L.a question que je posai ne plaisait pas à la fille. Immédiatement après que j’ai posé la question, son sourire disparut et son visage devint un peu plus sombre. Son regard se fit méfiant et je sentis une tension s’installer entre nous deux. Depuis le début de notre rencontre, ce fut la première fois que j’eus vraiment l’impression qu’elle allait me faire du mal mais pour balayer la lourde atmosphère, Lully finit par parler.

Ainsi, elle me raconta qu’elle n’avait pas eu l’intention de vivre sa vie sans connaissance du monde extérieur. En plus, elle m’expliqua que c’était ce que les Ondins les plus curieuses finissaient toujours par faire rendues dans le coin de la vingtaine, rajoutant que de son côté, elle avait mis plus de temps avant de le faire. Ça ne répondait aucunement à la question mais sérieusement, je n’étais pas bien placer pour contredire ou douter de ses paroles. Ma connaissance des Ondins étant limité à ¨créature vivant sous l’eau¨, ce que disait Lully pouvait être vrai. Aussi, sans trop que je fasse attention, plus le temps s’écoulait, plus ma confiance en elle grandissait. J’avais passé le stade où je croyais qu’elle était venue m’apostropher uniquement dans le but de me kidnapper. Je commençais même à apprécier sa présence, malgré la petite méfiance que j’entretenais toujours à son égard. Elle rajouta aussi une autre raison à son départ, disant que ses questions sur la terre ferme l’avaient poussé à y aller, clamant qu’elle avait aussi senti que sa terre natale n’avait plus rien à lui offrir. Je la comprenais assez bien. Cette envie de voir et en connaître plus sur le monde qui l’entourait. Moi aussi, j’ai eus une période où le mot ¨aventure¨ occupait toutes mes pensées. Au final, j’avais quelques points communs avec Lully. La jeune Ondin avoua que ses derniers temps, l’océan lui manquait mais qui lui restait trop de nouvelles choses à découvrir pour y retourner.

Elle continua en m’expliquant qu’elle avait beaucoup trop de choses à apprendre, autant à propos du monde que des êtres qui le peuplent. Lully me dit aussi s’être attaché à la terre et que ce serait trop difficile pour elle d’abandonner tout ce à quoi elle avait posé ses attaches depuis son départ des fonds marins. Alors, poussée par ses paroles, Lully finit par Parler d’elle a titre plus personnel ; ce qui veut entre-autre dire son arrivée et ses débuts sur la surface qui lui était alors inconnue. Elle me raconta que lorsque qu’elle s’était échouée sur la plage, elle avait mis les pieds dans un monde inconnu. Avec de la  difficulté à respirer, à se mouvoir et à marcher, Lully a dû vivre un enfer durant cette période. Elle continua, en me contant son recueil par une elfe du nom de Ritournelle qui lui appris à marcher, à s’habiller et à se comporter comme toutes autres personnes vivantes sur la terre ferme. Après, elle me parla des endroits magnifiques qu’elle avait découverts, m’en citant quelques-uns : un désert aride et un rocher au clair de lune. Elle ajouta vouloir voir la montagne de l’Edelweiss enneigée aussi. J’étais impressionné. Je n’avais pas cru que poser cette simple question allait lui faire autant de bien. Au moins, ça m’avait permis d’en connaître plus sur elle.

«- Comment est-ce de vivre sous l’eau? C’est amusant nager avec les poissons? Tu peux parler avec les créatures marines?»

Les questions ne me manquaient pas. J’étais curieux de savoir que pouvais être la vie d’une race différente de la mienne. Lully était ma seule chance d’approfondir mes connaissances. Je pourrais peut-être lui parler de moi? Enfin, pas trop non plus. Juste ce que j’avais bien envie de dire. Je savais bien que l’Ondin ne m’avait pas tout dit et c’était mieux comme ça. Tant qu’elle n’essayait pas d’en savoir plus sur moi, je ne tenterais pas de percer son histoire de mon côté aussi.  

«- J’aimerais bien y aller un jour sous l’eau… bien que je ne peux pas respirer, mais je trouverais bien un moyen! Les villes aquatiques sont-elles belles?»

T.outes mes interrogations au sujet des Ondins semblaient être farfelues aux yeux de Lully qui me lançait un regard bizarre. Mes questions devaient lui paraître assez curieuses, voire enfantines, mais là encore, je ne pensai pas que ce soit ça qui explique son regard étrange. Lully débuta alors de répondre à mes questions, tout en éclaircissant certains points. Elle m’expliqua ce qui semblait être une évidence à ses yeux, en me disant clairement qu’elle était incapable de communiquer avec les créatures marines, comparant avec les créatures terrestres qui n’étaient outre mesure capable de comprendre les animaux terrestres ou encore en disant que les anges et les démons sont eux aussi incapable de discuter avec les oiseaux.

Son argument était logique et intelligent, j’aurais peut-être dû y penser, mais sur le coup, j’avais cru que les autres races avaient toujours quelque chose en plus que les humains ordinaires, mais à en croire ce que dit Lully, j’avais tort. Même s’il est vrai que certaines races sont plus en harmonie avec la nature que d’autres, cela ne leur permettait pas de comprendre les animaux en bonus. L’Ondin rajouta que les dauphins, par contre, établissaient un lien plus fort avec ses semblables que les autres créatures marines. D’après ce qu’elle racontait, beaucoup de dauphins étaient domestiqués et servaient de monture comme les chevaux. L’image était assez bizarre dans mon esprit mais ça paraissait logique. Rien de mieux que ses mammifères marins pour se déplacer sous l’eau non? Avec mes connaissances, basiques je dois l’avouer, sur les dauphins, je savais que c’étaient des animaux très rapides et agiles. Dans la mer, ils doivent être capables de rivaliser avec les meilleurs chevaux sur terre. Enfin, je crois…

L’Ondin arrêta son discours un instant. Peut-être était-elle entrain de réfléchir à ce qu’elle pouvait bien ajouter. C’est ce que je crus au début, alors j’attendis patiemment qu’elle reprenne là où elle était rendue mais au lieu de fournir d’autres histoires ou explications, elle me posa plutôt une question. Lully me demanda si j’avais déjà monté un cheval, rajoutant à la fin si c’était difficile. La question me prit un peu au dépourvu alors je tardai de répondre. Durant ce moment, le serveur vint vers la table, nous apportant les deux plats commandés et s’en alla presque aussitôt vers la table voisine. Je repris finalement mes esprits et me décidai finalement à répondre à la question de Lully tendit que celle-ci s’empiffrait en mangeant comme un animal affamé, laissant complètement de côté toute grâce que l’on pouvait avoir en mangeant.

« - Hé bien… J’ai déjà monté un cheval une fois. Ce n’est pas très difficile, surtout si le cheval te fait confiance mais à force de rester assis, dans les premières fois, tu repars avec un corps assez endolori. Je suppose que ça devient moins pire lorsque tu montes un cheval régulièrement… »

Je ne dis rien à propos de sa manière de manger et entamai moi aussi mon assiette. La nourriture était délicieuse mais je ne montrai pas ma passion de manger comme le faisait Lully. Je pris quelques bouchées lorsque je me rendis compte que Lully m’avait parlé de tout, sauf sa vie dans l’Océan. Là encore, je décidai de ne pas poser de question. Je n’avais aucunement envie de lui poser des questions trop indiscrètes à ce sujet. C’était sa volonté de ne pas en parler et de mon côté aussi, je n’avais pas été très bavard avec mon histoire. Alors je n’allais pas la forcer à m’en dire plus. Je levai les yeux vers l’Ondin, essayant de m’imaginer ce qu’elle avait pu vivre dans l’Océan, mais manque de connaître beaucoup de chose sur elle, mon essai fut un échec. D’autres questions finirent par germer dans ma tête et en évitant de poser une question trop personnelle, je me mis à parler après avoir avalé ma bouchée :

« - Et toi, tu as déjà monté sur un dauphin? Ça doit être étrange d’être sur le dos de cet animal… »

La question était parfaite pour continuer à engager la conversation sans que Lully ne décide de poser un mur invisible entre nous deux. J’étais sur la bonne voie, je le sentais. Alors, je continuai sur ma lancée, lui posant de nouveau une question :

« - Juste comme ça, ça fait combien de temps que tu es sortie de l’Océan? Un mois? Un an? Plus? Parce que si tu veux bien, je peux te faire visiter le coin. »

Dans ma tête, j’espérais qu’elle accepte l’invitation. Ça ferait changement. Le port n’était pas un endroit amusant et j’avais envie de changer d’air. Je regardai par la fenêtre et remarquai que le soleil était encore haut dans le ciel. Parfait, nous avions le temps de faire autre chose d’ici-là. Plus je restai en dehors de chez-moi, mieux c’était.

L.ully semblait davantage intéresser par la nourriture que par ce que je lui disais. Pour répondre à ce que je venais de dire, elle ne fit qu’hocher la tête en levant les yeux de temps en temps pour me montrer qu’elle écoutait bel et bien avant de reporter ses yeux vers son assiette. Quand je lui posai ma deuxième question, l’Ondin releva de nouveau la tête et ne prit pas la peine d’avaler ce qu’elle avait dans la bouche pour me répondre. De ce que j’avais compris, Lully me disait qu’ils ne montaient pas vraiment dessus mais que les Ondins se contentaient de s’accrocher à leur aileron et voyageait de cette manière. Voyant que Lully avait presque fini son plat, je me rendis compte que je n’avais pris que quelques bouchées du mien. Était-ce moi qui n’avais pas réellement faim ou était-ce Lully qui mangeait vite? Je ne tardai pas à trouver cette réponse. Tout autour de la place de Lully, de la nourriture était éparpillée de tout bord tout côté. Ainsi, c’est l’Ondin qui s’était déchaîné sur son plat… Prenant conscience que nous allions certainement quitter le restaurant dans peu de temps, je décidai de me mettre à manger moi aussi. Je pris mes ustensiles et commençai à entamer mon repas. Lully leva un doigt en l’air pour me demander de patienter – de ce que je comprends bien sûr – et termina sa salade à une vitesse impressionnante. Le repas terminé, l’Ondin s’étala sur la chaise, s’essuya la bouche et répondit à mon autre question. Elle m’expliqua que cela faisait un an qu’elle était partie et qu’elle prenait son temps pour voyager. Elle rajouta que son métier prenait la majorité de son temps et précisa qu’elle était peintre avec une touche de fierté dans la voix. Je fus assez surpris de sa déclaration. Ainsi, Lully était peintre? Cette Ondin qui dévorait son repas sans grâce peinturait des œuvres? C’était dur à avaler mais je choisis de ne rien dire pour le moment. Je voulais éviter de la vexer en disant des commentaires sur sa façon de manger et mon doute sur son métier. De toute façon, elle avait bien dû se rendre compte de mes regards lorsqu’elle mangeait. Inutile d’en rajouter plus que nécessaire. Je continuai de manger, accélérant ma cadence au fur et à mesure que j’avalai une bouchée. À force de discuter avec Lully, j’avais presque oublié que c’était moi au début qui lui avait demandé d’aller me chercher à manger mais à la longue, ma propre faim s’était envolée de mon esprit pour revenir en ce moment. Malgré mon appétit, je fis attention de ne pas manger comme Lully. Je devais faire preuve d’un peu de grâce quand même! Tout en entamant mon plat, j’entendis Lully me parler. Elle me remercia pour l’invitation et accepta sans hésitation ma proposition. Elle me demanda quel lieu j’appréciais, m’expliquant qu’elle n’avait visité que le centre de la ville et le port, sans compter la plage puisque c’était le lieu d’où elle venait. Mon assiette étant plus petite que celle de Lully, lorsqu’elle finit de parler, j’avais déjà fini de manger. Content qu’elle accepte que je sois son guide, je me levai de ma chaise et lui sourit.

« - Je suis content que tu acceptes mon invitation! Viens, je vais te faire voir un lieu magnifique! »

Je la pris par le bras pour la forcer à se lever et commençai à l’entraîner vers la sortie. Dans mon empressement, je faillis foncer vers le serveur. En le voyant, je me rendis compte que je m’apprêtais à sortir avec Lully sans payer. Oups… J’avais oublié. Nous ne pouvions pas sortir avant de régler la facture…