Je l'écoute me répondre. Et le principe même d'une discussion était respecté. Je lui donne des informations plus ou moins vague sur moi même, et elle me répond en faisant de même. Je me doute bien que cela reste vague, mais c'est un début pour apprendre à se connaître. Nous avons tout à apprendre de l'un l'autre, et ma curiosité me pousse à rester auprès de cette jeune femme.

Alors qu'elle se lève, je fais de même. Cependant, je défais mon sac à dos, et je sors cinq gourde en peau. J'utilise mes dents afin de percer deux trous dans la peau de l'homme qui reprend doucement conscience. Ensuite, j'use de ma magie pour le bercer d'un doux songe, tout en remplissant mes fioles.

- Je prends des provisions pour la route.

Je pense qu'elle s'en doute, et je ne sais pas d'où m'est venu le besoin de me justifier. Peut-être pour masquer le silence qui s'installait. Ma proie finit par gémir, puis lâche un dernier soupir. S'en est fini. Une vie s'éteint.

- Devrions-nous laisser les corps ici, ou les jeter dans le lac?

J'en profite aussi pour détrousser les corps à ma porter. Après tout, le coût de la vie n'est pas donné, et ces braves hommes nous font le plaisir de nous aider à nous loger et à nous nourrir. Une fois cela fait, je m'avance et m'arrête à ses côtés. Je regarde au loin, dans la nuit, sans poser mon attention sur elle.

- Comment est-ce que je compte faire? Et bien, je compte d'abord me diriger vers la cité la plus proche. Je la débarrasserai de la vermine, afin de me faire quelques provisions. Mais avant, je prendrais des renseignements sur place. D'après ce qui est colporté, le navire aurait été capturé par des bandits, et ces bandits s'en servent certainement pour attaquer les caravanes qui traversent le désert. Sinon, à quoi bon avoir ce genre de navire? Enfin, voilà, du basique: enquêter, préparer le départ, et peut-être un guet à pan. Au pire, je ferais en sorte de prendre un peu de bétail avec moi, histoire d'avoir de quoi survivre.

Voilà mon plan actuelle. Bien qu'il soit assez simpliste pour le moment, je prévois de le fignoler une fois sur place. Je me tourne vers le lac. Surplombant celui-ci, le rocher, puis la lune. Je souris naturellement.

- L'endroit est magnifique, ne trouvez-vous pas Yulenka?

Je siffle, invitant Iri à se poser sur mon bras, que je tends. Sans un bruit, elle vient donc se poser, et me regarde, avant de regarder la vampire.

- Et toi ma belle, ne trouves-tu pas ce paysage joli vu d'ici.

Évidemment, Iri me regarde d'un air interrogateur. Je me doute qu'elle a dû voir de bien plus belles choses vu du ciel. Mais elle finit par me répondre d'un signe voulant dire oui, assez hésitant. Peut-être disait-elle oui pour me faire plaisir, ou alors, elle trouve le paysage sympathique, mais sans plus.

- Je vous présente Iri, mon hiboux. C'est une fille. Iri, je te présente Yulenka. Yulenka, Iri. Iri, Yulenka.

Alors que je fais les présentations, j'accompagne le geste à la parole. Puis j'enchaine sur la petite histoire.

- Iri est ma partenaire de voyage. Elle m'a adopté, je ne sais pas pourquoi, et j'ai fait de même. C'est une vrai tête de mule, mais elle a mon entière confiance.

Je souris, tout en donnant une petite caresse à Iri, sur le côté de sa tête.

-Je vois que vous avez réfléchis à la question....

Je ris de bon cœur, puis je me reprends.

- Ah ça oui, j'ai réfléchis à la question... juste quand vous m'avez demandé comment j'allais mis prendre. Sinon, je comptais juste aller là bas à la base. Disons que je suis assez doué pour réfléchir rapidement. Pas forcément bien, mais dans certains cas, mieux vaut savoir trouver une solution rapidement, pas forcément concrète, mais qui donne un résultat, plutôt que de réfléchir pendant trois jours sur un problème... Bon, l'inverse est vrai aussi.

Lorsque je lui parle des corps, je la vois qui use de sa magie pour "camoufler" ceux-ci dans les fourrés. Je la regarde ensuite prendre un morceau de chair, et le manger, ce qui ne me provoque aucune réaction particulière, si ce n'est que cuit, cela aurait été meilleur. Mais bon, ça demandé beaucoup d'effort pour un si petit bout de viande.


-Sans trace de notre passage, inutile de s'embêter à faire disparaître les corps. Les bêtes se chargeront de réduire les restes et si jamais on les retrouve nous ne seront pas identifiables.

- Certes. Mais bon, c'est un peu cruel, non? Pauvre charognards, je sais qu'ils ont de quoi digéré les viandes putréfiées, mais quand même, là, c'est loin d'être de la viande de choix.

Je ris doucement.

- Les pauvres vont être malade pendant quinze jours au moins... Et là, eux, on pourra les suivre à la trace.

Je ris encore, avec légèreté. Puis je continue, discutant du paysage, tout en regardant au loin, perdu dans ce même paysage. Je présente ensuite Iri, puis Yulenka semble demander à quelqu'un de se montrer. Iri s'envole, alors qu'une tête de gros chat décharné, avec un large sourire, apparaît juste sous mon nez. Je dois avouer que j'eus comme réaction un mouvement de recule, et que ma main se porta à la garde de mon wakizashi. Mais je me retiens, devinant que c'est le compagnon de la demoiselle. D'ailleurs, celle-ci le présente à la suite. Je devais l'appeler Chess. Soit.

- Enchanté très cher.

Rien de plus, rien de moins. Visiblement, ce chat n'apprécie pas que l'on approche de sa maîtresse, mais quoi de plus normal pour un animal protecteur. Certains protecteurs deviennent fanatique à séquestrer leurs protégés, et deviennent au final ce qu'ils ont toujours combattus: le danger de leurs maîtres. Bon, certes, ce n'était pas le cas de Chess, enfin, visiblement. Et comme ça, cela m'étonnerait que la petite se laisse faire. Elle a l'air d'être assez libre et lui retirer cette liberté serait l’amputer d'un membre.

- Je crois que c'est peut-être un fait. Les compagnons des vampires doivent avoir un caractère bien à eux. Je sais que l'ours de mon adversaire n'est pas toujours très obéissant. Enfin, si, mais disons qu'il fait aussi certaines choses à contre cœur, et pas forcément bien du coup. Bref, cela ne doit pas vraiment vous intéresser.

Je prends de mon sac deux gourdes de sang.

- Ah oui, tenez. Prenez-en au moins deux, après tout, c'est aussi votre butin.

J'attends qu'elle prenne ou non les gourdes.

Bon, mon humour ne touche pas la demoiselle, mais bon, elle est bizarre, alors ça ne compte pas. Évidemment, je reste maladroit, mais bon, je n'ai pas eu de contact avec qui que ce soit depuis dix ans, si ce n'est pour me nourrir ou... bah ou rien d'autre.

-Bien retrouvons-nous là-bas alors. Faites ce que vous avez à faire en ville et rejoignez moi au désert, je vous y attendrais.

- Hein?... Heu... D'accord.

Me voilà surpris. À vrai dire, je ne m'attendais pas à ce qu'elle décide de venir avec moi, même si cela n'est pas pour me déplaire, loin de là. Au contraire, je pensais même devoir l'inviter, et argumenter mon invitation, quitte à en être redevable. Mais bon, les choses sont plus faciles ainsi.

Lorsque je lui tends les deux gourdes, elle met un certains temps avant de les accepter, puis les prends pour les boire directement. Elle les range ensuite. Je la regarde faire, un peu surpris. Je sais que d'ici une à deux heures, le sang sera imbuvable car il aura coaguler, sauf évidemment si on use de la magie pour le garder en mouvement. Bon, soit.

Puis, la voilà qui s'en va. Mais pas à allure normal, mais plutôt si rapidement que j'ai à peine eu le temps de la voir disparaître. Je n'ai pas trop le choix, il me faut la suivre.

Je me mets à courir derrière elle, bien loin de pouvoir la rattraper. Je suis les traces qu'elle laisse derrière elle, et je dois m'arrêter plusieurs fois pour repérer les indices qu'elle me laisse derrière elle, au risque de perdre la bonne direction. Mes trois gourdes restantes sont rapidement consommées. Et je dois aussi chassé quelques animaux pour survivre et calmer ma soif. Heureusement, je peux compter sur Iri pour m'aider, ses yeux et son ouïe fine me sont d'une grande utilité. Quelques nuits plus tard, me voilà à la bordure du désert.