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 ~ Troubler la Paix | Alya ~

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Dim 17 Nov 2013, 20:05


Qui pourrait rêver paysage plus délicat que les étendues sauvages des Terres d’Émeraude ? Les herbes folles, hautes, dansaient au gré du vent. Des fleurs parsemées donnaient des couleurs au tableau enchanteur et embaumaient l'air d'un parfum subtile. Le climat était éternellement clément et le soleil brillait dans les cieux. Il faisait même chaud, en cette resplendissante journée. L'ombre des grands arbres était prise d'assaut par les bêtes épuisées en quête d'un peu de repos. Et au sommet d'une dune, assis sur un gros rocher tordu non loin d'un peuplier, un jeune homme contemplait de son regard éteint le spectacle de dame nature. Le vent emmêlait ses cheveux océan qui glissaient sur son visage blême. Lasses, ses prunelles du même bleu vagabondaient distraitement. Il semblait rêveur ou pensif. Lentement, il approchait une cigarette de ses lèvres étrangement bien dessinées pour un homme pour remplir ses poumons, avant de recracher la fumée blanche. Il ne se préoccupait de rien, rien ne semblait l'atteindre, pas même les bourrasques qui s'engouffraient dans sa chemise blanche pour la gonfler ou la main d'une frêle demoiselle qui s'agrippait à son écharpe. Doucement, elle tirait sur le tissu pour attirer son attention, sans succès. Alors elle finit par abandonner, laissant tomber ses bras le long de son corps. « Est-ce que tu comptes me présenter à ta mère ? Je ne crois pas me tromper en affirmant que nous ne sommes guère loin du village des Orines.» La question était dénuée de la moindre émotion. Pourtant, la demoiselle aimerait qu'on lui réponde par la positive. Elle scrutait prudemment le jeune homme de ses grandes mires lilas, en écartant ses longs cheveux bleus, toujours ce même bleu intense et reconnaissable entre milles. « C'est tout bonnement hors de question.» - « Pourquoi ?» - « Que lui dirais-je à ton sujet ?» - « Que je suis ta sœur.» Et peut-être que la Vénus l'accepterait, qu'elle aussi aurait une mère. Le Génie rit, cynique et moqueur. Il se tourna lentement vers la Sirène et fit courir ses doigts le long de son visage de poupée. « Mais tu n'es qu'une part de moi, ma création. Une espèce de sœur en somme, mais rien de naturel là-dedans.» - « Alors que faisons nous ici ?» - « Je vais voir ma mère. Tu m'attendras hors des frontières de Maëlith.» Du bout des doigts, il écrasa le mégot sur le pierre avant de le laisser tomber par terre, puis se releva.

Sans rien ajouter, puisque de son point de vue, le sujet était clos, il se mit en route et dévala la colline, son amie sur les talons. « C'est injuste Caliel.» - « La vie l'est, ma douce Aerith, et je ne t'ai point créée pour m’embarrasser de considération familiale.» - « Est-ce que je te fais honte ?» - « Ma mère n'a pas à savoir quel genre d'expérience je mène. Mes expérimentations doivent demeurer secrètes.» - « J'aimerais simplement que ...» La Sirène n'eut pas le loisir d'exprimer ses désirs. Contrarié d'une discussion stérile, Caliel saisit son bras et la plaqua contre le tronc épais d'un premier arbre venu. Une main sur l'épaule de la fille, l'autre sur la gorge, il se rapprocha davantage d'elle. « Cette conversation, qui ne mène à rien, est terminée. Est-ce clair ?» Il avait toujours eu du mal à canaliser ses colères. Les lèvres tremblantes, il murmurait ces quelques paroles à sa sœur en frôlant ses joues de son souffle frais. « Est-ce clair ?» répéta-il. Aerith secoua vivement la tête. « Parfait.» Il libéra l'ondine bleue de ses mains, mais garda tout de même les bras de chaque côté d'elle. « Et fais attention à ton comportement.» Menace voilée. Aerith savait ce qu'elle risquait à aller contre les volontés de son grand frère. « Pardon.» Délicatement, elle se mit sur la pointe des pieds pour gagner quelques centimètres, car elle était largement plus petite que le Génie et son mètre quatre-vingt-cinq. Elle glissa ses bras autour du cou du Djinn et rapprocha son visage du sien, pour que leur lèvres s'effleurent. Et Caliel, soudainement plus violent, souleva la jeune fille pour l'embrasser plus brusquement dans une étreinte sulfureuse. Peut-être était-ce très malsain, puisqu'ils se considéraient comme frère et sœur. Mais Aerith avait besoin de ça, c'était sa drogue. Et Caliel n'aimait pas cette fille. Ce qui ne l'empêchait pas de s'en servir pour se divertir un peu. La différence d'âge pouvait aussi choquer. Il semblait avoir la vingtaine, et elle, plutôt une quinzaine d'années. Mais chez ces deux êtres, tout n'était que chimère.

Quelques secondes s'écoulèrent, avant que Caliel mette un terme à la passion dévorante du baiser et se détacha de la Sirène. Il avait un talent fou pour l'indifférence. Et comme si de rien ne s'était passé, il tourna les talons pour poursuivre sa route, suivis de près par la jeune fille, silencieuse. « Qu'est-ce que c'est que ça ?» souffla-t-elle soudainement. « Quoi ?» Troublée, elle regarda les alentours. « Non rien. J'ai cru voir une ombre, c'est tout.» - « Hum hum.» Il se fichait pas mal des états d'âme de sa petite sœur. Il se contenta de fouiller dans ses poches pour dénicher une autre cigarette qu'il alluma sans plus tarder. « Prends plutôt garde aux grands protecteurs des Cités Orines. Il m'accepte car j'ai grandis ici et que ma mère les taillerait en pièce s'il me touchait. Peut-être que toi, tu n'es pas la bienvenue.» Il rit, sec et cynique. Aerith le contempla en cillant, avant de détourner le regard. Elle était sûre d'avoir vu quelque chose. Mais après tout, ce n'était peut-être qu'une Orine. Il devait y en avoir pas mal dans les parages.
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Dim 24 Nov 2013, 15:04


Un goût de liberté. Voilà ce que cela avait. Cette saveur suave et délectable qui embaumait l'air de son délicat parfum, c'était le goût de la liberté. C'était une sensation nouvelle pour la jeune femme, dont elle jouissait depuis trois jours maintenant. La mort de sa mère, en dépit de la tristesse et de la souffrance causées, avait été une clé. Elle lui avait ouvert les portes de Maëlith, cette prison dorée. Elle en était partie le cœur lourd et chargé de chagrin, mais sa volonté de fer l'avait exhortée à se ressaisir et à aller de l'avant. Après tout, les évènements passés étaient presque devenus un rituel pour son peuple. Chaque Orine avait vécu ou devrait vivre cette situation un jour, même la Vénus et les Muses ! C'était un passage obligé qui, peut-être, les forçaient à se forger un caractère, une conscience, à mesurer la valeur d'une vie, qui les rattachait à une identité nationale forte, qui leur rappelait leurs racines... et donc leur devoir. Trouver un maître. A dhanī. Combien de fois avait-elle entendu ce mot ? Il avait été le marteau avec lequel on frappe le fer chaud, pour en faire un objet de valeur. Il avait été le sermon qui conditionne les esprits, pour les rendre dociles. Il avait été la source de tous les rêves d'évasion, de tous les cauchemars de prison... pour quoi ? Créer une illusion ? La jeune fille n'en savait rien. Elle ne savait pas non plus ce qu'elle devait désormais en penser. Comment les Orines étaient-elles réellement perçues par les gens de ce qui lui paraissait être un autre monde ? Certes, elles avaient la réputation de toutes compter parmi les plus belles créatures des Terres du Yin et du Yang, de posséder un charme fou, et on disait qu'elles bénéficiaient d'une éducation spectaculaire. Et ensuite ?

Alya soupira. À chaque fois qu'elle y songeait, ses pensées devenaient de plus en plus confuses. Elle n'arrivait pas à se faire une idée propre de... de quelque chose qu'elle n'aurait même pas su exprimer. « Allons, cesse de ruminer. Ça sert à rien ! Autant vivre au jour le jour. » Ne s'attendant pas à ce que Wü s’immisçât dans ses pensées, elle sursauta violemment. Elle posa son regard sur lui. Que racontait-il encore ? « Désolé. » Elle haussa les épaules. « Ce n'est rien. Je ne m'y attendais simplement pas. » « Ouais. Enfin, ce que je veux dire, c'est que tu verras bien si c'est atroce ou pas. T'as jamais vu un seul homme de toute ta vie ! » « Merci de te montrer si rassurant Wü... Je sais que je n'en ai jamais vu mais justement. Je me pose beaucoup de questions. » Le Sartèm secoua vivement la tête avant de s'ébrouer avec force. « Beaucoup trop ! » Une nouvelle fois, l'Orine haussa les épaules. Elle n'y pouvait rien, elle avait toujours été comme cela ! Elle continua à marcher près de son compagnon. L'herbe haute chatouillait ses jambes nues sous le yukata vert anis qu'elle avait revêtu. Le tissu agrémenté de quelques motifs blancs représentant des fleurs était idéal pour se mouvoir rapidement, et donc pour parcourir des distances plus ou moins longues. À l'heure actuelle, il était la combinaison parfaite entre l'élégance et l'aisance. Léger, il ne l'accablait pas plus que la chaleur du soleil aurait pu le faire. Celui-ci trônait haut dans le ciel, à son apogée, et veillait sur le monde comme un roi sur son peuple. Un monde bien animé. Çà et là, dans les quelques arbres qui poussaient dans la plaine, des oiseaux gazouillaient, s'appelant les uns les autres. Certains survolaient la steppe et attrapaient au passage quelques insectes en quête de fleurs. Ces dernières étaient les plus nombreuses. De multiples couleurs, elles égayaient la vaste étendue sauvage, brisant la monotonie du vert. Alors qu'elle était toute à sa contemplation, Alya aperçut un peu plus loin un petit bosquet d'arbres. Elle se tourna vers le Sartèm. « Est-ce que tu as faim ? On pourrait s'arrêter là-bas, à l'ombre. Qu'en dis-tu ? » « La question ne se pose même pas ! » Et aussitôt il fila jusqu'au groupe de grands végétaux. « Eh ! Attends-moi ! » s'exclama l'Orine qui s'élança à sa poursuite. Arrivé là-bas, l'animal s'effondra sous la ramure d'un gros chêne. « Ahhh, dormiiir ! » La jeune femme laissa échapper un petit rire cristallin avant de s'agenouiller précautionneusement près de lui. Elle ouvrit un petit sac accroché au pommeau de la selle et en sortit du pain, une pomme et une gourde. Wü s'écria : « Toujours pas de viande ! » « Il est hors de question que je tue un animal pour manger de la viande... ça me répugne. Je ne le ferai qu'en cas de nécessité absolue. Pour le moment, les fruits et le pain, c'est très bien. » « Ouais ben moi, j'ai envie de chair fraîche. J'irai casser la croûte plus tard. » Alya leva les yeux au ciel. « Comme tu voudras. » fit-elle avant de mordre dans le fruit. Le Sartèm étendit langoureusement ses pattes avant, et posa sa lourde tête dessus. Puis il ferma les yeux, s'isolant du monde. La jeune femme s'assit le dos contre son ventre et mangea tranquillement, le regard rivé sur la plaine balayée par les vents.

Une quinzaine de minutes plus tard, ils se remirent en route. « Au fait, t'as une idée de l'endroit exact où on va ? » « Eh bien... Non. Aucune idée à vrai dire. » Elle esquissa un petit sourire contrit puis se mordit la lèvre. Wü bondit et tourna vivement la tête vers elle. « Quoi ? Mais t'as pas pris de carte ? On sait pas où on va ? On est où là ?! » L'Orine secoua la tête, mordillant sa lèvre avec un sourire. « Non, j'en sais rien. Mais c'est ça qui est génial ! Le goût de l'aventure ! » Cependant, son compagnon n'était visiblement pas de cet avis. Il grogna et accéléra. Son pas se fit plus pesant, et il maintenait sa tête baissée. « Écoute, on n'est pas perdus, on va bien finir par tomber sur un village, quelqu'un ou quelque chose. » Wü se redressa pour parler, mais son regard fut accroché par quelque chose, un peu plus loin. Il s'arrête, aussi fit-elle de même. « Qu'est-ce qu'il y a ? » chuchota-t-elle. Elle tourna la tête en direction de l'endroit qu'il fixait. Au-dehors du couvert des arbres, il y avait une femme... et un homme. Ou tout du moins à quelque chose qui ressemblait à ce qu'Alya avait pu identifier comme étant un homme. Soudainement, elle eut peur, et presque envie de faire demi-tour en s'enfuyant à toutes jambes, sans trop savoir pourquoi. Le Sartèm lui jeta un coup d’œil avant de déclarer : « Bon bah voilà. On n'a qu'à leur demander où on est, et s'ils connaissent un endroit où on pourrait passer la nuit. Parce que j'ai pas l'intention de dormir ici. » Sans attendre aucun accord de la part d'Alya, il sortit des fourrés et s'avança vers les deux inconnus. Celle-ci, paniquée à l'idée de rencontrer des personnes de d'autres races - et s'ils étaient malfaisants ? - se leva d'un bond en criant : « Wü ! » et emboîta précipitamment le pas à son ami. Bizarrement, son goût pour l'aventure s'était soudainement envolé.
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Ven 27 Déc 2013, 00:29


C'était un enfant. Mais il était loin d'être un adorable gamin qu'on aimait d'un coup d’œil, qui inspirait tendresse et amour. Sans réellement le voir, Aerith trouvait qu'il dégageait quelque chose d'inquiétant, de troublant. D'un pas mesuré et hésitant, la Sirène s'approcha de lui sans bruit. « Est-ce que ça va ? » murmura-t-elle tout bas, d'une voix douce. Le petit garçon, qui ne semblait pas avoir plus de dix ou douze ans, releva soudainement la tête. Aerith sursauta et recula dans un bond. Son visage était horrible, tordu dans une expression de joie malsaine. Un rictus moqueur et acerbe étirait ses lèvres fendues. Ses joues étaient tâchées de rouge, et de ses cheveux sales et bruns semblaient couler du sang. Et il riait, fort. Ce son strident et insupportable résonnait dans les oreilles d'Aerith qui gardait ses mains sur sa tête en tournant les talons. « Pourrais-je savoir ce que tu es en train de faire ?» soupira Caliel. Tout s'était arrêté. Il n'y avait plus d'un bruit. La petite Ondine releva la tête. Le Génie se tenait un peu plus loin contre un arbre. Son regard sévère toisait la jeune fille qui, presque désemparée, cherchait des yeux l'enfant qu'elle avait vu par deux fois déjà. « Tu n'as donc rien vu.» répondit-elle avec quelques intonations acerbes dans sa voix mélodieuse. « Ainsi j'étais donc censé voir le fruit de ton imagination débordante et douteuse ? De grâce, Aerith, ne t'éloigne pas. Nous avons encore de la route.» Le Génie n'était guère d'humeur miséricordieuse. Dans un grincement de dent, il reprit sa route en adressant à sa sœur un regard insistant.

« Il y a quelqu'un, là-bas.» souffla Aerith. Au loin se détachait une ombre fine, accompagnée d'une silhouette bien plus massive, animale à n'en pas douter. « Tu devrais te surveiller, ma pauvre enfant, tu es complètement paranoïaque. Ouvre les yeux, c'est une Orine. Nous approchons à grands pas de Maëlith. Il est même étonnant que ce soit la première jeune femme que nous croisons. Entre les impudentes qui transgressent les traditions et parcourent les plaines et celles qui ont atteint l'âge fatidique, il n'est pas rare de croiser les demoiselles de ce peuple dans les parages.» Aerith, les lèvres pincées, poignarda de ses yeux son grand frère. « Je sais ce que j'ai vu, et je suis certaine d'avoir vu un petit garçon couvert de sang.» - « Je crains que tu ne sois qu'une expérience ratée. J'ai du faire une erreur lors de ta création. Soit. J'apprendrai de mes erreurs, et je ne ferais pas les mêmes, la prochaine fois.» - « Qu'est-ce que cela signifie ?» Le silence s'installa. « Tu veux me remplacer.» - « Non. Simplement que tu cesses d'être une petite idiote. Tiens-toi bien. On viens à notre rencontre.»

Une bien étrange bête s'approchait à grandes foulées, suivit de près par une demoiselle hésitante. « Que voilà un magnifique Sartèm.» murmura Caliel en glissant ses doigts sur la gueule de l'animal. Un très léger sourire en coin étirait ses lèvres. Le jeune homme était féru de sciences et de connaissances. Il avait longuement étudié la faune et la flore des différents continents. « Est-ce la première fois que vous sortez du village ?» s'enquit-il sans brusquerie. Caliel avait l'apparence d'un parfait gentleman, avec sa gueule d'ange et sa politesse exquise. « Je me rendais justement à Maëlith pour rendre visite à ma mère.» Il voyait que la jeune fille n'était pas tranquille et tâchait de le rassurer, à sa manière, même si elle pouvait penser qu'il mentait. Après tout, il serait plutôt judicieux de croire que cette histoire était fausse. Qui pourrait être cette mère dont il parlait ? « Êtes-vous égarée, mademoiselle ?» finit-il par demander après de longues secondes de silence qu'il passa à dévisager prudemment son interlocutrice pourtant muette. Nul doute ne pouvait subsister sur la race de cette jolie étrangère. Ces vêtements étaient typiques de Maëlith, et malgré qu'on pense que les Orines étaient d'origine variée, le Génie trouvait qu'elles avaient tous un petit quelque chose qui les trahissait. Peut-être était-ce parce qu'il avait grandis parmi elles ? Il connaissait bien cette espèce.

Aerith était cachée derrière Caliel. Doucement, elle pencha la tête pour jeter un coup d’œil à la jeune inconnue, mais retourna vite dans sa position d'origine.
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Ven 04 Juil 2014, 16:01

Wü, campé devant l’homme, laissa ce dernier caresser son chanfrein sans broncher. « Tu vois, il est pas méchant. » fit-il à Alya avec une pointe de moquerie. « Puis c’est pas la petite bête qui va manger la grosse ! » L’Orine ne releva pas la pique amicale du Sartèm et, arrivant à sa hauteur, elle glissa une main dans son épaisse fourrure. Elle posa son regard sur l’étranger et le détailla quelques instants. Il était grand, son visage présentait des traits délicats et pourtant bien masculins et, chose étonnante, ses cheveux étaient aussi bleus que ses yeux ! La jeune femme n’avait jamais vu pareille chevelure. Elle en fut donc fort surprise, et ses sourcils se haussèrent pour manifester cette impression. Derrière lui, la femme qu’elle avait aperçue plus tôt se cachait. Elle aussi avait les cheveux bleus… Étaient-ils frères et sœurs ? Alors que l’homme s’adressait à elle, elle se redressa vivement, trouvant soudainement inconvenant le fait de dévisager ces deux êtres. « Oui… » souffla-t-elle. Elle n’osait pas en dire de trop, de peur de se tromper sur la prétendue bonté de son interlocuteur, mais l’implicite de sa phrase révélait déjà bon nombre de choses. Si elle sortait pour la première fois, c’était qu’elle avait perdu sa mère, qu’elle avait donc atteint l’âge tant redouté, et qu’elle devait se mettre en quête d’un maître. Cela confirmait aussi qu’elle était une Orine. Elle n’ajouta rien, trop intimidée pour oser ouvrir la bouche une nouvelle fois. Néanmoins l’inconnu ne se découragea pas. « Comment qu’il connaît l’emplacement de Maëlith celui-là ? » demanda Wü, tout effaré. « Et puis c’est qui sa mère ? C’est quand même pas un Orine, si ? » - « Les Orines mâles peuvent choisir d’être de la race de leur père lorsqu’ils ont dix-sept ans. Mais à ce moment là, leur mère devient leur Orine… donc elle ne devrait plus être à Maëlith. »

Son étonnement passé, Alya fut donc intriguée. Qui pouvait bien être ce jeune homme dont la mère résidait à Maëlith ? Et qui pouvait être sa parente ? Ou peut-être était-ce un mensonge ? Oui, sans doute… Quel que fût le raisonnement qu’elle adoptât, l’Orine ne parvenait pas à une conclusion logique. Elle n’était quand même pas stupide… si ? Quoi qu’il en fût, elle ne releva pas l’assertion. « Non… Enfin, un peu, si. » Elle passa une main dans ses cheveux, de plus en plus mal à l’aise. Son compagnon de route lui donna un petit coup de tête dans le coude pour la rassurer. Malheureusement, il ne maîtrisait pas bien sa force, et elle chancela un peu sous son impulsion. Elle retrouva l’équilibre rapidement, et lui jeta un regard réprobateur. Il baissa les oreilles. Elle se tourna vers l’inconnu. « En fait, mon ami et moi ne savons pas exactement où nous nous trouvons… Cela fait désormais presque trois jours que nous marchons, et nous aurions besoin d’un abri pour la nuit… un village, quelque chose. » Tout en parlant, elle faisait des gestes avec les mains pour illustrer ses propos, fâcheuse habitude qu’elle avait pris suite à des cours de théâtre… « Si vous connaissez un endroit où nous pourrions manger et nous reposer, votre aide serait la bienvenue. » Elle esquissa un petit sourire. Elle n’aimait pas avoir besoin de demander de l’aide de cette façon…

Wü observait la scène, écoutait ce qu’il se disait… Mais à part dormir et manger, rien ne l’intéressait réellement. Il regardait les deux protagonistes, et de temps à autre jetait un coup d’œil à la jeune fille qui se servait de l’homme comme d’une cachette. Il pencha la tête, arracha un peu d’herbe, la mâchouilla brièvement, se redressa et regarda une nouvelle fois la gamine. En fait, ses cheveux étaient presque de la même couleur que les mûres. Et les mûres, les Aetheri le savent, c’est fichtrement exquis ! Aussi, le Sartèm s’approcha lentement et souffla un grand coup sur la chevelure de la fille. Si ça se trouve, elle sentait le fruit ! Ses intentions n’étaient bien évidemment pas mauvaises, mais le gros animal avait pour coutume de ne pas se montrer particulièrement méticuleux et doux.

HRP :
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Lun 13 Oct 2014, 16:35


Caliel sourit. Jolie petite brune aux yeux verts, l'Orine était encore timide et d'une naïve touchante, cette infinie crédulité de celles qui ne connaissaient rien au monde mélée à cette pointe de méfiance qui manquait toutefois de prudence. Malgré ses moeurs décalés et son esprit dérangé, le Génie parvenait à ressentir une once de sympathie pour le peuple mystique qui vivait reclus à Maëlith, pour avoir vécu parmi lui quelques temps. Pour autant, il demeurait froid. Il était loin d'être quelqu'un de bien mais l'ironie du hasard, dans sa cruauté sans frontière, avait une nouvelle fois donné un visage d'ange à un Démon. Lentement, le jeune homme glissa ses mains dans ses poches. " Trois jours. " répéta-t-il tout bas. " Je crains que vous ne vous soyez égarée. " releva-t-il en haussant les sourcils. A moins qu'elle ne marche à une allure d'une lenteur impressionante. " Il y a un petit bourg paysan à l'est et un village au nord. L'un comme l'autre devrait vous tendre la main pour la nuit." Il jeta un coup d'oeil à Aerith, toujours accrochée à son bras. " Elle ne m'accompagne pas jusqu'à la Cité. Je ne tiens pas à imposer une étrangère à ma mère. Puisque je devais l'escorter jusqu'à bon port, vous n'avez qu'à vous joindre à nous." Les lèvres pincées et le regard glacé, la Sirène scrutait l'animal qui s'approchait trop près de ses longs cheveux bleus à son goût. Dans un petit cri de protestation, elle fit un bon sur le côté lorsqu'il souffla. Caliel soupira. Il ne lui était pas aisé de se montrer aussi mesuré et patient. Seulement, il avait cet étrange pressentiment qui le poussait à agir le plus gentimment qu'il lui était possible. Cela lui servirait à l'avenir, il en était certain. " Avancons. Je ne tiens pas à m'attarder dans les parages. Je vois des choses qui ne devraient pas exister. " souffla Aerith de sa voix éthérée. Le Djinn se borna à lever les yeux aux cieux, préférant ne pas relever la remarque.

" Puis-je vous demander votre nom ?" s'enquit doucement Aerith. Peu loquace et mystérieuse, la jeune femme n'était guère du genre à faire la conversation. Seulement, comparé à son frère, elle était une grande bavarde. Caliel ne parlait jamais sans raison. Ses mots visaient un objectif qu'il s'évertuait à atteindre grâce à des choix judicieux. Il lâcha, alors qu'ils avançaient dans les plaines sauvages, quelques phrases : " Ne vous sentez obligée de rien. Je vois bien, derrière vos sourires, que vous doutez. " Il tourna doucement la tête, dévisageant brièvement les traits délicats de l'Orine. " Sommes-nous des bons ou des méchants ? Mentons-nous aussi aisément que nous respirons ? C'est typique de vôtres de se questionner ainsi au commencement du voyage. Vous apprendrez bien vite les nuances de cet univers qui ne se résume pas à de tristes et simplistes catégorisations." Aerith fit quelques rapides enjambées pour rattraper Caliel, et glisser sa main dans l'une de ses siennes. " Hum hum." marmonna-t-elle, habituée aux discours de son bien-aimée et maudit. " Faisons plus simple. Je m'appelle Aerith et lui, c'est Caliel." Les banales présentations durent éclairer la jeune Orine, pourvue qu'elle ne soit pas tête en l'air au point d'oublier certains noms ou solitaire à n'en pas connaître ce que tout Maëlith savait. Qui ne comprenderait pas, avec de tels indices, qu'il s'agissait du Prince Bleu de Maëlith, du fils de la Vénus, Lily-Lune Araé et d'un homme aussi discret que puissant nommé Caleb Suellan ? Caliel. Caliel Suellan. Calliel Araé. Le fils de la Reine. Le frère jumeaux de la douce Risa, petite princesse envoutante et joyeuse que l'on voyait souvent courir dans les allées blanches de la Cité des Arts et des Beautés.

Aerith frisonna. Anxieuse, elle jeta un coup d'oeil par dessus son épaule. " Caliel ! " s'écria-t-elle, les doigts tremblants, en tirait sur la chemise du Génie." Quoi encore ?" soupira-t-il en tournant les talons pour découvrir le néant habituel. "Je suis certaine ... Je ... Il y avait quelque chose. Je le sais. Je l'ai vu. C'était encore cet enfant, couvert de sang et ..." - " Fantastique, fais-en un ami."  Aerith se tut, un tantinet vexée. Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher de dévisager Caliel en silence. Elle voyait bien qu'il ne se comportait pas comme d'ordinaire. Il était trop calme, trop tranquille. Les sourires et la gentillesse apparente ne la trompaient pas. Elle savait qu'il était un homme violent et sans moral.
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Sam 17 Jan 2015, 14:57


Le couperet tomba. Trois jours ? Égarée. Pourtant, elle avait fait de son mieux pour ne pas quitter les routes et emprunter des sentiers sinueux. A part une ou deux fois, peut-être, quand elle n'avait plus vraiment eu le choix. Elle se mordit la lèvre, une lueur d'anxiété perçant son regard, et tourna la tête vers Wü. Heureusement, le jeune homme paraissait connaître assez bien les lieux. A l'est ou au nord ? Elle n'avait strictement aucune idée de la direction à prendre pour suivre l'un ou l'autre. Elle ne savait même pas où elle devait ou voulait se rendre, se contentant d'avancer, errante, dans les beautés paysagères des Terres d’Émeraude, l'esprit vagabond et curieux. La jeune femme hocha la tête. « Peu importe, le bourg comme le village fera l'affaire. C'est déjà gentil de m'indiquer un lieu et de proposer que je m'y rende avec vous. » Alya devait s'avouer que, même si elle éprouvait une méfiance certaine envers les inconnus, elle préférait marcher en leur compagnie que de s'aventurer seule avec le Sartèm à la tombée du jour. Le soleil dardait encore ses rayons de feu sur le monde, et se tenait haut et fier, mais sans doute aurait-il disparu derrière les collines lorsqu'ils arriveraient à bon port. Le visage levé vers le ciel, elle sursauta lorsque la jeune femme aux cheveux bleus poussa un petit cri. Elle fronça les sourcils. « Wü ! » Il broncha bruyamment avant de leur tourner le dos. « Roh ça va, on dirait d'la mûre ! Seulement, c'en est pas. » La jeune Orine poussa un soupir contenu par la mesure et la gêne. « Veuillez l'excuser, il est un peu brusque. » pria-t-elle. Cependant, la demoiselle semblait être passé à autre chose. Une autre peur, plus saisissante, la crispait, avec tant de force qu'Alya la sentit et en eut froid dans le dos. Elle préféra faire abstraction de cela. Sans doute se faisait-elle des idées.

Ils reprirent leur route en silence, la brune n'osant pas importuner les étrangers avec des bagatelles et des inepties ; ne voulant pas risquer de leur en dévoiler trop et de se retrouver dans une mauvaise posture. Aussi, elle fut étonnée que la femme prît la parole. A nouveau gênée, elle sourit brièvement, pesant le pour et le contre du renseignement qu'elle pourrait leur fournir. Elle s'apprêtait à répondre, lorsque l'homme, en une phrase, perça au jour le sentiment qui l'animait à l'instant. Elle demeura coite, laissant son regard vert accroché au bleu du sien. « Non, c'est juste que... je... » Oui, c'était ça, elle se questionnait et doutait de tout. Joignant ses mains, elle se les tordit, mal à l'aise. « Ne le prenez pas mal. Je suis enchantée de faire votre connaissance et je... » Le rire moqueur du Sartèm trouva un écho dans son esprit. Elle se rendit compte alors de toute l'ampleur de sa bêtise. Comment avait-elle pu ignorer ce fait ? Comment avait-elle pu ne pas s'en apercevoir ? La honte vint gentiment colorer en rouge ses joues de ses pinceaux chatouilleurs. « Mais oui, Caliel... Je suis stupide de ne pas vous avoir reconnu, veuillez m'excuser. » Le fils de la Vénus. Comment avait-elle pu oublier, alors qu'elle voyait régulièrement sa sœur arpenter les rues de Maëlith ? Comment avait-elle pu oublier, alors que sa mère était sa reine ? Elle était confuse. D'un autre côté, elle était rassurée, désormais certaine qu'ils ne lui feraient aucun mal. « Je m'appelle Alya. Alya Haeratr... » - « Caliel ! »

Agrippée à la chemise de Caliel, Aerith, paniquée, fixait un point derrière eux. Alya se retourna, mais seule une étendue déserte lui faisait face, une plaine verdoyante balayée par une brise tranquille. Qu'avait-elle vu ? Un enfant ensanglanté... Aussitôt, les mots se répercutèrent dans sa mémoire. « Non ! Non, elle a raison ! » Voulant les retenir, elle saisit le poignet du génie. « Quand j'étais encore à Maëlith, certaines Orines en parlaient. Elles disaient que c'était un monstre, qu'il avait agressé des gens aux alentours. Mais je pensais que... qu'il était parti... » Réalisant qu'elle avait resserré sa prise, elle lâcha brusquement le jeune homme. Apeurée à son tour, elle regarda autour d'elle. Mais rien. Rien dut tout. « Je vous jure que c'est la vérité, il y a vraiment un enfant qui traîne dans les parages. » Wü, qui jusqu'alors scrutait les environs, vint se poster près d'elle et ouvrit son esprit aux deux autres afin de leur transmettre sa pensée : « Elle a raison. » Et, comme pour ponctuer leurs affirmations, un rire s'éleva, tapis dans l'ombre des grands arbres. « On ferait mieux de partir, et vite. »
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~ Troubler la Paix | Alya ~

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