Catégorie de quête : II. Sauvetage
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Intrigue/Objectif : Toujours activement à la recherche de sa sœur disparue, Kratos s'est vue adressé un message lui indiquant le lieu d'un rendez-vous qu'il vaut mieux ne pas manquer. Cependant, l'imprudence lié à son manque de recul l’entraîne dans davantage de complications. Pour s'en sortir, il devra irrémédiablement compter sur une aide extérieure...

La nuit avait été déplaisante ; son sommeil perturbé à cause du message qu’il avait reçu la veille. Sur ce morceau de parchemin à l’encre sèche — à peine lisible — c’est tout juste s’il avait saisi son sens. De nombreuses fois il s’était réveillé pour s’efforcer de déchiffrer ce dernier, probablement codé, mais sans succès. Seule une partie de celui-ci lui était désormais intelligible, le dernier tiers demeurant un mystère. Le mot sœur et renseignement apparaissaient usuellement, mais également le nom d’une taverne qui se situait à Qaixopia. Ou du moins dans ses abords. L’homme ne savait pas vraiment à quoi s’en tenir, tant bien qu’il avait longuement étudié cette invitation fraichement ciblée. Kratos parlait très peu de sa vie, et encore moins de sa frangine, qui ne représentait ni plus ni moins qu’un traumatisme pour l’Humain. Pour autant, il sentait au plus profond de lui qu’elle était encore en vie, et que la chercher rimait concrètement à quelque chose. En fin de compte, peu importe combien il pesait le pour et le contre, ce manifeste constituait actuellement sa seule piste véritable. Ne pas y aller témoignait d’une renonciation à son but, et ça, il ne pouvait se le permettre. Saisir cette chance le trainerait peut-être en Enfer, mais il s’en fichait bien, du moment qu’il progressait ne serait-ce que d'une courte longueur dans sa quête.

Originaire de Muharkel, ses déplacements s’en trouvaient relativement réduits. Surtout en ces temps, où les Humains sortaient à peine la tête de l’eau pour se reconstruire. Fort heureusement, un navire était passé récemment afin de recruter quelques volontaires pour faciliter les échanges entre les royaumes. La culture et l’éducation avaient beau différer, la plupart des Seigneurs entretenaient de bonnes relations entre eux. Ils savaient mieux que quiconque que la division entrainait rarement une influence bénéfique, davantage encore sur le long terme. Kratos avait donc rejoint les bénévoles avec le minimum de bagages. Un havresac avec du matériel de survie ainsi que quelques vêtements de rechange lui suffisait amplement. Il s’était par ailleurs appareillé d’une tenue qui se voulait la plus miséreuse possible ; une chemisette délavée avec un col en V ainsi qu’un corsaire assez souple pour faciliter sa mobilité. L’embarcation s’était déroulée très tôt dans la matinée, dans un port très vaste contenant un marché tout aussi prolifique. Les habitants semblaient vivre des jours heureux, mais plus remarquable encore, la ville respirait la sérénité. Il reconnaissait l’odeur agréable du bon pain, un péché mignon de sa sœur. Il avait pris l’habitude de s’en procurer tous les jours à l’aube, pour son plus grand bonheur. Ce n’est qu’après l’avoir avalé qu’elle lui faisait part de son admiration pour lui, toujours ponctuée de questions très pertinentes pour son âge. Dire que ces moments lui manquaient serait un euphémisme.

Il comptait néanmoins y remédier, et c’est dans cet esprit qu’il demanda son chemin aux habitants, qui forts cultivés de leurs sympathies l’orientèrent en direction d’une taverne, et qui, étrangement, se trouvait en décalage par rapport aux autres commerces. En retrait, loin des autres bâtiments, son revêtement laissait à désirer. C’est toutefois sans se poser davantage de questions qu’il entra pour faire face à un établissement quasiment vide, n’abritant qu’une poignée de clients. Kratos demeura le plus impassible possible, puis alla s’asseoir au bar en prenant soin de déposer son sac à ses pieds. Discrètement, il glissa le message sur le comptoir.

« Je ne vais pas tourner autour du pot. Je recherche la personne qui me l’a transmis. Les hommes de votre profession sont généralement bien avisés. »

Mais avant d’avoir l’honneur de faire front à cet énigmatique convocateur, sa vue se troubla. Il avait pourtant fait attention de ne rien consommer. Un mal de crâne accompagna également sa chute, indice plutôt prometteur quant au piège dans lequel il venait de sombrer.

Lorsqu’il se réveilla, quelques heures plus tard, il se retrouva pieds et poings liés au sein d’une cellule confinée, au milieu de nulle part. Les mirettes à peine entrouvertes, il distinguait difficilement l’endroit dans lequel il se trouvait. Une pièce souterraine peut-être. Quoiqu’il en soit, ses bras — tendus par des cordages bien serrés — restreignaient toute bravade. C’est en étant vaguement conscient qu’il projeta la silhouette d’un homme qui se présenta à lui.

« Détachez-moi ou je vous… » Une gifle cinglante le coupa dans son élan.

« Tu n’es pas en position de requérir quoique ce soit, humain. Le type derrière tout ça a le bras long, alors crois-moi, je te conseille de faire ce qu’on te dit si tu veux survivre dans cette arène. »

« Une arène… ? Quelle arène ? »

« T’es l’un de ses gladiateurs à présent. Tu seras conduit dès demain en dehors de la ville pour participer à ton premier combat, donc prépare-toi à le remporter si tu veux rester en morceaux. Tiens, je suis venu pour ta gamelle. »

Le mercenaire posa un plateau sur le sol devant lui ; un récipient d’eau ainsi qu’une assiette composée majoritairement de viande desséchée. Puis il tourna les talons et emprunta des escaliers avant de totalement disparaitre. Il avait beau examiner tous les recoins de la pièce, rien ne lui permettait de s’enfuir actuellement. Le seul plan susceptible de fonctionner consistait à atteindre cette arène et à trouver une échappatoire une fois sur place. L’improvisation comportait beaucoup de failles, mais à défaut d’avoir une main tendue lui proposant son aide, c’est tout ce qu'il avait en stock.


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Personne ne pourrait plus le sauver avant l’aube, il en avait maintenant la certitude. Qu’allaient-ils faire de lui dans cette arène alors qu’ils le laissaient à l’agonie et sans moyens de recouvrer sa vigueur ? Il essayait bien d’élaborer plusieurs ruses dans sa tête, mais Kratos était encore loin d’avoir les qualités requises d’un grand chef. D’autres humains plus habilités que lui s’en seraient surement sortis sans assistance, mais il avait suffisamment les pieds sur terre pour savoir que la fiction ne dépasserait jamais la réalité. Ce n’est finalement que le lendemain qu’il se réveilla, conscient d’avoir manqué de temps et désormais à court d’idées. Quelques minutes plus tard, deux gaillards descendirent dans les geôles, non pas pour prendre cordialement de ses nouvelles, mais pour l’embarquer comme le prévoyait leur commanditaire. Le palefrenier tenta bien de se débattre autant que possible avec le peu d’ardeur qu’il lui restait, mais la seule chose qu’il empocha fut l'impact d'un coup dans l’estomac, calmant net ses élans passionnés. Toutefois, alors qu’ils remontaient les marches qui les menaient vraisemblablement à l’auberge ou à l’extérieur, un modeste éclat alerta les deux bougres. Un silence s’en suivit, puis un capharnaüm monstre reprit de plus belle. « Merde, qu’est-ce qu'ils foutent encore ?! Allons voir, laisse-le là en attendant, il ne pourra pas aller bien loin dans son état. » Les gardes s’empressèrent alors de rejoindre la sortie, renonçant à Kratos dans le chaos le plus complet. Peu importe ce qui était en train de se passer, il devait en profiter pour filer au plus vite. Il pouvait clairement comprendre qu’une bagarre venait d'éclater, il devait donc s’agir d’un gang ennemi ou d’un acte de représailles. Étant donné qu’il n’était qu’un simple captif, il avait toutes ses chances d’en réchapper. Prenant son courage à deux mains, l’homme tituba jusqu’à l’entrée, se détacha de la porte et rampa en direction des meubles et autres bidules derrière lesquels il pouvait se dérober.

Il ne pouvait pas voir qui étaient les assaillants, mais à l’évidence ils dominaient considérablement à en juger les nombreux corps dispersés qui baignaient dans leur sang. Après quelques efforts, et en échappant de peu à la vigilance des combattants, il réussit à atteindre le passage. Le souffle coupé, il fut forcé de s’asseoir quelques instants pour reprendre ses esprits. Ce n’est qu’une fois le silence reconquis à l’intérieur qu’il se dépêcha, le réaffirmant par sa seule volonté. Malheureusement — ou heureusement —, un personnage au large sourire l’attendit les bras croisés au coin du bâtiment. Son apparence inaccoutumée tranchait net avec la sienne ou celle des autres humains. Marqué par des tatouages de la tête au pied, les yeux perçants d’un rouge écarlate et le corps taillé pour la lutte… oui, il ne faisait plus aucun doute, il avait en face de lui un Démon. « Tu es celui qui a fait ça ? Où est ta bande et dans quel but ? Il vous manque un humain comme moi dans votre collection, c’est ça ? » Le rire sardonique de l'incube s’enclencha comme s’il venait d’entendre une super blague. Il se dressa devant Kratos et l’examina longuement, après quoi il engendra une succession de mouvements rapides sur ses articulations, les soulageant nettement.

L’homme pouvait à nouveau se déplacer normalement. Fascinant. « Tu poses beaucoup trop de questions en plus d’être dans le faux. La plupart des vils de mon rang bossent seuls, et c’est déjà bien assez suffisant pour ce genre de fragiles. Et puis avoir un esclave tel que toi non merci, j'm'en suis simplement mêlé pour le business, mon vieux. » « Un Démon au secours d’un Humain… tu n’as pas toute ta tête je comprends. Bon, mais merci du coup de pouce, à la prochaine. » Kratos leva sa main en signe de reconnaissance avant de tourner les talons et de s’éloigner. Mais il percuta ce même démon, fort inquiétant. « J’imagine que la nouvelle n’est pas encore parvenue aux oreilles de tous. M’enfin bref, la politique évolue mon garçon, et vous avoir sous notre aile nous ferait grave plaisir. » « Ton discours sonne faux, va savoir pourquoi. » « Ah ah, t’as pas tort. Évidement qu’on s’en cogne de vous, mais vous pouvez nous être utile autant qu’on peut l’être pour vous. C’est un arrangement qu’on vous propose à long terme, pas un contrat de mariage. » « On a déjà ce qu’il faut pour ça, alors excuse-moi si je préfère avoir foi aux Anges qu’en vous. » « Mais qui a parlé de confiance ? Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une relation professionnelle. Sur ce terrain-là, on est imbattable, morveux. »

Kratos était perplexe. Contrairement à beaucoup de ses semblables, il ne détestait pas les Démons, qui malgré leur affiliation au machiavélisme ne causaient pas plus de sévices que d’autres. Qui plus est, le débat de bien et de mal laissait champ libre à beaucoup d’hypocrisie. « Inutile de prendre une décision maintenant, nous avons quelque chose à accomplir ensemble avant. L’arène vers laquelle tu devais être embarqué renferme quelques-uns de tes collègues, et je ne pense pas que t’es du genre à abandonner les potes. » La famille… c’était dans ce but qu’il était venu. Il avait raison, il devait agir, et ne pas accepter l’aide de ce démon au talent innée serait une grave de sa part. « J’accepte ton offre, allons-y. » « À vos ordres, partenaire. » Ni une ni deux, le démon le fit valser dans un gouffre dimensionnel afin de se rendre directement sur les lieux.  


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