Dans les bras de la nuit, tous les fantômes sont gris
Pieris & Marie-Jane

Générique de Simsala Grimm

Marie-Jane enfila sa capuche sur la tête. La trompe de son pyjama lui retomba entre les yeux, lui arrachant un sourire. Ca n'allait pas être très pratique, mais ça l'amusait tout de même. Elle aimait la tenue que lui avaient trouvé les organisateurs. Elle trouvait ça mignon. Adorable, même. Et surtout, le tissu était douillet et confortable. Elle se tourna et vit d'autres élèves ayant enfilé leurs kigurumis. Tous avaient un air plus enfantin qu'à l'accoutumée, comme s'ils s'étaient déguisés. La rose se retourna vers sa partenaire. Elle était rassurée d'avoir été pairée avec Pieris. Elle avait eu peur de retomber avec quelqu'un d'aussi excentrique et malaisant que Sympan. Une fois lui avait suffit : elle avait donc espéré se retrouver avec quelqu'un qu'elle connaissait, ou quelqu'un de gentil comme Alcide. Ses vœux avaient été exhaussés : non seulement elle connaissait sa camarade - elles chantaient ensemble à la chorale - mais en plus, la vampire était adorable. « Ton kigurumi te va drôlement bien. » la complimenta-t-elle. Puis elle lui tendit la main. « Les organisateurs conseillent de marcher en se donnant la main, puisqu'on ne doit pas s'éloigner l'une de l'autre. Est ce que ça te dérange ? »

Le duo s'aventura sur le chemin. La Lyrienne se rapprocha de sa camarade. « Est ce que... Est ce que tu as facilement peur ? » murmura-t-elle. Elle, oui. C'était une vraie froussarde. Elle avait beau savoir qu'il ne s'agirait que d'autres élèves plus âgés et de professeurs, elle restait angoissée. « Moi, je ne suis pas très à l'aise dans le noir... » expliqua-t-elle. Ce n'était pas la seule chose qui la dérangeait, mais c'était une grande composante de son malaise. La nuit, si l'on avait dû fermer les volets, elle aurait sans doute demandé à installer une veilleuse car l'idée d'ouvrir les yeux et de ne pas y voir plus clair l'angoissait terriblement. « Avec ta vision, tu pourras peut-être mieux repérer les pièges, non ? » interrogea-t-elle. « Enfin, je ne veux pas t'embêter. » souffla-t-elle plus bas, comme pour ne pas attirer l'attention des esprits-farceurs.

« Les cours de la classe nocturne ont été annulées pour la soirée ? » interrogea la rose, curieuse d'en connaître davantage sur la Fille de la Nuit. « En tout cas, je suis contente que tu puisses venir t'amuser avec nous. » Distraitement, la timide glissa sa main dans l'une des poches de sa combinaison-pyjama. Elle en retira un bonbon. Elle fronça les sourcils en réalisant l'impair qu'elle s'apprêtait à faire. « Oh, j'allais t'en proposer un mais... Tu ne peux peut-être pas en manger, si ? »

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Dans les bras de la nuit, tous les fantômes sont gris
Pieris & Marie-Jane

Bounty hunter - Heitor Pereira

« C'est une question difficile... » répondit la Lyrienne à voix basse. Sans souvenir du passé, il lui semblait périlleux de se projeter dans l'avenir. Pourtant, elle savait que sans plan, elle n'irait probablement nulle part. Elle avait besoin d'un objectif pour continuer d'avancer, et pouvoir arrêter de ruminer ces souvenirs égarés. Sans, elle se confortait dans un statut quo d'immobilité. « J'aime bien jardiner alors peut-être quelque chose en rapport avec les plantes. » Elle aurait aimé pouvoir cultiver un magnifique jardin. Paysagiste était quelque chose qui l'intéressait, mais elle n'était pas certaine qu'il s'agissait d'une profession digne d'un ressortissant de Basphel. « Peut-être dans la recherche... » marmonna-t-elle sans entrain. Elle avait conclu que cette voie serait plus applaudie. Cela ne signifiait pas qu'elle lui paraissait plus attrayante. Elle n'était pas certaine d'être taillée pour cette branche. L'incertitude était quelque chose qui générait de l'angoisse chez la fragile. « Et toi, tu as une idée ? » retourna-t-elle la question. « Est ce que tu envisages de devenir chanteuse ? Ou bien n'est-ce qu'un passe-temps ? »

Marie-Jane avait rangé les sucreries. Puisque la brune ne pouvait pas en profiter, elle n'avait pas osé en manger elle-même. Elle attendrait d'être sortie du labyrinthe - de toute manière, elle n'avait pas faim, ça aurait juste été de la gourmandise.

La présence de la Vampire l'apaisait. Sans doute était-ce grâce au calme qu'elle affichait. Dans ses bras, la rosée se sentait en sécurité, comme si la plus grande pourrait la protéger de tout ce qui adviendrait. Elle avançait donc un peu plus rapidement, rassérénée par la main posée sur son épaule. « Par où est ce que tu veux aller ? » Le duo s'était retrouvé à une intersection. Les décorations de chaque côté n'avaient pas l'air des plus accueillantes. Aussi Marie-Jane attendit-elle que sa comparse choisisse le couloir qui lui paraissait le moins dangereux. Pourtant, à peine eut-elle mis les pieds sur le chemin qu'un cri strident résonna dans l'air. La trouillarde hoqueta de peur et se figea. « Qu'est ce que ? » Il lui fallut plusieurs longues secondes pour comprendre que ce hurlement de détresse était situé loin de leur position, et surtout, qu'il n'avait rien à voir avec elles. Cet avertissement de terreur ne fut néanmoins pas pour rassurer la peureuse, qui songea à faire demi-tour. « Je me demande ce qu'ils font... » dit-elle d'une toute petite voix. « Il parait que le club de théâtre a aidé l'AAAP pour la confection des masques et des costumes. » chuchota-t-elle - peut-être que si elles se faisaient discrètes, elles n'attireraient l'attention de personne. « Leurs déguisements doivent avoir l'air très réaliste. » La timide se retint de souligner qu'avec leurs pyjamas d'animaux, ils avaient sans doute l'air de gibier à traquer. C'était de mauvais goût, mais elle ne voulait pas critiquer. Les organisateurs avaient sans doute passé beaucoup de temps sur ce projet, et elle ne voulait blesser les sentiments de personne.

La Lyrienne se figea. Au bout de leur couloir, une silhouette venait d'apparaître. Elle était blanchâtre et translucide. A la main, une hache ruisselante de sang, qui s'écoulait en goutte à goutte. « Oui, les costumes sont vraiment bien faits dis donc... » lâcha la rose d'une voix crispée et chevrotante. La gorge nouée, elle déglutit avec difficulté. « Huh. » La rose hoqueta de surprise, les yeux écarquillés : le fantôme venait de s'éclipser. « Où est ce qu'il est passé ? Comment il a - AH ! » Marie-Jane s'était mise à tourner la tête frénétiquement dans tous les sens pour essayer de retrouver l'esprit. Lorsqu'elle l'avait aperçu, collé tout contre elle, à seulement quelques centimètres de son visage, elle avait hurlé. Puis, les larmes aux yeux, elle s'était agrippée à la taille de sa partenaire, s'en saisissant comme si la jeune Vampire s'était transformée en doudou grandeur nature. L'effrayée enfouit sa tête dans le duvet du pyjama, les yeux fermés.

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