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 ❧ La grande Mascarade | Quête unique

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Mer 06 Jan 2016, 04:43

La grande Mascarade
❧ Suite de La mort des rats
« Hold on, pain ends »

❧ La grande Mascarade | Quête unique Mascar10


« Il refuse de manger…

- Parce qu’il est stupide.

- Asche, quand est-ce qu’il va se remettre à nous parler?

- Sûrement quand la colère qui est en lui se sera calmée.

- Mais en attendant, il doit avaler quelque chose… J-Je…

- Laisse-moi faire, Maeka. Je vais le forcer, quitte à lui enfoncer la nourriture dans la bouche s’il persiste trop.

- Prépare-toi déjà à le nourrir dans ce cas. »

Le visage tourné vers le plafond, j’exhalais un soupir, roulant sur moi-même pour changer de position et faire semblant de dormir. Ils n’étaient pas très discrets, à discuter ainsi de moi devant ma porte. Mais je les laissais faire, conscient que m’énerver contre eux ne résoudrait rien dans la situation actuelle. Ils voulaient m’aider, prendre soin de moi – je le savais – mais en ce moment, tout ce que je désirais, c’était d’être seul avec mes pensées. Je ne les boudais pas; je ne les ignorais pas non plus; j’avais seulement besoin de faire le point, de réfléchir… Notamment sur Ardwick. Ce stupide et méprisable Sorcier de pacotille.

Non, en fait, peut-être pas si « pacotille » que ça – en l’occurrence, c’était moi dans toute cette histoire qui était le plus ridicule et le plus imbécile. Il était quand même parvenu à me manipuler à mes yeux et à ma barbe; il avait quand même fini par me rendre dépendant de lui, en employant la maladie de mon père comme carburant à cet esclavagisme dissimulé. Et moi, comme le premier des aérés, j’avais décidé d’embarquer dans sa machine et de faire rouler la roue qui lui permettait de fonctionner. J’allais si vite sur cette roue, aveugle de mon état, uniquement attiré par la carotte qui pendait au bout de mon nez, qu’après un moment – maintenant, je m’en rendais compte – il n’avait même plus eu besoin de mettre en évidence l’état de Père pour m’obliger à avancer. Rien qu’en y songeant, je ne pouvais faire cesser le bruit des tambours de guerre qui enflaient dans ma tête. Je me sentais tout particulièrement coupable, conscient que j’avais, involontairement, contribué à cette mascarade, mais je ne pouvais m’accuser seul: Ardwick était la tête pensante de toute cette comédie si habilement et soigneusement jouée. Dans mon cas, je n’avais été qu’une poupée dans son numéro, emportée par le bon vouloir de l’acte et des doigts du marionnettiste, mais quelque part, j’avais été une marionnette consciente de mes actions, de mes gestes. Un peu comme si j’avais eu le pressentiment d’être attaché, d’être manipulé, et d’avoir su que les gestes que j’avais posé n’était pas de mon ressort, mais que mon esprit, par je ne sais quelle perversion tordue, ait tout pris comme si c’était moi le véritable maître de ces actions.

Tout était de ma faute si Père avait fini par devenir esclave – rat – de ce manipulateur invétéré, alors qu’il était bien le seul à savoir qu’il se trouvait dans les toiles d’une vile araignée. Et alors que c’était lui qui était éveillé, conscient du danger dans lequel je progressais, c’était lui qui en avait pâti; entre nous deux, c’était lui qui en avait le plus souffert. Et je me sentais si mal d’avoir fait tout cela, je me sentais si sale. Esquissant une grimace de dégoût, je me crispais lentement dans mon lit, mes dents se serrant au point que j’en ai presque mal à la mâchoire.

« Ducon, entendis-je alors de l’autre côté de ma porte, d’une voix forte et déterminée. Je rentre! »

La porte s’ouvrit dans une espèce de fracas retentissant, comme si le gamin venait de l’enfoncer d’un grand coup de pied. Mais je ne me retournais pas pour savoir de quoi il s’agissait exactement. Peut-être avait-il simplement tourné la poignée aussi, mais qu’il avait violemment repoussé la porte pour pouvoir entrer. Enfin, dans tous les cas, je ne tiquais pas, restant figé dans ma position, fidèle à mon rôle de vengeur endormi. Les pas du Bélua se rapprochèrent avant de s’arrêter net devant ma couche. Puis, je n’entendis plus rien, excepté sa respiration et le bruit de la vaisselle qu’il déposait doucement sur ma table de nuit.

« Eh, Ducon. Je sais que tu ne dors pas… »

Je ne répondis pas, mon regard tourné vers le mur en face de moi. Je pouvais sentir l’impatience de l’enfant et alors qu’il approchait sa main pour venir me secouer…

« J’ai seulement besoin de réfléchir… »

Son geste fini par se figer dans l’air, ses mirettes ambrées se fixant sur mon dos.

« Je savais que tu ne dormais pas réellement et je…

- Hakiel, écoute-moi. Je ne vais pas bien, et je le sais. Cependant, je veux profiter de ce voyage pour réfléchir à tout… ça. Alors pourrais-tu faire le message aux deux autres? Pourriez-vous me laisser… seul pour le moment? »

Un silence s’abattit entre le gamin et moi, mais après quelques secondes, Hakiel se recula en baissant les yeux.

« Si… Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais que nous sommes là, hein?

- Oui, je le sais.

- Et tu ne rechigneras plus pour manger?

- Non, je ne rechignerai plus. »

L’enfant eut un sourire en regardant le plat qu’il venait d’apporter. Puis, son pied pivota, le dirigeant vers la porte de la cabine. Sa main se posa sur la poignée, mais avant même qu’il ne la tourne, je bougeais finalement de ma position pour poser mon regard vers lui.

« Dernière chose, Hakiel.

- Oui?

- Remercierais-tu Maeka pour le repas? »

Le gamin me jeta un bref regard avant d’hocher de la tête, en signe d’approbation, avant de passer le seuil de la porte et de fermer celle-ci derrière son dos. Une fois de plus, je me retrouvais tout seul, mes pensées enfermées dans ce tourbillon ininterrompu qu’était l’intérieur de ma tête.

Vengeance, vengeance, vengeance était, ici, la seule réflexion rationnelle qui réussissait à se soustraire de l’attraction qu’exerçait la tempête sur le reste de mon esprit. Venger Draug pour tout ce qu’Ardwick avait bien pu lui faire sur son esprit et sur son corps; me venger d’Ardwick pour tout ce qu’il avait fait sur mon père et de l’esclave qu’il avait créé en ma personne; me venger de moi-même parce que j’étais celui qui avait rendu Père esclave – non, pire, Rat – du Sorcier, puisque j’étais le seul, d’une certaine façon, à avoir alimenté la dépendance et la confiance que j’avais en Ardwick. Les autres avaient bien tenté de me protéger, de m’en avertir, mais j’étais resté sourd à leurs mises en garde, allant même jusqu’à détruire l’amitié que j’avais avec Scott – par chance, ça c’était arrangé entre nous – pour protéger et défendre les intérêts du malfrat. C’est seulement maintenant que je me rendais compte à quel point cet individu m’avait changé, mais je me sentais encore plus en colère contre moi-même parce que j’étais celui qui avait entretenu et qui avait soigné ce changement. Ardwick n’était là que pour m’inciter, que pour me guider sur cette voie; de mon côté, je m’étais tout simplement mis à marcher sur le chemin dans lequel il m’avait posé.

Doucement, je me levais de ma position, passant mes jambes par-dessus ma couche, et je me mis à regarder le plat que m’avait laissé Hakiel. Je souris. Je suis vraiment idiot de penser que je suis toujours tout seul dans mes galères. Alors que j’étais loin de cette réalité. Depuis que Draug avait attrapé le virus, j’avais toujours tout accompli seul, les autres m’abandonnant bien rapidement à mes utopies d’enfant, et je me croyais véritablement seul au monde, alors que c’était de ma faute, de mes rêves d’espérance et de naïveté, si je m’étais ainsi isolé.

À présent, j’avais Asche, Hakiel et Maeka avec moi, même si cette dernière n’avait fait le trajet avec nous que pour rentrer chez elle, à Ciel-Ouvert. Néanmoins, même si nous ne nous connaissions pas énormément, elle n’avait pas hésité à nous offrir son aide et à nous épauler. C’est vrai que les événements actuels devaient dépasser sa compréhension, mais elle était là, présente, et quelque part, cela me prouvait encore une fois que je ne pouvais décemment pas être tout seul dans mon combat. Asche était revenu exprès à Médigo pour m’aider; Hakiel n’arrêtait pas de me soutenir et, non sans réticence, il avait même fini par accepter que je plante mon épée dans le cœur d’Ardwick, lui qui, depuis qu’il avait quitté les Béluas, méprisait tout acte de violence, du plus anodin au plus barbare. Il comprenait le mal que cet homme avait causé dans ma vie, et il ne m’arrêterait pas. Parce qu’il savait, autant que moi, que la mort du mage serait le préambule du retour à ma Liberté bafouée, entravée…

J’approchais ma main du plateau, attrapant les ustensiles pour piquer dans l’assiette un morceau de viande. Il ne suffit que d’une bouchée avant que je ne me mette à engloutir mon repas, prenant soudainement conscience de ma faim. Je n’avais rien avalé depuis notre départ de Médigo, hier matin, et aujourd’hui, alors que les côtes du continent Naturel se profilaient à l’horizon, c’était le premier repas que je prenais, au grand daim de mon estomac qui n’avait cessé de m’envoyer des signes, que j’avais mal interprété en songeant que les serrements que je sentais dans mon ventre étaient dus à l’angoisse. D’ailleurs, en pensant à ça… Demain, nous arriverons. Demain, nous irons jusqu’à la Forêt des Murmures et là-bas, Ardwick verra… J’exhalais un soupir, faisant taire la colère que je sentais de nouveau monter en moi. Pas maintenant… Pas aujourd’hui…

Mangeant plus raisonnablement, je  finis mon plat et me levais de mon lit avant de sortir de ma cabine. Que ne fut pas ma surprise en constatant qu’il faisait déjà nuit dehors! Combien de temps étais-je resté à réfléchir dans ma chambre, depuis le départ d’Hakiel? À mon souvenir, le Soleil était toujours dans le ciel quand il était venu! Oh… Je m’isole trop du reste du monde. Peut-être devrais-je revenir demain matin pour retourner mon assiette à la cuisine… Tiens? Une seconde, qu’est-ce que j’entendais? On dirait qu’il y avait de la musique dans la salle principale. Intrigué, je me dirigeais à travers les couloirs du navire jusqu’à atteindre ladite pièce, passant ma tête à travers l’ouverture. Une danse s’était partie et des couples valsaient dans la salle, se laissant emportés par la mélodie. Au centre, il y avait les musiciens qui jouaient des airs de ballade, accompagnés d’une chanteuse à la voix enchanteresse, certainement une Orine en remarquant la beauté sublime et fragile de son visage. Mais mon attention se détacha rapidement de la belle créature pour s’attarder sur une autre personne, que je n’aurais jamais soupçonné trouver ici.

Au bras d’un homme, Maeka souriait doucement, se laissant entraînée dans la danse par son partenaire. Elle souriait tranquillement, sereine, dans cet Univers qui semblait, visiblement, être le sien. À cette vision, j’eus un léger sourire. Moi aussi, peut-être qu’un jour, je trouvais ma propre voie, mon véritable rêve…


Durant la danse, l’œil de Maeka fut soudainement attiré en direction de l’entrée de la salle, qui donnait sur un couloir adjacent. Tout ce qu’elle vit, à la dernière seconde, ne fut qu’une paire d’yeux verts se refermer, une tignasse brune, presque blonde, se détourner, et un sourire apaisé fendre un visage rassuré, alors que le jeune homme disparaissait de nouveau dans le couloir, comme une chimère. Mais la jeune Orisha savait qu’elle n’avait pas rêvé. Elle sourit, se concentrant de nouveau sur la danse et sur les pas de son partenaire. Mais son esprit, lui, se détendait en se rappelant son visage, dénué de toute crainte, de toute colère…


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Miles Köerta
Mer 06 Jan 2016, 15:30

La grande Mascarade
« Hold on, pain ends »

« Au revoir les garçons, et merci de m’avoir protégé et hébergé pendant tout ce temps. Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez fait pour moi. »

Maeka se pencha doucement vers l’avant en signe de salutation, tandis qu’Hakiel gardait son emprise autour de sa taille, la serrant contre lui sans aucune intention de la relâcher. À le voir ainsi, c’est comme s’il ne pouvait se séparer d’elle. Malgré le peu de temps qu’il avait côtoyé Maeka, cela avait suffi à ces deux-là pour être étroitement lié l’un l’autre. Peut-être que le gamin voyait en la jeune Orisha une seconde mère… Enfin, ce n’était qu’hypothétique hein. Ce n’était pas comme si je savais vraiment à quoi pouvais songer le petit Bélua.

« Tu vas revenir nous voir un d’ces quatre?

- Sois-en sûr. Nos chemins se croiseront à nouveau. »

S’abaissant pour arriver à la même hauteur que le garçon, elle le prit ensuite dans ses bras avant de le serrer contre elle, caressant la racine de ses cheveux et de ses plumes, qui se dressaient en épis sur sa tête.

« À la prochaine, Hakiel.

- Oui, à la prochaine. »

Se relevant, son regard se dirigea vers Asche, à qui elle tendit la main. Le géant la lui prit, souriant chaleureusement à la demoiselle.

« Je vais devoir m’occuper des deux garnements tout seul, donc.

- Eh oui! Je te les laisse cette fois, rigola la jeune fille avant de planter son regard dans les iris du géant. Prends soin de toi, Asche.

- Toi aussi. Qu’Antarès soit avec toi. »

Elle lui fit la même prière avant de se tourner vers moi. J’avais l’impression que son regard tentait de me transpercer et pourtant, son visage exprimait tout ce qu’il y avait de plus délicat et de plus doux. Quand elle finit par s’approcher de moi pour me tendre sa main, dans l’optique d’échanger une poignée, elle m’adressa un grand sourire, soufflant à mon attention ces quelques mots: courtes phrases qui, pourtant, avaient produit une espèce de chamboulement dans mes pensées.

« Au revoir, Miles. La prochaine fois que nous nous croiserons, j’espère que tu auras trouvé ta voie, dans la paix et la Liberté que tu t’évertues à chercher. »

Lentement, j’hochais de la tête.

« Tu as également de supers amis avec toi. Je t’en prie, prends soin d’eux et ne les déçois pas...

- Compte sur moi. Je ne les laisserais plus jamais de côté.

- Je te fais confiance. »

Finalement, je me baissais mon regard vers sa main tendue et je l’agrippais avant de la serrer et de la gratifier d’un sourire en retour. C’était une promesse, nous le savions bien tous les deux, et cette poignée de main la scellait à tout jamais. Puis, Maeka finit par se reculer et elle prit ses maigres bagages sur le dos avant de partir. Nous la regardions disparaître; elle ne se retourna qu’une seule fois avant de se perdre définitivement dans la foule. Désormais, elle allait poursuivre la voie dans laquelle elle s’était engagée.

« Quoi? Même pas un petit baiser d’adieu?

- Hakiel, t’es vraiment lourd!

- Bon, bon les marmots, on se calme. Est-ce que vous avez oublié pourquoi nous sommes ici? »

Nous nous retournâmes comme un seul homme vers le grand Orisha à la tignasse rouge. Il avait raison. Notre propre route devait continuer elle aussi.


« C’est bien ici? Murmurais-je avec une once d’hésitation dans la voix.

« Selon la carte que le vieux Haymitch nous a donné, oui, c’est bien ici », me répondit Asche en examinant la vieille carte qu’il tenait dans ses mains.

Le vieux Haymitch, c’était le propriétaire de la bibliothèque du quartier, celui qu’Hakiel et moi avions visité pour en apprendre davantage sur la fameuse Bibliothèque de Sleyric qu’avait mentionné Ardwick, une fois, dans l’une de ses lettres, et que nous avions retrouvé la mention, d’ailleurs, une seconde fois dans la lettre qui était adressée à son oncle. De manière complètement imprévisible, il avait cogné à notre porte le matin même de notre départ. Comme à son habitude, le bibliothécaire n’avait prononcé aucun mot, fouillant seulement dans son vieux sac de toile avant d’en sortir ce vieux parchemin. Puis, nous adressant un sourire entre les plis de ses rides, il s’en était retourné comme il s’en était venu: dans la plus grande et surprenante discrétion.

Au départ, nous ne savions pas vraiment pourquoi il avait fait tout ce chemin pour nous donner une vieille et poussiéreuse carte, mais après examen, nous avons découvert qu’il ne s’agissait pas là d’une simple carte. La carte d’Ambroisie, comme nous pouvions le lire, était une carte sur laquelle se trouvaient tous les secrets des Terres. Ainsi, tous les lieux et la façon de s’y rendre étaient indiqués. Alors, il nous suffisait simplement de chercher l’endroit désiré et le chemin nous apparaîtrait instantanément. Encore une fois, ce vieux bonhomme nous avait sacrément bien aidés. À notre retour, il va falloir que je lui offre quelque chose pour tout ce qu’il a fait pour nous…

Enfin, même si la Bibliothèque de Sleyric se trouvait bien à la lisière nord de cette forêt, comme nous l’indiquait la carte, je n’aimais pas trop l’idée de devoir m’y engager. D’ailleurs, Hakiel ne tarda pas à mettre, par des mots, son angoisse ainsi que la mienne.

« Ce n’est pas pour être rabat-joie, mais j’ai suffisamment vécu sur ce continent pour savoir que cette forêt est maléfique. Les histoires qui l’entourent sont des plus morbides…

- Je comprends vos peurs puisque je les partage, mais si nous ne traversons pas la forêt, il va nous falloir faire un grand détour qui rallongera notre voyage d’un jour et peut-être même de deux. »

Je me pinçais la lèvre inférieure. Traverser la Forêt des Murmures était le chemin le plus rapide, mais non le plus sûr. Est-ce qu’un jour ou deux allaient vraiment avoir une incidence sur notre plan initial? Je n’en savais rien, mais je ne voulais pas m’y risquer. Me tournant vers le géant aux mèches rouges, je lui demandais combien de temps cela nous prendrait si nous passions par la forêt. Sa réponse fut catégorique et sans appel.

« En trois heures nous devrions être arrivés à la Bibliothèque. »

Je me rongeais les ongles. Trois heures si rien ne nous arrive en chemin, évidemment…

« Je peux servir d’éclaireur si vous le voulez…

- Il serait peut-être plus sage de ne pas nous séparer durant notre marche. Nous ne savons pas ce que cette forêt nous réserve comme accueil… »

Asche acquiesça en hochant de la tête, d’accord avec mon propos. Nous gardâmes le silence durant plusieurs minutes avant de redresser nos têtes en direction de la forêt sombre qui s’étendait devant nous.

« La Forêt ou le détour de deux jours? »

Nous nous échangeâmes des regards en biais. À nos expressions, je crois que nous nous étions finalement décidés.

« Allons-y pour la Forêt des Murmures dans ce cas… »

Prenant notre courage à deux mains, nous nous engagions aussi vite que possible dans la sinistre forêt, conscients que si nous attendions trop longtemps à sa lisière, nous changerions aussitôt notre fusil d’épaule pour nous engager vers le second chemin qui s’offrait à nous.

Marchant donc à travers ces bois lugubres, nous employâmes mille précautions pour ne pas nous faire prendre dans ses mailles et ses nombreux pièges. En chemin, pour détendre un peu l’atmosphère, nous nous contions des histoires féériques qui ont charmé nos jeunesses, à différentes générations. Comme le conte du petit Nain farceur ou bien celui de la Fae, voleuse de biscuits. Si ce stratagème avait le don d’apaiser notre esprit, il n’en restait pas moins que la forêt, avec ses étranges murmures qui semblaient s’élever de nulle part et de partout en même temps, nous angoissait à sa manière. Les racines, à plusieurs reprises, semblaient vouloir nous faire carrément obstacle sur le chemin; le branchage – sans même qu’il y ait de vent! – nous fouettait le visage, comme pris d’une soudaine vie; et les feuilles – les pires à mon avis – s’envolaient soudainement autour de nous pour nous bloquer la vue, et à chaque fois que l’épais rideau se dissipait, j’avais la désagréable impression qu’un monstre, sorti des ombres, apparaîtrait devant nous, prêt à nous dévorer la chair et à broyer les os. Hakiel, dont les histoires horribles qu’il avait entendu ne cessaient de rouler à vive allure dans son esprit, restait toujours dans mon ombre, sa main fermement coincée dans la mienne; Asche fermait la marche avec la carte, nous guidant à travers les bois. C’est la première et la dernière fois que je me pointe dans un tel lieu! Me dis-je en grinçant des dents, une nouvelle fois agressé au visage par une branche. Je la repoussais du revers de la main en grimaçant.

« Est-ce que c’est encore loin? » Me plaignis-je en me protégeant le visage des assauts ininterrompus des arbres.

J’avais l’impression que nous marchions depuis des semaines dans cette forêt maudite!

« Il faudrait continuer tout droit à partir d’ici. La lisière ne devrait plus se trouver bien loin. »

Je n’étais pas le seul à avoir soupiré de soulagement; Hakiel, ses doigts coincés dans ma poigne, s’en voyait tout autant rassuré que moi.

« C’était pas trop tôt! »

Nous continuâmes donc, la forêt faisant de nos dernières minutes de marche un véritable calvaire avant que nous débouchions enfin de la forêt. Le ciel, au-dessus de nos têtes, s’obscurcissait déjà, la noirceur du crépuscule ne tardant pas à s’abattre bientôt sur nous. D’un même mouvement, Hakiel et moi nous nous retournâmes vers Asche, attendant ses prochaines instructions.

« Si je ne me suis pas trompé… Commença le géant d’une voix affreusement lente.

- Attend, attend… Si tu ne t’es pas trompé?

- Et je ne me suis pas trompé… Poursuivit-il en me fusillant du regard. La Bibliothèque de Sleyric se situe à un peu moins de cinq kilomètres de notre position. Dans cette zone, nous montra-t-il en nous désignant le secteur en question, il y a plusieurs boisés tout aussi lugubres que la Forêt des Murmures. Alors ne baissons pas notre garde. »

Nous acquiesçâmes d’un commun accord avant de poursuivre notre route. Un peu moins d’une heure plus tard, apparut un grand édifice dans l’obscurité inquiétante de la place. La Bibliothèque de Sleyric… Songeais-je en regardant le bâtiment, l’image-ci présentant plusieurs similitudes avec l’illustration que nous avions pu apercevoir, Hakiel et moi, dans le livre que nous avions consulté à notre visite à la bibliothèque du vieux Haymitch. Asche, baissant la carte de ses yeux, confirma ma pensée.

« C’est ici… La Bibliothèque de Sleyric.

- Qu’est-ce qu’on attend pour y aller?

- Eh là! Tout doux, gamin! Tu penses qu’il va nous suffire de cogner à la porte et de leur demander l’adresse de notre Sorcier? Non, il faut qu’on réfléchisse d’abord à un plan…

- Que tu as déjà en tête je présume. »

Je me retournais vers le géant, un sourire malicieux sur le coin des lèvres.

« Tu vois, Hakiel a dit quelque chose, une fois, qui m’a mis la puce à l’oreille. Cette bibliothèque a été détruite et partiellement reconstruite par un mécène à l’identité encore inconnue à ce jour. Qui est ce mystérieux étranger d’après vous? Et qu’a-t-il bien pu faire de cette bibliothèque en la rebâtissant? »

Mes compagnons m’observèrent longuement. Ils avaient compris là où je m’en allais.

« Supposons donc que cette Bibliothèque ne soit qu’une couverture en fin de compte et que le mystérieux mécène soit en réalité Ardwick. Que pensez-vous qu’il complote entre les murs de cet édifice? »

Je n’avais pas besoin d’exprimer à voix haute ma pensée: ils la connaissaient déjà et la visualisaient assez bien, d’ailleurs, dans leur esprit. D'un geste théâtral, je tendis alors mes bras sur le côté, avant de m’exclamer d’une voix basse, narquoise, où l’on pouvait percevoir une touche d’agressivité mal gérée:

« Alors, mon plan, c’est de jouer à son propre jeu. Il aime la comédie? Il va adorer notre numéro dans ce cas-là! »


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Miles Köerta
Mer 06 Jan 2016, 16:11

La grande Mascarade
« Hold on, pain ends »

« Êtes-vous tous prêts? » Demandais-je à mes compagnons en chuchotant.

Asche ne prononça aucun mot, la tête baissée, mais je savais qu’il était prêt. Je me retournais ensuite vers Hakiel, perché sur mon épaule, ses serres fermées sur mon épaule. Déployant ses ailes d’ébène, il poussa un croassement strident et je glissais délicatement mon doigt sur son crâne duveteux. Je pris une grande inspiration, avant de me redresser et d’avancer d’un pas, hors du petit boisé dans lequel nous nous étions cachés, le temps que je partage mon plan à mon petit trio.

« En espérant que ton intuition soit bonne…

- Et elle le sera, ne t’en fais pas. Maintenant, dis-je en tirant doucement sur les chaînes d’Asche. Place au spectacle! »

D’un coup, je rabattis la capuche de ma toge sur ma tête, celle-ci recouvrant une bonne partie de mon visage. Je jetais un dernier regard en direction de mes compagnons. Asche me lança un sourire rassurant. Une fois arrivés devant la porte, je fermais les yeux. C’est maintenant ou jamais…

Puis, je cognais.

Dans ma tête, un grésillement puissant se mit à résonner et je tentais de ne pas faillir. La nervosité me tordait l’estomac et la panique me prit soudainement, enserrant ma gorge dans un étau étroit, qui se refermait, qui se refermait… Et si j’avais tort? Et si cet endroit n’était vraiment pas destiné à l’accomplissement des sombres desseins du mage noir que je traquais? Et si nous nous faisions griller? Et si Hakiel se faisait blesser? L’incertitude et l’angoisse se mêlant, j’eus brusquement un vertige, mais Asche se rapprocha discrètement dans mon dos pour me soutenir.

« Qui ne risque rien n’a rien. Sois fort et regarde devant toi. J’entends quelqu’un arriver… »

Puis, il se recula, aussi discret qu’une ombre, revêtant à nouveau son air de forçat. Hakiel, de son œil perçant, semblait m’encourager. Ils croyaient dur comme fer que mon plan allait marcher. Mais alors pourquoi étais-je le seul à nourrir des craintes pareilles?

« Que puis-je faire pour vous? »

La porte s’était ouverte, laissant le passage à un homme aussi mince qu’une brindille d’herbe. Instantanément, je forçais mon esprit à se calmer, à se détendre. Ça allait marcher, ça allait marcher. Il fallait seulement que j’y crois-moi aussi…

« Ardwick, murmurais-je simplement, tirant sèchement sur les chaînes qui entravaient les mouvements d’Asche.

- Pardon? Je ne pense pas avoir compris... »

Lentement, je levais la tête, de manière à pouvoir ancrer mon regard dans le sien. Tout se jouait ici et maintenant, Miles. Il ne fallait pas que je bourde. J’esquissais un sourire sombre, voire menaçant, tandis que je rapprochais doucement mon visage de la brindille en costume cravate.

« Je crois, au contraire, que vous m’avez bien compris. Ne me faîtes pas répéter une troisième fois, je vous en prie. Je désire offrir au maître des lieux une marchandise. »

Le majordome – parce qu’il ressemblait vaguement à cela – plissa des yeux. Il nous considéra, Asche et moi, durant plusieurs secondes, ne s’attardant qu’un certain temps sur le corbeau qui somnolait sur mon épaule.

« … Et que désirez-vous donner au Maître? »

Je pris énormément sur moi-même pour ne pas sourire d’un air victorieux. Ardwick était bel et bien le propriétaire de cette bibliothèque. Fantastique. Mon instinct ne m’avait donc pas trompé. Déjà, de cela, je pouvais me rassurer.

« Quel piètre majordome vous faite. Qu’est-ce que je traîne derrière moi, d’après vous? »

Avec brutalité, je tirais encore plus violemment sur les chaînes de mon compagnon, ce dernier poussant un gémissement à s’en fendre l’âme avant de s’effondrer sur le seuil, à quatre pattes, expirant et inspirant avec force. Le majordome le regarda intensément avant de se pencher au-dessus de lui et de passer sa main dans ses cheveux en bataille.

« Un Orisha… Vous êtes parvenu à enchaîner l’un de ces sauvages? »

- Que vous en doutiez me blesse.

- Il est plutôt costaud…

- Ce ne sont que des muscles. Il l’est moins du cerveau par contre. Aller! Lève-toi! Tu vas salir le plancher avec ta crasse! »

Le géant se débattit un instant et, feignant l’exaspération, je me fis plus intimidant. Mais il continuait. J’envoyais un coup de pied dans le ventre du géant, arrêtant mon geste à la dernière seconde pour permettre à Asche de poursuivre le jeu. Celui-ci s’écrasa au sol, se tenant le ventre à deux mains, tremblant, faisant s’entrechoquer ses chaines et ses menottes entre elles. Je détestais faire ça. Ce n’était pas un rôle qui me plaisait beaucoup, mais pour pouvoir s’introduire dans la tanière du loup, il fallait faire comme si je faisais partie de la meute. En tout cas, pour cette fois, mon albinisme était un avantage que je ne pouvais pas me permettre de mettre de côté. Il me permettait de sortir du lot des Orishas et ni ma peau, ni mes yeux unis ne pouvaient me trahir dans la foule. Je souris. Le majordome aussi.

« Le Maître sera, effectivement, ravi d’un tel présent. Entrez donc, je vous en prie. »

D’un pas vif, traînant Asche par ses chaînes, je passais l’encadrement de la porte avant de pénétrer dans le bâtiment. Mon esprit explosa d’une frénésie indescriptible. J’étais parvenu à entrer dans la bibliothèque! J’avais vraiment réussis mon infiltration! Je me sentais dès lors un peu plus confiant, moins stressé par le poids de la charge que je devais supporter.

« Je dois m’assurer que votre prisonnier n’ait en sa possession aucune arme… et vous aussi. »

- C’est tout naturel. »

Je ne rechignais pas à cette fouille, ouvrant même les pans de ma toge pour qu’il puisse constater par lui-même l’absence totale d’armement.

« Et cette besace? Se questionna le majordome en me la retirant pour vérifier son contenu.

- Absolument rien, comme vous pouvez le constater.

- Comment êtes-vous parvenus à capturer ce géant dans ce cas? »

- Est-ce que vous m’écoutez quand je parle? Ce ne sont que des muscles qu’il a, pas de la cervelle. »

Il me considéra encore une fois et je lui tins tête, tentant de paraître le plus convainquant possible. Il devait croire en mon histoire coûte que coûte.

« Vous le savez autant que moi: les Orishas sont un peuple d’idiots et d’illettrés naïfs. Ils se croient libres de faire ce qu’ils veulent, mais il n’y a pas plus rêveur que ces hommes. Ils vivent dans une utopie, une chimère idyllique. C’est pourquoi ils sont si stupides, si peu évolués en plus d’être des aérés d’esprit! Je ne fais que leur montrer la vérité: ils ne sont et ne seront jamais libres. Esclave un jour, esclave toujours. Il faut bien leur faire comprendre quelle place ils tiennent dans ce monde.

- Je n’aurais pas dit mieux » Me souris le majordome.

Il se détourna alors pour se rapprocher du grand Orisha. Intérieurement, un sentiment de culpabilité et de soulagement se propageait dans mon estomac. Pendant une fraction de seconde, je crus qu’il n’allait pas gober mes mensonges… Mais en dénigrant de cette manière mon propre peuple, je me sentais affreusement mal. C’était pour la bonne cause pourtant. Il fallait que je conserve cette idée en tête.

Asche fut donc lui aussi fouillé de fond en comble, mais la brindille de majordome ne trouva rien de plus que de vilaines égratignures et de la boue. Pour cela, il fallait remercier la Forêt des Murmures de nous avoir autant malmené.

« Bien. Veuillez me suivre à présent. »

Il se mit en marche. Dès que le majordome eut le dos tourné, Hakiel déploya ses ailes et s’envola dans la pénombre de l’édifice. Maintenant, il ne fallait plus qu’attendre son retour. La réussite ou non de notre infiltration, tout dépendait du petit bonhomme à présent. Fais attention gamin… On compte sur toi.

« Et comment avez-vous entendu parler des activités de mon Maître? Il se fait plutôt discret d’habitude…

- J’ai mes contacts. »

À l’expression du majordome, je su qu’il fallait que j’en dise un peu plus et j’inventais au fur et à mesure.

« Je connais un homme, Calen Eternam, qui m’a dit que son neveu avait besoin de marchandise pour ses expériences…

- Hum… Je vois. »

Soudainement, sortit de sa manche, il me tira un couteau. Mais l’arme s’arrêta brusquement à quelques centimètres de mon visage, suspendu dans les airs. Je notais aussitôt cette capacité dans un coin de mon esprit. De la télékinésie…

« Et c’est cet homme, Sir Calen, qui vous a amené ici?

- Amené? Non, pas du tout. Informé serait plus juste.

- Je crois ne pas m’avoir fait bien comprendre, chuchota le serviteur d’une voix de plus en plus basse, qui laissait supposer à une menace plus grande. Travaillez-vous pour lui? »

Franchement, j’eus un éclat de rire  incontrôlable avant de poser un œil pétillant de malice en direction du majordome.

« Moi? Travailler pour un homme aussi exécrable? Jamais de la vie! »

Au moins, ça, c’était sincère.

« Je travaille pour mon propre compte. Si ce Sir Calen pense que je travaille pour lui, il se fout le doigt dans l’œil. Dans ce monde, il faut être soit un loup, soit un agneau. Et à l’occurrence, je suis un loup; seule ma survie compte. »

Mes yeux se braquèrent dans les siens, et quelque chose dû reluire au fond de mes iris, car le majordome fit un geste de la main, ce qui amena le couteau à reculer lentement, s’éloignant toujours plus de mon visage. Je levais la tête, affichant alors un air déploré.

« Où est parti cet oiseau? Je crois que vous lui avez fait peur. Leikah, vilaine fille! Reviens ici!

- Pardonnez-moi. Je voulais seulement être sûr que vous ne travailliez pas pour Sir Calen. Ce chacal n’attend que la première occasion pour nuire à mon Maître.

- Ce genre d’histoires ne m’intéresse pas. Amenez-moi seulement dans la chambre des esclaves, que je laisse celui-ci là-bas. Je l’ai traîné trop longtemps avec moi; je risque d’attraper ces puces.

- Bien, cela sera fait sous peu. Mais avant, je désire vous amenez auprès de mon Maître. Ce n’est pas tous les jours que le Maître est présent pour ses fournisseurs, mais exceptionnellement aujourd’hui, il pourra s’assurer de la qualité de la marchandise et puis, n’est-ce pas l’occasion idéale pour le rencontrer et établir le contact? »

- Pardon? Ar… Votre maître est ici?

- Pour affaires. Si vous voulez bien me suivre… »

Il reprit sa marche, nous guidant à travers le bâtiment. Je déglutis, jetant un regard alarmé à Asche. Ardwick était ici… dans son bureau qui plus est…
Hakiel était en danger!!

Le petit garçon, revêtu de son apparence de Corbeau, prit un certain temps avant de trouver le bureau du Sorcier. Avec mille précautions, observant les alentours, il se posa en équilibre contre la poignée de la porte avant de jouer avec celle-ci pour la tourner. Après maints acharnements, il sentit enfin le mécanisme s’actionner et la porte s’ouvrir. Une fois le battant poussé, il passa sa tête triangulaire dans l’entrebâillement qu’il s’était créé. Personne en vue. Parfait! Prenant son envol, il se posa sur le bureau du Sorcier, jouant de ses serres avec les papiers qui traînaient sur le bureau. Les consignes de Miles tournaient dans sa tête comme un carrousel. Quelque chose qui puisse nous indiquer l’emplacement de sa demeure… Quelque chose qui puisse nous indiquer l’emplacement de sa demeure… L’oiseau s’activa avec plus d’énergie encore, grattant et tournant les feuilles de papier avec ses serres et son bec acéré.

« Tiens, tiens… Qu’avons-nous là? »

Vivement, l’oiseau se retourna et voulu pousser un cri. Mais une poigne puissante l’attrapa et le priva de tout mouvement. Il était prisonnier. Et il avait peur. Terriblement peur.
Surtout lorsque les grandes pupilles argentées se mirèrent dans son propre regard.


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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mer 06 Jan 2016, 16:26

La grande Mascarade
« Hold on, pain ends »

« Pouvez-vous attendre ici pour un instant? Je vais vous annoncez au Maître.

- Prenez votre temps. »

Le majordome cogna à la porte et une voix s’éleva de la pièce, douce mais autoritaire. Comme la voix d’Ardwick avait toujours été… Alors que le majordome ouvrait la porte, je rabattis de nouveau la capuche de ma toge sur ma tête. Dans mon dos, je pouvais entendre le souffle d’Asche murmurer doucement:

« Où est le gamin?

- Je le cherche », répondis-je sur le même ton, balayant la pièce des yeux.

S’était-il fait prendre? Était-il parvenu à se cacher à temps? m*rde à la fin! Je ne voyais absolument rien maintenant, à cause de ce maudit majordome! D’ailleurs, comme s’il venait de percevoir mes pensées, ce dernier se poussa gentiment sur le côté pour nous laisser entrer. D’un pas, dans lequel on ne pouvait déceler l’hésitation et l’inquiétude qui me tordait le ventre, j’entrais dans le vaste bureau. Aussitôt, je ne pus empêcher mon regard d’aller et venir dans la pièce, à la recherche du plumage caractéristique du Corbeau. Mais je ne voyais aucun signe de sa présence ici. Là, je commençais sérieusement à m’inquiéter. Hakiel aurait dû nous rejoindre dans l’édifice, avec ou sans indice, et nous aurions tout simplement, par la suite, semé notre guide avant de fuir la Bibliothèque. Mais au début, nous n’aurions jamais cru qu’Ardwick serait vraiment ici! Où est ce que tu te caches, Hakiel?! Bon sang! Je n’aurais jamais dû l’impliquer dans cette histoire!

« Sir, voici un jeune homme qui voudrait vous offrir un présent.

- Approchez-le… »

D’un geste négligeant, je tirais suffisamment fort sur les chaînes de mon compagnon pour que celui-ci se laisse entraîner vers l’avant, s’agenouillant au sol. Ardwick se leva de son siège avant d’examiner le géant de son œil gris étincelant.

« Hum… Il doit être résistant, vu son physique.

- Oui , Maître.

- Et où avez-vous trouvé un si grand gaillard, jeune homme? »

J’entendis à peine sa question, trop préoccupé par Hakiel. Où se trouvait ce gamin, par Antarès!

« Monsieur?

- Euh! euh! Hum! Oui? Dis-je en alourdissant volontairement ma voix, comme pris par une soudaine quinte de toux.

- Êtes-vous souffrant?

- Non, non. Ça va aller! Rien de bien grave, je vous assure! »

Mais Ardwick s’approchait déjà. Je n’osais pas lever les yeux vers lui. Pas maintenant du moins.

« Chercheriez-vous quelque chose à tout hasard?

- Moi? Non, pourquoi? »

Je commençais à devenir nerveux. Ce n’était pas bon, pas bon du tout.

« Parce que je pense que j’ai ce que vous recherchez. »

Il retourna, d’un pas léger, derrière son bureau et, d’un mouvement ample, il laissa tomber une cage sur la table. Le métal se fracassa contre le bois du meuble tandis que l’objet à l’intérieur de cette prison de fer rebondit, inerte.

« Ne serait-ce pas cette charmante bête que j’ai trouvé dans mon bureau?

- Eh mais… C’est votre oiseau!

- Alors c’est bien le sien… Intéressant. Et comment pouvez-vous expliquer que cet animal soit dans mes quartiers?

- Je… Je…

- Ce n’est pas à toi que je pose la question, irresponsable! S’exclama-t-il d’un ton venimeux, coupant au silence le pauvre majordome. C’est à lui… »

Je pouvais sentir son regard passer au travers du tissu de la capuche, comme pour vouloir identifier l’individu qui s’y cachait. S’appuyant sur la cage dans laquelle gisait le petit Corbeau, Ardwick s’avança vers Asche et moi, restés silencieux. Je ne pouvais pas me dévoiler… Pas maintenant…

« Qui êtes-vous? »

Je ne dis rien. Je pouvais sentir le majordome bouger derrière moi, sûrement pour sortir ses lames de couteau et, dans un bond, Asche lui sauta dessus, l’immobilisant avec ses bras.

« Tu ne bouges pas… »

Ardwick avait les yeux écarquillés, moins par surprise que parce qu’il était impressionné.

« Alors cet Orisha est votre complice… Ingénieux. »

Tout en gardant un œil sur Ardwick, Asche s’activa à désarmer le majordome avant de lui placer une main sur les yeux, pour l’empêcher d’utiliser son pouvoir de télékinésie – ou du moins, restreindre sa portée et réduire la précision de ses tirs.

« Est-ce que je te laisse t’en occuper? »

J’hochais lentement de la tête. Discrètement, j’annulais le Lien du destin, qui avait constitué les chaînes d’Asche et, derrière moi, je pus entendre le grand Orisha fermer la porte. Il venait de quitter la pièce avec le majordome. Il va sûrement l’attacher je ne sais trop où… Enfin, pour moi, cela importait peu. C’était mon heure à présent. L’heure de la vengeance…

« Travaillez-vous pour un concurrent? »

Je ne répondis pas.

« Pour la Famille? »

Toujours rien.

Ardwick s’impatientait, je le sentais, mais il restait fidèle à lui-même, ne laissant filtrer aucune de ses émotions. Gardant son sourire hypocrite, il s’avança un peu plus près de moi avant de s’arrêter à moins d’un mètre.

« Hum… Vous semblez en colère, je me trompe? »

Mes dents se serrèrent.

« Vous n’êtes pas ici pour affaires professionnelles, mais pour votre compte personnel. »

Je sentais la colère bouillir en moi, comme prête à jaillir de mon corps de la même manière qu’un volcan en éruption.

« À qui ais-je fait du tort pour vous rendre si téméraire et imprudent? »

Ce fut le tour de mes poings de se contracter soudainement. À ce constat, Ardwick sourit.

« À un père? À une mère? À une sœur? À un frère peut-être? »

La pression que j’exerçais de plus en plus sur ma mâchoire me déstabilisait. La rage, qui perlait dans mes yeux, renvoyait des éclats tranchants de haine tandis que mon cœur tambourinait violemment au fond de ma poitrine enflammée.

« Ou à vous-même? »

Poussé par une pulsion incontrôlable, je bondis sur le Sorcier avant de l’empoigner brutalement par le collet et de le plaquer sauvagement sur le dessus de son bureau. Le bois gémit sous cet assaut et Ardwick grimaça. Pourtant, il continuait de sourire, ses dents reluisant dans la pénombre de son bureau.

« J’aurais dû m’en douter… » Souffla-t-il en me considérant d’un œil brillant.

Vivement, je retirais ma capuche, plantant mes iris dans son regard moqueur. Ce qui ne fit qu’accroître la colère qui fumait dans mon être tout entier. Il devait payer, payer, payer.

« Tu dois mourir…

- Miles! Quelle bonne surprise! Ironisa-t-il.

- Vous êtes mort!

- Ah oui? »

Il ne semblait même pas inquiet de la situation! Au contraire, il s’en moquait royalement!

La poigne que j’exerçais sur son col se raffermit, et j’approchais mon visage du sien, le fusillant du regard. Je souhaitais presque qu’il meure rien qu’à ce contact, histoire de ne plus à avoir à supporter ce sourire désagréable.

« C’est de ta faute si Père est mort…

- Quoi? Draug est mort? Oh! Tu m’en vois désolé… »

Furieux, je le forçais à soulever son buste avant de fracasser sa tête sur le bureau. Le Sorcier grimaçait, et chaque fois que son visage se décomposait dans une telle mimique, une frénésie incontrôlable se répandait dans mon corps en entier.

« Ne te fous pas de moi!! Tu ne t’es jamais soucié de lui! Alors ne viens pas rire de lui… Ne ries pas sur l’âme de mon père… »

Je tremblais de rage, fulminant d’une fureur que je peinais à contrôler.

« Je veux des réponses Ardwick. Des réponses sincères.

- Tu risques d’être déçu…

- Est-ce que tu as, oui ou non, utilisé mon père comme cobaye pour tes expériences malsaines? »

Soudainement, Ardwick se redressa et ce fut à mon tour d’avoir la gorge entravée par sa poigne. Il me poussa violemment contre un mur avant de plaquer de nouveau sa main autour de ma gorge. Prenant un visage affreusement complaisant, il m’adressa un sourire compatissant, voire même profondément désolé. Comme si la nouvelle l’avait vraiment atteint droit au cœur. Perturbé par une telle expression, je cessais brièvement de me débattre, le dévisageant avec crainte, mélange confus de colère et d’incertitude.

« Bien sûr que non, Miles. Je n’ai jamais considéré ou même traité ton père de la sorte. Je désirais vraiment le sauver de la Kurbus, mais je suis affligé d’apprendre que, malgré tous mes efforts, je n’ai pas réussis à le sauver de son mal… »

Tout à coup, son visage s’enlaidit, s’obscurcit. Ses traits fins, soigneusement peints sur son masque de profonde compassion, se brisèrent, volèrent en éclat, pour ne devenir qu’un visage sombre et cruel, assombrit par la moquerie. Même son sourire doucereux, de caramel, venait d’être remplacé par un rictus terrifiant, aliéné, qui me glaça le sang.

« Tu aurais aimé que je te dise cela, Miles? Tu aurais aimé que je sois le petit Magicien tout gentil et tout beau que tu as connu, Miles? »

Puis, comme s’il venait de revêtir un nouveau masque, l’expression d’Ardwick s’adoucit brusquement, un sourire charmant flottant sur ses lèvres. Même le son de sa voix changeait en fonction des traits de son visage. C’était perturbant, incroyablement apeurant.

« Mais tu me préfères comme ça, je me trompe?

- Tu… es… complètement fou allié.

- Fou? Mais qui entre nous deux est le plus fou? Celui qui a donné la vie de son père aux griffes de l’ennemi? Ou celui qui a tout simplement fait en sorte que la réalité soit plus embellie? »

Vivement, je voulus lui sauter de nouveau à la gorge pour qu’il ferme la gueule qui lui servait de bouche, mais il me tenait solidement. Le sale bougre… Il n’était même pas fichu d’être costaud et pourtant, il me maîtrisait avec une facilité déconcertante.

« Oh… Mais qu’est-ce que j’entends? Ah oui… Les gémissements de ton père. Il souffre dans l’Au-delà, il te pointe du doigt, il te méprise… »

Je me débattais comme un lion en cage, mais son bras se plaqua cette fois sur ma gorge, restreignant mes mouvements. Mais je n’arrêtais pas, mon regard chargé d’une colère violente qui tempêtait dans ma tête. Je vais le tuer… Je vais le tuer…

«Tu veux me tuer… Je le sais. Mais ce n’est pas moi qui a envoyé mon propre père à la potence Miles! »

Je criais de rage, approchant mon visage pour lui tordre le nez avec mes dents, pour lui arracher ce sourire qu’il avait sur les lèvres. Tuer! Tuer! Tuer!

« C’EST TOI, MILES! »

Soudainement, je hurlais. De colère, de fureur, de haine… Une charge électrique explosa en moi, se répercutant dans toute la pièce. Ardwick fut violemment repoussé par la décharge et je tombais sur mes pieds, légèrement titubant. Le regard mauvais, noir comme jamais auparavant, je m’approchais du Sorcier qui ne se départait pas de son sourire. Ce maudit, ce misérable, ce p*tain de sourire!

« Ardwick… Tu vas mourir. Promis-je d’une voix sombre.

- C’est toi qui devrais mettre fin à tes jours. Après tout ce que ton père a dû endurer par ta faute… »

Des étincelles crépitaient encore sur ma peau, infatigables à cause de la rage furieuse qui venait de s’éveiller en moi.

« Je sais ce qu’il a enduré à cause de moi. Et je dois apprendre à vivre avec ces erreurs, ne plus les mettre sur le dos des autres… Laisses-moi te dire une autre vérité, Ardwick.

- À ta guise! »

Je me plaçais au-dessus de sa silhouette, le regardant de haut, les yeux dans un véritable brasier de colère. Puis, sans crier gare, je lui envoyais mon pied dans la figure, souriant de joie en voyant le sang couler le long de sa lèvre inférieure.

« JE suis celui qui a mené Père à la mort. »

Je l’attrapais rapidement par le collet avant de le frapper de toutes mes forces dans le ventre.

« JE suis celui qui a contribué à notre malheur. »

Le Sorcier se tordait au sol et, vif comme l’éclair, je posais un pied contre sa tête, exerçant une pression… de plus en plus forte…

« JE suis le plus coupable entre toi et moi! »

Je me penchais au-dessus de son visage, lui adressant le même sourire suffisant qu’il avait eu l’audace de me couver. À mon tour de jouer avec le feu.

« Et tu sais quoi? Je vis bien avec ça! Je vis bien parce que je suis certain qu’à partir d’aujourd’hui, je ne commettrai plus jamais deux fois la même erreur! »

Le visage d’Ardwick rougissait en fonction de la pression que j’exerçais sur son visage. Je souriais sombrement, mettant un peu plus de poids sur ma jambe…

« Si je te déteste pour tout, je te remercie au moins pour ceci. Merci de m’avoir fait comprendre à quel point j'étais stupide. Merci de m’avoir… Libéré de mon utopie. »

Puis, cette fois-ci, je relevais lentement mon pied de son visage. Rouge comme une pivoine, du sang coulant de sa bouche, son œil tuméfié se posa lentement sur moi. Il m’observa quelques secondes, sans rien dire, sans rien faire.

Avant de sourire.


Aussitôt, la flamme de la rage reprit le dessus et j’abatis violemment mon pied sur son visage, les yeux exorbités.

« CRÈVE!! »

La tête, littéralement, fut écrasée par le poids de mon corps, de ma fureur, sous ma semelle. Mais je ne m’arrêtais pas au premier coup. Je continuais de frapper, de cogner mon pied contre la tête du Sorcier, riant à gorge déployée alors que son masque se fissurait, que son sourire se brisait, que son maudit visage disparaissait dans la mare de sang qui commençait à s’étendre le long de celui-ci…

Je ne saurais dire pendant combien de temps je l’avais cogné, frappé, tué, mais ce que je peux vous dire, c’est que ce fut Asche, revenu après un certain temps, qui m’arrêta en plein dans mon délire. M’attrapant par les aisselles, il me força à reculer alors que je criais et que je me débattais pour pouvoir continuer à détruire ce visage que je haïssais tant…

« Arrête! Ça suffit!

- JE DOIS LE TUER! JE DOIS DÉTRUITE CE MAUDIT VISAGE!

- Ce n’est plus la peine, Miles! Il est mort!! »

Soudainement, je me figeais, tournant mon regard vers le géant qui s’élevait dans mon dos.

« Il est… mort?

- Oui. Regarde. »

Je me tournais lentement vers le cadavre qui gisait au sol. Défiguré par les coups de pied que je lui avais balancé, il était devenu méconnaissable avec le sang qui lui coulait de tous les orifices. J’écarquillais les yeux, incrédule.

« C’est moi qui lui a fait… ça?

- Oui… Et tu aurais continué si je n’étais pas intervenu. »

La poigne d’Asche se détendit, sans pour autant me relâcher. Il ne savait pas encore si je m’étais suffisamment calmé ou si j’allais, une fois encore, être sujet à la folie. Puis, mon regard se porta vers la cage. Hakiel était étendu sur le sol de celle-ci, ne bougeant pas, ses plumes se soulevant néanmoins au rythme de sa respiration. Il vivait… Des larmes se mirent à couler sur mes joues et je me libérais de la poigne d’Asche pour courir jusqu’au Bélua, que je sortis de la cage en moins de deux. Le serrant dans mes bras, fourrant mon nez dans son plumage, je me soulageais de savoir qu’il était en vie. Qu’il allait bien. Merci Antarès. Mon Dieu, merci. Je posais mon regard sur le géant, avant de lui demander d’une voix faible:

« Est-ce que ça veut dire que…

- Oui, Miles. Tout est terminé. »

Je laissais ma tête choir contre la poitrine du géant, qui, hésitant, m’entoura de ses bras avant de m’attirer à lui. Il me serra fort et je me mis à pleurer.

« Tout est fini maintenant. Tu es Libre… »


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