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 • Le roi dans le labyrinthe de ses bras • [Event]

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Ven 2 Aoû 2013 - 17:57

• Le roi dans le labyrinthe de ses bras • [Event] 42976909Lreduchaosducristal
 
Au moment où j'écris ces lignes, je l'attend. Quelle bêtise sans doute mais je sais qu'il doit en être ainsi, je le sais depuis longtemps. Pourtant, j'aurai tant aimé que ce soit elle qui vienne, qui vienne me punir, ses yeux verts se plantant dans les miens à la manière d'un coup d'épée en plein coeur. J'aurai aimé qu'elle me tue mais je suis celui que l'on ne peut pas tuer, la chose qui a été créée il y a de cela longtemps. C'est ce que l'on dit et, pourtant, je sais que j'existais avant que cette femme aux longs cheveux rouges ne me donne forme humaine pour satisfaire ses besoins, ses désirs. Je la hais et lorsque j'écris en pensant à elle, ma main se met à trembler de rage. Je sais que c'est lui qui doit venir me punir, lui qui doit venir opérer ma transformation. Mais je crains qu'il ne s'arrête là. Après tout, n'ai-je pas réduit le monde à la désespérance dans un futur par si lointain? Puni pour quelque chose que je n'ai pas encore fait, quelle blague. Pourtant, si personne ne m'arrête maintenant, en connaissant mes erreurs futures, je recommencerai, mais cette fois, en la tuant avant qu'elle ne puisse abuser de ma faiblesse. Mitsuko est ma faiblesse, son ancêtre est mon fléau. Alors j'attend le Mârid, je sais ce qu'il se produira. Je ne suis pas devin, mais lorsque la lune blanche recouvre la lune noire lors de l'éclipse, cela ne peut avoir qu'une seule signification. Deux rois s'affrontant, deux rois si semblables. Lui et moi, moi et lui, quelle différence au fond, je n'ai fait que créer ce que son esprit trop faible refuse de faire. Pourquoi ne veut-il pas embrasser le chaos? Est-ce que faire de moi un génie arrange ses plans? J'ai été le pantin de bien trop d'individus jusqu'ici et je n'en laisserai plus aucun obtenir de moi un quelconque profit. Qu'il fasse de moi un génie, un être éternel mais cela ne changera pas l'avenir de l'humanité car, à force d'essayer, un jour, j'arriverai à le convaincre et ensembles, lui et moi, nous serons enfin complets. Mais pour le moment, je l'attend, calmement, relisant simplement mon ouvrage. Car seuls les textes traversent l'histoire.

Partie I - Face à face

Je n'ai guère mis beaucoup de temps à comprendre que mon entreprise était vouée à l'échec, lorsque j'ai vu dans les yeux de Mitsuko un voile de tristesse. C'est aussi à ce moment précis que j'ai réalisé ô combien il était difficile pour elle de simplement me regarder sombrer dans la folie. Seulement, à cette époque, le mal était trop présent chez moi pour que je tire ne serait-ce qu'une conclusion de ce regard. Je la pensais d'abord sincère avant de me dire qu'elle jouait la comédie. C'est à cette époque là pourtant qu'elle me confia l'avenir de sa fille, son mari l'ayant totalement délaissé, oublié. Je la jugeais totalement folle puisqu'elle était en train de confier sa fille, son futur enfant, à un homme qui allait la tuer elle. Etait-elle persuadée que je ne lui ferai aucun mal, à ce bébé? Pourtant, j'avais brûlé tout un orphelinat sans le moindre remords, j'avais ordonné la destruction de nombreuses cités. Mais c'est vrai, dans le futur, j'allais faire en sorte que cette enfant ne manque de rien après avoir violé, torturé et tué sa mère. Elle pensait que j'étais son père, même si elle ne m'avait jamais vu, et sa mère l'avait habitué à entendre que son destin serait de mourir mais que je reviendrais pour prendre soin d'elle. Tout ceci, je ne l'ai su qu'après bien sûr, lorsque les maîtres du temps ont un jour débarqué. Mon fils était parmi eux et, bien sûr, je l'ai reconnu. La première fois, non, mais j'avais cette certitude de l'avoir déjà vu. Et puis, j'ai cherché, il m'a hanté, jusqu'à ce que je trouve. Haruki. Moi qui avais reproché à Mitsuko sa mort, voilà que j'avais une révélation : elle avait fait en sorte qu'il vive, sans m'en avertir. Cette femme m'énervait, pour ses secrets, pour ses agissements dans l'ombre, pour ses sentiments voilés et plus j'obtenais de cristaux, plus je me rapprochais de la vérité, sa vérité. Quoi qu'il en soit, à cette époque, sortant de l'ombre, les maîtres du temps se sont dévoilés au monde, parlant d'un futur funeste sans pourtant me désigner. Tout le monde savait que j'étais mêlé à de noires affaires sans pouvoir déterminer lesquelles. L'on m'accusait de beaucoup de maux sans aucune preuve et c'était justement ce qui m'amusait au plus haut point. Alors, forcément, lorsque ces personnes que nul être ne connaissait vraiment commencèrent à recruter des individus assez courageux pour voyager dans le futur et voir ce qu'il s'y passait, j'ai été immédiatement piqué d'une curiosité maladive, décidant que, moi aussi, j'irai découvrir ce futur si horrible. J'espérai être l'auteur du chaos, mais j'étais bien loin du compte, car je n'en avais été que l'instrument.

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Jun Taiji
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Jun Taiji
Dim 4 Aoû 2013 - 17:55


Je ne sais plus exactement si c'est moi qui trouva le maître du temps qui allait m'envoyer dans le futur ou si c'est lui. Il m'expliqua que, pour le moment, ce n'était qu'un test, un essai et que je n'aurai aucune consistance dans ce monde. Les individus me verraient mais ne pourraient en aucun cas me toucher. De plus, je ne serai concerné par les divers sortilèges qui réglementaient la vie des êtres. Je me rappelle avoir légèrement rit à cette instant précis. Pensait-il un instant que, moi, l'empereur noir, ne pouvait me défendre d'une troupe qui chercherait à me blesser? J'avais travaillé des années pour cela, je mettais entraîner, encore et encore jusqu'à en mordre la poussière, jusqu'à sentir le goût du sang dans ma bouche. Je n'avais jamais eu peur de la mort, convaincu qu'elle ne viendrait jamais pour moi, convaincu qu'elle me regardait avec des yeux horrifiés de ce que j'étais au fond. Car oui, mon essence même était étrange, était effrayante. Ce que j'étais avant que Mitsuko décide de me créer. Mais rien ne sert de s'égarer. J'étais convaincu que jamais je ne trouverai la mort, quoi que je fasse. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle j'avais tenté l'impossible, ce sentiment au fond de mon être qui me soufflait que je ne verrai jamais mon souffle s'éteindre. Quoi qu'il en soit, le maître du temps ne semblait pas remarquer qui j'étais et je ne sais toujours pas si ce fut le cas ou non. Peut-être pensait-il qu'il serait judicieux que je vois ce monde futur, ce monde que j'avais grandement contribué à créer. Néanmoins, il ne dit rien et je ne sentis rien non plus. Je tombais dans une sorte de coma, de rêve, que sais-je encore? De toute façon, je ne remarquerai mon état que lorsque mon esprit aurait été ramené du futur un peu plus tard.

Le futur. Je ne sais réellement pourquoi mais j'atterris au beau milieu de la construction d'un immense palais, du moins, me semblait-il. Des êtres dirigeaient les travailleurs et je ne dis rien devant le spectacle de ces derniers. Ces hommes et ces femmes n'étaient pour la plupart plus que des squelettes caché uniquement par de la chair. Je me demandai alors comment est-ce qu'ils faisaient encore pour tenir debout. Leurs yeux étaient vides, vides de souffrance. Il semblait que rien ne pouvait les accrocher à la vie et, pourtant, aucun d'eux en semblaient vouloir se suicider, comme si l'idée même avait disparu. Aucun regard, aucun sourire, ils s'exécutaient comme des pantins, certains étant rongés par les traces de la maladie. D'autres avaient de longues blessures sur le corps, sans doute des coups de fouets, peut-être pire. Ils étaient là, se faisant bousculer parfois lorsque la cadence n'était pas assez rapide. Je ne comprenais pas l'ambiance qui semblait régner, comme si la joie, l'amour, tout ces sentiments perdant les Hommes n'existaient plus. Seuls les personnes commandant les travaux semblaient plaisanter, des blagues salaces d'après ce que mes oreilles entendirent. Je finis par sourire, plutôt heureux du résultat de mon entreprise. Oui c'était exactement, j'éprouvais un plaisir malsain, mon sourire sadique s'étirant dans cette contemplation qui m'amusait. Il est vrai qu'une fois le cristal maître en main, n'importe quel individu pourrait exiger n'importe quoi. Pourtant, à ce moment là, je n'avais pas encore compris que ce n'était pas moi qui était en possession du cristal, chose que j'allais comprendre de manière assez brutale. « Hé toi là! Qui es-tu? ». L'un des gardiens m'avait repéré et son questionnement m'énerva un tantinet. « Jun Taiji. » lui répondis-je simplement. Il se fixa, me regardant étrangement avant de rire. « Quoi? ». Je commençais à perdre patience et si le maître du temps ne m'avait pas expliqué que je ne pouvais toucher personne, j'aurai déjà envoyé mon poing dans la face de cet homme grassouillet et déplaisant. Il arrêta de rire, je m'approchais. Il finit par lâcher, son compagnon hochant la tête pour affirmer ses dires d'un air méprisant. « Jun Taiji a disparu il y a de cela au moins deux siècles. ». Mes yeux s'écarquillèrent. J'avais disparu? Disparu dans le sens où j'étais mort ou dans le sens où personne ne savait ma position actuelle? Je demandai alors simplement : « Dans ce cas, qui détient le cristal? ». Il semblait intrigué. « Personne ne le sait. ». Je finis par sourire, me disant que ce ne serait pas la première fois que j'aurai fait semblant de disparaître. Seulement, quelque chose me dérangeait car cela ne me ressemblait pas. Si j'avais le cristal en ma possession, pourquoi me serai-je caché? Je décidai alors de sortir du chantier sans un mot de plus, loin de me douter de ce que j'allais trouver en traversant le mur de la construction en cours, la preuve que le cristal n'était pas en ma possession.

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Jun Taiji
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Jun Taiji
Lun 28 Oct 2013 - 17:31


Je sortis de la construction, m'avançant vers ce qui me semblait être l'extérieur. Seulement, à ce moment précis, alors que mon corps de fantôme des temps passés traversait le mur sans aucune difficulté, mes yeux se retrouvèrent confrontés à un spectacle qui me laissa sans voix. Partout, oh oui, partout autour de moi, il ne s'agissait que de désolation. La nature ne semblait plus trouver sa place ici et tout ce qui me vint à l'esprit c'est que je ne pouvais pas, à l'heure actuelle, être en possession du cristal. J'étais fou à bien des égards mais j'avais conscience de la valeur et de l'importance des choses. Les Aetheri n'étaient plus, j'en avais conscience, mais si j'avais été le seul Dieu de cet univers, alors j'aurai maintenu la beauté de ce monde tout en la pliant à mes volontés. Détruire cette dernière ne m'aurait rien apporté. Pourquoi donc le monde était-il dans cet état? Par quel stratagème les terres du Yin et du Yang avaient-elles été réduites en cendre? J'étais seul dans cet immense désert gris, les arbres n'étant plus que des écorces mortes, les rivières n'étant plus que des creux arides. Je fixais la comédie qui se jouait devant moi, la comédie de mon existence. Je ne pouvais pas avoir réuni le cristal, tué les dieux et avoir réduit le monde à un tel néant. Et plus je cherchais une explication, plus je n'en voyais qu'une seule, une seule et unique qu'il me fallait à présent vérifier. Mais par où commencer? Où chercher? Devais-je me rendre à celle qui était responsable de ma déchéance ou chercher mon être? Elle ne pouvait m'avoir tué, c'était impossible, elle n'aurait jamais pu. J'étais sa créature et peu importe mes volontés, même celles m'incitant à se dresser contre elle, elle n'aurait pas osé. J'étais donc vivant, quelque part, sur ces terres dévastées. Mais dans quel état?

Je me souvins des paroles du maître du temps. Personne ne pouvait me toucher et je ne pouvais toucher personne. Je trouvais cela étrange puisque la femme que j'avais décidé de poursuivre avait en sa possession un pouvoir unique, un pouvoir qui la rendait l'égale des dieux. Mais avait-elle seulement la puissance nécessaire pour supporter une telle chose? Je devais profiter de la situation, ne pas laisser la rage de voir mon œuvre travestie par cette peste. Je me haïssais, je m'en voulais de ne pas avoir su lire entre les lignes du discours de Mitsuko. Elle m'avait prévenu, je savais qu'Aria était une menace mais, me connaissant, je pensais avoir pu déjouer ses pièges. Grossière erreur.

Mes yeux se portèrent sur l'horizon. Je la connaissais assez pour savoir que si elle avait en sa possession le cristal, elle avait dû montrer au monde sa toute puissance, même dans l'anonymat. Pourquoi ce mystère sur son identité ? Pourquoi avait-elle joué la carte de la discrétion ? « Quel est ton but Mitsuko ? ». J'avais parlé à haute voix, comme si j'attendais une réponse. Seulement, en avais-je seulement besoin ? Ne savais-je pas, au fond de moi, qu'elle l'avait fait uniquement pour renverser l'établi ? Pour se jouer des habitants des terres du Yin et du Yang ? Pour leur montrer que, peu importe sa vieillesse, elle avait toujours les mêmes pouvoirs que ceux qu'elle possédait auparavant, ou, du moins, les moyens d'en obtenir de semblables ? Peut-être voulait-elle aussi simplement défier Naram ? Comment pouvais-je le savoir sans m'être entretenu avec cette dernière ? Comment en être sûr ? Voulais-je comprendre ? Voulais-je lui faire face ? Oui, la question ne se posait pas. Elle me devait des explications et j'étais certain qu'elle parlerait, dans ce temps ou dans un autre.

La tour sombre qui déchirait l'horizon fut mon point de départ. Personne ne savait qui détenait le cristal maître sauf moi et, sans doute, mon jumeau. Les élus, ceux qui savent la vérité, sont rares mais, à ce moment précis, j'aurai préféré ne pas connaître une telle version de l'histoire. Je voulais être le seul possesseur de cet objet. Le destin en avait décidé autrement et je comprenais mieux certaines paroles, notamment celles de William, celles de Mitsuko. Ils savaient ce que j'ignorais, ce que je voulais ignorer. Je pensais à tous ces indices, ceux auxquels je n'avais jusqu'alors pas prêté attention. J'y pensais, pendant des heures, le temps de ma marche. Je savais que mon temps était compté dans cet état d'immortalité et même si le maître n'avait pas précisé la durée, je sentais le poids des secondes peser sur ma conscience. Je devais trouver Mitsuko, je devais en être sûr et une fois que cela serait fait, je n'aurai plus qu'à me chercher, à me trouver et à annihiler les chances de réussite de la démone, quitte à supprimer les miennes.

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Jun Taiji
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Jun Taiji
Lun 28 Oct 2013 - 17:58


Mon arrivée au palais fut bien sûr remarqué mais nul garde, nulle défense magique ne put rien faire contre moi. Si j'avais été matériel, j'aurai avancé d'un pas lourd, le regard fixé vers mon objectif. La trouver. Les hommes de ma reine n'étaient que des pantins de paille par rapport à mon état. Je ne les voyais même pas essayer de se jeter sur moi. Ce que je voulais, c'était elle. Ce face à face, j'en avais besoin, pour comprendre la profondeur de sa trahison, pour lui dire dans les yeux que j'allais me venger, qu'elle allait regretter.

Au bout de quelques minutes, je finis par murmurer d'un ton sec. « Allons Mitsuko, je sais que tu sais que je suis ici. Inutile de gâcher l'énergie de tes esclaves avec un homme qui n'est qu'un fantôme. Viens, viens me susurrer ô combien tu t'es joué de moi. ». Je paraissais calme, sans doute, mais au fond de moi, je me retenais de ne pas entrer dans une colère sans précédent. Que pouvais-je donc faire pour me défouler de cette trahison ? Frapper les murs ? Tuer ces bons à rien ? Je n'avais qu'une forme d'ectoplasme. Il n'y avait rien que je pusse faire, rien du tout. Pourtant, lorsqu'une voix retentit dans le palais, une voix envoûtante, un sourire se dessina sur mes lèvres alors que mes jambes se prêtèrent à ce jeu stupide. Elle voulait m'attirer à elle au lieu de venir à moi. Soit, je me plierai à ses volontés, je lui fournirai cette autre victoire, j'emprunterai les couloirs comme une marionnette, comme un amoureux transi, à la recherche de sa chevelure du même rouge que le feu des enfers. Pourquoi lutter ? Je ne le pouvais, je ne le voulais. Je savais que j'aurai ma vengeance, mais pas maintenant, pas dans ce temps où je ne contrôlais rien.

« Jun, mon cher Jun. Je me disais bien que j'avais senti ta présence. Cela m'étonne. ». Je souris. Elle ne savait pas que sa fin allait forcément sonner. Si les Aetheri n'avaient rien dit dans ma version de l'histoire, c'est qu'il devait y avoir une raison, un espoir. Mais lorsque les espaces temps se confondent, il est difficile de savoir qui agit dans quel sens. Comment savoir avec une connaissance aussi limitée ? Après un silence, je finis par lui répondre d'une voix mystérieuse. « A me façonner tel ton cher et tendre, il ne faut en aucun cas t'étonner que j'en sois devenu une réplique presque parfaite. ». J'avais pris de l'assurance avec les années. J'avais été façonné, bien sûr, mais je m'étais ensuite moi-même façonné. L'identité des êtres se construit, chacun n'est que le narrateur de sa propre identité. J'avais fabriqué la mienne, j'étais allé à l'encontre de ses exigences et là où je m'étais fourvoyé, c'est que cela l'avait arrangé. Naram et moi étions semblables, mais, au final, nous étions également différents. Je l'avais toujours su, toujours senti. Le seul problème qui se posa fut ce que la déesse me répondit : « Hum... je vois que tu n'es pas encore au courant. En même temps, comment le serais-tu puisque l'évidence ne t'a en aucun cas encore sauté aux yeux. Ton passé. ». Elle avait cet air sérieux qui disait qu'elle ne plaisantait pas mais elle me mettait au défi de trouver, la malice déguisant ses traits magnifiquement. Oui, cette femme était magnifique, magnifique et cruelle, un serpent de la plus belle espèce. Je fis mine de ne pas être préoccupé par ses dires puisque l'ignorance était ma seule carte. Que pouvais-je dire, que pouvais-je répondre à une femme qui savait tout ce que je ne savais pas ? « Tu m'as trompé, Mitsuko. ». « Non. Tu t'es trompé seul. Je n'ai fait que te proposer un chemin différent, qui m'arrangeait. Mais, peu importe la façon, seule la finalité compte. Je suis en possession du cristal et, toi, tu croupies dans une caverne pour purger ta peine. Ta peine de cœur, Jun. ». Un sourire fendit ses lèvres. « Tuer ma descendante n'a pas été ta plus intelligente action à vrai dire. ». Elle était ravie de la tournure qu'avait pris la situation, même si cet acte final de ma vie en tant que puissant s'était déroulé il y avait plus de deux siècles à présent. Seulement, je voyais bien qu'elle faisait également semblant de ne pas être affecté par une chose : ma présence. Elle ne la comprenait pas et mon état fantomatique ne lui permettait sans doute pas de lire en moi. J'avais donc un avantage, un avantage pour lui soutirer des informations, un avantage pour comprendre. Seulement, elle fut la plus rapide à poser la question. « Que fais-tu ici ? ». Je souris, lui renvoyant la politesse de son ravissement précédent. « Pourquoi te le dirai-je ? Tu le sauras bien assez tôt. ». Elle sembla réfléchir. « Si tu m'informes, peut-être pourrai-je, à mon tour, t'informer sur ton passé, celui qui était le tien avant que je ne fasse de toi celui que tu es ? ». La proposition me tentait, je n'aurai pu le cacher, je n'aurai pu mentir, mais le temps me sauva, car cette projection de mon être dans le futur cessa, me ramenant à mon présent, celui dans lequel j'allais devoir prendre une décision.

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Jun Taiji
Mar 29 Oct 2013 - 19:20


Partie II - Ploie devant moi

« Ramène moi ! ». C'était un ordre que je crachais au visage de mon fils. Je devais retrouver Mitsuko dans ce futur sous la forme d'une projection, je devais savoir. Le temps m'avait sauvé mais je demeurai prisonnier de mon désir de savoir. Qui avais-je été avant qu'elle me façonne ? Avais-je eu une vie avant cela ? Jamais personne ne m'en avait parlé, jamais personne ne m'en avait soufflé mot. Devait-on être un dieu pour avoir accès aux informations de mon passé ? Devait-on tout connaître, posséder le savoir absolu pour détenir le droit de me voir tel que j'avais été ? Qui étais-je ? Oh oui, les mots de Mitsuko résonnaient dans mon esprit comme une lame tranchante et si elle disait vrai, ce qui était certain, cela signifiait que mon existence ne se bornait pas qu'aux Taiji et Naram. J'avais été autre, j'avais eu une vie différente, propre. Pourtant, Haruki ne semblait pas vouloir m'obéir. Je soupirai. J'étais certain que ce n'était pas lui qui m'avait envoyé dans le futur et, pourtant, c'était lui qui m'accueillait dans le présent. Il semblait bien plus sage que lorsqu'il appartenait à mon temps, il semblait avoir plus de connaissances que moi, être totalement autre. Pourtant, je voyais dans ses yeux l'amour qu'il me portait. J'étais son père, j'avais toujours cru en lui, je l'avais toujours soutenu dans sa vocation angélique alors que je m'enfonçais moi-même dans les ténèbres. « Tu as tué maman. ». Son ton de voix ne sonnait pas exactement comme un reproche. En réalité, j'avais plus l'impression qu'il s'agissait d'une affirmation, d'une explication. Il essayait de me faire comprendre la gravité de mon acte. « Je sais. ». Aria m'avait signalé qu'il s'agissait d'une erreur et, dans ce présent où j'étais toujours motivé par mes envies de meurtre, je savais déjà que ce n'était pas la solution à mes problèmes. « Tu dois me ramener dans le futur. Je dois pouvoir comprendre. ». Haruki regarda le ciel étoilé qui s'étendait devant nous. C'était la nuit, une nuit noire, que l'on aurait dit sans lune. Mais, en réalité, c'était une nuit avec deux lunes. La noire recouvrait la blanche, comme si tout devait se jouer d'ici peu. J'allais gagner dans ce temps, j'allais vaincre Naram si les choses restaient ainsi. J'en avais conscience et j'avais peur d'intervenir dans le futur car je savais que cela changerait bien des choses. Cela changerait ma victoire, j'en étais convaincu. Mais il semblait que les dieux et les maîtres du temps avaient décidé que je devais échouer. Ce serait ainsi. Cependant, si je devais tomber dans le futur, il était hors de question que je tombe également dans le présent. J'étais sincèrement désolé pour moi mais j'allais être l'acteur de mon échec, l'acteur de ma déchéance pour mieux rebondir. L'on pouvait me définir comme un stratège et je pensais être assez intelligent pour voir là où se trouvait mon avantage.

Je me mis à fixer mon fils. « Comment se fait-il que tu ne sois pas mort ? ». C'était une grande question, de celles que j'avais voulu lui poser dès que je l'avais reconnu. Je n'avais pas osé, occupé par autre chose, obnubilé par les reproches que j'avais fait à Mitsuko. Car oui, maintenant, je savais que c'était elle qui avait sauvé notre enfant. Je le pensais, mais j'avais tord. Haruki sourit. « Maman a fait jouer le Requiem lors de mon enterrement après avoir figé les invités pour qu'ils ne puissent l'entendre. Et le dieu de la mort est apparu. C'est lui qui m'a sauvé à sa demande. Maman et lui sont très proches, bien qu'il n'appartienne pas encore à cette époque. Un Aether de haut rang peut se promener dans tous les temps mais cela se fait avec une grande discrétion. Les Mortels ne s'en aperçoivent pas. Les maîtres du temps si. ». Le silence s'installa. Le dieu de la mort hein ? Pourquoi aurait-il été dans le sens de Mitsuko ? Qui était-il ? « Alors je suis apparu dans ce futur de désolation avec en moi certains pouvoirs. J'étais le seul maître du temps du futur, le seul à pouvoir faire quelque chose car les autres étaient aveugles du sort à venir du monde. Ne croit pas que tout ceci est de ta seule faute. Tu es en grande partie responsable mais il y a eu bien des actes autour de toi, bien des paris, des machinations, qui font qu'il n'y a pas qu'un coupable mais plusieurs. Malheureusement, ils ne seront pas tous punis. ». Il fit une pause avant de me regarder dans les yeux. « Je vais te ramener dans le futur mais, cette fois, tu en subiras les effets. Tu y trouveras une femme, quelqu'un qui te connaît mais que tu ne connais pas en retour, que tu as oublié. Elle te mènera jusqu'à ton futur et te protégera des effets trop négatifs de ce monde. ». Il semblait soucieux, hésitant. « Papa. Lorsque Naram viendra à toi, ne lui résiste pas. Il sera ta seule chance de salut. ».

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Jun Taiji
Mar 29 Oct 2013 - 19:55


La transition entre le présent et le futur fut beaucoup plus difficile pour moi que précédemment. A peine arrivé, une sensation écœurante s'empara de moi et je faillis vomir sans plus de manières. Seulement, je me retins, ou, plutôt, ce fut l'état dans lequel j'entrais alors qui s'en chargea pour moi. Je me sentais mal, terriblement mal, comme si, peu à peu, je me vidais de toute énergie, de toute volonté. Je me remémorai alors avec difficulté les derniers mots d'Haruki. « Prie pour qu'elle te trouve à temps. La transition sera bien plus brutale pour toi puisque tu es l'instigateur de ce monde tout en étant l'ennemi de Mitsuko. Naram aura plus de chance car le pouvoir de Somnium est intact mais toi, tu n'as plus rien sur quoi te rattacher. ». Il disait vrai. J'avais cru avoir assez de puissance pour échapper à la situation ambiante mais je m'étais fourvoyé. Je tombais sur le sol, pliant un genoux, puis l'autre, regardant la terre mouillé par la pluie qui s'abattait en fine goûtes, comme si la mort se faisait latente ici. Existait-elle seulement ? J'étouffais, submergé par des sentiments négatifs, encore plus étouffant que ceux qui s'emparaient parfois de mon être. Il devenait difficile pour moi de me rattacher à mon objectif. Quelques minutes avant, j'aurai pu regarder un individu dans les yeux et lui certifier que j'allais me retrouver. Seulement, à présent, je trouvais que les terres du Yin et du Yang étaient bien trop vastes, je pensais que jamais je ne pourrai me trouver. Je me sentais faible, ma magie s'écoulant doucement hors de mon corps comme s'il s'agissait de mon sang après une blessure mortelle. C'était humiliant, humiliant pour moi de me retrouver dans cette situation, moi l'empereur noir, moi celui qui avait rallié bien des souverains à ma cause, qui avait esclavagé les pensées, qui avait manipulé les esprits, moi qui avais un enfant avec l'oracle du chaos et qui, par conséquent, aurais dû être voué à un grand destin. Au lieu de ça, les interventions multiples m'enchaînaient, m'esclavageaient et annihilaient totalement mes entreprises. Mais tout était relatif. Peut-être qu'après tout, lorsque l'oracle était venue à moi, n'avait-elle pas en tête mon accomplissement présent mais une toute autre chose. Oh oui, je ferai de grandes choses, même si, à ce moment précis, je n'en avais pas conscience, submergé par le chaos de ce monde que j'avais contribué à créer. Aria me le paierait, je le promettais.

« Besoin d'aide peut-être Ez... ? ». La voix s'était interrompue, comme si elle avait été sur le point de commettre une faute. Je ne levais pas les yeux tout de suite. La femme, puisque son timbre trahissait cette particularité, me demanda alors : « Quel est ton nom au fait ? ». Je souris péniblement, levant le regard vers elle. Haruki avait raison, je ne l'avais jamais vu nulle part. Elle ne me disait rien. Pourtant, je la connaissais ou, du moins, je l'avais connu avant de l'oublier. Qui était-elle ? Ma mère ? Une amante ? Ma femme ? Je ne pouvais le savoir, pas plus que je ne pouvais lui faire confiance. « Oh ça, il va bien le falloir. Dans tous les cas, ton instinct te poussera vers moi car je suis ta seule chance de survie. Ne sens-tu pas déjà tes forces revenir ? ». Elle avait raison, les sensations négatives semblaient la fuir. Elle rayonnait dans ce monde comme si, en réalité, elle n'en faisait pas partie. « Qui es-tu ? ». Je n'avais pu m'en empêcher, ne répondant moi-même pas à sa question. Cela dit, ce détail ne sembla pas la déranger. Peut-être que connaître mon véritable prénom lui suffisait déjà amplement, surtout si l'on considère le fait que je ne le connaissais pas moi-même. « Je m'appelle Myrielle. ». Peut-être que cela aurait pu me dire quelque chose si j'avais eu connaissance des gardiens immortels et de l'Au Delà. Malheureusement, un tel savoir ne m'était plus accessible depuis bien longtemps. Cette femme, pourtant, je la connaissais, je la connaissais pour avoir gardé l'Au Delà à ses côtés. J'avais oublié, j'avais tout oublié. J'étais déjà ancien si l'on prenait en compte le fait que Mitsuko m'avait donné la vie. Mais, si j'avais su, j'aurai pu clairement affirmé que j'étais l'un des plus vieil individu de ce monde. Qu'en était-il de Naram ? Nous étions deux immortels, pas en droit, mais en fait. Nous étions tel le phénix, disparaissions avant de réapparaître au plus grand mécontentement des grands de ce monde. Peut-être avions nous un rôle à jouer au final ? Mais, à ce moment là, je n'aurai su répondre à cette question.

Je finis par me redresser, fixant Myrielle pour répondre enfin à sa question. « Je m'appelle Jun. ». « Jun ? Hum... ça ne te va pas trop mal. De toute façon, je suppose que tu devras garder ce prénom encore quelque temps. ». J'allais lui demander des explications mais elle me prit de cours, se mettant à rire. « J'aimerai beaucoup t'expliquer mais je ne peux pas. Je sais, c'est énervant quand son entourage sait bien plus de choses sur soi que soi-même. Cependant, je ne peux rien pour toi. Découvrir qui tu es fait parti du processus qui fera de toi qui tu seras. A présent, je vais déjà t'accompagner vers l'un de tes futurs. Crois moi, ce n'est guère le meilleur. Allez viens, suis-moi. ». Elle me fit un geste de la main, commençant à marcher. Moi qui avais pensé que Myrielle aurait un moyen de transport beaucoup plus rapide, je me trompais lourdement. La suivant, mes yeux contemplaient sa silhouette et ses cheveux. J'avais, en effet, cette impression vague de déjà vu, une impression qui m'agaçait car je me savais incapable de me souvenir de la moindre information à son sujet. Qui étais-je au juste ? J'allais avoir l'une des réponses à cette question existentielle d'ici peu.

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Jun Taiji
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Jun Taiji
Mer 30 Oct 2013 - 19:42

« Attends moi. ». « Et tu es sensé être l'empereur noir c'est ça ? ». Elle se moquait de moi cordialement. Cependant, j'étais tellement fatigué que je n'avais pas réellement la force de trouver des paroles sarcastiques pour former une réponse. Nous marchions depuis des heures et des heures dans une grotte qui s'apparentait plus à un labyrinthe selon moi. Le silence était maître si l'on ne comptait pas le bruit de nos pas. C'était à la fois étrange et reposant mais mes pieds me faisaient souffrir cruellement. Je ne pouvais user de ma magie même si mon énergie était revenue. De ce fait, je prenais également conscience que je m'étais sans doute un peu trop reposé sur cette dernière au fil de ma vie, trop appuyé sur elle alors qu'à présent, j'étais dans l'incapacité de l'utiliser. Sans Myrielle, je serai sans doute probablement mort. « C'est encore loin ? ». Ma voix était basse. Ce n'était en aucun cas une demande faite par caprice mais une demande faite par nécessité. J'avais besoin de faire une pause, mon souffle court, ma poitrine se soulevant frénétiquement, mes ampoules s'aggravant au fur et à mesure de la marche. Il est clair que je n'étais plus franchement le roi charismatique que j'avais été dans certaines cérémonies. Tant pis, il n'y avait que cette femme et, au pire, la situation n'exigeait pas de moi d'être élégant. « Nous y sommes presque. ». Elle avait dit cela sans me regarder, tournant la tête vers un nouveau couloir de roches que nous empruntâmes. Puis, au bout de quinze minutes, elle se retourna brutalement vers moi, tellement rapidement que je faillis lui rentrer dedans. Faisant une grimace d'énervement, je ne dis pourtant rien, ne trouvons pas les mots pour lui faire comprendre ce que je ressentais à un tel moment sans la blesser. Pouvais-je au moins la toucher ainsi ? Elle sembla comprendre mon désarroi et tout le reste car elle resta silencieuse, hésitante, un moment avant de parler. « Je te préviens, tu risques de ne même pas te reconnaître. La rencontre sera sans doute légèrement brutale mais sache que ton toi du futur voulait te voir, voulait t'expliquer. Écoute le jusqu'au bout afin de ne pas refaire les mêmes erreurs que lui. ». Je ne savais comment prendre ce discours. Ainsi me connaissait-elle déjà dans ce futur ? Je lui posai la question, question à laquelle elle resta silencieuse encore un temps avant de me préciser. « Je ne peux rien te dire qui ne changerait ton futur véritable. ». « D'accord. ». J'en avais marre de tous ces mystères pour dire la vérité mais j'allais m'y plier, je n'avais pas le choix. Elle s'écarta du passage en me soufflant : « Je vous laisse discuter. ».

Mes yeux se plissèrent alors qu'elle s'éloignait, me laissant découvrir un cul de sac. Je ne vis d'abord rien tant l'obscurité était prégnant mais je finis par apercevoir une forme sur le sol, un homme que le temps n'avait sans doute pas épargné. J'avais pensé me retrouver face à un vieillard, moi en plus vieux en somme, mais en m'approchant après une légère hésitation, je rencontrai un visage qui n'était pas celui d'un homme âgé. Seulement, l'horreur que cette vision me fit fut bien pire que ce que j'avais imaginé. Le corps de cet individu, mon corps, était si maigre que l'on pouvait croire à celui d'un squelette. Son visage, mon visage, semblait être celui d'un mort, les traits tirés, des cernes appuyant la profondeur d'un regard creux, éteint. Ce moi futur semblait avoir vécu l'horreur, semblait plonger dans une tristesse absolue, défiant toute concurrence. Je me reconnaissais avec peine, comme si ce spectre du futur ne pouvait pas me correspondre. « Le poids de mes erreurs passées est fascinant n'est ce pas ? ». Ma voix retentit, ou plutôt, la sienne. La notre. J'étais totalement déstabilisé, je ne comprenais pas comment il pouvait encore vivre, encore parler. L'horreur de ce corps me faisait frisonner d'effroi. « Et pourtant, je suis toujours en vie. A croire que l'immortalité est un réel fardeau pour ceux d'entre nous qui n'étaient censés être que des mortels. Mais je suis condamné à la vivre parce que Mitsuko en a voulu ainsi, pour m'écraser, me montrer ma faiblesse. ». Il parlait d'Aria, je le savais. « Et Naram ? ». Je venais d'ouvrir la bouche, me demandant pourquoi je pensais à lui en premier, pourquoi je posais une telle question. Mon moi futur ne sembla pas surpris. Il rétorqua en haussant les sourcils douloureusement : « Envolé. Il lui a fait un tombeau et il a décidé de mettre en pratique ce qu'il sait faire le mieux : disparaître. Mais il doit bien être quelque part. Nous sommes identiques lui et moi, nous ne pouvons trouver le repos. ». Cette conversation me semblait déjà pleine de révélations...

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Jun Taiji
Mer 30 Oct 2013 - 23:49


« Un tombeau ? ». « Oui. ». La carcasse encore envie de mon moi futur sembla hésiter avant de se mettre à conter ce que je devais absolument savoir. Il me dévisagea un instant. « Vois-tu, je sais qui tu es à présent. Tu es l'homme qui cherche la libération. Tu aimerais aimer ta femme mais tu en es incapable puisque Mitsuko ne cesse de te hanter. Dans ta chair, au plus profond de ton être, il n'y a jamais eu qu'elle. Elle semble être la seule à pouvoir te causer un malheur et un bonheur sans nom. Un geste de sa part en ta faveur te remplit de joie mais dès que son regard a l'audace de se poser sur un autre, alors tu sens une douleur aiguë, comme si mille aiguilles te traversaient le cœur. Tu cherches à te libérer de ton fardeau, par tous les moyens. ». Il résumait bien la situation. Je voulais être libre de ressentir réellement, non esclave de faux sentiments, de faux sentiments qui paraissaient pourtant être si réels. L'écart entre le faux et le vrai dans mon cas était tellement réduit. J'avais été créé pour protéger cette femme, pour l'aimer, pour la chérir et ce, peu importe ses désirs à elle. Elle pouvait me repousser, elle pouvait m'enchaîner, elle pouvait me torturer, je ne pouvais empêcher l'amour que je ressentais pour elle de se propager en moi, de guider mes actions. Et, puisqu'il fallait que je souffre, j'avais décidé de souffrir en faisant quelque chose qui me détacherait d'elle. J'étais devenu un assassin, un meurtrier, j'en avais conscience mais j'étais incapable d'arrêter la machine infernale que j'avais lancé. Ce moi du futur le savait, le comprenait, car il avait vécu les mêmes instants que moi, il avait eu les mêmes désirs d'indépendance, de salut. Seulement, il avait échoué et son témoignage pourrait m'aider. Il n'était pas mon ennemi. Il reprit, ne semblant pas prêter attention à ce que je ressentais alors. Il me comprenait comme jamais personne ne m'avait compris et, même s'il était moi, j'en éprouvais un certain soulagement, comme si le poids sur mes épaules avait été considérablement allégé. « Seulement, mon désir s'est traduit en un cuisant échec car je n'ai pas tué la bonne personne. Mitsuko n'a jamais souhaité être lié à moi, elle n'a jamais été pour rien dans le lien qui nous unissait jadis. Pire encore, la disparition de cette femme m'a conduit à la déchéance. Aria a fait en sorte de me créer pour que je sois dépendant d'elle, pour que ma mission de protection ne puisse faillir. Elle avait prévu que je pourrai me retourner contre elle et, afin d'éviter cela, elle m'avait lié magiquement à sa descendante. Mais en acquérant les pleins pouvoirs, en acquérant le cristal maître, la chose qui aurait dû m'arrêter dans sa mise à mort, l'instinct du protecteur, ne s'est pas éveillé. Ce n'est que lorsqu'elle a disparu que j'ai ressenti le contre coup. Il semblait alors que même le cristal maître ne pouvait rien contre la détresse de mon cœur. J'ai ressenti une souffrance que jamais je n'aurai cru possible, une souffrance que je ne pourrai même pas décrire. Et, Aria, qui attendait dans l'ombre s'est emparé du cristal, du pouvoir, me forçant à rester envie mais loin de toute civilisation. J'ai disparu le jour même où les dieux ont été annihilés, le jour même où j'ai mis fin aux jours de Mitsuko. Depuis, je suis ici, je vis ici ou, plutôt, je survis. J'attends la fin, la délivrance qui ne semble jamais pouvoir venir me cueillir. ». Je restai sans voix. Mitsuko n'était pas celle que je devais tuer. Peut-être étais-je fou de dire que je le savais depuis longtemps, que mon instinct refusait d'envisager la chose. Seulement, je l'avais fait taire, convaincu que me rebeller contre ma nature ne pourrait que mettre bénéfique. Je demandai alors : « Que dois-je faire pour me libérer dans ce cas ? Si tu as la réponse, donne la moi. ». C'était presque un ordre. Non, en réalité, s'en était un. Puisque ce moi du futur avait échoué dans son entreprise, je me devais de réussir. « Tue Aria. C'est elle qui a forgé le lien. Sa mort de ta main entraînera la fin de ton calvaire. ».

Dans l'obscurité de la caverne, l'ombre de Myrielle revint. « Il est temps de partir. Je ne pourrai pas te maintenir dans un état de stabilité plus longtemps. ». Je souris. J'étais à présent décidé. Je devais tuer Aria, ce qui entrait parfaitement dans mes projets de vengeance. Sentir son cou craquer entre mes doigts, voilà qui allait me réjouir. Je pris donc congé de ce moi à qui je ne voulais jamais ressembler, de ce moi qui, quelque part, m'avait trahi sans que je ne le sache. Je regagnai le présent alors qu'une deuxième ombre fit son apparition dans la caverne. « Mitsuko. J'ai fait ce que tu m'as demandé. ». « Oui Ezechiel. Tu as bien fait. C'est parfait. Jun me tuera et deviendra Aether, comme je te l'ai promis. Chacun aura ainsi ce qu'il désire. Lui un avenir plus grand et moi mon statut de démone. A présent, laissons l'humanité nous effacer à jamais. Je te promet que notre futur aléatoire sera bien plus réjouissant. Et puis, Naram ne devrait plus tarder à se montrer à présent... ».

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Jun Taiji
Mar 5 Nov 2013 - 20:52


Partie III - L'illusion de la liberté est cruelle.

Le présent, ma puissance intacte. Le seul problème était que je ne pouvais pas tuer la première des Taiji sans en parler à celle qui en était la dernière représentante. Savait-elle ce que j'allais faire ? Savait-elle que j'avais voyagé dans ce futur fait de misère ? Je devais la voir, non pour lui cracher ma haine, faite d'amour, au visage, mais pour lui avouer que j'allais commettre un crime, que j'allais la priver de celle grâce à qui elle avait vu le jour. Mais ma décision était prise. Une décision grave de conséquences car, malgré ce que mon moi futur avait dit, il se pouvait qu'en tuant Mitsuko, je me tue moi-même. Comment pouvais-je le savoir ? Comment pouvais-je prévoir ce qu'il allait se produire ? Mais, si je ne la tuais pas, alors je continuerai à vouloir détruire la seconde. C'était une équation mathématique sans aucune complexité. Il fallait que je me sorte de cette situation. Si je devais aimer une femme, je voulais que ce soit par choix, non par obligation. Je devais délier mes chaînes, les détruire totalement. Je devais avertir ma déesse, c'était ce que je pensais mais, chose étrange, alors que j'étais seule, me croyant abandonné par la femme qui m'avait amené à mon moi-futur, celle-ci apparut devant moi. « Mauvaise idée. ». Je soupirai, la fixant, elle bien plus petite que moi. Je n'arrivais pourtant pas à sentir sa puissance. Elle était comme absente de ce monde et, pourtant, bien présente. « Et pourquoi donc ? ». Elle sourit. « Tu ne dois pas aller la voir, pas maintenant. Elle te détruirait. ». Ses propos me plongeaient dans la perplexité. Mitsuko ne ferait jamais cela. Elle savait parfaitement quels étaient mes plans, elle savait qui j'étais, ce que j'étais et, malgré mes erreurs, malgré les génocides que j'avais engendré, elle n'avait jamais souhaité être la cause de ma mort. Je finis par m'agacer, mes yeux se plissant alors que j'écrasais Myrielle de toute ma hauteur. « Sois plus explicite. ». Mon ton était sec, comme si je parlais à un vulgaire cloporte. J'en avais juste marre que l'on tourne autour du pot, que l'on me cache la vérité. Je pensais démêler les choses et je ne souhaitais pas voir une nouvelle énigme naître. Pourtant, j'étais bien loin du compte car la sensation que je ressentais d'être un pantin qui se délivre n'était qu'une illusion. La jeune femme réfléchit un instant, ne m'expliquant pas comment cela se faisait qu'elle était dans mon monde, dans mon temps. Cette question, j'allais l'élucider que bien plus tard. Elle finit tout de même par préciser. « Mitsuko vient de perdre son enfant, sa fille. C'est de la faute de William. A l'heure actuelle, les deux sont en train de se battre au temple des esprits. Intervenir maintenant signerait ton arrêt de mort. Un combat entre dieux est illégal, et tout le monde sait pourquoi. Tu ne serais plus que poussière si leur magie t'effleurait. En attendant, peu importe, je suis certaine que tu connais déjà l'avis de la déesse de la justice sur la question. ». Je le connaissais, oui. Elle me dirait de renoncer pour une raison obscure. Me coupant dans mon raisonnement alors que j'encaissais la nouvelle de la perte de la fille de Zéleph avec un sentiment mitigé, Myrielle reprit, confirmant ma pensée. « Elle te suggérerait de ne rien tenter. Cependant, ce serait une grave erreur de ta part. Tu dois tuer Aria, c'est ainsi que l'ordre des choses se fera, que ton destin sera assuré. Je ne peux t'en dire plus, bien sûr, comme toujours, mais je t'assure que là est l'acte à accomplir. ».

Énervé, j'attrapai Myrielle par le cou, me baissant un peu pour que nos yeux ne soient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. « J'en ai marre de toutes ces cachotteries ! Je refuse de tuer Aria si tu ne me dis pas quel sera mon destin ! ». Elle n'avait pas peur, son regard me fixant d'un air assuré. Elle murmura : « Je vais te dire mon cher Jun : Si tu ne tues pas Aria, tu n'auras simplement pas de destin. ». Elle passa à travers de mon emprise comme si ma main n'avait jamais serré son cou. Il n'y avait aucune marque sur sa peau, aucune trace d'un quelconque passage de mon étreinte. Elle n'était pas de ce monde, c'était certain. Était-elle un Aether ? Je ne le croyais toujours pas et le mystère me fascinait autant qu'il contribuait à mon énervement. Je finis par soupirer, vaincu dans mon propre entêtement. « Bien, allons au manoir Taiji et finissons-en. ». Malgré les énigmes, les non-dits, l'envie d'assassiner Aria aurait été trop grande. Au fond, je le savais. Elle m'avait volé ma vie, elle m'avait volé mon cœur pour le donner à sa descendante, elle avait fait de moi un esclave et m'avait trompé dans un futur aléatoire. Les charges contre elle étaient trop fortes et, à présent, je réclamais justice. Alors oui, j'allais me substituer à la déesse qui représentait cette valeur mais, si je le faisais, c'était aussi pour elle.

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Jun Taiji
Mar 5 Nov 2013 - 21:19


Je connaissais le trajet par cœur, le manoir par cœur. Les terres du Yin et du Yang n'étaient plus vraiment un mystère pour moi et je pouvais me venter d'avoir parcouru bien des paysages. J'aurai pu être devant Aria en très peu de temps mais Myrielle préféra que nous fassions le chemin ensemble pour discuter. Je m'étais demandé si c'était encore pour répondre à l'une de mes interrogations pour m'en laisser dix de plus à résoudre. Seulement, la perspective me plut tout de même. Cette impression de déjà vu m'obsédait bien plus que je ne voulais l'admettre et si je pouvais grappiller quelques informations, cela me serait sans doute bénéfique. « Connais-tu le manoir Taiji ? ». Je posais cette question pour essayer de savoir où est ce que j'aurai pu la croiser. « Oui, je le connais. Mais je connais pleins de choses également. Et non, ce n'est pas dans ce manoir que nous nous sommes connus. ». Elle souris, malicieuse. « N'essaye pas de comprendre maintenant, ce serait peine perdue. Je sais que tout ceci est complexe et te dépasse un peu mais je t'assure que tu sauras bientôt, surtout si tu tues Aria aujourd'hui. ». Le soleil devait être au zénith à présent mais depuis que nous étions entrés dans l'antre des damnés, il n'était plus du tout visible. Le bal des ombres avait commencé depuis bien longtemps maintenant et les monstres rodaient tout autour de nous sans oser approcher. Ma puissance n'avait jamais été aussi grande et en tant que sorcier, en tant qu'empereur noir, mon aura suffisait à chasser les prédateurs. Je me considérais comme l'un des leurs, sauf que je me trouvais au sommet. Il fallait être fou ou ignorant pour ne pas s'écarter de mon chemin. « Ou s'appeler Naram ou Zéleph. ». Myrielle rit alors que je levais les yeux au ciel. Je détestais ses intrusions dans mon esprit.

Alors que le silence s'était installé depuis quelques minutes et que je m'efforçais de penser à autre chose, la jeune femme prit un air grave, commençant à m'expliquer ce qu'elle souhaitait me révéler. Je savais, quelque part, que la marche n'avait pas comme seul objectif de faire un peu de sport au grand air mais j'y avais vu mon intérêt autant qu'elle. « Je vais te raconter ce qu'il se passera si tu ne tues pas Aria. Je pense que cela importe peu de te l'expliquer car ces révélations n'influeront pas sur ton avenir. Mais tu dois comprendre combien il est important que tu le fasses. ». Au final, même si je ne le savais pas encore, Aria avait fait en sorte que je me retrouve pris au piège doublement : dans le futur et dans le présent. Elle voulait que je la tue et, pour cela, elle avait employé tous les moyens nécessaires. Myrielle reprit. « La situation actuelle est la suivante : Grâce aux maîtres du temps, des individus sont allés dans le futur. Ils y ont recueilli des informations et ils savent donc qui est responsable de la destruction des dieux. Ils ne savent pas qui s'est emparé du cristal maître mais peuvent supposer que c'est toi. Tout ce que tu as entrepris de faire en cachette jusque là n'est donc plus secret. Si tu ne tues pas Aria, elle en profitera pour te jeter en pâture à tous ces êtres qui réclament vengeance d'un futur non encore accompli. Ils ont échoué dans le futur, leur puissance étant bien trop inférieure à celle de leurs ennemis. Et c'est pour cela qu'ils cherchent maintenant à remédier au futur dans le présent, notamment en éliminant ceux qui sont à l'origine de la déchéance du monde. De ce fait, si tu ne tues pas Aria, tu finiras par leur être livré et Mitsuko ne t'aidera pas dans l'état dans lequel elle se trouve. ». « Donc je n'ai pas le choix. ». J'avais conscience des tenants et des aboutissants. J'avais le choix entre être livré à des milliers d'hommes et de femmes qui ne se lasseraient jamais de me torturer pour mes crimes et de tuer Aria sans savoir ce qui m'arriverait ensuite. Quel choix charmant. J'étais ravi. « C'est exact. Mais tu sais, Jun, parfois, il ne sert à rien de lutter contre ce que les personnes, que le destin met sur ta route, te conseillent. Je ne te dis pas cela pour me mettre en travers de ta route. Je te dis cela parce que tu comptes pour moi et que je sais ce qui est bon pour toi. Tu n'as sans doute pas le choix mais ce choix, ce libre arbitre que tu désires tant, tu l'obtiendras dans les mois ou les années à venir. Tout dépendra de toi, de ta capacité à comprendre ce que tu fus jadis, à comprendre ton passé et les signes que les dieux mettront sur ta route. ». Elle me sourit avant de faire un geste de la tête pour me désigner ce qui se situait devant elle. Je tournai les yeux vers le manoir Taiji. « Je m'arrête ici. Nous nous reverrons dans le futur si tu réussis à tuer Aria. Vas maintenant et accomplis ce qui est bon pour toi. ».

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Jun Taiji
Lun 25 Nov 2013 - 17:35


Le manoir Taiji n'était pas entouré de son habituelle barrière de protection. Je fixai l'immense demeure, son air familier ne m'empêchant pas de trouver la tâche bien trop aisée. Je m'avançai dans le jardin et, contrairement à ce que j'avais tout d'abord pensé, aucun sbire de la dame ne chercha à m'arrêter. Il me sembla même, au contraire, lorsque je gravis l'escalier pour me rendre à l'intérieur du manoir, que j'étais plutôt attendu. Aria avait-elle vu quelque part que ma venue était imminente ? Pensait-elle encore que j'étais de son côté ? Que je venais pour une raison quelconque qui intéressait nos affaires ? Mon pas était lourd et mes yeux n'avaient jamais été aussi sombres. Cette femme avait trahi ma confiance et elle allait le regretter amèrement. J'entrai dans la grande salle, les domestiques me regardant en silence, se retenant de murmurer quoi que ce soit sur mon passage. Aucun ne me demandait s'il pouvait mettre utile pour quoi que ce soit, aucun me saluait et la situation était si tendue que je songeais sérieusement qu'Aria n'était absolument pas dupe sur l'objet de ma visite. Elle savait pourquoi je venais et était résolue soit à se battre, soit à voir son destin s'accomplir. Peut-être avait-elle réussi à me prendre le cristal maître dans le futur mais, en attendant, dans ce présent troublé, ma puissance était sans doute mille fois supérieure à la sienne. Cette femme n'était pas folle, elle saurait agir en connaissance de cause pour ne pas se retrouver dans une fâcheuse condition. Accepter la mort serait, de plus, sans doute une véritable délivrance pour elle qui avait vécu si longtemps. Je me rendais également compte que le poids de ma propre existence me pesait parfois, comme si la fâcheuse refusait de me soulager en me donnant la mort. C'était tellement inexplicable, une sensation que seuls ceux qui étaient dans mon cas pouvaient connaître.

Je n'eus cas lever les yeux pour rencontrer les formes généreuses de l'ombre qui se tenait là. Peut-être m'attendait-elle simplement pour me donner la mort après tout ? Je n'avais pas envisagé cette possibilité avant mais il était possible que toute cette machination n'est été conçue que pour que je trouve enfin le repos. Aria en créature de la mort ne m'avait jamais effrayé et c'est pour cette raison que je ne compris pas pourquoi la crainte qu'elle me donne l'ultime châtiment fut éveillée en moi. Pourtant, la condition d'ombre, à cet instant, suscita dans ma conscience bien des questionnements. Mon inconscient devait savoir, à ce moment précis que je deviendrais bien plus tard, gardien du sceau. Après tout, si le présent et le futur était tellement liés, qu'est ce qui était vrai ? Où s'arrêtait la connaissance du futur des êtres vivants dans le présent. Et, surtout, combien de futurs proches existaient ? La complexité du monde avait créé chez moi de véritables interrogations qui, souvent, m'avaient empêché de trouver le repos. Pourtant, il ne s'agissait plus ici de réfléchir à un quelconque sens, à un quelconque dénouement heureux de la situation. Ce soir, ce serait Aria ou moi. Un seul sortirait vivant du manoir Taiji et j'étais certain que ce serait moi, peu importe les prétentions de la première Taiji. J'étais l'empereur noir et j'allais réduire cette sale traînée à l'état de cadavre. Elle allait mordre la poussière, finir à genoux puis étalée à mes pieds, inerte.

Néanmoins, sa façon de me regarder avait ce quelque chose d'énervant, propre aux femmes qui ne craignaient rien, pas même la mort. Ce regard allait bientôt n'être que du vide et non plus le reflet d'une quelconque âme, d'une quelconque pensée. Elle sourit cependant. « Il me semble que tu as compris quels étaient mes plans à ton égard. C'est dommage, moi qui tenais entre mes mains de quoi m'assurer une belle victoire sur tous ceux qui osent prétendre que mon temps n'est que dépassé. Vois-tu, Jun, je suis peut-être vieille mais lorsque je regarde certains, il me semble que ma jeunesse est avérée. Regarde toi. ». « Ne crois pas pouvoir me faire changer d'avis par un quelconque mystère de dernière minute. ». « Je ne le crois pas. Mais je ne dirai que ceci pour te montrer à quel point tu es faible, libre à toi d'en comprendre le sens plus tard : tu réfléchis trop sur des sujets sans importance et pas assez sur ce qui importe, justement. C'est pour cela qu'il est facile d'obtenir de toi tout ce que l'on... ». Je ne la laissais pas continuer, las de ses histoires, las de ses paroles qui n'en finissaient jamais. Ma main avait agrippé son cou, la forçant à se taire. Je la fixai dans les yeux, regardant sans vaciller la jeune femme manquer progressivement d'air. Elle ne se débattait pas, chose qui m'étonna plus que je ne voulais l'avouer. Son regard était bien plus étrange que précédemment et sa dernière action fut de me sourire, comme si elle me disait merci. Ses yeux, eux, me donnaient à penser qu'elle ne me disait qu'un au revoir, qu'elle m'avouait son plan de revenir prochainement, qu'elle m'avouait, qu'encore une fois, j'avais été parfait pour mener à bien ses volontés.

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Jun Taiji
Lun 25 Nov 2013 - 18:03


Le corps de Mitsuko tomba lentement sur le sol au fur et à mesure que je desserrai mon emprise, l'accompagnant jusqu'au bout. Les domestiques me fixaient, continuant en même temps leur tâche. Je me mis à rire doucement, bien plus énervé que je ne pouvais le concevoir. Alors que j'allais partir, n'ayant plus rien à faire ici, une ombre apparut, emportant avec elle l'âme de la jeune femme. Bien sûr, cela n'était pas la cause de mon arrêt. Non, car, plus loin, me fixant, mon reflet exact s'était dessiné. Ce n'était pas Naram mais moi, moi en quelque peu différent. Je ne savais réagir à cette apparition soudaine et mystérieuse. Est-ce qu'en tuant Aria j'avais aussi commis mon meurtre ? Après tout, je n'avais d'idées sur les liens qui unissait ma créatrice à mon être qu'une vision assez floue rapportée par les autres. Comment démêler le vrai du faux au juste ? Pourtant, serrant les poings, je m'avançai vers cet homme imposant dont la prestance m'écrasait. Il me fixait toujours, sans rien dire avant de faire apparaître une faux immense dans sa main tendue. J'allais parler mais il me fit signe de me taire, une mélodie s'élevant alors dans les airs : le morceau du Requiem jouait par Kyrie. Sauf qu'à ce moment là, je n'avais aucune notion de ce qu'était cet air normalement mortel pour qui l'entendait en entier. Le Requiem était une énigme, une connaissance qu'aucun mortel n'appartenant pas à la race des ombres ou à celle des chamans pouvait posséder. L'air me sembla doué d'un sens qui, hélas, m'échappait complètement. Cependant, il me sciait parfaitement, comme s'il avait été fait pour moi. Je ne comprenais pas mais mon inconscient travaillait à la chose, essayant de faire le lien en silence entre toutes les informations emmagasinées jusqu'ici, avec toutes les rencontres que j'avais pu faire. La voix de l'inconnu qui me ressemblait finit par s'élever dans la pièce, semblant sortir de nulle part et de partout à la fois. « Le sceau qui empêchait ton évolution vient d'être levé par tes soins. A partir de maintenant, le lien qui t'unissait jusqu'ici à la dernière des Taiji est rompu. Tu ne l'aimeras plus comme un amant, tu l'aimeras comme elle doit apparaître à ton cœur. Ton amour pour elle sera celui d'un frère et bien que tu souhaiteras encore et toujours être à ses côtés, ce souhait en deviendra sain et non plus malsain. ». Il fit une pause, me fixant encore et toujours de ses yeux qui m'hypnotisaient malgré moi. « En tuant Aria, tu as changé le futur, un futur, mais tu n'as pas encore rendu le tien certain. Tu dois attendre Naram à la prison. Tu dois accepter la défaite aujourd'hui pour gagner demain. ». Je le savais, l'avais compris. Il était sûr que mon double était le meilleur moyen de m'en sortir. Il était également probable qu'il m'attende déjà ou attende simplement le bon moment pour une visite officieuse qui changerait le cours du temps. Je n'étais pas dupe, je ne pouvais déclarer la guerre aux dieux et m'en sortir indemne. J'allais être puni.

L'homme reprit : « Ton avenir est certes floue mais ton passé l'est encore plus pour toi aujourd'hui. Pourtant, c'est un cherchant dans ce dernier que tu feras en sorte de réaliser le meilleur futur qui soit. Ta puissance n'est qu'une infime partie de ce qu'elle sera si tu joues correctement le jeu d'échec que les dieux ont préparé pour toi. Peut-être penses-tu que les aetheri contrôlent les individus mais, en réalité, il n'en est rien. Ô bien sûr, des interventions divines sont parfois effectuées mais, son destin, un individu doit y travailler seul. Tu as plusieurs possibilités qui s'offrent à toi, dont une, la meilleure, est d'attendre Naram et de te soumettre à son jugement. Ta fierté en prendra sans doute un coup mais mes paroles doivent se réaliser. Tu es cependant libre de choisir une autre voie, un autre chemin, mais les conséquences seront différentes de celles qui t'attendent dans ma version. Tu es pourtant le seul maître de ton avenir. Réfléchis. ». Les paroles de ce moi étrange me rassurèrent légèrement. Je n'avais pas peur de mon destin mais je détestais l'idée d'être manipuler. Pourtant, si l'Aether de la mort était là aujourd'hui, si mon futur se trouvait devant moi, c'est que j'avais, au final, déjà choisi mes actions prochaines. Je ne savais pas qui il était mais s'il était là, c'est que j'avais rendu son existence possible. Les dieux voyagent dans le temps, les dieux peuvent modifier certains événements, mais encore faut-il que leur futur existe. C'était le cas pour ce dieu, mon évolution, mon élévation et cela signifiait que rien, à présent, ne pourrait changer l'avenir en ce qui me concernait. Oh bien sûr, encore une fois, je n'en savais rien, mais la machine était à présent en marche et les événements se succéderaient les uns aux autres pour me conduire vers cet avenir précis. Quand est-ce que je deviendrais Aether ? Quand est ce que je saurai réellement qui j'étais ? Quand est-ce que je serai changé en génie ? Puis en ombre ? Puis en chaman ? Tout ceci, tous ces éléments qui étaient pour les dieux qu'une suite fortement probable, m'étaient totalement inconnus pour le moment. Mais peu importe la connaissance, peu importe les étapes à franchir, le principal est d'arriver au but.

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Mar 26 Nov 2013 - 21:24


Partie IV - Le père, la fille et le saint génie.

Il était tant pour moi de me rendre à la prison. Je pensais que ce serait l'endroit idéal, le premier lieu où me chercherait Naram. Je ne pris bien sûr pas le risque de m'y rendre par un quelconque moyen terrestre, préférant de loin me téléporter dans ces lieux qui m'étaient si familier. Je réfléchissais à ce qui allait se passer maintenant. J'étais encore sorcier et il était sûr et certain qu'une fois génie, je perdrais tous mes privilèges. Il est vrai que j'étais monté sur le trône uniquement pour avoir la puissance et les connaissances nécessaires pour atteindre mes objectifs mais ce rang allait sans doute me manquer car il me correspondait, dans le fond. Le mal en moi n'avait jamais été aussi grand et bien que je sache parfaitement qu'il était entièrement dû à ma condition de sorcier, j'aimais ce dernier, j'aimais l'embrasser, j'aimais me laisser aller à répondre à ses caprices, à semer destruction et malheur où je passais. Certes, j'avais parfois des remords, mais ces derniers n'étaient rien au plaisir que je ressentais à faire en sorte que ma puissance maléfique se répande sur les terres du Yin et du Yang. Oh oui, là, dans la prison, assis sur le siège où je m'étais installé si souvent, sur le siège où j'étais assis quand je prenais les grandes décisions, je réfléchissais aux conséquences de mon changement futur. La race des génies ne me conviendrait pas, j'en étais conscient. Je n'étais pas fait pour être éternel. Je voulais sentir mon cœur battre dans ma poitrine, je voulais sentir la chaleur du désert, le froid des montagnes. Je voulais sentir ma sueur couler sur mon corps lors de l'effort. Toutes ces choses me paraîtraient bien fades une fois ma condition changée et je ne le voulais pas. Peut-être était-il encore temps de reculer, peut-être était-il encore temps de refuser cette confrontation ? Non, je savais que je devais m'y résoudre. Tel était le chemin le plus favorable, celui que je devais suivre pour arriver à une destination qui me conviendrait. Je savais aussi que si je sortais dehors, si je m'exposais au monde, celui-ci me détruirait comme il avait détruit Orion. Les individus étaient ainsi fait, la culture également : on ne tolérait les génocides que de la part des vainqueurs, et non des perdants. J'avais perdu cette partie, j'en avais conscience et je ne réfutais pas cela, je ne me voilais pas la face. Je pouvais toujours me suicider, comme ces grands chefs de guerre qui savent pertinemment que tout est fini. Cependant, je n'étais pas de ceux là, non, je n'étais pas de ceux qui intentent à leur vie par lâcheté. J'allais faire face à ce que le sort me réservais, j'allais faire face à mon destin et peu importe les conséquences, j'étais persuadé que j'en sortirai encore plus fort.

~¤~

Je finis de relire mes dernières lignes, attendant toujours celui qui était sensé venir me chercher. Un bruit se fit entendre, discret, émanant d'une des portes de la tour de la prison. J'étais prêt pour accueillir mon double, prêt depuis longtemps. Seulement, ma surprise fut de taille lorsque derrière le bois de la porte qui s'ouvrit, je ne trouvai nullement le génie aux cheveux bleus. A la place, devant moi, se trouvait une femme, une femme dont les larmes ne cessaient de couler sur les joues, une femme qui me laissa échapper un commentaire : « Mitsuko ? ». Il ne me fallut guère longtemps pour comprendre mon erreur. Cette femme n'était pas la déesse, elle était trop faible pour cela. Et puis, lorsque ses deux yeux rouges se plantèrent sur moi, ses deux yeux rouges me suppliant de l'aider, je vis en elle cet homme que je m'étais juré d'éliminer. Devant moi se trouvait la fille de ma déesse et de Zéleph. Seulement, loin d'en terminer avec ma surprise, celle-ci se mit à parler : « Père, s'il te plaît, j'ai commis un crime... Je... Je me suis tuée... ». Père ? Était-ce une tactique pour me faire perdre mes moyens ? Pour m'éloigner de mon but, celui d'attendre que mon double daigne me rendre visite ? J'aurai pu détruire cette femme si ses genoux n'avaient pas plié sous le poids de son chagrin. Elle pleurait véritablement, blessée au plus profond de son être. Ainsi donc pensait-elle que j'étais son père ? Pourquoi ? Et pourquoi l'enfant de Mitsuko qui était sensée être morte il y a peu se trouvait-elle dans une forme adulte devant moi ? Comment cela était-il possible, seulement envisageable ? Je compris qu'elle seule avait les réponses à mes questions et je finis par me lever de mon siège, envoyant au diable mon rendez-vous avec Naram pour l'heure. Je devais comprendre, je devais savoir et, surtout, je devais faire en sorte qu'elle se calme, sans quoi, je n'aurai jamais d'éclaircissements.

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Jun Taiji
Mar 26 Nov 2013 - 22:05


Cela faisait plus d'une heure que j'étais avec cette femme dont j'ignorai jusqu'au nom. Elle n'avait rien dit d'autre depuis la phrase qui l'inculpait de meurtre sur sa propre personne. Je l'avais enveloppé dans une serviette et lui avait même préparé une boisson chaude. Ma curiosité était piquée au vif mais je n'avais pas l'intention de la brusquer car je savais que c'était le meilleur moyen de la faire rester muette plus longtemps. Attendre ne me posait aucun problème, seulement, si Naram devait arriver et me voir avec elle, cela changerait sans doute la donne. Il fallait que mes deux problèmes de la journée ne se rencontrent pas, sinon, je craignais que les événements soient quelque peu bousculés. Je lui demandai alors, pensant que c'était le bon moment : « Sans vouloir vous offenser, j'ai du mal à croire que vous soyez la fille de Mitsuko... ». Elle ne pleurait plus depuis quelques minutes et ma question tombait donc, comme je m'y attendais, à pic. Elle me fixa un instant, semblant abattue mais prête à affronter les faits. Elle murmura doucement, fixant de nouveau son regard dans le vide, comme si, après tout, son commentaire était une évidence : « C'est vrai que tu ne m'as jamais vu... ». Le silence se fit mais je pressentais qu'elle allait le couper, chose qu'elle accomplit quelques minutes plus tard, comme si elle ressassait dans sa tête ce qu'elle devait dire ou non. Prenant une inspiration elle commença son récit. « Je m'appelle Erza et je viens du futur. J'ai pu voyager dans le temps grâce à des dons que je semble ne plus avoir aujourd'hui. Seulement, alors que je me rendais dans le présent dans lequel nous sommes, je me suis retrouvée en face de ma mère... enceinte. Les boucles temporelles ne le supportent pas et elle a... ». Sa voix se tut et je complétai sa phrase, me demandant si j'étais heureux ou malheureux à l'entente de cette nouvelle : « Fait une fausse couche. ». Bien sûr, l'on m'avait déjà prévenu que Mitsuko avait perdu son enfant mais on ne m'avait pas donné les conditions de cette perte. Maintenant, je comprenais. Elle n'avait pas perdu Erza pour des causes naturelles mais parce que le futur de sa fille était apparut devant elle. La situation ne me plaisait pas, cela ne sentait pas bon. Combien y avait-il de chances pour que cela arrive ? Non. J'étais sûr que la mort du bébé à venir de la déesse n'était pas un hasard. Seulement, pouvais-je faire part de ma pensée à cette femme ? Supporterait-elle le fait d'avoir été manipulée ?

Je la fixai de plus belle. Elle ne bougeait pas réellement mais semblait fragile. Pourtant, quelque chose de spéciale se dégageait d'elle, une certaine force, un certain charisme. Elle pleurait aujourd'hui mais qu'allait être son futur ? Comment se comportait-elle lorsque la tristesse ne l'enserrait pas ? Devait-elle oublier son passé pour pouvoir vivre dans le présent ? Toutes ces questions que je me posais étaient bien inutiles car, après tout, mon temps était compté. Comment aider cette jeune femme si je devais disparaître un temps ? Après tout, je me doutais que Naram ne se contenterait pas de me changer en génie. J'eus alors une idée, quelque chose qui pourrait lui assurer une survie dans ce monde où les peuples se préparaient au changement, se préparaient à se battre pour sauver leur présent et leur futur. « Erza. Ai-je été là pour toi dans le futur ? ». Ma question était sans doute surprenante mais les suivantes devaient le sembler encore plus : « Mitsuko t'a-elle élevé ? Que t'a-elle dit ? ». La jeune femme me fixa un instant puis finit par répondre : « Elle m'a élevé un temps en me répétant que viendrait un jour où elle devrait mourir et que ce serait de la main de mon père. Elle m'a dit aussi que ce père m'aiderait dans l'ombre, que c'était un dénommé Jun Taiji. Et, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours senti cette aura bénéfique planer autour de moi, même si je ne t'avais jamais vu jusque là. ». Je me rendis compte que la chose était totalement impossible. Je savais qu'après la mort de Mitsuko, je n'étais plus qu'une épave, plus rien, alors comment aurai-je pu m'occuper de cette enfant ? Non, ce n'était pas moi et le seul homme à s'assurer de la protection de Mitsuko en plus de ma personne était Naram, ce seul homme qui aurait pu protéger également sa fille lorsque je n'avais pas été dans la capacité de le faire. Était-ce lui qui l'avait empêché de connaître la souffrance ? Je n'en avais aucune certitude mais quelque chose me disait que Zéleph n'y était pour rien. Il avait oublié sa femme bien avant la naissance de leur fille et si elle ne lui avait pas dit qu'il était son père, comment aurait-il pu savoir qu'elle était sa fille ? Mes interrogations ne cessaient plus. Est-ce que Mitsuko avait dit à Erza que j'étais son père car elle savait que je serai le seul qui puisse l'aider à présent ? Après tout, je doutais que Zéleph ait retrouvé la mémoire et Naram était insaisissable. J'allais l'aider. Je le devais, mais pas maintenant. Je lui dis alors : « Erza, j'ai commis des actes graves pour la plupart des Hommes et je vais devoir en payer le prix. Pars au château Malkavian, trouve Edelwyn et demande lui de te protéger. Lorsque tout sera fini, je te promet que je te rejoindrais et que je veillerai sur toi, que je t'expliquerai la vérité. Mais, pour le moment, je t'en prie, pars. J'attends que le destin s'abatte sur mon être. ». Je ne la laissais pas réellement décider, la touchant pour la téléporter directement au château Malkavian. Edelwyn ferait le nécessaire, j'en étais certain.

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Jun Taiji
Mer 27 Nov 2013 - 7:27



Je ne me rappelle pas exactement comment Naram m'apparut. C'était étrange, comme si mon  univers se brouillait, comme si je n'avais jamais réellement été dans la prison. Cette impression commença des heures après qu'Erza fut partie. Je pensais à elle, me demandant pourquoi sa mère m'avait désigné comme son père. Ces paroles allaient compliquer mon existence quel qu'ait été le mobile car si Zéleph l'apprenait, il rentrerait sans doute dans une colère sans nom. J'étais l'ennemi public numéro un, son ennemi personnel et l'ennemi de tous les réprouvés alors comment pourrait-il admettre que sa propre fille pense un seul instant que j'étais celui qui l'avait conçu. Seulement, je ne savais comme agir et ma haine contre Mitsuko avait totalement disparu en même temps que mon amour pour elle. Je comprenais que mon entreprise n'avait été que pure folie. L'entreprise peut-être pas mais au moins la raison de celle-ci, la cause qui m'avait conduit à bouger, à agir pour œuvrer à la destruction de ce monde. Mais pourquoi m'avait-elle donné la garde de sa fille ? Pourquoi moi et non pas un quelconque fidèle ? Savait-elle que mes choix allaient conduire Erza sur le meilleur chemin pour elle ? Je n'en avais aucune idée, comme si un mortel pouvait avoir une quelconque prétention sur les pensées des dieux. Je l'avais cru autrefois mais, à présent, je me rendais compte que les causes de leurs décisions étaient impénétrables. Je n'aurai jamais pu gagner, mon entreprise tuée dans l’œuf. Ils auraient pu me tuer, oui, ils auraient pu, cela aurait évité tous ces drames. Mais, au lieu de cela, ils avaient maintenu mon existence à flot. Pourquoi ? Pour quelles raisons ? Encore une fois, je l'ignorai et peut-être étais-je trop égocentrique, peut-être que mes idées étaient fausses, que les Aetheri n'en avaient que faire d'un petit mortel qui se croyait immortel. Peut-être riaient-ils de moi et de mes songes. Cela m'était insupportable mais je devais me rendre à l'évidence : j'étais seul dans la prison et personne hormis Naram ne viendrait à moi. Personne ne chercherait ma mort puisque j'allais connaître la sentence d'un seul individu, un individu qui prendrait autant soin de moi qu'il me détruirait. Pour combien de temps ? J'étais sans doute prêt à payer mais pas à me soumettre éternellement. S'il faisait de moi un génie, il devrait s'attendre à un coup d’État plus tard. Car si ma haine avait disparu à l'égard de Mitsuko, je ressentais toujours des sentiments mitigés à l'égard de cet homme, ayant envie de construire et détruire avec lui, ayant envie de le tuer et de l'aider. Le paradoxe de ces émotions me dérangeait mais puisque j'avais été créé sur son modèle, je devais bien admettre que celui-ci n'était pas de mon fait. Au final, peut-être que la vie de Naram n'était faite que de paradoxes inébranlables.

Je sentis sa présence bien avant qu'il n'arrive et, en réalité, je ne me souviens pas de l'échange que l'on eut, si tant est que nous en eûmes un. Je ne me souviens que d'une sensation d'aspiration, puis de vide. Est-ce la sensation que l'on ressent lorsque l'on est enfermé dans un habitacle pour la première fois ? Cependant, celle-ci ne dura pas longtemps puisque je me revois flotter au dessus d'un monde en paix, d'un monde étrange qui ressemblait fortement aux terres du Yin et du Yang. Je ne saurai décrire, encore une fois, cette sensation. C'était comme si je savais à la fois que ce monde était le futur apaisé et qu'il était impossible que je puisse l'observer d'un habitacle. Néanmoins, mes pensées s'estompèrent vite. Je sentais le vent siffler à mes oreilles et une douce musique résonna, une musique qui continua de me relaxer. J'étais au dessus des terres, puis de l'océan. Il n'y avait pas de réels changements, du moins, c'est ce que je cru avant d'arriver à un endroit que je ne connaissais pas. Une sensation de malaise s'installa au fond de moi à la vue de ces terres de glace. Pourquoi étaient-elles là ? Pourquoi est-ce que cette sensation me gagnait-elle ? Des lueurs bleues illuminèrent les terres et une armée se leva, avançant d'un même pas vers les limites du continent avant de s'envoler vers le reste du monde. En haut de la montagne, une femme se tenait, une femme d'une puissance qui me semblait infinie. Qui était-elle ? Elle ne ressemblait à aucun des grands de ce monde. Et qu'était cette foule aux pieds de la montagne ? Je reconnus Mitsuko, je me vis à ses côtés et soudain, nous disparûmes comme si nous n'avions jamais existé. Je m'approchais bien malgré moi, flottant en face de cette femme, mes yeux à la hauteur des siens. Elle sourit, d'un air mélancolique. « Tu as causé bien des dommages au monde Jun. La reconstitution du cristal maître ne s'était jamais produite auparavant, même dans des futurs aléatoires. Les conséquences seront terribles et si vous ne me sauvez pas, alors vous périrez tous. Car lorsque la magie d'un monde disparaît, celui-ci disparaît avec elle. Seul le créateur peut restaurer l'équilibre. ».

Et tout s'effaça.

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