De l’argent. J’en avais terriblement besoin. C’était une urgence. Ça faisait longtemps que je n’étais pas sorti pour aller piquer dans les poches des gens. Voler n’était pas une passion, je ne faisais pas cela pour mon propre plaisir mais je n’avais pas d’autres choix que de le faire. C’en allait de ma survie, c’est elle qui était en jeu. Je savais très bien que je devais uniquement compter sur moi-même pour continuer à mener mon existence. J’étais jeune et je n’avais pas pour but de crever alors que je venais à peine de débuter une vie. Alors, c’est la raison pour laquelle j’étais assis sur un banc, au parc, entrain de penser à une place bien spécifique où j’aurai l’occasion de jouer facilement au pickpocket sans problème. La dernière fois, j’ai été interrompu par cette ondine, Lully Lin, au port. Il y avait là encore peu de chance de la croiser à nouveau là-bas, mais pour une raison que je ne pouvais pas tellement décrire, je décidai de ne pas m’aventurer là. Je devais choisir un endroit qui était riche en personnes… riches, évidemment, et là où mes chances de me faire prendre étaient presque nulles, pour ne pas dire impossible. J’avouai n’avoir pas la moindre idée d’une place correspondant à ses critères en tête mais j’avais amplement le temps d’y penser au sujet de la prochaine place où je pourrais commettre mon vol et de tomber sur une cible idéale pour un pickpocket. Je me levai du banc de bois où j’étais assis et me promenai dans le parc, en pleine réflexion. Le port était déjà banni de ma liste, alors, il y avait le parc. Je regardai dans tous les sens mais je me rendis bien vite compte que ce n’était pas une bonne idée. Il n’y avait personne, à part des parents jouant avec leurs enfants. En somme, des cibles non idéales. Ça revenait à barrer cette place aussi. Alors, le port et le parc interdit, le cimetière vint s’imposer dans mon esprit. Encore une fois, mauvaise idée. Voler dans les poches des gens en deuils était bien le dernier de mes soucis et ce n’était pas du tout mon genre de faire une chose pareille. Ce que je faisais ne me plaisait déjà pas au départ, alors c’était inutile et stupide de commettre cet acte et de me sentir coupable deux secondes après. J’avais d’autres ennuis à résoudre de mon bord aussi. Après plusieurs tours dans ce tranquille parc, je me décidai enfin à le quitter, sans trop savoir où j’allais. Si le cimetière, le port et le parc n’étaient pas des endroits propices au vol, il ne me restait que le quartier résidentiel ou bien le coin des marchands… J’arrêtai complètement de marcher, me trouvant bien idiot. Le coin des marchands… Il n’y avait pas meilleure place que là pour volet! Cette place grouillait de gens qui venaient spécialement là pour s’acheter de la nourriture et d’autres babioles. Ces personnes se trimballaient logiquement avec de l’argent. Stupide. Pourquoi n’y avais-je pas pensé avant? C’était un endroit parfait. Je fis demi-tour et marchai rapidement vers le coin à marchandises. Évidemment, c’était bondé de monde. Je souris, content d’avoir vu juste et commençai mon inspection de toutes les personnes qui m’entourait. Je travaillais en faisant un choix sélectif des gens à partir de leurs vêtements, leurs propretés corporelles et leurs démarches. Généralement, ceux qui se promenaient la tête haute avec un air arrogant collé au visage étaient les gens les plus riches que je pouvais trouver. Ceux qui correspondant à ma mini description de gens de la classe aisée mais qui l’affichait de manière exagéré étaient les plus faciles à atteindre, étant donné que ces personnes se croyaient intouchables, et du coup, ce faisait prendre. Je tournai ma tête de gauche à droite, recherchant désespérément une personne comme telle. Malheureusement, ce fut plus long que la dernière fois au port. Ici, je ne voyais que des personnes qui n’étaient pas pauvres, mais qui ne croulaient pas sur l’or. Aïe… ce n’était pas totalement à la hauteur de mes attentes, surement une question de chance, mais on dirait bien que j’allais devoir abandonner l’ambition de repartir chez moi avec une somme phénoménale. C’était mieux que de rien obtenir, alors j’allais me contenter de ce qui avait à porter de main. Mon but premier était l’argent de toute façon. Peu importait les poches donc il sortait. Après une bonne vingtaine de minutes, je finis par porter mon choix sur un couple qui avait l’air beaucoup plus préoccuper par son partenaire respectif que par l’environnement qui les encerclaient. Ils n’avaient pas l’air trop pauvre et ils présentaient une cible idéale pour un jeune pickpocket des rues. Je me redirigeai pour faire en sorte de marcher à la même hauteur qu’eux et changeai brutalement ma direction dans le but de leur faire croire que mon attention a été piquer par un kiosque non-loin d’eux. Je percutai l’homme du couple et tout en présentant mes excuses, plongeai la main dans sa poche et pris le portefeuille qui se trouvait dedans. Tout en continuant avec mes « désolé», je m’éloignai d’eux et allai me réfugier dans une rue secondaire quasi déserte. Je m’accotai contre le mur et ouvrit le portefeuille pour compter l’argent qui s’y trouvait. C’est alors que je sentis une présence devant moi. Je levai brusquement la tête et remarquai immédiatement le gars qui allait vers moi. Je fis semblant de ne pas le voir arriver, craignant par le fait même qu’il m’est vu commettre ce crime…