Les anges, voici le soucis des démons. Ludwig voit ces derniers comme des êtres abominables qui en plus de l'être, ont eu l'idée répugnante de protéger les humains. Aussi, s'il pouvait voir le nombre d'anges diminuer, il en serait ravi. C'est pour cela qu'il veut que les démons de faibles rangs essayent de faire goûter n'importe quel pêché à n'importe quel ange. Une réussite emportera une récompense en or ou en nature (auprès d'hommes ou de femmes charmant(e)s)

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Mitsuko jouait sur le vieux piano qu'elle avait fait réparer, pensant que seuls les plus anciens instruments possédaient une âme, celle du passé, celle de ceux qui avait joué durant des heures et des heures. Ce génie ne manquait d'aucun culot pour avoir osé transpercer cet objet si précieux à ses yeux. Elle sourit, simplement, mystérieusement, attendant simplement le moment où elle pourrait mettre ses plans à exécution le concernant. Mais pour l'instant, cela semblait bien lointain. Cependant, le temps ne semblait guère un problème pour cette femme qui venait d'une toute autre époque. Que ce monde était différent. Elle aimait le contempler et, aussi et surtout, le critiquer. La fidélité envers un souverain était une chose rare et il semblait que les valeurs de chaque race disparaissent dans le souverain même qui, apparemment, faisait tout pour salir les siens. Les rois dignes de ce nom n'existaient plus réellement. Naram faisait parti de ceux qui n'avaient pas échoué de son point de vue, bien que, cela ne reste qu'un simple avis. Le futur révélerait sans doute ses failles, car oui, elle savait combien il en avait. Des failles qu'elle exploiterait, comme il se ferait une joie de le faire avec les siennes. Jun avait agit de la façon qu'elle avait souhaité et elle ne le remercierait jamais assez pour le cadeau qu'il lui avait fait : la mort, une mort la menant tout droit à sa réincarnation en être démoniaque. Quoi de plus grisant que de revenir aux sources?

« Madame, une lettre d'arriver pour vous. Elle porte le sceau royal. ». Elle sourit encore, répliquant alors d'une voix sensuelle, chaude. « Veuillez attendre que je finisse mon morceau. Le roi peut attendre après tout. ». Ses doigts bougeaient frénétiquement sur les touches, son morceau rapide et des plus angoissants. Ludwig. Elle devait avouer qu'elle n'aimait pas avoir une personne au dessus de sa tête mais elle avait bien l'intention de faire changer les choses rapidement. Elle allait prendre ce qui lui revenait de droit et ce, de grès ou de force, quelque soit la personne qui se trouverait devant elle. Cela dit, elle aimait les pensées de cet homme et les partageaient, du moins, pour la plupart. Finissant, elle se leva lentement du tabouret, entièrement nue, faisant face à l'homme qui lui tendait la missive depuis cinq bonnes minutes, semblant infatigable. Elle s'approcha de lui, l'embrassant doucement tout en prenant la lettre. « Merci bien. ». Celui-ci s'inclina et partit sans un mot. Un petit sourire en coin se dessina sur les lèvres rouges de Mitsuko qui découvrit ce que lui voulait ce cher Ludwig. C'était décevant. Cette lettre ne lui était pas personnellement adressée. Si elle souriait, dans ses yeux se reflétait clairement le désir d'arracher les entrailles de cet homme si déplaisant qui, visiblement, n'avait pas encore remarqué que dans ses rangs se trouvait une femme qui allait bientôt le dépouiller de tout ce qu'il avait avant de dépecer son corps pour s'en faire une cape. Mais la patience était de rigueur. Il verrait bien que peu à peu, les mailles du filet se refermeraient sur lui, qu'il ne pourrait y échapper, comme Jun avait gentiment fait ce qu'elle souhaitait. Et puis, Ludwig était un homme, un homme qu'elle allait charmer en un rien de temps, elle en était convaincue. Cela dit, quelque chose l'inquiétait légèrement : Naram et Jun, génies tous les deux. Elle avait plutôt prévu que le premier tuerait le deuxième, chose qui l'aurait arrangé. Mais non, il l'avait laissé vivre. Où? Elle ne le savait pas, mais elle ne tarderait pas à le découvrir. Quoi qu'il en soit, elle avait une mission à accomplir, chose qu'elle faisait déjà d'elle-même tant c'était amusant et, surtout, délicieux.

Rappelant son majordome, Seth ayant préféré sa descendante, elle lui demanda : « Organisez une fausse soirée. Je veux que vous conviez beaucoup d'anges. Je suis sûre qu'un bon nombre viendront pour ne pas offenser l'hôte. Leur politesse les perdra. ». C'était certain. Les anges étaient trop faciles à manipuler à cause de cette tentation omniprésente. L'inconnu, voilà ce qui les attirait. Mais qui ne l'était pas? L'inconnu est excitant par ses mystères et personne ne pourrait le nier. Oh certes, certains en ont peur mais, au fond, la peur n'empêche pas le désir de s'exprimer longtemps. Sortant de la pièce, un verre de vin rouge à la main, elle décida que pour cette soirée, aussi fausse celle-ci serait, il convenait de s'habiller un minimum. Ce serait tellement amusant, elle n'avait presque rien à faire, simplement attendre et faire doucement glisser son parfum dans la pièce. Et puis, elle allait profiter de l'occasion pour se joindre au flot de luxure qui allait se répandre dans la salle de réception d'ici quelques heures. Elle finit par dire à voix haute « Je veux que tous les domestiques de cette maison s'habillent. Vous jouerez mes faux hôtes ce soir. ». Le manoir Taiji avait toujours obéit à cette femme bien plus qu'à aucune autre. Même sa descendante n'était jamais arrivée à un tel niveau de contrôle du pouvoir de la maison. En même temps, ceci était tout à fait naturel car elle avait forgé ces murs, inséré sa puissance dans ceux-ci. Ce soir, elle trinquerait en l'honneur de Ludwig et du règne éphémère qui serait le sien car, d'une façon ou d'une autre, elle récupérerait ce qui lui appartenait de droit. Et elle ne s'arrêterait pas là.

Le soir, elle attendait les invités, assise sur le trône qui surplombait la salle. Des musiciens jouaient des morceaux ordinaires, propres à ce genre de cérémonie et le personnel du manoir dansait. Mitsuko regardait le spectacle, se délectant d'un énième verre de vin. Elle aimait bien se trouver dans un état proche de l'ivresse lorsqu'elle savait qu'elle ne courait aucun risque. Un état excitant qui ne lui portait en réalité pas préjudice puisqu'elle gardait tout de même la tête sur les épaules, du moins, pour ce qui était nécessaire. Elle avait envoyé un petit carton d'invitation à sa majesté Ludwig qu'elle entendait bien faire plonger avec elle dans la passion luxuriante. Après tout, cet homme ne lui était pas si inconnu que cela puisqu'il avait été proche de sa descendante au moment où elle était encore à l'intérieur de son corps, observant. Elle savait ce qu'il aimait et les femmes en faisaient partie. Et puis, comment un monarque démoniaque pourrait-il cracher sur un quelconque pêché? Il aurait fallu être indigne de la fonction. Elle l'attendait donc et elle savait qu'il viendrait, attiré par le manoir, la demeure de sa descendante. Et lorsque les premiers invités arrivèrent, anges qu'elle salua d'un signe de la tête, un sourire accueillant aux lèvres, elle eut le plaisir intense d'apercevoir celui qu'elle attendait. Se levant de son trône, elle se dirigea vers ce dernier. « Eh bien, mon seigneur, malgré toutes mes espérances, je ne pensais pas que vous daignerez vous déplacer si rapidement. A croire que Mitsuko a sur vous une certaine influence. ». S'il était étonné, il ne le montrait pas, son regard glacial la dévisageant. Il savait qui elle était car, après tout, il était un homme de son époque ou, du moins, d'une époque qui lui avait succédé. Leurs ères respectives d'existence n'étaient, après tout, pas aussi éloignées l'une de l'autre et il était un homme instruit. Il ne disait rien mais elle reprit. « Suivez-moi, le spectacle va bientôt commencer. Je suis certaine que vous l'aimerez. ».

Placés l'un à côté de l'autre, le trône étant bien assez large pour deux, elle fit signe à l'un de ses serviteurs d'apporter plus de vin. « Vous savez, il y a bien des choses fascinantes dans ce monde. Je vous citerai vous car, après tout, quel mystère se cache derrière votre réapparition soudaine? Hum? Je crois le savoir. Cela dit, vous n'êtes pas le seul à connaître quelques secrets. Ensembles, nous pourrions faire de grandes choses. Cependant, je n'ai pas encore assez de talent pour vous égaler et vous aider plus que je ne vais m'y employer à présent. ». Elle sortit de sa poche une fiole bombée sur le bas du flacon, la largeur s'affinant progressivement jusqu'en haut. « J'appelle cela la luxure en flacon. Voyez-vous même les effets. ». Elle se pencha légèrement, retirant le bouchon du flacon avant de le faire rouler doucement sur le sol, celui-ci gravissant sans se briser les quelques marches qui faisaient que le trône surplombait la salle. Une fois en bas, il roula dans la salle avant de s'arrêter aux pieds d'un danseur. Mais, le mal était fait. Car la luxure en flacon fonctionne dès que l'on hume son parfum. Mitsuko sourit, regardant les invités se regarder soudain avec des yeux plus gourmands. Les anges essayèrent de résister, leurs principes les y aidant mais nul n'y résiste sans avoir connaissance de la façon de le contrer : se boucher le nez. Un simple geste et tout s'arrête. Seulement, quel individu bien élevé se boucherait le nez en public? Aucun, d'où le secret d'une simplicité déconcertante. Doucement, les mains ses caressèrent, les lèvres se frôlèrent. Ce n'était que le début car, bientôt, une passion dévorante s'emparerait de leur âme. Le roi des démons avait compris de quoi il s'agissait, souriant en apposant deux doigts sur son nez, ce qui fit rire la jeune femme. « Eh bien? Avez-vous peur d'un coït partagé? Vous me décevrez si c'était le cas. Cependant, si votre désir est de ne point participer, sachez que je ne le partage en aucun cas. Les anges sont délicieux et autant profiter de la mission que vous m'avez confié pour y goûter. ». Elle se leva, retirant doucement sa robe. La foule avait totalement changé de comportement, la douceur n'étant plus réellement de mise car la passion était bien trop forte. Les habits étaient ôtés, parfois même déchirés, seule barrière à l'entremêlement des corps. Mitsuko cherchait un ange car elle pouvait abuser de ses domestiques quand l'envie lui prenait. Un ange... ou deux.

Lorsque la petite fête fut terminée, ne resta plus que Ludwig et la jeune femme, les nouveaux déchus ayant été jetés dehors sans aucun ménagement. Ils avaient tout perdu et cela plaisait à la jeune femme... cette perte de soi, cette perte de sa race, cette déchéance exquise. Le roi lui demanda ce qu'elle souhaitait comme récompense. Seulement, Mitsuko tendit l'un de ses bras, y faisant apparaître quelques pièces d'or. « Je crains n'avoir besoin ni d'or ni de plaisirs car, j'ai tout ce qu'il me faut en ces lieux. Par contre... ». Elle marqua une pause, laissant le dernier mot se perdre un instant. « si vous vouliez bien m'accompagner visiter ma salle de torture, ce serait un grand honneur. J'y avais prévu des travaux d'ici peu. Après tout, elle a pris la poussière bien des années et l'idée de m'en servir de nouveau est des plus tentantes. Peut-être auriez vous quelques conseils à me prodiguer en la matière? Nous pourrions discuter plus amplement ainsi, de cette salle et, si vous le souhaitez, de bien des choses... ». Sa voix était mystérieuse, envoûtante. Elle savait qu'il ne serait jamais venu sans le lien qu'avait tissé sa descendante avec lui. Cependant, elle comptait bien reprendre toutes les plates bandes de celle-ci. Déesse de la justice, c'était une horreur, un déshonneur. Mitsuko comptait bien également remédier à ce petit problème. Mais plus tard. Chaque chose en son temps. Pour l'instant, elle venait d'obtenir le rang qu'elle souhaitait. Cependant, ses ambitions ne s'arrêtaient pas là et, peu à peu, elle gravirait les échelons de la hiérarchie démoniaque jusqu'à ce qu'elle s'empare du trône.

1937