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 ♦ Question d'interprétation [Mitsuko] ♦ Test VI.

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Mar 27 Mai 2014, 23:21


Devais-je en retirer une quelconque leçon ? L'orgueil, dont j'avais fais preuve dans la complaisance interdite d'une existence paisible auprès de celle que j'imaginais sans peine être la plus belle des mortelles de ces terres, avait été puni. Dans une tendre quoique vicieuse ironie, je retombais dans les préludes de ma vie, où j'avais pour seule mais fidèle compagne la solitude. Fou était celui qui aspirait à obtenir plus que ce prévoyait les cieux à son sujet. J'avais cru m'élever et la chute n'en fut que plus douloureuse. Néanmoins, animé d'une rage muette et du besoin irrépressible de me défouler et de m'occuper, j'avais au profit mon énergie débordante dans la cause des miens. Durant des mois entiers, j'avais réunis les Rehlas, éparpillés à travers le monde, et leur avait parlé. Je dus être convaincant. Pensif et songeur, je contemplais sans rien dire les fondations d'une Cité qui s'érigeait lentement aux creux des Montagnes Blanches. Des centaines d'hommes et de femmes de mon peuple se donnaient corps et âme à ce projet, à ces rêves et ses promesses que j'avais murmuré un jour. Je faisais de mon mieux pour tenir mes engagements auprès de ses gens qui ne demandaient qu'à être enfin chez eux. Les plaines à l'herbe rouge comme le sang valsaient frénétiquement au gré de la brise marine. Au loin, j'entendais le fracas des haches qui abattaient quelques arbres blancs. Il était tard. Malgré tout, beaucoup travaillait encore. Ils avaient confiance en moi. Je crois même qu'ils m'appréciaient, dans une certaine mesure. Je ne devais pas les décevoir. Toutefois, ils avaient été plusieurs à me demander l'inconcevable. Liam fut celui qui engagea le mouvement. Puis les autres avaient adhérer à ses idées. Les miennes en fait. Ils me désiraient comme Chef Suprême de notre peuple. Du haut de mes deux mètres, je n'étais pas sûr d'avoir la carrure pour porter ce poids. Sous quelques conseils avisés, je décidais de partir un peu à l'écart de la frénésie euphorique pour réfléchir un peu. Le calme et la tranquillité d'une nature sereine m'étaient nécessaires pour plonger dans les méandres de mon esprit, que je savais déjà malade et troublé. L'envie ne me manquait pas. Seulement, ce n'était pas le genre de choix que l'on prenait sur un coup de tête. J'espérais être plus responsable que cela.

« Papa. » Mélodie posa doucement sa petite main sur ma joue. Tout en tournant la tête vers ma fille que je tenais dans mes bras, je tâchais de lui servir le meilleur sourire que j'avais à ma disposition en cet instant. La petite avait à peine un an, pourtant elle était grande et vive comme une grande enfant de trois ou une petite de quatre. Je ne m'étonnais guère de ces progrès incessants et de sa croissance un brin trop rapide. Elle n'appartenait pas tout à fait à ce monde, après tout. « Oui ma puce ? » lui soufflais-je en glissant ma main dans ces longs cheveux blonds quelque peu emmêlés. J'avais tenté de lui faire des nattes. Force de constater : c'était un désastre. « Partir ? » Même ma fille savait que je traînais. Magnifique. Dans un soupire amusé, je tournais les talons pour me mettre en route. Où allais-je ? Je n'en avais aucune idée. Beaucoup me dirait inconscient. S'en aller errer avec une enfant si jeune relevait d'une morale bancale. J'avais cependant lâchement jeté dans un sac que je tenais d'une main assez de provision pour m'occuper tout à fait convenablement de Mélodie, sans compter sur le fait qu'elle avait la fâcheuse manie de changer de formes, dont certaines n'avaient pas besoin de s'alimenter. Quant à moi, je me débrouillerai. Comme toujours.

Des coquelicots dansaient doucement. Ces fleurs au rouge inimitable me soufflaient que j'arpentais à présent le territoire du Temple des Esprits et ses milles étrangetés. Cela faisait des heures que je marchais. Fatigué, je me laissais simplement tomber dans les champs, tenant Mélodie à bout de bras au dessus de moi. Loin d'être épuisée et d'humeur joyeuse, elle rit volontiers. Les alentours semblaient la fasciner et elle tendit une main pour attraper quelques pétales. Je souris en la contemplant, avant de m'intéresser au ciel sombre et étoilés. En quelques instants, toute trace de gaieté s'efface de mon visage. Les astres luisaient. Sublime. J'aimais les scruter et rêver. Seulement, ces perles où se mêlaient le noir de la voûte et l'infinie clarté des étoiles ne cesseraient jamais de m'évoquer ses yeux. La mélancolie me gagna doucement et je songeais avec une pointe d'amertume à ce mariage raté et à cet homme dément qui avait décidé de me remplacer. Je donnerai cher pour connaître les motivations d'un être tel que lui. S'était-il réveillé un beau matin en décrétant qu'il allait volé la fiancée d'un autre une fois le grand jour venu ? Ou avait-il planifié son triste exploit à l'avance ? Je n'avais pas le cœur à chercher une quelconque réponse dans les étoiles et je fermais les yeux dans un soupire.

C'était de ma faute. Je n'avais jamais été quelqu'un de bien. Quelle raison aurait-on eu de faire à un lâche tel que moi un pareil cadeau ? Lily-Lune devait être mieux après de ce Taiji. Depuis la cérémonie, j'avais presque été chassé et je ne l'avais pas revu. Elle refusait de me parler, même de m'entrevoir. Ses pensées fermées, je n'avais pu tenter de dénicher une explication alors j'avais simplement accepté. Je parviendrai bien à revoir mes filles. Lily ne me l'interdirait certainement pas, à moins qu'elles décident que mieux valait un beau-père comme lui qu'un père comme moi. « Papa !» Les yeux bleus de Mélodie me fixait avec une once de reproches. Dans ses bras elle tenait un bouquet de coquelicots qu'elle fit tomber sur mes genoux lorsque je fus redressé. Je ris tout bas avant d'emmêler les tiges pour improviser une couronne que je fis tomber sur sa tête. Elle parut ravie.
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Mitsu
♚ Fondatrice ♔

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◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Sam 07 Juin 2014, 11:10

Mitsuko dansait doucement au grès du vent, écoutant une musique qu'elle était sans doute la seule à entendre. Tout était subjectif. Les sentiments n'existaient plus lorsqu'elle était déesse. Ils n'étaient que de l'histoire ancienne si elle le souhaitait, que des fragments de rien. Dans ses yeux se reflétait le monde et ce qu'elle voyait de lui ne l'arrangeait sans doute pas. Toutes ces vies arrachées, toutes ces révoltes. Cela viendrait, bientôt. L'injustice régnerait et sans doute serait-elle bien plus priée. Mais voulait-elle s'élever, à l'image des esprits du temple ? Voulait-elle devenir une douce omnisciente ? Cette maladie, puisqu'elle la considérait comme telle, rendrait ses heures divines bien fades. Elle se demandait comment pouvaient faire les Sympans. Jamais, jamais elle ne voulait tout savoir, tout connaître. La manipulation n'avait de bon que s'il était impossible d'en deviner la finalité, uniquement si le danger était présent, avéré. Danser sous la lune du rocher portant son nom lui manquait. Rêver en compagnie de cet homme lui manquait. Elle le haïssait pour les vœux qu'elle lui avait exhaussé, l'obligeant à ne point se voir révéler le moindre ersatz de son existence. Mais, d'un autre côté, c'était une véritable bénédiction car le jeu prenait un tout autre sens. Et quoi qu'il en soit, en redevenant mortelle, elle avait pris conscience du berceau d'illusions dans lequel elle s'était glissée seule. Elle ne ressentait rien. Peut-être l'avait-elle voulu mais la constatation s'était imposée d'elle-même. Son cœur était vide du moindre frisson, de la moindre chaleur. Il n'y avait que le souvenir de cette danse créatrice qui la hantait, celui-ci et les images du futur de ce monde. Toutes marques présentes sur son corps n'avaient d'effet que parce qu'elle le voulait bien et, à l'instant même où elle avait cessé de le désirer, elles s'étaient effacées d'elles-mêmes. Personne ne contraint les dieux à des rites mortels. Cela aurait été un comble. Elle était libre, libre des chaînes qu'elle s'était elle-même imposée. Tant mieux. Elle n'était pas une poupée attendant quoi que ce soit de la part d'un autre être. Elle était bien seule, sans entraves, sans faiblesses. C'était paradoxale au final car c'était en partie pour sauver ce qu'elle croyait être son bonheur qu'elle avait décidé de devenir mortelle. A croire qu'aucun n'existait en réalité, comme si le berceau d'illusions venait de disparaître à jamais. Le corps de la déesse dansait doucement. Était-ce la valse qu'elle exécutait avec grâce, imaginant un cavalier invisible ? Ses cheveux dansaient autour d'elle, suivant le rythme de sa robe d'un blanc toujours aussi immaculé. Elle réfléchissait, jusqu'à ce qu'elle le sente. Un petit sourire apparut sur ses lèvres. Enfin. Il était au rendez-vous, même s'il ne devait en avoir pleinement conscience.

Les coquelicots dansèrent un peu plus alors que Mitsuko apparut aux côtés du père et de la fille. Il semblait que l'homme était pris dans un cercle infernal, de ceux qu'elle avait sans doute faussement ressenti. L'amour faisait des ravages dans le cœur de ceux qu'il hantait. Jun était décidément bien cruel. Mais le destin en avait voulu ainsi. Bientôt, il serait prêt. Bientôt il ne serait plus un fléau pour personne, ou seulement les individus destinés à mourir. Mais la mort était un cycle, la mort était neutre. La jeune femme sourit doucement alors que sa voix perça l'air. « Le temps vous donnera raison, seulement si vous vous élevez au rang qui vous est destiné. ». Ses yeux émeraudes se plantèrent dans ceux du Rehla. « L'amour rend les hommes faibles. L'histoire de notre monde nous apprend que des titans ont été réduit à l'état d'insectes, à cause de lui. L'histoire de notre monde nous apprend que des hommes au destin glorieux ne l'embrassèrent pas, à cause de lui. J'espère que vous ne ferez partie de ni l'un ni l'autre car si vous souhaitez pouvoir un jour obtenir ce que vous espérez de tout votre cœur, il vous faudra bien plus de puissance. ». Elle sourit. « Malheureusement, votre voleur possède bien des atouts et des alliés. ». Et un avenir déjà tout tracé depuis des millénaires. « Rester ici à vous lamenter ne vous amènera que bien plus de désarroi, Caleb. ».
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Jeu 10 Juil 2014, 16:02


Elle dansait. Douce et rêveuse, elle tournoyait dans les coquelicots de sang comme si rien n'avait d'importance, comme si tout l'indifférait. Surpris, je la contemplais sans chercher à comprendre. Elle était l'un de ses tableaux qu'on ne pouvait qu'admirer en espérant ne pas le briser. Dans une ultime valse, je crus la voir sourire avant qu'elle ne disparaisse. Mon regard glissa sur les collines pourpres. Elle n'était plus là et durant un instant, je me mis à penser que mon esprit avait été mystifié. Je n'étais qu'un Rêveur à l'imagination un peu trop fertile, qui avait imaginé la silhouette fine et les cheveux blonds d'une Danseuse éthérée dont j'avais distingué les rondes de loin. Je soupirai, un brin agacé par mes propres fabulations. Je serrais doucement la main de ma fille que je tenais entre mes doigts tandis qu'elle marchait plus ou moins maladroitement à mes côtés. La couronne de fleurs tombait près de ses yeux bleus mais à l'instar de la femme à la chevelure claire, elle ne paraissait se préoccuper de rien si ce n'est de son petit monde. Tout cela se déroula en un battement de cils. Puis elle fut devant moi. De sa voix chantante, elle me parlait. Les mots s'enchaînaient avec tant d'aisance que l'on aurait pu jurer que deux vieux amis se retrouvaient après maintes années. Ses mires vertes emprisonnaient l'ocre des miennes. Elle semblait m'avoir attendu et s'adressait à moi comme si elle me connaissait. Nul doute qu'elle savait qui j'étais. Elle était même au courant des maigres et sombres déboires de mon existence. Je souris. « Je n'ai pas pour habitude d'être décontenancé de la sorte. D'ordinaire, c'est moi qui prononce le prénom de quelques inconnus avant qu'ils ne se soient présentés.» Je fis une brève pause, pensif. D'un regard, je parvenais à discerner le nom, l'espèce et des brides d'histoire de la personne que je scrutais. Étrangement, je ne lisais rien dans le charmant visage de cette femme. Les Étoiles étaient muettes à son sujet, comme si elles se gardaient bien de faire le moindre commentaire. C'était assez inhabituel. « J'imagine assez aisément que vous n'êtes pas de ceux que l'on peut croiser au détour d'une rue. » avançais-je avec prudence et retenue.

Songeur, je pensais aux paroles qu'elle avait prononcé et je me mis à rire. Je me faisais l'effet d'un dément. Néanmoins, ce rictus me paraissait approprié en vue de la situation. « Le temps me donnera raison. »répétais-je tout bas. « Pourtant à mesure que je le vois filer, elle m'échappe. » murmurais-je sans prononcer le nom de celle que j'aimais, et qui était mariée à un autre. J'eus un hoquet moqueur. « Elle est trop distinguée pour être amoureuse de quelqu'un d'autre que son mari.  Elle m'effacera à son profit, jusqu'à éprouver quelques sentiments pour lui. Qu'importe ses projets à lui. J'ignore ce qu'il compte faire. » A vrai dire, cela ne m'intéressait guère. Ce Taiji avait le don pour me taper sur les nerfs. « S'il la laisse, elle ne se remariera pas et je doute qu'elle veuille encore de moi. Les premiers sentiments qu'elle a ressenti pour un homme, bien qu'il soit à présent mort, n'ont jamais réellement été enterré. J'ai la désagréable sensation qu'elle ne voulait que lui. Que cet Orion Shidori. Jun lui ressemble un peu. Je suppose que ça lui plaît. » Par tous les Aetheri, que cela soulageait d'exprimer le fond de sa pensée. J'avais beau aimé de tout mon cœur Lily-Lune,  je savais qu'elle portait encore ces amours et ses peines passés. Cela ne m'avait jamais dérangé, pourvu qu'elle m'accepte à ses côtés. Ce n'était plus le cas. « L'amour n'est pas fait pour moi. Son deuil me pèse simplement. Ce temps dont vous parlez, j'espère juste qu'il m'aidera dans l'oubli.» A mes heures, j'étais un piètre menteur. Au fond, j'aspirais évidemment à ce qu'elle revienne vers moi. J'en savais assez sur le caractère de la Vénus pour me douter que ce ne serait pas chose facile et qu'insister me serait préjudiciable. Le Temps. Il serait le seul à décider. Dans l'hypothèse où Lily-Lune me pardonnerait mon écart et la naissance de mon enfant. Je m'étonnais d'être encore en vie. « Je ne compte pas éternellement me lamenter. Je cherche ma place dans ce monde. » Je soupirai une nouvelle fois. « Sans oser regarder dans les étoiles ce rang qui serait le mien. » Je n'étais pas assez sot pour ne pas m'en douter.

Mélodie lâcha ma main pour se rapprocher un peu de l'inconnue, qu'elle devait trouver belle. De ses grands yeux bleus, elle la contemplait en silence. Le croissant de lune doré qui ornait son front me parut plus scintillant que jamais. Qui qu'elle soit, j'espérais qu'elle n'ait rien contre les idylles des mortels et des célestes, ainsi que sur ce qui naissait de cette drôle d'union. « Je sais ce qu'on attend de moi. » murmurais-je en contemplant ma fille. En relevant les yeux sur l'étrangère, je conclus : « J'ignore simplement si je dois réellement le faire. Être Roi … J'ai réuni les Rehlas pour leur donner un toit, les aider. Cela ne suffit pas pour faire de moi un Chef.» Pourtant, je mourrais d'envie d'en savoir plus.
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Mitsu
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◈ Parchemins usagés : 36409
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Sam 15 Nov 2014, 15:15

« Vous avez raison. » avait-elle murmuré pour appuyer les dires de l'homme, un petit rire malicieux s'échappant de l'infini, comme si le paysage entier riait avec elle. Elle n'était pas de celle que l'on croisait au détour d'une rue, sauf si elle l'avait désiré ainsi, sauf si le destin le souhaitait ainsi. Celui de cet homme l'avait appelé, non au détour d'une rue, mais au détour d'un champ merveilleusement fleuri. Ce Destin criait au scandale, comme si l'amour de celui qui se devait d'être roi pourrait le vaincre, vaincre ce que les étoiles elles-mêmes avaient décidé pour lui. Il était vain de ne point croire en une certaine fatalité. Plusieurs chemins s'esquissaient mais, au final, il n'en restait qu'un, l'unique, celui qu'il devrait emprunter, celui dans lequel elle devrait guider ses pas. Aussi, elle l'écouta, sachant parfaitement ce qui tourmentait son cœur et son esprit. Cela devait disparaître ou, du moins, s'il ne le pouvait, être relégué à un statut secondaire. Les Rehlas avaient besoin d'un roi, d'un empereur, d'un guide. Il devait être celui-ci. Néanmoins, il semblait que parler de celle qui hantait son cœur lui plaisait. Elle finit par sourire. Orion, Jun, Vlad. La reine des Orines et elle avaient décidément bien des hommes en commun, bien qu'elle ne les considère, elle, en aucun cas comme des êtres à chérir. Elle ne savait pas chérir. « Hum... ». Elle s'écarta de quelques pas, semblant réfléchir un moment. « Savez-vous ce que certains disent de moi ? ». Elle tourna son regard vers Caleb, fixant ses yeux dans les siens. « Que je détruis ceux qui me côtoient trop fréquemment. ». Elle les ferma, un instant. « Lorsque j'ai rencontré Orion, il n'était qu'un magicien qui se complaisait dans la solitude de son atelier. Il n'était rien jusqu'à ce que la folie l'étreigne, jusqu'à ce que je le place sur le siège qui devait être le sien. Son nom résonne aujourd'hui encore dans l'esprit de ceux qui ont vécu son chaos, dans l'esprit de ceux qui sont nés après ce dernier. Jun est de la même espèce, vous avez raison, mais il a au moins le mérite d'avoir survécu à la folie qui s'empara de lui jadis. ». Elle ouvrit les yeux, cueillant doucement une fleur dont elle huma le parfum. « Cependant... ». La fleur s'envola, venant se greffer de nouveau à la tige dont elle avait été enlevée comme si jamais offense n'avait été proférée. « … bien que je ne sois pas étrangère à ces faits, je n'en demeure qu'une racine. Je ne suis en aucun cas responsable de la plante qui germa par la suite, de la conséquence. Vous êtes bien placé pour savoir que le Destin doit se réaliser et si je suis ici aujourd'hui c'est bien pour vous aider à réaliser le votre. ».

Elle s'approcha un peu plus de l'enfant, se baissant pour la prendre dans ses bras, sans pour autant s'adresser à elle. « Vous êtes fait pour être roi, Caleb. Si vous tournez le dos à votre Destin, je n'ose imaginer les conséquences que cela pourrait avoir. ». La disparition de certains êtres chers, peut-être. Elle regarda Mélodie, ne révélant pourtant rien de ses pensées. « Réfléchissez. Vous vous lamentez pour une femme tout en sachant pertinemment que vous ne pourrez être à ses côtés avant un long moment, si tant est que cela puisse un jour se réaliser. ». Elle sourit. « Certains êtres ne peuvent que s'effleurer du regard en espérant un jour être ensembles sans que ce jour jamais ne se montre. Et pendant que vous êtes ici à ressasser vos fautes sans oser lui reprocher quoi que ce soit, votre peuple attend. ». Elle reposa l'enfant au sol. « De plus, les femmes se lassent rapidement de ceux qui ne se montrent guère à la hauteur de leurs espérances. Vous détestez Jun mais vous n'êtes rien à l'heure actuelle qui puisse ne serait-ce que le faire frissonner. Il vous a écarté de votre propre mariage aussi facilement que l'on écarterait un insecte. Il est temps pour vous de lui prouver qu'il n'en est rien, que la faute lui revient. Vous ne devez pas avoir peur Caleb, votre regard doit se porter sur les étoiles, vous devez affronter votre Destin car lui seul sait si vos actes font de vous un roi ou non. Enfin, il serait assez mal aisé de votre part de continuer à ignorer certaines choses parce que vous n'avez pas le courage de les affronter. Une enfant, votre peuple, la Voûte, il est temps pour vous de marcher dans la voie qui a été tracée à votre effigie. ». Ses mots étaient sans appel bien qu'ils revêtent une certaine douceur.
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Mar 25 Nov 2014, 17:55


Un petit soupire s'échappa de mes lèvres, las et résigné. Tordues en une expression étrange, j'affichais un pauvre sourire à la véracité peu convaincante qui me faisait l'effet de tordre les traits de mon visage crispé. Cette voix si douce résonnait d'une manière bien cruelle à mes oreilles. Près d'un siècle durant, je m'étais comporté comme un sourd et un aveugle, m'évertuant à ignorer les avertissements des Astres qui me hurlaient la triste et morne fatalité de mon Destin. Fou ou idiot, j'avais détourné le regard. Pourtant, je savais. J'aurai été un piètre Rehla dans le cas contraire. Comment aurais-je pu ignorer qu'un autre me volerait mes noces, que mon premier amour avait donné naissance à notre enfant, que je devais avoir une couronne sur la tête ? Paupières closes, presque implorant des Dieux, j'avais tenté les diables et demandé ma Belle en mariage. Mille et une précautions avaient été prises afin d'éviter la venue encombrante de ceux qui réduiraient à néant mes espérances. Si la sulfureuse Khaeleesi s'était abstenue de nous gratifier de sa présence, empêchant par là la réalisation d'un avenir funeste, elle avait tout de même détruit mon existence et celle de la Vénus en envoyant Jun Taiji à sa place. Peu désireux de déclencher une guerre d'envergure, je m'étais bien gardé de préciser le rôle de la flamboyante Nymphe des eaux dans cette cérémonie ratée. Malgré ce savoir, je tenais plus rigueur à Jun qu'à Vanille de ces évènements, puisqu'au final, c'était bien le Chaman qui s'était fait un plaisir de mettre ma bien-aimée enceinte durant les premières nuits de son mariage. Lorsqu'il se présenta à moi, près des flots tranquilles d'Orihime, je ne fis rien pour l'empêcher d'accomplir sa destinée. J'étais déjà allé trop loin. Cela suffisait. Lily-Lune était mariée, son époux moqueur se plaisait à me le rappeler et j'avais fui sur le Continent Mystérieux où, dans la volonté évidente d'oublier, je m'étais mis à rassembler les miens et bâtir un semblant de vie à ce peuple peu uni. Comme cela avait été décidé.

D'un geste lourd, je glissais mes doigts froids dans mes cheveux bruns et en bataille. Cette jolie danseuse éthérée prononçait ses mots tranchants, ceux que je devais entendre. Faire comme si de rien n'était, à présent, reviendrait à m'ériger en imbécile heureux. Les choses devaient changer, même si ce n'était guère aisé pour moi de le reconnaître. Hésitant et songeur, je soufflas tout bas : « Certains rayonnent d'une aura de mystère et de grâce qui attirent parfois les âmes égarées en quête d'identité. Elles gravitent autour de cette lumière et en revèlent leur obscurité. » C'était, tout du moins, mon naïf avis en la matière, surtout en ce qui la concernait. Il était certain qu'en dépit des apparences, elle n'était pas un ange immaculé. Habile autant dans ces gestes que dans ces mots, elle devait être capable de réaliser horreurs et merveilles. Cependant, il était courant que les hommes se prévalent comme unique conquérant de leur réussite alors que, quand il s'agissait de vices, le monde préférait toujours rejeter la faute sur un poison quelconque. Les peuples avaient besoin de croire que le mal n'était pas simple et cruel, qu'il était maléable et cause d'une mauvaise personne. Quelques indivudus étaient la preuve du contraire. « Je sais ce qu'on attend de moi. Je connais la théorie, le grand dessein des cieux. » Je pris Mélodie dans mes bras. La petite, heureuse d'avoir eu l'attention de cette belle étrangère, revenait me réclâmer des étreintes. « Je doute simplement d'être le mieux placé pour guider un peuple comme les Rehlas. » Ma vie était d'un chaos sans nom. J'étais simplement malheureux et avais déjà tenté de mettre fin à ma pauvre existence. Aujourd'hui, j'avais de plus la déplaisante tendance de noyer un peu trop mes chagrins dans la boisson. En d'autres termes, je n'étais ni le plus vertueux ni le plus compétent. « Qui serai-je, néanmoins, pour remettre en question la volonté des Dieux ? » ajoutais-je dans un léger sourire, tentative dérisoire d'humour léger. Je n'étais vraiment pas doué, j'arrêterai.

« Qu'il en soit ainsi. » Je ne promettais rien, si ce n'est d'essayer. Passer du temps auprès de mon peuple m'avait ouvert les yeux sur certaines réalités. Si j'avais décidé de les guider, de les aider, ce n'était guère pour officialiser une quelconque place mais simplement parce que j'estimais que nous avions droit, nous aussi, à une vie en communauté, à consolider le gouvernement éparse. « La Voûte. Elle est le berceau de mon peuple rejeté. Certains de ces habitants, non peu fiers d'avoir établi des contacts, me parlent souvent. J'aimerai voir de mes propres yeux la Cité d'Argent et obtenir réponses à des questions embarassantes. » Je reviendrai colérique de ce voyage, j'en étais certain. Malgré tout, entre la possibilité de rencontrer mes cousins célestes, m'ériger Roi sans filet ou partir à la rencontre d'une fille à l'existence qui me faisait frémir et qui aurait du mal à se remettre de la vérité, il me paraissait encore moins difficile d'aller voir les détestables Rehlas de la Voûte. « Le Lac des Soupirs fut autrefois l'unique passage des terres aux cieux. Il y a bien longtemps que sa magie s'est endormie. Il faut pourtant réveiller ces eaux claires. Les légendes racontent bien des fables sur ce Lac. Je pense  que ... » Je me mis à grincer des dents, agacé. Tout était prévu par le Destin. « Ce devrait être facile dans la mesure où les trois éléments sont réunis. » Un Rehla, moi. Un Céleste, Mélodie. Un Immortel, de toute évidence : elle. D'un geste, j'invitais la jeune femme à me suivre. « Comment dois-je vous nommer, si vous me permettez la question ? » Je souris, un peu plus sincère cette fois-ci. « Je vous  trouve ... prévenante. » murmurais-je. Tant d'euphémisme afin de ne pas me brusquer. « Lily-Lune ne me reviendra pas. » C'était certainement pour ça que j'en voulais tant à Jun. Je commencais à avoir la détestable habitude d'être contrarié dans mes amours. Ma première idylle était presque morte dans mes bras. Mon plus grand amour, et certainement la plus belle des mortelles, avait fini par convoler avec un autre. La troisième femme à qui j'avais porté ce genre d'affection était une Etoile et ce faux-pas me hanterait toute ma vie. Si l'envie me prenait de succomber une nouvelle fois aux charmes d'une femme, je veillerai avant tout à lui demander des références.

La brise soufflait sur les herbes rouges et les feuilles colorées qui fouettaient les troncs blancs des grands arbres. Niché au coeur des Montagnes Blanches, le petit eden vivait tranquillement entre les parois claires et les roches. Le Lac des Soupirs était immense, d'une pureté sans égal. Son eau limpide reflétait les cieux comme nul autre.
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Ven 12 Déc 2014, 16:35

Le jour était tombé. L'esprit égaré entre mille et une rêveries, je contemplais, songeur, les rives du Lac des Soupirs. Emmitouflé dans mon épais manteau sombre, je berçais Mélodie qui sommeillait dans mes bras. Il faisait un peu froid. Pour la énième froid, je pestais intérieusement contre moi et cette idée déraisonnable d'emmener ma fille avec moi, quoiqu'apaisé dans la certitude qu'elle aurait trouvé un moyen de me rejoindre si je ne l'avais pas fait. Si elle n'était encore qu'une enfant au langage décousu, elle était tout à fait à même de filer à travers les airs et les terres. Nous étions seuls, à présent. L'Aether était partie. Elle s'était pourtant attardée auprès de moi. Durant notre marche, elle avait continué à me parler et je l'écoutais. Sa vision du monde me fascinait, tout comme sa voix et le choix des mots qu'elle prononçait. Ce moment passé fut exquis et cette rencontre innatendue me redonna un tantinet d'espoir. Seulement, je devais continuer mon chemin par moi-même. Alors elle se contenta d'aider à rétablir le portail du Lac des Soupirs. J'étais presque aux portes de la Voûte, elle me tendait les bras, sûrement pour mieux me jeter après. Je craignais que ma venue soit très mal vue, pour ne pas dire un affront sans nom. Je n'allais pas reculer pour autant. « Caleb ? » murmura doucement une petite voix claire. Je tournais la tête même si je savais déjà à qui appartenait ces intonations chantantes. « Rêve. » L'Etoile était redescendue des cieux. Cela faisait longtemps. J'avais mis un peu de distance entre elle et moi après le faux-pas que j'avais commis, sans compter que je ne voulais pas trop m'attacher à une femme dont je ne pouvais rien espérer. « J'avais envie de te voir. » Je soupirai. « Rêve ... » La jeune femme entortillait nerveusement ses longs cheveux blancs autour de ses doigts. Elle était belle. Elle me manquait. Virulent, je chassais ses sentiments. Je ne pouvais cependant pas céder une nouvelle fois. Délicatement, elle s'approcha de moi d'une démarche lente et éthérée. Même les voiles immaculées de sa robe semblait défier les lois de nos terres. Elle me sourit, l'air peiné. « Oui, je sais. » souffla-t-elle. « Je peux ? » Elle tendit les bras. Sans hésiter une seule seconde, je confiais Mélodie à sa mère. « Je la vois si peu. Elle refuse encore ma présence. Elle est si jolie. » - « Ne t'inquiète pas. Ca lui passera. » - « J'espère. Je ne pourrais jamais être vraiment présente pour elle. Peut-être a-t-elle besoin d'une vraie mère ? » - « Ne dis pas ça. Personne ne prendra ta place. » Elle sourit. « Elle a, en tout cas, déjà choisi la sienne. Elle désire vivre en bas. Et toi ? Quand prendra-tu enfin la place qui te revient de droit ? » Elle rit face à regard assassin. « Je t'ai longuement expliqué que tu serais un grand homme, Caleb. Tu es quelqu'un de bien. Cesse de douter. » - « Imagines-tu ? Moi, avec une couronne sur la tête. » - « Tu seras majestueux. »

Rêve resta à mes côtés la nuit durant. Je ne pouvais pas m'en aller à la Cité d'Argent avant que Mélodie ne soit réveillée. L'Etoile me tint compagnie, se bornant à n'aborder que des thèmes frivoles, dans l'espoir évident de me changer les idées. Je savais que certaines questions lui brûlaient les lèvres. Polie, elle s'abstenait de me les poser. D'humeur maussade, je faisais comme si j'ignorai ce qui la tracassait. Elle trouvait que je me portais mieux. D'apparence, c'était la vérité. Au fond, la rancoeur me rongeait, ainsi que la vision de Jun Taiji, plaquant Lily-Lune contre lui. Elle ne voulait plus me voir. Je la comprenais aisément. Pourtant, cette décision me peinait. La Vénus était et resterait l'une des personnes les plus importantes à mon coeur, la femme que j'aimerai aujourd'hui et à jamais, même si je savais que je devais reconstruire mon avenir. J'avais bien du mal à me projeter, sans elle. Je n'avais guère le choix. « Je serai toujours auprès de toi, Caleb. Je suis ton Etoile, prendrai soin de te guider et t'épauler. Ne crains rien et affronte ton Destin. Affronte les, ces Rehlas de la Voûte. Les réponses que tu obtiendras ne te plairont pas mais elles t'aideront à avancer. Le chemin que tu vas serpenter n'est pas rose, mon pauvre ami. Il te causera bien des maux. Tu triompheras, cependant, au bout de la route. » Rêve me sourit. Dans un éclat lumineux, elle disparut pour rejoindre les siennes dans les cieux, noyée dans l'aurore. Son discours ne me paraissait pas vraiment rassurant.
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Ven 12 Déc 2014, 18:38

« Qui voilà sur la Voûte, à fouler les terres de la Cité d'Argent ? Caleb Suellan, un homme revenu au berceau de ses origines, l'esprit embrumé par une foule de questions auxquelles il espère des réponses claires. L'imprudent a défié les règles et son affront fait jaser la Capitale. J'ignore ce qu'ils vont bien pouvoir décider à ton sujet. La venue d'un Thël'ess est assez inédite. Personne n'est jamais revenu de l'exil. Tu vas causer bien des soucis, mon jeune ami. Es-tu simplement conscient des problématiques que tu poses ? Ne pouvais-tu pas laisser cette couronne se poser sur ta tête et régner sagement sur les exilés ? Non, il fallait bien que tu sèmes quelques troubles avant. Pourtant, je trouve tes interrogations justifiées. Quelle meilleure moyen que d'obtenir ce que l'on souhaite que de venir le réclâmer aux personnes concernées ? » Elle rit. « Pourquoi es-tu venue avec ta fille ? Est-ce une pression attendrissante ? » Je levais doucement les yeux. Perchée sur une branche d'un vieil arbre blanc et tordu, une jeune femme me toisait, l'air grave. Je n'avais pas eu besoin de la regarder pour savoir de qui il s'agissait. Cette voix m'avait assez hanté, jour et nuit, pour que je la reconnaisse au premier mot. C'était la première fois que je la voyais, évidemment. « Laehry. Je n'aurai jamais cru te faire face un jour. » Grande et mince, ses cheveux d'un noir corbeau contrastait étonnement avec son teint de lait. Ses grandes mires me rappelaient les miennes, iris ambrée aux nuances d'or, certainement l'héritage de nos ancetres communs. « Tu vas voir des problèmes, Caleb. Ne crains-tu pas foudres des Anciens ? Ils vont venir te chercher. Considère moi comme le comité d'acceuil. » - « Hum hum. » Je m'intéressais moins à ces incessants avertissements qu'aux paysages qui m'entouraient. Je découvrais la Voûte. Elle était aussi surprenante que vertigineuse. Mon regard peinait à s'habituer à ce qu'il voyait. La Cité d'Argent flottait. Ses frontières s'arrêtaient brutalement. Autour de la Capitale tournoyaient lentement deux grands plâteaux à l'allure bien différente. Ils étaient liés par une étrange colone de magie. Une triple gravité. Fascinant. Muette, Laehry se glissa à mes côtés, me laissant profiter des décors.

« Caleb Suellan. » tonna presque une voix forte et grave. Désinvolte et quelque peu agacé par le ton employé, je tournais les talons pour faire face à mon nouvel interlocuteur. Laehry, l'air contrariée, s'écarta de moi d'une mine boudeuse mais résignée. Une petite douzaine de Cël'ess me contemplait avec mépris. Âgés, pour la plupart, ils devaient être les sages d'un quelconque conseil. La délégation était chargée de me récupérer, à n'en pas douter. « Veuillez nous suivre, Sir. » On ne m'adressa plus la parole, à croire que j'étais le plus pervers des criminels qu'il puisse exister et que la distance s'imposait. Qu'importe, je mettais à profit ce répit pour scruter davantage les environs. La Cité d'Argent était merveilleuse. L'herbe était aussi blanche que celle de Lua Eyael était rouge. Alors que nous approchions de la Capitale, je peux brièvement apercevoir l'architecture fine et élégante de ces bâtisses. Comme si j'étais un pestiféré, on me fit emprunter les passages dissimulés jusqu'à arriver à ce qui devait être le Palais. On me proposa de se charger de ma fille durant l'entrevue à venir. Je refusais catégoriquement, pas encore assez fou pour laisser Mélodie à n'importe quoi et surtout pas à des gens comme eux. Abandonné dans la salle du trône, je patientais quelques instants, distrayant mon enfant en lui tressant les cheveux. « Vous devez être le Sin Luxinreis, je suppose. » souffla doucement un hommeau ton vaporeux. Il devait avoir plusieurs siècles. Grand et fort, il avait les cheveux blancs et des yeux gris pâle. Vêtu d'un costume blanc et bleuté, il trainait une cape démesurement longue. « Vous êtes le Caelum je suppose. » répondis-je simplement. « Je suis enchanté de cette rencontre bien qu'elle se déroule de façon peu conventionnelle. Votre geste me laisse ... pantois. » - « Si nous faisions fi de ces convenances absurdes et de ces fausses politesses pour nous intéresser à l'essentiel ? » Il hésita, surpris par mon ton. Il ne devait pas voir l'habitude qu'on le défie ainsi. « Vous avez violé les lois. Votre présence en ces lieux est interdite. » - « Il va bien falloir vous en accomoder. » - « Comment osez-vous ... » - « Non. » le coupais-je. « Vous, comment osez-vous traiter les miens de la sorte ? Vous n'êtes qu'un lâche. » La conversation promettait d'etre mouvementée.
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Ven 12 Déc 2014, 19:37


Le Caelum, droit et fier, s'assit lentement sur son trône comme pour signifier qu'il m'était supérieur. Peu impressionné, je le contemplais sans rien dire. Si je respectais sa position et sa sagesse, son comportement et son mépris pour les Rehlas qui vivaient sur les Terres du Yin et du Yang avaient tendance à m'agacer. Cet euphémisme était amusant. Nos peuples ne s'entendaient pas et j'étais l'un des seuls à le savoir, en bas. J'avais besoin d'explications. Bousculé quelque peu les bienséances me paraissait un moindre mal comparé à la décision qui fut prise des siècles auparavant. « Laissez-moi vous conter l'histoire originelle, Sin Luxinreis. " Nous sommes les enfants de la Lune, confidents des étoiles. Sublime délectation, nous observons les Ages et leur funeste devenir. Mes frères, les astres nous soumettent leur condition : jamais le Destin nous ne devrons réécrire. Le silence est de mise, malheur à ceux qui le trahiront ! " Ce sont les mots du premier des Caelum. Depuis toujours le savoir des Rehlas s’alimente des pierres de sagesse offertes par la Lune. La croyance des terriens nourrissait alors l’éclat irisé de leur sève, mais voué à l’oubli le peuple fut condamné à s’éteindre lentement. Certains Rehlas fendirent alors les cieux jusqu’aux royaumes terrestres afin de donner aux mortels la preuve réelle de leur existence. Cet acte de première importance fut accompli sans l’accord des Caelums, ces derniers si désireux de préserver leur autarcie. Afin de punir ces castes de leur déraison, les Rehlas damnèrent leur mémoire et les empêchèrent à jamais de regagner le chemin de leur maison. Ils ne furent plus Rehla que de nom. La scission fut ainsi faite entre les Rehlas des cieux que l’on nomma Cël’ess, et les Rehlas de la terre que l’on nomma Thël’ess. » Il fit une brève pause. « Tout Rehla franchissant la brèche du Lac des Soupirs sera à jamais banni des cieux. Ses souvenirs seront détruits jusqu’au dernier, nul repentir ne sera concédé. Il s'agit de la première de nos lois. Votre présence est donc intolérable, Lord Suellan. Vous ne pouviez pas revenir. Vous n'en aviez pas le droit. » Je souris. « Caelum, si nos peuples sont aussi distincts que vous le prétendez, pourquoi devrions-nous nous soumettre à ses règles ? Je ne les entends pas. Pour ma part, elles ne me concernent pas. » Je ne me préoccupais pas de la mine rouge du Cël'ess et enchaînais : « Cette loi me paraît par ailleurs totalement désuète. Moi, comme tout autre Thël'ess encore vivants, n'avons jamais traversé la brèche du Lac des Soupirs de la Voûte aux terres mortelles. Vous continuez à punir des êtres pour les soi disants crimes de leurs lointains ancêtres trépassés. J'ai bien du mal à comprendre votre logique et je sais que, parmi les Cël'ess, certains peinent à appliquer les vieux décrêts. » Le Caelum se pencha légèrement en avant, articulant doucement : « Vous ne saissisez pas à quel point cette défiance fut un mal pour les Rehlas comme la Mère Lune. » - « Vous ne comprenez pas à quel point vous êtes un tortionnaire. »

J'avais eu la confirmation de ce que je pensais. Les Rehlas étaient différents des autres peuples des terres du Yin et du Yang. Nous n'avions rien à faire là. Ce n'était pas notre place. Nous fûmes arrachés à notre patrie. Si les Thël'ess ne parvenaient à s'inserrer dans la société, c'était simplement parce qu'ils n'étaient pas censé être ici bas. Nous descendions de créatures célèstes. Je soupirai. « Êtes-vous conscient qu'il nous faut trouver un arrangement ? » murmurais-je. Il grinça presque des dents. « A  quoi bon ? Jamais les Cël'ess et le Thël'ess ne seront réunis. Nous sommes en tout point différents. La Voûte et la Cité d'Argent ne sauraient se lier à votre future Lua Eyael. » - « Je ne prétends nullement avoir droit sur les terres Cël'ess, pas plus que l'on vous permettra de décider quoique ce soit pour la future Capitale des terres du yin et du yang. Soyons simplement ... bons cousins ? » - « Il est et sera toujours interdit à un Cël'ess de descendre. » - « Songez alors à la possibilité de rapprochement ponctuel. » - « Laissez des Thël'ess monter ? » - « Ceux qui le méritent, seulement. Qui savent. Ensuite, ils ont le privilège de voir. » - « Les grands cercles devraient voter. Je sais d'ores et déjà qu'ils auront besoin de compromis, notamment dans la façon de gérer votre Capitale. » - « Réfléchissez-y. C'est tout ce que je vous demande. »
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Ven 12 Déc 2014, 23:55


« Sin Luxinreis, puis-je vous demander une faveur ? » Nous étions à présent dans un petit salon clair, baigné dans la lueur du jour. L'atmosphère s'était apaisé au fil de la conversation. Le Caelum tâchait de faire des efforts bien qu'il lui coûtait de tolérer la présence d'un Thël'ess au sein de sa belle et pure Cité d'Argent. J'ignorais s'il réfléchirait sérieusement à mes propositions. Pour ma part, je n'avais nul difficulté à prendre en considération ses recommandations. Je tenais simplement à ce que les deux peuples agissent dans la  même optique. « Je vous écoute. » répondis-je, un brin intrigué. «  Pourriez-vous me présenter votre fille ? » Je souris. Si le Caelum me méprisait pour ma simple nature de Thël'ess, Mélodie était d'une perle d'une rareté exceptionnelle dont la paternité me faisait remonter dans l'estime du Cël'ess. Doucement, je tournais la tête vers la petite, qui jouait un peu plus loin avec sa peluche. « Approche ma puce. » Elle leva la tête, ravie de devenir le centre d'attention, et sautilla jusqu'à moi pour grimper sur mes genoux. Curieuse, elle dévisagea le Caelum de ses immenses yeux bleus. Il paraissait fasciné. « Elle est remarquable. Fille d'une Etoile et d'un Mortel, marquée par le sceau des cieux. » Ses petits cheveux blonds dissimulaient à peine le croissant brillant qui ornait son front. « Ces créatures sont tellement précieuses. Il en existe si peu. » - « Elle sera en sécurité à Lua Eyael. » - « J'ose l'espérer. Que son Destin soit à la mesure de ses grâces. Les Luhminarias méritent la protection de tous les peuples. » Il devait s'agir de la façon la plus correcte de signifier que, contrairement aux Thël'ess, Mélodie serait toujours la bienvenue à la Vôute. Par delà la révolte de ces propos, le père que j'étais se rassurait dans l'idée que, s'il m'arrivait quoique ce soit, ils seraient beaucoup à veiller sur elle. « Peut-être serait-il envisageable de lier nos deux peuples par une manoeuvre plus ... humaine. » Cette fois-ci, je me crispais. Je n'étais pas idiot au point de ne pas comprendre les allusions à peine voilée. « Les Rehlas n'ont pas pour habitude de procéder ainsi, à ma connaissance. L'intérêt que vous portez à ma fille est un honneur, mais elle restera libre de choisir chaque bride de son  existence. » Je n'étais pas prêt à entendre parler d'alliance arrangée. Bien qu'en devenant Roi, je faisais d'elle une Princesse, il était hors de question de me lancer dans ce genre de diplomatie. Les Rehlas étaient un peuple à part, tellement mystérieux que les autres l'avaient oublié. Un avantage, à certain égard. Il était donc hors de question de les jeter aux derniers pour satisfaire les lubies d'un Cël'ess, quand bien même il était le Caelum. Ma fille n'était pas une marchandise. Faisant par là preuve de sagesse, il n'insista pas davantage sur la question. Après encore quelques heures de discussion, je quittais le Caelum, lui indiquant que je retournais sans tarder à mon monde.

« Je pensais que la rencontre se passerait ... moins bien. » Laehry était assise juste à côté du Lac jumeau à celui des Soupirs, brèche vers les terres du Yin et du Yang. « Pourquoi m'attendais-tu ? » - « Je voulais te parler. J'ai tellement à te dire à présent que tu es prêt à être le monarque des Thël'ess. » Peut-être n'aurai-je pas dû agir de la sorte. Ce n'était guère une attitude élégante. Néamoins, animé par un sentiment de méfiance à l'égard de cette femme, je choisis d'effleurer son esprit afin de lire ses pensées. Ce que je vis ne me plut guère. « Es-tu folle ? » marmonnais-je. Elle parut surprise. « Qu'est-ce que ... » - « Tu espérais un conflit ouvert. Tu es cupide, Laehry, et tu ne serai jamais Caelum. » Elle sourit. « Contrairement à la plupart des Cël'ess, je suis pour le pardon, pour rétablir le dialogue avec les Thël'ess. Ensemble nous pourrions tellement ... » - « Félicitations. Cela ne suffit pas à faire de toi quelqu'un de bien. On ne change pas des siècles en un claquement de doigt. Je préfère être patient que de devoir parlementer avec un tyran comme toi. » Désireux de ne pas lui laisser le loisir de me répondre, je sautais dans la brèche, Mélodie dans mes bras. La Voute était un cadre idyllique et enchanteur. Seulement, ses habitants me paraissaient froids et acerbes. J'avais le coeur lourd de mille et une vérités. J'étais un exilé. Je n'avais rien à faire sur terre. Les cieux me rejettaient. Il fallait s'accomoder d'une façon de vivre qui n'était pas adaptée. Qu'étais-je censé faire, en sachant cela ? Je n'étais sûr de rien, si ce n'est que je ferai mon possible pour ce peuple de pariats.
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Sam 13 Déc 2014, 12:46


Quelques secondes furent nécessaires à ma compréhension. Hébété, je me relevais doucement, la tête et les jambes endolories par une chute vertigineuse. J'ouvris péniblement les yeux. « Mélodie ? » murmurais-je, le coeur battant. Mon regard s'éclarcit enfin. Cependant, au lieu de contempler les plaines rouges de Lua Eyael, des étendues vertes s'offraient à moi, semblables aux Terres d'Emeraude. J'étais seul. «  Mélodie ? » hurlais-je. Je me mis sur mes pieds d'un bond, gagné par la panique. Quelque chose n'allait pas. Néanmoins, j'avais moins envie de m'interroger sur ma propre situation que sur celle de ma fille. Vacillant, je fis quelques pas. « Mélodie ... » - « Elle n'est pas ici. » Je bondis. « Sois sans crainte. Je ne suis pas un ennemi. » Avec un brin de suspicion, je dévisageais l'étranger qui me souriait, perché sur un rocher. Il avait des allures de vagabond qui ne me trompèrent pas. « Je t'aide simplement à accomplir ton Destin, Caleb. Tu dois accepter ton chemin pour mieux l'embrasser. Je t'ai donc guidé en ces terres où tu tourneras la première page. » - « Où est ma fille ? » - « Loin. Elle va bien, entre les mains de vos jeunes amies. » Il ne me mentait pas. C'était déjà ça. « Quant à moi, où suis-je ? » - « Tu le sais. Ce que tu ne fais que présumer n'est pas la notion d'espace mais de temps. J'ai usé de petites manoeuvres et la brèche dans laquelle tu t'es jeté, au lieu de te ramener, t'a fais voyager. Je t'ai fais voyager, dans un ailleurs, à une époque lointaine. » - « Bien. » - « Lorsque la leçon sera apprise, je te ramenerai chez toi. Bon courage, Rehla. » Il disparut. J'avais appris à faire confience au Destin et à la fatalité. Je demeurais agacé par ces tours. Résigné, mains dans les poches, je mis à marcher. Guidé par je ne sais quoi, je choisis de me diriger vers les Montagnes. L'air de ce temps était pur. La balade n'était pas désagréable. Je tâchais d'errer sans chercher à savoir ce que je devais faire ou non. A l'approche d'un petit village, des heures après mon arrivée, je décidais de m'arrêter un moment. Mes vieux démons m'incitaient à la pause, j'avais grand besoin d'un verre ou deux. J'entrais dans la première taverne rencontrée sans me poser plus de question.

Ce  bond dans le temps avait altérer mes dons, que le petit jour n'aidait guère à se remettre. La boisson n'arrangea rien. Je bus quelques verres, à l'écoute des conversations afin de déterminer l'époque dans laquelle je me trouvais. « Vous avez l'air un peu perdu. A moins qu'il s'agisse de votre mine habituelle ? » murmura une voix douce et chaude. Je relevais les yeux sur la jeune femme qui s'était glisser à mes côtés, deux verres à la main. Lentement, elle m'en tendit un. Elle était belle. Son visage m'était familier sans que je parvienne à mettre un nom sur ses traits. Ravissante, elle avait de grands yeux verts et d'étranges cheveux où se mélaient le bleu et le rouge. « Je suppose que vous n'êtes pas du coin. » continua-t-elle. « Vous ne semblez guère être de la région non plus. » Elle sourit. La suite me parut floue et quelque peu folle. En un battement de cils, elle fut sur mes genoux, ses mains autour de mon cou et ses lèvres sur les miennes. Charmante époque. Lorsque je repris pleine conscience, il faisait nuit. Je me sentais bien mieux, à ceci près que je n'en revenais toujours pas d'avoir passé ma soirée avec une, certes magnifique mais illustre, inconnue. Cela ne me ressemblait pas. Ressourcé par les rayons glacées de la Mère Lune, je la voyais d'un regard nouveau. Je pouvais discerner qui elle était. Ce nom ne me disait rien mais je percevais ses leurres. Elle ne prononçait jamais la vérité à son sujet. Des siècles plus tard, je la retrouverai en tortionnaire de ma fiancée. Ebahi, je me frottais le visage. J'étais avec la toute jeune Khaeleesi. J'avais la désagréable impression d'avoir été manipulé. Mes pouvoirs raciaux ne s'étaient pas éteints pour rien. Quelqu'un ou quelque chose avait voulu que j'agisse de la sorte. Quitte à me comporter comme un homme que je n'étais pas, je choisis de filer en douce alors que la Belle dormait encore. Etait-ce ainsi que je devais oublier la Vénus ? Ce n'était qu'un nouveau faux-pas à la différence qu'on m'avait largement incité à commettre ce second.
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Sam 13 Déc 2014, 21:35


« Vous me voyez navrée de ce que les Astres dessinent pour vous. Il paraissait simplement primordial de vous pousser à accomplir votre Destin pour le bien-être de ce monde. Bientôt, vous comprendrez. » J'ouvris lentement les yeux, l'esprit fatigué. Allongé sur un lit, je me tournais en pestant tout bas. « Caleb ? Est-ce que tu vas bien ? Tu nous as fais une sacrée frayeur. » - « Myosotis ? Où suis-je ? » Cette question devenait fréquente. « Tu es chez toi, Caleb. A Lua Eyael. » - « Que s'est-il passé ? » - « Alice et quelques Rehlas t'ont retrouvé, inconscient, sur les plaines rouges. Nous t'avons ramené. Tu as une mine affreuse. On s'est inquiété. Tu es parti depuis longtemps. Mélodie est revenue sans toi il y a des jours. » Je me relevais dans un soupire. « Les choses se passent-elles bien, ici ? » - « Oui. Les Rehlas sont très satisfaits de pouvoir se réunir. Ils s'organisent en quartiers et en cercles. Ce sont des gens très biens, c'est étrange ils n'ont pas la même façon de penser que les autres peuplades, ils ne cherchent pas à être supérieurs les uns aux autres. La Cité s'érige toute seule depuis que les fondations ont été posées. Tout va très vite. » Je ne répondis rien face à  l'évidence. Les Rehlas étaient, d'origine, des créatures célestes. Ainsi, ils avaient un esprit différent. Du bout des doigts, j'attrapais la première chemise qui se présenta pour l'enfiler avant d'ouvrir les portes givrées du balcon. De mes yeux ocres, je contemplais les alentours, subjugué par ce que je voyais. La Magicienne s'approcha de moi dans un sourire. « Alors ? Comment trouves-tu ton oeuvre ? » - « C'est superbe mais ce n'est pas de mon fait. Je n'ai fais qu'ériger le mouvement.. » - « Caleb je ... Je ne veux pas te mettre la pression mais ils sont beaucoup à m'avoir demandé de te poser la question. As-tu pris une quelconque décision ? Ton peuple aimerait une réponse. Il t'aime, tu les as tellement aidé. Il aimerait que tu officialises ta position ou que tu clâmes haut et fort ton refus. Prends garde à ce que tu comptes faire. Je sais que tu n'es pas à l'aise avec l'idée mais tu demeures le mieux placé, celui qui mérite cette place. » Je souris. « Depuis quand es-tu aussi sage et réfléchie, Myosotis ? » Elle se blottit dans mes bras. Doucement, j'écartais les boucles brunes de son visage. «  Je veux te venir en aide. » - « Tu es adorable. » Elle haussa les épaules. « C'est normal. Comme tous les chats. » Parfois, j'oubliais que la jeune femme n'avait pas toute sa tête. Cela faisait parti de ses charmes. « Sais-tu où sont les Oracles Célestes ? » Elle acquieça. « Au Temple de la Lune. Ils essaient de mettre en ordre tous les ouvrages amassés. » J'embrassais son front. « Je reviens. »

« Lizeveta. » Elle me sourit. Douce Plume, l'Oracle Céleste était une femme que j'appréciais pour son caractère étrangement jovial, bien qu'elle se force parfois à afficher un masque d'allégresse pour soutenir son entourage. « Comment te sens-tu ? » Elle me jaugea de haut en bas en un battement de cils. « Toujours pas prêt. Presse toi, Caleb. La nouvelle nous a ravi ! Il n'est pas l'heure de nous faire faux bond. » Plus tôt dans la journée, j'étais venu trouver les Six à la Grande Bibliothéque de Lua Eyael. Perdus dans les allées, ils rangeaient les centaines d'écrits et avaient décrié leur victoire avant même que j'annonce ma décision. Ils semblaient heureux que j'embrase enfin mon Destin. Les Thël'ess étaient bien placés pour connaître les conséquences d'un manquement au grand dessein des étoiles. Ils se pressèrent d'organiser une cérémonie, la première qu'abriterait la Cité des Astres. « Ne fais pas cette tête. » se moqua la jeune femme qui me dévisageait en souriant tandis que je me noyais dans le flot incessant de mes pensées, sans prendre la peine de lui répondre tant j'étais nerveux. « Les rumeurrs vont de bon train dans les rues. Les gens parlent. Les plus avertis ont entendu le murmures des étoiles enchantées. » - « Cette nuit est idéale. La Mère Lune sera haute et pleine. Je le sais. Je suis prêt. » Je tapotais doucement mes doigts sur la tenue que je n'avais toujours pas revêtu. « Ce sont de gros changements pour moi. » - « Pas tant que ça. Tu étais déjà le monarque, Caleb. Tu refusais simplement qu'on t'en donne le titre. Seulement, tu agissais comme un Roi, pour le bien-être des tiens qui te sont redevables de tes efforts. Nous avons un chez nous. C'est une première. Les Rehlas sont fiers. S'en ait fini des petits villages reclus ou des petits cercles dissimulés dans les grandes villes d'autres. A présent, nous sommes une société. » Je souris. Son discours devenait enflammé. « J'ignorai que tu me portais tant d'estime. » Elle rit. « Tu es quelqu'un de bien et fais beaucoup pour ton peuple. J'ai vu les étoiles pleurer pour toi et lu notre entente à venir. J'étais pressée que ce jour arrive. J'ai néanmoins une question. Reconnais-tu Myosotis comme étant ta soeur ? » Je ne m'attendais pas à ça. « Est-ce important ? » - « Si tu fais acte qu'elle fait parti de ta famille, oui. » - « Soit. Elle est ma soeur. » La Magicienne méritait largement que je me préoccupe d'elle. Je n'hésitais guère à faire d'elle une princesse. Après tout, elle portait déjà mon nom. Lizeveta me tendit un papier. « Alors signe. » Je lus rapidement de quoi il en retournait avant d'aposer ma signature, sorte de gribouillis chaotique que nul n'aurait la force et la volonté de reproduire autrement que par magie, en bas du document. « Je vais la chercher, avec Mélodie. Elles feront partis de la cérémonie. Toute ta famille doit être présente. » Je la scrutais, prudent. « Depuis combien de temps préparez-vous mon couronnement au juste ? » Elle rit avant de claquer la porte, m'abandonnant à mes angoisses.
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Lun 15 Déc 2014, 19:38

Baignés sous les rayons glacés de la Mère Lune, les Rehlas se rassemblaient lentement à la pointe sud des Falaises de Sierra. La Place des Astres se voyait honorée de sa première cérémonie. Pour l'occasion, des centaines de torches brûlaient pour illuminer le passage qui traversait le lac. Les étoiles se réflétaient sur la surface pure de l'eau sombre, dépeignant un cadre rêveur et idyllique aux frontières entre terre, mer et ciel des plus brumeuses. Nul ne pipait mot. Certains contemplaient les Oracles Célestes qui m'entouraient, d'autres songeaient à une prière en scrutant les cieux. Pensif, je me laissais simplement porter par le courant de la soirée. Cela faisait quelques minutes que le rituel avait débuté. Habillé selon les usages, je portais une longue toge de couleur sang et aux bordures travaillées de noir et d'or sur mes vêtements ordinaires. La Plume et le Coquillage s'approchèrent de moi, une large cape noire entre les mains qu'elles me glissèrent sur les épaules. Lentement, je rabattis la capuche sur mon visage. Le Tambour ajouta une étoffe d'hermine. Le Grimoire me tendit une ceinture de métal à la figure de lion. L'Eclair ne parvint pas à effacer son sourire. Il vint à moi avec le médaillon des monarques Rehlas pour me le passer au cou. La Couronne tourna les talons, bras ouverts, pour articuler lentement : « Peuple Rehla, voici Lord Caleb Suellan. Notre Sin Luxinreis. » Je me relevais sous les acclamations. Voilà qui signait le début de mon régne, de manière officielle tout du moins. Je tâchais de faire bonne figure tandis que Myosotis, Juri et Risa s'approchaient de moi, la dernière avec Mélodie dans les bras. Lizeveta les avait fait venir depuis quelques jours déjà dans l'attente de la réponse qu'elle connaissait déjà, quand bien même j'avais longuement hésité avant de me conformer à ce qu'il devait être. Elles aussi apparaissaient dans une tenue semblable à la mienne, pour signifier de leur rang, mes Princesses. « Félicitations père. » me souffla Risa tout bas, immitée de près par Juri qui peinait plus que sa soeur à retenir son émotion. Myosostis me souriait simplement. Je crus même la voir murmurer un « merci » du bout des lèvres. Elle ne devait pas s'attendre à ce que je l'érige officiellement comme étant ma soeur. Elle le méritait, pourtant. Elle était l'une des rares femmes de mon entourage à toujours dire ce qu'elle pensait, sans détour ni malice. Je l'appréciais vraiment. « Longue vie à la lignée du Sin Luxinreïs. » Lorsque le silence revint, je me décidais à prendre la parole. « Cette nuit, notre peuple vit un tournant dans son histoire. A la lueur de notre Mère Lune, fêtons ce renouveau. Les Rehlas ne vivront plus meurtris dans des foules incompréhensive. Chacun peut trouver sa place dans les différents cercles de notre Capitale. Gloire à Lua Eyael, cette Cité qui n'aurait jamais vu le jour sans votre détermination sans faille. Cette ville est vôtre. »

Les Rehlas s'étaient-ils déjà réunis pour festoyer ? Aussi loin que remontaient les mémoires et à en croire les Etoiles, ce n'était jamais arrivé, pas à cette ampleur. Pourtant, aujourd'hui, tous les quartiers de la nouvelle Cité battait au rythme endiablé d'une joie immense. Pour ma part, je me baladais dans les rues pour aller à la rencontre de qui le désirait. Beaucoup tenait simplement à me prononcer quelques mots, quelques voeux. L'une s'attarda un peu plus. Assise sur le pas d'une porte, elle chantonnait tout bas sur les airs que jouaient des enfants. « Il n'y a donc point d'épouse pour notre bon Sin Luxinreïs ? » me demanda la vieille femme au sourire usé. « Vous avez pourtant de beaux enfants, Messire. » Je souris. « Si le ciel me destine une femme, elle sera un jour à mes côtés. » Elle rit. « Vous ne voulez pas savoir. Vous avez bien raison. Parfois, mieux vaut garder une part de mystère, surtout dans ce domaine. Je vous souhaite une vie pleine de réussite, Protecteur des Rehlas.» Elle inclina la tête. Je m'écartais, pensif. Plusieurs fois, j'avais voulu lever les yeux et chercher à voir mon propre avenir, peut-être pour me conforter dans l'idée que je ne finirais pas seul. Le problème était que je ne tenais pas à savoir. J'étais condamné à voir le passé, le présent et le futur de quiconque, de ce monde. Le mien devait rester un mystère, comporter une part de surprises. Lorsque je m'étais penchée sur mon Destin, cela ne s'était pas très bien passé.
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Lun 15 Déc 2014, 21:15


« Je suppose que tu as vu le Destin du monde, à présent. » murmura Risa en sirotant son thé. Il était encore tôt. Le soleil se faisait timide et inondait à peine les plaines de Lua Eyael qui s'éveillait doucement. J'avais peu d'appétit, me contentant de laisser ma famille manger un peu et m'entêtant à nourir Mélodie qui boudait son repas puisque je ne prenais pas le mien. « Oui. » répondis-je simplement, sans manifester une quelconque émotion autre que cette constatation dénuée de sentiments. Il ne me fallut guère longtemps pour devenir aussi froid et distant que devait l'être un homme dans ma position. Certains appelaient ça la neutralité la plus absolue. C'était une façon d'envisager les choses. Je ne pouvais pas partager mon savoir, ni avec les miens ni même avec mon peuple, pas même les Oracles Célèstes qui ignoraient bien des fatalités. Dans l'hypothèse où quelques audacieux tenteraient de me tirer quelques brides interdites, je me devais d'être un fin menteur. A l'instant, je n'avais pas tout à fait dit la vérité à ma fille. Si j'avais bel et bien vu le Destin des terres du Yin et du Yang, j'en avais la connaissance depuis près de trois mois. Rêve me répondrait sûrement, avec une pointe d'ironie dans la voix, que c'était simplement parce que j'étais le Sin Luxinreïs depuis ce temps. Je m'étais entêté à refuser mon avenir mais il m'avait rattrapé. Ce n'était pas aussi terrible que je l'avais envisagé. Les Rehlas étaient un peuple différent des autres. S'il me disait Empereur ou Monarque, j'étais plus le grand conseiller et protecteur, le Gardien du secret, de la Lune et du Destin. De ce point de vue là, ils étaient facile à gouverner. D'un autre, ils étaient les plus délicats à contrôler. Il fallait que je trouve une solution au Spleen qui risquait d'envahir les rues tant le peuple est ivre de sa nature. Risa me contemplait, pensive. Elle hôcha la tête, sans rien me demander plus. Elle avait bien raison. Je ne voulais songer à ce qu'il se passerait bientôt. La Prophétesse n'aurait même pas à me rendre visite. Je savais déjà qu'un Conseil des Chefs allait bientôt s'organiser, à mesure que le péril grandirait. Le futur n'allait pas être de tout repos. Il y aurait des morts par milliers. Forcément, j'avais peu d'appétit et de sommeil.

Une foule de murmures résonnaient dans un coin de mon esprit. Des milliers d'informations glissaient dans ma tête. Fatigué et sans prévenir quiconque, je me téléportais loin de la Cité. J'atteris dans la Forêt Bleue, petits bois aussi merveilleux que terrifiants qui bordaient les Montagnes Blanches. Il faisait froid mais je ne m'en préoccupais guère : tout était silencieux. Le bruissement des feuillages et les rugissements bas des animaux étaient une symphonie apaisante. Tranquillement, je suivis les chemins jusqu'à ce qu'une petite créature file en trombes dans les jambes. L'animal chuta, hébété. Ce n'était qu'un bébé, à ceci près qu'il arrivait déjà à mes genoux. Je souris. Les Töh Taureaux étaient bien plus que des bêtes adorables aux allures de peluches. Pour les Rehlas, ils étaient sacrés. Sages et discrets malgré qu'ils soient des colosses, on les disait porteurs de fortunes, comme apportants la clairvoyance. Certains, curieux, quittaient les Tanières, leurs repères, pour venir visiter Lua Eyael. Ils ne tardèrent pas à comprendre qu'ils étaient les bienvenues, même choyés par les habitants de la Cité. De tout temps adorés par les Rehlas, ils étaient considérés comme les enfants de la Mère Lune. « Tu es loin des tiens, petit. » soupirais-je, un léger sourire aux lèvres. Je ne pris pas le Töh Taureau dans mes bras, quand bien même je l'aurai voulu : il était bien trop lourd. A défaut, il glissa sa patte aux longues griffes dans mes mains et je le menais aux siens, qui se prélaissaient paisiblement dans leurs Tanières. Je restais un moment avec eux, dans ce petit coin de la Forêt Bleue où l'on ne percevait jamais les cieux. J'avais tant à faire et à penser, je pouvais bien m'accorder ce léger répit.

Un Töh Taureau s'approcha lentement de moi. Intrigué, il me dévisagea de haut en bas de ses grands yeux noirs. Du bout d'une griffe, il effleura mon médaillon. Ses oreilles frémirent. Il recula pour mieux revenir vers moi, tout en me tendant un petit trèfle à quatre feuilles. Je le pris, surpris. Ces bêtes étaient réellement fascinantes et d'une rare intelligence qu'on ne leur prêtait pas assez.
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Lun 15 Déc 2014, 22:30


La Tour de Chimaria était aussi impressionnante que remarquable. Déjà présente lors des arrivées massives des Rehlas, je ne tardais guère à lui trouver une utilité concréte face au besoin croissant de sécurité. Le grand nord grouillait de monstres en tout genre que l'on ne désirait guère voir se ballader dans les plaines vastes de Cëlessa ou aux abords de la Cité de Lua Eyael. Il serait assez cruel de condamner les Clairvoyants à contempler la funeste arrivée de leur bourreau sans leur permettre de se défendre. Chimaria était la solution. Alors même que la vieille bâtisse n'était pas tout à fait réammenagée, elle se retrouvait peuplée du nouveau cercle que j'avais créé pour l'occasion : la Garde Blanche, aidée par tout un réseau secondaire de vie, petite ville réunie entre les mille et une pièces qu'elle dissimulait et ses longs escaliers qui serpentaient en son sein. Perché sur le toit de la Tour, je contemplais l'horizon enneigné des Glaciers et des Montagnes. Des bêtes grondaient, créatures de cauchemars ou de rêves aux notes acides, elles étaient avides de chair et de sang. Elles devaient rester où elles étaient. « Ne vous inquiétez pas, Sin Luxinreïs. Rien ne franchira les frontières. » Un léger sourire tordit mes lèvres et je détournais les yeux sur Jarod Ellendil, un Rehla que j'avais rencontré plus d'une fois. « Tu n'es quand même pas sérieux. » marmonnais-je. Embarassé, il rit tout bas, secouant ses cheveux en bataille. « Désolé. J'ai un peu suivi le mouvement. Beaucoup te connaisse pour ce que tu fais pour nous depuis ces derniers mois. Je n'ai jamais vraiment osé clâmer haut et fort que nous sommes ... » - « Amis, tu peux le dire. Ne me traite pas comme un intouchable. Pas toi. » - « J'ose espérer que je n'ai pas eu ce poste pour ça ! » - « Tu es un excellent combattant, Jarod. Ajouté au fait que j'ai confiance en toi, tu étais tout indiqué pour être le premier des Chefs de la Garde Blanche. Comment est-ce que ça se passe, ici ? » Il sourit. « Pas trop mal. Chacun prend ses marques, la vie s'instaure avec ces règles. J'emmène souvent les recrues au nord pour qu'ils s'habituent aux animaux du coin et aux températures. » Il se rapprocha de l'immense feu qui brûlait à la pointe de Chimaria. « Ce n'est pas facile mais je ne regrette pas d'avoir voué mon existence à Chimaria. C'est un bel objectif. »

« Sin Luxinreïs ! » s'écria une petite voix haute et chantante, dont les intonations paniquées s'évertuaient à me retenir un peu alors que j'étais sur le départ. Doucement, je fis volte-face pour me retrouver face à une toute jeune Rehla essoufflée. Les doigts tremblants, elle écarta ses cheveux blonds qui collaient à son front. Elle sourit, innocente, avant de se mettre à rire comme consciente de sa propre naïveté. « Sin Luxinreïs. » répéta-t-elle,  heureuse que je me sois arrêté. « Bonsoir, Fiona. » soufflais-je en la rattrapant alors qu'elle titubait, vacillante. « Navrée ... Je ... Suis ... » Elle s'interrompit, riant à nouveau. Elle n'avait pas besoin de se présenter et venait de le comprendre. « Je m'occupe de la recherche. J'étudie les bêtes du grand nord. » - « Ah oui, c'est vous. Enchanté de vous connaître. » Elle sourit. Elle était une personne d'apparence très joviale. Je ne me serai jamais permis le moindre commentaire mais elle ne pouvait me cacher son histoire, dont la tristesse aurait dû faire fâner l'expression avenante que je m'évertuais à conserver. « Je tenais à vous remettre ceci, Sin Luxinreïs. » Elle fouilla rapidement dans les infinies poches de sa tenue aventurières pour finir par dénicher un petit carnet, usé à force d'être utilisé et recourt de gribouillis. « Ce sont mes premières constatations. Je crois que cela pourrait vous être utile, pour mieux vous préparer, à la Cité. » Je pris le petit calpin. « Merci. Votre investissement dans cette cause me touche. » Elle rougit. Un brin bafouillante, elle ajouta : « Je vous conseille de particulièrement tout attarder sur les pages marqués par un petit morceau de papier bleu. » Jetant un bref coup d'oeil à ses notes, je pris l'ampleur de la tâche. Elle aimait les couleurs. Ce ne serait pas facile. « J'ai ... vu quelque chose à l'ouest. Ce n'est pas une bête mais je pense qu'il y a des choses à faire. Le voyage est long mais il en vaut la peine. » Je savais de quoi elle parlait. J'avais vu les vieilles Tours, sans avoir vraiment le temps de me pencher sur le cas. Peut-être était-il temps.
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Mar 16 Déc 2014, 00:17


Les vieilles Tours soupiraient tout bas, longs craquements d'agonie et infinies lamentations d'un autrefois prestigieux. Malgré les ruines des fondations et les décombres de son intérieur, elles étaient superbes. Comment ne pas sucomber à la magnificience de la bâtisse ? Immobiles, elle lévitait à quelques dizaines de mètres des Glaciers. On ne pouvait visiter son enceinte qu'avec la grâce de quelques dons. Pour ma part, je m'étais immiser dans les pièces sombres par téléportation. Accoudé à l'une des fênetres aux carreaux délabrés, je contemplais les environs, songeur. Avais-je le droit de reconstruire ce qui fut détruit ? Pouvais-je me le permettre ? Etait-ce une idée judicieuse ? Je connaissais bon nombre d'érudits et de professeurs dont l'immense savoir devait se transmettre aux générations futurs et à tous ceux qui désireraient s'instruire davantage. Les Tours de Zéphyr avaient été l'une des Universités les plus importantes, à une époque aujourd'hui désuète. J'avais pour idée de la rouvrir, après de longs travaux et d'interminables embauches. Ceci dit, je n'étais pas certain du bien-fondé de cette institution. J'envisageais une douzaine de domaines différents que cette Université serait susceptible d'en faire ses spécialités. Si son usage profiterait avant tout aux Rehlas, il serait dommage d'en priver les autres peuples, à ceci près qu'ils seraient peu à avoir le privilège de connaître l'existence des miens. J'avais, néanmoins, déjà réfléchi à ce problème pour les relations commerciales de Lua Eyael. Je savais que je pourrais jouer sur plusieurs tableaux et parvenir à mes fins. Décidé et déterminé, je me mis à déambuler à travers l'antique école abandonnée. Les meubles devenaient blancs, recouverts par une épaisse couche de poussière où j'égarais parfois mes doigts. Je tombais même sur un piano dissimulé sous un drap gris. Il y avait tant de souvenirs entre ses murs. « Les Tours ne sont pas totalement abandonné, cher Sin Luxinreïs. Certains s'acharnent encore à la maintenir en vie. Je le conssens, nous ne sommes plus nombreux. Je suis même seul. » Un vieil homme se détacha de l'ombre. Je l'observais sans réagir. « Vous êtes en ces lieux depuis longtemps. » - « Il me tient à coeur de les faire continuer à vivre. J'attendais que quelqu'un qui en ait réellement les moyens viennent à moi. »

Je passais du temps aux côtés du vieux Rehla. Il avait beaucoup à dire, des détails de sa mémoire que les Etoiles n'auraient pu me confier. Il me dit être trop vieux pour pouvoir tenir l'Université en directeur, comme il le fut autrefois. Il tenait pourtant à participer à la résurection de Zéphyr. Je ne voyais aucun incovénient à cela. Même s'il était âgé, presque mourant, il avait encore de grandes choses à réaliser. Bientôt, la Mère Lune se détournerait de lui. Avant l'issue fatale, il devait faire ce qu'il pouvait pour ses rêves et ses espoirs. Ses projets étaient louables. Il aspirait à une Académie aussi puissante qu'innovante dont l'enseignement serait d'une rare qualité. Je ne pouvais que l'encourager, d'autant plus que déléguer quelques projets me laisseraient plus de temps pour d'autres. De sa main tremblante, il traça quelques plans tandis que je réfléchissais à des maîtres d'ouvrages et bâtisseurs. En quelques heures, nous avions esquissé un début et je m'éclipsais en un battement de cils à Desidera pour informer officiellement les Oracles Célestes de mes volontés. Le lendemain, un portail magique fut dressé afin de permettre la liberté circulation entre les Glaciers et Zéphyr. Le jour d'après, les travaux débutèrent. De mon côté, loin des gros oeuvres où ma présence n'aurait guère aidé, je cherchais des enseignants sur les thêmes aborbés par la future Université des Tours de Zéphyr. Je finis par m'arrêter, après de longues conversation avec les Oracles et quelques professeurs, sur l'astronomie et la divination, deux sujets sur lesquels il n'y avait guère lieu de discuter tant notre race ne pouvait y couper, les sciences et la médecine qu'elle soit magique, à base de plantes ou plus traditionnelles, les recherches qui seraient au coeur de toutes les préoccupations et les Arts.

Je ne pouvais nier que la femme pour qui mon coeur battait avait jouer un rôle dans ma décision. C'était en son honneur que je voulais que les Arts soient une matière de renom à Zéphyr. Peut-être aspirais-je même à ce qu'elle entende parler de mon oeuvre et qu'elle vienne. D'un autre coté, il me déplairait de la revoir. J'en serai trop peiné.
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♦ Question d'interprétation [Mitsuko] ♦ Test VI.

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