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 Bagarre céleste ! [Pv Raeden]

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Dim 06 Oct 2013, 05:14


J’étais restée éloignée du Sanctuaire quelques jours, plus par désir d’éviter Mérédith et mes collègues en général qu’autre chose. Après le forum des métiers, je n’avais eu aucune envie de subir les remarques et les reproches que la directrice aurait probablement à m’adresser, d’autant plus que je savais pertinemment qu’elles étaient plutôt justifiées. Ouais, coller un pain à l’un des prisonniers que j’étais censée surveiller avant de me barrer en abandonnant le groupe n’était pas la chose la plus maligne à faire, c’était certain… Et ça n’avait pas non plus dû donner une particulièrement bonne image des membres des protecteurs du Bonheur aux passants ayant assisté à mon pétage de plombs monumental. Donc, effectivement, Mérédith avait matière au reproche, pour ce coup-ci, et je n’avais guère envie d’avoir à m’expliquer auprès d’elle. Elle aurait sans doute rapidement la tête prise par toutes sortes d’évènements autrement plus importants, mieux valait donc attendre que les choses se passent et qu’elle oublie mon déplorable manque de self-control. Quoiqu’il y avait des chances qu’elle s’en souvienne malgré tout : de ce que j’ai pu constater, elle a plutôt bonne mémoire. Je ne faisais peut-être que retarder les choses, mais peu importait ; j’avais simplement envie de m’éloigner un peu de cet endroit dégoulinant de trop bons sentiments. De prendre l’air, en somme.

Du coup, j’avais examiné les petites fiches que fait Mérédith pour recenser les ‘missions’ faites et à faire – oui, elle fait ça, elle est drôlement organisée – et j’avais choisi une affaire de vol à Megido, pas encore élucidée. Je n’étais pas milicienne, mais ça ne changeait rien ; les rôles au sein de l’association ne sont pas définis comme ils peuvent l’être ailleurs. En bref, tant qu’on est utile, on fait un peu ce qu’on veut… J’avais donc prévenu très vite fait la directrice et mes collègues, estimant que ça faisait mieux de dire ‘je vais chercher un voleur pour l’arrêter et le remettre dans le droit chemin’ que ‘je vais glander ailleurs parce que vous me gonflez’. Les deux étaient vrais, en fait, mais je préférais ne pas plus me mettre les Protecteurs à dos que ce n’était déjà fait. Mais puisque finalement, après une semaine passée sur les lieux, je n’avais pas réussi à capturer le foutu voleur, et que j’avais en plus été assez peu discrète dans mes recherches pour qu’il cesse toute activité – ou se barre, je n’en savais rien en fait – peu après mon arrivée, j’aurais tout aussi bien pu partir me balader sans prévenir personne. Au moins, ça m’aurait donné un style, genre ‘solitaire qui va où bon lui semble sans avoir de comptes à rendre à personne’. Là, je passais plus pour l’abrutie de service incapable d’entreprendre quoi que ce soit sans tout faire foirer, du coup. Déjà qu’on ne peut pas dire que ma réputation au sein des Protecteurs du Bonheur soit excellente… Bon, je crois qu’elle est même carrément mauvaise, globalement. Pas chez tous les Protecteurs, bien sûr, y en a qui s’en foutent et même accessoirement certains qui semblent m’apprécier un tant soit peu, mais j’imagine que le portrait de moi qu’on dresse aux nouveaux arrivant n’est pas particulièrement flatteur. Je suis sans doute trop désagréable et trop peu sociable pour être totalement acceptée au sein d’une association semblable… Et pourtant, je tiens à y être. J’y passe ma vie, je fais ce que je peux pour aider, et ça me tient à cœur plus que la plupart des choses de ce monde. Mais j’arrive pas vraiment à me plier à ce qu’on attend de moi, c’est comme ça. J’aimerais qu’on donne des foutus cours e combat aux prisonniers pour leur apprendre à canaliser leur colère, mais selon Mérédith c’est trop dangereux. J’aimerais qu’on arrête de s’adresser aux rescapés de catastrophe de la manière la plus mielleuse qui soit et qu’on leur cause comme à des gens normaux, mais il paraît qu’ils ont besoin qu’on les ménage. Et surtout, j’aimerais qu’on revoie la méthode dont on se sert pour ‘remettre les prisonniers dans le droit chemin’ : ils ont pas besoin qu’on leur fasse la leçon, ces types-là, faudrait leur apprendre la vie de manière un peu plus concrète… Ouais, bon, j’ai pas vraiment d’idée précise, et de toute façon Mérédith ne veut pas en entendre parler. Enfin, bref. J’aime cette association, je respecte les objectifs qu’elle se donne et je les partage. J’ai juste un peu de mal avec la mise en application, parfois.

Quoi qu’il en soit, j’étais rentrée bredouille au Sanctuaire, ce qui ne sembla pas étonner grand-monde – d’un côté, je ne le criai pas sur les toits non plus. Je fis très brièvement part de l’échec magistral de ma mission à un volontaire chargé de consigner ce genre de choses, et m’enfermai par la suite dans ma chambre, sans même passer saluer Charlie – faut dire que je lui en voulais un peu, depuis le forum des métiers. Et, une fois que j’eus posé mes fesses sur le petit lit dont était munie ma minuscule demeure, je m’aperçus qu’une lettre y était également posée. Pas une lettre du taré qui m’écrivait depuis quelque temps, en me prenant pour quelqu’un d’autre – chose dérangeante autant qu’amusante, à vrai dire – mais une lettre d’une des seules personnes au monde que j’appréciais réellement. Raeden. Raeden, que je n’avais vu qu’une fois et avec qui je m’étais immédiatement bien entendue, sans savoir pourquoi exactement. Et qui me proposait un rendez-vous à la Citadelle blanche, pour un ‘entraînement amical’. L’idée ne me déplaisait pas le moins du monde, autant parce que j’avais envie de revoir l’ombre que parce qu’un entraînement, amical ou non, serait l’occasion de me défouler un tant soit peu. Ça faisait un moment que j’en avais besoin, au fond… Et donc, je ne pouvais qu’accepter sa proposition. Sauf qu’il avait écrit ‘dans une semaine’, et que si je prenais en compte la date où la lettre avait été écrite, c’était le jour même que j’avais rendez-vous. Je n’avais pas envoyé de confirmation – le contraire aurait été étonnant étant donné que je venais de lire la lettre, remarquez – et je n’avais pas de moyen de savoir s’il viendrait malgré l’incertitude dans laquelle je l’avais involontairement laissé ; mais ça valait le coup d’essayer. Et puis, mon récent échec quant à la chasse au voleur avait en définitive réussi à me mettre encore plus les nerfs en pelote qu’ils ne l’étaient avant mon départ au Sanctuaire… Il était temps que je me change VRAIMENT les idées, si je ne voulais pas finir par foutre le feu au Sanctuaire.

La Citadelle blanche se trouvant au milieu de l’océan, je savais qu’il ne valait mieux pas que je me loupe sur la téléportation ; mais, malgré mon sens de l’orientation remarquablement mauvais, je parviens en général plus ou moins là où je veux parvenir. Bon, à quelques mètres près et souvent dans des endroits assez improbables – caractéristique qu’étrangement, je partage avec Ercan, ce qui donne en général lieu à un sacré merdier – mais globalement je m’en sors. Sans prévenir ni Charlie, ni qui que ce soit d’autre – je n’en aurais pas pour des lustres, de toute façon – je me téléportai donc, sans même prendre la peine de sortir de ma chambre. Et, puisqu’on ne peut pas non plus tout réussir, j’atterris quelques secondes plus tard… dans l’eau. Sans me noyer pour autant, cela dit, étant donné que je n’étais qu’à une dizaine de mètres de l’île et que j’avais de l’eau jusqu’à mi-cuisse, mais c’était malgré tout légèrement exaspérant.

- Bordel de m*rde, qu’est-ce que j’lui ai fait, à ce put*i* d’Aether de la chance ? Va t’faire foutre, si tu m’entends,
ajoutai-je à l’intention de l’hypothétique Aether en adressant un splendide doigt d’honneur au ciel bleu qui s’étendait au-dessus de ma tête.

Blasphème, maintenant… Ce n’était certainement pas ce qui allait arranger mon cas. Mais bon, je n’avais jamais accordé beaucoup d’attention à toutes ces histoires d’Aether et compagnie. S’il existait des mecs tout-puissants capables de contrôler le monde où je ne sais trop quoi, est-ce qu’ils feraient vraiment en sorte que ce soit une m*rde pareille ? Quoique, peut-être qu’ils s’amusent juste. Peut-être que ça les fait marrer de nous voir nous entre-tuer et crever misérablement, comme un gamin s’amuserait à démembrer des insectes. Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais vu de raisons de vouer un culte à ces hypothétiques gens-là, ni de leur sacrifier des bébés chats. Donc, je ne m’en préoccupe simplement pas.

Je pataugeais laborieusement jusqu’à la plage, et m’assis sur le sable pour retirer mes bottes et vider l’eau qui s’y trouvait avant de partir vers le terrain d’entraînement. Enfin, de partir à la recherche du terrain d’entraînement, parce que c’était pas tellement fléché… Il me fallut quinze bonnes minutes pour repérer le truc, qui pourtant n’était pas très bien caché. Légèrement agacée par ces mésaventures toutes plus stupides les unes que les autres, je m’assis donc – ouais, j’aime bien être assise – à l’entrée du terrain, visible de l’intérieur comme de l’extérieur. Que Raeden soit déjà sur place ou pas encore arrivé, il pouvait assez difficilement me louper.
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Ven 11 Oct 2013, 16:58

Il n'y avait pas eu de réponse à sa lettre. Peut être était-ce parce qu'il l'avait quand même envoyé assez tard. Il n'avait laissé qu'une semaine entre l'envoie et le rendez-vous. Il suffisait que la jeune fille ne soit pas au sanctuaire pour qu'elle ne reçoive pas son invitation à temps. Ou alors, il y avait bien une lettre en cours, mais l'Ombre ne l'avait tout simplement pas encore reçu. Quoiqu'il en soit, il ne pouvait pas rester comme cela, incertain sur ce qu'il devait. Il avait donc décidé de se rendre tout de même sur place, à la citadelle blanche. Si Elisha y était, ils pourraient s'entraîner ensemble comme convenu, si non, eh bah, rien ne l'empêchait de faire de l'exercice seul. Et puis, apparemment, s'il avait bien comprit, il y avait des gens sur place exprès pour jouer les partenaires de personnes venant seuls. Donc au final, que la magicienne vienne ou non, cela ne changeait pas trop ses plans.

Il était donc arrivé à la citadelle blanche le matin du jour du rendez-vous fixé. Pour le moment, pas d'Elisha ou de canasson cornu en vue. L'Immortel espérait bien d'ailleurs, si elle venait, qu'elle n’amènerait pas sa stupide licorne car sinon, il y avait de forte chance pour que la rencontre se finisse par un affrontement entre l'homme et l'animal. Bien évidemment, quand à lui, le Passeur était venu accompagné de Leaic. En fait, il était très rare que le chien ne le suive pas. Bien sur, il avait son libre arbitre et faisait ce qu'il voulait, mais généralement, il choisissait de porter compagnie à l'ex-ange. Allez savoir pourquoi ! En tout cas, c'était comme ça, et au final, ça ne dérangeait pas Raeden. Même s'ils n'échangeaient pas beaucoup entre eux, le canin étant doué de la parole. Mais apparemment, cela ne manquait ni à l'un ni à l'autre. Peut être était-ce pour cela que l'homme et le chien s'entendaient si bien ?!

Le Passeur avait fait un premier tour du terrain en attendant la possible venue d'Elisha. Il allait quand même patienter encore une heure ou deux après l'heure fixée. On ne savait jamais, même si elle était douée de téléportation, il pouvait toujours y avoir une raison pour la retenir et faire qu'elle arrive en retard. A moins qu'elle ne vienne pas du tout, mais ça, il le verrait bien tout simplement si elle n'arrivait pas. Pour passer le temps, il s'était ensuite assit contre un mur et avait refermé les yeux, les sens quand même aux aguets. Il avait besoin de réfléchir. Non pas à des choses compliquées mais pour un projet qui lui tenait à cœur. Pour pouvoir le mettre en place, il devait faire plusieurs démarches et il était justement en train de faire un récapitulatif de tout cela dans sa tête. Qui aller voir, que faire, les contraintes, les impératifs, les documents à fournir … Son but n'était pourtant pas compliqué en soi, mais si on ne faisait pas attention, il y avait toujours des complications qui arrivaient à vitesse grand V.

C'est ainsi qu'il ne remarqua pas tout de suite l'arrivée d'Elisha. En fait, si Leaic ne lui avait pas donné un coup de museau dans les côtes, il aurait continué à réfléchir. Et la jeune fille aurait eu un peu de mal à le voir, dans son renfoncement à l'écart. L'Ombre jeta un coup d'oeil au chien pour savoir ce qui lui prenait avant de suivre du regard la direction dans laquelle l'animal regardait. Un hochement de tête puis il se leva et s'approcha sans bruit, tel … une ombre … jusqu'à la magicienne, encore toute humide.


Tu es tombé dans l'eau.

Une simple constatation. Il défit d'un mouvement d'épaule son manteau avant de le faire tomber sur les épaules de la jeune fille. Cela serait totalement idiot si elle tombait malade.

Veux-tu te sécher avant de commencer ? Ou préfères-tu directement te réchauffer en action ? D'ailleurs, elle n'est pas là ta mule cornue?

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Ven 18 Oct 2013, 02:28


Toujours assise par terre, j'avais laissé mes pensées dériver vers des sujets tous moins utiles les uns que les autres, jusqu'à finir par oublier plus ou moins la raison de ma présence devant un terrain d'entraînement angélique. Il y avait un bon moment que ma mémoire daubée ne m'avait pas fait ce coup-ci, et c'était pour le moins perturbant... Les sourcils froncés, je scrutais d'un regard dubitatif le paysage qui m'entourait, sans être capable de me rappeler ce que j'étais venue foutre là. Pas de licorne post-it pour me le rappeler, cette fois-ci, ni qui que ce soit d'autre. Depuis quand j'avais besoin d'un machin spécifique comme celui-ci pour m'entraîner   ? Il me suffit d'avoir quelqu'un sur qui taper, en général... Ou quelqu'un par qui me faire taper, en fait   ; parce qu'on ne peut pas vraiment dire que je gagne énormément de combats. Mouais, peut-être qu'il était temps de réviser ma technique, du coup, mais ça n'expliquait en rien le fait que je me sois assise devant le machin en mode statuette au lieu d'aller directement m'exercer à je ne savais trop quoi. Il y avait une raison, forcément, et il était à peu près certain que je la connaissais   ; simplement, sur l'instant, j'avais du mal à mettre le doigt dessus. C'était souvent comme ça, avec cette foutue mémoire   : je savais les choses, sans les savoir. Évidemment, je me sentais particulièrement conne d'avoir oublié dès lors qu'on me les rappelait, mais c'était comme ça. Pour le moment, du moins.

Et donc, lorsque la foutue raison de ma venue apparut soudainement devant moi –  il arrivait probablement de quelque part, en fait, mais j'avais pas fait attention -  je ne pus rien faire d'autre que sursauter, avant de lâcher un petit 'ah, oui' pensif. J'acceptai sans broncher le manteau qu'il avait fait tomber sur mes épaules, quand bien même il ne faisait pas particulièrement froid, et j'adressai un sourire à l'ombre qui se tenait devant moi. Pas vraiment le genre de personne que j'ai envie d'oublier, pourtant... Mais visiblement, on ne choisit pas ces choses-là. Donc, j'avais reçu une lettre, j'avais décidé de venir là pour m'entraîner avec Raeden, et je m'étais pointée sans prévenir. En ratant ma téléportation au passage, comme il venait de le remarquer.

- On dirait bien, soupirai-je en essorant le bas de ma veste. Semblerait que j'sois encore moyennement au point niveau téléportation, en fait... Et encore, j'aurais pu carrément atterrir au milieu d'l'océan.

Je posai mes yeux sur le visage de mon interlocuteur, songeuse. Il y avait un bout de temps que je ne l'avais pas vu, tout de même... Un long bout de temps, en fait, depuis ce jour où j'avais atterri pas loin de chez lui totalement par hasard, en loupant une téléportation – ouais, je passais ma vie à ça, en fait – et que je lui avais demandé l'hospitalité. Allez savoir pourquoi, le courant était passé avec lui, malgré Charlie qui avait passé son temps à se comporter de la manière la plus déplorable qui soit, et m'avait finalement obligée à partir en quatrième vitesse, presque sans dire au revoir. Et malgré ça, l'ombre avait manifesté l'envie de me revoir... Enfin, non, c'est moi qui avait proposé, à la base. Mais c'est lui qui m'avait donné rendez-vous ici, ou du moins était-ce ce dont ma mémoire bancale semblait se souvenir.  Bon, peut-être qu'il ne m'avait proposé de venir 'm'entraîner' ici avec lui que pour pouvoir me latter convenablement la gueule histoire de se venger des dégâts que l'action combinée de ma licorne et moi-même avions provoquer chez lui. Même si jusqu'ici, il ne s'est pas montré très rancunier... J'étais contente de le revoir, quoi qu'il en soit. Et pourtant, à ce moment de ma vie plus encore qu'auparavant, il n'y avait réellement pas grand-monde que j'aie envie de fréquenter. Ercan, peut-être, quoique c'est sans doute un peu trop compliqué dans ma tête pour que je puisse réellement savoir ce que je veux. Et c'est à peu près tout. Je poussai un petit soupir, légèrement exaspérée par mes pensées qui quoi que je fasse semblaient toujours vouloir converger dans la même direction. Fallait vraiment être maso... Se concentrer sur le moment présent est sans doute beaucoup plus simple que se torturer les méninges avec des histoires pareilles ; dommage que j'en sois visiblement incapable.

- Allons donc nous bastonner directement, j'ai pas froid d'toute façon. Ni d'rechanges. Quand à Charlie... J'm'arrange pour éviter d'voir sa tronche, en c'moment, ajoutai-je avec une petite grimace.

J'avais tout bonnement cogné l'animal, la dernière fois qu'il m'avait adressé la parole, en réalité – bon, il n'avait qu'à se mêler de son cul – et il s'était plus ou moins arrangé pour m'éviter après cet événement. Moi aussi, d'ailleurs, parce que j'avais conscience que cette fois-ci, il était possible que j'aie été plus en tort que lui  ; j'avais un peu honte de mon comportement, en somme. Et la vue de l'animal ne faisait que me rappeler à quel point j'étais démunie face à mes propres sentiments. Je retins un nouveau soupir et me levai, avant de me diriger vers un coin plus ou moins désert du terrain, supposant que Raeden me suivrait. Je n'avais aucune envie d'avoir des spectateurs... Et encore moins des victimes d'un coup mal maîtrisé, ou d'un truc du genre. Au hasard, je ramassai une épée courte qui traînait par terre, et me tournais de nouveau vers celui qui m'accompagnait.

- ça t'dit d'commencer avec ça ? Enfin, si j'en trouve une deuxième... Par contre j'te préviens, j'ai jamais touché à une épée d'ma vie.


Sans vraiment attendre sa réponse, je me mis en quête d'une seconde arme, et finit par en découvrir une un peu plus imposante que je tendis à l'ombre. Ça risquait d'être légèrement déséquilibré, comme combat, mais peu importait ; après tout, le but était de progresser – voir de se défouler, en ce qui me concernait – pas de couper l'autre en tranches. Il m'avait un peu manqué, mine de rien... J'allais pas essayer de le dézinguer maintenant.

- Et sinon, ajoutai-je avec un sourire, paraît qu't'as retrouvé ta fille ?

Une question bien évidemment emplie du tact, de la finesse et de la subtilité qui me caractérisaient. Certes. Mais après tout, Raeden avait semblé la première et unique fois que je l'avais rencontré plus porté sur la franchise que sur la politesse et les ronds de jambes...
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Jeu 31 Oct 2013, 23:11

Faire peur aux gens, ce n'était pas forcement sa spécialité. Ni même son envie. Encore moins quand il connaissait la personne et qu'il avait rendez-vous avec. Raeden haussa donc un sourcil interrogative envers Elisha lorsque celle-ci sursauta à son apparition. En plus, c'était un bien grand mot, puisque l'Ombre n'avait fait que la rejoindre tout simplement, sans chercher à se cacher ou à dissimuler sa venue jusqu'à elle. Il ne comprit d'ailleurs pas trop sa petite phrase, lâchée comme un souffle.  Certainement qu'elle était encore dans ses pensées. Quoiqu'il en soit, il ne s'en formalisa pas. Après tout, il n'y avait rien de méchant dans tout cela. Et puis, il lui arrivait à lui aussi de partir loin dans ses réflexions. Au final, elle était quand même « revenu » sur terre puisqu'elle l'avait reconnu et lui avait même sourie. Après tout, s'il en croyait ce qu'il savait d'elle, ce n'était pas souvent qu'elle souriait à quelqu'un. Et à en voir son visage, ces derniers temps, ça ne devait pas s'être fait très souvent fait. Les occasions ne devaient pas se présenter. Ou alors, il n'y avait personne autour d'elle d'assez proche pour pouvoir obtenir de tels sourires.

Allez, arrête de te faire de la bile pour ça. J'suis sur que ça avoir avec ton état d'esprit, ou tes émotions.

L'Ombre ne savait pas à quoi pensait la magicienne, mais tout ceci n'avait pas l'air simple. Ni de la rendre heureuse d'ailleurs. L'Immortel ne pouvait pas faire grand chose pour elle. Il ne la connaissait pas assez pour cela, ni même sa vie. Parce contre, il y avait quand même quelque chose qui était en son pouvoir. La divertir, lui changer les idées pour un tant. Même essayer de lui faire passer un bon moment. Il l'avait invité pour un entraînement amical et si au final, il pouvait se révéler utile à un autre niveau, autant en profiter. Ce ne serait pas grand chose, mais déjà ça. Et puis,  même s'il était vrai qu'il ne l'avait rencontré qu'une fois, la savoir triste, ou tout du moins pas dans son assiette, il n'aimait pas.  Ainsi donc, la distraire, c'était dans ses cordes. Le fait d'apprendre qu'elle s'était brouillée avec son cheval cornu expliqua un peu les choses à propos de son état d'esprit. D'un côté, Raeden était comptant que l'animal ne soit pas là, mais d'un autre, il savait que la jeune femme tenait à la licorne, malgré son mauvais caractère.

Allez … allons donc nous défouler. Ca te changera les idées. Et puis, c'est toujours enrichissant comme expérience.

La magicienne prit les devant et l'homme la suivit en silence. Elle était tracassait, ou bien fatiguée mentalement, et si elle préférait ne pas en parler pour le moment, l'Immortel pouvait très bien le comprendre. Après tout, quand il était dans le même état d'esprit qu'elle, il faisait pareil. C'était dans leur caractère à tous les deux. Oh, ce n'était pas forcement quelque chose de bon, mais c'était comme ça. Le fait qu'elle choisisse un terrain un peu à l'écart du reste ne le surpris pas plus que cela. Elle n'avait certainement pas envie de côtoyer beaucoup de monde. C'était déjà pas mal qu'elle soit venue et qu'elle veuille bien lui parler et « échanger » avec lui aujourd'hui. Il ne pensait pas qu'elle faisait cela par convention. Après tout, ce n'était pas son style, enfin, s'il se référait sur ce qu'il savait d'elle.

Lorsqu'Elisha ramassa quelque chose par terre et se tourna vers lui pour lui proposer si ça ne lui dérangeait pas de commencer leur entraînement avec l'épée, il ne put empêcher un sourire s'étirer sur ses lèvres. Avant même qu'il ne puisse dire quoique ce soit, elle était déjà en train d'en chercher une deuxième, pour lui certainement. Elle n'avait pas vraiment du faire attention à comment il était habillé et à ce qu'il parlait lorsqu'il était arrivé. Il la laissa faire et sourit de nouveau lorsqu'elle lui tendit enfin une autre épée. Il la tourna quelques instants dans sa main avant de poser l'arme derrière et de tendre son bras au dessus de son épaule. Dans un bruit de frottement, il tira quelque chose, avant de la présenter à la jeune fille, faisant jouer la lumière sur la lame


Et que dirais-tu de celle-ci?

Elle n'avait rien de réellement fantastique, mais voilà, c'était quelque chose pour lui. C'était la toute première vrai arme qu'il avait forgé. Son travail « d'admission », de passage d'apprenti à maître. Et pour rien au monde il ne s'en débarrasserait. Se mettant en position, l'Ombre était prêt. Il laisserait la magicienne faire le premier pas, après tout, elle avait reconnu elle-même que c'était la première fois qu'elle prenait une telle arme entre ses mains.

En effet. Et tu n'imagines même pas qui sait. Peut être que si tu arrives à me toucher, je te donnerai un indice.

Et oui, la jeune femme ne rêvait pas, il était en train de l'asticoter, de lui envoyer une pique!

épée:

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Dim 02 Mar 2014, 15:14

Je buggais un instant sur la lame que l'ombre venait de me présenter, me demandant comment j'avais fait pour ne pas la remarquer plus tôt alors qu'elle n'était pas particulièrement bien cachée. Décidément, je n'avais pas les yeux en face des trous... Je n'avais pas vraiment la tête à ça, en réalité. Enfin, je n'avais pas la tête à grand-chose, hormis à me reposer en tentant de ne penser à rien – enfin, à tout sauf à ce qui me dérangeait. Un combat, s'était certes un bon moyen de se défouler, mais c'était également un bon moyen de se prendre la tête, et je n'étais pas absolument certaine d'avoir envie de prendre le risque que les choses se terminent mal. Bon, Raeden étant quelqu'un que j'appréciais et qui semblait plus ou moins bien m'aimer aussi, il y avait peu de risques que ça se termine mal, mais qui sait, hein. Déjà, il avait l'air d'humeur taquine, et moi je n'avais aucune envie de jouer aux devinettes... D'autant plus que vu mon cercle social relativement restreint, il y avait environ une chance sur cent mille que je connaisse effectivement sa fille. Mais savait-on jamais...

Je haussai les épaules, sans répondre, et tentai de positionner mes mains sur l'arme que je m'étais attribuée à moi-même de manière à la tenir plus ou moins correctement. C'était pas simple, mine de rien : c'est lourd, ce genre d'engin... Et puis, je n'avais pour ainsi dire jamais tenu de bidule de ce genre de ma vie, en plus. Et j'avais encore moins eu l'occasion de combattre avec, bien entendu – oui ben oui, logique hein. Alors bon... Concrètement, il y avait relativement peu de chances que je parvienne à toucher l'ombre. En fait, il était certainement plus probable que je m'empale moi-même avec mon arme...  Tu parles d'une idée pourrie, tiens. Enfin bon, puisque l'idée pourrie en question venait de moi, je pouvais difficilement me plaindre. Même si c'était tentant. Parce que bon, c'est pas que j'aime pas me ridiculiser, hein... Mais c'était, me semblait-il, la première fois que je me servais d'une arme blanche pour combattre – à moins qu'attaquer du saucisson avec un couteau ne compte – alors mieux valait ne vraiment pas s'attendre à des miracles. Au moins, mon partenaire était prévenu. Ce qui ne l'empêcherait certainement pas de se foutre de ma tronche si je me vautrais lamentablement, cela dit. Je commençais réellement à me demander si venir ici avait été une bonne idée, en définitive. Oui, j'aimais bien Raeden, j'étais contente de le revoir, tout ça ; mais m*rde, m'inviter à boire un verre, ça aurait pas été plus simple ? Un peu moins original, sans doute, mais plus reposant. Quoique je n'étais pas certaine d'avoir très envie de me reposer non plus, au fond. Le repos, ça fait travailler l'esprit ; et c'était tout ce qu'il ne me fallait pas en ce moment. Quant à ce qu'il me fallait... Je n'en avais aucune idée moi-même. Alors bon, autant tester, hein. Se castagner avec un ami, pourquoi pas, c'était sans doute pas pire que se cuiter la gueule ou couper des innocents en tranches. Ouais, plus je réfléchissais, moins je savais ce que je voulais...

- En avant, alors, marmonnai-je pour moi-même avant de foncer vers l'ombre comme une sauvage, épée brandie.

Ma technique m'apparut très rapidement comme plutôt moyenne lorsque le fer de mon arme heurta celle de Raeden, qui sans nul doute possédait une force infiniment supérieure à la mienne. Alors forcément, cogner sur une épée fermement maintenue par un type à la poigne de fer, ça fait pas du bien ; un peu comme donner un coup de pied dans un rocher, vous voyez. D'autant plus que cette fois encore, je n'y étais pas allée avec le dos de la main morte, usant de toute la brutalité que j'avais en réserve – pas énorme, donc, au niveau physique du moins – pour aller cogner mon fer contre le sien. Et, le choc se répercutant dans ma main, puis dans mon bras tout entier, – un peu comme si je m'étais pris la foudre d'un mini-éclair, en quelque sorte – l'ombre n'eut absolument rien à faire pour que mon épée ne m'échappe, accompagnée dans sa chute par une ribambelle de jurons fleuris.

- Bon, c'est officiel, grognai-je en récupérant mon arme, je suis pire que naze à ce genre de trucs. Mes parents étaient pas trop du genre à m'apprendre l'escrime, pour ma défense... Mais j'déclare pas forfait, j'finirais bien par savoir qui est ta fille. Quoique vu ma vie sociale, y a peu d'chances que j'la connaisse, mais bon.

Je repositionnai mes mains sur l'épée, de manière à la tenir plus fermement. Et, sans crier gare, je me téléportai tout près de mon 'adversaire', franchissant ainsi d'un seul coup les trois ou quatre mètres qui me séparaient de lui. Sans lui laisser le temps de réagir, je dirigeai le tranchant de ma lame vers son ventre, les doigts crispés sur le pommeau de mon arme, consciente que le choc serait difficile à encaisser pour mes petites mains s'il contrait mon coup. Ce qui, malgré l'effet de surprise provoqué par mon tour de passe-passe, avant de grandes chances d'arriver. Même en trichant, j'étais loin d'égaler la dextérité et l'habileté de l'ombre... Restait juste à espérer qu'il ne m'en voudrait pas de tenter de compenser mon manque d'habitude et de technique par mes quelques atouts magiques, qui n'auraient normalement rien dû avoir à faire dans un duel 'loyal'.


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Mer 19 Mar 2014, 13:55

A regarder Elisha, Raeden en venait à se demander ce qu'elle faisait là. En fait, elle ne donnait pas l'impression d'être jouasse d'avoir mis les pieds ici. C'était bien la première fois qu'il la voyait ainsi. Bon d'accord, en dehors de ça, il ne l'avait vu qu'une fois, lorsqu'elle s'était égarée dans la montagne, mais quand même. C'était quand même elle qui lui avait proposé ce rendez-vous dans ce lieu, avec cette activité. En tout cas, cela montrait bien que quelque chose n'allait pas et contrariait la magicienne.Au moins, si la présence de l'Ombre pouvait chasser pendant quelques heures les problèmes de la jeune femme, il ne fallait pas cracher dessus. Il fallait reconnaître aussi autre chose. Cela contrariait l'ex-ange de savoir que des événements bouleversaient et tracassaient à ce point son amie. C'était pour cela qu'il avait tenté ce trait « d'humeur » peu habituel chez lui. Mais apparemment, cela était tombé à l'eau au vu du peu de réaction provoqué chez son « adversaire ». Au moins, elle avait quand même porté attention à l'épée qu'il avait sorti de son fourreau. C'était déjà un point de départ.

Le Passeur attendait, en position, la pointe de l'épée légèrement vers le bas, prêt à agir à la seconde. Il laissait à Elisha la primauté de la première action. Il voyait bien que ce n'était pas tous les jours qu'elle devait manier une arme blanche de cette ampleur. Peut être aurait-il du lui montrer quelques techniques de bases avant de commencer. Mais à vrai dire, il n'en n'eut pas le temps. Car, à peine prononça-t-elle quelques mots pour dire qu'elle était prête, qu'elle se lançait déjà à l'assaut de l'homme. Et quel assaut ! On aurait dit un éléphant en pleine charge,  en train de manier un bout de bois avec sa tronche. Et encore, même un pachyderme s'en serait certainement mieux sortie . Ce n'était pas pour autant que l'Ombre allait se laisser faire sans réagir. D'un mouvement du poignet, l'homme avait relevé l'axe de son épée, qui vint à la rencontre de celle de son adversaire. Un peu – voir beaucoup – trop durement, apparemment. L'arme de la magicienne lui échappa des mains et finit sa course dans le sol poussiéreux de l'arène. Il l'écouta râler, une très légère esquisse de sourire aux lèvres.


Par certains aspects, tu lui ressembles. Même si tu ne l'as jamais vu en vrai, je pense que tu en as déjà entendu parlé. Et si tu veux apprendre quelques rudiments du maniement de l'épée, je peux remplacer tes parents sur ce point là, si cela te tente.

La jeune femme s'était remise en place, Raeden aussi. Il ne la quittait pas des yeux un seul instant. Il était prêt. Par contre, on ne pouvait pas dire qu'il s'attendait à ce qu'elle use de sa téléportation. Surpris une micro-seconde, l'Ombre para brusquement le tranchant dirigé vers son ventre, en reculant d'un pas pour ne pas perdre l'équilibre. Il souleva un sourcil étonné à l'intention d'Elisha avant de contre attaqué, en « limitant » quand même ses coups, pour ne pas réduire son « adversaire » en charpie.[/i]

Alors Lisha, on tente l'innovation?

Le surnom lui était venu naturellement tandis qu'il faisait un pas en avant, qu'il feintait vers la droite avant d'amener son épée d'un vif revers à hauteur du mollet droit de la jeune fille. Ce n'était pas parce que son adversaire était une jeune fille qu'il appréciait beaucoup qu'il aillait pour autant ne pas se battre. Car après tout, s'ils s'étaient donnés rendez vous en ce lieu, c'était quand même pour s'affronter. Sinon, ils auraient très bien pu se retrouver n'importe où. Et puis, ce n'était pas en faisant rien ou en la laissant exprès gagner qu'il l'aiderait, bien au contraire même. Si elle voulait apprendre et devenir plus forte, il fallait qu'elle essaye et qu'elle recommence encore et encore. Pas au point de se faire mal mais en se poussant quand même.

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Dim 25 Mai 2014, 13:57

Visiblement, mon attaque déloyale n'avait pas été si déconcertante que je l'avais espéré puisqu'elle n'empêcha pas l'ombre de parer immédiatement. Rien d'étonnant, en soi : Il avait la technique, pas moi, et mes tours de passe-passe ne suffiraient jamais à compenser mes lacunes phénoménales en combat armé. À moins que je ne me téléporte directement sur sa tronche pour la lui transpercer, mais à ce point-là ça aurait plus été de la fourberie qu'autre chose – déjà que cette attaque-là n'en était pas loin. Quoi qu'il en soit, Raeden n'eut aucun mal à repousser ma lame, ni d'ailleurs à enchaîner sur une série de coups de je parai tant bien que mal. Et encore, je voyais bien qu'il n'y allait pas à fond... Il valait mieux pour moi, remarquez, je me serais probablement retrouvée avec un membre en moins s'il n'avait pas eu pitié de mon inexpérience.

Malhabilement, je parvins à contrer et à esquiver – surtout à esquiver, en fait, pas le plus gracieusement du monde d'ailleurs – quelques coups, jusqu'à ce que l'ombre prenne de nouveau la parole. 'Lisha' ? Je n'avais pas tellement l'habitude de recevoir de surnom – sans doute que j'étais pas assez engageante pour que qui que ce soit se risque à essayer. Ça a beau être débile, c'est quand même le genre de truc qui surprend un peu la première fois ; aussi restai-je interdite un instant, sans trop savoir quoi en penser. Sauf que généralement, mieux vaut éviter de réfléchir trop longtemps à des trucs totalement accessoires lorsqu'on est en train de se battre... Et bien entendu, je ne vis absolument pas venir le coup qu'avait amorcé Raeden après avoir parlé. C'est ça l'ennui avec ce genre de sport, il faut savoir réfléchir vite et ne pas se laisser déconcentrer – deux choses que je suis parfaitement incapable de faire, en fait. Et donc, le temps que j'aie le temps de me dire 'tiens, cette épée a l'air de se diriger plutôt rapidement vers ma jambe', le fer avait mordu la chair de mon mollet sans que je songe seulement à réagir. Grommelant un 'aïe' accompagné de quelques jurons qui comptaient probablement parmi les moins classes de mon répertoire, je reculai d'un pas et lâchai mon arme, avant de jeter un coup d’œil à ma jambe. Une simple égratignure... Vraiment, heureusement que Raeden n'y allait pas fort. Quoique s'il ne m'avait pas déconcentrée, je ne me serais sans doute pas fait avoir aussi facilement – d'accord, c'était de la mauvaise foi, mais faut dire que j'étais un peu vexée. Avec un soupir, j'essuyai les quelques gouttes de sang qui avaient coulé le long de mon mollet, avant de lever les yeux vers le visage de l'ombre.

- Ah ouais, elle est célèbre ta fille ? Elle fait quoi, danseuse de cabaret ? Tu sais, j'me tiens pas tellement au courant d'l'actualité des stars... En tout cas, j'espère qu'c'est pas physiquement qu'elle me r'semble, sinon c'est pas d'bol pour sa tronche, ricanai-je.

J'avais peut-être été un peu agressive, mais je ne m'en rendis compte qu'après avoir parlé. À croire que j'étais partie pour tout faire de travers, aujourd'hui... Mais bon, peut-être aussi que j'avais mal choisi mon moment pour venir me faire rétamer la tronche par un type environ trente fois plus doué que moi. J'avais vraiment pas besoin de ça, en fait ; et je comprenais à vrai dire de moins en moins ce qui avait pu me pousser à penser que l'idée était bonne. J'étais contente de revoir Raeden, cela dit, mais je n'allais pas tarder à me fâcher avec lui aussi si je continuais à me comporter comme une peste. Quoique c'était un peu mon attitude naturelle, au fond, et même ceux pour qui j'étais disposée à faire des efforts finissaient toujours par se retrouver face à la gamine désagréable que j'étais. Sauf que bon, le type que j'avais en face de moi ne faisait décidément pas partie des gens que j'avais envie d'énerver outre mesure. Pas parce que j'avais peur qu'il me pète la gueule – enfin si, j'avoue, j'avais quand même un peu peur – mais plutôt parce qu'il était un des rares que je voyais comme 'ami' réel. Allez savoir pourquoi, parce qu'on ne se connaissait pas si bien que ça... Mais c'était pas quelque chose que j'avais envie de bousiller d'un coup, quoi qu'il en soit. Et vu que les combats armés me rendaient susceptibles, mieux valait sans doute passer à autre chose.

- Bon... J'propose qu'on laisse un peu l'escrime de côte, si tu veux bien... Histoire que j'évite de m'blesser encore bêtement, fis-je avec un sourire un peu gêné. Ça t'dit de tester un peu la magie ? Y a des adversaires en paille là-bas, on peut commencer par s'entraîner dessus.

J'esquissai un nouveau sourire, avant de désigner les mannequins qui se trouvaient à quelques dizaines de mètres de nous. J'avais plus proposé ça pour 'détendre l'atmosphère' – que j'avais plombée moi-même, oui, je sais - qu'autre chose, mais un petit entraînement magique ne me ferait par ailleurs pas de mal. Hormis la téléportation, dont je me servais régulièrement, je n'utilisais mes pouvoirs que lorsque j'en avais besoin, sans jamais prendre le temps d'approfondir la maîtrise que j'en avais – et force était de constater que ce n'était pas nécessairement une bonne chose, au vu des dégâts qu'il m'arrivait de causer. Restait à espérer que l'ombre ne tiendrait pas absolument à continuer dans le maniement des armes, parce qu'il était possible que me prendre des raclées à répétition me fasse assez vite perdre patience. Certes, j'aurais pu m'arranger pour arriver un peu plus détendue à ce qui ne devait être qu'un entraînement amical, mais bon... Je faisais de mon mieux.


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Sam 06 Sep 2014, 11:57

Certaines vieilles habitudes, ainsi que des vieux réflexes, remontaient à la surface. C'est peut être cela qui fit que l'Ombre ne vit pas ou ne fit pas attention au fait qu'Elisha était déconcentrée lorsqu'il répliqua. Après tout, lors d'un vrai combat, toutes les opportunités étaient à prendre si on voulait être certain de la fin. Hors ici … ce n'était évidemment pas le cas. Après tout, c'était sensé être juste un affrontement amical. Et voilà qu'il avait failli estropiée son amie à peine deux minutes après le commencement des passes d'arme ! Ca aurait été du joli, vraiment ! Heureusement que dès le départ, il avait freiné ses coups et sa force, parce que là, au lieu d'avoir une simple estafilade, ça aurait été avec la jambe coupé qu'elle se serait retrouvée ! Pendant que la jeune femme grommelait, poussait des jurons et jetait son épée, l'Immortel planta la sienne dans le sol et vint s'agenouiller devant la magicienne, au niveau de son mollet. Passant une main dessus, il fit appel à sa magie blanche pour faire disparaître et guérir la blessure. De plus, elle n'était pas assez grave pour demander un quelconque travail de précision ou y laisser une marque. C'était tant mieux d'ailleurs.

Le Passeur sentait très bien que quelque chose n'allait pas avec Elisha. Il le voyait à sa façon d'être, d'agir, et même de lui répondre. Heureusement que c'était elle d'ailleurs, parce qu'avec certaines autres personnes, il aurait déjà envoyé un soufflet sans préavis ! Mais là, il se montrait patient et prenait sur lui. En se redressant, il lui répondit.


Non … pas danseuse de cabaret et encore heureux … d'ailleurs si un jour tu la rencontre, je te pris de ne jamais lui mettre cette idée dans la tête, s'il te plait. Et si cela peut te rassurer, c'est plutôt sur l'aspect mental que je trouve une ressemblance entre vous.

Il jeta un dernier coup d'oeil à son mollet puis lui tourna le dos pour aller récupérer son épée. Toujours égal à lui même, il présentait une façade distante, comme si rien ne pouvait l'atteindre ou que rien ne l'intéressait. Mais il ne fallait pas s'y méprendre : il était là, à l'écoute, prêt à réagir pour quoi ce soit. En faisant comme si de rien n'était vis-à-vis du comportement et des réactions de la jeune femme, il espérait bien qu'elle finirait par lui dire ce qui se passait, ou tout du moins, par essayer d'oublier tous ces problèmes, pour cette après-midi là, en tout cas.

D'accord … allons dégommer du mannequin de paille … au moins … tu pourras l'faire cramer autant que tu voudras.

Et rangeant son épée dans son fourreau d'épaule, l'Ombre suit le pas de sa partenaire. Il ne savait pas vraiment comment elle prévoyait cette séance d'entraînement magique face aux bonhommes de paille. Quoiqu'il en soit, lentement, le sable du terrain d'entraînement autour de l'épouventail, commença à tourbillonner lentement, à se rejoindre, pour former comme une grande lame et venir faucher l'adversaire immobile … un peu comme s'il l'avait attaqué avec une épée, mais cette fois-ci, c'était à distance. La magie pouvait prendre bien des formes et des forces pour servir son propriétaire. Et puis surtout, tout cela dépendait bien évidemment du caractère et des techniques de la personne qui s'en servait. Certaines personnes utiliseraient leur contrôle du sable pour aider à construire des bâtiments, à rénover et consolider des barrières tandis que d'autres, au contraire, en profiterait pour faire tomber les fondations autour d'eux. La magie en soit n'était jamais mauvaise. C'était son utilisateur qui lui donnait une notion de bien ou de mal. Enfin, il y avait quand même des exceptions, comme par exemple avec la magie noire. Elle rongeait celui qui l'utilisait jusqu'à le rendre totalement dépendant et surtout, totalement fou. Mais l'homme se demandait si ce n'était pas justement les êtres humanoïdes qui avaient ainsi transformé cet élément en quelque chose de noirs. Enfin, ce n'était pas réellement le moment de penser à cela.

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Bagarre céleste ! [Pv Raeden]

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