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 L'héritage passé d'une précieuse lignée | solo - part III

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Mar 28 Oct 2014, 12:43


« Non, Caelys. » La jeune fille, désapointée par la réponse, laissa une moue agacée tordre ses lèvres. Du bout des doigts, elle se mit à entortiller ses longs cheveux céruléens. De ses iris ensanglantées, elle dévisageait la Dame des Abysses qui, muette et pensive, devait envisager ses projets, perdue dans le tracé délicat d'une large carte au papier jauni. D'une main, elle suivait les courbes noires d'une ligne tandis que de l'autre, elle grifonnait sur un calpin quelques mots. La présence de la Sirène Bleue ne semblait guère la perturber. Elle paraissait même l'oublier. « Je ne comprends pas. » finit par souffler celle-ci, désireuse de briser le silence et d'obtenir quelques informations supplémentaires. Dans un soupire, Vanille releva ses grands yeux verts sur l'Ondine. « Les Terres d'Emeraude sont sous la coupe d'une femme qui ne m'apprécie guère. Ma présence n'est que tolérée, pourvue qu'elle soit tranquille. Il est plus sage de visiter les Terres d'Emeraude au début de ma quête plutôt qu'à la fin, dans le sens où une démonstration de puissance, si elle impressionnerait à coup sûr les badauds et étofferait un peu plus mes rangs, mènerait aussi de façon inéniable à un conflit ouvert avec la Vénus. » Elle baissa ses mires, continuant à prendre des notes, sans pour autant cesser de s'exprimer. « Elle et moi avons toujours eu des goûts semblables. Ses alliés sont de mes proches. Entre ceux qui la choisiront elle et ceux qui préfereront demeurer neutres, l'appui sera ammoindri. Peut-être est-ce le plus déplorable dans cette histoire : je ne peux me permettre d'entrer ouvertement en guerre avec le peuple des Orines. C'est une race rare et appréciée, qui ne cherche pas à se faire d'ennemi. J'aurai trop à y perdre. » Elle sourit, tout en écartant une boucle rouge qui tombait sur le plan. « C'est pourquoi je m'efforcerai de garder des contacts aimables avec Lily-Lune Araé et les siennes. Je préfère en finir avec elle de façon plus personnelle. » Caelys hocha la tête. Elle ne connaissait pas encore les démélés des deux Reines. « Je vois. Dans ce cas, ne sommes nous déjà pas de trop ? Je veux dire, nous sommes presque deux centaines. » - « Les Terres d'Emeraude sont vastes, sans compter que nous allons éviter l'Ouest où se trouve Maëlith. Pour peu que le comportement de tous soit irréprochable, nous n'aurons à faire ni à la Vénus, ni aux Grands Marcheurs. Ce n'est pas avec force et virulence que mon armée s'agrandira. Pas ici, du moins. Je parlerai à ses gens, tout simplement. »

Corset de cuir et pantalon serré, Vanille était bien loin de ses tenues habituelles. L'heure n'était guère à la délicatesse et à la coqueterie. Si la Sirène appréciait les belles robes et les vêtements finement ouvragés, elle ne réchignait jamais à enfiler quelques habits plus appropriés à une situation donnée. Au delà de la Reine, en cet instant, elle était un Chef de Guerre. Cela lui avait manqué. Femme de l'ombre à la poigne de fer, il était grand temps de mettre à profit ses talents de guerrière et de stratège. Lentement, elle longeait les rangées de soldats. Voilà quelques temps déjà qu'un campement de fortune avait été érigé à l'est des Terres d'Emeraude, non loin de la rivière. Les entrainements avaient débuté. Ce n'était pas aisé pour les hommes et les femmes qui avaient signé. La belle Khaeleesi était une personne exigente. Insensible et amorale, elle n'avait aucun scrupule à maltraiter ses troupes. De temps à autre, quelqu'un s'effondrait, pour ne plus se relever. La Sirène ne s'en préoccupait pas. Les faibles et les lâches n'avaient pas leur place à ses côtés. Rudes étaient les journées pour les soldats. Les résultats, cependant, étaient là. Ils devenaient plus forts, plus disciplinés. Peu à peu, ils perdaient leur humanité. C'était voulu. « Encore un qui n'a pas supporté l'entrainement. » commenta Caelys du haut de la branche sur laquelle elle était perchée. Moqueuse, elle désignait du doigt deux soldats qui portaient lâchement un corps désarticulé. Vanille ne s'attarda guère sur la dépouille. « C'était le cinquante-trois. » ajouta la Sirène aux cheveux bleus, chantonnant tout bas un petit air joyeux. Un petit carnet à la couverture usée apparut entre les mains de la Dame des Abysses, qui raya sans sourciller le nom du concerné. « Les pertes sont de plus en plus rares, Khaeleesi. L'entrainement porte ses fruits. » murmura un soldat qui, en quelques foulées, se glissa aux côtés de la sulfureuse Ondine. Il était l'une de ses personnes à s'être illustrée par ses prouesses. Il espérait obtenir un meilleur grade que les autres et était, pour l'instant, en charge d'un des exercices. « Ils doivent être prêts pour la suite. Je ne peux pas me permettre d'agrandir l'armée si ceux-là sont incapables. » - « Ils le seront d'ici quelques jours à peine. Il y a vraiment de très bons éléments. Ce sont tous des guerriers. Ils ne désirent plus qu'exprimer leur art et vous obéir. La suite permettra seulement de les départager entre eux. » - « Organise un tournoi, pour ce soir. Je tiens à voir ses progrés de mes yeux. Que je ne sois pas déçue. »

Le projet prenait peu à peu forme. Vanille, patiente, écumait les Terres d'Emeraude, visitait villages et bourgs pour parler aux habitants, convaincre les plus forts de rejoindre une nouvelle existence, plus riche, plus retentissante. Seule ou avec Caelys et quelques hommes, elle voyageait sur les terres de la Vénus, discrète. Elle avait réussi à embrigader une poignée d'hommes et de femmes qu'elle jugeait digne de la rejoindre. A présent, l'Armée comptait un peu moins de trois cents âmes, chiffre stable qu'espérait atteindre la Khaeleesi. C'est pourquoi, alors qu'elle avait confié une tâche à l'un de ses soldats, elle partit sans rien dire, pour s'enfoncer un peu plus dans les tréfonds des plaines sauvages. Dans ses songes, elle avait discerner des brides d'avenir qu'elle avait décidé de suivre une fois sortie de sa brève nuit de sommeil. Doucement, la jeune femme tressait ses longs cheveux rouges, longeant une épaisse paroie rocheuse. Elle savait qu'il y avait des brigands. Elle les avait vu. Ils n'étaient pas bien loin et ne pourraient certainement pas résister à la tentation d'une belle femme qui semblait riche, se promenant seule. Vanille sourit lorsqu'elle entendit un bruissement et quelques craquements. Leur souffles étaient si gras et bruyants qu'elle aurait pu les égorger les yeux fermés. Elle sentit la pointe d'une lame glisser sur son dos. « Si tu bouges tu ... » Il ne termina pas sa phrase. Il n'en eut pas le temps. La Sirène, aussi vive qu'élégante, fit volte-face tout en assénant un coup de pied sur l'arme et sur le malfrat. Surpris, ce dernier recula jusqu'à se plaquer contre la roche. Il ne pouvait plus bouger. Vanille était prête à lui enfoncer son talon dans la gorge. Elle sourit davantage, diable adorable. « Parfait. Faites venir vos amis, je vous cherchais. » Des ombres se détachèrent des ténébres, méfiantes. Lentement, la Dame des Abysses recula, les bras croisés. « Seriez-vous prêt à tout, pour obtenir une existence infinimment plus sompteuse ? » - « Qu'est-ce que ça veut dire ? » grogna l'un. « Que je paie très bien. » - « Pour faire quoi ? » demanda un autre, plus jeune et plus intéressé par la proposition qui se profilait. « Devenir soldat dans une armée privée. » Les malfaiteurs s'échangèrent quelques regards, étonnés. « Par contre ... » continua la sulfureuse demoiselle d'une voix douce. « Vous êtes une trentaine, à ce que je vois. Je n'ai qu'une quizaine de places à proposer. Il faudra se battre. » - « C'est quoi, bien payer ? » soupira un autre. Vanille sortit de ses poches un contrat type. Sans hésitation, ils suivirent la jeune femme après quelques minutes de conversation.

« Tous les coups sont permis ? Réellement ? » souffla Caelys, assise par terre tout près de Vanille qui, d'une pierre, scrutait les combats qui se déroulaient à la lueur d'un grand feu qui brûlait. « Oui. » répondit-elle simplement. « Ce n'est pas très conventionnelle. » - « Mes troupes ne sont pas des chevaliers. Je me fiche de l'honneur pourvu qu'ils m'obéissent au doigt et à l'oeil. Peu importe la manière dont ils triomphent de l'adversaire, tant que le but est atteint. » - « Cela donne lieu à des méthodes ... particulières. » remarqua la Sirène Bleue en haussant les sourcils. « L'art est une notion personnel. Les meilleurs s'intéressent, apprenent et s'affranchissent, dans cet ordre précis. » - « Ils sont doués. Comment faites-vous, pour manipuler autant les esprits au point de les rendre dépendants de vous ? » - « Tu finiras par trouver par toi-même. » Caelys fit une petite moue, agacée. Vanille était impassible et regardait les affrontements. Certains sortaient du lot. D'autres se faisaient tuer, libérant ainsi quelques places puisque Vanille tenait à avoir trois cents soldats opérationnels. « Alors ? Qu'en dites-vous ? » s'enquit le prétencieux soldat qui tenait tant à se faire bien voir. « Ce n'est pas mal. » La réponse le destabilisa. Peut-être s'attendait-il à des félications ou un sourire. Il comprit que son Chef n'était pas impressionnable si aisément. Après un regard glacé, il s'en alla prendre part à la petite soirée. Caelys rit, amusée. « Est-ce que vous avez des projets pour moi, Khaelessi ? » demanda-t-elle soudainement. « Peut-être. » - « Vous vous méfiez de moi ? » - « Je me connais bien. » - « Alors pourquoi ne pas me tuer ? » - « Même réponse. » La jeune fille réfléchit quelques instants. « Une entente est possible, n'est-ce pas ? » - « Certainement. De toute manière, tu as besoin de moi. Ton saut temporel t'a considérablement affaibli. Lorsque tu seras prête, peut-être pourrais-je songer à te donner quelques responsabilités. » - « Nous sommes pareilles. » - « Non. Je fus toi mais il y a plus de huit cents ans de celà. Nous sommes aussi différentes que deux étrangères. » Elle tourna les yeux vers la Sirène Bleue. « A ceci près : je connais ton potentiel. »

Quelques hommes se débarassèrent des corps de ceux qui étaient tombés durant les jeux improvisés. Tout s'était déroulé à merveille. Vanille, toujours penchée sur son calpin, grifonnait quelques mots, pensive. Elle voyait bien les talents et les faiblesses de chacun. Ce n'était qu'un début et la jeune femme comptait aller toujours plus loin, pousser ses troupes toujours plus haut. La Dame des Abysses pouvait tout se permettre. Elle en avait les moyens.  Patiente, elle montait son projet sans pour autant arrêter ses idées. Elle n'avait pas fini d'embrigader des hommes et des femmes dans ses lugubres manigances.

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