Pendant que Cocoon essayait d'attirer l'attention de la bête, et d'encaisser les dégâts, Yulenka sautait un peu partout pour toucher la plante à plusieurs endroits. Ainsi touchée, du liquide s'écoula de ses plaies, et malgré sa couleur, l'Orisha n'en pensa pas moins qu'il devait être empoisonné. Bougeant à son tour en lui assénant des coups d'épée, il la fit se baisser quelques fois. Malheureusement pas assez, ni assez vite, pour lui trancher la "tête". Du coin de l'oeil, et surtout grâce à son empathie, il détecta la présence de la vampire au dessus de lui, et même sacrément en hauteur. Quelques secondes plus tard, des confettis tombèrent de la fleur, et sa jolie encolure fut sacrément amochée. Levant les yeux, il vit une espèce de brume jaunatre, envelopper Yulenka, la faisant tousser. Qu'est ce que c'était que cette saloperie ? Est ce que ca allait la paralyser ? L'empoisonner ? Restant un instant sur le qui-vive pour voir la réaction, il se rassura lorsqu'il l'entendit parler.

De là, elle lui lança quelque chose. Par réflexe il attrapa l'ombre et remarqua rapidement que ce n'était rien d'autre qu'une laisse. La plante était donc enchainée par le col, par un gros lien d'ombre puissant et solide. Faire pencher ça... ? Il tira un peu dessus pour voir la flexibilité de la plante, comme si cela avait une quelconque importance, avant de se reculer. Poussant un bon cri rauque, il tira avec les deux tiers de sa force, sur la chaine éphémère, et la plante plia immédiatement. Les racines arrières soulevèrent les dalles du sol, et cassèrent des carreaux, en manquant de se faire déraciner. Cependant, en la maintenant comme ça, Yulenka pu abattre son sabre  à maintes reprises. La bête lâchait des espèces de bruits infames, qui dégoutèrent Cocoon. Quand la tête tomba du corps, il lâcha la corde d'ombre et vit la plante faner en quelques minutes.

S'époussetant, il se retourna et vit la vampire. La regardant pour détecter quelque chose il dit :

« Moi ça va... Le nuage ne t'a rien fait ? Tu vas bien ? »

Il ne connaissait absolument pas les effets secondaires de ce genre d'attaques sporadiques.
Se remettant à marcher ils évoluèrent à travers les ruines d'un ancien château, complètement cramées et carbonisées. L'ambiance devenait de plus en plus austère et Cocoon prit mieux en main de manche de sa claymore, dont le plat était sur son épaule massive.

« Si on ressort d'ici vivant, ou entier, je me laisse pousser la barbe. »

Autant dire que Cocoon avait l'immense conviction que sa vie allait s'achever ici, car lui, avec de la barbe... Rien que d'y penser ça le faisait vomir.

Cocoon passa un bras autour des épaules de Yulenka, pendant qu'elle se frottait l'oeil. Il n'y avait pas l'air d'avoir de réaction pour l'instant, ni un quelconque symptôme. L'Orisha avait bien des antidotes, mais tan qu'il ne savait pas ce que c'était, il ne pouvait rien lui administrer comme potion, ou baume protecteur.

Marchant légèrement devant son amie vampirette, il la sentit se mettre à ses côtés, alors qu'il portait toujours son épée, comme on porterait un baluchon. Souriant à sa réplique il renchérit :

« Je te trouve bien sûre de toi, jeune fille... »

Passant ses doigts dans ses cheveux lisses, il se concentra un moment sur ce qu'il était en train de toucher. Dans sa tête défilaient des images de grottes, d'antres, mais jamais un tel espace vide et noir. Les ruines, la plante géante... Non il n'en n'avait jamais entendu parler, c'était certain. Il étudierait ce qu'il avait récolté, en rentrant chez lui. Oui, en rentrant, car après tout, était-il sur qu'il allait rentrer ?
Le Dragon lui, ne se fit pas attendre. Se mettant en garde, lâchant son amie, et brandissant sa claymore, il regarda de chaque côté, essayant de repérer sa position. Une haine féroce s'échappait d'un corridor adjacent, pourtant situé loin d'eux. Cependant, cette distance fut parcouru en un rien de temps par la bête.
La vampire lâcha une phrase, et tous deux se jetèrent derrière une palissade en pierre. Quelle horreur de voir qu'ils étaient pris au piège. Les gros rochers sculptés se faisaient littéralement manger par ces flammes. D'ailleurs, la couleur de ces dernière interpela les deux amis, à tel point qu'ils changèrent de point de replis, au dernier moment.

En réponse à Yulenka, Cocoon sortit sa tête de derrière une nouvelle barricade. Le dragon était monstrueux, et de la fumée noire sortait de ses naseaux. L'Orisha s'approcha de son amie et mit sa main sur son cou pour la rapprocher de lui. Collant sa joue à la sienne il chuchota le plus doucement possible :

« Il va falloir que tu le distrais. Tu es plus agile que moi, tu y arriveras beaucoup mieux. Trompe-le, mais distrait-le je vais essayer de l'avoir d'une autre manière. »

Une fois d'accord, ils se séparèrent. Il savait que la jeune fille pouvait utiliser toute sa magie, pour attirer le dragon à elle, sans forcer. Lui n'était pas assez rapide pour esquiver, c'était quelqu'un d'assez lourd et il fallait qu'il en prenne conscience. Ainsi il ne se sur-estimait pas.
Dès que son amie sortit de sa cachette, et que la bête ne regardait qu'elle, Cocoon la longea pour aller derrière. Un manque d'inattention le fit se prendre un coup de queue, qu'il ne para qu'au dernier moment. Trop tard malheureusement pour en rester indemne. L'Orisha fut projeté bien plus loin, et atterrit contre un mur qu'il brisa littéralement. Le Dragon s'occupa alors de lui un instant, mais sa plus grande ennemie se trouvait devant lui, alors il abandonna l'Eshu, ensevelit sur ce qui n'était maintenant que des petits cailloux.

Il ne fallut pas une minute pour qu'il sorte de là, sans une égratignure. Retournant à l'assaut de la bête, il avait compris que ce n'était pas comme ça qu'il pourrait l'avoir.

Lorsque Cocoon entendit la phrase sortir naturellement de la bouche de la mignonne, son sang ne fit qu'un tour. Même si Yulenka ne s'en rendait pas compte, elle venait de révéler quelque chose que lui ne voulait pas entendre. Il n'admettait pas le fait qu'elle banalise sa propre mort. Elle était importante pour lui, c'était une amie, et son décès entrainerait un chamboulement vraiment puissant. Sachant qu'il ne pourrait jamais lui en faire prendre conscience, il laissa tomber la réponse, et haussa les épaules pour seule réplique. Lui ferait tout pour ne pas que ça arrive. Il ne voulait pas mourir, et il refusait qu'elle meure.
Bien qu'il appréhendait l'issue de cette mission, il savait qu'ils allaient ressortir vivant.
C'était OBLIGÉ bordel ! Vivants, plus que jamais même !
En son fort intérieur, l'Orisha espérait que Rubis n'allait jamais sortir. Il ne savait jamais lorsqu'elle ferait son apparition, mais il avait pleinement conscience que Yulenka pouvait mourir à tout moment lorsqu'elle était en pleine possession de son corps.

Se sortant ça de la tête, il laissa la jeune femme faire diversion à sa guise, pendant que lui même luttait. Les écailles de se dragon étaient tellement dures, que Cocoon se fit la réflexion qu'il devait être lourd comme le diable. Ne pouvant atteindre un point sensible, il ne pu lui faire tâter de son épée, mais il était de plus en plus pessimiste quand à leur chance de réussite.
C'était dans ce genre de moment que l'on se sentait atrocement seul et impuissant. L'Orisha voulait attraper son amie et courir vers la sortie, mais il doutait qu'il en ait le temps, et surtout qu'elle soit d'accord. Quoi qu'elle n'était peut être pas si déraisonnable que ça... En la voyant disparaitre derrière un muret, il abandonna son idée de prendre ses jambes à son cou. Pourtant, il y avait de quoi... Cette bête était gigantesque et trop coriace pour eux.

S'éloignant d'elle, Cocoon chercha un vrai plan, quelque chose de stratégique. Il était général des armées, alors il y avait bien un moment où son métier agirait comme une déformation professionnelle !
Contournant plusieurs murs en ruines, et plein d'autres piliers, il vit une sorte de bâtisse en bois -comment avait-elle pu survivre dans ce fourneau ?- où dedans était entreposé de drôle de caisses.
L'Orisha chercha à les ouvrir, sans succès. En prenant une, il l'emmena plus loin, pour voir s'il pouvait interagir avec. Bonne idée qu'il eut le petit bonhomme !

En essayant de l'ouvrir de son épée, la caisse explosa littéralement, le projetant sur le champs de bataille. Se méfiant du dragon, il s'assit, puis fut heurté à nouveau par la queue de la bête. Cette fois-ci, il s'y accrocha, et valdingua dans les airs, regardant les environs. Son arme était retournée près de la case en bois, et la caisse n'était plus là. L'explosion avait désintégré la machine. Cherchant à rejoindre le sol, il eut une idée on ne peut plus brillante. Cependant, le Dragon le retint volontiers. Lui donnant des coups de patte, Cocoon se transforma en jouet, avant de vraiment s'énerver. Il en avait marre de ça, ce combat interminable, et cette bestiole trop grosse. Ne se laissant pas faire, il résista, écarta les doigts crochus du monstre pour se dégager, et se libéra juste à temps de son étreinte, car voilà que les flammes faillirent le consumer. Seulement il chuta sur une bonne distance, et ne pu amortir sa chute, même en roulant. Il était noir de suie, complètement salit. Sa veste était déjà morte et il du l'abandonner en chemin, trop en lambeaux pour tenir sur lui. Son débardeur était touché, et son pantalon légèrement. Seules ses chaussures tenaient encore. C'était le début de la fin.

Courant à toute vitesse vers l'endroit où se tenait Yulenka, il alla à sa rencontre, quelque soit sa forme, et dit :

« Il y a des explosifs là-bas, il faudrait l'y attirer. »

Entendant le cri du Dragon, il se recroquevilla sur lui même derrière le rocher où il était, et les flammes entamèrent la pierre. Dès qu'elles se tarirent, Cocoon chuchota :

« A trois on fonce là bas... Un... »

Un cri retentit, et des pas firent trembler le sol.

« Deux... »

Cocoon le sentait arriver par la droite, et il fixa la gauche.

« TROIS ! »

Se jetant sur le côté, il sortit de la avec la vampire, et couru de tout son saoul.

Cocoon savait que Yulenka était une chipie insolente. Elle faisait preuve d'une conscience inconsciente, et ça lui faisait pousser plus de cheveux blanc que ce qu'il avait déjà. Il trouvait horripilant mais en même temps il n'était pas en mesure de lui hurler dessus. Alors se relevant, il fit son manège avant de revenir vers elle et de lui dire son plan. Cependant la jeune fille n'était pas départie d'un humour sacrément chaud aujourd'hui ! Autant dire même qu'elle n'en pouvait plus...

Cocoon se sentit lourd lorsqu'il courait. Il n'était pas agile ni léger, et ça le démontait dès qu'il devait entreprendre une course. Malgré tout, les subterfuges de la vampire lui permis d'arriver au moins jusqu'à la cabane.
Prenant rapidement une caisse, sans reprendre son souffle, il courut à nouveau vers le dragon et lui en balança une dessus, qui explosa en troua sa carcasse. Bon petit trou, mais trou quand même. L'Orisha regarda dans les environs pour récupérer son arme mais celle ci était trop loin, beaucoup trop loin, et c'était contraignant de devoir aller la chercher. De plus, Yulenka commençait à se fatiguer à force de bouger partout. Le hurlement de la bête fit trembler le plafond et des murs s'effondrèrent. Le monstre se dirigea vers lui, et le jeune homme alla chercher deux caisses, qu'il prit successivement sous ses bras, avant de s'éloigner à nouveau. Les bras levés, une dans chaque main, Cocoon hurla :

« VA TE METTRE A L'ABRIS ! »

Dans un grand geste, il jeta les deux caisses dans la cabane, ce qui créa l'explosion du siècle. Des feux d'artifices partirent dans tous les sens, diffusant cette même fumée noire et ces mêmes flammes noires, dans toutes les ruines. Le bruit allant avec les images, les murs alentour se liquéfièrent littéralement et le dragon se consuma, dans des hurlements ignobles et sans précédant. Cocoon eu juste le temps de prendre ses jambes à son cou, mais la détonation le propulsa contre un mur rempli d'épines. Dans un cri il s'y arracha. Il savait que Yulenka était quelque part, mais il ne savait pas si elle était saine et sauve.  Se relevant en poussant d'autres cris plaintifs, il regarda son accoutrement. Il ne ressemblait plus à rien. Son débardeur n'existait plus, d'ailleurs son dos était brûlé, et ses bras sentaient aussi le roussi. Du sang coulait de ses petites plaies, mais n'y faisant pas attention, il fonça en appelant son amie.

Le Dragon ne bougeait plus. Sa cuirasse était complètement percée et brûlée, et ses naseaux ne fumaient plus. Ils avaient réussi ! Ahah ! Gloire ! Gloire et fortune même ! Frénétique, Cocoon passa à côté de ce monstre et cette fois-ci, c'était pour partir. Chercher son amie et se tirer d'ici !
Cependant, alors qu'il appelait la vampire, surement gisant derrière une palissade qui avait moyennement tenue le choc, il sentit ses jambes se dérober sous son poids. Tombant à genoux, il regarda ses cuisses, où il vit un grand pieu sortir de chacune. D'où ça venait ça ? Et qu'est ce que c'était ? Tournant la tête, il vit le dragon, le regardant, les yeux ouverts, prêt à lui souffler dessus. Longeant son corps du regard, il remarqua que ce n'était rien d'autre que les piques énormes, qu'il avait sur la queue, que ce dernier avait balancé sur lui. L'Orisha voulu se relever, partir, mais une ombre surgit de l'autre côté du cratère, pour atterrir droit sur le museau de la bête.

Cocoon avait brusquement froid. Depuis combien de temps ne s'était-il pas sentit aussi refroidi ? Depuis combien de temps la morsure d'un hiver quelconque ne lui avait-elle pas fait mal à ce point ? Il ne savait pas, et n'y réfléchissait pas. Pour le moment tout ce qu'il voulait, c'était retrouver ses marques, ses repères... La chaleur qu'il connaissait et qui le caractérisait.
Seulement là, il était dans le vide total. L'Orisha se savait dans son plus simple appareil, vulnérable, sans armes sans rien pour se défendre ou attaquer... C'était sans doute la pire des situations pour lui. Mais étrangement il n'était ni furieux, ni vexé. Dans la nuit où il baignait, il vit une étoile. Etoile brillante, rayonnante, dont la lumière s'estompait doucement. L'Eshu fut tout à coup prit de panique, comme s'il voulait qu'elle continue de briller, de resplendir. Alors il couru vers elle, tentant de chercher quelque chose pour la raviver. Mais le destin voulait surement qu'elle s'éteigne, car elle perdait de sa vigueur, petit à petit... Hurlant un "non" dans son esprit, il sursauta au même moment, en sentant quelque chose d'inhabituel. Une pensée lui traversa l'esprit, et il comprit que cette étoile n'était rien d'autre que son amie, en ce moment sous lui, sur laquelle il était à moitié couché, et qu'il tentait de maintenir en vie, grâce à sa propre énergie. Réalisant cela, il ferma les yeux...

...pour les ouvrir ici. Son coma n'avait duré que deux minutes, mais ce fut assez pour que Yulenka sorte de sa léthargie. Elle était là, vivante. Amochée, à l'orée de la mort, mais bien en vie, et Cocoon voulu hurler de bonheur. Il avait réussi. Put*in il avait réussi !
Ouvrant entièrement les paupières, il sentit l'adrénaline le revigorer. Il était sale, presque malade, en sang... Même ses cheveux blancs étaient complètement saccagés, mais réunissant sa force, en s'insuflant une bonne dose de courage, il tendit ses bras de part et d'autre de Yulenka, pour se relever. Il fallait qu'elle respire et lui, il devait l'écraser. Roulant sur le côté, il prit la main de son amie, pour porter le plat de sa minette à sa bouche. De là il dit :

« Ma jolie Yuli. Bats-toi, je vais nous ramener chez toi. »

Il fallait qu'elle dorme mais pas qu'elle meure.
Cocoon n'était pas pudique. Surtout pas devant ses amis. Pour lui la nudité n'était pas à cacher, ou même à combattre. C'était naturel et, bien qu'il respectait des règles de bienséance, il n'avait aucune honte dans ce genre de situation. Le lien qu'il entretenait avec Yulenka était particuliers. Même s'il avait passé sur l'idée d'avoir une quelconque aventure avec elle, il n'en restait pas moins possessif. C'est SA Yulenka. Et il estimait que personne à part lui, n'avait le droit de la voir dans un état de vulnérabilité critique. Comme maintenant. Il savait des choses que d'autres ne savaient pas, il la voyait telle que d'autres ne la verraient jamais, et juste pour ça il considérait leur lien comme précieux. Même si ça ne faisait que quelques minutes qu'il était lié à elle, leur lien avait déjà était tellement bien établit, que même en forçant ses barrière, il ressentait dores et déjà des sentiments sincères envers elle, et très intenses.
Cocoon voulait être plus qu'un ami, il voulait être un frère. Et c'était en train de prendre cette tournure.

Revenant à l'endroit initial, il rendit la main à la vampire, avant de la prendre contre lui. Entourant son petit corps blanc de ses grands bras bronzés, il la colla contre lui, décollant maintenant du sol. Ses ailes firent tourner la poussière autour d'eux et, alors qu'il était en train de s'élever, il sentit qu'il n'allait cependant pas voler longtemps. Peu de craintes ! Baal était là, sur le qui-vive. Il hurlait de sentir sa maitresse à l'agonie, mais il ne ralentissait pas moins l'allure. L'Orisha, sans l'écraser, se colla à son amie, la protégeant du froid -même s'il doutait que ça change grand chose-, fourrant sa tête dans le creux de son cou. La maintenant fermement, il commença à lui murmurer dans l'oreille, doucement, de manière à ce qu'elle se concentre sur lui, qu'elle ne sombre pas. Même dormir était finalement une mauvaise idée, il fallait qu'elle soit consciente, jusqu'à ce qu'ils arrivent. Lyzzie saura quoi faire, sans aucun doute.

Une fois dans la cours, Cocoon descendit de Baal et hurla :

« LYZZIE ! »

Sa gorge lui brûlait tellement il l'avait crié fort. Tenant la vampire entre ses bras, en portant un regard protecteur sur son visage, il s'assura qu'elle soit toujours en vie. Le colosse s'avança vers l'entrée de la demeure, d'où en sortie une jeune femme. Cette dernière failli s'évanouir, mais il paria que l'adrénaline la maintenait alerte de tout.

Lorsque Cocoon fut pris en charge avec son amie, et qu'ils furent installé dans des lits d'infirmerie, l'Orisha se concentrait sur ce qu'il éprouvait à présent. La petite vampire avait désormais prit une place dans sa vie et dans son coeur, bien plus important qu'avant. Il était envahit de ses sentiments, qu'il arrivait à canaliser, et savait qu'il pouvait communiquer avec elle par télépathie. Pour l'instant ils étaient trop faibles, mais lui était au courant de ce que engendrait le lien. D'ailleurs, il lui expliquerait plus tard.
Maintenant, dans une case de son esprit, qui venait d'être comblée, il eut la représentation de trois personnes. Une jeune femme assise sur un banc, dans un parc aux allures bucoliques, une petite fille joyeuse chantonnant sur une balançoire, et une autre, plus adolescente, défiant quiconque du regard, prêt à lui sauter dessus. Seulement, chacune d'elles étaient représentées par une étoile, la même qu'il avait vu dans son esprit lorsqu'il était évanouit. Ainsi, Yulenka brillait maintenant sur la toile céleste que constituait son esprit, de ses trois personnalités, dont aucune de refoulait ses sentiments. Cela ravissait Cocoon de pouvoir avoir établit une telle proximité, mais cela le contraignait aussi par rapport à elle. Yulenka hurlerait surement de savoir tout ça, elle refuserait même complètement ce lien qui, après tout, elle n'avait pas eu le choix d'accepter. Il la sentait vivante, et elle même devait le sentir vivant. Elle devait sentir sa force de caractère, son courage, sa vivacité, sa volonté, sa droiture, le chef des armées qu'il représentait depuis un moment maintenant.

Ne s'en occupant pas, il passa une main sur son front avant de se faire réprimer par Eden et compagnie. Visiblement c'était une mauvaise idée cette excursion et il le savait. Mais l'Eshu se tut, soulagé de se dire qu'ils sont là, tous les deux, et qu'ils ne sont plus en danger de mort. Il a réussi à sortir Yulenka des limbes de la mort, où elle commençait à être aspiré, et juste de l'entendre prononcé son nom, lui avait donné assez de force et de courage pour la transporter dans le ciel, aussi haut qu'il pu. D'ailleurs, son collier fut retiré juste au moment où la vampire lui a été retiré. L'homme pensa au voyage, comment ils s'étaient soutenu mutuellement sur Baal, pour qu'aucun d'eux ne flanche. Elle avait beau avoir un caractère bien trempé, une bonne dose d'inconscience, et trois personnalités, il était fier comme un paon de constater que ses bras à lui, lui apportait réconfort et joie. C'était presque tout ce qui comptait en cet instant.

Ouvrant les yeux, on fit boire Cocoon, qui dégagea ses pensées de son esprit, avant de rendre le verre d'eau fraîche. C'était un sentiment merveilleux bien que là, à cet instant, ce n'était pas de l'eau qu'il voulait mais un autre breuvage. Au contraire, cette eau lui donna encore plus soif, mais il ne dit rien, préférant ne pas alerter déjà le petit monde autour de lui.
Pendant que les soins continuaient, Cocoon tourna la tête vers son amie, et il la vit rayonnante, lui tendre la main. Il n'y avait qu'elle pour être heureuse dans pareille situation. Dépliant son bras mutilé, il attrapa doucement ses doigts, comme il savait le faire, lui rendant un sourire amical. L'Orisha ne dévoilait jamais ses dents en souriant. Déjà que c'était pas mal qu'il sourit... Ce qu'il entendit le fit tourner la tête pour regarder le plafond, sans quitter son sourire, et il renchérit :

« Ouais, c'était moins une. Mais je suis là pour toutes les fois où tu t'attaqueras à un trop gros poisson... »

Avec lui elle s'en sortirait toujours. Cette image qu'elle avait de lui, lui faisait presque peur, mais il ne dit rien d'autre pour ne pas la briser. Juste ses doigts, se resserrèrent légèrement autour des siens, appuyant des pensées muettes, plutôt que des paroles. Et puis avec l'agitation des intendants, et du magicien arrivant, il devenait difficile pour eux de communiquer. Leur corps était gravement affaibli, et parler haut et fort leur demandait beaucoup de ressources.

Quand le magicien soigna Cocoon, il eut un faux mouvement, qui fit légèrement mal à l'Orisha. Celui ci, par pure réflexe, envoya valsé son poing vers l'homme, ce qui lui fit traversé le mur d'en face. Heureusement, dans un réflexe imminent, il s'était assez protégé pour ne pas mourir sur le coup :

« Merd*e ! Ca fait mal ! »

L'Orisha était irrité. Il n'avait rien demandé lui, il s'en sortirait très bien tout seul avec ses potions, que le mago soigne plutôt Yulenka ! Enfin si c'était avec autant d'impuissance, c'était non ! Il ne la toucherait pas.
Cependant, Cocoon ne fit pas ce qu'il voulu, et il se fit soigner de force (le comble !). Une fois l'Eshu capable de marcher correctement, il se leva du lit et bailla. Depuis combien de temps n'avait-il pas dormit ? Ah bordel puis qu'est ce qu'il avait soif !
S'approchant de la joli vampire, il la prit contre lui pour l'aider à marcher. C'était i-nu-ti-le. Certes il la tenait contre lui, mais à sa hauteur, sans forcer, alors autant dire qu'elle ne touchait pas pieds à terre. Se faisant guider par Lyzzie pour le lit king size, il déposa Yulenka dessus, avant de s'y allonger plus doucement que d'habitude. Cocoon allait devoir réfréner ses envie de se vautrer sur la moindre paillasse dorénavant !
Une fois allongé, l'Orisha soupira, sur le dos, oscultant une fois de plus le plafond. Un air bien plus grave barrait son visage, et ses sentiments étaient plus dur et plus noirs. Yuli du le sentir car il ne les dissimulait pas. Alors il finit par parler :

« J'ai... Plusieurs choses à t'avouer. Ecoute, Nydelia ne le sait pas et j'ai trop honte pour lui dire. Et ça la blesserait tellement... De savoir qu'elle s'entiche d'un bien piètre compagnon. »

Soupirant il enchaina :

« Je suis alcoolique. »

Pour lui ça définissait tout. Cette envie constante de boire tout ce qui pouvait contenir de l'alcool, à dose inconsidérées, dans des lieux qui ne s'y prêtaient même pas. Cette aggressivité lorsqu'il n'avait pas son breuvage, et sa manière d'être si rapidement irritable. C'était devenu un pauvre homme qui buvait seul, au Palais, ou chez lui, tellement que l'alcool ne le déshinibait même plus. Il était devenu un pilier de bar comme jamais, et il en souffrait, mais il ne pouvait lutter. Pas seul.
Il ne savait pas si Yulenka était la meilleure personne à qui le dire, mais c'était un appel au secours. Un signal de détresse. Il a fait des choses horribles sous l'emprise de l'alcool ses premières années et maintenant, c'est devenu un fardeau qu'il se traine, et dont il ne peut se passer.
Cependant, même en disant ces trois petits morts, la honte l'envahit et il aurait voulu mourir là, à l'instant. Il n'aurait jamais du lui dire ça. Ne pas révéler sa faiblesse à celle qu'il considérait dorénavant comme une soeur, et qui elle-même le voyait comme quelqu'un d'intouchable.

Après la révélation, Cocoon pensa se faire complètement éjecter par son amie. Le contraire arriva tout aussi bien finalement, et il n'était pas sur qu'elle se rende vraiment compte de l'ampleur des choses. Elle va l'aider... Ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir... Il était assez perplexe. Comment pouvait-elle prendre tout cela avec autant de légèreté ? Non, c'était son amie, c'était certain, mais il ne fallait pas non plus qu'il la sur estime en se disant qu'elle pouvait pallier à tous ses problèmes. L'Orisha savait qu'il restait atrocement seul dans ce genre de situation car c'était son combat à lui. Alors un sentiment profond de solitude intense l'envahit, et il traduisit cela par un soupir, fermant les yeux.
Yulenka était venu le câliner, avant de s'excuser et, sans les rouvrir il dit, las :

« Oublie tout ça. C'est idiot de ma part. Je n'ai qu'à me débrouiller seul après tout, n'est ce pas ce que mon maitre m'a apprit ? Alors autant rester lucide. Personne ne peut rien y faire sauf moi. Et la Mort. »

Cocoon était un homme pessimiste, et à cet instant dans son corps et dans son coeur, seul un désert de glace régnait. Libérant ses yeux de ses paupières, il tomba effectivement sur les attributs de son amie mais il s'en fichait bien mal. Il n'était pas là pour épier Yulenka -elle, elle ne se rinçait pas l'oeil à ce qu'il sache- et leur lien ne lui permettait désormais plus d'avoir ce genre de pensée envers elle. Il s'était déjà empoisonné par la magie du Destin. S'asseyant, il se dégagea de son étreinte, la surplombant ainsi dos contre la tête de lit, et passa ses jambes sous les draps. Il monta le tissu jusqu'à la taille grand maximum, et remonta un genoux vers lui. Sa cuisse le serra et lui fit mal, mais sans grimacer il appuya son coude sur sa rotule et tint sa tête.

« J'ai une mauvaise nouvelle... Tu es liée à moi. »

Fronçant les sourcils il leva une main pour empêcher Yulenka de parler et continua, plus sévèrement :

« Je peux le rompre mais ce ne sera pas sans conséquences. Tu étais clairement en train de mourir, et la seule manière de te maintenir en vie était de lier ton âme à la mienne pour que tu reçoives l'énergie qu'il me restait. On va dire qu'à nous deux, nous nous sommes assez alimentés l'un l'autre pour tenir en vie le temps de nous faire soigner. Comme tu peux t'en douter, ce Lien implique des choses. Sans lire nos pensées nous maitrisons la télépathie et l'empathie entre nous. »

Réfléchissant alors il dit :

« J'ai été cependant très surpris de voir avec quel degrés d'acceptation tu t'es laissé faire. Je pensais que tu allais me poser bien plus de résistance... Peut être était-ce à cause de ton demi-coma. Enfin bref, normalement ton cerveau n'est pas censé avoir complètement accepté ce lien car je te l'ai imposé de force, donc si tu sens une partie de toi... Révoltée, c'est normal. Il faut du temps généralement. »

Etendant sa jambe, il passa sa main dans ses cheveux, avant de reprendre :

« Le Lien est là pour consolider une relation déjà établie. J'en ai un avec Nydelia, qui en accord avec notre relation. » Bon, ça il n'était pas censé le dire car la Reine des Anges ne le savait pas. « On va dire que pour toi et moi... Personne ne peut nous influencer, ou nous séparer, en nous manipulant l'un sur l'autre, et nous allons devenir comme deux personnes complémentaires. Bien sur ça a un prix. Dès qu'on ne sera plus ensemble, on va ressentir un manque l'un pour l'autre, et même à distance, on se ressentira, quoi qu'il arrive. Personnellement il ne me dérange pas, j'ai juste l'angoisse que ce ne soit trop contraignant pour toi alors, je peux le rompre, mais si je dois le faire c'est maintenant, sinon après ce sera trop tard. »

Le Lien était vicieux et pervers. S'il le brisait maintenant pour lui et Nydelia, l'Ange se suiciderait, et lui sombrerait dans la dépression et l'alcool. Cette magie se nourri de leur relation. Tellement qu'au final, elle devenait une menace pour le couple se liant.