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 La vie mystérieuse de mon père. [Solo - Topaze]

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Mar 26 Mar 2013, 02:10

    « Seth,

    Cela fait à présent quelques semaines que nous nous sommes revus à l’auberge et les choses sont au plus mal. Je ne sais pas si tu sais mais Drosera fut un calvaire pour ma personne. Je ne peux plus compter sur qui que ce soit, je n’ai plus aucun allié en ce bas monde, enfin si, il ne me reste à présent plus que toi. Je ne saurai qualifier à quel point ton soutien même s’il n’est que moral m’est précieux. Je suis si fatigué, je n’ai jamais éprouvé tant de peine à me lever d’une chaise ou à rester éveillé en dehors de Somnium. Je lutte contre le monde entier et chaque jour je me demande, pourquoi ? Pourquoi tant d’entrain à me battre contre Jun alors qu’il est si puissant, que ses alliés se multiplient, les miens se divisent et lui lèchent même le derrière. Pourquoi ont-ils si peur de lui ? Ne comprennent-ils pas qu’il n’est pas si fort, que c’est par la peur qu’il arrive à museler tout un monde. Il fut un grand stratège, il n’a pas eu besoin de trop se salir les mains, les pions ont bougé pour lui par ses simples désires, il a été rusé. Alors aujourd’hui Seth, réponds-moi, cela vaut-il vraiment la peine que je me batte encore pour cette femme ? Pourquoi devrai-je partir à l’aventure et subir les maux des dieux pour la protéger d’un sort qu’elle ne rechigne pas ? Edelwyn m’a avoué que Mitsuko avait retrouvé ses souvenirs, je ne sais si c’est vrai ni même si tu es au courant. Mais pourquoi me ment-elle ? Un dieu n’est-il pas censé être sagesse ? Alors si tous les aetheri sont à ce point corrompus, qu’ils crèvent tous, Seth, oui, comme des chiens dans un caniveau. Ils nous ont abandonné, les dieux nous laissent à notre sort, alors pourquoi devrai-je mourir pour eux ? Puisqu’ils sont omniscients, qu’ils voient leur mort arriver et bien soit, je laisse le destin abattre ses cartes, à présent mon jeu est vide. Oh Seth que je n’ai même plus peur pour l’avenir du monde, il me dégoûte. Qu’ai-je encore à attendre ? Quelles étincelles me restera-t-il du soleil lorsque la lune noire et la terre auront tout absorbé, lorsqu’ils auront dévoré mon étoile ? Je me sens si seul, si désemparé, je n’ai jamais autant été en proie au doute. Je crois qu’il me faut prendre l’air. Mon périple à la cité engloutie et au désert m’ont affaibli à un point que je ne sais récupérer d’une once de force depuis. Je ne fais que me fatiguer encore plus à chaque pas, ma respiration est lourde, j’ai presque l’impression que le trépas m’attend au bout de chaque couloir que je traverse. Toute cette pression m’est insupportable. Je n’ai pas à subir ça pour elle, pas pour cette femme qui m’a oublié, qui m’a humilié, qui m’a laissé seul supporter leur poids du monde. Je la haïs à jamais de tout mon amour.

    Seth, je t’écris pour te faire part du mal être qui m’habite et qui ne me quitte jamais. Je t’écris car sûrement à présent, je ne combattrai plus. A jamais avais-je promis, je suis le seul tenu aux jamais, les éternités me tiennent en laisse et eux, dansent, boivent, rient et se moquent, et moi j’hurle de ce sort qui m’est insupportable. Alors tu comprendras mon choix je le sais. Je sais que tu avais confiance en moi, que tes espoirs envers la réussite de mon projet te permettaient de croire en quelque chose en ces sombres périodes. Mais je ne suis pas quelqu’un d’altruiste, je ne suis pas un héros, je ne suis pas quelqu’un de bien et aussi mauvais sont mes principes, j’agis contre eux en ces jours curieux. Alors il suffit. Ce système dérive vers le chaos, je ne suis pas de taille et quand bien même ce serait le cas, je n’ai à ce jour plus aucune raison de continuer. Tous ces hommes sont ignorants, idiots à souhait. Mitsuko est une idiote démesurée, elle batifole alors qu’on cherche sa mort. Elle défend la justice ? Elle laisse son paradoxe, l’anarchie se former de l’argile ténébreuse de Jun, elle a renié son rôle d’aether pour son amour. Ce monde m’a déçu, Jun ne fera qu’infliger à notre civilisation le sort qu’elle mérite, pour ne pas m’avoir écouté. Je crache sur ton monde Seth, il me répugne, je ne sais comment tu fais pour lui trouver encore quelque chose d’appréciable. Bien à toi de me répondre. Je comprendrai ta déception et ta volonté de rupture de la relation épistolaire.

    Ton ami, Naram-Sin »
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Jeu 28 Mar 2013, 15:33


    S’avançant droit comme « i » tendu vers l’horizon, un long manteau de tissu semblable à une couverture, comme un pelage d’un bleu nuit qui le confondait avec l’infini chaos, le génie gonfla ses poumons, torse nu sous cette épaisse fourrure, le serpent tatoué sur son corps semblait s’affoler, faisant de rapides vas et viens entre sa poitrine et son torse, tous ses muscles se contractaient. L’île de Somnium passait près des montagnes de l’edelweiss enneigée, un fin battement de neige rendant le paysage en constant mouvement, laissant l’inclinaison de notre vision se perdre dans cette pluie battante de glace fine et légère, douce mais intransigeante, si un souffle brûlant se dégageait des narines de l’homme, il ne ressentait aucune température, aucune gêne. Ses mains devenaient irritées par les morsures du froid, il regarda les extrémités de son corps avec brièveté, regrettant que son cerveau n’ait la capacité de le prévenir de ces dégagements physiques, le temps semblant le chercher dans cette tempête, elle peinait à le trouver, il était cette nature, ce monde euphorique et fantastique, il était le tout et le rien. D’un geste de la main, il fit tomber le manteau de fourrure, déboutonnant son pantalon de toile blanche, il fit quelques pas pour s’en défaire et être nu face à l’immensité, ce rien qu’il semblait vouloir se rappeler être. Le serpent tatoué défilait sur ses jambes, arrivant à ses pieds, il refit un demi-tour pour encercler son fessier, il semblait que la magie des lieux se réveillait. Son immobilité immuable vit son règne se ternir lorsque sans prévenir, il fit de grands mouvements des bras, courbant son bassin par un geste de la jambe en angle droit, il dessina dans le ciel des cercles d’étoiles qui restèrent gravés dans le vide, ses mains bien devant lui, sans ouvrir les yeux, il voulait ne faire qu’un avec la magie originelle, celle des débuts de ce monde, celle qui créa notre univers. La lenteur de ses gestes fit de la grâce d’un génie toute son illusion, l’herbe sous ses pieds faisant la révérence au roi lorsqu’il passa près d’elle, sa couronne était celle de son cœur ; accomplissant des tours sur lui-même, sa danse mystérieuse s’accéléra, d’une main agrippé au vide, le paysage se déchira, les dimensions devenant un simple dessin, la neige tombante prenant la forme de fontaines qui s’écoulait sur lui avec de plus amples douceurs, lui était au centre de ce tout, respirant bien plus facilement, il faisait une quiétude solennelle. Le calme de son esprit fit démonstration de sa grandeur, comme des lumières de toutes les couleurs qui s’échappaient de son corps, des fumées de vie qui se joignaient à la tempête sans accalmie pour agrémenter le terne des lieux. Levant son pied pour accomplir un demi-cercle, ses bras firent le contour d’ailes invisibles qui élevèrent l’homme à quelques mètres du sol.

    Ouvrant les yeux sans prévenir, la neige s’affola, formant d’étranges cercles serpentant son corps, l’entourant dans une valse magique, il rejoignit l’élément avec douceur, faisant des mouvements d’horloger en balançant ses bras de gauche à droite, la nature éphémère et impossible du monde d’en bas lui obéissait le temps d’un ballet chimérique. Les impulsions de glace formant des boucles aux allures de champignons qui s’expulsèrent dans le vide pour former des fleurs en éclosion. Alors, son corps se mit à se dissiper dans les nuages de l’hiver, apeuré le serpent tatoué arriva à des endroits qu’il ne fréquentait jamais d’habitude : son visage. Avait-il si peur de l’extinction d’une enveloppe charnelle ? La neige traversant son corps comme s’il n’était à son tour plus qu’un simple mirage, seuls ces deux yeux perçant d’un bleu inouï vinrent pourfendre le tableau, effrayant la nature si docile et si chère à son corps meurtri. Un pas dans l’espace puis deux, même ses jambes s’effritèrent d’une buée qui ne reste qu’un temps lorsqu’il contredit les températures et qu’enfin, son existence semble superflue au reste de l’écosystème. Des larmes de chaleur glissant sur son torse légèrement musclé, elles ne purent continuer leur route, la fin de leur chemin n’étant déjà plus tangible.

    Enfin, dans un grand émoi, le temps s’arrêta de façon si brute, la neige se stoppa dans ce ciel sans fin, le génie continuant ses tours sur lui-même comme s’il était le seul élément capable de se mouvoir dans l’immobilité du reste de l’univers et alors, la lune fit comme le génie : ils disparurent dans le ciel lorsque le soleil vint remplacer le souvenir de leur passage.
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Jeu 28 Mar 2013, 21:16

    Le temple des esprits se dessina devant le génie, sans corps, seul son esprit passa la muraille physique qui lui interdisait l’accès au temple depuis des mois. Une sensation si particulière l’habitait, celle de n’être plus rien d’autre qu’un courant d’air qui se glissait dans les moindres recoins, un grain de poussière sans consistance ni pesanteur, il n’était qu’une donnée à l’état pure, sans ses yeux il voyait pourtant tout le décor du lieu se mettre en place, non pas d’une traite mais au fil de son avancement, il n’était pourtant pas en train de marcher, mais son esprit se déplaçait. Il ne franchit aucune des portes, il détourna simplement tous les accès possibles pour se créer sa propre porte et alors, son corps d’une sorte d’incendie de flammes bleus fit renaitre de ses cendres le génie. Toujours entièrement nu, il tendit la main pour que son trident se dessine enfin. Il avança alors, un pied devant l’autre, prenant aux premiers pas et réussissant à reprendre ses repères physiques sans vaciller, ravalant la nausée des mauvaises adaptations de tels changements inhumains qu’aucun mortel n’aurait su maitriser s’il n’avait été ni ombre, génie ou aether, toutes ces choses qui n’ont aucune existence matérielle mais qui existent. Tous les esprits du temple se dessinèrent à leur tour dans le néant sans mur ni plafond, cette dimension unique et propre au temple des esprits. Ce grand couloir dessiné par un parterre de fleurs noires comme chemin vers une destination inconnue. Un chemin que le génie emprunta, résolu. « Esprits du temple. Ecartez-vous, je ne vous veux ni mal, ni bien. Seul votre maître m’intéresse. » Suggéra-t-il sans parler, sans bouger les lèvres, sans qu’aucun son ne sorte, leur façon de communiquer était télépathique. Tous alors, parlèrent d’une même voix presque uniforme : « Nous n’avons nul maître. » mais le génie n’était pas dupe, il ne l’était plus depuis des lustres. Pointant du doigt une sorte d’aura ombreuse qui se profilait au loin, il ouvrit alors fermement la bouche : « Alors pourquoi décide-t-il du sort du monde en votre nom ? Vous laissant dans l'ignorance. » mais comme s’il avait enfreint la règle des voix muettes, polluant l’air d’un silence harmonieux, des sifflements assourdissent arrivèrent au génie pour seul et unique but de lui faire payer ce manque de respect du protocole qui avait force de loi en ce lieu. « Comme vous voudrez. » ses yeux se refermaient comme une éclipse sur un monde en perdition.

    Laissant un maigre sourire transparaitre, il s’élança corps et âme dans une course contre l’impossible. Il n’avait qu’une idée en tête, faire parler William quitte à y laisser derrière lui tout ce qu’il possédait encore. Les mots n’avaient plus aucun effet, les dialogues étaient désuets, à présent, il ne restait plus que la bassesse de l’homme, la violence des armes et le combat des âmes. Les esprits un à un se présentèrent dans cette course que le temps maniait comme bon lui semblait sans que quiconque ne puisse y toucher, le génie savait qu’il ne pourrait en blesser aucun, ce n’était pas son but, il voulait juste les écarter de son chemin. Se divisant en de multiples exemplaires par son pouvoir d’illusion, des clones de sa personnes poursuivirent rapidement le même chemin, sa capacité de prison de l’âme empêchant quiconque de pénétrer dans son esprit pour délier le vrai du faux génie sans quoi, cela les enfermerait dans des mondes tiers et parallèles à celui-ci, aussi ne pourraient-ils cacher leur intentions, son pouvoir de fissure de l’âme lui permettait de reconnaitre les désirs des aetheri, de savoir qui voudrait s’introduire dans son esprit, alors ils étaient piégés, ils ne pouvaient que frapper dans le vide, touchant au bon hasard des Narams illusoires qui en rendant leur faux soupire, riaient comme des fous. Bien vite, ils comprirent le jeu du Mârid, ils n’étaient pas n’importe qui, alors Naram créa des miroirs de toute part, pour ne pas se faire repérer, tous ses clones répétaient en cœur les mêmes mouvements, les glaces alors vinrent sortir du sol, multipliant les Naram par des trompes l’œil astucieux qu’il savourait avec tact, pour n’être ni plus ni moins que toutes les illusions. Le plafond distinguant nettement où se trouvaient les esprits, Naram pouvait se fier un passage à travers le labyrinthe de miroirs sans qu’eux ne puissent trouver le bon, passant entre les murs, ils frappaient toujours au mauvais endroit et l’adrénaline augmentait pour le Mârid lorsqu’il sentait un aether tout près de lui : le démasquerait-on ? Serait-ce alors la fin de tout ?
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Jeu 28 Mar 2013, 21:53

    « C’est moi que tu cherches ? » Hurla alors sa cible, conscient que quoi qu’il arrivait, le génie trouverait le moyen de s’en sortir, il vivait depuis bien trop longtemps, connaissait assez les esprits pour comprendre leur faiblesse, leur état si unique qui était autant un avantage qu’un fardeau. « Inutile de crier, j’arrive. » dirent à haute voix tous les génies multipliés en même temps alors que tous courraient à travers le labyrinthe dont la sortie était cette ombre qui prenait doucement forme. « Te susurrer les mots doux de la perdition » continuèrent-ils tous, « Tout l’amour envers la surpuissance qui t’a dépassé. » alors que William modifiait les allés du labyrinthe pour compliquer la tâche au génie et ses clones. « De quoi avez-vous peur aetheri, d’un génie ? » finirent-ils tous - les clones de Naram - par questionner en riant alors les gloussements rompaient une fois encore le silence. « Comment peux-tu renier tout ce que ce monde t’a appris ? » mais il ne répondait rien, changeant sa propre position à toute vitesse, les clones se multipliant à plus grande vitesse, pour camoufler les trajectoires et que William ne sache plus comment calculer les probabilités de réussite. « Ton omniscience ne peut donc pas te sauver ? » mais tous le savaient, Naram changeait constamment d’avis, à chaque instant, changeant sa direction, comment prévoir où il irait l’instant d’après ? « Ma folie, mon instabilité semble me servir plus que votre sagesse. » il les provoquait, les narguait sans once de regret, après tout il n’en était plus à ça après toutes ces épreuves.

    C’est alors que William eut une idée, de sa magie, il se mit à réduire l’espace entre les murs de labyrinthe, voulant se faire coller toutes les parois, il écraserait ainsi tous les génies dont le bon, le vrai. Il ne voulait pas s’y résoudre au départ, pensant au mal de chien que subirait son plus précieux ennemi mais il ne pouvait pas admettre d’être ainsi touché. Il s’exécuta après avoir sommé à tous les esprits de disparaitre de cette zone de jeu. Il ne fallut que quelques instants, les esprits firent des bons lents pour rester plusieurs minutes en l’air tandis que le labyrinthe se referma comme compressé par William, tous les clones se faisant simplement et purement écrasés. Il y eut alors un grand silence, avait-il réussi ? Avait-il su déjouer la malice du Mârid ? « Non, c’est trop facile. » susurra William dans le vide, un fin sourire aux lèvres. Tous les esprits regardèrent de tous les côtés, ils percevaient encore tous l’aura de Naram qui se déplaçait toujours à bien plus grande vitesse. « C’est impossible, mais où est-il bon sang ? » s’agacèrent plusieurs esprits, sauf William qui finit par comprendre. « Juste ici. » pointa-t-il à son tour du doigt, montrant le bloc de l’immense labyrinthe compressé : « Sa magie de l’illusion, de création. Naram est le labyrinthe. Il faisait semblant de bouger lorsque j’en avais l’intention, devinant mes envies avec facilité, comme si je n’étais qu’un magicien de bas étage faisant disparaitre le soleil à la nuit tombée, au bon moment. » Un tremblement vint clore sa phrase. Le labyrinthe disparut, se réduisant à bien plus petite échelle, formant doucement la silhouette d’un homme qui changea de matière, reformant sa chaire, reprenant son enveloppe charnelle qu’il avait abandonné à Somnium en dansant avec la neige, il avait prévu depuis longtemps ce plan. Manipulateur, oui. Chaque élément, chaque geste, chaque mot, tout avait son importance, il le faisait aujourd’hui savoir, encore. D’un pas bien plus lent, comme si tous les esprits s’étaient résignés à l’attraper, il les nargua de nouveau en prenant tout son temps pour arriver jusqu’à William. Juste devant lui, il t’attrapa par le col de sa veste, soulevant William avec force, ce dernier ne baissa pas le regard, les deux se défiant sans trembler, sans se dire un mot. Le génie alors fit apparaitre l’artefact des esprits que William lui avait dit d’aller récupérer aux quatre coins du monde, dans l’unique but de sauver ce monde. Il l’avait mené sur une fausse piste, c’était évident. Le génie était fatigué, il avait beaucoup souffert durant ce voyage et voyait cette tromperie de William comme une trahison irréparable à leur amitié qui dirait depuis tant de siècles. Le génie lui cracha au visage, le lâchant brusquement, il lui jeta ensuite l’artefact dans les mains. Se retournant, il clama « Adieu. » il était décidé à ne plus jamais le revoir, il en était serait fini de leurs séances, de leurs plaidoiries respectives sur quel sort devrait avoir le monde, comme si ou l’autre pouvait avoir le droit d’en décider. Tous les autres esprits restèrent de marbre, s’attendant à ce que les deux se battent férocement l’un contre l’autre mais le génie avait décidé que ce ne serait pas ce destin-ci, cette infime possibilité-ci. Il ne leur ferait pas ce plaisir.

    Il quitta alors le temple le plus naturellement du monde, de son corps physique, empruntant simplement la sortie, la grande porte. William quant à lui n’avait pas bougé, n’avait ni mot, ni réagi sur l’agressivité de son ami. William savait sa mort prochaine, savait que Jun y arriverait, que tout était à présent perdu. Il aurait tout donné pour avoir d’autres adieux de son ami, pour avoir une autre chance. Mais le Mârid était plus que rancunier, il détestait qu’on l’humilie ainsi, qu’on le balade à travers le monde pour qu’il cherche des artefacts perdus, simplement pour l’éloigner, pour que Jun puisse devenir roi sans que le génie ne puisse agir. Cette trahison était impardonnable et à présent, il agirait seul, sans les esprits pour qu’il éprouverait à jamais une profonde haine.
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Ven 29 Mar 2013, 00:33

    Dans su bureau, confortablement assis, le génie songeait à sa vie. Il avait si longuement hésité. La porte était verrouillée à double-tour, scellée par une magie que seul le Mârid pourrait défaire, il serait en paix, ici. A son pupitre était déposé son journal. Des siècles qu’il n’avait jamais osé le relire, des siècles entiers. Il l’avait reçu ce matin par colis de Seth qui répondait à sa lettre précédemment envoyée avec comme simple note supplémentaire : « A toi, mon ami qui a survécu à bien des épreuves, souviens-toi pourquoi ce monde en vaut la peine. Affectueusement, Seth. » Depuis, il ne faisait que tourner autour, n’osant dépoussiérer la couverture, effleurer le cuir épais, bien des secrets étaient emprisonnés dans cet ouvrage aux allures de livres sacrés. Tous ses vieux démons, ses précédents combats, ses amours déchus, ses valses avec la mort, tout était retranscrit ici. Une bien étrange catharsis que l’écriture sembla-t-il se souvenir. Il se souvenait de la dernière page, du dernier chapitre qu’il avait écrit, le jour où il avait rencontré Mitsuko dernière du nom. Il s’en souviendrait éternellement. Laissant son regard divaguer, il se souvenait avec joie et quelque part tristesse de ce jour où il a obligé cette enfant à affronter un destin qu’elle aurait pu tout à fait refuser. Il se souvenait de ces derniers mots. Une étrange maladie lui rongeait le corps, lui déchirant les muscles, sa peau pourrissait à vue d’œil. C’était la douleur longue et insupportable que Naram avait dû payer pour vouloir empêcher Mitsuko I de se faire aspirer par le royaume des limbes, l’ombre du cœur, il s’en souvenait si bien. Il avait osé toucher une âme vouée à la mort, il avait osé rompre l’équilibre, il en avait payé le prix. Perdant son pouvoir de contrôle des apparences, il ne pouvait plus rien changer en lui, il se revoyait pourrir comme un morceau de chair que le temps avait épargné jusque-là. Il se revoit, bandé des pieds à la tête par Seth pour être présentable devant Mitsuko dernière du nom, cette petite tête blonde que le génie avait mis tant d’années à retrouver. Il se souvient s’être préparé comme si cela avait été le jour le plus important de toute sa vie, il avait ravalé sa souffrance physique, le deuil de son amour, il avait tout caché à l’enfant pour quelques minutes. Il était venu la voir alors qu’elle était à la bibliothèque, il avait saisi sa vie sans savoir, il n’avait eu assez de force que pour rester plus de quelques mots. Puis il était parti affronter sa mort.

    Il frappa violemment du poing son bureau, accoudé sur celui-ci, il tremblait. Laisserait-il cette gamine mourir ? Parce que depuis ce jour, il en était fou de haine et de passion dévorante. Le visage de Mitsuko à peine âgée d’une dizaine d’années ne le quittait pas, ne pouvant cesser de se répéter que cette gosse était devenue une femme et qu’un tombeau serait sa seule finalité. Un fragment de son esprit toujours dans celui du Mârid depuis la maitrise de la couronne des rêves, il était lié à elle, quoi qu’il veuille, quoi qu’elle fasse, à jamais. « NON. » criait-il, seul, s’asseyant vulgairement de nouveau. S’agrippant par les cheveux, sa colère lui serrait la gorge au point de suffoquer tant l’air ne pouvait passer dans un corps rongé par la mort qui le hantait. « Le conte de l’homme aussi âgé que l’était son océan. Hein. La plus grande fumisterie que l'Histoire avec un grand "H" a connu. » se répéta-t-il avec sanglot. « Les contes de fée sont si macabres, comment croire à la beauté de ce monde ? Tant de connaissance en mon cœur et si peu de raison. » il avait perdu foi en l’humanité. « Je lui avais dit, je lui avais pourtant dit. » de ne pas tenter l’élévation. « Pourquoi ne m’a-t-elle pas écouté ? Pourquoi a-t-elle voulu toujours m’affronter, me contredire, faire l’inverse, toujours me surprendre au point d’en crever. » il aurait tant voulu éclater en pleurs s’il l’aurait pu, mais il remarqua alors une chose qui le coupa dans son élan. Il ne pouvait pas pleurer. Se relevant, il alla sans plus tarder devant sa glace. « Je… » il approcha son visage de la matière froide et sans vie qui reflétait sa personne. Ses yeux étaient rougis par les nerfs qui se resserraient mais aucune larme. Etait-il trop fier ? Non, il était seul, il s’en fichait. Plus il y pensait, plus cette seule pensée lui vint : « Je me déteste. » mais il ne l’acceptait pas. Les larmes ne venaient que dans l’incompréhension, le refus d’y croire, mais Naram lui savait. « Je ne veux pas que tu meurs, pauvre idiote. » il disait cela en se regardant dans la glace mais évidemment, il adressait ce message à Mitsuko. Si un fragment d’elle était en lui, alors elle entendrait ce message. Elle ne saurait pas de qui il vient, elle ne saurait pas quel contenu a supporté ce message, non elle n’aurait de lui que le sentiment qu’il éprouvait. Elle ressentirait ce qu’il ressentirait à ce moment même. Ils partageraient ce sentiment, là, maintenant, à tant de kilomètres qui les séparaient. « Je refuse. Jun est peut-être sa création mais il est ma faute, mon erreur. Il est ma bête, ma chimère. Il est moi. », Le fil de sa réflexion évoluait, arrivant doucement à maturité, il osait enfin avouer ses faiblesses : « S’il te tue c’est comme si je t’assassinai de mes propres mains. Je t’ai donné la vie que tu mènes et lui te la reprendra. La boucle est bouclée et par le chaos, l’harmonie est garantie. » William avait raison, quelque part l’équilibre se régulait de lui-même malgré les perturbations. « Si tu meurs c’est parce que j’ai déstabilisé la courbe de l’équilibre, que les échos de son irrégularité raisonnent comme les cris du cœur, et mon cœur t’appelle doux poison qui circule dans mes veines. Je ne veux pas que tu meurs. Bon sang, pas toi. » Jetant à terre la glace, elle se brisa en mille morceaux.
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Ven 29 Mar 2013, 01:03

    « Où est Naram, bon sang ? » - « Je ne sais pas, ça fait plusieurs jours maintenant qu’on ne l’a pas vu. » - « Mais où est-ce qu’il peut être ? » - « Tu as regardé dans son bureau ? » - « Vide. » - « Et toi ? » - « Ses appartements également. » - « Et Natacha, elle sait toujours où il se trouve ! » - « Elle est partie avec Alice quelques mois en terres d’émeraude pour éloigner l’enfant des conflits politiques et d’éventuelles représailles de Jun. » - « Alors en définitif, le trône est vide ? » - « Oui. Ca ne lui ressemble pas, il me prévient, au moins moi, de ses départs même précipités mais là, rien. » - « Qu’allons-nous faire ? Il a une montagne de paperasse à rattraper de son voyage à la cité engloutie et au désert. » - « Je sais. Espérons qu’il revienne bientôt. »

    -----------------------

    Naram dans une voiture tirée par deux chevaux et un cochet s’éloignait de la capitale du continent au matin calme, il avait quitté Somnium depuis quelques jours déjà et espérait qu’ils ne s’inquiètent pas trop sur place. Il savait qu’au besoin Klyan pouvait prendre son apparence et se faire passer pour lui aux yeux des habitants sans problème. Vêtu d’une cape noire et d’un manteau dont les deux extrémités étaient retenues par une broche en or, il empruntait doucement les chemins de campagne, en direction du continent naturel. Après deux jours, il prit ensuite la mer, lui qui ne l’avait plus revu depuis si longtemps, c’était un plaisir que de naviguer. Il était passager sous le nom d’un riche et très discret noble de l’aristocratie de Megido qui soit disant revenait d’un long voyage d’affaire. Les autres passagers n’avaient pas besoin d’en savoir plus et ne posaient pas de question. Ses cheveux étaient teints de brun, une couleur capillaire qu’il n’empruntait jamais d’habitude, il avait aussi modifié quelque peu son visage pour qu’il soit plus arrondi, un cache-œil effaçant le bleu de son œil gauche, puisqu’il était censé être un Orisha de Megido, il ne devait pas montrer l’autre œil, étant le seul trait physique qu’il ne pouvait changer sur lui depuis déjà pas mal de temps pour une raison qu’il ignorait. Il fit semblant de manger de à heure fixe, de se coucher tôt, pour qu’on le prenne pour un mortel lambda et la traversée se déroula sans encombres

    Il se jetait royalement dans la gueule du loup. Le lac de la transparence, annexé par les sorciers pendant la guerre des anges et déchus, le Mârid devrait rester incognito. Il avait un rendez-vous important et ne comptait pas être en retard. Il ne savait trop où cela le mènerait mais en réalité, il n’y avait pas tellement réfléchi. En réalité ce lac regroupait en plus de cet immense étendu d’eau quelques villages paysans isolés qui dépendaient administrativement à présent des sorciers. Cependant il fallait bien se douter que pour des paysans, que le territoire soit à un tel ou un tel, cela ne changerait rien. Enfin tout du moins, le génie le percevait ainsi. Tant qu’on les laissait tranquillement mener leur vie, il ne devait pas y avoir de problèmes. C’est ainsi que le Mârid débarqua l’air de rien à « Emnesia » dont il vu la pancarte entre deux saules pleureurs, croyant à un simple hasard, il n’y prit pas garde. Mais dans quoi s’était-il exactement encore engagé ?
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Ven 29 Mar 2013, 02:33

    Ce village était loin de l’image que s’en était faite Naram. Il se moqua d’ailleurs intérieurement de lui, pensant trouver un moulin, trois maisons, des vaches, une scierie et des champs à perte de vue, il n’en était rien. Le village avait plutôt prospéré et ressemblait plutôt à une petite ville plutôt reculée. C’est-à-dire que ce monde était grand, et à part les grandes capitales comme Megido, Stenfek ou encore le quartier commerçant du matin calme, il n’en connaissait pas beaucoup. Sa voiture traversant la ville, par-delà la fenêtre il voyait la population vivre, s’aventurer dans les rues, cette ville semblait vivante, cela circulait de tous les côtés. Le génie voyait déjà les classes sociales se dessiner, une grand bourgeoisie avec leurs signes extérieurs de richesse et une classe plus pauvre, avec quelques chiffons comme seuls habilles. Dans son île merveilleuse où l’inégalité n’existait pas, où la richesse n’avait aucun sens, le génie avait presque oublié que partout ailleurs, la pauvreté, la famine et la maladie rongeaient les hommes. Lui qui avait été des décennies à n’en plus compter un simple errant, c’était comme s’il retournait quelque part à ses origines, c’était plutôt drôle et navrant à la fois, lui montrant bien qu’il avait comme oublié les détails gênants de ce monde qu’il avait préféré omettre, comme s’il était à présent au-dessus de tout ça. Oui, la vie de Naram avait complétement changé et c’est avec effroi que telle pensée lui vint. Cette vie d’errant qui l’avait tant conforté dans le non conformisme, ce talent pour être nulle part et partout, aujourd’hui il n’était qu’à Somnium. Sa vie avait changé évidemment, il ne pouvait rester éternellement cet électron libre.

    La voiture s’arrêta devant une sorte de salon de thé, du moins c’est ce dont conclu le génie à l’égard de l’encadré au-dessus de l’établissement, une sorte de taverne qui n’était fréquentée que par la bonne et belle société, celle de son rang quelque part. Le cochet descendit lui ouvrir la porte, le génie donna le montant nécessaire, doublé pour qu’il garde le silence si on venait à le questionner sur ce transport, à croire que le Mârid en devenait paranoïaque à force de comploter et d’être sujet lui-même aux complots. Rentrant à l’intérieur, tout était de dentelle et de napperons, de doux effluves respiraient la cannelle et le thé au jasmin, parvenant au génie comme des parfums qui n’auraient aucun goût, aucune finalité gustative mais qui sentaient bons, au moins. Il s’assit non loin la bée vitrée comme la lettre le demandait, attendant son écrivain qui ne tarda pas à se montrer. Il s’agissait d’une jeune femme aux cheveux longs et bouclés aux reflets cuivrés. Sa robe rose et orangée faisait un peu tape à l’œil mais s’accordait avec l’ambiance et la clientèle. Prenant place en face du génie, elle lui sourit d’abord longuement sans dire un mot, ce ne serait en tout cas lui qui engagerait la conversation.

    « Conte de Venum ? » se décida-t-elle enfin. Le génie alors tourna son regard vers elle, faisant mine d’enfin s’intéresser à sa personne alors qu’en réalité, cela faisait déjà plusieurs minutes qu’il l’observait. « Oui, et Mârid à mes heures perdues. » c’était sous cette couverture que le génie se présentait, elle devait donc vérifier que c’était bien lui sous ce masque et ces habilles qui n’étaient pas les siens habituellement. Mais quelque part, comment le saurait-elle, le Mârid aurait juré ne jamais avoir vu pareil visage, doux et brillant comme de la porcelaine. Oui, plus Naram la regardait, plus elle lui faisait penser à une petite poupée à qui on aurait insufflé la vie. « Je suis Sanna. » son sourire était presque figé sur son visage, presque comme un devoir pour sa personne, une chose qu’elle ne pourrait oublier en quelconque circonstance. « Pourquoi vous fatiguez-vous à vous présenter sous un faux nom ? Je sais pertinemment que vous ne me révélerez pas votre identité aussi rapidement. » - « Parce que ça m’amuse » répondit-elle avec un air amusé, ses yeux si clairs brillant comme deux petits soleils. « Bien. Qu’est ce qui est censé être digne de mon intérêt d’après vos propos ? » - « Vous allez droit au but, vous ne voulez pas une tasse de thé ? Ils sont ici comme nulle part ailleurs, vous n'en reviendrez pas. » - « Ma belle. Je suis un génie, vu ma capacité au goût, boire de l’eau chaude – nature – ne vous ravirait pas j’en suis certain. J’ai fait un long voyage et je sens que celui-ci était vain vu vos prédispositions à m'en dire d'avantage. » - « Vous êtes pourtant venu jusqu'à moi, non ? Vous êtes comme votre père, excentrique et si froid à la fois. » - « Bien. Vous avez attisé ma curiosité, comblez-la. » - « Bien. Il me faut vous révéler un secret Monsieur Venum. » - « Quel est-il mademoiselle Sanna ? » - « Il s’agit de votre père. Vous êtes loin d’imaginer ce qu’il laisse de par sa mort à votre personne. » - « … »
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Sam 30 Mar 2013, 18:23

    C’est en descendant la rue principale que la jeune femme lui avoua plus explicitement : « Vous ne pensiez pas qu’il partirait aussi simplement. » elle regardait vers le ciel sans témoigner d’une quelconque tristesse quant au deuil de l’homme, le génie n’arrivait ainsi pas à savoir si elle avait été proche de lui ou tout le contraire. « C’est-à-dire que le connaissant, il était incapable de prévoir sa mort, se sentant invincible. Parti de là, il ne pouvait rien laisser derrière lui avais-je apparemment pensé trop naïvement. » - « Vous ne le connaissiez pas tant que ça. Croyez-moi. » Le génie hésitait à ne pas clore cette conversation. Malgré la haine qu’il lui portait, lui parler de son père restait un sujet drôlement épineux où le génie perdait très rapidement son sang-froid. « Il vous manque ? » - « Jamais. » affirmait-il sans même prendre le temps d’y réfléchir. Une blessure qui n’espérait aucune guérison, là resterait le souvenir qu’il garderait de l’homme. « Où m’emmenez-vous ? » - « Là où vous attend votre héritage. »

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    « William, tu sembles si pensif. Tu ne dis plus un mot, tu regardes sans cesse le ciel, qu’espères-tu y trouver dans ses tréfonds ? » Clama Fuzâil sans se moquer ni même s’inquiéter, un simple questionnement. « Un peu de lumière, est-ce mal ? » - « Nullement. Dis-moi William. Est-ce vraiment notre fin ? » Devant eux, une fresque vivante de flammes était dessinée sur le vide d’une fontaine qui ne crachait que des étoiles noires. « J’en ai bien l’impression. » tant de contradictions dans leurs mots, tant de splendeur dans leur chute, le déclin des dieux à lui seul comme le passage obligatoire vers le monde de la terreur. Si eux tombaient alors tout mourrait. « As-tu peur ? » - « Non. Et toi ? » - « J’en suis tétanisée. » - « Moi aussi. » Fuzâil ensuite fit un signe de la tête, fermant les yeux comme pour se couper du monde, elle était sans cesse envahie par ces voix, les plaintes de tout un peuple effrayé par leur avenir. Mais que pouvaient faire les dieux face à tout cela ? Elle s’en alla ensuite, laissant William seul regarder son petit spectacle qu’ils avaient appelé communément comme le ciel. William semblait réfléchir depuis plusieurs jours déjà. Depuis que le génie était venu lui adresser ses adieux. Des adieux douloureux, sans tendresse ni encouragement, celui qui devait conclure à jamais leur lien si étrange et inconnu des autres esprits. C’est alors qu’une porte dans le néant s’ouvrit, laissant une ombre pénétrer dans la pièce. « Vous m’avez fait demander ? » n’hésita pas un seul instant à demander un homme qui fit démonstration de sa large carrure. « En tant que fidèle de la voie de la tortue, tu me dois obéissance. » entreprit l’aether sans même lui adresser un regard en signe de politesse. Son interlocuteur acquiesça sans avoir à y redire sur cette vérité.

    « J’aimerais que tu fasses quelque chose pour moi. Quelque chose d’important. Es-tu prêt à me prouver que tu es digne de ma confiance ? » On sentait la noirceur de l’âme de William se dégager de ses paroles, il fit presque frémir son fidèle que l’ombre cachait toujours. « Je serai digne. Dites-moi et je m’exécuterai. » - « Bien. Voici l’artefact des esprits. » Il montra d’une main tendue l’objet sur un piédestal de marbre aux contours de fumée et au socle nuageux. « Sers-toi en, en joignant ces reliques divines à l’arme du temple. » le disciple s’avança pour récupérer les fameux artefacts, les prenant un peu maladroitement, il ne comprenait pas bien à quoi cela pourrait servir. « Je n’ai qu’un ordre à te donner. Tue Naram-Sin. » - « Mais, maître, vous, enfin, ce n’est pas le... ? » - « Mârid ? Cela change quelque chose ? Les voies du temple évoluent sur un plan spirituel différent à celui des hiérarchies raciales dont je me contrefiche. Il pourrait bien être qui il veut, qui tu le souhaites, le fond demeure inchangé. Je veux respirer le doux parfum de son trépas. Exécute-toi sans perdre plus de temps. L’artefact pue de son odeur de génie, il te guidera jusqu’à l’endroit où il se trouve. C’est tout. Fais preuve d’intelligence. Les muscles pour cet homme n’ont aucun effet, si tu veux en venir à bout, il faut jouer son propre jeu, celui d’une partie d’échec. » - « Bien, maître. Je ne vous décevrai pas. » il s’en alla à son tour, laissant de nouveau William seul, seul face à une partie qu’il s’apprêtait à jouer contre son ami par le biais de pions qui empoisonneront le jeu.
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Sam 30 Mar 2013, 19:03

    Le génie et la jeune femme qui s’était présentée comme s’appelant Sanna arrivèrent devant un immense portail de fer aux courbes arrondies sur lequel deux démons caricaturés se touchaient d’un baiser lorsque les deux battants du portail étaient joints. L’ambiance y était quelque peu morbide, l’hiver peinait à s’effacer, des lits de neige jonchaient encore le sol à divers endroits et de nombreux arbres sans feuilles aux branches cornues habillaient l’endroit. Un corbeau sur une branche les épiait et dans un cri lugubre, il s’envola comme pour déranger le silence des dieux. Les deux ne dirent rien, ne se regardant pas, le génie laissa à la demoiselle le loisir de lui montrer le chemin. Cette dernière mit un doigt sur le verrou pour que celui-ci produise une lumière aveuglante et brève et que le portail leur laisse l’accès au lieu. S’aventurant de cet étrange jardin abandonné que les ronces et la mauvaise herbe dominait par leur grande hauteur, il n’y avait qu’un piètre chantier qu’il ne valait même pas refuser de suivre sous peine de se prendre ou de se prendre les pieds dans on ne savait quoi. C’est après quelques minutes de marche qu’un grand manoir leur fit volteface, caché par la nature morte, délabré et tombant en ruine de partout, il tenait pourtant encore debout. « Un endroit charmant. » ne put s’empêcher de commenter le Mârid quelque peu résigné à penser qu’un quelconque héritage s’érigerait ici. « Votre père n’y a plus mis les pieds bien des siècles avant sa mort. » - « Parce que vous allez me faire croire qu’il a vécu ici ? » - « Pensez-vous qu’il n’avait pas le droit à son jardin secret, loin de sa vie politique et publique, loin des enjeux où on le connaissait ? » - « Question droit, il s’est abrogé de toute limite. Qu’il ait eu envie de s’enterrer ici m’étonne bien plus en revanche. » Ils entrèrent sans plus de cérémonie. Le Hall d’entrée était la preuve qu’il y un temps, il devait être luxueux à n’en pas douter mais aujourd’hui, tout n’était que toiles d’araignées en pagaille, tapisseries noircies et planchers à trous. Même l’immense lustre qui était censé illuminer la pièce était en piteux état et sa fixation était le nid de nombreuses fissures qui menaçait le plafond de s’effondrer à tout instant.

    « Des siècles dites-vous. Nous sommes venus voir le tombeau d’un mort dont le souvenir est indésirable. Vous me faites perdre mon temps. » - « Vous êtes imbuvable Naram. Pouvez-vous arrêter de vous plaindre ou de râler un seul instant. » - « C’est vous qui m’avez appelé, supportez-moi, maintenant. Je ne vous ai rien demandé. » - « J’ai pensé que vous en auriez besoin. Pour faire votre deuil. » Avoua-t-elle enfin. Le génie crut en devenir dingue.

    « Mon deuil ? De cet homme ? Mais c’est moi qui l’aie tué. » - « Vous avez achevé un homme rongé par la haine et la folie d’une vie imbibée par les ténèbres. Votre père était mort depuis bien plus longtemps que le Mârid qui se tenait à sa place. Seulement vous n’arrivez pas à discerner ces deux personnes, elles ne sont qu’une à vous entendre. » - « Mon père… Mon père était un homme cruel, non pas qu’avec son peuple. Tous ceux qui l’ont croisé ont eu un bien triste sort. J’en suis sûrement le dernier rescapé et là est ma malédiction, j’ai vengé tous ceux qu’il a fait souffrir. Je ne le regrette pas, je n’ai aucun deuil à faire. Je me considère orphelin depuis bien des siècles, il a torturé tous ceux qui donnaient du sens à mon existence, il m’a tout enlevé. Je n’ai plus rien à présent. Et pour satisfaire quoi ? Sa colère insatiable. Ce manoir ne m’évoque rien de bon si ce n’est l’envie de le démonter pierre par pierre. Votre geste aurait pu être louable pour n’importe qui mais c’est se foutre de ma personne que de m’emmener ici. Je ne sais même pas qui vous êtes. Sanna c’est ça ? Une de plus qu’il a charmé et mit dans son lit. Vivez votre vie et faites comme moi, oubliez ce passé maudit. »
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Sam 30 Mar 2013, 19:47

    « Votre père n’a pas eu que la seule vie que vous lui prêtez. Que savez-vous de lui ? Que savez-vous de moi ? Qu’ai-je besoin d’être, quel titre dois-je avoir pour oser vous parler ? N’avez-vous que du mépris à donner aux autres ? Dois-je avoir une justification suffisante à vos yeux pour pouvoir vous parler de lui ? Et si je n’étais qu’une inconnue pour lui ? Qu’est-ce que ça changerait ? » S’offusquait-elle, haussant le ton à chaque question. « Rien. Mais je n’ai pas besoin de ça, maintenant. J’ai assez à faire pour encore devoir affronter ça. » Il tendait les bras pour montrer l’intérieur du manoir. « Savez-vous qui je suis au moins ? Savez-vous ce que je fais ? Pensez-vous que je n’ai fait que voler sa couronne comme tant d’autres et que je ne fais que m’asseoir sur son trône ? Mon combat se situe bien au-dessus de vos croyances pour le temps qu’elles existeront encore. » Il s’éloigna d’elle, cherchant par tout moyen à garder son calme. Tout était si difficile pour lui ces derniers temps. Il perdait si facilement patience, il n’avait plus aucune facilité à garder tact et bienséance, non il se fichait de tout, tant bafoué par ses pairs, il ne respectait plus aucun code.

    « Je me fiche de votre nom, de votre titre. Vous êtes bien prétentieux. » Répondit-elle tout de même bien qu’elle voyait son interlocuteur sortir de ses gonds. « C’est mon nom qui m’amène ici. Pour ce qu’il reste de ma fierté, n’ayez aucune inquiétude. J’ai cessé de me croire capable de tout affronter. Ce monde ne mérite pas qu’on s’attarde sur son sort. » - « Alors vous en êtes là ? C'est pitoyable. » - « J’en suis là. Les raisons ne vous regardent pas » - « Je ne crois pas vous les avoir demandé. C’est votre droit de faire preuve de courage ou de lâcheté. » - « Le courage n’est pas une question de devoir mais celle de la volonté de s’incomber du pire. Tous mes frères sont lâches et moi, je les rejoints pour vivre plus paisiblement quitte à raccourcir mon temps de vie. » Elle croisa les bras et se retourna, elle voyait bien que quoi qu’elle dise, le génie tenait à avoir le dernier mot, c’était insupportable mais elle s’en satisferait. Pendant quelques minutes, un grand silence régna, aucun des deux ne parlaient, chacun boudant un peu dans son coin. C’est alors que Sanna reprit la parole, de façon bien plus calme et plus courtoise.

    « Je comprends votre position, Naram-Sin. Mais comprenez-moi. Il aurait voulu que voyez tout ça, que vous preniez tout ce qu’il lui restait qui n’avait aucun rapport avec votre diabolique race des génies. Est-ce trop vous demander que de me faire confiance ? » Le génie aussi avait versé de l’eau dans son vin, il s’était emporté contre une inconnue sans réelle raison, bien plus énervé contre lui-même que contre elle. « Non, j’imagine que non. Bien, puisque je suis là, autant vous écouter. Qu’avez-vous à me révéler que je regretterai par la suite de vous avoir interrogé ? » Elle reprit son sourire aux mots de son interlocuteur. « Suivez-moi. » elle le baladerait encore quelques temps de toute évidence.

    Montant les escaliers, juste derrière elle, le génie jura avoir aperçu des ombres danser dans les couloirs qui se dessinaient devant eux, ses yeux s’écarquillèrent mais la jeune femme ne semblait pas s’en inquiéter, il resta alors silencieux, sa vue lui jouait sûrement des tours. Une fois en haut des escaliers aux marches parfois manquantes et grinçantes pour celles encore en place, ils parcoururent un immense couloir pour atteindre la porte située tout au fond. Sur les chemins, divers portraits d’inconnus semblaient-ils, peints d’une main de maître qui ne disait rien au génie, rien de familier en tout cas. Sanna ouvrit enfin la porte et la referma une fois une que le génie fut entré à son tour, c’est alors Naram put découvrir toute la nature de son héritage.
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Sam 30 Mar 2013, 22:11

    La pièce n’était autre que la chambre de l’homme. Il fut d’ailleurs surpris d’y trouver un immense lit à baldaquin, son père y dormait-il lui qui n’éprouvait aucun sommeil ? En face, il y avait un sublime tableau d’une taille démesurée qui prenait tout le mur et autant dire que le plafond était haut. La poussière et l’obscurité l’empêchait d’y voir plus mais lorsqu’il s’approcha, il fut presque choqué de s’y voir. Lui, son frère, sa mère et son père. Le génie y avait une apparence égale à celle qu’il avait à présent, son frère semblait plus vieillit et ses deux parents se tenaient amoureusement par la taille alors que divers cheveux blancs s’aventuraient dans leurs tignasses respectives qui se joignaient par l’accolade. « Cette scène n’a jamais existé. Elle n’est qu’un mensonge. » Commenta-t-il lorsqu’il sentit le regard de la demoiselle plutôt insistant. « Il a battu et étranglé ma mère jusqu’à ce qu’elle succombe à ses douleurs alors que Jun n’était qu’un nourrisson. Il a bien plus tard tué Jun alors qu’il n’avait qu’une vingtaine d’année. Jamais ce portrait n’a été peint. Il n’est qu’une chimère. » Ses yeux se refermaient sur tous les fantômes de sa vie. « Vois-tu l’héritage qu’il me laisse, Sanna. La douleur des êtres que j’ai perdus. C’est son seul legs, sa souffrance, sa haine, il me l’a offert pour que je ne puisse jamais l’oublier. » son interlocutrice le dévisageait avec pitié, une pitié que le génie refusait d’un regard noir comme seul retour.

    « Ce portrait c'était son plus grand rêve. Le rêve d'un génie, vous devez bien pouvoir comprendre ça. Cette passion qui chaque jour le brûlait, cet impossible qui l'habitait, ne connaissez-vous pas ce sentiment interdit ? Vous êtes si étrange Naram-Sin. Mais êtes-vous réellement sûr qu’il est la cause de votre mal être ? » À ces mots, le Mârîd se mit à rire, reprenant : « Il rêvait d'une femme qu'il avait tout fait pour perdre. Quelle ironie du sort. Une ressemblance navrante de nos deux âmes. Non. Il a planté la graine qui a germé le malheur dans mon corps. Une gangrène qui prolifère chaque jour sans que je ne puisse freiner sa croissance. Mais mon mal être est dû à des causes bien plus profondes qu’on ne saurait révéler à une inconnue. » Il revenait encore dessus mais il n’aimait pas le fait qu’elle ne s’est pas présentée à lui alors qu’elle l’avait trainé jusqu’à ici, espérant de lui une confiance aveuglante. « Dans le tableau, déchirez la toile. » lui confia-t-elle. Le génie sembla perplexe, pourquoi détruire cette peinture puisqu’elle semblait tant représenter, incarner tant d’espoirs faussés ? « Faites-le. » elle insistait alors il s’exécuta. Prenant un petit couteau poussiéreux réservé à l’ouverture des lettres, il entailla sans regret le tableau en largeur, au niveau de sa propre poitrine dessinée sur ce dernier. Il y sentit alors quelque chose de bien plus solide empêcher le couteau de continuer sa course. Le lâchant, il y mit la main pour l’attraper et sortit de l’œuvre d’art une pierre emballée dans un drap blanc tâché de sang. Il adressa un regard à Sanna mais elle ne répondit rien, en hochant la tête, elle voulait qu’il le découvre de lui-même. Déroulant le tissu souillé, il découvrit ni plus, ni moins, qu’un fragment du topaze, fragment du cristal maître. « Est-ce une plaisanterie ? » - « Non, Naram. Bien au contraire. Votre mère et vote père étaient liés par cette pierre. Tous deux en possédaient un morceau et à présent, vous les possédez tous les deux. » Le génie resta muet plusieurs instants, amenant le fragment vers sa bouche, il l’embrassa.

    « Les deux porteurs d’une même pierre fragmentée ont une connexion incompréhensible. Pour peu qu’elle soit entre deux âmes sœurs pour qu’elle prenne une dimension bien plus puissante. » Le génie ne pouvait rien répondre, sa gorge était serrée, il préférait se taire. Il descendit du meuble sur lequel il était monté, bien conscient de la volonté de son père, du symbole recherché en la cachant ici, à l’abri des pilleurs.
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Sam 30 Mar 2013, 23:02

    « Mais qui vois-je ici, ne serait-ce pas le dauphin de sa majesté ? » le génie tourna violemment la tête. Sur le pas de la porte, il aperçut un étrange homme vêtu entièrement d’une longue robe noire, que l’on pourrait apparenter à celle d’un haut fonctionnaire ou d’un sac de patate. Ses longs cheveux gris en pointe cachaient son visage et ne laissait qu’un large sourire transparaitre. Son air rappelait un peu au génie Seth mais en quelque peu plus… différent. C’était difficile à expliquer. « Tu es ? » Sanna derrière le génie soupira largement, il semblait qu’elle ne voulait pas le présenter tout de suite. « Manquait plus que lui. » rajoutait-elle-même en fronçant les sourcils. « Qui je suis ? La grande asperge ne t’a pas dit ? » Il semblait faire référence à Sanna. « Elle aurait dû ? » fit remarquer le génie. L’étrange énergumène s’approcha du génie, posant une main sur son épaule que le génie retira immédiatement, il la reposa sur sa taille pour l’amener en dehors de la pièce. « Mon nom ? C’est Vilem. Et le tien, je ne le demande pas. C’est dire qu’on attendait plus que toi, hihihi. » Son rire perçait les tympans du génie qui fit un rictus plutôt énervé. « Et puis-je te demander ce que tu fais ici ? » - « Mauvaise idée. » - « Bien entendu mon enfant ! » enfant ? S’adressait-il réellement au génie ? Il semblait, il s’étouffa littéralement. « Enfant ? » mais l’homme ne commenta point, tout lui semblait naturel. Faisant redescendre le génie dans le hall, il entama.


    « Je suis le majordome de ces lieux. Quelle question, ça ne se voit pas ? » Il courrait partout, ça énervait le génie. « Non, pas vraiment. » le voilà qu’il faisait des grands gestes avec ses mains comme s’il allait mener le rôle de chef d’orchestre. C’est alors que la maison sembla prendre vie. « Le temps ne nous fait pas de cadeau. La poussière s’accumule, ces audacieuses petites bestioles qui vous chatouillent le corps, vous mâchouillent les poils, comme de petites fourmilles blanches qui envahissent vos vêtements et vos assiettes ! » Cette fois, le génie le prenait vraiment pour un fou. « On ne peut pourtant pas dire que vous faites votre travail vu l’état des lieux. » il y avait un réel contraste entre le génie et lui, l’un parlant avec une excentricité rare et le génie, froid comme glace. « C’est dire à quel point les balais s’usent et nos corps s’enlaidissent ! Vous, beau, si bien portant, jeune premier, les femmes doivent tomber à vos pieds ! » - « Je ne vois pas trop le rapport. » Mais il repartait déjà dans ses délires, prenant le génie, il l’obligea à mener la valse, le tenant d’une main, ils voltigèrent, l’un riant aux éclats et le Mârid, blasé comme pas permis. « Imaginez ma souffrance et ma solitude, pourquoi préparer de délicieux mets, les souris nichent dans les fours et sont ma seule compagnie ! Elles ont toujours de bonnes blagues ! Il faut d'ailleurs que je vous raconte celle qu'elle m'ont sorti ce matin ! » - « Ça fera un délicieux ragoût. » - « Votre défunt père avait votre parlé, c’est de famille ! Mais lui ne mangez jamais rien, c’était insupportable, de qui vous donner des orties aux dents ! » Le génie avait renoncé à trouver un sens aux paroles du soit disant majordome, plutôt imposteur qu’autre chose. « Votre père s’en est allé un jour sans nous donner les dues de nos bons et loyaux services. Et moi qui lui avais demandé de nouveaux gants, les autres ont été brûlés par les pigeons à dents de sabre que je voulais préparer à Sanna pour l'anniversaire de sa mort, si doux évènement ! » Ne jamais critiquer ce qu’on n’avait pas goûté par nous-même. Toute la maison s’animait, les personnes peintes dans les tableaux dandinant de la tête, l’horloge faisant ses frappes au rythme des paroles du majordome, le tapis se déroulant devant eux et les fleurs volant de tous les côtés pour se mettre en place dans des bases positionnés partout dans la pièce. Seulement les vases étaient tous cassés mais qu’importait. « Mais dites-moi sir le nouveau Mârid, allez-vous reprendre possession des lieux ? » - « Je n’ai jamais dit ça. A quoi me serviriez-vous ? J’ai tout ce qu’il me faut à Somnium. » - « Somnium ? C'est somnifère. Ah mon chère, vous n’aurez jamais un seul endroit qui ressemblera à celui-ci ! Vous êtes amateur de bon tabac ? De bon vin ? Au moins que votre truc c’est les filles de joie ? » - « Du tout. » - « Pas de soucis, je connais aussi de jeunes hommes qui vous feront oublier tous vos soucis ! » - « Vous n’avez pas vraiment compris. » - « Tout au contraire, je vous ai compris mon maître. » - « Maître ? Vous vous emportez, je ne suis là que pour tout brûler. » - « Oh colérique le petit ? Tant mieux, j’aime les gens qui ont du caractère ! » reprenant sa folle valse avec le génie, les deux passèrent dans la cuisine, où tout vivait également, les ustensiles, louches et autres spatules se balançant sur leur crochet, les pots remplis d’herbes faisant sauter leur couvercle en rythme. « Je crois que nous en avons terminé. Trouvez-vous un autre travail, vous n’êtes pas faits pour celui-ci de toute évidence. » - « Comment ? »

    Le majordome se recula d’un pas puis deux. « Mais mon cher, votre défunt père était bien satisfait de mes services. » - « Je me demande bien pourquoi. » - « A la liste de mes compétences, rajoutez la télékinésie. Je suis comme relié à ce manoir. Nous ne sommes qu’un, tout ce qui est ici m’obéit. » Tournant sur lui-même, les portes et les fenêtres faisaient des vas et viens bruyants, le génie ne savait plus par où aller pour ne pas se prendre des objets sur la tête qui tombaient de partout. « Vilem. Tu protèges ce lieu ? » - « Je fais plus que ça, je le garde en vie, j’en suis son cœur, ses poumons, tant que je vis, il tiendra debout. Et je chasse les mouches, elles empêchent les araignées de faire leur sieste ! » - « ça peut toujours s’arranger. » Mais il n’écoutait rien, trop entrepris sans son délire effrayant.

    « Vilem, il suffit. » cria Sanna, mettant fin à la musique, danse et folie des objets animés de la maison.
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Sam 30 Mar 2013, 23:35

    « Bien dame Sanna. Je vous laisse replonger notre invité dans votre morosité ! » Il fit vœu de silence en quelque sorte signant la fin de la migraine du génie. « J’ai… Attendez. Vous êtes restés ici pendant des siècles ? Mais vous faites quoi depuis tout ce temps ? Pas toi Vilem, j’ai… compris. Mais toi Sanna ? » - « Nous avons attendu le retour du Mârid. Il nous a sauvé la vie, à tous les deux. Et puis, nous avons appris ses crimes, ses horreurs et enfin sa libération, sa mort. Et je t’ai cherché. Mais tu n’étais pas facilement trouvable. Tu apparais et disparais, tu ne tiens jamais en place. » - « Et je reçois cette lettre seulement maintenant, n’est-ce pas si… » - « Mes lettres me revenaient sans cesse. Dès qu’on te disait par les rumeurs être à un endroit, le temps que j’arrive, tu étais déjà parti. Et puis je ne sais pas pourquoi mais tu as reçu ma dernière lettre en date. » - « Étrange en effet. La question est à la fois de savoir pourquoi je n’ai reçu aucune lettre jusqu’à maintenant et pourquoi celle-ci m’est parvenue. » - « Quelle importance ? C’est que c’était le bon moment ! » Mais le génie ne voulait pas croire à cette théorie trop facile. Il y avait une raison tacite qu’il ne pouvait faire semblant d’ignorer.

    « Mon père recevait-il du monde, ici ? Pourquoi s’est-il réfugié ici ? Il a cherché tant de fois ma mort. Il semblait pourtant savoir qu’un jour je viendrai. Comprenez-vous, il y a trop de contradictions, je suis comme perdu. » il s’accoudait sur un plan de travail de la cuisine, se frottant les yeux, il n’y comprenait rien et plus il avançait, plus les choses devenaient confuses. « De quoi as-tu peur Sanna ? Il doit savoir de toute façon, ne retarde pas l'inéluctable. » - « Il est prêt, en effet. » Elle s’approcha du Mârid puis posa ses mains sur ses tempes. « C’est ma vie que je vais te montrer. Je ne veux pas que tu me juges, juste que tu saches. » - « Je ne te jugerai pas. Je t’ai fait confiance, c’est à ton tour. » Elle souriait et acquiesçait, elle n’avait de toute façon pas d’autre choix. « Je ne peux mentir par ce pouvoir, je ne peux modifier mes souvenirs, ni en restreindre certains, ils arrivent comme ils viennent, au bon vouloir du hasard, de mes sentiments. Il ne peut donc s’agir que de la vérité. » - « Je croirai en ce que je verrai, je n’ai aucune raison du contraire. » - « Tu pourras toujours la faire chanter avec des secrets douteux si tu ne trouves pas ce que tu cherches ! » Ce n’était pas son but, il se fichait de tout ça quelque part, il voulait juste comprendre.

    Le génie crut subir de grandes douleurs lorsque les doigts de la jeune femme se posèrent sur ses tempes ; ceux-ci produisirent une sorte d’électricité très désagréable qui fit frissonner le génie de tout son corps. « Tu ne dois pas bouger. » alors il s’exécuta, respirant profondément pour mettre de côté une douleur qu’il subissait d’autant plus en tant que génie. Les iris de Naram devinrent gris, son corps devenant beaucoup plus pâle et ses cheveux devenant blancs, tout son corps subissait la magie de la jeune femme. « Heu, c’est normal San ? » - « Oui. C’est un génie, ils ressentent ces choses-là bien plus que les autres. » Mais le génie qui était incapable de prononcer un seul mot, tétanisé par l’électricité qui dévalait le long de ses muscles aurait bien voulu faire machine arrière. Il lui sembla même que ça ne marchait pas, ne voyant rien arriver de spécial. C’est lorsqu’il entendit une voix grave s’élever dans les airs, une voix qu’il haïssait mais connaissait si bien, une voix qu’il aurait reconnu parmi mille autres aux mêmes tons, celle de son père, qu’il comprit qu’il était déjà transporté dans les souvenirs de Sanna, un bien étrange procédé qui avait néanmoins le mérite d’être efficace. Le génie avait véritablement l’impression que son père était à côté de lui, que son esprit s’adressait à lui, il ne comprenait un traitre mot de ce qu’il disait mais paradoxalement, la voix était limpide et claire, comme s’il criait dans ses oreilles et tel souvenir de lui était pour Naram insupportable. « Pourquoi pleures-tu petite fille, le monde est à l’aube d’un grand jour. »
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Dim 31 Mar 2013, 00:00

    La chose était étrange, c’était comme si le génie écoutait une histoire et le conteur n’avait pas le choix de la lire ou non, le génie devant également l’écouter. Et au fil des mots, les scènes se déroulaient, comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre qu’un seul narrateur décrivait, c’était étrange, la première fois que Naram vivait une expérience de ce type.

    « Je m’appelle Sana Eléonore Virnam. Je vis depuis de nombreuses années, tant que je ne saurai les compter. Ma vie fut longue, bien remplie n’en doutez pas. Il y a fort longtemps, j’étais une humaine, une simple humaine, heureuse dans un petit foyer au nord de Megido. Je vivais avec mes deux parents ; ma mère était marchande de fruits et légumes au marché du quartier et mon père était un notaire, il s’occupait de traiter les actes pour des compagnies maritimes importantes qui naviguaient à travers les mers pour leur commerce. Les clients de mon père lui racontaient souvent des histoires de pirates que le personnel de la compagnie rencontraient, il me les racontait alors toujours le soir venu, il en déformait bien entendu le contenu évitant le sang et les massacres, n’y laissant que le côté aventurier, les décrivant comme de joyeux mercenaires habitué par la valeur des richesses, des voleurs gentleman des mers en quelque sorte. Ma mère souriait toujours aux histoires de mon père, fronçant son regard à certains passages qu’elle ne trouvait pas adaptés à mon âme et cela me faisait d’autant plus rire. J’étais habitée par leur grandeur d’âme et leur générosité, pensant le monde ainsi fait, comme mon père me le décrivait, plein de bonté et d’espoir.

    Seulement un jour, je n’ai pas compris pourquoi, nous avons dû vendre la maison et quitter Megido au plus vite. Mon père était devenu si sérieux et ma mère si angoissée. Nous avons fui pour rejoindre une campagne reculée près du lac de la transparence, un village sans prétention qui ne comptait qu’une poignée d’habitants. Je n’avais pas le droit de sortir, une personne avait été engagée par mon père pour m’apprendre la musique, la littérature et les mathématiques, bien confortablement dans ma chambre pour éviter toute sortie. S’il me prenait l’idée de fuir, alors mon père devenait fou de rage même s’il était incapable m’en donner les raisons lorsque je le suppliai de me les donner. Pourtant je grandissais et il y avait toujours ce charmant jeune homme qui m’avait une fois aperçu alors que j’étais à la fenêtre, à les regarder jouer dehors. Son regard était si mystérieux. Je ne pouvais m’empêcher la nuit de le rejoindre, pour que nous puissions discuter et partager. Et un jour, un jour particulier, celui de mon anniversaire, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, tout a été très vite mais il y a eu le pire drame de toute ma vie. Le garçon entra dans la pièce de notre petite maison alors que j’allais souffler les bougies, mon père sut tout de suite. Il dégaina son sabre qu’il laissait toujours rangé dans un coffre près de la cheminée. Le jeune garçon avait un regard brillant d’un rouge démoniaque je n’oublierai jamais. Il n’avait pas peur de mon père qui le menaçait, au contraire, il riait. Mon père le traitait de « mauvais génie » et j’en comprenais pas la portée. De sang-froid, il prit sa vie et s’en alla, sans même faire attention à ma mère ou à moi, il n’était venu que pour lui. Je me souviens de mes larmes, de mes cris, de la léthargie de ma mère qui ne la quitta plus jamais et le chagrin qui lui causa sa mort quelques mois plus tard. Je compris de par une lettre qu’elle eut le courage de m’écrire avant sa dernière heure que mon père avait pactisé avec un génie pour faire sa fortune mais que toute chose avait une fin, et que fuir un génie était cause perdue. Sans plus de détails, je me promettais de les haïr, de les haïr tous, tous ces êtres perfides qui n’avaient d’autres loisirs que de détruire la vie des gens. Aussi naïve étais-je de tous les considérer ainsi. La colère parlait pour moi. »
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Dim 31 Mar 2013, 00:35

    « Pourquoi pleures-tu petite fille, le monde est à l’aube d’un grand jour. » Un grand jour. Un très grand jour. Les larmes coulaient encore sur mes joues mais cet homme m’emmena loin du corps sans vie de ma mère, des larmes salées irritant encore mes joues, je ne savais qui il était. Il m’emmena sur une magnifique colline parsemée de magnifiques fleurs rouges qui libéraient un étrange parfum. La magie en ce lieu était si puissante, elle faisait trembler mon maigre corps que la faim affaiblissait d’autant plus. Plus je le regardai, plus cet homme m’effrayait. Ses longs cheveux bleus et son air si triste. Il m’amena ensuite dans une caverne aux étoiles d’azure qui nous indiquaient le chemin mais il semblait que lui le connaissait parfaitement. Ce fut ensuite le tour d’une fontaine lorsque le jour fut revenu et enfin, un étrange temple. Il m’amena à l’intérieur et alors des voix s’élevèrent dans le vide, des voix que je ne comprenais mais qui avaient le don d’énerver l’homme. « Nous devons nous dépêcher, il arrive. » je ne savais pas de qui il voulait parler mais rien qu’à l’idée qu’il soit là pour moi me terrorisait. Je l’ai alors suivi jusque dans cette salle trop obscure pour en comprendre le contenu. Il y avait seulement une immense table qui formait un soleil, et alors il me dit que tant que je serai à l’intérieur, je ne risquerai rien. C’est ce que je fis immédiatement bien entendu. C’est ainsi que je rencontrai pour la première fois le Mârid. Un homme qui sortit de l’ombre, ses cheveux noirs et sa carrure si imposante qui semblait défier du regard l’homme aux cheveux bleus qui m’avait amené ici.

    « Toi. » Je me rappellerai du sourire si malin qu’il fit au Mârid. « Evan. Quel plaisir, je crois seulement que tu arrives un peu tard. Le Mârid arrivera bientôt pour prendre sa vie et tu n’y pourras rien. C’est une âme que tu espères sauver ? C’est raté. Je ne te vois pas dans le rôle de super héros, tu sais. » - « Mârid ? Il n’est pas encore Mârid. Je convoite cette place et je l’obtiendrai. Pour lui. » - « Qui ça ? Ismérie, Gabriel, Calliel, Naram ? Il a tant de noms, te souviens-tu du vrai ? Ton fils est perdu, Evan. Il a joué et a tout perdu. » - « Tu étais son plus fidèle ami. Comment peux-tu ne pas avoir confiance en lui ? Il reviendra. Il n’a pas accompli ce pourquoi il était revenu dans ce monde. Mon fils est un homme acharné et je te jure qu’il te fera payer ta traitrise. » - « Comment ? Comment, Evan ? Il est comme tout le monde, il ne peut pas lutter contre la mort, elle fauche à jamais. » - « Je le ramènerai. Je serai Mârid et je ramènerai son âme. Mon fils vivra. J’en fais le serment. » Il semblait qu’entre leurs mains, tant de vies étaient en jeu. Je ne pouvais pas comprendre, j’avais si peur, je ne savais qui vraiment en voulait à ma vie et pourquoi moi.

    « Ton fils a pactisé avec le quatrième génie de Pandore. Mi-génie, mi-démon. Tu ne peux plus rien pour lui, si attaché à ses Taiji. Ne sois pas hypocrite, tout ça t’arrange, comme tout cela m’arrange. Jun a été créé. A présent, ce monde est voué à l’échec. » - « Pour quel bénéfice ? » - « Tu ne peux pas comprendre. Seuls les dieux le pourraient. » Il me sembla même que le Mârid versa quelques larmes. « Tu es peut-être puissant mais tu n’es pas dieu. Le pouvoir de dicter qui doit vivre ou mourir ne t’appartient pas. » - « Je ne suis pas dieu ? Qu’est-ce qu’il y a au-dessus de moi à ton avis ? Je suis le maître de ce si petit univers. Va-t’en, mène ta vie et oublie-moi tu veux. » Mais il ne l’entendait pas ainsi. Si cet homme disait vrai, qu’il était vraiment un dieu alors que pourrait le Mârid pour moi ? Cependant il le combattit avec hargne, après les mots, il n’y avait plus que les armes. Je ne me souviens plus de grand-chose ensuite. J’étais devenue un ange lorsque je me réveillai quelques temps plus tard et dans un étrange endroit. »
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La vie mystérieuse de mon père. [Solo - Topaze]

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