Le génie revint au manoir Mebahel, beaucoup plus calme. Il avait décidé de ne pas y vivre mais d’en faire un repère secret en quelque sorte. Il y entreposerait ici ce qui ne serait pas en sécurité à Somnium. Ici Vilem veillait au grain, sa puissance était colossale, il repousserait les ennemis. Naram y mettrait des objets de grande valeur, y ferait des réunions officieuses au besoin. Le manoir aurait en soit la même faculté que lors du règne de son peur. Il ferait comme lui. Séparerait son statut de Mârid de ses propres actes personnels. Sanna y resterait également, elle n’avait d’autres endroits où aller, se plaisait beaucoup à Amnesia et était rattachée au lac de la transparence malgré l’influence des sorciers sur le territoire. Naram mettrait l’argent nécessaire pour restaurer l’endroit, personne ne pourrait remonter jusqu’à Naram ici, la propriété du domaine était sous le nom d’Evan, prénom connu par très peu sur cette planète.

Seulement lors de la visite du génie, c’est un fait inattendu qui se produisit. Vilem et Sanna étaient à l’entrée, comme s’ils savaient que le génie viendrait aujourd’hui, il trouva cela étrange. Surtout quand Sanna clama tout bas « Quelqu’un t’attend en haut. » intrigué, le génie acquiesça. Il monta les marches du grand escalier pour monter à l’étage supérieur, traversant le couloir, une puissance migraine lui vint. Un aether d’une grande puissance sans aucun doute. William ? Aucune chance, il ne prendrait pas ce risque inconsidéré. Chronos ? Il n’était pas assez puissant pour sortir des limbes de la porte des songes. Marchant d’un pas hésitant, il se demandait qui se trouverait derrière la porte. La poussant vivement, il voulait affronter cet inconnu qui désirait le rencontrer.

« Fuzâil. » sa voix raisonna, à la fois surpris sans vraiment l’être. Elle était sortie du temple. Elle qui tenait à ces principes sans jamais oser en bafouer un seul. La déesse se tenait là, dans une veille chambre pleine de moisissures et de toiles d’araignées. On sentait sa gêne, elle tenait son poignée, ne sachant pas trop où se mettre, cela se voyait qu’elle n’était pas sortie du temple depuis des siècles et des siècles. Son regard était évasif, son visage crispé. « Ismérie. » le saluant à basse voix, elle ne voulait pas quelqu’un d’autre entende ce nom. Elle avait toujours été incapable de l’appeler Naram sauf dans le cas de réunions officielles comme celle au château des cavaliers sans tête. « William ? » répondit simplement le génie. Inutile de tergiverser avec elle, c’était une femme qui allait droit au but. « William. » confirma-t-elle tout en suivant le Mârid des yeux alors qu’il se déplaçait dans la pièce après avoir refermé la porte. « Il a été trop loin, c’est ça ? » c’était rhétorique, elle ne pouvait venir pour autre chose, elle ne serait jamais permise de sortir du temple sans une raison suffisamment grave. Elle savait que l’accès au temple m’était interdit, si elle voulait converser, à l’abri du regard des dieux, ce serait forcément dans un endroit extérieur, inconnu. Le manoir Mebahel était alors parfait. La déesse baissa les yeux, elle savait que j'avais longuement prévenu les autres esprits sur l’outre-passement des droits de William, les autres esprits me riant au nez ou me traitant de tous les noms pour bafouer ainsi le nom d'un aether.

« Il me faut te révéler la vérité. » sa voix était des plus froides, on sentait une inquiétude envahissante ternir sa voix douce. « Je t’écoute. » très peu de mots pour s’exprimer à l’autre, aucune forme de langage, quelque chose de brut. « Il te faudra donner l’artefact des esprits à Jun. » le génie se retourna vivement vers elle, la mine déconfite. « Et lui donner le cristal de Topaze. Entièrement, ton trident compris. » Naram sentit ses jambes faiblir et sentant le malaise, il s’assit sur une chaise, abasourdi. « Pardon ? Fuzâil. Rentre au temple, ce conflit n’est pas pour toi. Il est entre William et moi. » - « Tout au contraire. Je t’aiderai Naram. A présent William est mon… oh... j’ai du mal à le dire. Hum. Disons que nous sommes en désaccord. » - « Tu n’as pas à faire ça. Je vois bien que tu en souffres. Laisse-moi me charger de tout ça. » - « Ne me sous-estime pas, génie. » Son ton fut irrité, presque vexé. « Je ne voulais pas. C’est juste que j’ai blessé tant de monde, perdu des alliés de par ma faute. Je ne veux que tu sois une victime collatérale de plus. » Leur passé commun était lourd mais jamais ils n’en avaient reparlé depuis la tragédie de la cité des mirages. « Je vais t’apprendre à te servir de l’artefact des esprits, chose que William refusait catégoriquement. Il n’est pas notre maître, il n’est pas le mien. J’ai le droit moi aussi de prendre part au conflit. Je crains de ne pouvoir t’être grandement utile, je ne pourrai pas brandir les armes à ta place, ni me montrer ou sortir du temple aussi souvent qu’il le faisait. Mais je vais t’apprendre ce qu’il te manque pour faire face au chaos. Je vais te préparer. » Le génie sourit franchement à l’aether malgré la migraine qui le martelait en raison de la présence d’une élevée dans la pièce. « Bien. Par quoi on commence alors ? » L’aether avait la gorge serrée. Elle bafouerait plusieurs règles et cela la rendait malade mais à période extraordinaire, mesures extraordinaires. « Par le troisième fragment de la Topaze. Mon fragment. Celle de ma vie de mortelle. »