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 Les plus beaux romans finissent toujours ainsi. |E.|

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Dim 06 Juil 2014, 22:11


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LES PLUS BEAUX ROMANS FINISSENT TOUJOURS AINSI
C’était un endroit finalement particulier, étranger, l’errance de ma vie ne m’avait jamais amené ou en tout cas très rarement dans les rues commerçantes du matin calme. Il n’y avait rien à y voir, les aventuriers partaient en terres hostiles, les autres fuyaient la terre domestiquée par les Hommes parce qu’il n’y avait plus rien à conquérir. C’était pourtant par ici qu’on retrouvait la plus grande concentration d’êtres, toute race confondue, une mixité pure et parfaite, sans enjeux politique, tout le monde demeurait libre en continent du matin calme. On retrouvait ici ceux qui s’étaient rangés, les familles heureuses, les indolents qui vivaient simplement, ceux qui peut-être plus jeunes avaient renié l’idée de rentrer dans un moule, mais qui par la force des choses, avaient finalement changé d’avis car un endroit sécurisé où la nature arbitraire n’est plus maître, où les dangers sont rares et vite prévenus, c’est un mode de vie finalement normal, ce à quoi tout individu lambda peut aspirer, là où l’empreinte de la société est la plus pesante, omniprésente. Seulement voilà, pouvait-on rêver d’une vie normale ? Ceux pour qui, le sang et la haine étaient un lot de tous les jours, ceux qui ne se nourrissaient que de leurs voyages, de leurs rencontres, ceux pour qui avoir un toit serait renoncer à son intégrité, pour les dieux, les marins et les catins, et pour les gens comme moi, isolés, coupés du reste du monde, peut-on rêver d’une vie au continent du matin calme ? En y repensant, cette ville-continent me semble être l’utopie des penseurs d’autrefois, cet impossible qu’on qualifie ainsi, non pas parce qu’il n’existe pas, mais parce que dans le fond, on ne désire pas se détacher de toutes ses frustrations qui sont autant de moteurs à une vie passionnée. A la fin d’une telle réflexion je comprends qu’une vie sur ce continent est un rêve mais aussi mon pire cauchemar, tout ce que je déteste, la monotonie que je redoute et l’ennuie que je fuis, une telle vie c’est la mort de l’âme et de la mort, moi j’en ressors plus fort.

En cette nuit couverte par des nuages plus noirs qu’à l’accoutumé, la lune n’était qu’un astre de passage, dissimulée sous cette épaisse mer de fumée qui s’étendait au-dessus de nos têtes, par quelques accalmies, elle nous revenait, scintillant, mais en quelques instants, elle replongeait la ville dans ses instincts les plus sombres où l’homme pour s’éclairer était livré à lui-même, à ses habiles constructions. Une nuit sans étoiles et des rues désertes, voilà le décor sans défaut où j’entre en scène. Dans un nouveau corps, dans une nouvelle vie, moi, l’acteur déchu, me voilà qui avance seul sur le trottoir pavé tant foulé dans la journée où ne trainent plus à cette heure tardive que les moins fréquentables d’entre nous, j’en faisais indubitablement partie.  Sentant une goutte ruisseler sur mon visage, je sais qu’une nuit aussi couverte est prête à déverser toute la rage de l’humanité qu’elle a accumulé, une autre goutte qui se fracasse sur mon épaule m’oblige à presser le pas, je ne voudrais pas finir complétement trempé. D’un pas rapide, presque de course, je déambule entre les ruelles, pourquoi se hâter à l’heure de la mort, tout n’est-il pas censé s’arrêter ? Alors je m’arrête à mon tour alors qu’une pluie s’abat sur le quartier puis la ville à grande vitesse, ces ridicules percussions par milliers qui me jouent, à moi et rien qu’à moi, la symphonie apaisante de leur symbiose, l’homme pourra toujours fuir, il sera toujours rattrapé, où qu’il aille, nous sommes peut-être tous seuls, mais au centre d’un univers si immense que regarder le ciel me donne le vertige, heureusement sous mon toit de nuages, je me sens en sécurité, loin de tout, loin d’eux. Et pourtant déjà, mon devoir m’appelle à l’odeur presque bestiale de cette fille de joie qui passe près de moi, le sourire aguicheur ; ses formes m’indifférent, le sang brûlant qui l’anime est un parfum que je préfère, faute à ma nouvelle condition éphémère et pourtant bien réelle de vampire que je me traine depuis quelques heures. Faute au destin ou au hasard, ou bien le maître de ces deux, je suis cet homme animal qui n’a que pour seul instinct la folie de tuer pour vivre. Quelle ironie magnifique. Rappelé par ma nature, je me retenais cependant, elle n’était qu’une passante et la faim était une sensation qui m’était à la fois étrangère et excitante, je ne voulais pas la résoudre trop vite, apprécier son propre mal était un loisir que je ne me refusais plus.

C’est pourtant au restaurant que se joue le prochain acte. Oui, le restaurant, curieux n’est-ce pas, c’est pourtant bien les portes du plus réputé que je pousse avec détermination. Donnant ma veste et mon carton d’invitation, jonché du sang de la victime à qui je l’ai subtilisé, à l’hôtesse du rez-de-chaussée, je sens que pèse sur moi le jugement de son regard méfiant et craintif. Croit-elle que je vais la tuer ? Elle aurait tords, la mort n’est mon cadeau que par vengeance, nullement par plaisir. J’ai beau être ce vampire, j’ai beau éprouver ces frissons jouissifs au bas de mon ventre, comme si mes tripes en redemandaient, je sais me contrôler, et faire la part des choses entre le corps que je possède et l’âme qui le squatte. J’allume une cigarette dans le hall d’entrée tandis que les escaliers se profilent et que l’hôtesse me confirme de loin, par sécurité, où je dois me rendre. Quelques étages embaumés par la fumée dégoutante de mon tabac légèrement mouillé par ce temps humide, et enfin la réception des nobles du continent et sûrement ceux des autres, je pourrais évidemment faire marche arrière mais le pacte me lie à lui. Voilà que je l’aperçois, elle est seule, sirotant je ne sais quoi et je m’en contrefichai, elle, cette diablesse que je ne connaissais pas, qui avait transformé ce pauvre en vampire, rongé par la haine, il fut terrassé quelques années plus tard par un clan vampire adverse et à son glas, son seul désire était de se venger de celle qui avait engendré le pire mal de cette planète, il me supplia mais il n’eut pas de mal à me convaincre, je tuerai donc sa génitrice. Cependant, à quelques mètres d’elle, alors que je tendais la main pour agripper son épaule et la forcer à me regarder, je m’arrête brusquement. Une hallucination semblait-il, je tourne sur moi-même plusieurs fois, tourne la tête dans tous les sens, je semble soudainement agité. Ai-je vu un fantôme ? Il semble bien. Plusieurs me saluent succinctement mais je les ignore aussi tôt, j’oublie tout jusqu’à la raison de ma venue. Au loin en effet, se profile une silhouette qui résonna comme terreur dans le cœur d’un homme.
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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Mer 30 Juil 2014, 23:08

L'existence est parfois telle un ciel sans lune, un ciel qui ne fait que murmurer à qui l'observe des paroles de désespoir. Edelwyn ne pouvait contempler le ciel en cette soirée qui battait son plein. Entourée de certains vampires du clan Malkavian, elle regardait les invités, les trouvant fades. Peut-être finirait-elle déchue après tout, déchue d'orgueil, déchue d'envie, déchue de gourmandise. Elle voulait leurs vies, retrouver ce qui avant avait le pouvoir de la faire frissonner de plaisir : le danger. Oh, certes, son essence angélique rendait son existence différente de celle qu'elle avait vécu jadis en tant que princesse de la nuit, seulement, elle trouvait cette dernière désolante. Entourée de vampires, ceux-ci ayant pour charge d'assurer sa protection, elle comprenait parfaitement que le sang qui coulait dans ses veines devait, également, les tenter. Ils la protégeaient parce qu'elle était l'épouse de leur maître, ils la protégeaient vis à vis des valeurs du clan, parce qu'ils ne devaient guère attaquer un Homme, quel qu'il soit, mais elle voyait dans leurs yeux ce désir quant à son sang. Elle pouvait le sentir, comme une corde qui se serrait progressivement autour de leur gorge. Car, oui, s'ils osaient porter la main sur elle, Clauswitz ne serait guère compréhensif à leur égard. Edelwyn soupira, son corps parfaitement mis en valeur dans sa robe de jais. Elle pouvait se voir dans ce miroir qu'elle détestait tant. Elle avait pu le fuir en choisissant sa vie, en choisissant le peuple auquel elle désirait appartenir, mais, à présent, elle ne faisait que subir ce que le sort avait décidé pour elle. Une ange ; elle n'aurait voulu en posséder que l'aspect mais à ses yeux, même sa silhouette avait pâti de sa réincarnation. Cette puissance qui avait été sienne : envolée dans les cieux pour avoir sauvé l'homme qui était à la fois son père et son époux. Le baiser d'un vampire ne s'oubliait jamais. Il l'avait fait vivre et elle lui avait sauvé la vie. Mais, à présent, elle mettait en danger l'équilibre du clan, juste parce que son mari refusait de la laisser partir, juste parce qu'elle ne le souhaitait pas non plus. Elle ne l'aimait pas, son cœur depuis longtemps donné à un absent, mais elle le respectait suffisamment pour que leur couple en soit unifié. Elle voulait recouvrer son statut, le plaisir que lui procurait le sang, le plaisir de la chasse, cette étincelle qui avait brillé en son regard par le passé. Elle voulait ressentir l'excitation et non cet apaisement dû à son état angélique.

Edelwyn porta son verre de champagne à ses lèvres. Elle avait envie de s'enivrer, noyer cette mélancolie qui s'emparait d'elle un peu plus chaque jour. « Laissez-moi. ». Elle ne leur laissait guère le choix, s'extirpant de la compagnie vampirique à peine la demande formulée. Tout aurait été bien plus simple si Clauswitz avait souhaité goûter son sang une nouvelle fois. Mais l'homme voyait cette transformation comme une chance d'échapper à une chose à propos de laquelle beaucoup oubliaient qu'il ne s'agissait que d'une mutation, d'une malédiction. Elle voulait danser, mais pas avec n'importe qui, avec un homme qui saurait éveiller son intérêt. Mais un tel homme semblait ne plus guère exister. Jun ? Il courait après un avenir bien plus glorieux que celui de rester à ses côtés. Ils avaient cru pouvoir panser leurs blessures avec un substitut. Elle était celui de l'homme, il était le sien. Mais, finalement, leur rêve s'était étiolé avec le temps. Il n'était pas celui qu'elle attendait, elle n'était pas celle qu'il voulait. Ceux qu'ils souhaitaient n'étaient pas faits pour eux, ils n'étaient que des chimères indomptables qui avaient le chic pour apparaître et disparaître sans crier gare. Peut-être qu'eux seuls étaient capables de se comprendre, du moins, cette pensée avait longtemps bercé les cauchemars de la jeune femme, jusqu'à ce qu'elle se console de l'absence de celui à qui elle aurait confié son cœur sans concessions, peu importe qu'il le piétine sans retenue. Elle préférait qu'il ne soit à personne, qu'il ne soit qu'un fantôme du passé à jamais perdu, à jamais inapproprié. Elle soupira de nouveau, n'ayant guère conscience de la présence du protagoniste en question ce soir. Elle passa à ses côtés avant de se diriger vers une porte fenêtre qui donnait sur un balcon. Dehors, la pluie semblait prête à tomber indéfiniment, tout comme les tourments de son cœur la hantaient continuellement. Elle fixa un instant le pâle reflet de sa silhouette dans la vitre, penchant doucement la tête sur le côté pour effleurer de ses doigts la courbure de son cou. Si seulement...

Elle se retourna un instant, observant la salle. Tous discutaient de vive voix, vampires de tous clans, proies potentielles. Pourtant, peu importe les discussions, elle les trouvait inutiles, inutiles si elle ne pouvait pas semer son grain de sel en leur sein. Elle souhaitait pécher, ne plus avoir à subir cette vie de vertus que lui imposait son essence. Tous ces hommes, toutes ces femmes, tissant doucement leur toile afin d'y emprisonner les plus faibles, elle les enviait en un sens. Elle voulait se prêter à ce jeu, être au sommet de ce dernier, attirer ses proies, les acculer et leur donner le coup de grâce au moment propice. Nul ne parlait de mort ni de morsure, juste d'une joute verbale, d'un jeu d'échec que la jeune femme souhaitait mener à son terme et remporter haut la main. Mais le temps où elle pouvait jouer avec les ombres et les faux semblants n'était qu'un regretté passé. Certes, elle avait toujours été plus franche que son double, révélant ses sentiments là où l'Æther échouait, mais elles étaient semblables en bien des points. Se créer des émotions était une force que cette dernière avait toujours possédé mais quand il s'agissait de révéler la vérité, rien n'était moins sûr. Edelwyn finit par retrouver son reflet dans la vitre, ne pouvant plus guère supporter les paroles qui s'élevaient ici et là, des paroles illusoires et incessantes. Sa main se dirigea vers la poignée qu'elle actionna afin d'être libérée de l'intérieur bruyant. Sur le balcon, elle laissa la pluie s'emparer d'elle, l'accueillant en levant les yeux vers le ciel. Près de la balustrade, elle y posa son verre avant de le pousser doucement afin qu'il tombe sur le sol. Sa vie était telle ce son aigu, perdue dans les affres de son présent, dans les souvenirs de son passé et de ce qu'elle aurait pu devenir. « Je souhaite... ».
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Jeu 31 Juil 2014, 02:26


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DANS SES DERNIERES LIGNES ILS VOUS ENNIVRENT
Vous, les âmes vagabondes, entendez mon soupire transpercer vos noirs idéaux, entendez mon rire bafouer votre culpabilité, entendez-moi vous susurrer, que c’est la fin. Là où je suis, tout est de poussière, lorsque je vous regarde, lorsque je vous noie, lorsque je vous poursuis dans la nuit, vous verrez alors, ce monstre qui vous sert d’ombre, le soleil alors ne vous apeurera jamais tant qu’à cet instant, celui où vous me verrez du coin de l’œil.

Les chances fussent infimes et les occasions bien trop belles. Là était tout le drame d’une vie, répéter ce même schéma indéfiniment ou sortir de son sillon, de l’œil de la tempête, c’était un choix risqué pourtant pris. Il était étonné, de voir que ce monde n’était plus le sien mais que l’intrus qu’il représentait pouvait répéter toujours les mêmes erreurs et avec le même plaisir malsain. Le monde est en constant changement lui répétait-on souvent, lui-même le savourait, l’intacte immobilisme des individus était la peste, les lunatiques de l’intérêt, mais le reste. Ceux qui, comme celle qui conquit le berceau de la lune eut l’audace de l’apprivoiser. Oui, il y a de ceux-là ce côté délirant et jouissif, ces éternels insatisfaits qui jouissent du changement à venir mais en le savourant, trouve amer ce que le passé avait d’excitant. De ceux-là, il était fou. De ces frustrations, il respirait. Ce cœur-là, où qu’il soit, dans ses songes frénétiques, dans sa raison éperdue, celui qu’il prétendait posséder, comme une goutte d’eau dans le désir, inimaginable, si existante, vite remplacée, voilà qu’il battait pour de l’artifice et pour le néant, pour la peur, pour l’adrénaline du lendemain qui meurt. Et pour elle. Pour rien au monde il changerait. Mais il la haïssait, il y repensa. Un instant seulement, un de plus et il fuyait le sang aux lèvres.

Il avança sans vaciller, un exploit d’un titan de coton. Ce brouhaha ambiant était si lointain, hurlerait-on à son oreille qu’il n’en percevrait les notes désagréables, lorsqu’il reniait le monde pour un ersatz, il n’était plus le fantôme, bien au contraire, il était le seul en vie, et le reste de cette humanité gerbant était ses fantômes, ses démons. Juste derrière elle, c’était là qu’il aimait la respirer, son reflet qui fixait sans le savoir l’ombre mais des yeux qui ne le contemplaient pas, une douleur pour le narcissique. Nul reflet pour lui, juste l’invisible odeur de sa pestilence vampirique, assimilée aux autres rats aux iris sanglants. Elle ne faisait que se contempler, et lui participait sans lui demander au même jeu. Il aurait brûlé le continent pour la voire déployer ses ailes et bercer en son sein tous ses noirs idéaux, mais que pouvait-il se refuser ? Qu’avait-il à perdre ? Là était le sacrilège de la mort, dans ses ruines, il avait tout emporté, tous les symboles de son règne, toutes les assurances de sa posture, sa propre voix résonnait au loin dans son esprit, il aurait tout donné pour s’entendre parler et lui parler. Oserait-il ? Si les ombres vengeresses l’apprenaient alors tout serait perdu, son rêve de revenir, éclaté pour une catin du ciel. De l’enfer au ciel, voilà le voyage qu’elle avait parcouru. Qu’espérait-elle ? La miséricorde ? Il ne savait pas, il l’ignorait et il détestait ça, pourquoi ne pouvait-il pas le savoir ? Pourquoi ne pouvait-il pas deviner ses desseins ? La fissure de l’âme lui aurait tout révélé, tout dit d’elle, mais il ne pouvait plus.


Elle ouvrit la porte fenêtre pour s’extirper du cauchemar qui l’animait. Quelle audace pour un acte anodin. Lorsqu’elle fit un pas, l’ombre en fit un à son tour. En ce tableau, la pluie était suivante de la reine qui s’avançait, et l’ombre rien d’autre que ce que son titre laissait présager. Il inclina légèrement la tête, fronçant ses yeux d’obsidienne en la fixant. Cette odeur. Cette odeur. Il fit face à une montagne, rêvant son ascension avec un désespoir gangrénant. Trempée, sa crinière blonde soit disant angélique prenait des airs d’indomptable, le sang du vampire d’un soir ne fit qu’un tour. Souhaitait-elle alors. C’en était trop, l’air manquait, se vidait, suffoquant presque, il se risquait, à se détacher de son ombre, là où se taire était criminel.

« Souhaiter est devenu dangereux depuis que le monde s’écroule. Plus personne ne souhaite et plus personne ne rêve. » Cette voix qui s’élève dans la nuit, ce n’était pas la sienne, celle qu’il avait volé avec le corps de ce vampire qu’il avait déjà complétement oublié. Cette voix plus féline qu’il arborait, il s’en contenterait. « Ô dieu, priez pour moi, pauvre pêcheur. » il ressassait ses passions avec hargne dans des pensées qu’il gardait précieusement pour lui, moquant ainsi le statut d'ange. S’avançant pour la dépasser, il s’accouda au balcon, se fichant bien des trombes qui déferlaient sur l’humanité, creusant bien plus les cernes sur son visage de prince nocturne. Sortant la cigarette qu’il avait éteint contre un mur pour ne pas la laisser partir en fumée, il se voyait bien là, tout laisser se consumer dans des feux passionnés qu’il tairait à son interlocutrice. La rallumant sous son manteau, il admirait la fumée se mélanger à l’eau sans qu’aucune harmonie ne se forme, sans s’y fier, il continua pourtant. « Si seulement… » confiait-il aux ténèbres à basse voix. Se tournant brusquement, il reprit « Pourquoi est-ce que tes chiens te regardent-ils tous ? » d’un geste, cigarette entre deux doigts, il montra sans se cacher les autres vampires. « De quoi ont-ils peur ? Il est vrai, je pourrai te dérober à ces rats qui ne savent apprécier, t’emmener là où la nuit est plus noire encore, là où la lumière est la douleur et non le réconfort des anges. » Cette odeur. Cette odeur. Cette odeur. « Je pourrai, oui. » posté devant elle, portant son regard de bas en haut, pour finir par plonger là où la fleur était la plus dangereuse. « Je devrai, oui. » de son nez se dégageait cette fumée empoisonnée qui noircissait ses poumons, ses lèvres mi- fermés firent s’épouser les vapeurs d’un cerveau en ébullition. « J’aurai dû. » il y a longtemps continua-t-il dans sa tête. Il jeta son mégot par-dessus la rambarde, fermant les yeux pour calmer cet appétit étranger. Il débuta alors :

« Si seulement je pouvais te dire. Mais je ne peux pas. Si seulement tu pouvais me voir. Mais je ne peux pas. Si seulement nous pouvions rêver. Mais ça non plus, je ne peux pas. » Ces sceaux, il les haïssait. Voilà cet handicapé de la vie, que l'on prive de rêve et qui se sent entièrement nu depuis. « Le monde a fait de moi un vide vivant. Et de toi, un éclat, une étincelle. Mais tout aussi vide. » Il suffisait d’y mettre le feu, de tout consumer. « Si seulement tu pouvais deviner. » ses yeux dans les siens, ce bleu océanique hanté par des voiles qui s’animaient. « Toi et ta robe de nuages, moi, et mon costume de ronces. Voilà un jeu que je n’avais pas imaginé, pourtant je n’en manque pas, d’imagination. » Il se mit alors à tourner autour d’elle, la dévisageant de mille façons différentes, lui adressant tous les regards : « Cet espoir comme cet éclair fugace, volage, tu crois le tenir entre tes mains et il t’échappe. Tu souhaites. Mais que souhaiter à la nuit qui t’écoute ? » Il ne savait pas vraiment, ce qui le guidait, si c’étaient ses tripes de vampire ou son instinct de génie qui refaisait surface. Il ne pouvait pas lutter contre l’irrémédiable envie de tout dévorer, s’inscrivant toujours dans le même schéma autodestructeur. Le schéma d’Edelwyn. « Ô tu es libre de souhaiter. Mais prends garde, un génie peut-être boira tes prières. Et de ce que je sais, il est peu enviable d’être accordé par ces démons car nul doute, ils en sont. J’en suis dans mes veines, maudit jusqu’à la moelle. Ce liquide qui te façonne, quel parfum qui résonne. Les sens se perdent. Mais les tiens seulement se souviennent. » Elle n’était plus, non, mais elle sera. Elle sera mienne.
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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Jeu 31 Juil 2014, 23:11

Au creux de mes rêves les plus secrets, telle une esquisse que l'on aurait peur de déformer, je repeins ton visage furtivement, espérant que dans un futur proche tu m'apparaîtras de nouveau ; car tu es celui qui consume mon esprit, qui brûle mon cœur, chaque jour, chaque nuit et pour le reflet de tes yeux, je ferai de la blancheur de mes ailes un souvenir passé, éteint dans un nuage de fumée, balayé par le vent telles les cendres de mon désir de réussir à t'oublier.


« Un baiser. ». Elle laissa un temps s'installer, ses yeux ne le quittant plus depuis bien longtemps, depuis qu'elle avait trouvé les siens, depuis qu'il les lui avait imposé. Pourtant, pour rien au monde elle ne souhaitait les perdre, jamais. Elle n'aurait pu décrire ce qu'elle ressentait comme un ersatz d'incompréhension, d'hésitation. Il l'avait effrayé, surgissant de l'ombre tel le prédateur qu'il était mais, ses mots... oh oui, ses mots avaient réussi l'exploit de la faire espérer un instant, un court instant. Elle avait songé à celui qu'elle attendait, celui qu'elles cherchaient depuis sa disparition. Pourtant, ni le timbre de sa voix féline, ni la carrure de l'homme ne pouvaient égaler celles de celui qui la hantait, les hantait, peut-être. Comme il avait raison. Les génies, ces démons sans cœur dont on ne pouvait que soupçonner les manigances. Les vœux représentaient un poison véritable pour celle qui souhaitait sans nulle envie que le souhait soit exhaussé par le génie, mais bien par l'homme. Elle souriait, de ce sourire en harmonie avec le regard de ces êtres qui revivent le passé par la pensée, un court instant. Il éveillait en elle, plus que jamais, cette mélancolie, comme s'il n'était qu'un fantôme revenu à la vie rien que pour la torturer, un fantôme de ces jours où elle possédait encore ce regard rougeoyant, de ces jours où elle écrivait des lettres à cet illustre inconnu qu'elle avait aperçu plusieurs fois en compagnie de son reflet, cet illustre inconnu qu'elle avait aimé malgré la folie que cela représentait. Berceau de toutes les jalousies, elle s'était noyée dans l'envie de le posséder, noyée dans l'espoir qu'il daigne un jour plonger son regard océan dans le sien pour s'y perdre comme il semblait en être capable en d'autres compagnies. Et cet homme, surgissant de la nuit, éveillait en elle les souvenirs de ce temps où, le jour même de son mariage, ce diabolique génie était apparu, naissant de l'obscurité pour la rejoindre un court instant. Mais celui qui parlait à la manière de son conteur favori était bel et bien un prince de la nuit, et non un prince des rêves. Comment aurait-elle pu deviner ? Sans doute se doutait-elle, mais elle ne souhaitait pas le lui demander, elle ne souhaitait pas savoir, connaître. Peut-être disparaîtrait-il de la façon dont il était apparu, peut-être la laisserait-il, blessée de par sa propre curiosité, de par ses propres espoirs vains. Elle préférait ignorer, se remémorer cette rencontre lorsque le sommeil ne viendrait pas, imaginer ce qu'elle aurait pu être, ce qu'il aurait pu être. Il la tutoyait. Pourquoi ? Elle ne pouvait se résoudre à écarter la thèse folle qui enserrait ses pensées comme un oiseau l'aurait fait avec sa proie. Il l'envoûtait, doucement, progressivement. Ses yeux.

Jusqu'ici immobile alors qu'il tournoyait autour d'elle de la même façon que son prince perdu, elle fit un pas en sa direction en prononçant les deux mots qui sonneraient peut-être le glas d'un présent décousu. La jeune femme avait attendu qu'il se fraye un chemin entre sa silhouette et la balustrade,  le détenant dans une prison façonnée de ses bras, de chaque côté de son être. Ses mains fermement agrippées à la seule chose les séparant du vide, elle semblait sur le point de le garder près d'elle pour toujours. Son visage levé vers le sien, elle répéta dans un murmure. « Je souhaite un baiser, quel qu'il soit. ». Le baiser du vampire, le baiser de l'homme, cela lui était égal. Elle lui laissait le choix, sachant pertinemment que quel qu'il fût, ses ennemis seraient nombreux s'il prenait la liberté de ne guère s'en cacher. La pluie tombait toujours dans l'obscurité. Ils n'étaient éclairés que par les lumières de la salle, salle dans laquelle l'on avait, bien sûr, repéré la présence de l'homme à ses côtés. Sa raison lui dictait de s'éloigner de lui, de ne point être tentée d'être la cause d'un déchirement entre les clans vampiriques mais peu importe cette dernière, elle n'avait qu'une envie : admirer de quoi il était capable. Il lui inspirait toutes les audaces, toutes les folies et c'est d'un geste lent, alors que les ombres de la nuit faisaient vaciller en contre bas leurs silhouettes dessinant un peu plus la nuit, qu'elle attrapa l'une de ses mains. « J'ai souhaité plus tôt qu'un homme embrase mon esprit, embrase mes sens, embrasse mon corps dans une danse que je lui offrirai en hommage à son exceptionnelle fragrance, à son exceptionnelle capacité à éveiller en moi un intérêt certain. ». Elle sourit. « Et le hasard a fait en sorte que tu apparaisses, naissant des ombres pour me rejoindre et me parler des génies, du jour et de la nuit avec cette subtilité que j'apprécie. ». Elle chuchota plus bas. « Je sais que tu n'es qu'un rêve, que peut-être en toi subsiste l'ombre d'un génie obscure et malveillant et, pourtant, si un mal m'était fait, venant de tes lèvres aux bordures semblant inaccessibles, alors j'en serai la plus heureuse des femmes. ». Sa main lâcha la balustrade, caressant furtivement le bras de l'homme pour venir se poser sur son épaule, bien plus haut. « Dansons au rythme de la mélodie que nous joue la pluie, et exhausse mon souhait si tu l'oses, cruel étranger. Car de ton acte naîtra le chaos, de ton acte naîtra la jalousie de ces idiots qui nous regardent comme des bêtes curieuses, comme si la Belle allait mourir des mains de la Bête. Mais la Belle sait, elle, que si la mort vient la saisir, cela ne représentera que la condamnation du jour pour les méandres délicieux de la nuit. Elle sait que cette mort n'en sera que la plus agréable de toutes car elle se fera dans les bras d'un homme qu'elle a décidé d'aimer, ne serait-ce que pour une nuit. Oh oui, dansons et faisons en sorte que ce qui ne se peut devienne possible. Dis-moi, regarde-moi, rêve à mes côtés... ». Elle s'était approchée de lui, ne quittant plus ses yeux. « Embrasse-moi... ».
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