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 La Mort brille aussi par son absence [PV Lucrecia]

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Sam 12 Avr 2014, 21:33


Cocoon se préparait. Dans les coulisses, dans une sorte d'anti-chambre, il mit ses grèves en acier renforcé, tintant sous les coups de ses gants fait de la même matière, avant de se redresser sur le banc en bois rudimentaire, sur lequel on l'avait assit. Des combats en arène. La magie avait transformé le lieu en une sorte de Colisée antique, aux pierres blanches et sculptées, prêtes à recevoir de plein fouet, le corps des gladiateurs. Le sol n'était que terre et poussières, et par delà la grille en fer, d'où venait les combattants, des cris retentissaient.
Dans les gradins, le public était fou. Fou de voir enfin des mises à mort, juste pour le plaisir des yeux. Un plaisir gratuit, a n'avoir sans aucun scrupule. Le soleil était de la partie, faisant rayonner les armures pourtant sales et abîmées des hommes, au milieu de la cours. Au centre de toutes les attentions. Ici, dans ces matchs là, le but n'était que de survivre. Rien d'autre. De s'en sortir, coute que coute, et tous les moyens étaient permis pour déchoir son adversaire. Seulement, même les complots éphémères arrivaient à la fin des hommes.

Au delà de ça, au dessus de tous, une estrade avait été montée, comme une sorte de piédestal, d'où partait un énorme tube conique, s'élargissant de bien un mètre de diamètre, en son extrémité. Derrière, la bouche d'un homme s'activait, lisant un vélin finement décorer « Les Jeux sont ouverts. Cette manche opposera vingt guerriers, tous aussi résistants les uns que les autres. Un seul doit survivre ! Encouragez vos champions ! »
D'une oreille distraite, Cocoon entendait ces paroles là, résonner dans tout les sous sol de l'arène. Il se préparait à affronter ces monstres, aussi costaud que lui. Peut être pas aussi fort, mais peut être aussi intelligent. Et puis ça lui faisait du bien. Depuis qu'il avait quitté l'armée, qu'il avait monté la dernière marche, pour s'asseoir sur le trône du monde, alors il avait cessé de se battre. Les entrainements avaient tarit, jusqu'à s'arrêter complètement, et lui même préférait finalement se délester d'aller sur le terrain, bien trop occupé à ses fonctions royales. Et quelle erreur... Il était alors rouillé, et peu efficace en combat. Ce genre d'initiative, de bain de sang, n'était ni plus, ni moins, qu'une excuse pour se décrasser, et enfin remettre les circuits en marche. Mais à quel prix ? Ici se battait des hommes sur-entrainés, complètement différents de lui... Pourtant, il avait envie. Et derrière cette envie, il y avait le désir de prouver qu'il en était capable.

Depuis qu'il était allé voir les Dieux, il lui avait fallu beaucoup de courage pour rentrer chez lui, et essayer de se raisonner comme quoi, il ne vivait pas dans un rêve. Comme quoi, tout ça, n'était pas une chimère éphémère. Et pour cela, il devait affronter la Mort. Une fois qu'il l'aurait devant, alors il saurait que non, cela n'est, en rien, une chimère.
Seulement, il ne pouvait pas se prouver, à lui seul, qu'il était finalement Quelqu'un. Non. Alors il avait écrit à Luka. Il lui avait envoyé une lettre, quelque chose de bref, de concis, peut être de trop mystérieux, mais avec un rendez-vous, quelque chose qu'il ne fallait pas qu'il rate. Peut être le vampire avait-il cru, naïvement, que Cocoon serait avec lui, dans les gradins, du style à regarder un bon combat en s'empiffrant ? Certainement pas. Cocoon serait de ceux qui combattrait au péril de leur vie. Car c'était, de toute manière, la seule issue.
Alors il avait demandé sa présence. Et à l'heure. Car il voulait, que quand il entre sur le terrain, il voit Luka.
Mais Cocoon trichait, car, où qu'était le vampire, il le savait. Il connaissait la distance. Leurs âmes étaient liées, comme jamais d'ailleurs, et l'une savait quand l'autre se rapprochait. Alors il su qu'il était là, assit quelque part, et surtout... Anxieux. Peut être anxieux de ne pas le voir sur les bancs, ou dans la foule en contre bas ? Que savait-il encore ?

Quelqu'un le sortit de ses rêveries, et vint lui adresser sauvagement « Arrête de lambiner, va falloir qu'tu t'bouge. Aller dégage. » Ici, pas de politesses, ni de titre. Ici, tous étaient Gladiateur.
Sur le champs, le combat avait déjà commencé. Il y avait des guerriers et des mages. Beaucoup avaient le visage voilé, casqué, caché, dissimulé, et peu restaient tête-nue. L'Orisha souffla et se leva, enfilant son heaume.
Lui, il fut plus malin que les autres, et il se vêtit d'une armure. D'une protection maximale, rouge comme le sang de ses ennemis, qui le protègerait mieux que quiconque. Bien que la couleur ne soit pas la même, ce n'était rien d'autre qu'une armure en Orishalque. Retravaillé par un forgeron légendaire, pour la faire changer de couleur, et l'adapter à Cocoon. Sur-mesure, sans un mauvais pli.
Parfait.

Alors il gravit les marches. Son cœur battait anormalement dans sa poitrine. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu Luka ? Trop de temps. Il s'était écoulé bien trop de temps pour lui...
Ce qui le stressa le plus fut cette rencontre lointaine, ce fait qu'il soit là, et qu'il ne pouvait aller à sa rencontre. Il se fichait de ses hommes, de ses opposants, il ne souhaitait qu'une choses, croiser son regard saphir, revoir ses boucles bleus encadrer son visage de porcelaine, et ses petits yeux larmoyants, s'affaissant légèrement vers le bas... Il se battrait pour lui, pour sa survie, pour le revoir. Peut importait le reste.
Son armure rayonna sous l'astre solaire, et la foule l'acclama, comme elle acclamait un nouvel arrivant. Immédiatement, Cocoon tourna la tête, complètement caché sous sa panoplie. Il était certain que personne ne le reconnaitrait, et lorsqu'ils seront les vingt sur le ring, alors Luka serait perdu. Perdu et plus anxieux que jamais. Il ressentait déjà ses sentiments d'ici, et c'était, pour lui, une exquise souffrance. Son épée sur l'épaule, il se plaça en cercle, comme ses autres ennemis, et attendit que les derniers arrivent.
A travers les fentes de son heaume, il observa Luka, restant immobile, préférant s'imaginer comment il le récupèrerait à la sortie...
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Sam 12 Avr 2014, 23:42


Une journée de plus, apportant avec elle tumulte et désolation pour beaucoup, joie et rédemption pour d'autres, s'annonçait fière et sans vergogne derrière l'astre solaire aveuglant. Une fois de plus le vampire peinait à s'en réjouir, voir ce même soleil se lever en dépit de son humeur massacrante, ce rite exhaustif se répéter sans préambule et à n'en plus finir sans que rien ne puisse l'achever tout bonnement. Lui-même ne l'osait pas, comme si briser cet équilibre aussi fragile que du verre pourrait n'apporter que disgrâces, plus de malheurs qu'il n'en aurait supporté à l'heure actuelle. Le manque était ravageur et sans pitié. Plus il laissait son esprit errer, plus il y songeait et plus sa soif s'amplifiait, une toute différente de celles que quelques gouttes de ce sérum rougeâtre pouvait satisfaire. Celle-ci frappait avec plus de violence, plus d'acharnement, et il ne pouvait la fuir, jamais. Elle était telle que sa propre mort ne saurait y pallier. Et évidemment, celui à savoir comment l'étancher se trouvait pour l'heure absent, loin de lui, trop loin pour dire vrai. Venom entra dans la pièce mais ne reçut, ce jour-là encore, que ces mêmes regards d'acier trempé dans la déception qui ornaient, bien trop souvent, la frimousse angélique du petit être. Comme s'il s'attendait de voir un autre traverser cette porte, s'y attarder, lui sourire avec un orgueil divin tout en prononçant, de sa voix rauque et grave à souhait, le nom du vampire composé de ses quatre petites lettres. C'était pour lui comme un rituel auquel il ne livrait tristement plus depuis trop longtemps.

Il se préparait à quitter le logis de nouveau, se trouvait déjà à l'embrasure de la porte cochère prêt à la claquer derrière lui de ce même geste désinvolte, quand une lueur bleutée lui parvint de sur son bureau et le fit stopper net son mouvement. S'y précipitant comme un diablotin, il l'ouvrit de cette même frénésie, se penchant aussi vite sur son contenu dont il ignorait tout de la nature mais dont il sentait l'importance. Il s'arrêta bien vite toutefois, dès les premiers mots du texte en fait, ces derniers résonnant en lui comme une chanson le ferrait dans une cavité creuse. Sa mèche bleutée barrait son visage, empêchait de voir l'émoi qui s'y était éclipsé. Ses émotions allaient crescendo comme les notes endiablées d'une partition l'étant tout autant, alors que d'un rythme soutenu il continua sa lecture. L'émotion l'assiégea tel un roi détrôné qui réclame sa souveraineté d'antan en ayant été privé une seule fois mais une fois de trop. C'est à peine s'il osa respirer pendant sa courte lecture et pourtant il crut s'étouffer une bonne dizaine de fois. Il s'arrêta, reprit son souffle, marqua quelques pauses, revint sur ses pas.

Une fois sa tâche promptement cloîtrée, il se contenta de s'asseoir sur la banquette la plus proche, déposant avec grand soin la lettre et le cachet avant de faire le vide dans son esprit. Comment savoir ce qui avait bien pu survenir au juste ? Comment prendre ces mots si cruellement doucereux ? Comment imaginer l'état d'esprit dans lequel se trouvait l'orisha tout en écrivant cette lettre ? Son cœur cognait fort et à tout rompre en vue d'une entrevue prochaine qu'il craignait toutefois d'une anticipation incontrôlée. Ces milliers de questionnements resteraient en suspens d'ici là et il attendait avec une impatience folle de pouvoir enfin s'assurer de ses propres yeux ce que lui comptait le bronzé, le toucher du bout de ses doigts et mettre fin à cette insécurité croissante.

Des fils brillants offerts aux quatre vents, des perles vagabondes qu'il chassait du revers de sa main tandis qu'il montait déjà, non pas sans une certaine appréhension, les marches de l'énorme construction. Il ignorait le pourquoi de l'avoir convié dans un tel endroit – malgré sa splendeur non négligeable lui donnant une certaine prestance – mais plus important encore, ce qu'il comptait lui dire, comment réagir. Il chassait des yeux la peuplasse s'installant avec complaisance, ses rires stridents qui lui parvenaient de tous côtés, ce chahut indescriptible. Et Cocoon qui demeurait introuvable par dessus tout. Il le savait présent mais doutait de ses sens qui menaient son regard vers nul autre endroit que l'arène en elle-même, là où avaient lieu les pires boucheries comme les plus grands actes de bravoure. Sa gorge se noua tandis qu'un frisson lui parcourut l'échine de part et d'autre, froidement. Il avait un très mauvais pressentiment – inexplicable et basé sur de simples spéculations -  et l'entrée des champions – preux gladiateurs dont le courage n'était plus à prouver – n'y remédia aucunement.

A l'inverse, il ne fit qu'aggraver la situation du petit réduit en chair, quand il comprit à son insu qui se trouvait parmi eux. Son cœur se serra, cessa nette toute activité tandis que dans les gradins et dans l'arène la tension atteignait son apogée, était à son paroxysme. Il crut sortir de ses gonds quand il réalisa que tous ceux présents étaient venus pour assister à ce genre de tueries collectives, de déchirements mutuels entre hommes ne connaissant même pas le visage de leur propre bourreau : jeune homme épuré qu'il était, ne voyait pas là une quelconque humanité. Mais ce qui le déchaînait encore plus était  le fait que Cocoon se trouvait parmi eux, quelque part, il était là, c'était certain. Mais comment expliquer tout cela ? Pourquoi devait-il le revoir dans de telles conditions, sous de telles contraintes ? * Mais où es-tu, bon sang ? Je croyais que tu serrais ici avec moi … Je ne peux même pas te rejoindre et encore moins t'aider * fit-il une première fois pour laisser libre cours à ses sentiments qui devenaient bien trop entreprenants pour se voir opprimés dans un seul petit corps comme le sien.

Ses mains tremblaient comme des feuilles dans ses deux poings fermés à l'excès, alors que son corps, son sang, ses sens bouillaient parallèlement. Ils étaient nombreux, au nombre de vingt une fois qu'ils eurent tous pris leurs places sur le champ de bataille improvisé, et qui sait combien en sortiraient vivants de ce massacre … Il craignait aveuglément le déclenchement des hostilités mais en aucun cas ils ne lui éviteraient cette torture, de voir son bien aimé se battre parmi une horde de bêtes féroces prêts à lui trancher la tête si l'occasion venait à se présenter. * Cocoon !* reprit-il, l'aire d'une appellation, une prière pour deux. * Tu vas t'en sortir, tu m'entends ?* prononça-t-il finement dans son esprit d'une voix déjà moindre mais toujours emplie de sentiment, d'une conviction qu'il essayait de s'inculquer lui-même, l'envie de l'accueillir sain et sauf à la sortie du Colisée. Cependant, il vit ce dernier espoir, cette dernière demande aussitôt interrompue par une nouvelle vague acclamations à l'intention des valeureux participants qu'on sommait de s’entre tuaient tout bonnement, en dépit de toute l'horreur de ce geste. I

Il n'entendit guère les paroles de l'homme retentir. Il lui semblait au contraire entendre avec une énorme clarté les armes heurter les corps en chair molle et lâche, les respirations déchaînées, les esprits impétueux s'affronter. Toute son attention était rivée sur le plateau où s'affrontaient impétueusement ces hommes. A chaque coup d'épée, son cœur se resserrait davantage, craignant de voir dans le prochain homme tombé la silhouette de l'orisha, sa peau hâlée meurtrie, son dernier souffle de vie échappé. Si cela venait à se produire, qui sait de quoi il en retournerait et ce dont Luka serait capable pour l'empêcher … Il craignait tout cela et bien plus encore alors que boucliers et cris ardents continuaient leurs échanges prononcés. Ils tombaient comme des feuilles mortes les uns après les autres et ceux qui restaient, notamment les plus forts et entraînés, continuaient de chercher le sang de ses adversaires dans un cycle sans fin jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un au final. Luka n'en pouvait plus de cette exaltation malicieuse et ne souhaitait que de voir quelqu'un y mettre fin. Cocoon devait gagner à tout prix !
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Dim 13 Avr 2014, 10:11


Cocoon ne parlait pas. A quoi bon ? Il était là dans une optique bien plus cavalière, notamment celle de faire face à ses soldats qu'il assimilait à chaque étape de la Mort. Chaque homme qui tombait sous ses coups, n'était rien d'autre qu'un obstacles franchit, le rapprochant de la Lumière. De la Résurrection. Et elle était là cette Lumière.
Dans les gradins, n'applaudissant pas, ne bougeant à peine le petit doigt, elle le regardait avec son allure si froide et détachée, dont l'Orisha connaissait tous les détails. Il l'avait dans la peau. Juste le fait qu'il soit venu le galvanisait, lui faisait comprendre qu'il ne pouvait pas perdre. Car ici, la défaite signifiait le trépas, et c'était interdit.
Intelligemment vêtue, Luka ne le reconnu pas à travers les participants. Lorsque sa voix raisonna dans sa tête, Cocoon serra les poings, enserra ainsi le pommeau de la lame qu'on lui avait donné « Même les plus Grands ont des Démons, et je dois vaincre les miens. Je veux tu sois là pour me voir me battre. Les Dieux m'ont montré des choses... Je veux que tu restes Luka. Que tu restes et que tu me regarde. Je me bat pour toi. » Et à peine eut-il fini sa phrase que le glas sonna, similaire au voile de la Mort encerclant le stade, attendant de les manger un à un.

Cocoon était agile. Il fut l'un des premiers à être attaqué, et tous prirent un opposant pour se battre en combat à deux. Son armure, assez bien conçut, lui permettait des mouvements simples et faciles, bien que légèrement plus fastidieux, lui qui n'était pas habitué aux couches de vêtements.
Malgré cela, le premier homme tomba et, immédiatement, comme si quelqu'un avait avertit les autres, deux arrivèrent. Le bronzé fit un bond en arrière, se mettant non loin d'un des pilier, parsemant la plaine terreuse. Il refusait que les gens le prennent en traitre, de dos, comme des lâches. Devant lui se tenait un sorcier et un réprouvé. Fort, entrainé, mais pas imbattable.
L'Orisha respira calmement, avant de recevoir le guerrier qui se jetait sur lui. Le Sorcier tenta un sort de paralysie, quelque chose du genre, qui échoua et alla se ficher dans le sol. Cocoon s'était décalé avec rapidité, et avait réussi à entamer le corps de l'autre.
Le temps passait, et il mit un certain temps à venir à bout de ces gens là. Le Sorcier avait réussi à le toucher, brûlant le bras de son armure, alors que le Réprouvé gisait à ses pieds. Débarrassé du garde du corps, l'enchanteur serait facile à atteindre, et à tuer. Bien qu'il se prémunit de barrière, de bouclier, et d'autre chose, Cocoon se tint assez près de lui pour se trouver dans un certain périmètre. Périmètre qui perdit en vitalité.
Tout se transforma en amas de cendre, tout fanait, la vie en partait. La terre se dessécha, alors que le sorcier mourut, sa vitalité aspirée.

Fort de ces deux victoires, d'autres gladiateurs avaient eu la bonne idée de tomber devant ses concurrents.
La bataille faisait rage, l'Orisha transpirait, il n'avait qu'une envie, enlever son armure mais celle-ci l'avait bien protégée plus d'une fois. Il savait qu'il ne pouvait pas faire autrement. Il ne pouvait pas fuir la Mort.
Relevant la tête après avoir défait un homme, il vit le vampire. Cocoon baissa sa garde, arrêtant de se battre devant ce cadavre, et observa Luka. Il était devenu beaucoup pour lui. Son jour et sa nuit et pourtant, ils ne se voyaient jamais. Pourtant, ils ne se rencontraient que trop peu. Pourquoi ? pourquoi Luka ne l'appelait-il pas... ? Quelqu'un arriva derrière lui, tentant de le déchoir, mais l'Orisha se décala au dernier moment, ne perdant que peu de matière. Alors qu'il se battait il lui dit « Tu dis que tu ne peux pas te passer de moi. Mais c'est faux. Peut être que finalement, les Dieux avaient raison et qu'un jour, tu te détourneras. Tu n'as jamais besoin de moi. Tu n'as jamais besoin de ma présence Luka... Puisque c'est ça, je n'ai rien à perdre ici. » De colère, de dégoût pour lui -même, il trancha la tête de casqué devant lui, ne se retournant même plus pour regarder le vampire, préférant directement aller chercher lui-même le sang de son ennemi.

Seulement d'ennemis, il n'en restait que peu, des hommes forts et entrainés au possible. Des un contre un se profilaient devant lui, alors que le soleil était déjà bas dans le ciel. Des laquais allumaient des torches tout autour du stade, pour éclairer les brutes se battre, et que les spectateurs y voient quelque chose.
Cocoon fit face à une sorte de magicien, guerrier, assez polyvalent, le surpassant de loin par la magie, mais étant bien plus faible par les armes. Il fut blessé au bras et à la cuisse.
Lorsqu'un second arriva, celui-ci lui brûla le dos et lui entailla le ventre, sans l'éventrer. Des esquives et des roulades lui permirent d'amoindrir les dégâts mais, son armure, elle, commençait à faiblir. Il avait perdu son plastron, ne laissant voir en dessous, qu'un habit en lin, sale et jaunâtre, comme une toge d'absous ou de prisonnier. Du côté de ses bras, l'usure n'était pas à son compte, mais cela ne saurait tarder.
Puis vint le combat final. Celui où il affrontait réellement la Mort. Sa dernière porte de survie. Un temps de repos leur fut donner. Une minute, le temps de sortir les cadavres disséminés un peu partout.

Cocoon se plaça devant son opposant et le maitre de jeu demanda « Gladiateurs, enlevez vos casques ! » La tension était à son comble, les gens allaient découvrir les heureux gagnants. Tous allaient pouvoir retenir les visages des deux champions. En face de lui, Cocoon avait un Alfar vorace aux yeux rouges. Puis s'en suivit de son geste, il attrapa son heaume et s'en dévêtit, secouant juste la tête pour évacuer ses cheveux devenu trop longs, de devant ses yeux. Il n'était pas beau. Sous son armure, la transpiration avait fait collé la poussière de la terre qui s'évadait de leurs pieds, alors que des cheveux collaient son visage. Lançant le casque, comme son opposé, il passa sa main gantée dans sa tignasse, l'ébouriffant assez pour qu'elle se plaque en arrière.
Et de là, il ne regarda même pas le vampire. Il ne voulait même pas le voir. L'Arène était folle, les spectateurs hurlaient et n'en pouvaient plus tan leurs cordes vocales chantaient « Messieurs... Donnez nous du sang ! » Quelle mascarade...
Armant son épée, l'Alfar en face de lui attrapa ses dagues et tout deux se regardèrent d'un oeil malgré tout avide « Tu n'as jamais demandé à me voir. Alors, regarde moi mourir. »

Dans un cri de guerre, l'Orishala se jeta sur lui. Le bronzé se battit ardemment contre cette flèche qui lui tournait autour, se défendit avec brio, et tenta de le blessé avec bravoure. POurtant rapide lui aussi, son opposant ne devait pas être très fort mais juste assez agile pour le dépasser, et faire de lui quelqu'un d'intouchable. Puis le vent se leva, faisant tourbillonner la terre et la poussière. Cocoon essaya d'appeler les Dieux, mais rien ne fonctionna, et la brise s'arrêta.
« Même les Dieux m'ont abandonné... »
Ca ne lui servait plus à rien. Il se sentait dépassé et, à la fois, avait envie de vivre. Mais son esprit le perdait bien trop. Il commençait à perdre sa faculté de penser, de raisonner. L'Alfar profita d'une seconde d'inattention du bronzé, pour lui ficher une dague dans la cuisse, et l'immobiliser. L'autre vint immédiatement sectionner le muscle de son épaule, et briser l'os de sa clavicule. Hurlant de douleur, tombant à genoux, le guerrier tenta de trancher l'autre, mais trop rapide il se recula.
La Mort arrivait. Lentement elle glissait vers lui étendant son ombre, entourant l'Alfar pour ne pas le toucher, et commença à lécher les pieds de l'Orishala. Pourquoi lutterait-il... ? Dos contre un mur, il tourna la tête et vit Luka, en pleurs, prêt à tout pour venir.
Le Dieux lui avaient dit que ce petit être, qu'il mettait dans tous ses états, ne viendrait plus jamais. Et pourtant, il était là. Il était là en train de se battre mentalement pour lui. De pousser les gens pour essayer de venir sur la piste. Il était là. Et pour l'heure, c'était tout ce qui comptait.

Alors l'Orisha usa de ses dernière force, utilisant la magie pour sacrément affaiblir l'Alfar, qui ne comprit pas d'où les chaines encerclant son corps, venaient, et, d'un revers, il jeta son épée. La lame tourbillonna en avançant à une vitesse folle, et vint sectionner en deux le corps de celui qui devait être champion. La Mort elle, regarda Cocoon de son ombre morbide, avant de refermer le cercle autour de l'Alfar, et l'engloutir, le dévorant tout cru. Doucement, elle finit par se dégager, glissant sur le sol et le voile que Cocoon avait sur les yeux depuis quelques minutes, s'estompait. La douleur était si intense qu'il ne pouvait ni crier, ni bouger.
« Quel combat mes amis ! Qu'on emmène notre champion pour le soigner ! »
Il allait pouvoir bénéficier de soins...

L'accès aux sous-sols étaient interdits pour les visiteurs. Ceux voulant se recueillir sur ses dépouilles devaient attendre qu'ils soient brûlés et incinérés et si Luka voulait se jeter sur Cocoon, il ne pouvait pas. N'ayant qu'un simple pantalon, son torse et son épaule étant bandés, il se leva pour aller à la rencontre du vampire. Avant de se lever, il avait prit le temps d'ingurgité bien des potions, de manière à tenir debout.
La nuit était là, et quelques torches s'étaient éteintes. Dans les gradins, des gens finissaient de partir, mais peu. Le flot était déjà en taverne en train de festoyer, ivre d'alcool.
Alors Cocoon monta les marches, et se tint devant le vampire, à deux mètres de lui, peut être moins. Sa voix rauque retentit doucement, prononça son nom de velours « Luka... »
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Dim 13 Avr 2014, 11:49


Luka vint à douter de ce à quoi il assistait exactement … C'étaient non pas de ces combats épiques où chevaliers de renom et d'envergure s'affrontent dans l'ordre de la bienséance, mais bien une noble tuerie sans nom, sans consistance autre que la Mort : une décimation où iniquement on aspire à teinter de notre heaume et de notre lame du sang de l'adversaire plus qu'on ne prétend à la gloire ou autre sentiment gratifiant. Ici la mémoire des morts n'était qu'une règle qu'on bafouait sans scrupules tandis qu'on tranchait la tête du voisin ou qu'on ôtait un membre à son partenaire. Pas de lois, pas de mœurs, rien qui puisse retenir leurs armes de s'abattre sur l'ennemi, qui en fait ne l'était pas. Une peur l'enveloppait, cette même peur finirait par l'achever.

Le petit être vociférait – intérieurement – de douleur les plaies qu'on infligeait à l'orisha véhément mais refusait d'extérioriser ces cris au bon vouloir des spectateurs pour qui toute distraction était bonne à prendre qu'elle qu'en soit sa nature ou son ampleur. Ses yeux se perdaient dans les larmes, ses mains continuaient de les chercher dans ce brouillard d'émotions tout en retenant tant bien que mal les gémissements que ces perles vagabondes provoquaient. Chaque homme qui tombait était pour lui un supplice, un mal qu'il se devait de revivre à chaque fois que la faucille frappait un autre combattant, une torture psychologique de s'imaginer l'espace d'une seconde que ce dernier serait l'orisha. Il était un homme qu'on avait attaché, ligoté et à qui on clouait sans mal des pieux à travers cœur et membres, telle une simple aiguille qu'on enfile dans le tissu.

Les mots de l'orisha – qui le frappaient d'un coup d'éclair – n'y allaient pas avec le dos de la cuillère. Ils l'empoignaient plus fort que tout le reste, électrisaient son corps, le rendaient immobile. Même une fois les heaumes enlevés et leurs visages révélés au grand jour, Luka continuait de trembler de crainte, d'une épouvante déchaînée ; il paniquait de la fuite de son regard, de la Mort ses effets. Elle s'étendait sur lui, fléau invincible contre lequel le vampire ne pouvait rien.
*Si seulement je pouvais être constamment à tes côtés ! J'ignore ce que tu as pu voir dans ces visions, quelles folle conception les Dieux t'ont, à leur bon vouloir, infligé mais tu sais, tu l'as toujours su que je serais prêt à mourir pour toi. Mourir de ta main.* rectifia-t-il ses propos. L'heure n'était pas aux discours restreints ni aux paroles d'honneur, encore moins ses petites manies de politesse dont il venait de disposer totalement.

Son cœur bondissait dans sa poitrine, saignant, meurtri mais qu'en était-il de la douleur de Cocoon ? La sienne devait être moindre comparée à ce que l'orisha avait du braver, ce que ces êtres omnipotents et omniprésents lui avaient infligé comme maux pour une raison étrangère. Quand il vit l'orisha acculé, sans échappatoire, croyant y voir réellement sa fin, il ne put rester sur place et tenta de se rapprocher au maximum. Il criait son nom à tout va, écartait sans retenue ceux qui sur son chemin s'imposaient mais restait trop loin de son prince pour pouvoir palier à cet instant. Entre sa course désespérée et sa vue brouillée, la lutte s'acheva, Luka s'effondrant au sol aussitôt fut-elle annoncée comme si l'on venait de lui ôter toute sa force vitale d'un simple coup de fouet. Reprenant pied presque systématiquement dans un accès frénétique, il accourut jusqu'à l'entrée des sous-sols, où il savait se préparer les guerriers, et attendit mortifié.

Il se faisait nuit noire, les torches étant devenues le peu de lueur dans tout le majestueux et macabre édifice. Quand Cocooon surgit, il crut l'illumination et dans ce délire entraînant, sauta à son cou, l'enveloppant de ses deux bras sveltes avec une certain gare pour ses blessures. Il sentit son odeur, absorba sa chaleur, s'éprit du contact exquis de sa peau hâlée en effleurant chaque parcelle de ses phalanges glacées pour s'assurer que cela ne saurait être un effet de plus de sa mentalité illusoire. Il préférait largement faire ses confessions dans le face à face et non pas à travers ses pensées qui malgré toute leur sincérité la plus maladive, n'était guère accompagnée de ses bras affamés ou de ses yeux larmoyants.

Lui arrachant quelques baisers avant toute chose, avide de son touché, il laissa sa voix prendre le pas. « Parfois, lorsque la solitude me dévore savourant à souhait mes sentiments, et qu'il m'est impossible d'y échapper, je songe à t'emprisonner, te forcer à rester avec moi mais je sais que jamais je ne le pourrai en réalité. Tu es la liberté, son incarnation, son infant. Elle t'es bien trop précieuse pour que je puisse me permettre de te l'enlever, si jamais j'en avais le droit pour commencer. » fit-il en marquant une pause pour se reprendre, planter ses yeux dans les siens. « Tu m'as rendu la mienne qui plus est, celle à laquelle j'aspirais des années durant. Je ne veux pas être uniquement ton fardeau, toi qui est mon roi, toi qui est mon dieu. Je te vénère comme tel, tu m'es éblouissant. Si jamais la Mort avait réellement tenu à me priver de toi, j'ignore quelle horreur j'aurais pu commettre pour m'y soustraire … » ajouta-t-il. Sachant qu'il valait mieux abréger son discours qui se faisait déjà bien long, il logea ses bras dans le dos du géant ne voulant pas lâcher prise : « Je ne plaisante pas quand je dis que tu m'es indispensable, tu l'es beaucoup plus. J'ai cru mourir à mon tour ces derniers temps, affolé de ton absence. Je peux vraiment … venir te voir quand je le veux ? Tu sais vraiment ce que cela représente ? »
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Dim 13 Avr 2014, 12:38

Cocoon dégagea ses cheveux. Son torse nu, bandé, rayonnait de sa couleur miel, hâlée, sous les rayons de lune. Le flambeau des torches faisait danser son ombre sur le mur de l'autre côté, la découpant en escalier par rapport aux assises. Luka se perdit en larme et en discours. Le petit être avait évolué depuis leur rencontre, et chaque fois, il surprenait agréablement le Titan. Là, la poupée s'écrasa contre lui, se jeta à son cou, le faisant se plier à son désir pour pouvoir l'enlacer en pleurant, avant de finir par le lâcher, ne lui enserrant que durement son dos. L'Orisha passa une main dans les cheveux du type, dans ses boucles bleus soyeuses. Juste ça, juste cette caresse pourtant brutale, fit comprendre au géant combien il lui aurait été fort regrettable de mourir ici. « J'ai été bête... J'en avais oublié ta douceur Luka... » Dans tout ce qu'il entreprenait, le vampire n'avait jamais eu un mot plus haut que l'autre, et avait toujours respecté Cocoon en ne le frappant qu'avec des roses et des compliments. Alors que l'Orisha s'était montré, et à plusieurs reprises, comme le mâle qu'il était, viril et puissant, Luka n'avait fait que suivre, qu'obéir dans l'ombre, en se pliant aux désirs de l'homme.
Sa main glissa alors vers sa joue, puis sur son cou, pour doucement le serrer, le prendre dans sa paume. A cette échelle, ce n'était qu'une caresse, que quelque chose de doux et de tendre « Ta vie est bien plus fragile que la mienne... Et moi seul ai le droit de te la prendre. Je serai prêt à donner toutes mes richesses si tu franchissais le pas. Si tu acceptais enfin ma présence et que tu daignais m'appeler, lorsque tu voudrais me voir. Je ne veux pas que l'on te voit au Palais. Tu peux m'appeler, alors fais le, et je viendrai. »

Lâchant son cou, il accueillit les énièmes baisers de cette poupée, avant d'enserrer sa taille, le soulevant par la même occasion, pour le monter sur une marche où, d'habitude, les spectateurs s'asseyaient. Luka faisait sa taille, et Cocoon n'avait plus besoin de se baisser. Son autre bras était immobilisé pour quelques jours, le temps que le muscle et l'os se soignent. Un guérisseur avait su lui ressouder, mais il n'y avait aucune magie pour pallier au temps. Puis il répéta en chuchotant « Je suis ton roi... » Il ne savait que dire à cela. A la fois touché et... Etrangement désagréable. Quelque chose clochait, et il ne savait pas spécialement quoi. Fronçant les sourcils il finit par dire « Mais tu m'étonnes chaque jour. Je ne te pensais pas capable de te priver de moi autant de temps, sans me donner signe de vie... » Se reculant à peine, il attrapa son bras de l'autre avant de dire « J'ai une arme qui dépend du bon vouloir des Dieux et, cette fois-ci, ce fut la troisième fois que je suis allé au Temple des Esprits, pour comprendre cette... Mécanique. Et sans que je ne le sache, la Déesse m'a plongé dans une illusion. Une illusion où, étrangement, le sort s'acharnait sur moi, et où, quand est venu le moment où j'étais censé perdre mon entourage, eh bien tu es... Simplement partit. Tu m'as demandé quelque chose que je n'ai pu faire, et tu t'es détourné. Sans jamais me regarder. Si... Différemment de ce que tu es là... Et cette Aether m'a fait réalisé combien j'étais finalement un... Con*ard. » Il planta ses yeux dans ceux de Luka, avant de s'approcher de lui, le collant contre son corps « Mais même en sachant ça, je ne veux ni que tu partes, ni que tu me détestes, et si je dois te rosser de coups pour ça, j'en serai bien capable. Alors Luka, aimes moi. Sois à moi, jusqu'à la fin des temps. Jusqu'à ce que le monde s'ouvre sous nos pieds, pour nous dévorer de sa bouche putride. » Attrapant son bras, il le fit venir complètement contre lui, finissant par l'embrasser, mordant sa lèvre, ne pouvant pas se retenir à ce désir qui le consumait. Pourtant il voulait lui parler, lui demander encore bien des choses mais, lorsqu'il était ici, c'était impossible pour lui de s'attarder sur un quelconque discours intelligent. Il fallait qu'il s'approprie le garçon. Il fallait qu'il se prouve, encore et encore, que cette poupée lui appartenait corps et âme.

La nuit mordante s'était levée et avancée, et plus personne n'était là, sur les gradins. Cocoon tenait Luka dans un coin de mur. Il s'était décalé et reculé, pour le prendre en otage dans une surface où il ne pouvait fuir « Je ne croyais même pas que tu allais venir... Comment peux tu autant supporter cette douleur, qui est la même de mon côté ? Comment peux-tu vivre avec ça, qui chaque jour te rappelle qui je suis, et qui tu es ? » Il le regarda, mettant à nouveau la main dans ses boucles bleus, avant de sentir l'odeur de soie qui s'en dégageait « Je ne serai pas éternellement souverain. Quand je descendrai de mon trône, je serai heureux de voir qu'une personne sera là. Je serai heureux de laisser tout derrière moi, sachant que toi tu es devant moi. Alors je t'en pris, quand tu as besoin de moi, appelle moi... » Mais déjà il fourrageait dans son cou, pour le dévorer de baisers ultimes, sentant déjà son lui intérieur s'agiter, pour venir faire comprendre à Luka combien il lui avait manqué, combien il fut loin, trop loin de lui. Décalant légèrement sa main, appartenant au bras meurtri, il attrapa celle de Luka pour la poser sur son torse. Bien que ses doigts gelés parcouraient aussi ses bandages, il voulaient le sentir, il voulait sentir ses caresses sur chacun des reliefs que ses muscles bâtissaient.

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Dim 13 Avr 2014, 15:23


Luka se fondait entre reflets sombres et faible éclairage alors que dans ses bras il se complaisait parfaitement. Il détailla ses muscles de ses doigts frêles et de ses joues pâles, en parcourait la surface de ses blessures qui le meurtrirent autant que les coups eux-mêmes auraient pu le faire. Il partageait sa douleur comme sa tendresse apaisante, captif de ses bras et de ses caresses. Son odeur l'enivrait, légèrement poivrée mais avec une touche masculine dont Luka n'avait jamais sentit les effets. La sienne, fraîche et sucrée, s'y opposait par sa légèreté, une brise de printemps, une fleur qui jamais ne se laissa faner. Son corps de titan opposé au sien réduit en chair, ses yeux vairons teints de désir, sa voix enrouée plaisante à l'ouïe crépitant de sa flamme ardente. Une fois ces deux domaines promptement explorés, parsemés de sa propre essence tandis qu'il aspirait à son tour celle plus forte du bronzé, venait habituellement le tour de ses lèvres, que l'orisha lui-même ne se priva pas de lui arracher avec complaisance.

Reprenant sa position ferme, clouant son torse à celui du prince, il l'admira : complémentarité de deux moitiés qui se complètent, pallient les faiblesses de l'autre tout comme elles en deviennent une à part entière.  « … et moi la plénitude de ton touché et de tes bras » lâcha-t-il dans un souffle quasi inaudible au creux de l'oreille du concerné comme pour compléter son affirmation et l'étendue de son inexactitude. Son corps l'acceptait inconsciemment, se pliait sous ses gestes, s'adaptait à sa carrure, se tordait déjà entre ses paumes et ses doigts de géant qui d'un geste parcouraient son cou et son torse de poupée. Il respirait lourdement pour tenter de reprendre un semblant de lucidité, les sensations procurées étaient déjà actives à l'excès quelques minutes à peine après leurs trouvailles tant attendues. « En es-tu bien certain ? » s'enquit-il auprès de l'orisha, sachant pertinemment qu'une fois sa permission accordée, rien de plus ne saurait le restreindre de réellement le quérir, l'appeler.

« Je n'ai que faire de richesses ou de pouvoir, la seule chose qui m'importe c'est toi. Je crus te perdre pour de bon aujourd'hui encore et je crus en devenir fou. Je le serais sûrement devenu si par miracle je ne me donnais pas la mort avant … Tu es bien le seul à me faire aller jusqu'à de telles extrémités et me connaissant, je voudrais te voir tous les jours si je le pouvais, d'autant plus après une telle frayeur. Je me fais avide et égoïste te concernant, donc ne te prive pas de me remettre à ma place. » fit-il en marquant une brève pause, mâchant ses mots comme s'il avouait devant lui l'ampleur de ses sentiments, cette possessivité à son égard que lui-même ne voyait d'un très bon œil en vue des valeurs de l'orisha. « J'ai peur de te déranger Cocoon, dans ton travail, dans tes tâches dont je suis loin de connaître l'envergure … Tout comme j'ai peur de me laisser entraîner. Je suis tombé si bas que même la simple pensée de te voir selon mes envies m'emplis de joie. Si cela continue, je risque d'avoir même la folle idée de me trouver une résidence à Mégido juste pour être plus proche de toi … » révéla-t-il enfin.

Se laissant porter, entraîner, voyant l'orisha prendre le contrôle, il put enfin porter ses mains à sa crinière argentée qu'il ne pouvait qu'effleurer jusque là. La senteur, mélange de sueur et de produits paramédicaux, ne le dérangeait aucunement, et ne faisait à l'inverse que le rendre plus susceptible. C'était Cocoon. Lui et personne d'autre, pas une chimère, pas une illusion ni même un remplaçant insipide et dérisoire. Son protecteur, un dieu à part entière. Un homme avant tout. Brillant de part son prestige et sa prestance, un homme de parole qui jamais ne l'abandonna. Un homme à le rendre impuissant, à le faire sien sans mal, à rendre toute folle résistance parfaitement futile. Un homme précieux, le prince du désert, celui que jamais Luka n'oserait toucher, goûter cette noire passion qui lui transmettrait son sang mais dont il continuait de chasser la douceur.

Produit d'une rencontre fortuite, le voilà déclencheur d'une passion inouïe, l'idylle qui la garda intacte. Une chute vertigineuse, une bataille perdue d'avance. Sentier semé d'embûches qui pourtant vaut le coup d'être périlleusement traversé. Une dépendance totale, une dévotion à part égale. Un amour, la mort à la clé, un lien sans frontières qu'ils ne cessent de nourrir à chaque entrevue aussi courte qu'elle soit. Une attirance mutuelle, une passion qui ronge, un désir envieux qui se partage à chaque regard, chaque touché. Un lien symbolisant la vie comme la mort, indépendamment du point de vue, et auquel on ne peut mettre fin sans y laisser un peu de nous-mêmes, notre âme en somme. On s'y perd, on s'y confond, on s'y enfonce à n'en plus revenir. On s’enivre de sa douceur, on s'en jalouse, on le possède, du moins l'aimerait-on sincèrement. On s'attire, on se heurte, on se reflète. Une ambiguïté dans ce mélange de charme et de passion qui jamais n'eut de nom lui étant propre. Une relation si puissante, si parfaitement pure quoique puisant dans le charnel de plus en plus d'ambition comme si l'autre n'offrait jamais assez de lui-même.

Il buvait ses paroles, écoutait son discours d'une oreille attentive tout en gémissant tendrement et avec émoi il se vit le regarder comme pour affronter ce qu'il gardait au plus profond emmagasiné. Ses yeux rivés sur les siens, il n'en détourna pas un seul instant croyant qu'ainsi le bronsé pourrait y lire le sérieux des propos qu'il tenait, ne les prenant aucunement à la légère. « Tu en as bavé à ce que je vois et il me peine de savoir qu'une version aberrante de moi a contribué à cette torture … mais écoute moi Cocoon pour que jamais plus cela ne se reproduise … Peut-être que mes mots ne sont à tes oreilles que moyennement crédibles mais que mes actes au moins puissent te prouver ce que mes paroles ne le peuvent pas. T'ai-je seulement déjà demandé quelque chose en retour ? Tu as toujours su combler mes désirs et jamais de déception tu ne m'as apporté. Ce serait te mentir de dire que je n'attends rien venant de toi, car cela est impossible, mais je t'aime trop pour faire quelque chose qui puisse te nuire, à toi et à ton bonheur. Cela reste le plus important à mes yeux, plus que moi-même au final. » déclara-t-il tout en songeant au nombre incalculable de fois où l'orisha avait du se risquer pour lui, le sortir des situations les plus fâcheuses, se mutiler par sa faute et pour son bien.

Il resserra son étreinte avant de poursuivre. « Tu n'es rien de tel ! Que puis-je bien te dire, te conter pour que tu comprennes que je suis à toi, corps et âme, et ce depuis la première fois où mes yeux se sont posés sur toi ? Tu as été le premier et le seul que j'ai aimé. Tu es le seul à mes yeux, le centre de mon monde tout entier. Tout est fade en ton absence, morne, sans intérêt. Tu pourrais marquer au fer ton nom sur ma peau puisqu'il l'est déjà dans mon cœur, cela ne me dérangerait absolument pas. Mais dis moi, que puis-je bien t'offrir d'autre alors que je me suis vu dépouillé de tout ce que je suis pour te le donner ? » répliqua-t-il avec la ferme impression de se répéter continuellement mais sachant qu'il ne lui ferrait pas de mal de rabâcher encore et encore jusqu'à ce que cela rentre définitivement.

Les caresses s’agrémentaient de tentation et de provocation, mordillant ses lèvres, laissant sa langue partir à la rencontre de celle de Cocoon, prendre les rennes le premier. La cadence était difficile d'arrêter, la convoitise impossible à renfermer. Luka aimait la façon dont l'orisha le découvrait à chacune de leurs rencontres. Sa façon de parcourir tout son être comme pour s'assurer de la ressemblance de portion de lui, comment il s'aventurait dans ses confins sans pudeur et sans retenue pour ce plaisir charnel pur qu'il procurait en lui. Il aimait sa façon de le regarder, adorait la façon dont ses doigts arpentaient sa peau comme pour s'y accrocher et jamais s'en détacher. A quel point cela pouvait-il être facile de devenir accro d'une telle passion ? Facile, un touché. Il perdait le nord bien trop facilement mais Cocoon lui non plus ne parvenait pas à se restreindre en sa présence et il devait avouer que cela le réjouissait qu'il lui montre par de tels élans, laissant parler leurs besoins premiers, son manque et son attention. Il continua alors avec grand mal : « Tu sais bien qu'à mes yeux il n'a jamais été question de statut .. que tu sois roi, empereur ou un simple mercenaire voire même assassin, rien ne peut te priver de mon estime. Même si tu n'avais plus rien, je continuerais d'être là pour toi. Ma vie t'es donnée .. Je suis ta malédiction qui jamais ne sera levée. »

Et une voix sensuelle à son intention, rendit inutile sa dernière défense. Sa main sur son torse, il sentit une vague de chaleur affluer en lui de par sa paume, accompagnée par des battements rapides mais réguliers. Ses entrailles le rongeaient, palpitaient à l'intérieur, logeant le plaisir au creux de son ventre qui se tordait autant que tout le reste. Sa main afflua jusqu'à son cou, traversa son menton, dégusta ses pommettes autant que ses lèvres. Il contourna ses yeux, ses cils, pour venir s'acharner sur ses cheveux alors que ses lèvres s'attaquaient violemment à sa bouche. L'obscurité les enveloppait de son drap noir et privé de sa vue, Luka ne sentait qu'un besoin plus grand encore de l'inspecter sans craindre que son regard perçant ne voit ses propres expressions. Il chassait par moments les perles vagabondes, sanglots notables, de son beau visage de porcelaine mais refusait toujours de quitter les lèvres du bronzé.

Son torse, qu'il malmenait et pompait pour mieux atteindre sa bouche, restait à la hauteur du cou de l'orisha et ses bras ne lui permettaient que de scruter la zone un peu plus basse que ses épaules. Se détachant à contre cœur, il parsema quelques baisers sur le haut de son corps avec pour seule envie celle de s'approprier sa chaleur. Il s'arrêta, dévorant ses propres lèvres engourdies pour les faire retrouver toute leur saveur, alors que, haletant, il déboutonna le haut de sa chemise. « Touche … moi aussi … Je … veux te sentir, être tien … » souffla-t-il la gorgé nouée, sa voix tremblante. Le regard baissé, les mains tremblantes d'une timidité qu'il était heureux de pouvoir cacher, il continua son geste mais le cessa à mi-chemin, son torse dévoilé. Prenant ses mains de titan dans les siennes, les embrassant du bout de ses lèvres simplement, il les porta jusqu'à sa frimousse livide puis ses lèvres à nouveau, son cou, ses boucles, son torse pour enfin les forcer à envelopper sa taille nue, si fine qu'on la croirait incapable d'accepter convenablement la passion du géant.

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Dim 13 Avr 2014, 19:34


« T'as pas perdu ta langue Luka... Aah... » Cocoon poussa un râle en fin de phrase lorsque les mains du petit être se posèrent sur son torse, il colla son front au sien, appréciant son toucher. Il ne se focalisa que sur les sensations que tout cela lui procurait, et embrassa le cou de la jolie poupée, heureux de cette rencontre « Il n'y a que toi qui me fait me sentir si vivant... » Il redressa sa tête, et lâcha « Tu ne partiras pas. Je viendrai te voir dès que tu m'appelleras. Alors fais-le. »
Cocoon souffrait de ses blessures, mais la douleur s'estompa petit à petit quand il vit Luka dans des états de transe, le touchant au plus profond de son corps, et réveillant ses instincts les plus bestiaux. Cette attitude qu'il se donnait, les actes qu'il enchainait, l'Orisha n'avait qu'une envie, c'était de graver son nom au fer rouge sur sa peau. De déposer son empreinte à jamais sur lui, pour que de tous temps, il sache qu'ils s'appartenaient. Il en avait envie. Dès qu'il pensait à Luka, le Lien était assez vicieux pour l'accabler de visions et de sensations qu'il ne pouvait satisfaire que d'une manière. Cocoon se sentait frustré de ne pas voir distinctement le visage du petit être, et d'analyser concrètement ses émotions. Il voulait voir ses larmes, voir sa bouche se déformer sous ses gémissements, et bien plus... Pourquoi la nuit le privait-elle d'une chose si importante à ses yeux ? Puis advint tout autre chose.
Luka osa, prononçant des paroles pécheresses, faisant se redresser le bronzé aux cheveux d'argent, qui écarquilla les yeux. Il vit les doigts de pianiste, pourtant tremblant de l'éphèbe déboutonner une partie de sa chemise, avide de recevoir sur son corps, les mains géantes de l'Orisha. Regardant, légèrement obnubilé, ses mains bouger pour se poser sur le torse du petit être, il revit désagréablement, la scène où il lui creva les côtes, appuyant négligemment sur sa cage thoracique. Mais ses doigts rêches finirent par glisser, et il pu entourant très facilement la taille du vampire. Dès qu'il revint à lui, s'apercevant de la fragilité de ce corps, il cru s'étouffer, tan il désirait finalement le briser et le rompre. Ecartant les bras d'un geste vif, il déchira le reste des boutons de sa chemise, avant de l'enserrer complètement, remisant ses mains surtout sur ses reins, où il pouvait élégamment glisser dans la ceinture de son pantalon. Mais il en voulait plus, il voulait le voir, et savoir exactement ce qu'il ressentait « Luka... Il faut que je te vois... » Il ne pouvait pas attendre. Il fallait qu'il le voit maintenant.

Cocoon se téléporta dans la chambre où logeait habituellement le vampire, juste devant la fenêtre qui éclairait la chambre de ses rayons de lune. Dévorant sa peau de baisers, il finit par se redresser en regardant son visage. Une de ses mains glissa derrière, commençant à frôler l'ultime partie de son corps qui pouvait être capable d'endurer les pires souffrances qu'il lui infligeait. Il sentait les mains de Luka sur ses bras musclés, délicatement posées comme une plume sur le plus résistant des rochers. Il le vit pleurer, et vit ses yeux saphirs se fermer sur des émotions qu'il avait attendu depuis tellement longtemps. Reculant de quelques pas, il emportant le vampire avec lui dans sa chute. Cocoon tomba sur le lit, Luka sur lui, il le laissa tranquille. Sa main vint défaire son propre pantalon, devenu bien trop étroit pour l'accueillir, et caressa le visage du petit être. Son index glissa sur l'arrête de son nez puis sa bouche, pour finir sur son menton « Luka... aaah... » Il était impatient, il voulait qu'il le satisfasse maintenant, et qu'il arrête de le faire languir, qu'il s'occupe de lui. Alors il effleura à nouveau sa bouche de son pouce, avant de glisser sur ses crocs rentrés.
L'Orisha mit une main derrière sa tête alors que l'autre se trouvait dans la tignasse bouclée de son partenaire. Il laissa échapper plusieurs râle de langueur, ému de ce plaisir qu'il ne trouvait plus ailleurs. Son corps se tendit plus que jamais, ses muscles se bandèrent, devenant plus dur que jamais, et il bu toutes les sensations que lui infligeait la bouche aimante de ce garçon.
Serrant son poing, il finit par tirer sur sa tête, l'arrachant de contre son corps, voyant sa langue finir de lécher la salive qui aurait pu dépasser de ses lèvres « Viens ici. »

Cocoon l'accueillit dans ses bras pour le faire le surplomber et finit par le débarrasser de ses dernières frusques. Lui ne descendit de seulement ce qu'il fallait, ses habits, ne laissant dépasser que le nécessaire, qui était déjà bien assez pour que Luka s'en repaisse. Mais le problème survint au moment le moins opportun. Sa clavicule le fit tout à coup atrocement souffrir. S'asseyant, lâchant une grimace de douleur, il appuya son front contre l'épaule du vampire, prouvant malgré tout combien ils étaient intimes, pas que charnellement, mais en sentiment. Combien Cocoon lui faisait confiance « m*rde je... Je dois retourné à l'Arène... Habille toi... » Ce fut fait rapidement, alors que l'Orisha n'eut qu'un bouton à fermer. Se téléportant à nouveau, l'air frais de l'extérieur lui fit énormément de bien. Le bronzé fit un faux mouvement qui lui couta un peu, et il du rester tranquille, s'asseyant juste sur le rempart le plus haut, qui bordait le Colisée. Le vent soufflait énormément, et cette fraîcheur lui était bénéfique, remettant ses idées en place. Malheureusement, il n'était, pour l'heure, plus question de friandise, et leur corps s'en trouvèrent automatiquement frustré « Excuse moi je... Je suis désolé... Je n'aurais pas du faire ça... Mon corps est encore trop meurtri pour que je puisse forcer dessus. »

Assis sur la pierre sans dossier, il croisa les bras, avant d'aborder un sujet bien plus sérieux « Tout mon corps te réclame, mais je pense qu'il serait plus sage d'attendre. Ne serait-ce que quelques heures. » Ses yeux scrutèrent le corps du vampire « Si les Dieux le veulent... »  Combien de temps pourrait-il résister seulement ?
« Tu sais je ne t'ai pas tout raconté. Pourquoi je suis allé voir les Dieux... On va dire que j'ai acquis une arme qui, dit-on, renferme leur puissance. Puis, pour ma part, elle a très vite, plus fonctionné. Elle ne m'obéissait plus et finit par rester en ce simple objet. » Il montra le bracelet en forme de serpent, entourant son biceps « Alors au début on m'a dit que c'était par ce que je ne croyais pas en eux. Sérieusement, pourquoi j'y croirai ? Je veux dire, notre histoire, a nous, les Orishas, se base sur une prêtresse qui est devenu reine, qui nous a sauvé, et qui s'est élevé au rang d'Aether et, étrangement à partir de là, celle-ci n'a plus rien fait pour nous. Nous ne pouvions même pas la voir. Comme si c'était un déshonneur... Et puis tu sais les Dieux... J'ai été esclave, j'ai eu des chaines autour de mon cou, de mes chevilles, de mes poignets, depuis que je suis gosse, j'ai toujours été rejeté alors, sérieusement, si les Dieux croyaient un minimum en nous, j'estime qu'ils nous le rendraient bien plus que ça. Et ne laisserait pas des mômes, comme je l'ai été, dans le désarroi le plus total. Que veux-tu faire avec un boulet au pied, qui pèse peut être deux fois ton poids ? Rien. » Il soupira, assez agacé « Enfin peut importe. Je suis donc allé voir les Dieux, une fois, deux fois... Puis la seconde fois, la Déesse m'a plongé dans une illusion en me faisant comprendre que j'étais victime de ma propre vie. Qu'en résumé, c'était ma faute si j'étais né Orisha, si j'avais le teint basané et les yeux vairons. Délit de sale gueule. Qu'est ce que j'y pouvais ? Que tout ce que j'ai vécu, ce n'était que les conséquences de mes actes. Et que je ne méritais pas d'aide. Car si j'en bénéficiai, alors tout le monde aurait du en avoir, et ça, ce n'était pas concevable. Alors elle m'a montré une vision. La vision d'une vie que je détruisais pierre par pierre. Ma fille morte, toi et tout le reste, envolés, je me suis fait jeté du trône... J'ai du gravir les montagnes de glace pour avoir des réponses, et au final, on m'a juste amputé de tous mes membres, en me disant à présent de marcher et m'élever. » Regardant ailleurs il dit « Je suis pas du genre à me plaindre, tu me connais, mais j'ai tellement cru que tout était réel que... Maintenant, j'ai vraiment besoin de toi. De toi et des autres qui m'entourent. Donc maintenant je te le demande, trouve toi une maison, à Sceptelinôst, ou où tu veux mais pas à Mégido, pour que tu sois, toi et toi seul, mon refuge. Tu comprends, Luka... ? » Regardant le sol, il devint légèrement plus timide, comme gêné, malgré le fait que ce ne soit pas une déclaration d'amour pour autant « Car ce soir, grâce à toi, j'ai enfin retrouvé la vie. Tu n'imagines pas ce que ça fait de vivre avec un corps froid et vide, où à l'intérieur, rien ne s'y trouve, et qu'autour de toi, tout le monde avance, sans te regarder, pour finir par se détourner. Tu devrais voir comment j'ai changé, comment depuis ton départ j'ai changé et dont maintenant j'ai besoin d'un endroit... D'un endroit où je pourrais rester... » Cocoon ne regardait plus Luka, trop gêné par ces paroles qu'il trouvait déplacées, et qu'il s'était arraché de la gorge.
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Ven 18 Avr 2014, 23:02

La nuit respirait l'arène comme un animal tapi dans l'ombre. La nature, temple de vivants piliers aux centaines d'années d'existence, semblait se réveiller d'un sommeil allongé, accompagnant la mère lune dans son périple nocturne. La brise se levait mais semblait éviter les deux entités qui, liées par une empreinte de fer, assouvissaient un désir longuement opprimé. Luka n'avait plus son mot à dire, tout se ferrait selon les désirs de ce beau colosse, à la peau basanée des plus noires et infimes soirées d'été. A la surface s'étalaient des tâches de rousseur informes, nuancées de noirs et de rouges de la flamme qui en étaient à l'origine, et que Luka chassa du bout des doigts comme pour les éloigner du tissu hâlé convoité. Trop longuement avait-il gardé secrète sa fureur et ces solitudes suprêmes que l'orisha ignorait, trop longtemps avait-il résisté à l'envie de le voir sachant se noyer dans une mer noire, mais quand soudain les chaînes disparaissent, qu'il n'en est plus rien pour le restreindre, n'est-il pas naturel de se sentir quelque peu troublé ? Luka l'était du moins mais s'impatientait de cette communication plus vive et constante. Ce trop longtemps d'abstinence constante et omniprésente venait à présent de s'achever et il ne put empêcher une étreinte plus forte, un élan d'affection plus passionnée encore que les précédentes, voyant ses peines terminées.

Luka n'était pas un bon exemple de timidité et de chasteté quand il s'agissait de l'orisha, tentant ses sens des siens, se noyant dans l'attraction charnelle, livrant son corps sans nulle retenue. Le bronzé ne se privait pas à son tour d'une certaine bestialité sculptée dans ses mains de sidérite, qui d'un seul geste vinrent soustraire au vampire le peu de tissu qui cachait encore la poitrine du petit être. Une certaine ingénuité encore existante fit le vampire longer le mur de ses bras, détournant amoureusement le regard de celui de feu qui sans tarder l'embraserait sauvagement. Se laissant ravager, il resserra une fois de plus son emprise pour se retrouver dans la seconde dans un tout autre endroit, moindre de prestige, modeste d'apparat. La lueur blanchâtre à contre jour perdait encore plus dans son brouillard les yeux perçants du vampire, des orbes du saphir le plus majestueux lorsqu'il pleurait de tendresse, de ce débordement de fléaux qu'on lui infligeait. Cocoon lui-même s'égarait dans l'obscurité entre passions inavouées pour admirer ces effets qu'il amplifiait davantage de son gré pour rendre le vampire incorrigiblement éperdu de lui. Ses bras s'arquaient pour envahir le dos du titan, ses muscles définis qui son corps soulevaient sans mal, une plume tombée que des baisers de feu parsemaient avec envie. Effleurant sa zone la plus sensible, Luka dut choir dans ses bras, retenant des perles transparentes et des minimes cris de prendre le large.



Sur le rebord de la forteresse il s'abandonna, Luka s'y plia, ayant reprit ses esprits ou ce qui pouvait bien lui rester de bon sens. « Tu n'as pas de quoi t'excuser ! Je n'aurais pas dû me laisser ainsi emporter alors que je te savais blessé … C'est de ma faute si tu as asservi ton corps de cette manière … Je suis là et je le serai le temps qu'il faudra alors prends soin de toi s'il te plaît » demanda-t-il doucement alors qu'il serrait de ses deux petites mains le tissu de sa chemise tout en s'installant aux côtés de l'homme au ton, étrangement et abruptement, posé et réfléchi. Luka but ses paroles de la même manière qu'il l'avait fait jadis, peut-être même avec une attention plus distinguée car il lui révélait là beaucoup plus qu'il ne l'avait jamais fait. Il suivait des yeux ses gestes, l'articulation des mots qu'il comprenait avec une impensable douleur, qu'il imaginait tristement.

Venant fermer le cachot de ses bras sur une de ses jambes appuyées sur le rempart, tandis que sa tête plombait du côté de l'orisha, il commença sans trop savoir quoi dire, ému de ses confidences, révolté de ses obstacles, fière de sa résistance, heureux de sa force, agacé du mal qu'on lui avait fait. « Jamais je n'ai cru aux Dieux ou à alors bien faits comme beaucoup de mes semblables j'ai ouï dire. Jamais je ne les ai vu, connu ou ne serais-ce que pensé à leur existence, encore moins n'ai-je prié pour eux. Mais j'ai vu, contrairement à toi qui l'a vécu et qui reste encrée dans ta chair, les injustices qui se bâtissent ici bas. J'ai croisé au fil des années tout genre d'individus, souvent les plus mal intentionnés je le crains, en commençant par les orphelins démunis de tout, pour finir avec le plus avare des voleurs qui sillonnent villages et terres. Le mal est partout et les dieux, comme tu dis, n'y font rien. Il rôde, prêt à nous dérober ce que nous avons de plus précieux dès que nous avons le dos tourné … Mais bien que je sois impuissant, toi tu ne l'es guère Cocoon. Tu ne l'es plus. » lâcha-t-il sans savoir si ses paroles provoqueraient chez l'orisha la confusion, son courroux ou sa surprise.

Plantant son regard à l'horizon, entre la couverture étoilée qui les superposait et le sol sableux qui se soustrayait juste en dessous, il soupira également, soucieux de l'orisha et de son utilité dans toute cette histoire. Ses poils s'hérissèrent quelque peu quand quelques paroles quittèrent la bouche de l'orisha, des paroles rapportées d'une déesse quelconque qui pourtant lui firent l'effet d'une flèche. « Personne n'a choisi d'être né ainsi, ni toi, ni moi, pas plus qu'un autre. Nous essayons, une fois vivants de nous accepter et de changer notre destin pour qu'il s'approche de notre vision de l'idéal, une vie dont nous pourrions être fières, une vie que nous nous réjouissions d'avoir vécu. C'est idiot de nous imaginer capables de contrôler notre engeance ou de qui nous sommes la descendance. Tu t'es bâti peu à peu. Tu es parti de rien pour arriver jusqu'ici et personne ne peut t'enlever ces actes de bravoure dont tu as fait si souvent preuve. Tu as contrôlé des armées, tu es montée en force. On t'a reconnu. On te respecte. On t'aime. » clarifia-t-il, marquant une brève pause pour re organiser ses idées qui, pour être sincère, devenaient bien confuses au fur et à mesure qu'il laissait derrière lui la raison pour ne prêter que son oreille fine aux paroles que lui dictait son cœur, ses sentiments. Son regard s'était porté sur l'orisha à quelque moment pendant son petit discours, le regardant par dessus son épaule large qui n'avait aucun mal à l'accueillir, qui respirait à plein poumons la confiance et l'envergure. Luka ne pouvait s'imaginer être ne serais-ce qu'un peu le pilier d'un tel homme, être pour lui une sorte de fontaine pour lui redonner vie à chaque fois que de cette essence il vient à manquer. C'était captivant, ces mots qu'il avait prononcé avec difficulté, ces mots réconfortants et dignes de sa grandeur.

Luka reprit doucereusement. « Même si le monde entier venait à s'élever contre toi, que tu te vois ennemi des dieux ou de quiconque, sache que moi je ne t'abandonnerais jamais. J'ignore ce que tu as bien pu voir dans cette vision et peut-être cela fera perdre à mes mots leur intensité, mais sache que ce serait me tuer que de faire ça. Je serai toujours là pour toi. Peu importe où ma demeure se trouve car ma place sera toujours à côté de toi. A tes côtés, pour te soutenir, te servir, t'encourager, te plaire. Je veux être ton refuge si tu veux bien de moi, et qu'en ma présence tu te sentes bien, calme, en paix. J'espère seulement être à la hauteur d'une telle ambition … » ajouta-t-il avec un léger doute, s'étant mis à genoux près de l'orisha pour l'égaler en taille et lui parler de manière à ce qu'il voit la lumière et la confiance qui brillait dans ses yeux. Ils avaient traversé maintes choses ensemble et ils avaient perduré. Tant de fois s'étaient liés par le corps et l'esprit mais jamais Luka ne se sentit aussi proche de lui qu'il ne l'était à cet instant, la preuve tangible du lie qui les unissait et qui dépassait les domaines du charnel pour déboucher sur de véritables sentiments. « Tu comptes faire quoi pour la suite ? Tu as des projets ? » s'enquit-il brièvement de ses dix doigts croisés entre eux, laissant ensuite planer le silence et sa langueur excessive que seuls les hurlements des vents venaient interrompre.
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Mer 23 Avr 2014, 22:08


Cocoon regarda Luka. En le voyant, il avait la vision d'un petit être, à la voix fluette, se débattre dans un pot en verre aux parois si hautes et lisses, qu'il était impossible d'en sortir. D'échapper. Comme une petite fée prise au piège.
Citation :
« Tu n'as pas de quoi t'excuser ! Je n'aurais pas dû me laisser ainsi emporter alors que je te savais blessé … C'est de ma faute si tu as asservi ton corps de cette manière … Je suis là et je le serai le temps qu'il faudra alors prends soin de toi s'il te plaît »
« Idiot. Si je fais ça c'est que je le veux. Ose me dire qu'il m'est difficile de te manipuler ? Regarde... » Cocoon passa une main sous la chemise du vampire, touchant son petit corps de sa grande main, s'arrêtant et insistant sur des points qu'il savait sensible. Il sentit immédiatement Luka céder sous cette pression ardente, alors que le titan restait impassible, sourcils froncés « Tu vois Luka, regarde toi plier sous mes sens. Tu ne pourras jamais être acteur quand tu sera avec moi, sache le. Tu es la poupée que je corromps, et j'attend de toi autant de choses qu'un homme pourrait attendre d'une femme. » Il fit glisser sa main pour la retirer. Discrètement, il rajusta son pantalon au niveau de l'entre-jambe. Toucher Luka revenait à se chauffer à blanc. Mais conscient de ça, il était dans une toute autre optique, ici « Je suis le seul maitre des mes actes, et tu n'es que loyal envers moi, en obéissant à mes désirs. » Regardant ailleurs, face à lui, il admira faussement la piste de mort, où il s'était battu quelques heures avant « Ne me déteste pas, c'est tout ce que je te demande. » Lorsque l'Orisha lui révéla plus amples informations sur sa personne, il capta un Luka attentif et passionné par son discours. Quelqu'un pendu à ses lèvres, qui avalait le flot de paroles pourtant maladroit, du Titan.
Cocoon trouva cet échange agréable. Il avait la chance que Luka soit quelqu'un de lettré et, qui plus est, d'intelligent.
Attention.
Luka n'était pas intelligent, il était seulement lucide et réfléchit lorsque cela concernait le seul homme de sa vie.
« Mais que faire de cette puissance Luka ? Que veux-tu que j'en fasse contre eux, qui le sont cinq fois plus que moi ? Hasnna n'est même pas de mon sang. Je veux dire... Il y a quelques temps le monde a subit une infamie, les sans-âmes, levé par un sorcier puissant, on tué des êtres. Des fées, des anges, des humains... Tout ce qu'ils pouvaient, pour emplir leur rang. Et Hasnna, ma si petite fille, faisait partie de ces victimes. Elle est devenu aveugle à cause d'eux. Bordel, ils lui ont enlevé la vue à quatre ans, tu te rends compte ? Ils ont essayé de voler jusqu'à son âme pour en faire l'une d'eux... Et ce genre d'infamies, qui s'en soucie ? Nous. Mais Luka, si tu vas voir les Dieux, et que tu leur en parle, ils te diront que le mal des Hommes devra être réparé par les Hommes. Qu'ils n'ont pas à intervenir. Les Dieux ne seront jamais avec nous, et ils nous tiennent dans le creux de leur main. Même moi. Quand je vais au temple, je ne suis plus Cocoon. Je ne suis plus l'ancien esclave, je ne suis plus celui qui a fait sa vendetta en s'entretuant avec son maitre, je ne suis même pas un homme, je suis un Mortel. Un être éphémère et faible... Il n'y a aucune issu. Concernant la religion, nous sommes livrés à nous-mêmes. » Il soupira et dit « C'est pour ça Luka que j'insiste. Tu as de la chance d'avoir quelqu'un de plus fort. Tu m'as moi. Je te protègerai de tout, encore faut-il que tu m'appelles. Je me dresserai toujours devant toi, comme un mur infranchissable. Moi... Moi je n'ai personne. Et c'est lorsque tu te rends compte qu'après toi, il y a les Dieux, que tu te sens faible dans ta puissance. Que tu comprends que tu as fait tout ça pour rien, car, aussi important que tu pourras être un jour, jamais ta puissance ne sera reconnu par les plus grands, et personne ne te protègera. » Il regarda Luka « Ne te protègera sans risquer sa vie, j'entends. »

Citation :
« Même si le monde entier venait à s'élever contre toi, que tu te vois ennemi des dieux ou de quiconque, sache que moi je ne t'abandonnerais jamais. J'ignore ce que tu as bien pu voir dans cette vision et peut-être cela fera perdre à mes mots leur intensité, mais sache que ce serait me tuer que de faire ça. Je serai toujours là pour toi. Peu importe où ma demeure se trouve car ma place sera toujours à côté de toi. A tes côtés, pour te soutenir, te servir, t'encourager, te plaire. Je veux être ton refuge si tu veux bien de moi, et qu'en ma présence tu te sentes bien, calme, en paix. J'espère seulement être à la hauteur d'une telle ambition … » 
Alors que Luka s'était redressé, plein de vigueur et de confiance, Cocoon passa sa main dans ses boucles bleues, en enroulant une autour de son doigt « Tes... Cheveux ont poussés... » Il était presque timide de lui dire ça. De lui faire un compliment dissimulé, alors que juste avant il lui avait quand même annoncé être le pilier principal et l'enceinte protectrice de sa vie « Ca te va bien... » Il osa un sourire sincère. Ce genre de petits détails éphémère, chimérique, esquissé dans une nuit noire, seulement éclairée par une ou deux torches et la lueur des étoiles. La lune était aussi belle et pleine, les inondant de sa lueur stellaire, leur donnant des teintes bleutés. Alors que les yeux du petit être brillaient de conviction, le titan passa complètement ses doigts dans ses cheveux de soie, appuyant un peu plus sur lui, pour l'approcher de lui, le faisant quasiment venir sur ses cuisses, pour le tenir contre lui. Il fourra son nez et sa bouche sur son crane, sentant cette odeur capillaire florale qui le calmait tan. Luka était déjà son refuge, depuis bien longtemps...
« Parfois je me dis que le mieux pour moi serait de tout arrêter, et de partir. Loin des miens, loin de Mégido, loin des hommes. Juste... Avec toi. Comme ça tu seras mon cobaye pour mes nouvelles potions ! » Il dissimula ces paroles embarrassantes sous un trait d'humour mal placé, trop maladroit, mais quelque peu attendrissant « Mais je ne peux pas. Je ne serai pas un homme si j'abandonnais tout. J'ai fais du mal, on m'a fait du mal, et dorénavant ma vie est vide. Quelqu'un essaye de me remonter le moral. Une Ange, c'est gentils ces bêtes là. Toujours a vouloir bien faire, toujours optimiste... Peut-être trop. Je n'ose même pas lui faire face, alors que j'ai l'impression que mon corps, que mon cœur est mort. Il est dur de lui faire croire que ça va, de la voir repartir satisfaite, alors que finalement je ne vais pas mieux qu'hier, et que je n'irai pas mieux demain. Je ne sais pas ce que je vais faire... »
Il se redressa légèrement, mouvant un peu son bras dont la clavicule était douloureuse.
« Trouve toi une maison Luka. Je ne peux pas me résoudre à devoir te rejoindre dans tous les passes-rues du monde. » Le géant se leva dans une impulsion, se mettant sur ses pieds rapidement. Il avait envie, il avait besoin de lui dire qu'il était un genre d'homme horrible, qui couchait avec des femmes, qui menait une double vie, mais les mots restèrent coincés dans sa bouche. Dos à sa poupée, celle-ci ne pu voir sa grimace. Faisant volte-face il rajouta « Je vais aller me reposer. Tu viens... ? » Exécutant un signe de tête assez ordonnateur, il descendit les quelques marches et pénétra dans les coulisses.

Les murs en pierres faisait régner une ambiance gelée dans les sous-sols.
Cocoon longea les couloirs, avant de tourner à droite, et d'arriver dans une chambre sans porte, suite de l'infirmerie, où il vit sa couche. Chuchotant pour ne pas réveiller les autres blessés qui dormaient à poings fermés il dit, mettant une main sur sa bouche « P*tain, j'étais allongé là-dessus tout à l'heure... ? » Son lit était une planche de bois surélevée, de la paille tassée et éparpillée, et une peau tâchée et sale, étirée par dessus. Puis il capta. Ils étaient dans une infirmerie rudimentaire, et son sang imbibait encore le bois « Luka... Tu as mangé ? » Il se tourna vers lui, se demandant si sa poupée n'allait pas devenir carnassière. Immédiatement, lui-même eu un mouvement de recul, se mettant sur la défensive

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Jeu 24 Avr 2014, 23:20


Cocoon avait pertinemment conscience – guère étonnant si l'on considère les confessions usuelles – du charme qu'il pouvait exercer sur le petit vampire. Il savait quels gestes esquisser, quels mots prononcer, voire même comment effleurer de ses paumes hâlées le visage torturé du jeune homme, incapable d'opposer la moindre résistance. Il savait comment le faire rendre les armes, comment lui faire perdre la tête, perdre la guerre par la même occasion, et non pas seulement une bataille parmi tant d'autres. Ses mains frôlant sa peau nue suffisaient à le faire gémir, à chauffer à blanc le corps livide sur lequel lui-même n'avait pas un total contrôle. Il le dominait, cela n'avait jamais été question du contraire, des rôles divisés avec distinction qui se lisaient intégralement.

Cocoon restait de marbre, cachait l'émotion charnelle dont il pouvait faire preuve à son contact, tandis que Luka l'affichait clairement sous les les plus vifs étendards. Il mit sous peu fin à son martyre, clamant sa domination et ses envies sur le petit corps de chine, tandis que celui-ci reprenait une lucidité après ce simple contact. « Et je comblerai tes attentes aussi longtemps que tu me le permettras. Je n'ai jamais appartenu à personne d'autre que toi, j'ai toujours été ta poupée de porcelaine, douce et fragile, que tu peux briser à souhait, dépraver mais pas abandonner. C'est là la seule chose que je te demanderai de tout temps. » affirma-t-il tel un petit chiot apeuré qui baisserait les oreilles devant un maître qu'il craint de perdre, devant une convoitise dont il a peur de se voir privé tant cette dernière lui est précieuse ou essentielle à son bonheur.

Leurs regards s'évitaient, celui de Luka comme empreint de rougeurs intenses provenant de cette proximité étrange qu'il ressentait, l'orisha piquant à vif ses nerfs, le rendant incapable de calmer cette impatience oppressante. « Quant à ta ''demande'', t'ai-je seulement donné une raison à tous ces doutes et interrogations ? Jamais je n'en serai capable et j'aimerai au contraire que nos liens jamais ne se brisent. Je t'appartiens, je te suis dévoué, tu le sais. Jamais je ne pourrai te détester, te vouloir du mal, te repousser, te chasser, et j'aimerais mieux m'arracher le cœur plutôt que de te blesser, même si j'ai conscience de l'avoir déjà fait à mon insu … » fit-il d'un air coupable, des souvenirs douloureux regagnant son esprit qui supportait on ne peut plus mal leur présence. Les échanges s'intensifièrent, Luka qui ne voulait que son bien, éprit son récit d'un mal inconscient que le bronzé n'hésita pas à bafouer.

Il est vrai qu'il n'avait pas idée de la violence avec laquelle de tels événements vinrent ébranler la vie de l'Orishala, se trouvant châtié pour des crimes qui ne lui incubaient en rien. De quel crime pouvait-on bien l'accuser en réalité ? Criminel d'être lui, l'orisha qui traversa terre et mer pour se retrouver et se reconstruire sur de nouvelles bases ? Criminel d'avoir tenté de sortir son peuple de la réclusion et de l'esclavage ? Criminel d'être le fruit de ses erreurs et d'essayer de combler le vide créé ? Criminel d'avoir fait le mal et de se racheter par le bien dans l'espoir d'un jour nouveau ? Il pouvait être coupable de  bien des choses mais il était aussi une victime inévitable du sort des hommes que les dieux ne faisaient qu’aggraver.

Luka tressaillit à l'écoute des mots de Cocoon, voyant le sort qu'ils avaient réservé à sa fille et à un si jeune âge qui plus est, comme la pire des calamités ... Pauvre perle, trésor précieux qui avait payé de ses yeux une vie qu'elle n'aurait jamais dû risquer de perdre. « C'est souvent les plus faibles et inoffensifs qui subissent les plus grandes injustices et portent les plus lourds fardeaux qu'on leur inflige malgré eux … Les hommes sont à blâmer et pourtant ils se purgent de toute culpabilité … » commença-t-il avec une certaine hésitation mais un agacement encore plus grand, une amertume d'autant plus intense en s'imaginant tout le mal qu'il s'était épargné, qu'il avait lâchement éloigné de lui avec ce siècle d'enfermement. « Des bêtes animales commettant des atrocités sans crier gare, bafouant sans droit les valeurs qu'on leur instruit à la naissance et la faisant payer à ceux qui jamais ne dévièrent du droit chemin … Ils massacrent, s'entre-tuent, sèment les graines de la violence autour d'eux pour qu'un mal extérieur vienne les germer … Qui plus est, de telle sorte qu'une fois la croissance lancée, ils ne sont plus en mesure de la contrôler, de la garder à huis clos. Cela dégénère à l'excès inévitablement. Et même, lorsque se présente un ennemi commun qui risque de les exterminer si aucune mesure n'est prise, ils se voient impuissants, incapables de s'unir en un même peuple pour le bien commun, frôlant la tragédie, l'extermination, l’apocalypse en d'autres termes. » fit-il dans un long monologue, preuve de son indignation envers une telle souffrance aléatoire …

Luka avait prit le temps de voyager ces dernières années après avoir retrouvé une vie un tant soit peu civilisée, mais c'est à peine s'il reconnut cette nouvelle vision du monde, bien loin de lui plaire. Des esclaves à n'en plus finir, des hommes ayant pour seul logis les rues délabrées qui, une fois la nuit tombée, se teignaient des tons les plus lugubres formant une mosaïque de tâches noires informes et de pointillés blancs sur les pavés mal nivelés. L'anarchie semblait s'être mêlée à la terre mais il était le seul à la percevoir, sans personne pour y mettre fin. « Les dieux ne sont que des lâches qui assistent au martyr d'une humanité sans avenir. Ils la voient se détruire, s'arracher elle-même ses entrailles, tuer ses enfants comme ses frères, se mutiler ouvertement … Et pourtant, malgré toutes les prières de leurs sujets ici-bas, ils ne se daignent à leur venir en aide, à y remédier. Ils sont trop égoïstes pour réparer les erreurs des hommes - qui pour commencer ont été élevées en créatures du péché - et laissent cette charge, ce fardeau colossal à des hommes tels que toi, qui auraient la force de le supporter. Alors, pourquoi les jalouser ? Jalouser cette puissance qui ne leur sert que de titre posthume ? Tu es un mortel, tu as des doutes et des faiblesses comme tout autre, personne n'est parfait. Pas même les dieux. » affirma-t-il, ignorant si ses paroles étaient réellement sensées ou s'il tissait là une toile de paroles qu'il était le seul à pouvoir déchiffrer.

Réponse étonnante de sa part, mais le vampire savait manquer d'aisance et d'esprit pour apaiser les peines du titan que lui-même n'arrivait pas à faire cesser, et il s'en voulait naturellement. Cependant, ses yeux s'écarquillèrent de surprise en entendant la suite de son discours, faisant la bouche en cœur. A l'entendre parler, on croirait presque qu'il n'était rien d'autre qu'une entité protectrice pour le vampire, présente dans les moments de détresse pour le sortir du danger et l'empêcher de finir ses jours prématurément. « Quand on est faible, on a pas l'embarras du choix, je m'y suis fait. Je suis faible. Je sais également que je ne suis pas fiable et encore moins d'une quelconque utilité. Mais je ne veux pas que tu me serves de bouclier. Je donnerais volontiers ma vie si cela pouvait me permettre de sauver la tienne, certes. Je sais que je suis minable comparé aux dieux, comparé à toi et tant d'autres, mais j'estime que ta survie est une raison qui justifierait bien ma mort le moment venu. Je n'ai rien d'autre mais je convoite le pouvoir qui me permettra d'être autre chose qu'un poids en ta compagnie. Voilà tout. »

Luka aimait sentir ses doigts parcourir ses boucles de la racine jusqu'aux épis sans en négliger une seule mèche. Il aimait la chaleur qui affluait de ses doigts, de son souffle, de sa personne en somme. Il aimait cette présence qui le rassurait, qui lui permettait de retrouver le courage d'affronter de nouveau un inconnu régulier, cette insécurité et méfiance de ce qui nous attend au lever d'un soleil éternellement brillant. Le voyant détourner le regard, il déposa quelques baisers innocents sur ses joues, caressa à son tour sa chevelure argentée comparable à la lune qui se faisait discrète mais lumineuse. « Tout homme a droit à un repos bien mérité, même si hélas tout abandonner n'est pas la meilleur solution ... Viens me trouver dès que tu as besoin d'une pause, de t'écarter de ce monde si oppressant. Je trouverai un endroit où tu sauras te sentir bien. Je peux tout aussi bien venir à toi, ce ne serait pas la première fois. Il te suffit juste de le dire. » murmura-t-il en douceur alors que sa tête se déposait contre celle du bronzé. Il le suivit dès que l'exposition à l'air frais et la poussière il voulut quitter, s'approchant d'un destin plus effroyable encore, destinée qu'il ignorait.

La pièce sentait le renfermé mais dans cet air insalubre se mêlaient une panoplie d'autres odeurs plus ou moins plaisantes que le vampire sondait avec dégoût : l'odeur des médicaments que les vents glacés rendaient irrespirable, des senteurs d'herbes médicinales, à moins que ce n'eussent été des anesthésiants pour les estropiés ou tout autre lésion assez grave pour en nécessiter. Ces dernières se mêlaient à une fragrance répulsive de paille humide et de linge sale, qu'on n'aurait pas lavé depuis des semaines en dépit des combats successifs qui y prenaient place dans ce monument de mort, renfermant âmes, cris de douleur et une perdition pour la violence qui semblait avoir imprégné l'air en lui-même. Cependant, dès son entrée dans la grange, Luka crut sentir un arôme exquis, proéminent sur tous les autres, des effluves invisibles à l’œil humain mais que le vampire se dit vouloir capturer pour son compte, se les approprier. Il expira et inspira quelques fois dès que la huis ils eussent traversé, s'imbiba de cette fragrance pour s'assurer de son existence qu'il ne reconnut qu'après une énième respiration, réalité qui l'horrifia terriblement, coupa dans le vif cette fameuse envie subtile de propriété. Les mots de Cocoon confirmèrent ses craintes et se voyant posé la question fatale, il ne put rester de marbre ou se voiler la face.

Cachant de ses paumes la déformation qui prenait déjà emprise sur son beau visage, il commença à reculer, pas à pas, à s'éloigner de l'orisha qui lui-même s'était reculé, présentant probablement la bestialité surgir, les crocs s'allonger, la soif se corser. Au creux de sa gorge, une flamme brûlait, candide pour commencer pour enfin s'embraser, réclamant ce poison écarlate, cette drogue interdite dont il s'était épris malgré lui. Les pulsions se déchaînaient et Luka prit peur, inéluctablement peur aussi bien de la réaction du bronzé, des lames acérées en guise de mots et de regards qu'il userait pour l'empoigner sans le vouloir dans le but de repousser le monstre qu'il était en réalité. Ses mains agrippaient sa bouche à lui en briser les mâchoires, tandis que ses canines – qu'il aurait voulut briser, s'arracher sur place – s'allongeaient pour former une défense qui trancherait tout être qu'il prendrait pour victime, engeance animale qu'ils étaient.

Ses paumes, d'un liquide salé, se virent ternies. Des larmes, des remords et une vague d'excuses qui quitta ses lèvres par la même occasion. Un fléau de paroles, de sanglots et de tristesse l'accablait, et il était incapable de résister à une telle calamité d'émotions contradictoires. Il heurta la porte qu'ils venaient de fermer comme pour s'approcher de l'échappatoire d'une cage qui risquerait de devenir, non pas une prison pour lui, mais pour toutes ses autres proies potentielles, et s'y afféra. Plus ses orbes – dans la norme des choses, nuancées de bleus de mers -  se teignaient d'un rouge sanguin aussi vivace que celui de ses victimes, plus la culpabilité allait crescendo pour enfin le soumettre complètement.

« Pardon ! Je suis désolé, je … Je ne pensais pas que … Je n'avais pourtant pas faim et pourtant là je … Pardonne moi !! » s'écria-t-il sous un dernier spasme, par des tons aigus comme graves, d'une voix entrecoupée, larmoyante et désespérée, la voix de quelqu'un qui voit se détériorer devant lui toute la confiance qu'il avait pu bâtir avec passion et acharnement. Sentant la poignée de la porte sous ses doigts, il quitta une des mains qui cachaient l'inévitable vision de terreur pour se précipiter hors de la chambre close, hors du champ de vision de l'orisha. Il savait que peu importe les circonstances, jamais il ne l'attaquerait mais Cocoon n'avait aucun moyen d'en être aussi certain pour sûr … Il voulait juste fuir à des lieues de distance, se convaincre que tout ne s'agissait au final que d'une simple illusion mais l'espoir fait vivre l'on dit souvent et cette fois il n'aurait pas la chance de voir ce souhait exaucé. Il continua de courir une fois dehors, prêt à enfoncer ses propres crocs dans sa chair comme pour se punir. Il le vivait mal, c'était le cas de le dire.

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Dim 11 Mai 2014, 12:13

Cocoon observait Luka se tendre sous sa main avide de caresses, et brûlante. Il désirait ce petit corps vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et comme le disait si bien le vampire, il était sa poupée avec laquelle il pouvait tout faire. L'Orisha pu la martyriser autant de fois qu'il pu la combler. Ils étaient deux pièces d'un même tableau qui, séparées, ne ressemblaient à rien. L'homme voulait lui faire comprendre que même s'il était à lui, et qu'il ne tolèrerait personne de le toucher, au final Luka était libre de certains actes. Il se restreignait trop et, à la fois, d'impliquait trop dans sa vie pour passer inaperçu. Et puis des que Cocoon était en mal. En mal d'amour, en mal de sexe, il n'avait pas besoin des pouliches du Cabaret, il n'avait pas besoin d'une inconnue, aussi ivre que lui, dans une taverne mal léché, non... Il n'avait besoin que de Luka.
Le vampire qui se plierait a tous ses désirs, à son bon vouloir, ça lui allait largement, et même plus que jamais. Bien qu'il était seul, qu'il n'y avait que lui qui était aussi enchainé, aussi à ses pieds, il s'en contentait car peut être -un jour le réaliserait-il- il avait trouvé son âme sœur. Seulement ceci, Cocoon n'en avait pas conscience et, pire encore, il ne voudrait absolument jamais le reconnaître de son vivant. Luka était un homme tout comme lui, et ce Lien était une erreur. Dans sa tête ça n'aurait jamais du se passer comme ça. Ni pour le lien, ni pour cette relation au final malsaine.
Le Titan ricana. Le vampire venait de lui dire qu'il ne pourrait jamais lui faire du mal et, ô combien ceci était vrai, le contraire le fut tout aussi. Alors il attrapa son menton, un sourire en coin sur son visage, avant de dire « Le mal que tu m'as fait n'était qu'une vengeance par rapport à tout ce que je t'ai fais subir. Je sais aujourd'hui qu'à ta place j'aurai fais pareil. J'aurais peut-être même fait pire. Je t'aurai tué. » Les trois derniers mots sonnèrent comme un glas. Départit de son sourire, il jaugeait le vampire, lui ayant relever le menton, lui faisant comprendre que même s'il pouvait avoir eu des impasses, il n'avait pas intérêt à le faire trop souvent.

« Je suis cependant ravis que tu partage mon point de vue quand aux atrocités ayant existé par le passé. » Toujours assis, Cocoon frotta lentement ses mains l'une contre l'autre, plongé dans une réflexion « Quand tu fais de la politique, quand tu dois diriger un peuple, même si tu arrives à rallier la plupart des tiens sous une même bannière qui est la tienne, il est dur d'influencer sur lui pour le manipuler entièrement. En plus d'être contre mes principes culturels, pire, c'est contre ma volonté, et contre l'humanité. Alors non, les peuples ne pourront jamais être rallié car il y aura toujours des mésententes qui mèneront à plus que de simples bagarres, à des incidents diplomatiques, et ceci entrainera une énième guerre. Les Déchus ont déclaré la guerre aux Anges, car leur souveraine avait une dent contre ce peuple. D'accord, c'est valable, t'aime pas un peuple alors pourquoi pas mais... Entre nous... Le fait que le souverain n'en n'aime pas un autre pour vengeance personnelle, ne justifie pas le sacrifice de plusieurs peuples. Magiciens et sorciers, Anges et Déchus, Elfes et Alfars... Juste eux, il sera impossible de les faire se rallier, contre un ennemi commun, qui est la destruction de la terre. La vérité est dure, mais c'est la seule qui existe. » Il ne servait à rien d'être visionnaire dans ce monde où bien trop de races étaient contre d'autres, dans le seul but de génocider celle-ci « Comme tu dis... Les Dieux ne sont finalement que chimère... »

Cocoon se leva d'un coup. Les paroles de Luka l'énervèrent sur le champs et comme seule menace qu'il avait envers lui, il l'attrapa brusquement à la gorge, le plaquant au mur le plus proche « Je crois tu n'as pas bien compris. Tu ne décides pas de ta mort. Je suis le seul qui décidera quand ta tête se séparera de ton corps, et je serai ton seul bourreau. Tu est peut être faible, mais s'il m'incombe de te protéger alors je le ferai. Ma vie ne vaut pas la tienne, dans tous les sens du terme, mais je refuse que tu te vois comme un objet d'embarra. Compris ? » L'Orisha faisait en sorte que Luka ne touche pas pied à terre, mais son cou n'était pas prêt à être etouffé. C'était une menace, mais une douce menace, quelque chose qui se voulait puissant, mais qui, à la fin, était presque aphrodisiaque. Et Cocoon fut aussi faible qu'un autre homme l'aurait été devant cette vision. Les boucles bleus de Luka se débattirent presque pour lui, alors que ses yeux étaient larmoyants. Sa main pouvait bien toucher son poignet, quand bien même l'autre toucherait sa joue. Cocoon restait un homme... Trop cupide et avide pour se passer du plat qu'il avait devant.
Dégageant un pan de sa chemise à moitié déchirée, il passa sa main libre sur son torse blanc, rayonnant dans la pénombre, et s'enquit de sa douceur. Ses lèvres s'approchèrent de celle du vampire, sans le toucher, alors que son pantalon bleu quittait déjà son corps, ne laissant qu'un corps à demi nu, collé à celui, bien plus puissant, de l'Orishala. Sa main enserrait toujours son cou, peut être plus fébrilement, mais avec une excitation qui se remarqua, quand bien même Luka ne le regarderait plus dans les yeux. Lui même, son vêtement à mi-cuisse, ce ne fut que dans un geste qu'il écrasa le corps de Luka contre le mur, avec le sien. Sa main, à l'épaule meurtrie, quitta son cou pour venir soulever sa cuisse, faisant le tour du bassin de l'Orisha, alors que l'autre attrapa fermement sa hanche. Son corps fit le reste, étreignant ce corps si petit, si faible, si fragile qui, pourtant supporta de toujours ses étreintes brutales. Cocoon n'était pas soigneux avec lui, il était même violent et brutal mais le plaisir était ailleurs. L'Harmonie était par delà même leur sex-addict, elle était jusqu'à leurs âmes. Arrachant alors sans ménagement les plus nobles vertus au corps de Luka, il le fit sien une fois de plus, assouvissant leur envie de fusionner « Il... N'y a rien qui peut... te remplacer... » Non. Personne.
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Sam 24 Mai 2014, 00:26


« Jamais je n'ai songé à une quelconque vengeance, tout comme je n'ai jamais considéré ''mal'' ce que tu as pu me faire . Et ce n'est pas avec de telles menaces que tu réussiras à me faire peur. » articula-t-il sans malice mais avec une certaine intensité inhabituelle, tandis que son sourire semblait répondre au regard puissant, cynique de l'orisha, l'air de dire ''Jamais plus je ne te blesserai, toi ''. Les blessures étaient des meurtrissures mutuelles, que soit on s'infligeait à deux soit on les laissait baigner dans une agréable illusion. Eux, faisaient bien plus que d'échanger simplement les coups de couteau qu'étaient leurs mots, aiguisés tels de vrais poignards, ou les milliers d'aiguilles que représentaient chacun de leurs pores au contact de son double. Ils les partageaient ces maux ; ils sentaient la géhenne de l'autre sur leur propre peau, la douleur éphémère traverser leurs corps dans un mouvement simultané impressionnant. Ils étaient liés et qui sait de quelles conséquences encore - séquelles tragiques voire même funèbres - ce mot d'apparence si simple - formé de quatre piètres lettres, une maigre syllabe - il pouvait être à l'origine : tant de puissance et de fatalité ruisselaient de ses profondeurs, inconnues pour tout homme n'ayant pas été victime de ces chaînes. La lune les baignait de sa lumière argentée, couleur similaire aux cheveux de l'orisha qui luisaient d'autant plus à son contact.

Il continua sur sa lancée, faisant toujours preuve d'un certain esprit alerte mais pas rusé pour autant. « Un peuple gouverné par la force jamais ne serait tien, jamais ne te respecterait ou te vénérerait. Un peuple vaincu par la force, submergé, rabaissé par la puissance d'un seul homme, jamais ne se plierait à ta volonté. C'est une option qui jamais n'aboutira en un franc succès. Pour être roi, il faut, comme tu dis si bien, traverser tous ces maux et tant d'autres encore sans jamais perdre la face, risquer de perdre la foi de la nation toute entière qui est déjà, à elle seule, bien difficile à cerner. Les différents peuples sont quant à eux fait pour se battre entre eux, c'est inévitable car il y aura toujours un pour influencer la pensée de l'autre et le convaincre des péchés de son semblable. Jamais nous n'en finirons. » résuma Luka sachant qu'un tel sujet pourrait ne jamais se terminer, tant les conflits entre les peuples se voyaient nombreux et que le monde semblait crouler dans leurs abîmes, lentement mais sûrement.

Mais qu'étais-ce un roi au final ? Nombreux étaient ceux à n'envisager à cette réponse que les banalités de l'existence, croyant tout connaître de ceux qui leur permirent le cadre de vie de qualité dans lequel ils voyaient s'écouler leurs journées aussi futiles qu’insignifiantes. Les définissant par rien d'autre que ''sans cœur'' ou encore ''hautains'', ils se renfermaient dans cette bulle de pensée commune sans jamais chercher à atteindre la vérité, s'éloignant ainsi de plus en plus, tous autant qu'ils sont, de cette dernière. Luka, lui, savait les peines que Cocoon traversait, les devoirs qui lui incombaient après avoir revêtu une telle charge, les lois, la paperasse, les décrets, les réunions, l'armée, l'économie, la politique, entre tant d'autres domaines dont Luka n'imaginait pas l'étendue. Sots qu'ils étaient à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez, ils le dégoûtaient. La main de Cocoon, aussitôt cette pensée chassée, s'échoua au contact de la nuque du petit être, déclenchant ainsi les hostilités de ce contact physique qui se voulait peut-être innocent, par delà les douces menaces, mais qui bientôt se teinterait des plus flamboyantes couleurs. « Qu'il en soit ainsi. Ma vie est tienne, elle l'a toujours été. Cependant, ne sacrifie jamais la tienne pour épargner la mienne,. Sois avec moi le moment venu, c'est déjà amplement satisfaisant. » abrégea Luka envisageant probablement une mort s'approchant langoureusement, une invitation de la faucheuse dont il ne saurait rejeter la lame d'acier.

Parfois, et ce sans aucune mention préventive, le gagnait une envie irrépressible de crier. Crier. Hurler à s'en déchirer les poumons. Vociférer sa souffrance comme sa joie, ses mécontentements comme ses appréhensions. Parfois, il avait juste envie de se mutiler lui-même indirectement, et par des moyens tellement plus enviables que les déchirures de peau et écoulements de sang. Il se blessait lui-même au point de créer sur ce tissu de soie des cicatrices invisibles dont il se rappelait pourtant avec exactitude et minutie. Et l'orisha était, de loin, celui à lui administrer les plus belles plaies, celles qui duraient, éternelles mais chétives, et celles qui pénétraient profondément dans sa chair déjà meurtrie. Les mots doux, sucrés, les paroles amoureuses, adorées, qu'il prononçait si souvent ne semblaient pas prêtes à être prononcées à nouveau ce soir là. Il était d'humeur plutôt ténébreuse, renfermée. Après les récents événements et confidences que le bronzé avait pu lui faire, chagrin et déception se mêlaient en lui, haineux sentiments qu'il aimerait mieux ne pas manifester, préférant cette étreinte bestiale à tous les antidotes à ce poison qu'il lui administrait sauvagement. Il n'avait pas besoin qu'on vienne à son secours ni qu'on le sauve du mal, pas besoin en somme d'être délivré de sa prison d'ivoire plaqué en or. Il désirait uniquement, et ce ouvertement, qu'on le laissât s'en submerger, couler dans ses abysses.

Pour lui le mal, c'était Cocoon. C'était lui et lui seul à pouvoir l'atteindre, la seule façon de réellement briser son âme comme sa carcasse qui la retenait ici bas. Il représentait sa faiblesse et sa raison de vivre, le seul à pouvoir le délivrer mais aussi celui à le tenir en cage perpétuelle. La souffrance était pour Luka, en ces temps de peine intérieure, le meilleur des délices, une sulfureuse mais doucereuse liqueur. Il en redemandait toujours, venait à lui exiger ces plaisirs, le charmant - séduisant à souhait - sans le savoir. Il pleurait. Ses bras prenaient son parti, se rangeaient à ses côtés, le supportaient dans ses actes bien que tremblants et apeurés, craintifs face à ces sensations qu'il ressentait à chaque fois, sans jamais s'y faire, toujours plus intenses et incontrôlables. Les caresses furent brèves mais efficaces. Son corps était déjà préparé à l'accueillir et inutiles étaient les préliminaires. Ses jambes s’affairaient à sa taille, ses bras à ses muscles, sa tête se logeait contre son torse, dénudé lui aussi. Le mur, contre lequel il s'adossait, créa quelques entailles dans la peau fragilement glacée du vampire mais il n'en sentit que les débuts, bien trop inondé d'émotions par la suite pour ne serais-ce qu'y songer à moitié.

La fièvre montait et avec elle le plaisir, les sentiments. Une brise froide caressait à son tour la surface de porcelaine, cette dernière uniquement avide de chaleur et de torride. Un concentré de désir au fond. Ses mains le soutenaient mais essayaient de suivre la cadence. Ses hanches se tordaient d'elles-mêmes au rythme de ses mouvements, de leur déchéance, perdition à deux. Il acceptait tout de lui, que ce soit sa douceur maladive comme sa colère de titan. Rien ne pouvait le briser, outre ses deux mains puissantes qui finiraient réellement par l'achever. Il l'embrassa quelques fois, perdu à son tour dans la passion du moment . L'on ne distinguait plus, ou alors avec peine, les sueurs froides des deux corps, leur salive ou autres liquides tant ils semblaient fusionner pour n'en faire qu'un seul. Leur rythme respiratoire vint aussi à se stabiliser, une fois leurs deux corps vidés de cette essence impure et pour laquelle, pourtant, tant se voyaient déchus. La luxure avait quelque chose d'attirant de par son côté obscur et sans limites. Existait-il seulement une limite au désir et à la passion envers un autre être ? Luka semblait chercher ces frontières mais à chaque fois que son corps se croisait avec celui de l'orisha, celui-ci lui prouvait à quel point il avait tort de penser cela. Les limites, il était le seul à les atteindre, Luka ne pouvait que subir au fur et à mesure les répercussions délirantes qui ne trouvaient jamais de fin. Tout à son profit.

Spoiler:
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Dim 01 Juin 2014, 12:38

Dès qu'ils quittèrent les ramparts, descendant toujours plus pour arriver dans les coulisses en sous sol, où régnait la sueur, et la puanteur de corps mutilés et sales, Cocoon grimaça. En arrivant vers ce qui lui servit de paillasse pour dormir, il voulu récupérer ses affaires, mais fut bien mal à l'aise de voir autant de sang séché ou non, sur le bois et la paille. Se retournant vivement vers le vampire, il fronça les sourcils attendant une réaction, quelque chose qu'il n'aurait pas maitrisé « J'aurais pas du t'emmener ici... M*rde ! » Luka prit peur.
L'Orisha avait changé de mentalité quant à son cas. Il était normal qu'un vampire se nourrisse et il était simplement rassuré du... Fait que lui, ne pourrait jamais l'attaquer, quoi qu'il serait arrivé. Le problème était ailleurs, le vampire avait des souvenirs, souvenirs communs d'ailleurs, d'une ère où l'Orisha ne tolérait aucunement les agissements de ses êtres de la nuit. Et pourtant... Pourtant il avait accepté Luka, avec tout ce que cela impliquait.

La poupée s'éloigna, et Cocoon la poursuivit dans les couloirs « Luka ! » Le bronzé tendit le bras, et attrapa celui du vampire, pour le stopper dans sa course. Il savait qu'il ne voudrait jamais se montrer, lui faire voir clairement qui il était et, dans l'ombre d'un virage, dans le couloir menant au centre de l'arène, il l'arrêta « Arrête de fuir. Arrête de me fuir. Je sais ce que tu penses. Réfléchis, ça fait combien de temps que tout ça s'est passé ? Bordel... Tu es ce que tu es, je ne suis pas de ceux se voilant la face ! » Cocoon le retourna pour qu'il lui fasse enfin face, avec ses crocs qu'il dissimulait, et ses yeux rouges « Ouais... Ca ne me fait pas plaisir. Je... Ne comprends pas pourquoi c'est moi qui te mets dans un état pareil. Mais les faits sont là, tu dois manger. Retourne dans l'autre salle et nourris toi correctement, on en reparlera quand tu seras calmé. » Il le lâcha l'incitant à longer le mur « Et si tu t'enfuis, je te tue, c'est compris ? »


Il attendit que le vampire fasse son repas, de manière minutieuse ou au contraire salement, il s'en fichait bien mal. Tous là bas étaient en train de dormir, ou dans le coma d'une mort certaine, alors il savait que Luka n'en réveillerait pas un seul.
Le voyant revenir, avec une apparence un peu plus convenable, il finit par dire, appuyé contre le mur, les bras croisés « Tu ne crois pas que je suis plus intelligent que ça ? Tu n'as pas à douter de moi de la sorte. Te rappelles-tu seulement dans quelles conditions j'ai rejeté ta présence il y a de cela... Trop longtemps maintenant ? La question de rejet ne se pose plus à aujourd'hui. Je n'étais même pas roi, et tu étais encore soumis à tes pulsions les plus primaires. Nous avons évolué. Et ma vision des choses aussi. Si nous n'en n'avions jamais parlé, je sais pertinemment que si j'avais eu à te tuer pour ça, je l'aurais fais depuis longtemps. » Cocoon se serait détourné de lui, sans ménagement, pire que cette fois-là, dans les bois, où le vampire avait été doté d'une double personnalité, légèrement folle, le maintenant dans un état de survie et de bestialité. Cocoon et lui avaient passé des étapes, avaient subit bien des choses et dorénavant, c'était derrière eux. Pour autant, ils ne formaient pas le couple parfait. Ils ne formaient pas de couple tout court. Ils étaient deux hommes -et Cocoon avait du mal à le reconnaitre- liés qu'ils le veuillent ou non, et face à leur nature respective, obligé de s'accepter pour mieux s'adapter. Le bronzé, lui, avait annihilé, dans son esprit, depuis longtemps cette nature de sangsue « J'aimerai que tu me fasses confiance. » C'était à la fois tout et pas grand chose.

Il voulait partir d'ici, aller autre part et en même temps il était trop faible pour bouger. Il avait envie de s'asseoir, mais ne cillait pas devant lui, gardant au contraire cette image intacte, d'homme imbrisable, et inébranlable.
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Dim 01 Juin 2014, 22:50

Luka se figea, son corps comme son esprit incapables de suivre convenablement la succession d'événements et de réactions spontanées qui s'ensuivit. Son corps, en proie à des désirs inavouables comme il était conforme à son engeance malicieuse, réagissait avant même que son esprit, plus humble et raisonné, n'ait pu comprendre d'où provenait un tel aphrodisiaque. Il piquait à vif ses sens déjà en alerte pour les rendre tangibles, concrets, voyants ; rendait enfin toute résistance veine voire presque puérile. Les larmes n'étaient que les réceptacles d'un mal bien plus grand, de toute cette culpabilité qu'anéantissaient peu à peu la confiance qu'il avait en lui-même, cette assurance que jamais cette vision il ne lui imposerait. Les images étaient encore vives dans son esprit et la scène, paroles échangées et autres subterfuges mis en place par ce côté alternatif qui était le sien, que trop palpable encore. La fuite, une séparation forcée et inopinée, était à ses yeux sa seule option, la seule échappatoire qui lui restait pour se garder de ne commettre l'irréparable : lui qui était d'une part si envahissant, si perfide dans ses prises d'affection, lui qui restait par ailleurs si lâche et craintif face à sa propre indignation et à son rejet. Cette peur aveugle s'expliquait par ses antécédents, événements récents ou paroles blessantes dont il ne gardait au final plus un souvenir aussi limpide qu'il l'aurait souhaité, mais qui gardaient une réelle emprise sur les sentiments du vampire, encore à ce jour.

Pourtant, l'eau avait coulé depuis, le temps était passé insouciant et capricieux tandis que les saisons s'enchaînaient avec lui sans pardonner aux humains leur courte espérance de vie. Mais l'on dit bien que les cicatrices les plus saignantes, celle que les êtres les plus chers nous infligent en somme, ne disparaissent jamais complètement, et Luka voyait aujourd'hui à quel point ces dires s'avéraient justifiés. Ses membres se raidirent et sa respiration devint irrégulière, chamboulée. Cocoon n'avait jamais été une victime potentielle pour ces accès de folie interne et autres pulsions animales, mais sa confiance en sa retenue était faible, voire même nulle si l'on considérait les faits passés, et les séquelles étaient conséquentes quant à lui. Mais l'orisha, dont il n'avait pas envisagé la réaction tant il se voyait obnubilé par ses propres sentiments et appréhensions, le poursuit contre toute attente, l'empêchant de  fuir, de se faire la malle plus vite qu'il ne l'aurait pensé. Le contact de l'orisha parcourut tout son corps comme un jet d'électricité qui, malgré ses effets récurrents et répétés, se voyait emprunt d'une intensité nouvelle. Ses sens de prédateur à l'affût, ceux d'un chasseur de taille qui dominait les chaînes animales et domptait toutes les règles qu'on y avait fixé, causaient en lui un désarroi notable à se voir effleuré par cette drogue mobile qu'il touchait du bout des doigts mais se retenant de tout le reste.

C'était bien trop demander, et rien que de s'en éloigner, que de mettre une distance de quelques mètres entre eux, exigeait de lui une force et un contrôle qui, pour un autre, jamais il n'aurait pu supporter. Des sentiments puissants, une soif tout aussi entraînante. Sa voix retentit dans le silence et son écho atteint même la cour de l'arène qu'en ses dimensions démesurées faisait les sons se répercuter d'autant plus facilement. La lune continuait sa marche lente, comme si les prières ou les prêches de Luka, qu'une telle nuit ne prenne jamais fin, étaient réellement entendus, respectés. Le vampire s’exécuta et ce dès que les paroles du bronzé eurent traversé son corps, qu'elles se soient avérées plus décisives que les ordres précédemment dictées par le petit. « Je .. voulais pas .. j'ai peur de .. » commença-t-il sans jamais avoir la chance de finir. Ses deux mains attachaient son cou chauffé à blanc et cette soif sauvage qui se manifestait par ce biais la plupart du temps en l'oppressant de sa forte poigne.

Dans ses canines, allongées à l'excès à en devenir insupportables, se traduisaient les battements des cœurs des hommes dont elles causaient la mort tandis que cette douleur et manque irrépressible empêchait le vampire de parler. Des traces de ses ongles, plus pointus à leur tour, étaient visibles au creux de sa nuque et l'on discernait avec facilité ses énormes efforts pour garder à huit clos une faim méprisable. « Ton sang .. est une .. drogue .. pour moi, .. malgré moi » arriva-t-il à prononcer enfin, maintenant face à l'Orishala, avec une certaine retenue, explication trop brève et concise pour que ce dernier en comprenne le concept, pour sûr. Suivant les instructions du maître, il revint dans cette boucherie complète, cet assemblage de corps saignants et d'individus aux portes de la mort : en somme des proies faciles qu'il n'avait pas besoin de chasser ni de contrôler pour obtenir d'elles la capitulation totale ou un silence quelconque. A contre cœur, il pénétra dans la salle et observa l'assistance. L'odeur même de la pièce, hormis la senteur exquise qui émanait du lit du bronzé dont il essayait de rester éloigné, le répugnait irrémédiablement et c'était à peine s'il ne voulait pas calmer ses ardeurs en plongeant ses crocs dans sa propre chair plutôt que dans celle de ces malheureux … Mais hélas, il savait aussi que cela ne saurait suffire à le calmer et il n'était pas suicidaire, quitte à sacrifier un de ces mourants au passage, aussi macabre et terrible cette pensée puisse-t-elle sembler.

Il longea certains lits, laissa passer certains cris étouffés par les oreillers improvisés, cherchant probablement celui qui serait le plus à même de mourir dans la soirée – sans jamais n'avoir l'intention de le tuer - et représenter pour lui un repas convenable également. S'approchant de lui et prenant sa main entre les siennes – n'ayant aucune envie d'atteindre son cou pour une boisson exécrable dont il aurait pu se passer si cela ne tenait qu'à lui, il plaça une main sur sa bouche pour l'empêcher de crier ou de s'agiter au dépourvu. Il souffla un ''pardon'' informe avant de laisser ses dents acérées pénétrer la chair et en pomper la liqueur rougeâtre, ses deux yeux fermés. Ne privant l'homme que de la quantité minimale, strictement suffisante pour calmer ses pulsions et s'assurer qu'elles ne reviendraient pas le hanter, il s'en éloigna, essuyant, avec dégoût, du revers de sa main – recouverte par la manche de sa chemise – les coins de sa bouche d'où perlait un reste de substance dégoulinante. Quittant la chambre où l'on gardait ces malades confinés, le petit être n'osa pas lever son regard vers celui du titan … Car, avant toute plainte ou détestable reproche que ce dernier pourrait lui faire, la haine que Luka s'appropriait lui-même, était beaucoup plus déchirante.

Le laissant parler, s'exprimer sur des événements que par lui Luka n'aurait jamais remis sur le tapis, il esquissa : « Je ne doutais pas de toi ni de ta compréhension .. » réfuta-t-il tout d'abord avant d'apporter une explication plus claire à ses propos. « Mais tu aurais toutes les raisons de m'en vouloir ou de me chasser pour ça. Je ne doute pas de toi : j'ai peur de moi et de ce que je pourrais essayer de te faire. Mais il est vrai que depuis ce .. jour, nous avons bien changé et j'ai maintenant plus confiance qu'autrefois. Confiance que je ne tournerai pas ma soif vers toi et confiance de ne pas réitérer l'expérience de cette soirée. » Car une fois de plus, Luka avait peut-être un piètre mémoire pour les faits quotidiens ou ceux qu'il jugeait parfois – souvent à tort – négligeables, mais jamais il ne pourrait oublier des événements aussi marquants, qui l'ont presque conduit directement au fond du gouffre, à l’orée de la mort. Il s'était promis, juré, qu'il dépasserait ce stade, mais la peur d'une erreur passée restait présente, une qu'il était temps de reclure définitivement. Commençant son approche par un geste qui se voulait lent et hésitant, il la finit cependant dans une hâte mal calculée qui s'acheva au contact du torse de l'orisha. Il enrobait son torse de ses petits bras frêles, sans le serrer pour autant, frottant ses boucles bleutées pour se réconforter lui-même, égoïstement. « Tu as toute ma confiance. Désolé si je t'ai fait douter de cela. » ajouta-t-il innocemment.

Son emprise s'éternisa pour quelques minutes de plus, profitant de ce toucher chaleureux après que des flammes plus violentes l'ait embrasé de l'intérieur. C'était un havre de paix, le sien, celui qui par moments lui était réservé et près duquel il espérait toujours avoir sa place. Toutefois, il se souvint bien vite des blessures qui restreignaient les mouvements du géant et se força à s'en éloigner le touchant avec minutie et attention, cette fois comme si c'était lui qui risquait de se briser à son touché. Fouillant les alentours du regard, il ne put empêcher une brève hésitation et une contrainte étrangère. Longeant de sa paume glaciale le dos de l'orisha ainsi que son abdomen pour tenter de soulager ses peines, il le regarda fixement quelques instants avant de lancer : « Tu as trop forcé, j'en suis sûr. J'en suis le seul responsable. Tu peux encore marcher .. ? J'ai peur que non .. mais on doit quitter cet endroit. Tu seras mieux ailleurs, toute part mais pas ici .. »

Une ville se lit dans le cœur de ses habitants dit-on. Comment on y vit et comment on y meurt, ce sont les deux aspects qui marquent le plus l'espérance de la cité comme de la population qui y siège. Et si ce que l'on dit est vrai, Luka n'aimait pas celle où il se trouvait. Il y voyait des hommes rustres et des femmes sans cœur, une populace qui par ailleurs se plaisait de la peine des autres, non pas que cela fut anodin par les temps qui courent. De toute évidence, c'était idiot de sa part de s'en faire une image aussi renfermée, aussi ciblée sur les centaines de spectateurs qui avaient pu s'enthousiasmer à la vue de Cocoon qui massacrait, tuait alors qu'on lui faisait subir un véritable martyr en conséquence. Il ne devait pas les juger sous de tels critères et pourtant c'est bien ainsi qu'on divertit les peuples de la cité, qu'on les nourrit à base de violence et de liqueurs pour ensuite accabler les assassins et autres malfrats qui ne font au final qu'appliquer ce qu'on leur a appris depuis l'enfance. C'est du moins ainsi qu'il le voyait, qu'il se l'imaginait, et qu'il détestait enfin, et ce sans raison notable j'en conviens, les gens de la ville et la ville elle-même.

Lui demandant alors, malgré ses membres meurtris et tailladés de part et d'autre, d'avancer à ses côtés, il lui fit signe de s'appuyer sur lui s'il en ressentait le besoin, l'exposant - après une pause de quelques minutes à peine - à un effort qui semblait surhumain. Arrivés au dehors après une lutte acharnée, au contact d'une brise nocturne plus fébrile que celle en altitude, il le fit s'asseoir sur le premier banc qu'ils croisèrent – sans réellement lui laisser le choix en fin de compte – et s'absenta à son tour après un bref ''Attends moi '' très évasif. Une lumière incandescente en provenance de la pleine lune baignait les passants qui, à cause des bâtiments dont la taille et la posture étaient indéfinies, n'avaient droit qu'à quelques zones de lumière ça et là. La nature, de ses bruits et murmures, semblait se réveiller pour accueillir les deux seules âmes errantes, hormis toutes celles qui se perdaient à des lieues de distance autour de l'alcool et des fumeries. Prenant place à ses côtés après une course rythmée, il lui tendit une boisson jaunâtre, dans laquelle il avait ajouté un peu de liqueur pour lui donner un goût que l'orisha serait susceptible d'aimer plutôt qu'au naturel, et déposa au creux de sa main quelques pilules de santé artisanales, mais en faible dose. « Bois, ça devrait te faire du bien. Je ne doute pas que tu aurais fait du meilleur boulot que ce charlatan mais ça devrait t'apaiser quelques instants. Cela fait déjà quelques heures qu'ils t'ont administré ces médicaments, et au final je ne crois pas qu'ils t'aient soulagé véritablement .. » affirma-t-il d'un air inquiet, n'ayant pas idée au final de comment être utile à Cocoon dans une telle situation.
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Sam 07 Juin 2014, 10:33

Cocoon regarda Luka se transformer, lui faire face. C'était un être complètement différent qu'il avait devant lui. Un être sanglant, quelqu'un de névrosé par son addiction, prêt à planter ses crocs dans la chair. Ils étaient d'autres personnes qu'à ce temps là, dorénavant révolu, mais les instincts restaient des instincts. Cocoon était toujours sex-addict et Luka était toujours un vampire. C'était ça l'instinct.
La meilleure des drogues était, pour Luka, le Géant, et le meilleur des partenaires était, pour le Géant, Luka. C'était un cycle perpétuel qui ne finissait pas de s'enchainer, encore et encore, sans s'arrêter. Il fallait qu'ils trouvent une issue, ils étaient beaux à vouloir en trouver une mais, jamais, ô grand jamais ils n'en trouveraient. C'était comme ça, ils n'étaient pas fait pour en trouver une. Il fallait juste qu'ils affrontent leur nature, et c'était tout.
L'Orisha ne dit rien, le laissant partir à reculons pour s'engouffrer dans la salle des malades. Il réfléchissait. N'aurait-il pas pu lui donner son sang ? Cocoon détestait les vampires. Il détestait voir ces crocs se planter dans n'importe quelle chair, trouvait cet acte répugnant et primitif... Mais qu'avait-il, lui, de moins primitif ? Qui était-il quand il broyait les femmes, jusqu'à Luka parfois, en assouvissant son désir le plus charnel, la plupart du temps sous l'emprise de l'alcool. Qui était-il seulement pour faire la morale à Luka sur sa race et les méandres de son propre peuple, alors que lui, rien ni personne ne lui dictait de ravager les bassins de ces pauvresses passant par là.
Il était un fléau, tout comme Luka, et en aucun cas il n'avait à lui reprocher quoi que ce soit.

Levant les yeux, perdu dans ses pensées, il vit le vampire devant lui. Ses yeux étaient d'un bleu limpide, ses crocs avaient disparut, et tout était comme... Dans l'ordre. Rien n'avait bougé.
Décroisant les bras, il ne bougea pas, le visage sévère, fermé, les sourcils froncés. Attitude normale chez lui, dont la poupée ne s'indigna nullement, et dont elle avait même l'habitude. Luka voulu toucher le Titan, et finit par s'écraser avec hâte contre lui. L'Orisha ne bougea pas, ne scillant pas, avant de le voir frotter sa tête contre lui, presque les larmes aux yeux, et sentit ses mains dans son dos. Cette vision fut presque un crève-coeur pour lui, car il s'accabla directement, pensant être la source de ses maux. D'une main habile, il vint passer ses doigts entre les boucles du vampire, avant de le prendre par la taille, et de se courber. Il posa son menton et son nez sur son cuir chevelu, s'enivrant de l'odeur sucrée et douce qui émanait de sa peau et de ses fils de soie bleus, avant de le sentir se détacher. Silencieux, il se redressa, ne disant rien, n'ayant pas besoin de parler.

A ce stade, les paroles étaient inutiles. Ils ne parlaient... Pas. Ils n'avaient pas besoin de communiquer autant pour se comprendre. Bien que ce soit un outils très... Aidant, au final, qu'ils l'utilisaient ou non c'était pareil.
Puis le vampire, qui aimait lui, parler, finit par attester de sa blessure. En un sourire en coin, presque malsain ou carnassier, Cocoon répliqua « Marcher... ? C'est plutôt à moi de te demander ça... » Il ricana. Peut importait ce qu'il lui faisait, Luka s'adaptait et le vivait anormalement bien. Tout, de la manière la plus brutale, à la manière la plus douce, tout lui allait. C'était quelque chose d'assez rare de voir les gens s'adapter de cette manière et de manière aussi rapide. Luka avait aussi beaucoup de bon vouloir... Et concernant cette partie, il n'était pas celui qui rechignait devant l'énorme tâche.
Mouvant un peu son épaule il dit « Ca va... J'en ai vu d'autre... Tu te rappelle de l'arbre ? C'est pareil, ça va passer, je ne me suis rien déplacé. » Cocoon se détourna pour monter les escaliers avec le vampire « Ouais... Partons... La nuit commence à être trop longue à mon goût. » Il voulait surtout se coucher, se reposer, et reposer son corps.

Sortant de là, l'air vif lui fit du bien, balayant l'odeur pestilentielle de la maladie et du sang qu'il avait sur lui. Ce renfermé écoeurant. Longeant les chemins, ils virent des maisons, pour atterrir dans un village un peu plus loin. Dès que le vampire vit un banc, il ordonna à l'Orisha de s'y asseoir. Regardant autour de lui, presque mécontent, il lui obéit malgré tout, en poussant un soupir de bien être, dès que sa carcasse gigantesque se posa. Ca faisait du bien, il fallait l'avouer. Mais Luka, lui, était partit. Cocoon ne bougea pas, de peur de se faire mal, un faux mouvement, et quelque chose aurait pu se déplacer. Avec la fatigue il en devenait bien moins vigilant.
Alors le petit être revint, sa veste volant avec la brise, dans son dos. Un verre en terre avec une substance dont Cocoon ne su définir la couleur, tan la clarté lunaire changeait les teintes du moindre objet, et prit machinalement, les petits médicaments d'herboriste.
Ecoutant Luka, il avala tout sans respirer pour ne pas sentir le goût et posa le pot sur le banc de l'autre côté. Le vampire lui, s'assit à ses côtés.
Le Géant appuya ses coudes sur ses jambes écartées, faisant attention à l'orientation de son épaule, avant de dire « Merci. Il faudrait trouver une auberge qui pourrait encore nous accueillir. Je ne peux pas rentrer jusqu'à Mégido, et je ne peux pas sortir mes ailes sans risquer de me blesser... Aller, ne trainons pas ici... »
Le Titan se leva. Après avoir avalé les médicaments, il aurait fallut qu'il reste tranquille, qu'il ne bouge pas, mais lui il n'avait qu'une chose en tête : dormir. S'allonger et se reposer.

Dans le village non loin de l'énorme arène, ils purent trouver de quoi loger. Comme prévu, la porte était fermée. « M*rde... Attend. » L'Orisha attrapa la poignée, pour défoncer le barillet de la serrure avec sa simple force, démontant ainsi le mécanisme pour entrer « Est-ce que tu peux voir quelle chambre est libre... ? » Cocoon ne pouvait pas utiliser son empathie sur des gens qui dormaient, et puis il n'en n'avait pas la force. Finalement, ils trouvèrent une chambre, comme d'habitude, et entrèrent en fermant le verrou « Je dois... Me laver... » dans un effort il voulu enlever son haut, mais étant trop meurtri au niveau du buste, il bloqua son mouvement « Aide moi. » Il en était en colère. Mécontent de dépendre de quelqu'un « Viens... » Dans la salle d'eau, Cocoon vit la bassine pleine d'eau attendant les clients sales. L'Orisha su enlever le reste de ses habits, chaussures et pantalon, seul « Elle va être trop petite je... » Le Roi entra dans le minuscule bassin pour essayer de s'y asseoir mais... Que voilà une scène ridicule !
Cocoon était a genoux dans la bassine, celle ci faisant, en diamètre, à peine plus que la longueur de son tibia et son pied. L'eau, de même, lui arrivait à la taille, peut être un peu au dessus « Ca va être particulièrement laborieux... Luka, il faut que je me lave. »
Sortant de là, il enfila seulement son pantalon, et ses chaussures, pour sortir de l'auberge, trouver une sorte de thermes, même en plein air, mais quelque chose pour se laver.
Suivit de près par le vampire, ils finirent par enfin trouver des bassins d'eau tièdes, appartenant aux thermes minuscules du village.

Ni une ni deux, Cocoon se déshabilla à nouveau, et entra à l'intérieur déjà beaucoup plus à l'aise. Le sang séché s'évapora dans l'eau, et il prit presque plaisir à mouiller ses cheveux sale, qui, après quelques minutes, retrouvèrent leur blancheur « Tu as pris le savon ? Lave moi. Ma cicatrice ne fait pas mal, tu peux y aller. » Sur son torse, la même balafre y résidait depuis des années. De ce fait, Luka aurait pu oublier... Ou penser qu'elle le meurtrissait mais rien de cela.
L'orisha laissa ainsi le vampire le rejoindre dans l'eau, pour laver son corps, avant de se reposer contre le rebord. Il attrapa Luka, comme une ancre sur le monde, et le rapprocha de lui « On va y aller... Je suis en train de m'endormir. Et j'ai pourri leur bassin. » Passant doucement sa main sur la joue du vampire, il revint à la réalité et se leva pour sortir de là, exposant sans mal sa nudité, pour la énième fois en moins d'une heure, à l'homme qui partageait son âme.
De retour à l'auberge, dont les propriétaires n'avaient toujours pas été alertés de leur présence indésirable, ils regagnèrent la chambre, et Cocoon se départit définitivement de ses vêtements pour se mettre sous la couette. Il poussa un soupir bruyant et laissa le vampire faire ce qu'il avait à faire, avant qu'il ne daigne le rejoindre. Une fois son corps si peu vêtu, à côté du sien, brun, nu, et bouillant, Cocoon se tourna sur son épaule valide et observa le vampire avant de dire presque de manière inquiétante « Tu es conscient que, si tu restes avec moi, tu ne dormiras pas de la nuit... ? » Ouais, Cocoon était fatigué, mais pas quand il avait un petit corps comme ça à ses côtés, qui criait à l'étreinte charnelle. Son être appelait en permanence le sien, toujours en rut à ses côtés. Et ce fut inéluctable.
Cocoon ne les laissa dormir qu'au matin, quand le jour pointait au loin, dans des pays inconnus. Ses hanches roulèrent toute la nuit sur le corps froid du vampire, les envahissant d'un plaisir inégalable dont ils étaient les seuls bénéficièrent. Cocoon savait qu'avec quelqu'un d'autre, c'était différent et pourtant, il refusait encore, à ce jour, de l'admettre. Luka était un concours de circonstances.
Le rideau noir et lourd tiré, Cocoon s'endormit lourdement contre sa poupée, un bras possessif autour de son corps, alors que sa tête était fourrée contre sa peau froide, au niveau peut-être de son cou, peut être un peu plus bas, peu importait.
Il fallait qu'il l'ait contre lui.




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La Mort brille aussi par son absence [PV Lucrecia]

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