Cocoon en avait marre. Marre d'être excédé, et marre que cette fille ne s'aperçoive même pas de ses paroles. C'était une honte de dire que tout allait bien quand on venait de frôler la mort, dans sa propre maion. Pour lui c'était inconcevable et quand bien même il lui avait un peu remonté les bretelles, il en avait profité pour aller calmer ses ardeurs ailleurs, et se barrant vite fait bien fait.
Retournant dans la chambre, il récupéra ses affaires et son sac, ne trainant pas cent ans non plus, et croisa Lyzzie à la sortie. Cette charmante jeune femme lui offrit un débardeur bordeaux, presque noir, en remerciement à ses efforts et son sauvetage in extremis. Malheureusement, il ne pu esquisser un sourire, resta les sourcils froncés et dit :

« Merci Lyzzie. »

C'était tout ce qu'il put dire. Pas de compliments, ni rien qui suivit. S'en vêtissant, il reprit sa besace pour la passer autour de la tête, quand il l'entendit lui demander où est Yulenka.

« Mademoiselle était avec moi à l'extérieur. »
« Je doute qu'elle y soit restée. »

Cocoon suivit Lyzzie vers la sortie, et en s'avançant dans l'allée, il vit les bandages sur le sol, à moitié déchiré. En ramassant quelques uns, il vit Lyzzie devenir blême, une main sur la bouche, et lui même soupira. Faisant demi-tour, il entra dans la bâtisse :

« Suivez-moi. »

La gouvernante sur ses talons, la porte d'entrée claqua, faisant presque gémir les gonds, et il commença à chercher la vampire, avec plus d'empressements. Elle le gonflait.

« Mademoiselle ! »

La jeune femme tourna dans un couloir, en voyant Yulenka, et fut effrayée de la voir porter une pile de livre surement plus grande qu'elle.

« Lyzzie, laisse la moi. »

L'Orisha s'avança vers la vampire, et parla d'un ton anormalement calme. Arrivant devant elle, il mit ses mains dans ses poches, et vit que ses bras étaient tremblant et l'état de ses jambes de même :

« Dis donc, y en a du livre là. Alors... »

Sortant les bandages, il en accrocha un à chacune de ses couettes, et dit :

« Ah oui, c'est bien plus utile là que sur tes épaules. Excellent ! Bon alors, mademoiselle est partie étudier ? Belle initiative mais... Ca sert à quoi ? Par exemple si je prends ce livre là. »

Cocoon enleva le premier livre de la pile pour le prendre dans sa main, allégeant la charge de la vampire.

« Ou plutôt ceux-là... »

Là, il en enleva trois, puis les cala sous son bras pour finir d'arracher des mains le reste.

« Admettons que tu aimes énormément souffrir. Là que ressens tu ? Je veux dire que, forcément, ton corps se sent mieux, tu ne tire plus sur tes bras -en plus bêtement-, tu fais en sorte de soulager tes épaules, et de mener à bien leur rééducation. Les cicatrices internes se résorberont donc plus vite si tu aides ton corps. Merveilleux non ? Alors voilà... »

Il posa les dix grimoires sur une console non loin et alla vers Lyzzie pour passer un bras autour d'elle :

« Comme tu es une fille bornée, obtus, et j'en passe et des meilleures, au lieu de te voir te mutiler je vais m'en aller et Lyzzie me tiendra au courant de ta guérison. Après tout si je ne suis pas là, pas de raison de m'en faire, et tu n'auras aucune raison de t'infliger de tels sévices pour me prouver des choses que tu n'as pas à me prouver, n'est ce pas ? Je ne veux pas te revoir, ni te parler, tan que tu n'es pas complètement guéris et, comme ta gouvernante est une femme très professionnelle, je ne doute pas de l'honnêteté qu'elle aura envers moi. »

Lâchant la jeune femme il dit :

« Je te le dis franchement, ta réaction est idiote, et j'en attendais plus de toi de ce côté là. Bref, je pense que je t'ai assez servis une morale qui ne te servira à rien, donc à dans quinze jours, et en pleine forme. »

Tournant le dos à chacune, il se dirigea vers la sortie. Il trouvait la situation ultra chiante car pour lui, même si ce n'était pas un vrai conflit, il se disait que Yulenka avait l'air d'être du genre à ce qu'on essaye de lui faire passer des messages, plus ou moins crument, et qu'elle, ça rentrait dans une oreille, ça sortait par l'autre. Cocoon ne l'aurait jamais laissé au lit toute la journée de toute façon, mais il y avait mille et unes manière de prendre l'air, se divertir, faire des choses, sans forcément se mettre en danger. Il était déçu d'elle, mais surtout de lui en fait. Il aurait du réagir avec un détachement sans pareille à cette situation, comme la veille, chez le Rehla, mais non, c'était plus fort que lui, il avait préféré l'engueuler puis suivre avec le sarcasme, tout ça pour qu'elle ne retienne rien.
Cocoon était finalement un bien piètre ami. Comme si ne pas se voir, allait lui faire quelque chose. Il n'était pas indispensable, il n'était pas de sa famille, bref, ses gentilles menaces n'avaient aucunes raisons d'être valables, et elle lui rirait surement au nez. Surtout qu'après tout ce qu'il lui avait dis, ce serait un miracle qu'elle veuille bien lui adresser à nouveau la parole.
L'orisha s'auto-démonta le moral, bien comme il faut, avant de sortir complètement de la forteresse.