Cocoon épluchait les dossiers un par un, et commençait carrément à s’énerver.

« Pu*tain il est où ce… »

Faisant un geste brusque, une pile de papier tomba à terre. Tenant sa tête sur son bureau, il soupira :

« La paperasse, c’est vraiment pas pour moi… Bon, ce sera tout pour aujourd’hui. »

Se levant en raclant les pieds de son fauteuil, sur le sol rembourré de moquette, il se leva et traversa la pièce pour sortir dans les couloirs. Là, il y croisa deux collègues qu’il salua respectueusement, avant de monter dans ses appartements. Son cerveau était fermé pour la journée, il en avait marre de devoir pelle verser des dossiers à n’en plus finir, surtout quand il ne trouvait pas ce qu’il cherchait.
D’un geste élégant, il sentit rapidement son corps, et grimaça tout aussi vite, avant d’enlever son débardeur pour le jeter dans un bac à linge en tissu. Tournant la tête, il vit du courrier. Etrange, personne ne le contactait jamais sur sa boite personnelle pourtant…
Déchirant le papier, il reconnu l’écriture et surtout l’expression. Un sourire aux lèvres il parcourut le vélin avant de le replier :

« Jupiter ! »

Celui-ci apparut de nulle part, devant lui, comme s’il attendait depuis le début de la journée, qu’il l’appelle :

« Je suis invité à une soirée gratin, t’as quoi à me proposer ? »
« Vous… »

Oui, le majordome s’étonna qu’il prenne cette information avec autant de naturel, comme si ça ne le dérangeait pas :

« Yulenka m’a invité. »
« Oh Monsieur c’est une fabuleuse nouvelle ! J’ai justement… »
« T’excite pas le bout, elle a toujours pas acheté un chapeau avec une salade de fruit collée dessus, donc sors moi des vêtements normaux. »

Il insista bien sur le dernier mot, avant d’aller dans la salle d’eau. Alors qu’il se douchait, Jupiter, euphorique, entra dans la pièce :

« Bordel Ju… »
« Alors j’hésite entre plusieurs choses. »
« Calme tes ardeurs de styliste en fleur, je veux du noir, du noir, du noir et… Du noir ! »
« Non ! Vous allez arrêter de jouer « le dépressif » de la soirée, et mettre un peu de couleur ! »
« Je préfère être « le dépressif », que « le clown » donc non. Franchement, c’est toi que je devrai envoyer jouer les guignols à ma place… Bon là… »

Il sortit de la douche et s’essuya le corps, enroulant une serviette sur ses hanches :

« …c’est Yuli qui m’a demandé de venir. Et puis y aura de la picole gratos, et de la fesse à tâté alors… Optimal ! »
« Tsss… »

Ah bha, chacun ses motivations hein !

Regardant la soirée, puis le temps, et surtout, le lieu de rendez-vous, il se rendit compte qu’il avait juste le temps de faire la route. Ainsi, il partit dans le ciel, pour se rendre dans les Brumes. D’après ses souvenirs, les ruines étaient assez mal fréquentées, et puis c’était un endroit assez… Désert. Enfin, à part des fantômes, et des bâtisses abandonnées, il n’y avait rien, absolument rien. Se contentant de l’information, il se dit qu’il verrait directement sur place ce qu’il en retourne et que si ça puait, il se tirerait avec sa pote.
Après plusieurs heures de vol tranquilles, il distingua un manoir, encore bien sur pieds, et se dit que c’était surement ici. Se posant dans un coin, il sortit des fourrés pour rejoindre l’allée centrale, et suivre le chemin jusqu’au manoir. Passant le portail, il vit quelqu’un le stopper. Visiblement un serviteur. L’ignorant, il chercha Yulenka du regard, voulant pénétrer dans la maison, mais l’autre se mit devant lui en le stoppant nettement et élevant la voix :

« Monsieur ! Vous êtes prié de décliner votre identité, et de me montrer la lettre du Lord, sans quoi vous ne pouvez pas rentrer. »

Cocoon le regarda comme un vulgaire insecte et leva la tête pour regarder à l’intérieur :

« Je suis avec l’Impératrice de la Nuit on… »
« Impossible ! Vous avez la lettre ou non ? »

L’Orisha commençait sacrément à désespérer, et il ne voyait pas son amie à l’horizon. Lui qui pensait pouvoir la rejoindre sans trop d’inconvénients ce fut rater. Restant en dehors du manoir, il ne fallut pas une minute avant qu’un évènement ne se produise.
Dans l’allée, il vit la vampire, bien heureux de la trouver enfin, mais quelqu’un l’aborda. Il était vêtu avec des habits de haute manufacture mais tellement… Chargé, c’était écoeurant. Ce genre de personne en faisait toujours trop et ça en devenait barbant. Les gens ne savaient pas rester simple. Vu qu’elle était dans son rôle de souveraine, il ne s’approcha que peu d’elle, de manière à entendre ce qu’ils disaient, mais sans déranger la conversation.
Le type de la réception engagea directement le dialogue :

« Bonjour Dame Yulenka, je suis l’hôte qui vous a convié à cette réception, bienvenu chez moi. J’osai espérer que vous veniez, pour parler plus personnellement et… »

Quoi ? Ce type n’était pas là pour parler affaire et gratin avec elle ? Ratant la fin de la phrase il entendit cependant la suite :

« Je suis heureux que vous m’ayez porté en considération. Je serai donc fier d’approfondir mes relations avec vous et… »

Lorsque Cocoon détourna la tête vers eux, il vit le type anormalement proche de Yulenka. Ni une ni deux, il vint immédiatement se mettre dans l’espace qui restait, faisant reculer le type d’un bon mètre. Faisant jouer sa stature, son charisme, et sa belle plastique, il croisa les bras, mettant en valeur ses biceps, faisant office de bouclier pour Yulenka. L’espèce de nobliaux, visiblement outré du comportement de l’Orisha, commença à s’exclamer :

« Mais, mais… »
« Allez-y continuez, vous seriez fier d’approfondir quoi exactement ? »
« Mécréant ! Qui êtes vous ? »
« Garde rapprochée de l’Impératrice. Ca pose un problème ? »

Il aimait quand il faisait mouche comme ça, au moins il en mettait plein la vue aux opposants et les autres ne le sous estimait pas en le prenant pour un pauvre palefrenier.Tournant le dos au type, il se décala légèrement pour faire face à Yulenka, et dit :

« Excusez moi du retard ma Dame… »

Se penchant pour lui montrer son respect, il sourit en lui faisant un clin d’œil. Oh non, c’était beaucoup trop tentant de se la jouer devant des espèces de crétins pareils, aveuglés par leur richesse et leur pouvoir…

Cocoon était heureux de jouer les gardes du corps improvisé -ou pas- quand il s'agissait de Yulenka. C'était pour lui un bonheur de rester avec elle, alors quand il pouvait être avec elle, et taquiner du paon guindé, il ne disait pas non. Comme prévu, Yulenka se prit à son petit jeu au grand dam du maitre d’hôtel. Il s'étonna du contrôle d'elle même qu'elle avait, car il pensait qu'elle allait lui rire au nez, à en tomber par terre, mais elle avait l'air de sacrément bien se retenir. Ce qui le fit doucement sourire. Lorsque Yulenka annonça que le bel homme était tout excusé, il se redressa et se mit à ses côtés, voyant le visage constipé du type. Ainsi, il était mécontent que quelqu'un d'autre s'invite à sa petite fête... Qu'elle bonne surprise !

Une fois qu'ils eurent pénétré dans la salle de réception, Cocoon faillit crier au scandale. Les nanas se trouvant là n'étaient que des espèces de charpies debout. Elles étaient extrêmement maigres, rachitiques, pâles, presque décomposées. Sauf une. Une boule à talons. L'Orisha grimaça en secouant la main et jeta un clin d'oeil a son amie. Visiblement, elle non plus ne s'attendait pas à voir ce genre de chose...
Ecoeuré il montra une direction du pouce et d'un signe de tête et dit :

« Bon, y a le buffet qui m'appelle. Je vous laisse discuter entre dirigeants. »

Quel garde du corps ! A peine arrivé il va déjà se servir et manger comme quatre.

« Alors ma Dame vous... »
« Hé ! C'est quoi ça ? T'as pas du whisky ? »

Le type serra les dents et baissa les yeux, signe d'énervement soudain, avant de se reprendre et dire :

« Si ça ne convient pas à Monsieur, il... »
« Non, non t'inquiète. »

Il l'envoya balader d'un geste de la main, se tatant par quels mets il allait commencer. Bien qu'il restait dans un coin, il trouvait que les filles rachitiques se rapprochaient anormalement de lui. Il se décalait d'un pas, elles avançaient d'un pas. Posant la bouteille qu'il était en train de regarder, il trouva étrange la meneuse du groupe soit la grosse bouboule. D'ailleurs, à bien la regarder, non seulement elle était horrible, mais en plus elle faisait quasiment sa taille.
Ayé, il avait peur là.

Malhereusement, les choses dérappèrent très vite. Derrière lui, la vampire était en train de discuter avec le monopoliseur de conversation, et Cocoon s'inquiétait de ces femmes qui ne le lâchaient pas du regard. Il fallait rapidement trouver un endroit pour s'enfuir, sinon ça n'allait pas le faire...
Cependant, un petit bruit attira son attention, ce qui le fit détourner la tête assez longtemps pour voir la scène. Son amie était dans les bras de l'autre homme, inconsciente, un verre encore rempli, brisé sur le sol, et la main qui le tenait, pendant le long du corps. L'autre dit :

« Je te laisse profiter du buffet et des filles, j'ai des affaires à régler, pour ma part. »

M*erde ! Ce salop avait osé la droguer, il allait voir ce qu'il allait prendre dans la tronche s'il lui mettait la main dessus.
Lorsqu'il tourna la tête correctement pour voir les femmes, elles se jetèrent toutes sur lui, et bouboule la première, le plaqua au sol. Il accusa le coup quand il atterrit sous ses harpies, avant de tenter de s'en démêler. Le type s'était téléporté, impossible de savoir où il était allé. Criant de le lâcher, il commença à agiter les poings et les pieds, pour se défaire de cette étreinte qui devenait mortelle. Combien de temps était-il en train de perdre à se démener, alors que Yulenka était entre les mains d'un fou furieux ?

Cocoon était excédé. Il était sous un tas de vilaines filles qui arrêtaient pas de le maintenir fermement au sol, sans qu'il puisse s'échapper. Seulement maintenant, il n'y avait plus Yulenka et il était clairement temps de partir de là. Ses poings volèrent et rapidement il en mit une bonne majorité à terre. Du moins assez pour se lever et partir en courant, cherchant partout une solution, une porte. Seulement le manoir n'était finalement pas si grand, et connaissant les fous dans ce genre, il fut facile pour lui de deviner la fin des évènements. Passant une porte, puis une autre, il arriva sur une sorte de passerelle, avant d'entendre :

Citation :

Je sais tout de vous.... Tout.... Jeune "Alice".

Cocoon tourna la tête, se penchant sur la rembarde, et vit avec horreur Yulenka, attachée à une croix, pendant dans le vide. Tout ça devait être douloureux, et il fallait qu'il intervienne mais inconsciemment, il voulu attendre la conséquence de l'évocation de ce prénom. Et il les eut.
Le type parla d'elle, de son passé, comme s'il s'avait tout, et en prime, diffusa des images. L'Orisha fut étonné et assez surpris, de savoir qu'elle était une ange, une petite ange pleine d'amour et de bonté, qui était tombée du ciel, pour se heurter avec violence au sol putride du monde dans lequel lui vivait depuis le début.
C'était son amie, il l'avait toujours connue vampire, mais cette vie dérobée, arrachée, lui infligea un sentiment de tristesse, et il compatissait à ce genre de passé. Se plaisait-elle au moins en vampire ?

Cependant, les images continuèrent de défiler. Il vit le type de la plage son "père" et vit le massacre de sa famille. Il comprit certaines choses et surtout, il comprit pourquoi elle a voulu changer de nom. Annulé un passé pour laisser place à une autre vie. Seulement, tout ça avait l'air d'être frais, et vu la difficulté avec laquelle elle lui en avait parlé la dernière fois, c'était frais et encore trop émouvant pour elle. Le Rehla continuait de jacasser de la provoquer et lorsque le petit film souvenir s'arrêta, l'orisha empoignant la barrière pour sauter. Là encore, la scène était différente, et ce ne fut pas la surprise qui l'envahit, mais le choc. Yulenka essayait de se débattre de s'enlever de cette croix, à tout prix, et pour cela, elle tordit son corps, tellement, qu'elle se déboita les deux épaules. M*erde ! Cocoon commença à baliser, mais... La douleur ne lui faisait elle pas mal ? Seulement il aperçut ses yeux, et il se rappela de la plage, où elle avait eu un instant les yeux vairons, un rouge un bleu. Cette fois ci, les deux étaient rouge. Quelqu'un était en elle, et ça annonçait le cataclysme proche.

Le type s'enfuit en courant et au moment où il pensait sortir par la porte et la refermer derrière lui, Cocoon descendit des airs, pour se poster devant lui.

« Bouh ! »

Le type hurla avant de se prendre une gifle made in Cocoon. Sentant le coup passé, il ne perdit par équilibre car il alla se retenir à un mur proche. Instinctivement, il chercha à nouveau une issue de secours, mais le maitre de guerre ne lui en laissa pas l'occasion. Le prenant par le col, il le fit décoller du sol avant de le jeter violemment par terre :

« T'as essayé de faire quoi en pensant pouvoir la kidnapper ? Une tentative de suicide ? »

L'Orisha ricana en le voyant se trainer par terre avant de se relever :

« Je ne vais pas vous laisser bafouer ma dignité ! »
« Ta quoi ? Excuse moi, j'ai pas bien entendu. »

Cocoon se foutait ouvertement de lui, et quand le type se jeta sur lui, pensant l'attaquer ou le toucher, l'Eshu lui asséna un uppercut de taille, qui lui fit perdre quelques dents, et avoir un visage assez amoché. Encore un coup, il se rattrapa au mur, mais fonça sur Cocoon. Il était inconscient ou complètement con ? L'Orisha frappa cette fois ci dans la gorge. Ça coupa la respiration au Rehla, qui s’asphyxia à moitié, en reculant vers Rubis. Hum... C'était pas le meilleur endroit où il aurait pu aller lui... Après tout, elle n'avait pas l'usage de ses bras ? Parfait, elle avait toujours ses jambes, sa tête, ses genoux... Bref, tout ce qui pouvait servir. Cocoon comprit que celle qui voyait, était avide de meurtre, soif de vengeance bref, quelque chose à assouvir et ce fut alors une joie pour lui d'envoyer le méchant sur elle, de manière à ce qu'elle puisse facilement l'achever.

La Yulenka qu'il vit à ce moment, n'était pas celle qu'il connaissait. Et franchement, il ne l'aimait pas trop. Elle avait un esprit différent, et un comportement différent. Elle arrivait tellement à déformer le visage de la vampire par son sadisme, qu'il ne reconnaissait même pas son amie. Cependant, il savait qu'elle n'allait pas garder son corps éternellement et que celle qu'il connaissait allait revenir, mais avec bien des séquelles.
La jeune fille alla s'adosser à un mur, laissant le mécréant dans une marre de sang, l'ayant fait agoniser le plus qu'elle pouvait, accompagnant son atroce mort dans un rire démoniaque, avant de s'adresser à l'Orisha. Lui ne lui avait pas parlé, il n'avait rien dit, et ne comptait pas lui parler, mais le sort en décida autrement, et il la vit... Courtoise. Lui qui pensait devoir lui mettre une trempe pour la calmer, en fait, elle se ressaisit toute seule, et c'était tan mieux.

Rubis connait Alice, et non Yulenka. Rubis était qui finalement ? Une simple partie de Yulenka, une personnalité en plus, ou une facette refoulée ? Dans les trois cas, aucun ne le rassurait. Il ne savait pas quoi lui répondre. Elle avait un sourire malsain, et elle prononçait son nom avec un sifflement qui était abominable. Le bronzé vit ses yeux pâlir, avant de devenir violets, puis passer au bleu. Sa tête tomba mollement, et un silence se fit entendre. C'était la passation. Cocoon ne savait pas trop ce qu'il devait faire, mais la voix et le cri de Yulenka le rassurèrent. Non, elle était revenue, et visiblement amochée. Dès qu'elle bougea, il la vit se perdre dans un silence tellement douloureux qu'elle ne pouvait hurler. L'Eshu n'avait toujours pas bougé, attendant un signal ou... N'importe quoi d'autre. Seulement la vampire tourna la tête, ses cheveux cachèrent son visage et sa voix se fit à la fois dure et empreinte de déception. Triste et colérique. Son discours n'arrangea rien. Mais son corps était meurtri. Arrivant vers elle, il s'assit à moitié sur ses cuisses avant d'enlever son débardeur. Euh... Ouiiii, c'était quoi le plan maintenant ?

« Jolie Reine... Si je ne t'avais pas, je t'inventerais... » dit-il d'une voix douce, avec une pointe d'amusement, mais imperceptible. « Mords ça, beaucoup, très fort, et avec toutes tes dents. »

Il avait roulé une partie de son débardeur pour le présenter à sa bouche.
Une fois qu'elle l'eut bien placé, il se releva, tira sur ses jambes pour la décaler du mur, et se mit derrière elle. Elle avait les épaules sacrément déboitées, toutes les deux, et pas qu'un peu... Alors il prit sa main -il savait que juste ça devait la faire souffrir- et la remonta pour constater certains dégâts. L'autre alla sur sa clavicule.

« Ok, à trois ! Respire... 1 ! »

Le vil gredin n'attendit par d'arriver au troisième chiffre. Il tira et poussa d'un coup sec, les deux parties du corps, replaçant l'épaule dans son édifice, avant un bruit assez effrayant.

« On se laisse pas abattre, t'as deux bras malheureusement ! »

Replaçant ses mains très rapidement, pour enchainer les douleurs, de manière à tout replacer avant que la première douleur soit annihilée, il fit le même geste brusque, précis, sans compter cette fois-ci. Yulenka avait repris l'usage de ses bras. Attrapant sa petite besace qu'il avait laissée dans un coin d'ombre, il sortit deux fioles : une pour les blessures extérieures, et l'autre pour la douleur intérieure. S'agenouillant à nouveau à côté d'elle il se dépêcha de décaler les bretelles de son corset pour appliquer un onguent réduisant les hématomes, et aidant à la cicatrisation. Posant le tube en verre par terre, il prit l'autre, et le porta à ses lèvres pour lui faire avaler :

« Bois ! J'ai amélioré les effets, ça agira dans dix minutes au lieu de trente, mieux non ? »

Une fois que les premiers soins lui furent apportés correctement, il dit :

« Retournons à la Forteresse, nous n'avons plus rien à faire ici Yuli. »

Se levant, il entoura son corps de ses bras pour la remettre d'aplomb, et l'aida à marcher le temps qu'elle en ait besoin. Il ne savait pas encore si elle était du genre à vouloir se débrouiller archi seule, ou si elle acceptait les mains tendues, alors il se plierait à ses désirs, ne voulant la forcer ou la contrarier.
Oui il n'avait pas parlé de ce qu'il avait vu, oui il n'avait pas fuit ou que sais-je encore, oui il était resté auprès d'elle, car c'est un militaire, dans sa tête, il a des priorités, et la priorité n'était pas de la malmener sur un passé dont elle était à moitié responsable, mais de l'aider à panser ses plaies physiques, dans le présent. Il était réglo sur ce point, et pour le moment, il n'avait en tête que la sécurité, et la sureté de l'Impératrice. Le reste, il s'en fichait. Si elle voulait en parler, ce serait dans un lieu adéquat, à un moment propice... C'est à dire, la Forteresse.


Grâce à la voiture personnelle de Yulenka, ils arrivèrent à bon port rapidement, et sans danger. Lyzzie comprit rapidement que sa maitresse avait subi des dommages en les voyant arriver, et elle prépara rapidement sa chambre pour qu'elle puisse s'y reposer dans la minute. Efficace la gouvernante ! Une fois dans la pièce, Cocoon laissa Yulenka faire ce qu'elle voulait, constatant simplement que les bleus sur les épaules, n'étaient pas si gros qu'ils auraient dû l'être, grâce à lui. Hum... Les chevilles... Qu'est-ce que ça fait du bien !
S'adossant à un mur, il croisa les bras. Dès qu'il arriva à capter le regard de la vampire, il leva une main en disant :

« STOP ! »

Mettant les mains dans ses poches, le dos légèrement courbé, il regarda la Reine.

« Tu n'es pas sans savoir que j'ai vu... Une bonne partie du calvaire que tu as subit, et j'en suis désolé. Je sais que tu tenais à garder tout cela secret, en toi, et tu m'en vois navré, MAIS, et je dis bien, MAIS, si tu me ressors une seule phrase du style tu as le droit d'être horrifié, écœuré ou dégoûté, c'est ma main dans ton visage de poupée que tu vas prendre. »
« La seule chose qui peut me rendre triste, c'est le fait que je sais quelque chose que tu ne voulais pas me communiquer, le reste, ça ne me regarde pas. Personne ne le saura, et je ne te poserai pas de question sur tout ça. Tu as le droit d'avoir un passé dont tu n'es pas fière, je sais de quoi je parle, et tu n'as pas à te flageller d'un truc pareil. Mon amitié envers toi s'étend au-delà. Ce que tu as été ne me concerne pas, c'est ce que tu es maintenant qui me regarde. »

Cocoon le roi de la franchise. Il était maladroit dans ses mots, absolument pas diplomate, ses phrases auraient pu être interprétées de mille et une mauvaises façons, mais il avait quand même osé les sortir. Il pensait tout ça, tout ce qui sortait de sa bouche, tout était pour lui vérité, et les gens l'accueillaient souvent assez mal. Il n'avait pas l'habitude de révéler ses sentiments, surtout d'amitié. Il prouvait assez son amitié, mais pas par les mots, par les gestes, ainsi, pour lui, le dire à Yulenka, une femme en plus, il ne savait pas comment s'y prendre, et c'était des paroles brutes qui sortaient de là. La vampire pouvait très bien voir rouge, et se dire que c'était vraiment un pauvre couillon de ne pas compatir, mais là aussi, c'était difficile de réagir si on ne savait pas lire entre ses lignes. Le Cocoon était un dialecte sacrément compliqué !

Cocoon fut rassuré de voir Yulneka faire de l'humour, en réponse à ses paroles. Il avait bien vu le visage de la demoiselle lorsqu'il avait prononcé son discours un peu bancal, et lorsqu'il avait aussi ignoré totalement l'évènement dans la cave, pour lui remettre ses deux bras en place. Il accueillit, agréablement surprit, l'étreinte des ombres matérialisant la vampire, avant qu'elle ne lui dise à nouveau merci. Elle était reconnaissante, mais pour Cocoon, tout cela lui semblait normal. Il n'aimait pas que l'on se mêle de ses affaires alors il ne se mêlait pas de celles des autres. Avant d'avoir pu répliquer quoi que ce soit, les serviteurs de l'Impératrice entrèrent dans la chambre, visiblement bien armé, et en rogne. Mais Yulenka les rassura, avant de se faire complètement dessapé derrière un paravent de petite facture, pour se faire bander les épaules et se faire rhabiller. Une fois il tout finit, tout le monde sortit de la pièce.

« Dis donc, ils sont ultra efficace tes serviteurs... » Il s'approcha du lit, faisant le tour pour se laisser tomber dessus et poser sa tête sur les cuisses de l'Impératrice. « Moi aussi je veux qu'on m'habille et qu'on me déshabille, c'est pas Jupiter qui ferait ça ! Et puis si je demandai à Nydélia... Roh sa tête ! »

Rien qu'en pensant à son majordome... Ca le déprimait, mais la tête que ferait Nydoudou par contre, serait très très belle à voir ! Et voilà que maintenant qu'il était calme, et posé, son ventre lui cria famine, en grommelant. Mettant une main dessus il dit :

« Je crois que l'heure pour moi est venue de chasser ! »

Se redressant, il entendit la porte s'ouvrir. Comme par enchantement, Lyzzie arriva avec un plateau qui devait peser une tonne, remplie de nourriture alléchante. Cocoon bavait déjà. Le posant sur une table elle dit :

« J'espère que ce sera assez cuit pour Monsieur. »

Arrivant près d'elle, toujours torse nu -pour le moment il se fichait bien de s'exhiber- il se pencha vers elle et dit :

« C'est plutôt toi que j'ai envie de manger toute crue... »

Il aimait bien Lyzzie et sa petite folie. Elle restait une femme, et une femme à qui on disait ce genre de chose, ça rougissait jusqu'aux orteils ! Alors elle s'en alla vraiment mal à l'aise, en refermant la porte. Elle avait aussi donné de quoi à sa maitresse de maison, de manière à ce qu'elle prenne des forces. Cocoon, lui, ricana puis se frotta les mains, ne sachant par quoi commencer.

« Ah vraiment ! Vous savez pas ce que vous perdez les vampires ! Bon' app' ! »

C'était un régal et sa grande carcasse mangea tout sans en laisser une miette. A la fin du repas, il agonisa sur sa chaise étendant ses jambes, mettant sa main sur son ventre :

« Bordel, faut que je perde tout ça maintenant... Bon dans deux jours, petit raid en forêt avec les gars. Vont en chier sec là ! »

Il se mit à sourire en se frottant le visage, juste en pensant à eux et leur espèce de mal être pour suivre le rythme. Se levant, il se traina jusqu'au lit, s'allongeant correctement dedans.

« Je sais pas si tu dors souvent seule, mais t'as un sacré lit là ! »

Miracle ! La couche était à sa taille ! Mais imaginer Yulenka seule dans ce machin... Il en aurait froid dans le dos. Enfin soit dit en passant, il était un peu con, car il avait le même chez lui et c'était Nydelia qui y dormait archi seule, et ça lui faisait rien... Alors bon ! Pourtant elles avaient toutes les deux une tronche d'arbre en fleur, mais à un degré différent.
Lui était exténué et il ne resta qu'en caleçon, pour se mettre sous la couette, et se tourna vers son amie, l'embrassant sur le front.

« Je te dis bonne nuit si tu as besoin de quelque chose tu me réveille. »

Cocoon dormait paisiblement. Il rêvait de tout et de rien -surtout de rien- et se sentait voler vers un monde meilleur, celui des rêves et des merveilles, où rien ne peut nous arriver... Mais voilà, ceci ne dura pas. C'était tôt. Enfin trop tôt pour lui. Le jour était déjà levé pourtant, mais non, c'était trop tôt. Lorsqu'il entendit quelqu'un entrer dans la chambre, et parler, il commença seulement à émerger. Et alors un cri d’effrois retentit et il se réveilla d'un coup en sursaut. Relevant la tête, il vit la gouvernante, entrain de se démonter le cou pour ne pas le regarder, et... Personne à côté de lui.

« Bordel, quelle... aah... »

Il soupira, mettant une main sur son front, laissant tomber sa tête sur le coussin. La gouvernante était clairement paniqué mais en même elle se disait que si elle levait la tête, elle verrait l'objet interdit de tous les péchés, et ça... AH NON ! Mais Cocoon élucida de suite ses questions en envoyant valser le drap, et sautant du lit. Là, Lyzzie ouvrit les yeux par méfiance, mais vit qu'il était vêtue d'un sous-vêtement. Quel soulagement ! Quelle joie !

« Vous ne l'avez pas entendu partir ? »
« Non, sinon je lui aurai tiré les oreilles. Bon alors comme ça, au pifomètre, je dirai qu'elle est dans l'endroit le plus dangereux de la forteresse. Là où elle risque de mourir direct. »
« Mais... Monsieur, il n'y a pas de lieu avec un tel danger ici ! »
« Pour Yulenka le monde entier est un danger ! Elle est du genre à trébucher et mourir sur le coup. Aaah... Lyzzie, Lyzzie... Vous avez vraiment un tempérament qui me plait... »

L'Orisha se tourna, exposant son dos musclé, et se vêtissant de son débardeur. Il enfila le pantalon dans la foulée, et ferma sa braguette en se dirigeant vers la porte.

« Bon, la partie de cache-cache commence ! »

Les deux protagonistes partirent en direction d'une pièce, où San et l'autre en sortirent. Ok, Cocoon & Lyzzie (forever and ever) et San et sa soeur ensemble. Deux groupes, deux fois plus efficace. Le couple commença par ratisser l'étage, mais l'Orisha dit :

« Dans les jardins je pense. »
« Mais ils sont immenses ! »

Eh oui, mais il fallait bien commencer par quelque part, et puis ça correspondait plus à Yulenka d'aller à l'extérieur. Là, ils demandèrent à Eden si il ne l'avait pas vu, et il répondit par la négation, leur souhaitant bonne chance. Une fois qu'il s'éloignèrent de lui, Cocoon dit sur le ton de la confidence :

« Il est perché votre jardinier... »
« Il est... Spécial. »
« Ouais c'est ce que je dis ! »

Comme un réflexe, Cocoon toucha son cou, et y trouva le bijoux. Continuant de leur côté, ils revinrent bredouille à l'intérieur, et croisèrent à nouveau les jumeaux. Eux non plus n'avaient pas trouvé. Tous les quatre examinèrent plus soigneusement l'intérieur, faisant un barrouf pas possible, sans rien trouver.

« Elle a du partir chez quelqu'un... Bon je vais me laver. »
« M... Monsieur non ! »

N'écoutant rien, il partit prendre une douche rapide, manière de faire sa toilette dans le quart d'heure, et d'arrêter de s'auto-asphyxier. Les recherches ça fait faire du sport ! Sortant de là, il alla dans le couloir pour demander à Lyzzie des vêtements propres. Il aimait la magie car elle avait lavé les siens en quelques minutes ! Alors une fois à nouveau habillé il dit:

« J'ai vu une trappe au plafond dans ma chambre, ça mène où ? »
« C'est un accès aux toits, y en a un peu partout dans la maison. »
« Les...Toits ? »

Lyzzie regarda Cocoon, et ils eurent la même lueur dans les yeux : LES TOITS BON SANG !
La gouvernante l'emmena pour qu'ils montent à deux et ratissent chaque tuile. Ainsi, au détour d'un velux, ils virent Yulenka. Aaaah... Yulenka... A ce moment là, cette femme était le saint Graal.
Lyzzie poussa un soupir de soulagement, avant de faire une moue renfrognée. Elle se dirigea d'un pas déterminé vers sa maîtresse, et l'interpella à la limite de la gronder.

« Mademoiselle ! Ce n'est pas sérieux de venir vous balader ici dans votre état, et dans une tenue aussi légère ! Rentrez donc avant de prendre froid ! »
« Rhaaaaaa Lyzzie, lâche moi un p-AAAAAAAAAAAH ! »
« MADEMOISELLE ! »
« YULENKA ! »

Tout s'était passé très vite. Yulenka en se retournant vers sa gouvernant -tirant au passage une moue de sale gosse capricieuse- avait glissé sur une tuile mouillée par la rosée du matin, et était tombée en arrière dans le vide ! Cocoon du agir vite et bien. Etant alerte, il couru sur le bord du toit avant de se jeter dans le vide. Bon sang, ce que c'était haut !
Lyzzie avait du coup, doublement hurlé, et l'Orisha déploya ses ailes de la couleur de la nuit, venant rapidement rattraper la vampire au vol. La chute était rapide, et s'il ne l'avait pas rattrapé, ce ne serait pas juste ses épaules qu'elle aurait eu de brisé... Attrapant entre ses bras, son visage était grave, et sévère. Une fois sur le sol, la terre ferme, devant la porte d'entrée de la demeure, il déposa la jeune femme à terre. Lorsqu'il replia ses ailes pour les faire disparaitre, son débardeur tomba sur le sol, en lambeau. Bon sang... Encore un autre totalement déchiqueté. Cependant, ce ne fut pas tan ça qui l'irrita, mais l'inconscience qu'avait eu cette jeune femme, en allant se percher sur le toit. La grande porte s'ouvrit et Lyzzie en sortit en courant, prenant la parole devant un Cocoon silencieux.

Lyzzie arriva, et permis à Cocoon de reprendre un peu son self-control. Là il était clairement excédé. Ils n'avaient pas trouvé Yulenka pour quoi ? Parce que MADAME était sur les toits, alors que la nuit dernière elle avait bien failli perdre ses bras. Tout était NOR-MAL ! L'Orisha serra les poings, non il fallait vraiment qu'il se reprenne car là, il voulait juste pousser une gueulante, lui mettre un savon et Lyzzie l'aida fortement à se contenir. Voyant la détresse de la jeune femme, il commençait tout juste à relativiser quand Yulenka sortit naturellement que non, ce n'était rien, qu'il ne s'était absolument rien passé, limite "je vois pas de quoi tu parles". Cette fille... Le faisait-elle exprès ?
Lorsque la gouvernante repartie, presque en pleur, Cocoon se sentit excédé à nouveau, par la réaction de son amie.

« Non... Non Ca ne VA PAS ! »

Il se retourna vers elle, sérieux, menaçant, énervé, furieux... Oui il avait eu peur et ça, il sentait que ça allait lui rester sur la panse un moment.

« Tu joues clairement aux inconscientes, et tu me demande si ça va ? A MOI TU ME DEMANDE SI CA VA ? QUI EST-CE QUI VIENT DE TE RATTRAPER IL Y A UNE MINUTE, D'UNE CHUTE MORTELLE ? Alors ouiiiii Madame est forte, Madame est belle... MAIS MADAME EST BETE COMME SES PIEDS DES FOIS ! Je ne vois même pas pourquoi je m'énerve ! Tu voulais quoi ? Prendre l'air ? Tu n'aurais pas pu aller dans les jardins ? Visiblement non, les jardins c'était pas assez dangereux pour une estropiée hein ? HEIN ? »

Pendant son discours il avait pointé Yulenka du doigt, il s'était retourné pour ne pas lui hurler directement dessus, il avait levé les bras au ciel et là, il se tenait le front d'une main et il lui dit :

« Bon, je me casse. »

Cocoon avait eu archi peur, et lui sa peur il la faisait dégager en hurlant sur les gens, surtout les concernés. Alors non il ne l'aurait jamais touché, il ne la menaçait pas non plus mais là, c'était difficile pour lui de se dire que ça se jouait à un détails. Elle se serait levé juste avant qu'ils n'arrivent, ou pire, il n'aurait pas eu son collier... Ca le rendait fou.

Faisant demi tour, il se dirigea à grandes enjambées vers la porte d'entrée, contrôlant sa respiration pour ne pas hurler sa colère là, devant le manoir.