« Le Lac de la Transparence ? Est-ce une blague de mauvais goût ? Si c'est le cas, félicitations, c'est très réussis. Êtes-vous sérieuse, Sakura ? Pourquoi diable nous rendre là-bas ? Pourquoi spécialement vers eux ? Pourquoi ne pas plutôt aller ailleurs ?N'importe où, ça m'est complètement égal. Mais pas au Lac de la Transparence.» La voix si claire de l'Orine était teinté d'une bride d'indignation qu'elle ne tâchait même pas de dissimuler, comme fatiguée de jouer un rôle. Lily-Lune, troublée et mécontente, observait d'un regard noir Sakura, qui semblait bien fière d'elle malgré qu'elle fasse tout son possible pour conserver une once, même minime et infime, d'expression impassible et cruelle comme elle savait si bien le faire. « C'est un territoire comme un autre.» éluda la vieille Orine, sans pouvoir empêcher un petit sourire mesquin d'illuminer son visage habituellement si sévère et neutre. Depuis quelques temps, les deux jeunes femmes s'étaient quelques peu rapprochées, et elles entretenaient une sorte d'amitié étrange, bien qu'elles se gardent bien d'être trop familières l'une avec l'autre, cela ne faisait pas partie de leur caractère. « Seriez-vous rester si longtemps à l'écart de la société que vous auriez rater quelques évènements importants ?» - « Bien au contraire, ma chère enfant, j'ai suivis avec une attention certaine tout les troubles subit par ce pauvre petit coin de paradis. Si l'annexion par les Magiciens pouvaient être une bonne chose, je ne suis pas réellement certaine que la reprise des terres par les Sorciers soit une excellente nouvelle.» Au moins, par ces quelques paroles, Sakura prouvait à Lily-Lune qu'elle était pas inconsciente de la situation. « Soit. Je réitère donc ma question : qu'allons-nous donc faire en ces charmants lieux ? » - « Ma petite Lily-Lune, tu dois bien comprendre une chose primordiale concernant l'Ordre que nous voulons faire renaître. C'est que nous ne devons pas nous préoccuper des affaires raciales.» - « Si je parviens à aller jusqu'au bout du chemin, je serais Geisha, Vénus et Ran, je ne vois pas comment je pourrais me passer des soucis entre les différents peuples, oublier le passé, et l'histoire du notre, les massacres qui ont eu lieu et ceux qui les ont causé.» - « C'est un autre Art. Tu devra gérer la politique en tant que Vénus, mais ne jamais discriminer par ton Art qui que ce soit. Tout le monde à le droit de goûter à l’effluve de nos beautés. C'est pour cela que j'ai choisis le Lac de la Transparence, aujourd'hui. Parce que les Sorciers sont maléfiques et donc impliqués dans bien des massacres de notre peuple, et que tu as déjà rencontré plusieurs fois Jun Taiji, d'après ce que j'ai compris, et que ces rencontres se sont … plus ou moins bien passés, mais qu'au final, vous n'êtes pas ennemis, et qu'il a lancé des lois sur la protection des nôtres.» - « Oui je vois, c'est un maléfique qui nous veut du bien, je dois donc oublier que les membres de cette race ont tué des nôtres. C'est un exercice, donc ? Et si vous avez choisis les Sorciers, c'est parce qu'ils ne peuvent nous faire du mal.» - « Voilà, tu as compris. Je me voyais mal aller en Enfer ou à Drosera, pour le moment, je dois bien te l'avouer.» Elles rirent. « On verra plus tard pour eux.» ajouta Lily-Lune d'un ton léger. « Oui, car eux, je ne peux pas les voir en peinture.» - « Je croyais qu'on ne devait discriminer personne.» - « En principe. Et là, je t'inculpe les principes théoriques. Et il est bien connu que la pratique est tout autre.»

Et les deux jeunes femmes arrivèrent sur les terres des Sorciers, dans l'un des petits villages alentours, surplombé par un immense manoir sombre à l'allure pour le moins inquiétant. Ce fut pourtant d'un pas tranquille que les deux Orines se rendirent jusqu'à la monumentale porte d'entrée. Elles n'eurent pas même le loisir de frapper, car à peine Sakura eut-elle approcher son délicat poignet près du bois que l'on ouvrit. C'était un des domestiques de la demeure, qui s'inclina avec respect, invitant d'un geste les deux jeunes femmes à entrer, il dit de sa voix étrangement morne et monotone : « Mon Maître vous attends avec impatience, et il est ravit et enchanté que vous ayez songé à lui.» Il referma la porte. « Suivez-moi, s'il vous plaît.» Cet étrange homme aux cheveux violets et aux yeux rouges faisait froid dans le dos. Les Orines échangèrent un regard entendu et durent refréner un éclat de rire qui aurait très certainement été mal interprété. Mieux valait se retenir. « Ah, voilà mes deux colombes.» dit la voix grave d'un homme dont l'on entendait le sourire rien que dans le ton qu'il employait. Un homme s'approcha d'un pas lent et mesuré, très grand, il avait les cheveux longs et noirs et des habits aussi sombres que devaient l'être son âme. « Mes invités n'attendent plus que nous.» annonça-t-il. « Ils sont donc déjà là. Et vous n'êtes point avec eux ?» - « J'aime me faire désirer pour une entrer en beauté, et vous êtes des créatures parfaites pour une venue remarquée et remarquable.» - « Monsieur nous honore.» - « Je vous en prie, suivez-moi. Vous ferez sensation, j'en suis certain.»

« Alors, tu vois, ce ne fut pas si terrible, et tu t'en ai tiré avec brio.» - « Soit, ce ne fut pas aussi désastreux que ce que j'aurais pu imaginer, seulement, Sakura, je suis certaine que même vous, vous n'étiez pas foncièrement à l'aise au milieu de ses hommes plus effrayants les uns que les autres.» - « Je dois avouer que je les trouvais pour la plupart répugnants, odieux et grossiers. Mais nous devons nous accommoder à toute sorte de clients.» - « Leur humour assez particulier m'a vite refroidis.» - « Mais nous avons réussis. Sans le moindre soucis.» - « Mais il pourrait y en avoir, les prochaines fois. Ce genre de personnages est typiquement celui qui ne se satisfait pas d'une beauté et d'une élégance qu'il ne peut toucher et s'approprier complètement, corps et âme.» - « C'est pour cela que nous devons toujours être prudentes et fixer les limites. Nous ne le pourrons qu'en éduquant les hommes, leur faire comprendre ce que nous sommes. Et en tant que dernière Geisha de l'Ancien Ordre et première Rengu du nouveau, c'est notre rôle de prendre ces risques.» - « Nous voilà rentrer.» murmura doucement Lily-Lune voyant Maëlith apparaître au loin. « J'ai des choses à faire.» annonça Sakura. « Mais j'ai encore à te parler, alors tu serais adorable de venir me retrouver à Risata, ce soir. Quand tu auras fini de t'assurer que le village a pu tourner sans toi.» La Vénus soupira, craignant déjà le pire.

« Et bien, te revoilà.» constata Mégumi en voyant Lily-Lune arriver. « J'espère que cette pile de papier que tu t’apprêtais à poser sur mon bureau n'est pas encore de la paperasse administrative dont je vais devoir m'occuper ? » L'orine aux cheveux clairs sourit pour toute réponse, provoquant un nouveau soupire las chez la Vénus. « Je le craignais.» - « Il n'y en a pas tant que ça. La semaine a été plutôt calme. Ce qui est plutôt rare.» - « Une bonne nouvelle au moins.» - « Et nous avons reçu des lettres de réponses sur les expériences menés par les Sorciers.» - « L'histoire des montagnes ?» s'assura Lily-Lune, les yeux écarquillés en s’asseyant dans son grand fauteuil, une main tendue pour s'emparer des fameux écrits. « Oui, je n'ai pas eu le temps de les ouvrir, et puis je pense que tu préfères être la première au courant.» - « Merci.» Le silence se fit durant de longues secondes, où la Reine ouvrait les lettres et les parcourait des yeux. Mégumi n'avait pas bougé d'un cil. « Un problème ?» finit par demander Lily-Lune. « Je me demandais simplement où tu en étais, avec ton Ordre.» - « J'avance.» - « Et crois tu que tout sera bientôt fini ?» - « Au contraire, cela ne fait que commencer.» - « Je m'en doutais bien, mais je parle surtout de cette dégénéré.» - « Sakura n'est pas folle.» - « Elle a de sérieux problèmes en tout cas. Elle a du vivre trop longtemps, et trop loin de son maître. Psychologiquement, quelque chose s'est brisé là-dedans.» assura-t-elle en tapant sa propre tête en guise d'explication.

« Enfin là.» murmura une voix douce et suave en voyant Lily-Lune entrer dans le salon. Elle sourit. « J'ai fais au plus vite.» Elle alla s'asseoir juste à côté de Caleb, qui passa tendrement un bras autour de sa taille pour la serrer contre lui, bien qu'il soit assez restreint dans ses mouvements avec Galatée, l'immense dragon, qui avait décidé de poser sa tête sur ses genoux. Lily-Lune, un sourire aux lèvres, gratta du bout des ongles la frimousse de son cher dragon. « Ont-il été calmes ?» - « Elle, oui. Ezio par contre ...» D'un petit coup de tête, il désigna un pot de fleur à moitié délabré qui laissait s'échapper une filet de terre par terre. Le petit dragon était lové à l'intérieur et dormait paisiblement. « Navré, je n'ai pas eu le temps de nettoyer, j'ai été pris d'assaut.» Elle rit. « Et le tigre ?» - « Elle vogue, ici et là .. Tu sais, d'ailleurs, ce tigre ...» - « Oui je sais. Moi aussi je trouve qu'il n'a pas grand chose d'animal. Mais je ne veux pas le brusquer.» Il hocha la tête. « Alors, comment s'est passé ton escapade ?» - « Plus ou moins bien. Je suis épuisée. Sakura peut être un vrai tyran.» - « Alors dors, ma Rengu.» Si elle posa sa tête sur son épaule, elle dit néanmoins autre chose. « Je ne peux pas. Elle m'attend, ce soir.» - « As-t-elle stipulé une heure précise ?» - « Non.» - « Alors je te réveillerais.» Le Rehla fit doucement glisser Galatée par terre pour que le couple puisse s’installer plus confortablement.

« Il est temps, ma belle.» Lily-Lune ouvrit doucement les yeux. « Je ne suis pas sûre que c'était une bonne idée. Je n'ai pas envie de me lever.» - « Songe à ton but. C'est assez inhabituel qu'elle te convoque en soirée. Ce ne doit pas être pour une broutille. Enfin, je l'espère de tout cœur pour elle, car je risque de m'énerver si elle s'amuse à t'enlever à moi pendant nos nuits.» - « Tu lui feras subir ta colère dévastatrice.» Elle rit. Le jeune homme n'était pas vraiment doué dans ce domaine. « Tu serais surprise !» - « Je ne demande qu'à l'être.»

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Quelle drôle de sensation que celle-ci. Si rarement ressentie. Peut-être même était-ce une première, au fond, même si certains seraient bien peiné de l'apprendre. Quelle divine extase que de pressentir effleurer du bout des doigts ses rêves les plus fous, d'approcher à pas de loup d'un but tant espérer. Le cœur battant, l'esprit empli de doute et d'appréhension, il fallait avancer au plus vite, ne pas traîner ni s'attarder, l'heure n'était guère à la contemplation passive ou à la réflexion erronée, et quoi de pire que de se nourrir d'espérance si elles se relevaient déçues, brisées, et détruites en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire ? Lily-Lune ne perdit guère de temps après avoir quitté les bras de Caleb, elle fila à travers tout Maëlith pour traverser les Ruines en toute hâte et trouver Sakura dans les grandes salles de l'école. La vieille Orine ne fut pas bien difficile à trouver, elle semblait presque avoir tout fait pour que la jeune femme arrive jusqu'à elle en toute simplicité. Dans la pénombre des couloirs flottait un délicat parfum de fleur de cerisier et de rose qui guidait Lily-Lune, comme instinctivement, elle suivait la douce fragrance, puis elle finit par entrevoir au loi un mine filet de lumière s'échapper d'une porte entrouverte. D'une démarche légère, calme, elle s'approcha du bois sombre, sans pour autant entrer et rejoindre Sakura. Pensive, elle demeura quelques instants dans cette position, la main tremblante près d'une vieille poignet de métal, la tête touchant presque le bois de la porte. La lueur qui brillant dans la pièce était faible et vacillante, émanant à coup sûr de la frêle flamme d'une bougie. Paupières closes, Lily-Lune prit une grande inspiration, puis franchit le seuil.

La simplicité à l'état pur, la grande pièce était dénuée du moindre artifice, et pourtant, elle ne pouvait que rayonner par sa beauté époustouflante. Les murs étaient en bois sombre, et couraient tout autour une frise sculpté si finement que l'on aurait presque cru que les fleurs étaient vraies. Il n'y avait pas le moindre meuble dans cette grande salle ronde, si ce n'est une petite table ovale en son centre, habillement mise en valeur par des rideaux vaporeux qui ondulaient doucement au gré du vent qui filait par les fenêtres ouvertes. Assise sur l'une des deux coussins de part et d'autre de la salle, Sakura patientait, les mains posées sur les genoux, la tête bien haute et le regard droit, elle ne prit même pas la peine de tourner la tête pour voir Lily-Lune. Elle se contenta de briser la quiétude ambiante d'une voix étrangement mélancolique. « Sens-tu cette odeur ? Je ne l'ai pas choisis au hasard. C'est la tienne. Du moins, d'après moi. Un bouquet très florale. Un peu de fleur de cerisier, une once de rose et de lilas, et une pointe de cerise pour achever le tout.» Elle soupira. « Ce n'est pas votre genre que de vous montrer si sentimentale.» répondit doucement Lily-Lune après quelques instants d'hésitation. « Viens t'asseoir.»

Face à face, les deux jeunes femmes se dévisagèrent avec une certaine prudence durant de longues secondes. « Tu sais, Lily-Lune, je t'ai toujours apprécié, et j'ai même longuement veillé sur toi.» Cette petite révélation pourtant insignifiante étonna la jeune femme qui dut laissé son regard se troubler quelques instants. Sakura sourit. « Bien évidemment, ça te surprend. Et pourtant, c'est bien la vérité. J'ai toujours eu le plus grand respect pour ta famille, car vois-tu, tu viens d'une longue lignée d'Orine, et pas la moindre. Les Araé ont toujours eu le sang bleu, si tu vois ce que je veux dire. Tu ne peux pas savoir à quel point ton grand-père était un homme merveilleux. Il a été un chef digne.» - « Mon grand-père ?» Lily-Lune sentait sa gorge se serrée. « Ainsi donc, on ne t'a rien raconté. C'est navrant. A croire que ta mère ne voulait pas que tu connaisses tes origines, et les autres n'ont pas jugés bon de t'avertir. Je suppose que tu connais tout les Rois et Reines de Maëlith.» - « Il en va de soit. Il n'y a eu qu'un Roi. Plutôt récemment, si l'on peut dire.» - « Oui. Et tu l'auras très certainement compris maintenant, il était ton grand-père.» - « Il ne portait pas le nom Araé.» - « Non, il était si dévoué à sa maîtresse qu'il a préféré prendre son nom.» - « Je vois.» Sakura fouilla quelques instants dans l'une de ses poches pour y dénicher une petite clef qu'elle laissa tomber dans la paume de Lily-Lune. « Avec ceci, tu pourras ouvrir un petit coffret dissimulé sous une dalle, dans les archives. Ça devrait t'intéresser.» - « Merci.» - « Tout cela pour te dire que je suis heureuse que tu sois la Vénus, heureuse de t'avoir connu et que tu sois celle qui m'ait porté un tant soit peu d'intérêt, celle qui veut faire revivre une organisation à laquelle je tenais tant. Je n'aurais pas laissé n'importe qui le faire, et crois moi sur parole lorsque je te dis que je ne t'aurais pas laissé faire si tu avais été une incapable. Tu es loin de l'être, Lily-Lune. Tu feras une merveilleuse Geisha. Tu l'es déjà. Depuis si longtemps. Tu l'as toujours été. Cela coule dans ton sang. Je ne t'ai rien appris, tu savais déjà tout.»

Lily-Lune sentait ses doigts trembler sur ses genoux et ses yeux se rebeller, mais elle tâchait de se contrôler. Mais quel compliment, cela la touchait réellement. Silencieuse, Sakura ouvrit une petite boite pour y sortir un mystérieux objet enveloppé dans un mouchoir blanc. Presque religieusement, elle le tendit à Lily-Lune qui s'en empara avec douceur. Il s'agissait d'une magnifique broche dont le moindre détail semblait avoir été pensé, fait d'or blanc et d'argent, il représentant une branche de fleur de cerisier. « C'était une évidence, je n'ai pas eu à réfléchir. Voici ton symbole. Tu es comme cette magnifique fleur.» Lily-Lune s'inclina. « Merci.» - « Par cette cérémonie, je rends officiel ce que tu étais déjà. Tu es à présent une Geisha, et je dois maintenant te choisir un nouveau nom que tu emploieras lors de tes apparitions, un nouveau nom que tu devras utiliser en second lorsque tu te présenteras. Je n'ai pu me décider, alors navrée, mais je vais te donner un nom un peu long. Haruna Sayuri. En vieux langage, cela signifie respectivement fleur de printemps et petit lys.» Elle devait chercher à voir si la Vénus avait compris, puisqu'elle enchaîna. « Comment t'appelles-tu ?» - « Je suis Lily-Lune Haruna Sayuri Araé.» - « Qui es-tu ?» insista-t-elle « Je suis l'Artiste d'un monde qui n'existe pas.» - « Entre dans la légende. Ressuscite l'Ordre. Sois une créatrice de génie, que tu sois toi-même l’œuvre de ta vie.» - « Je ferais sortir des cendres notre lumière des enfers pour mieux dessiner le paradis.» - « Les Geishas sont un univers de beau sur lequel veille les démons. Sois leur Ange.» - « Je le serais.» - « Être Geisha, c'est être appréciée et adulée comme une œuvre d'art sur ses terres. Veille à toujours te comporter comme telle et ne jamais montrer tes faiblesses ou tes sentiments. Les Geishas se dissimulent sous un maquillage fin et un regard profond.» - « Les Artistes d'un Univers flottant.» - « Elles chantent, elles dansent, elles divertissent, elles font presque tout ce que l'on veut.» - « Mais le reste, ce sont des ombres, le reste, c'est un secret.»

Un fin sourire aux lèvres, les deux jeunes femmes s'observent avec émotion, et sans rien ajouter, Sakura servit le thé, qu'elles burent en silence, certes, mais ensemble. Parfois, les mots ne servaient rien et la parole, sincère et douce, se trouvait dans les sentiments qui irradiaient des yeux. « J'ai hâte que le monde te découvre, Haruna.» - « J'ai hâte de lui faire découvrir qui je suis et ce que je défends.» - « Tu es une grande femme.» - « Je vous en remercie.» - « Ne me vouvoie plus. Je sais que tu le fais par respect, sûrement à cause de mon rang passé et de mon âge avancé, mais nous sommes égales.» - « Vous m'êtes encore supérieure. Vous êtes la Ran.» Ce fut un sourire touché qui étira qui illumina les traits de Sakura. « Plus pour longtemps.» - « Il n'empêche que je vous aurais toujours en estime.» - « Et c'est pour cela que j'aimerais que l'on brise la glace, maintenant que je n'ai plus à te tester à longueur de journée. Soyons des amies. Égales. Maintenant, file rejoindre ton bien-aimé, je sens que ta journée de demain sera bien remplie.» - « Et j'aimerais que … tu sois à mes côtés. Tu mérites d'être aux premières loges pour contempler officiellement la renaissance.» - « Et j'y serais, ce sera un grand honneur.»

« Lily-Lune ?» La voix de Caleb résonna, surprise, dans la chambre. Le Rehla, presque abasourdis, contemplait la jeune femme qui arrivait d'une démarche lente. Tremblante, elle essaya délicatement du bout des doigts l'unique larme qui avait osé s'échapper de ses grands yeux de poupée pour rouler le long de sa joue. Attendri, le jeune homme sourit. « Félicitations, mon amour.» murmura-t-il en s'approchant d'elle. « Alors.» lui susurra-t-il ensuite « A quelle belle Geisha ai-je l'honneur ?» - « Haruna Sayuri. Je suis Lily-Lune Haruna Sayuri Araé.» - « Magnifique. Digne de toi.» - « J'ai réussis Caleb. Je n'y crois pas, j'ai réussis.» - « Ainsi donc, tu doutais de toi. J'ai toujours cru en cet instant, tu ne pouvais échouer.» - « Tu as surtout dû jeter un petit coup d’œil par la fenêtre pour t'en assurer.» Il rit tout en passant une main dans la longue chevelure de la jeune femme. « Je n'ai nullement besoin de la confirmation des Astres pour me révéler que la plus belle des étoiles vaincra.» - « Merci d'avoir cru pour moi.» - « Je serais toujours là pour ça, quand bien même tu me rejetterais, que tu ne voudrais plus de moi. Je serais toujours là pour toi, à tes côtés, de la manière dont tu le souhaiteras.» - « Ne dis pas ça.» Elle laissa doucement glisser ses doigts le long de son menton. « Ne m'écoute pas. Cette nuit est la tienne et je ne suis qu'un vieux dépressif rabougri.» - « Plutôt en forme, pour ton âge.» Il posa doucement ses mains sur le ventre de Lily-Lune. « Et en fait, je suis plus qu'heureux.» - « J'aime beaucoup le prénom Misa, si c'est une fille. Je sens que ce sera une fille. C'est fou, non ? Je ne peux envisager un garçon, alors que j'aurais aimé, un petit être comme toi. Un Caleb Junior.» - « Personnellement, je n'en ai pas la moindre idée, et je ne veux pas savoir avant l'heure. J'aime me garder quelques surprises, parfois.» - « Tu n'as même pas cherché à lire l'avenir ?» - « Non.» - « Étonnant.» Et il se jeta sur les lèvres de Lily-Lune

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