit une pause. Elle se souvint de cette nuit où, tout juste Fantôme, elle avait éradiquée entièrement les "siens", des plus jeunes au plus vieux. « En revanche, aujourd'hui, avec le recul, je me rends compte que, oui, c'est un acte regrettable, mais un acte qui m'était essentiel. Qu'importe le jugement qu'on me porte. » Elle secoua la tête. « Enfin, là n'est pas le sujet. Milady, ta sœur est très influente de ce que j'entends. Je vais t'avouer qu'elle a sur toi une emprise certaine, notamment au sujet de sa tête, mais sûrement le sais-tu. N'oublis pas, Milady, de rester indépendante. Ta sœur ne doit pas brouiller la vue clairvoyante qui est tienne. La quête de sa tête doit venir de toi, d'une évaluation du pour et du contre de la situation. Si tu juges que oui, tu es responsable de sa mort, alors retrouver sa tête serait un moyen de réparer l'acte. Mais, si c'est elle qui te fait pression et te fais culpabiliser à tord, alors ne te laisse pas mener, Milady ! » Elle étira un léger sourire, puis elle poursuivit :

« Néanmoins, je rejoins l'avis de ta sœur : tout n'est qu'une question de point de vue ; quoi que c'est vite dit. Par exemple, pour moi, la vengeance à raison est une forme de justice. Néanmoins, d'autres diront qu'elle est horrible, qu'elle n'est pas justice. Tuer quelqu'un n'est pas forcément une mauvaise chose et c'est vrai. Mais là encore, tout dépend du point de vue que tu adoptes et surtout, de tes valeurs morales. » Elle soupira : « C'est un sujet très compliqué... Philosophique même. L'un comme l'autre se défendent. Après, il y a le Bien et le Mal que j'appelle "conventionnels", celui des Anges et celui des Démons. Il en va de même pour la justice, qui s'appuie sur l'objectivité et des valeurs définies. » La Reine regarda Milady droit dans les yeux : « Mais tu as raison, ta sœur peut être dangereuse. Je pense aussi que la faire changer de point de vue sera très difficile... Voire impossible. Il y a des personnes dont les convictions, l'obstination et l'ambition sont s'y grandes qu'on ne peut les raisonner... Et oui, cette idée fait peur et c'est bien normal. La simple pensée de ce dont ces personnes sont capables effraie. » Shiro espérait ne pas perdre Milady dans ses propos. Le sujet qu'elles traitaient n'était pas aisé.

Elle conclut :
« Pour être plus forte que ta sœur Milady, tu dois être capable de lui résister, de lui dire non et de lui barrer la route. C'est comme quand on a peur du noir, il faut surpasser son démon, l'affronter bien en face dans un duel, certes difficile, mais dont on en ressort grandi. Et, si un jour tu dois lui ôter la vie, et je ne dis pas que c'est chose simple, n'oublis pas de toujours peser ce pour et ce contre fondamentaux. Après, libre à toi de la juger seulement en tant qu'Ombre, uniquement par ton point de vue sentimental ou d'y mêler les deux. Mais, je pense qui mêler cœur et raison est un jugement bien plus difficile que le seul choix de l'un ou de l'autre. Suivre deux chemins est toujours plus dur que d'en suivre un. » Shiro marqua sa pause finale. Une seule question germa dans sa tête : ses propos avaient-ils eu un sens pour Milady ? « Enfin, t'ai-je aidé ? Ai-je réussi à t'éclairer sur ce sujet complexe ? Peut-être sais-tu déjà tout ça... »
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Jeu 4 Déc 2014 - 23:23

Ce que j’apprenais petit à petit de ma souveraine m’intriguait de plus en plus, mais je n’osais pas poser de plus amples questions, de peur de paraître impoli. Et puis, de toutes les façons, je partais du principe que si elle désirait m’en apprendre d’avantages sur les expériences que celle-ci a pu vivre durant son existence – qu’il me semblait logique de penser fort longue, tout comme celle de Dinguo, Ombre peut-être fou mais qui avait une impressionnante quantité de vieux souvenirs -, ma reine le ferait de son plein grès. Pour le moment, je devais nourrir ma curiosité de ce qu’elle m’avait déjà appris, notamment sur le fait qu’elle n’était pas étrangère au fait de se venger, ainsi que sur son absence de remords que je m’expliquais difficilement. Comment pouvait-on réaliser un mauvais acte et ne pas s’en vouloir après ? Même si elle m’expliquait cela sous le prétexte de la justice… je ne pouvais m’empêcher de grimacer à ses propos. Mon mari m’a bien appris que si il existe des hommes de lois, ce n’est pas pour régler ses litiges par soi-même, peut importe sa nature et sa complexité. Pour autant, je me retins de réagir, jugeant que cela serait inutile de ma part de tenter de faire changer d’avis une Reine qui avait déjà du penser à cette question maintes et maintes fois. Et là n’était pas mon rôle en tant que simple sujet. En réfléchissant activement à ce qu’elle me conseille, il me sembla de plus en plus que je n’avais rien de comparable à ma sœur sur beaucoup de points, et qu’il me serait bien plus difficile que ce que Shiro me présentais de me débarrasser de l’influence de Melody. Si ne c’était effectivement qu’une question de liberté… Désirais-je seulement m’affranchir d’elle ? Comment savoir la vérité sur ma part de responsabilité dans sa mort quand mes souvenirs n’étaient que chimères ?

« Je ne me permettrais pas de te juger. Tu as surement du réfléchir longuement aux raisons qui t’ont poussés à te venger et j’estime que je n’ai pas à revenir là dessus. Si tu es notre Reine, ce n’est pas pour rien et je ne pense pas que ce que tu as pu faire est par conséquent quelque chose que l’on puisse te reprocher. Mais peut-être que je me trompe… » Je soupirais plusieurs fois longuement, comme si je tentais de reprendre mon souffle… alors qu’en vérité, je ne prenais que le temps de réfléchir à ce que je m’apprêtais à dire. « Malheureusement, je ne suis même pas certaine de vouloir me débarrasser de son influence et je n’ai aucun moyen certain de m’assurer de ce qui c’est réellement passé le jour de sa transformation en Dullahan… ma mémoire me fait terriblement défaut depuis ma renaissance en tant qu’Ombre. » J’aimerais tellement découvrir un moyen de récupérer ces morceaux manquants de mes souvenirs et ainsi mettre au claire toute cette sombre histoire ! Mais pour cela, il me fallait de l’aide, et je ne l’avais pour le moment pas eu la chance de la trouver.

J’écoutais alors attentivement ma Souveraine poursuivre et écarquillais les yeux en entendant le début de sa phrase… avant de me mettre activement à réfléchir à cet épineuse question que Shiro nous avait posé… Et l’on en revenait toujours à la façon dont on percevait les notions de Bien et de Mal… et celle dont on concevait la justice. Mais même si tout cela me paraissait relativement complexe, je comprenais aisément que chacun puisse avoir une vision différente et une réponse différente à la question. Un peu à la manière des croyants et des non-croyants. « Philosophique… Effectivement… Mais j’aimerais bien réfléchir plus amplement à la question un autre jour. Je pense que cela m’aidera à comprendre ma sœur. » Et je l’espérais sincèrement… Si seulement j’étais capable de lire en elle et de savoir précisément ce qu’elle espérait de moi et quels étaient ses plans d’avenir ! Je me sentais, à cet instant, terriblement idiote et regrettais ces temps passés où nous vivions simplement, au manoir de nos parents… « J’aimerais pouvoir la changer, même si il est vrai que le chemin qui mènerait cette mission à la réussite est fort instable et risqué. Mais elle est de mon sang et si j’ai effectivement commis une erreur, c’est à moi de la réparer. »

Le fait que Shiro me confirma que Melody pouvait être dangereuse me rassura en un point, mais je me mis tout de même instinctivement à m’imaginer ce dont la Dullahan serait capable, ses pleins pouvoirs en main. Elle n’avait aucun remord à tuer et à écraser tous ceux qui la gênait… mais de la à savoir ce qu’elle désirait exactement accomplir… C’était un véritable mystère… qu’il me fallait impérativement résoudre. Si ce qu’elle cherchait à faire s’avèrerait beaucoup trop dangereux, alors je me considérais être la seule à pouvoir l’en empêcher… avant que quiconque n’ait le temps de l’arrêter par la force. Mais l’Esprit de la Mort avait raison. Je devais d’abord devenir plus forte qu’elle et apprendre à lui résister, à lui dire non lorsqu’elle me demandait quelque chose qui me répugne. Et cela non seulement car il me faudra probablement un jour la juger et la mener dans l’au-delà. « Et qu’il est difficile de dire non à une personne qui vous assure que si vous aviez remplis votre rôle de sœur, elle ne serait jamais morte… Ma culpabilité envers elle me ronge et je ne parviens pas à m’en défaire. Elle me paralyse dès qu’il s’agit de Melody… »

Je rassurais alors la jeune demoiselle. Bien entendue qu’elle m’aidait. En rencontrant mon frère, j’étais parvenue à la conclusion que réfléchir à un épineux problème à plusieurs ne pouvait qu’aboutir à la meilleure des solutions. J’étais d’ailleurs quelque peu honteuse d’accaparer ainsi notre Reine pour un sujet qui m’était aussi personnel… Mais après tout, Melody était un problème qui serait en mesure de m’empêcher d’exercer convenablement mon rôle de Passeuse, il était donc plutôt naturel que je lui en parle. « Oui. Merci beaucoup pour tous tes conseils, ils me permettent de mettre au clair ma pensée, qui a toujours été très confuse à son sujet. » Voilà exactement ce qu’était en train de me permettre cet échange avec ma souveraine. Aborder une approche en douceur de la résolution de mon souci de famille, seul fait qui me faisait terriblement souffrir encore à l’heure actuel et me torturait moralement et mentalement. Et qui sait, peut-être qu’une fois ceci réglé, je serais en mesure de devenir ce en quoi j’aspirais. La Gardienne du Sceau du Rêve.
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Mar 9 Déc 2014 - 12:32

~ La Reine regarda doucement sa semblable. Ses iris écarlates luisaient d'un rayon amical et attentif. Elle médita sur le fait qu'effectivement, son acte de vengeance était largement discutable. Elle le savait. Il lui avait fallu longtemps pour se remémorer cet événement et accepter de revenir dessus. A vrai dire, elle ne l'avait pas fait avant d'atteindre le rang des Grands Faucheurs. Avant cela, elle avait juste cherché à renaître avec Neith, à retrouver des marques et surtout, une vie, aux côtés de cette femme forte qui fut son modèle, sa sœur, ou peut-être sa mère. Neith était et resterait beaucoup de choses pour l'Ombre. Elle se re-concentra sur les propos de la Passeuse, dont les souvenirs revenaient difficilement depuis qu'elle avait rejoint les Ombres... Cela arrivait à certaines Ombres, hélas, le temps restait un des seuls remèdes, à moins qu'une "quête" pour retrouver sa mémoire fusse envisageable. La dirigeante acquiesça quand Milady dit vouloir revenir sur la question de Melody plus tard. Cependant, dans les mots de la Passeuse, on ressentait clairement l'envie de changer sa sœur, ou du moins, de chercher à se défaire de certaines emprises et d'éclaircir le fond de l'histoire, quoi que le sang restait un lien immuable. Milady avait un devoir de sœur à accomplir.

Finalement, Shiro sourit, heureuse d'avoir pu conseiller sa semblable. L'ex-Passeuse avait parfois peur de ne pas trouver les mots ou les exemples nécessaires pour se faire comprendre et aider les siens. Mais tout souverain devait en être capable et au fur et à mesure de son règne, Shiro y arrivait de mieux en mieux. Elle se tourna vers les cascades, souriante, et laissa s'écouler un silence, afin que chacune puisse songer un peu à ce long échange qu'elles alimentaient. Fixant les trombes aquatiques, elle finit par dire :
« Les sujets familiaux sont rarement simples et sont souvent pesants. Mais, je suis sûre qu'avec le temps et si tu le veux, tu trouveras la réponse et la force nécessaire pour ramener Melody sur un autre chemin ou bien, percer la vérité. » Elle se tourna vers Milady. « J'ai dit tout à l'heure que des personnes trop obstinées étaient irraisonnables, mais, j'aime aussi dire que rien n'est impossible. Donc, même cette idée peut-être fausse, du moment qu'on a la volonté suffisante et... Je pense que tu l'as. Je ne peux hélas pas régler plus tes problèmes, malgré que je prendrais sans attendre les armes pour défendre une Ombre, mais si jamais tu as besoin d'une oreille pour être entendue et t'éclairer, je suis ta Reine mais aussi ton amie, donc n'hésite pas à venir me voir, ma porte est toujours ouverte. »

L'ancienne Elfe plongea ses yeux dans l'horizon et lut les reliefs. Elle repensa : « Je sais que j'ai longtemps été seule et qu'avant de sortir de l'antre où je m'étais terrée, je ne parlais à personne, sauf à un Démon que j'avais rencontré lors de ma renaissance et avec lequel on m'avait "lié" sournoisement. Après ma vengeance et une fois Ombre, pour ma part, je n'avais plus de souci. J'étais un pitoyable fantôme errant, une véritable coquille vide qui ne savais ni où elle allait, ni ce qu'elle faisait, ni aucune raison de vivre. Je ne voyais pas d'avenir, pas plus que de présent ou de passé d'ailleurs. Qui sait, peut-être si j'avais pu me suicider à nouveau l'aurais-je fait, vu que je connaissais à cette époque pas le rôle que nous avons. Oui... J'étais seule. Je n'avais pas de but. J'avais plus rien. » Toujours ces même remous en elle d'un passé dans lequel elle se détestait. Plus que l'ombre d'elle-même, voilà comment elle pouvait se définir. Pour Milady, c'était sans doute une autre définition, comme pour toutes les autres Ombres. Chacun pouvait se définir lors de sa renaissance.

L'Esprit de la Mort aurait voulu parler de choses plus anodines, interroger Milady sur l'aspect du parc, ce qu'elle pensait du château, quels lieux elle aimait bien sur les terres yinoises. Néanmoins, peut-être la Passeuse ne voulait-elle pas parler de sujets "futiles" ou banals avec elle. En revanche, l'Ombre Blanche essaya quelque chose qu'elle ne faisait pas souvent, voire qu'elle s'interdisait catégoriquement : les questions personnelles. Néanmoins, puisque Milady et elle conversaient sur ce thème, elle décida d'approfondir :
« Dis moi, tu m'as dit que tu avais un mari. Où est-il aujourd'hui ? Sait-il que tu es une Ombre ? Enfin, si tu ne souhaites pas parler de ça, je le conçois parfaitement. » Elle se détacha du paysage pour revenir sur Milady.
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Mar 16 Déc 2014 - 7:35

Étrangement, parler ainsi de mes soucis familiaux, et en partit de Melody, me faisait du bien. Énormément de bien, même. Je ne m’en étais pas tout de suite rendue mais cela devait bien être la première fois de toute mon existence que je me confiais à quelqu’un… d’humain. Je parlais parfois à mon reflet, à Sweety ou Saïko… mais je n’avais pas en soit réellement d’amis avec qui passer de bons moments, qui sont là pour m’aider et m’épauler… m’aimer comme je suis. Rencontrer aujourd’hui Shiro et lui parler comme je le faisais, sans tabou et sans retenue, était une expérience des plus bénéfiques, et je n’imaginais pas encore toute l’étendue de l’importance que cela allait prendre par la suite. Une nouvelle page de mon existence se tournait et, bien que cela m’effrayait quelque peu, ma Reine parvenait à me donner la confiance en moi dont j’avais besoin pour avancer. Maintenant, j’allais avoir un rôle d’une extrême importance et ma route sur les terres du Yin et du Yang deviendra parsemé d’âmes à guider vers l’Enfer ou le Paradis, tel de petites pierres semer par un petit homme qui ne voulait pas se perdre, par une humanité toute entière qui ne voulait pas définitivement, un beau jour, disparaitre. J’étais curieuse de découvrir ce que mon avenir me réservait, puisque, grande nouveauté, j’acceptais désormais le fait que j’en ai un.

Mais oui, Shiro avait raison. Les histoires de famille n’ont rien de facile à régler et sont, la plupart du temps, bien lourdes à devoir supporter… surtout seule. Pourtant, je voulais de tout mon être aider ma sœur, remplir mon rôle familial auprès d’elle et cela, Shiro l’avait bien compris. Peut-être même que sans m’en rendre compte, cela devenait une obsession… La clef de ma liberté. Je suivais ma reine du regard tout en restant immobile dans la pièce. Quand à Sweety et Saïko, je me rendis alors compte que cela devait bien faire plusieurs minutes que je n’avais pas prêter attention à leurs agissements. Curieusement, je n’en ressentais pas le besoin. Ici, au Royaume des Ombres, dans ce château, j’étais chez moi, au côté de ma Sœur, au côté de celle que je percevais petit à petit comme une amie… Même si je ne savais pas si j’aurais un jour l’audace de l’appeler par ce nom. Nom que j’entendis soudainement prononcé par ma souveraine, alors qu’elle s’était à nouveau tournée vers moi après avoir contemplé les cascades. Je la fixais un instant de mes yeux ronds, restant pour le moment bloqué sur ces quatre lettres. Amie. Peut-être en faisais-je trop, mais avoir traversé toutes ces épreuves dans ma vie sans ne jamais avoir eu une seule personne à qui me confier, ce n’était pas rien. Apprendre que tout d’un coup, quelqu’un qui était ma supérieure hiérarchique se proposait en tant que tel me… surprenais au point que j’en perdis le fil de mes pensées.

Finalement, au bout de quelques minutes de silences, je finis par articuler quelques mots de remerciements. « Je te remercie, il est vrai qu’il serait aussi stupide de ma part de tenter de régler cet épineux problème de famille toute seule. Ton aide me sera vraiment la bienvenue. Et sache que cette aide est valable dans les deux sens ! Je ne sais pas si à mon rang, je pourrais un jour t’aider mais je ferai tout pour honorer notre lien d’amitié. » Voilà, c’était dit. Je regardais un instant le sol, sachant parfaitement que de mon vivant, je serai probablement déjà entrain de rougir. Quelque chose me disait que Shiro allait avoir une grande importance dans mon existence future, et qu’elle serait l’un des piliers majeurs de ma concrétisation en tant qu’Ombre des Terres du Yin et du Yang. Et cela m’était particulièrement rassurant. J’étais en confiance.

L’entendre ensuite me parler plus précisément de sa renaissance me toucha. La mienne avait été très différente car je ne me souvenais plus du tout de mon passé, et que je n’avais pas encore les outils qui me permettent aujourd’hui, ne serait-ce que de m’en faire une petite idée. Par un réflexe amical, je m’avançais à ses côtés et posais une main amicale sur son épaule en signe de soutient. « Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tu es devenue notre Souveraine, que nous aimons. A ma renaissance, je ne comprenais ni la façon dont je m’étais retrouvée dans un tel état, ni les évènements qui m’y avait conduit. Je me contentais alors de protéger la demeure dans laquelle je me trouvais des éventuels voleurs, en me servant de mon apparence de fantôme pour les effrayer. Mais lorsque j’ai compris ce que j’étais réellement, mon temps d’acceptation fut très long et douloureux… D’ailleurs, je ne me pardonne toujours pas mes actes. » Je laissais alors le silence se poser. Mais ce n’était absolument pas pesant, bien au contraire. Ce n’était que quelques instants de calme, partagés avec une personne que j’appréciais sincèrement. Des moments comme je n’en avais pas vécue depuis… fort longtemps.

C’est alors qu’elle me posa une question qui me surpris quelque peu, mais qui était assez logique dans un sens. Si je comprenais bien, elle n’avait plus de lien avec sa famille de son vivant, et il était donc naturel que sa curiosité la pousse à m’interroger sur ce sujet, puisque les miens étaient toujours en vie. Enfin, ma réponse n’allait pas être des plus honorifique… « Effectivement, mon mari est encore vivant… mais je ne lui ai pas parlé depuis qu’il a découvert mon cadavre dans notre cuisine. Je n’ose tout simplement pas me tenir devant lui alors qu’il a enterré mon corps. Je le sais toujours en vie, et je crois même qu’il a refondé une nouvelle famille… Mais je suis encore très attachée à lui et je n’arrive pas à ne plus me considérer en tant que mariée à lui. C’est étrange, non ? » Il est vrai que je ne parvenais pas totalement à me défaire de l’ancienne moi, mariée à un juge et maîtresse de maison plutôt réputée. Pourtant, en soit, ne serait-il pas plus sain que je me délie de ce lien de mariage ? La question me restait encore en suspend, et j’ignorais si un jour, j’aurais le courage de me tenir devant lui à nouveau… Après tout le mal que je lui ai fait…
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Dim 21 Déc 2014 - 12:43

~ L'amitié. Shiro avait toujours accordé une place primordial à ce sentiment et surtout, aux personnes auxquelles elle faisait référence en prononçant ce mot. Pour la Reine, toutes les Ombres étaient ses amies, qu'importait ce qu'elles aient fait ou étaient avant de renaître. Milady était son amie, à l'instar d'Aaliah ou encore de Raeden, les seules Ombres qu'elle connaissait à ce jour. Elle avait entendu parlé de Heatosse aussi, mais ne l'avait jamais croisé. Néanmoins, sûrement cela arriverait-il un jour, car une Reine se devait de rencontrer ses semblables, autant car c'était dans les us et coutumes que Shiro y tenait personnellement. Chaque rencontre restait gravée dans sa mémoire et lui permettait d'en apprendre davantage sur sa race. Puis, la couronnée écouta la réponse de Milady, découvrant une nouvelle facette de la Passeuse. Apparemment, cela semblait compliqué entre elle et son mari. Les yeux de Shiro s'arrêtèrent sur un arbre en fleur et la demoiselle se mit à réfléchir. La situation de son amie était délicate, en effet. On ne pouvait prévoir la réaction d'une personne qui avait fait son deuil... En prenant un peu de recul et résumant dans son esprit sa discussion avec Milady, elle comprenait tous les problèmes et troubles qui pesaient sur les épaules de la jeune femme. D'ailleurs, c'était peut-être trop. L'Ombre soupira en son fort intérieur, car elle aurait voulu aider son amie à régler le problème de son époux. Hélas, c'était surtout une affaire personnelle et l'Ombre savait que certaines personnes n'appréciaient pas du tout que d'autres s'en mêle. Elle repensa au mots de la Passeuse "honorer ce lien d'amitié". Shiro aussi voulait faire de même.

Alors qu'elle détaillait le branchage du feuillu, elle revint sur la Passeuse après un silence. L'Esprit de la Mort cogita encore quelques secondes, avant de répondre :
« Je comprends. C'est particulier comme situation. J'avoue qu'en amour, je n'y connais pas grand chose, car j'ai toujours été bloquée dans ce corps et esprit d'enfant. » Oui, elle ne connaissant rien de cet étrange univers qui, pour elle, était une partie du monde des adultes. La souveraine tenta tout de même de donner son point de vue : « Réapparaître ou non, là est la question. Je pense que tout dépend de ce que te dis ton cœur. Peut-être devrais-tu d'abord régler ce qui concerne ta sœur. S'occuper d'une chose, puis d'une autre, afin d'éclaircir les idées et de voir où l'on va, d'après moi, c'est une bonne façon de procéder. » Elle sourit. L'important était que Milady ne se perde pas dans ces soucis. « Après, pour moi, si tu te sens encore attaché à lui, cela ne peut vouloir dire qu'une chose : tu l'aimes toujours. De là, je pense que tu seras trouver la solution la plus sage : le revoir ou ne pas le revoir. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas que tu restes malheureuse et si jamais pour cela, tu as besoin de réapparaître, comme pour clarifier les choses et, en quelque sorte, tout lui dire, il faut que tu le fasses. Enfin, cela reste mon point de vue, bien sûr. Je ne me suis jamais retrouvée devant ce choix difficile. »

Hélas, Shiro s'en voulait un peu de ne pas avoir vécu que toutes les situations dans lesquelles se retrouvaient ses Sœurs. Ainsi, la dirigeante aurait pu plus facilement les conseiller. Elle détailla la luminosité peu changeante du ciel, mais comprit, par habitude, que plusieurs heures s'étaient écoulées. La Reine se reprit, car elle savait que cet entretien touchait bientôt à sa fin. Effectivement, ses devoirs la rappelleraient bientôt à son bureau, ses papiers et ses Gardiens du Sceaux. Elle quitta le ciel pour revenir sur son amie : « En tout cas, si jamais tu as un jour besoin de conseils, de méditer en paix ou bien juste d'un toit, le Château des Ombres est la maison de tous. Là, chaque Ombre y est reine et intouchable. Sache aussi que ma porte t'est toujours ouverte. Bon, je ne suis pas là tout le temps, mais en tant qu'amie et Reine, il est normal que tu puisses me parler. C'est avec plaisir que je t’accueillerai. » Elle étira un lumineux sourire, voulant terminer sur une note gaie et chargée d'espérance.

Baisser la tête et brouiller du noir était trop facile. Shiro aspirait à ne plus jamais être ainsi et à continuellement se battre pour les siens, ses idéaux, le Secret et surtout, l'équilibre du monde. Peu lui importait qu'on la trouve pathétique ou enfantine. C'était tout cela que l'ancienne Elfe voulait transmettre aux Ombres, pour que plus jamais elles ne se sentent perdues ou submergées par les événements, communs ou personnels. Se relever entièrement, lever la tête et affronter la vague. Voilà ce qui était difficile quand on était une Ombre. Voilà ce que Shiro voulait apprendre à son peuple, qu'ils puissent conserver quelque chose si jamais, un jour, elle devait disparaître.
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Lun 22 Déc 2014 - 7:41

La question que venait de me poser ma Reine m'en soulevait d'autres, et cela ne faisait qu'ajouter aux interrogations existentielles que je me posais, tant sur ma famille natale, adoptive que sur mon mari. Tous ces gens attendaient ou ont attendus quelque chose de moi. Parfois je les ai déçus, parfois je me sens encore bien incapable de satisfaire leur demande. Mais pourtant, jamais je ne les ai abandonnés. Oh ! Plusieurs fois l'occasion de disparaître aux yeux de ma sœur s'est présentée, mais mon besoin de tenir mon rôle auprès d'elle fut toujours plus fort, et j'étais revenue. Ma famille faisait partit de mon passé, de mon présent, et fera partit de mon futur. Cette simple vérité absolue me poussait à comprendre que c'était là que devait se concentrer tous mes efforts à venir. Pour être en paix avec moi-même je devais avant toute chose trouver la paix auprès de Melody et de mon mari et régler tout ce qui me tracassait à leur sujet.

Je remerciais sincèrement les Aetheri de me permettre d'avoir aujourd'hui cette discutions avec Shiro. Ma sœur Ombre était à mes yeux quelqu'un de sage et d'avisé. Elle me permettait de pousser plus profondément mes réflexions et de démêler les nœuds de mes pensées. Oui, ma situation actuelle n'avait rien de facile, que ce soit avec l'un ou l'autre des membres de ma famille, et je n'avancerais pas que ce soit en tant que Passeuse qu'en tant qu'être existant, tant que mes problèmes avec eux ne seront pas fixés. En revanche, je fus surprise de la conclusion de l'Esprit de la Mort. L'aimais-je vraiment toujours ? Je ne savais même pas si je l'aimais véritablement, de cet amour que l'on peut lire dans les contes. De ce que j'avais lu dans mon journal intime, mes premiers mois chez lui avaient été un véritable enfer. Je ne comprenais rien à ce qu'il attendait de moi et échouais à satisfaire ses demandes les plus simples. Apparemment, il m'avait fallut beaucoup de temps avant de m'adapter à ma nouvelle vie et ce fut seulement une fois mon apprentissage terminé auprès des gouvernantes et des cuisinières que je suis devenue la grande maîtresse de maison qu'il attendait de moi que je sois. Oui, j'ai peut-être du l'aimer… Ou du moins, je l'admirais pour son travail de juge. Mais je remplissais avant tout un rôle auprès de lui. Un rôle que j'ai d'abord détesté avant de l'adorer. « Merci de ton conseil. Je ne sais pas si je me sens attaché à lui parce que je l'aime toujours ou parce que j'ai lâchement abandonné mon rôle de Maîtresse de Maison auprès de lui mais… tu as raison, il me faudra tôt ou tard me décider à retourner le voir et m'expliquer auprès de lui. Je lui dois bien cela. »

Je repensais alors à cette petite information que mon amie venait de m'apprendre sur elle. Ainsi, son apparence enfantine était sa vraie forme et non une apparence qu'elle aurait prise de son plein gré… et elle ne connaissait donc pas l'amour. Je trouvais cela quelque peu triste, moi qui ai découvert de si nombreuses facettes de la vie humaine, bonnes ou mauvaises, en devenant une jeune adulte. J'avais même encore pris des années lorsque le chaos s'était étendu sur nos terres et que nous autres étions redevenues humaines le temps de quelques mois… Je ne pouvais alors m'empêcher d'espérer qu'une autre occasion ne se présente un jour et lui permette de grandir, mais me gardais bien de proférer une telle pensée à voix haute. La disparition de la magie n'est pas quelque chose de bénéfique pour tous, et l'espérer pour une seule personne est on ne peut plus égoïste, même si cela est pour une amie.

Je ne savais pas combien de temps je pourrais encore discuter ainsi avec ma Reine, elle qui devait probablement avoir des obligations officielles à remplir, mais je comptais bien profiter de chacun de ces précieux instants en sa compagnie. Malheureusement, l'entendre m'inviter à venir au Château des Ombres lorsque le besoin se fera ressentir sonnait pour moi comme une finalité à notre échange. « Je te remercie sincèrement de cette invitation et tâcherais de m'en souvenir ! Pour ma part, même si ma maison n'est pas des plus… riche… je serais également ravie de t'y accueillir le temps d'un petit thé. » Discrètement, je rappelais mes familiers auprès de moi. Ils semblaient boudeurs à l'idée de quitter cet endroit et il me sembla que l'idée de se rendre au jardin leur plairait beaucoup. Saïko surtout, à qui la nature et la chasse manquaient cruellement au cœur de notre Royaume. Je caressais mes deux familiers, sentant l'heure de partir approcher.
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Lun 22 Déc 2014 - 11:23

~ Shiro sourit, comblée d'avoir pu une nouvelle fois conseiller une Ombre. Elle n'avait pas besoin de beaucoup pour être heureuse, juste d'amis, d'échanges humains, d'expditions et de contact avec la nature. Cela lui suffisait. Hélas, la Reine n'aimait pas trop les au revoir, car certains s'étaient transformés involontairement en des adieux subits. Elle se souvenait parfaitement de l'au revoir de Neith, ou plutôt le geste de la main final. Elle avait été incapable de le prévoir, certaine de revoir son amie, et tout s'était arrêté tel un carrousel déserté et abandonné. Plus qu'un simple carrousel. Plus qu'un souvenir dans sa mémoire. Les traits, la voix, les cheveux de son amie restaient des fragments d'instants, d'images, de sons, de sensations dans son cœur. L'adrénaline qui les avait gagné lors d'un épique combat était une sensation conservée, intacte, en elle. Mais, les souvenirs sont une choses, les moments présents une autre... Néanmoins, Neith n'aurait pas souhaité la voir s'abattre à nouveau à cause de sa soudaine et mystérieuse disparition. Alors, l'ex-Passeuse avait relevé la tête et, dans un merci au ciel pour l'ancienne Reine, elle avait poursuivit sa route, prête à continuer de bâtir ce que Neith avait commencé.

L'Esprit de la Mort écouta son amie, avant de répondre : « Je serais heureuse de venir te rendre visite à l'occasion. En plus, j'adore le thé ! Peut-être le sais-tu, mais tu peux aussi venir me voir ou me laisser un mot au Jardin Animalier. J'ai toujours un ami à moi, humain ou animal, qui veille là-bas. C'est bien différent du Royaume, pour sûr. » Elle rigola doucement, pensant en effet aux différences marquées entre le Jardin et le Château des Ombres. Il s'agissait de deux univers contrastés que l'Ombre affectionnait particulièrement, autant l'un que l'autre. Ceci sûrement car elle s'y sentait chez elle, perdue dans les landes herbeuses ou le marbre du palais. Brusquement, sans crier gare, le Gardien de la vengeance fit son apparition et étira son sourire étrange, un peu inquiétant pour ce qui ne le connaissait pas. Sanctus était arrivé à pas de velours, comme toujours, et fit irruption à côté des deux dames, accompagné de son intrigante marionnette. Le blond se tourna vers Milady, puis vers Shiro.
« Jeune Passeuse, bienvenue. Esprit de la Mort, nous t'attendons pour le Conseil. Les Gardiens sont au grand complet, tout comme les Passeurs fidèles. » La Reine sourit. « Oh, oui Sanctus, j'arrive tout de suite pour ouvrir la séance. Kuro est là aussi ? » « Dans ton bureau, bien sage sur sa chaise je suppose, en train de trier les papiers. » Elle s'emporta amicalement. « Allons, ne parle pas de Kuro comme ça ! Sans lui, je sais pas où j'en serais. Puis avoue qu'il aide bien au Château. » « Forcé de constater que tu as raison. Bien, je m'en retourne auprès des nôtres alors. » Il revint sur la Passeuse, toujours avec son mystérieux sourire. « Mademoiselle, heureux de vous avoir croisé. Peut-être vous verra-t-on au Conseil des Gardiens à l'avenir. » Puis, le frêle garçon d'apparence s'éclipsa avec sa marionnette, silencieux comme la mort.

La demoiselle se tourna une dernière fois vers Milady.
« Je te présente Sanctus, le Gardien de la vengeance. Il est très... Spécial et extraverti par moment, mais fort sympathique quand il veut. » Chaque Gardien avait sa touche d'originalité. « Bien, on m'attend pour la réunion. Je dois donc te laisser sans te raccompagner, navrée, mais... » Elle trifouilla dans sa poche et en sortit un bracelet en métal noir, léger. Dessus étaient accrochés de petits pendentifs, un sablier entouré de son fil et une balance, les symboles et allégories des Ombres. Shiro le donna un Milady. « Prends-le en gage de notre amitié. Le fil et le sablier symbolisent la vie qui suit le cours du temps, et la balance symbolise évidement l'équilibre et la neutralité. Je te l'offre. » Puis, elle fit quelques pas en arrière, laissant s'écouler un silence. L'Ombre regarda de ses yeux lumineux la Passeuse et sourit, voulant conclure sur une sorte de résumé : « A une prochaine fois Milady. Prends soin de toi et courage pour la suite. N'oublie pas de toujours écouter ton cœur et ta raison, et de peser le pour et le contre. » Enfin, le Conseil devant débuter prestement, elle se téléporta à l'entrée de la salle. L'ancienne Elfe laissa son amie en compagnie de ses compagnons, devant les deux cascades du jardin éternel. Dorénavant, un nouvel escalier était à construire et gravir pour Milady.
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